ESSAI ALIMENTATION & SANTÉ
THINKSTOCK – PHOTOS PRODUITS : J CHISCANO/«60»
Sans toxiques
nable
et à un prix raison
Mots d’enfants I Marque Repère (E.Leclerc) I
29 changes I Taille 3 I Midi 4 à 9 kg I 5,80 € I
Aucun des contaminants recherchés lors de
nos analyses n’a été trouvé. À 0,20 € l’unité,
cette référence est de surcroît l’une des moins
chères de l’essai. Dommage que E.Leclerc n’ait
pas daigné nous transmettre sa composition exacte.
22 /
turelles,
Plus de matières na
sans contaminants
Love & Green I 36 changes I Taille 3
Midi 4 à 9 kg I 13,90 € I
C’est la seule couche écologique de l’essai qui
réussit son pari. Elle revendique plus de 50 %
de matières renouvelables sans que l’on retrouve
de contaminants. Son fabricant est l’un des rares
à nous avoir fourni la composition de son produit.
60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017

COUCHES
Stop aux résidus
toxiques
pour les bébés
Des pesticides, des traces de composés organiques volatils
ou de dioxines… Nos tests ont mis en évidence la présence de résidus
à risques toxiques dans la majorité des couches, conventionnelles
ou écologiques. Les faibles niveaux relevés ne suffsent pas à rassurer.
Q
uand les parents achètent des pro-
duits de toilette pour leur bébé,
ils peuvent se fer aux mentions sur
les emballages s’ils veulent éviter
un ingrédient à risques. À l’inverse,
rien de tel n’existe quand ils choisissent les
couches de leur bébé ! Alors que celles-ci sont
placées à même la peau, au contact des zones
les plus intimes des nourrissons, l’immense
majorité des emballages restent désespérément
muets à ce sujet.
Chez Pampers, leader incontesté du secteur,
on se contente d’inscrire sur les paquets
que les couches sont « douces comme de
la soie », sans se préoccuper du fait que cette
information induit le consommateur en erreur.
Car les couches pour bébé ne sont évidemment
pas fabriquées avec de la soie.
L’ÉTIQUETAGE NE DIT RIEN
L’explication est aussi simple que surprenante :
la réglementation n’oblige pas les fabricants
à fournir la composition de leurs produits.
Alors que, pour les cosmétiques, il existe une
obligation d’afchage de la composition ainsi
qu’un dispositif de veille ofciel qui permet
de faire remonter les efets indésirables, il n’en
est rien pour les couches.
Pourtant, les parents ont le droit de savoir.
Afn d’obtenir des éléments de réponse sur
les matières premières qui entrent dans la
conception des couches pour bébé, nous avons
sélectionné douze références représentatives
du marché et interrogé leurs fabricants.
60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017
ALIMENTATION & SANTÉ ESSAI
Nos tests
• Notre échantillonnage se
compose de douze références
de changes jetables taille 3
pour bébé, vendues par des
marques nationales et des
marques de distributeurs.
Certaines sont positionnées
dans la gamme écologique.
• Après avoir broyé et mixé
chaque couche, des séries
d’analyses ont été conduites
pour rechercher la présence
Contrairement à ce que leur couleur peut
de substances dont le potentiel
laisser penser, les couches pour bébé ne sont
toxique est avéré ou suspecté.
généralement pas en coton. Une couche jetable
Nous avons retenu des
conventionnelle, c’est avant tout de la cellulose,
molécules qui sont plus
une fbre issue du bois, et diférentes matières
particulièrement susceptibles
plastiques : du polypropylène, du polyacrylate
de présenter un risque sanitaire
pour le gel absorbant, du polyester…
pour les nourrissons (allergènes,
perturbateurs endocriniens,
DU PLASTIQUE AU CONTACT DE LA PEAU
substances classées CMR,
C’est en substance la description faite par
c’est-à-dire potentiellement
les fabricants qui ont daigné nous répondre.
cancérogènes, mutagènes
En l’occurrence Pampers, Love & Green ain-
ou reprotoxiques…).
si que le fabricant des couches Pommette,
la marque d’Intermarché. Quant au fameux • Le cas échéant, des analyses
voile « doux comme de la soie », vanté par Pam- complémentaires ont été
pers, placé au contact des fesses du bébé, il est réalisées sur les différentes
en fait constitué de plastique, en l’occurrence parties de la couche.
du polypropylène. • Selon les molécules
Outre la cellulose, les couches dites écolo- recherchées, nous avons
giques incorporent, quant à elles, d’autres eu recours à différentes
matières d’origine naturelle, sans exclure méthodes de détection et
pour autant les matières synthétiques. Et le de quantifcation, notamment
voile au contact de la peau est également en la chromatographie en
plastique, d’après les retours que nous avons phase gazeuse couplée
eus. Ainsi, sans le savoir, les parents couvrent à la spectrométrie de masse.
les fesses de leur bébé de plastique via les
couches. Il ne viendrait pourtant à l’idée
d’aucun parent d’habiller son bébé avec des
sous-vêtements en plastique…
Le contact permanent avec une matière plas-
tique comme le polypropylène ne devrait a
priori pas présenter de risques majeurs pour
la santé des petits, au-delà des éventuelles irri-
tations et autres manifestations indésirables.
/ 23
ESSAI ALIMENTATION & SANTÉ

