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LIENS
THESE
Par
Bakri BASMAJI
1.5- Conclusion............................................................................................................... 37
1
2.2- Choix des modèles .................................................................................................. 39
2.5.2- Déplacement du sol modélisé par les modèles de Winkler et Pasternak ........... 49
2.7- Conclusion............................................................................................................... 58
2
3.4.1- Influence de la longueur du bâtiment ................................................................. 85
3.5- Modèle d'ISS en prenant en compte l'influence du cisaillement dans le bâtiment ... 87
3.6- Conclusion............................................................................................................... 94
4.2- Introduction.............................................................................................................. 95
4.4- Développement d’un modèle d’ISS prenant en compte la plasticité du terrain (cas
de Winkler) ................................................................................................................... 100
4.5- Développement d’un modèle d’ISS prenant en compte la plasticité du terrain (cas
de Pasternak) ............................................................................................................... 108
3
5.1- Objectif .................................................................................................................. 113
5.5- Comparaison avec le modèle physique réduit de Nghiem (2015) ......................... 129
4
Introduction générale et problématique
Les mouvements de sol en surface peuvent produire des désordres sur les ouvrages construits en
surface et les ouvrages enterrés. Ces mouvements peuvent trouver leur origine dans l'existence de
mines et de carrières souterraines en France et à travers le monde en raison de l'exploitation des
matières premières. Un grand nombre d'anciennes exploitations souterraines constituées de vides
abandonnés à différentes profondeurs existe ainsi en Lorraine par exemple. Ces vides
représentent un aléa parce que les terrains sus-jacents peuvent s'affaisser en cas d'effondrement
de l'édifice minier. Cinque affaissements se sont produits dans le bassin ferrifère Lorrain dans les
dernières 20 ans, ces affaissements ont endommagé plus de 500 bâtiments. Une autre origine
fréquente est le creusement de tunnels en site urbain, l'extension de la ligne de métro de Londres
et le projet de Grand Paris Express où plus de 200 km de travaux souterrains se déroulent dans des
zones urbanisées, ce sont des exemples des mouvements de terrains qui peuvent induire des
dommages sur les bâtis, le niveau du dommage dépend de l’interaction sol-structure.
Si le mouvement de sol en terrain vierge est facile à prévoir d'après plusieurs relations
développées dans la littérature, ce n'est pas le cas pour un bâtiment qui se trouve dans cette zone
de mouvement. En effet, le déplacement du sol en terrain vierge ne peut pas être transmis au
bâtiment sauf s’il est très souple par rapport au sol, alors que la transmission de ce mouvement
sera presque nulle si le bâtiment et très rigide par rapport au sol. On va trouver que la typologie
des bâtiments, leurs dimensions, les propriétés de matériaux utilisés, les charges appliquées,
l’intensité des mouvements du sol et la nature du sol jouent un rôle important en déterminant les
déplacements finaux dans ce bâtiment et les contraintes développées dedans. Négliger un ou
plusieurs de ces paramètres conduit forcement à une mauvaise estimation du déplacement de ce
bâtiment, ce qui cause une mauvaise estimation de la dégradation attendue en cas de mouvement
de sol.
5
Cette thèse a pour objectif de développer une nouvelle méthodologie pour estimer les
déplacements prévus dans un bâtiment soumis à un mouvement de sol.
Dans une première partie, une étude bibliographique sera consacrée à la présentation des
phénomènes de mouvements de terrains, à leurs conséquences sur les constructions, et aux
différentes approches utilisées pour estimer les déplacements des bâtiments suite à ces
mouvements.
Dans une seconde partie, les paramètres utilisés pour le modèle qui décrit le comportement de sol
dans ce travail seront justifiés. La justification de ces paramètres constitue un réel obstacle pour
développer le modèle analytique de l'interaction sol structure.
Dans une troisième partie, un modèle analytique de l'interaction sol structure sera développé afin
de pouvoir estimer les déplacements et les efforts dans un bâtiment soumis à un mouvement de
sol. Le taux de transmission des mouvements en champ libre du terrain au bâtiment sera calculé
et tracé en fonction de la rigidité relative en flexion du bâti par rapport au terrain. L’apport de ce
travail de thèse concerne principalement la prise en compte de déformations de cisaillement dans
le sol et dans le bâti.
Dans une cinquième partie, un modèle numérique en utilisant le code CESAR sera développé afin
de valider les résultats analytiques. D’autres comparaisons sont également proposées sur la base
de résultats de plusieurs modèles numériques et expérimentaux développés principalement à
l'Université de Cambridge pour suivre les réponses de bâtiments pendant les extensions de tunnel
de Londres.
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1- ETUDE BIBLIOGRAPHIE
Ce travail s’intéresse plus spécifiquement aux mouvements induits par des cavités souterraines
(mines, carrières, tunnels). C’est vis-à-vis de ces mouvements que les phénomènes d'interaction
sol structure seront étudiés.
Après l'arrêt des exploitations, des affaissements peuvent se produire suite à la rupture des piliers
ou du recouvrement. Le problème des affaissements et leurs conséquences sur les bâtiments et
les ouvrages en surface peuvent se révéler essentiel dans une optique de gestion des risques
associés à ces exploitations.
On distingue principalement deux types d'affaissements : les fontis et les affaissements progressifs
ou brutaux.
Les affaissements miniers provoquent l'apparition d'une cuvette en surface. Cette cuvette a une
géométrie tridimensionnelle qui dépend de plusieurs facteurs liés à la géométrie de l'exploitation,
la profondeur de l'exploitation, la méthode de l'exploitation et les propriétés mécaniques du sol.
On trouvera des informations plus complètes dans les thèses de Deck (2002), et Aissaoui (1999).
Les déplacements verticaux sont à l'origine d'une pente et d'une courbure du terrain, alors que les
déplacements horizontaux sont à l'origine d'une déformation horizontale du terrain de type
extensif vers l'extérieur de la cuvette et compressif vers l'intérieur de la cuvette.
7
Figure 1-1 : Illustration du phénomène d'affaissement minier (Deck 2002)
Pour décrire les mouvements de terrain qui sont les résultats d’un affaissement minier, un certain
nombre de grandeurs sont définies (Figure 1-2).
- R : rayon de courbure d’un point de la cuvette d’affaissement à la surface du terrain. Une valeur
négative correspond à une courbure concave (zone de compression vers le centre de la cuvette) et
une valeur positive à une courbure convexe (zone d’extension vers les bords de la cuvette).
Plusieurs méthodes ont été développées pour estimer l'affaissement en champ libre et ses
composants. Aissaoui (1999) a classé ces méthodes en 5 groupes : méthodes empiriques, semi
empiriques, analytiques, physiques et numériques. Les méthodes empiriques et semi-empiriques
s'appuient sur des considérations théoriques et empiriques. Les méthodes numériques ainsi des
approches expérimentales et empiriques sont toujours employées pour estimer ces mouvement
(Caudron (2007), Abbass Fayad (2004), Cui et Kimura (2010), Dyne (1998)).
8
Deck (2002) a regroupé les formules mathématiques permettant de décrire les affaissements en
surface ; deux grandes familles de fonctions apparaissent. La première est basée sur l’inverse de la
fonction exponentielle et la seconde sur la fonction tangente hyperbolique.
Les différentes approches utilisées pour estimer le niveau de dommages d'une structure ont pris
en compte ces paramètres. Par exemple, NCB (1975) et Wagner