Plus largement, après avoir pris connais-

sance des diférentes matières premières des
couches – synthétiques et naturelles – nous
avons voulu vérifer si les processus indus-
triels liés à leur fabrication ou les divers MOTS D’ENFANTS LOVE & GREEN TOUJOURS MOTS D’ENFANTS
traitements qu’elles subissent ne génèrent Bon
(Marque Repère ÉCOLOGIQUE (Lidl) ÉCOLOGIQUE
pas des résidus à risques toxiques. Une pré- Insuffsant E.Leclerc) Marque Repère
Très insuffsant (E.Leclerc)
occupation d’autant plus légitime que de
nombreux autres produits de consommation Dénomination Changes taille 3 Changes taille 3 Change taille 3, Changes taille 3,
courante (jouets, aliments…) peuvent exposer Midi 4-9 kg Midi 4-9 kg Midi 4-9 kg 4-9 kg
les bébés à des substances toxiques suscep- Allégations écologiques Non Oui Non Oui
tibles de s’accumuler dans l’organisme (voir Nombre de couches 29 36 56 36
notre guide, pages 27 à 29). Prix indicatif 5,80 € 13,90 € 7,29 € 10,10 €
Prix indicatif par couche 0,20 € 0,39 € 0,13 € 0,28 €
DES SUBSTANCES INDÉSIRABLES…
Malheureusement, les résultats de nos ana- Pesticides
lyses ne sont pas rassurants. Pesticides (dont Glyphosate
le glyphosate, le principe actif du Roundup), Autres pesticides
hydrocarbures aromatiques polycycliques
Autres substances potentiellement toxiques
(HAP), traces de dioxines ou de composés
organiques volatils… La majorité des couches Dioxines et furanes
que nous avons étudiées incorporent une Composés organiques
ou plusieurs molécules à la toxicité suspec- volatils
tée ou avérée. Allergènes
Ces substances sont présentes en dessous HAP(1)
des seuils fxés par la réglementation (quand
Autres molécules(2)
de tels seuils existent !) et dans tous les cas
à l’état de résidus. Mais, parce qu’il s’agit Appréciation globale
d’une exposition des nourrissons dont (1) Hydrocarbures aromatiques polycycliques. (2) Composés organo-stanneux, solvants résiduels, EOX/AOX, métaux lourds, phénols.
on sait qu’ils sont particulièrement sensibles
aux substances toxiques, a fortiori au niveau
du siège, le principe de précaution doit pré-
valoir. Tout résidu soupçonné de risques Des résultats peu rassurants pour

J
toxiques doit être écarté des couches pour
bébé. Les bons résultats de deux marques usqu’à douze heures de protection »,
de notre échantillonnage montrent que cet « au sec plus longtemps », « barrières
objectif est atteignable. antifuites jour et nuit »… Sur les embal-
lages, les fabricants vantent l’effcacité de
leurs produits. Ils évitent, en revanche, de
s’étendre sur la nature des matières utilisées.
Et pour cause ! Quand on prend connaissance
de leur composition, des questions déran-
quer les amidons ont-elles été traitées avec
des pesticides ? Les réponses apportées
par nos analyses ne sont pas rassurantes,
car elles révèlent la présence non souhaitable
de résidus. Ils sont potentiellement toxiques,
même si le risque sanitaire reste à déterminer.
Le principe actif du Roundup… THINKSTOCK – PHOTOS PRODUITS : J. CHISCANO/«60»

geantes se font jour. et d’autres pesticides

Concernant les diverses matières
plastiques, on se demande si
celles-ci ne conservent pas
des traces des solvants et des
procédés chimiques employés
lors de leur fabrication. Quant à
l’origine naturelle de la cellulose ou
des amidons végétaux, elle n’écarte
pas les suspicions. Comment la cel-
lulose est-elle blanchie ? Les
céréales cultivées pour fabri-
w Le glyphosate est un pesticide, plus
précisément un herbicide, rendu célèbre parce
qu’il constitue le principe actif du Roundup.
Il est extrêmement décrié depuis qu’il a été
classé “cancérogène probable” par le Centre
international de recherche sur le cancer (Circ).
De plus, il peut s’avérer allergisant et irritant
pour la peau et les muqueuses. On est par-
ticulièrement surpris de le retrouver dans
Carrefour Baby Éco Planet, une référence dite
écologique. À noter que, de façon surprenante,

60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017

 ALIMENTATION & SANTÉ ESSAI

NATY BY NATURE PAMPERS CARREFOUR PAMPERS POMMETTE PAMPERS CARREFOUR PAMPERS

BABYCARE ACTIVE FIT BABY PREMIUM AGILITY DRY SIMPLY DRY BABY ÉCO PLANET BABY DRY
PROTECTION (Intermarché)

Changes taille 3, Changes taille 3 Changes taille 3, Changes taille 3 Changes taille 3 Changes taille 3 Changes taille 3 Changes taille 3
4-9 kg Midi 4-9 kg Midi 4-9 Kg Midi 5-9 kg 4-9 kg, Midi 4-9 kg Midi 4-9 kg Midi 5-9 kg
Oui Non Non Non Non Non Oui Non
52 26 38 29 32 90 30 30
19 € 11,70 € 7,90 € 9,90 € 7,80 € 17,70 € 8,60 € 10,30 €
0,37 € 0,45 € 0,21 € 0,34 € 0,24 € 0,20 € 0,29 € 0,34 €

dix références sur douze

la réglementation ne fxe aucun seuil limite
pour cette substance.
w D’autres pesticides (le quintozène et
l’hexachlorobenzène ou HCB) ont été mis en
évidence dans la référence Pampers Baby Dry.
Une présence à faibles concentrations, mais
qui pose souci. En effet, le HCB et le quinto-
zène sont classés “cancérogènes possibles”
respectivement par le Circ et par l’Agence
américaine de protection de l’environnement.
Des résidus de la famille
des dioxines chez Pampers
w Les dioxines et les molécules de la
même famille, comme les furanes, sont
des polluants de l’environnement. Ces sous-
produits industriels indésirables peuvent être
générés par de multiples procédés, comme le
blanchiment au chlore des pâtes à papier (cel-
lulose) ou la production de certains pesticides.
Ces substances peuvent également apparaître
lors de phénomènes naturels, comme des
feux de forêt, un argument souvent repris par
les industriels pour se défendre.
Quelle que soit leur origine, l’exposition aux
substances de type dioxines présente des
risques. Leur potentiel toxique est élevé et peut
s’exprimer au niveau de plusieurs organes.
Elles sont notamment susceptibles d’interagir
avec le système hormonal. Pour l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), elles font par-
tie des « dix produits chimiques qui posent
un problème majeur de santé publique ».
w C’est dans le voile externe de la couche
Pampers Baby Dry que nous avons détecté
la présence d’un composé de la famille des
dioxines à la concentration la plus élevée.
Il s’agit du furane OCDF (octachlorodibenzo-
furane). Cette concentration reste néanmoins
en dessous de la valeur limite réglemen-
BON
À SAVOIR
Des dérivés du
pétrole dans les
lotions Pampers
Beaucoup de vaseline (petrolatum) et
un peu de paraffne (paraffnum liquidum).
Ces deux huiles issues de la pétrochimie
entrent dans la formule des lotions qui
imprègnent les couches Pampers Active
Fit et Baby Dry. Comme il s’agit de lotions
cosmétiques, le fabricant doit indiquer
leur composition. Sauf que celle-ci
fgure en tout petits caractères sur
les paquets. Et on le comprend car les
parents, soucieux d’utiliser des produits
nobles pour leur bébé, risquent de ne
pas apprécier le recours à de vulgaires
dérivés du pétrole. Ces huiles minérales
ne présentent pas de risques majeurs pour
la santé si elles sont de bonne qualité.

60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017 / 25

ESSAI ALIMENTATION & SANTÉ

taire. Mais l’OCDF vient s’ajouter

aux autres sources de molécules de
la famille des dioxines présentes Une alternative ?
dans l’environnement des petits.

Des traces de COV dans

Écolo mais pas clean
la plupart des références Plus naturel ne veut pas forcément
w Les composés organiques dire moins toxique. C’est ce que
volatils (COV) entrent dans l’on retient des contre-perfor-
la conception de multiples pro- mances de plusieurs marques
duits industriels, des tissus, des de couches dites écologiques de
colles, du matériel d’aménage- notre essai. Seule la référence
ment ou de décoration, etc. Des Love & Green s’en sort bien.
irritations de la peau, des mu- Alors qu’elles revendiquent une
queuses ou encore du système pulmonaire composition plus “verte”, les ver-
sont attribuées à cette catégorie de polluants sions écologiques de Marque Re-
qui se caractérisent par leur capacité à s’éva- père et de Carrefour incorporent
porer pour se retrouver dans l’air ambiant. même plus de résidus toxiques que
w Le toluène, une substance couramment leurs références conventionnelles.
utilisée comme solvant, est le COV le plus Outre des traces de COV, Carrefour
souvent retrouvé dans les couches de notre Baby Eco Planet est même la seule
essai. Sont concernées par la présence couche de l’essai à contenir des
de toluène les références Toujours (Lidl), résidus de glyphosate, le principe
Mots d’enfants écologique (Marque Repère, actif du Roundup, et un HAP, deux
E.Leclerc), Pampers Active Fit, Carrefour
Baby, Pommette et Pampers Simply Dry. Les
concentrations de toluène mesurées sont
faibles, inférieures à la limite réglementaire.
Mais les références qui en contiennent sont
néanmoins sanctionnées, compte tenu du évidence dans une des séries d’analyses
potentiel toxique de la substance. menées sur les références Naty by Nature,
w Des résidus de deux COV classés Pampers Premium Protection et Carrefour
“cancérogènes possibles pour l’homme” Baby. Les traces de styrène ont été mesurées
par le Circ ont été repérés dans plusieurs dans les différentes séries d’analyse réalisées
couches. Il s’agit du naphtalène et du styrène. sur les références Pampers Premium Pro-
Les traces de naphtalène ont été mises en tection, Pommette et Pampers Simply Dry.
• wLa majorité des couches testées, y compris
certaines références écologiques, incorporent
des résidus de molécules à la toxicité avérée
ou suspectée. Si les teneurs sont faibles,
ICT
LE VERD
cette présence n’est pas acceptable du fait de
la sensibilité des nourrissons aux substances
toxiques, notamment au niveau du siège.
• wUn renforcement de la réglementation
et des contrôles plus stricts sont nécessaires,
afn d’assurer la sécurité sanitaire des
nourrissons. L’étiquetage de la composition
substances potentiellement
toxiques. Cette couche affiche
pourtant un label écologique scan-
dinave (Nordic Label)… apparem-
ment trop peu contraignant.
Pour que les couches écologiques
deviennent une vraie alternative,
leurs fabricants doivent s’appuyer
sur un cahier des charges rigoureux
qui garantira la qualité des matières
premières et, surtout, l’absence de
traitements à risques toxiques, pour
l’environnement comme pour les
bébés. Pour l’heure, ils se
contentent d’utiliser du bois issu de
forêts durables et de réduire
la part des matières plas-
tiques. C’est un peu court.
w Les teneurs en COV restent très faibles
dans tous les cas. Mais compte tenu des
soupçons de toxicité qui pèsent sur ces molé-
cules, leur présence n’est pas souhaitable,
même à l’état de trace. C’est pourquoi les
produits en contenant ont été sanctionnés.
Un HAP chez Carrefour
Éco Planet
w Outre la présence du très controver-
sé glyphosate, la référence Éco Planet de
Carrefour est la seule de l’essai à contenir un
hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP),
un polluant industriel. Il s’agit en l’occurrence du
indéno-(1,2,3-cd)-pyrène, une substance indé-
sirable puisque classée “cancérogène possible”
par le Circ. Cette molécule a été retrouvée dans
les parties élastiques de la couche. Il est diffcile
de déterminer sa provenance même si on sait
que certains processus industriels comme
la fabrication de la pâte à papier (cellulose) ou
la fabrication de certains pesticides peuvent
THINKSTOCK

des couches devrait notamment être induire une émission de HAP.

obligatoire. VICTOIRE N’SONDÉ
Ingénieur : KEVIN FOURNIER

26 / 60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017

 ALIMENTATION & SANTÉ ESSAI

BON IR
O
À AV
S

Le guide pour bien Des plastiques

protéger bébé sous surveillance

Le plastique est le matériau
le plus souvent mis en bouche
par les enfants de moins
Pas si simple d’éviter aux tout-petits le contact avec des substances
allergisantes, irritantes ou les perturbateurs endocriniens. Voici nos conseils de 3 ans, relève l’Agence
pour limiter les risques qui se cachent dans les produits du quotidien. nationale de sécurité sanitaire
(Anses), dans un avis sur
les jouets rendu en août

P
arce que leur organisme est immature
et en plein développement, les bébés
et les jeunes enfants sont plus particu-
lièrement sensibles aux molécules toxiques.
Ils se retrouvent pourtant exposés à une mul-
titude d’entre elles, que ce soit par l’intermé-
diaire de leur alimentation ou des diférents
éléments qui les entourent : mobilier, jouets,
produits de soin…
C’est sur le long terme que nombre de ces subs-
tances – à commencer par les perturbateurs
endocriniens (parabènes, phtalates…) – sont
susceptibles d’avoir des efets. Par principe
de précaution, c’est donc aujourd’hui qu’il
convient de préserver les petits des subs-
tances toxiques, pour assurer leur santé de
demain. Suivez nos conseils, qui s’appuient
THINKSTOCK
Jouets
■ Ceux-ci répondent à une
réglementation contraignante
(quoique perfectible). Elle im-
pose par exemple des restrictions sur l’uti-
lisation de certains phtalates. « Attention
à certains produits attirants pour les jeunes
enfants et qui ne sont pas des jouets : poupées
décoratives, décorations de fêtes, modèles
réduits pour collectionneurs adultes, etc.
Ils ne doivent pas être mis entre leurs mains »,
conseille la Répression des fraudes.
■ Surveillez les jouets rappelés. Il arrive
que des jouets contenant des substances
chimiques interdites aient, malgré tout, été
vendus. Lorsqu’ils sont repérés, ils font l’objet
dernier. Elle y examine
les éventuels risques
sanitaires liés à cinq substituts
de phtalates, utilisés comme
plastifants dans les jouets.
Elle est rassurante sur quatre
d’entre eux, mais pas sur
le cinquième, le DOIP, dont
on ne connaît rien en matière
de toxicité. Hélas, en magasin,
les parents n’ont pas vraiment
la possibilité de savoir
quelle substance fgure
dans les jouets en plastique
qu’ils achètent…

sur les études réalisées par 60 Millions d’un rappel. Ainsi ces derniers mois, un avion à
ces dernières années et sur les recommanda- friction de marque Toup’ti et un assortiment de
tions des autorités publiques. dinosaures en plastique vendu en grandes sur-

60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017 / 27

ESSAI ALIMENTATION & SANTÉ
faces ont été rappelés en raison de la présence de
phtalates. Les rappels sont recensés mois après
BON IR mois sur le site Web de «60» : rendez-vous sur la
O
Ë AV
S page www.60millions-mag.com/jouet.
■ Évitez de ressortir les jouets de votre
enfance. Une étude américaine, publiée en
Lingettes Pampers 2015 dans le Journal of Environmental Health,
ou Mixa bébé ? révélait des analyses de jouets des années 1970
Le changement s’est et 1980 (Barbie, fgurines Fisher-Price…) : les
opéré en toute discrétion. deux tiers présentaient des traces de métaux
Les lingettes Pampers lourds, comme le cadmium ou le mercure.
ne contiennent plus À l’époque, la réglementation était moins stricte.
de phénoxyéthanol,
un conservateur suspecté
de toxicité. « Nous l’avons Hygiène
remplacé par un autre ■ Méfiez-vous des “faux amis”.
système de conservation La mention “hypoallergénique”,
en mars 2016 », nous confrme qu’arborent de nombreux produits
un porte-parole de Pampers d’hygiène pour bébé, ne répond pas à une défni-
France. En revanche, la grande tion précise : elle ne garantit donc aucunement
marque concurrente, Mixa l’absence de composés allergisants, comme nous
bébé, commercialise toujours l’avions constaté lors d’une vaste étude sur les
des lingettes et crèmes produits pour bébé (voir n° 498, novembre 2014).
pour le change contenant Gare aussi à l’apparence faussement rassurante
l’ingrédient controversé. des eaux micellaires et des eaux nettoyantes.
Bien que transparentes comme de l’eau claire,
elles contiennent souvent des allergènes ou des
tensioactifs non recommandables. De façon
générale, limitez le nombre de produits que vous
appliquez sur la peau de bébé.
■ Traquez les produits pour le change au
phénoxyéthanol. Parmi les nombreux compo-
28 /
sés indésirables aux noms barbares, s’il n’y en
avait qu’un à retenir et à bannir, ce serait celui-là :
le phénoxyéthanol, suspecté d’être toxique pour
la reproduction et le développement. Évitez les
lingettes et les crèmes pour le change afchant
cet ingrédient dans leur composition. En efet,
l’Agence nationale de sécurité du médicament
et des produits de santé (ANSM) recommande
d’éviter le phénoxyéthanol dans les produits
destinés au soin des fesses des bébés – elle a
maintenu son avis, malgré la position divergente
d’une instance européenne émise en octobre
dernier. Cet avis n’étant pas contraignant, tous
les fabricants ne s’y conforment pas (voir Bon
à savoir ci-contre).
■ Faites la chasse au MIT et à certains
parabènes. Utilisés comme conservateur,
le propylparabène et le butylparabène sont
des perturbateurs endocriniens potentiels.
Il est préférable d’éviter les produits qui en
contiennent. Ils sont parfois remplacés par
le méthylisothiazolinone (MIT), qui n’est pas
plus recommandable, car il s’agit d’un puissant
allergène. Il est d’ailleurs en passe d’être interdit
dans les produits qui ne se rincent pas. Pour les
traquer, pas d’autre solution que de lire en détail
la composition des laits nettoyants, crèmes pour
le change, crèmes hydratantes pour bébés…
■ Optez pour la simplicité. Globalement,
mieux vaut éviter les produits présentant des
listes d’ingrédients à rallonge. Pour le siège,
optez pour un liniment oléo-calcaire : bien
60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017

qu’ils contiennent davantage d’ingrédients
que la recette traditionnelle (mélange huile
d’olive et d’eau de chaux), leur composition est
généralement acceptable, comme l’avait mon-
tré notre étude de quatre marques de liniments
(voir n° 498, novembre 2014).
Alimentation
■ Ne lui donnez que du lait “spécial
bébé”, ou du lait maternel, jusqu’à
l’âge d’un an. Il est trop jeune pour
consommer du lait courant, qui ne répond pas
correctement à ses besoins nutritionnels et
l’expose, de surcroît, à certains contaminants
du lait, comme les polychlorobiphényles (PCB).
L’Agence de sécurité sanitaire (Anses) l’a signa-
lé dans une vaste synthèse sur l’alimentation
infantile, publiée en septembre dernier.
■ Attendez avant de commencer la diver-
sifcation. L’introduction d’aliments autres
que le lait infantile ou maternel ne doit jamais
commencer avant 4 mois révolus, et dans l’idéal
plutôt à partir de 6 mois, selon les recomman-
dations ofcielles. La diversifcation « entraîne
des expositions à certains contaminants supé-
rieures à celles engendrées par la consomma-
tion de préparations infantiles », écrit l’Anses.
■ Variez au maximum les aliments. Comme
pour les adultes, c’est le conseil-clé pour li-
miter l’exposition aux diférents polluants.
Ainsi, de nombreux légumes pouvant contenir
des traces de plomb (en raison de la contamina-
tion des sols), il est important de les varier afn
que les enfants « ne consomment pas systéma-
tiquement les aliments les plus contaminés »,
conseille l’Anses.
Pour le poisson, que l’on peut donner mixé
dès 6 mois, et qui peut exposer aux PCB ou au
méthylmercure, il importe de varier les espèces,
mais aussi les lieux d’approvisionnement
(lieux de pêche, d’élevage…).
Équipement
de la
chambre
■ Préparez la chambre longtemps à l’avance.
THINKSTOCK – FOTOLIA
Il est conseillé à la femme enceinte de se tenir
à distance pour protéger le bébé à naître. Le for-
maldéhyde et les autres composés organiques
volatils (COV) sont émis par les matériaux
de décoration (peintures, colles…) et par les
60 MILLIONS DE CONSOMMATEURS / N° 523 / FÉVRIER 2017
ALIMENTATION & SANTÉ ESSAI
Attention, danger !
Les accidents à éviter
Les molécules toxiques sont loin d’être le seul risque
auquel les plus jeunes sont exposés. Des gestes simples
et une attention particulière peuvent empêcher le pire.
Le risque le plus important est Les chutes d’objets sont un autre
sans doute l’étouffement : une risque. Soyez attentifs à bien
vigilance constante est nécessaire sécuriser la maison. Aux États-
pour que les nourrissons ne Unis, Ikea a dû rappeler des
puissent pas avaler par mégarde millions de commodes de son
de petits objets. Les jouets des- modèle Malm ces dernières an-
tinés aux plus jeunes doivent être nées. Présentant un risque de
conçus pour éviter ce danger. basculement si elle n’est pas fxée
Il faut aussi être attentif à ce que au mur, ce meuble a occasionné
les nourrissons n’attrapent pas des accidents. Or, ce
les affaires de leurs grands frères modèle est également
et grandes sœurs. vendu en Europe…
meubles neufs en aggloméré et en contrepla-
qué. Ces substances sont irritantes pour les voies
respiratoires, voire cancérogènes pour certaines.
Mieux vaut achever la décoration et l’ameuble-
ment de la chambre plusieurs semaines avant
la naissance du bébé : les polluants auront ainsi
plus de temps pour se dissiper.
■ Aérez, aérez, puis aérez encore. Continuez
à ventiler la chambre abondamment pendant
des semaines si vous avez fait des travaux. Pour
les meubles, l’idéal est de pouvoir les laisser
à l’extérieur quelques jours avant de les placer dans
la chambre. Pour la peinture, l’absence d’odeurs
n’est pas un signe sufsant pour arrêter d’aérer.
■ Choisissez vos produits avec soin. Pour
les peintures, un pictogramme sur l’emballage
indique le niveau d’émission de COV dans l’air
intérieur. Choisissez l’une des nombreuses
références classées A+, même si les perfor-
mances d’émission, au sein de cette classe,
restent encore très inégales (voir notre essai,
n° 483, juin 2013). Les revêtements de sols sont
aussi soumis à cet afchage : là aussi, cherchez
les parquets et moquettes classés A+. Pour
les meubles, une solution peut être de choisir
des meubles en bois brut massif, de préférence
non vernis, plutôt qu’en bois aggloméré.
BENJAMIN DOURIEZ
AVEC VICTOIRE N’SONDÉ
/ 29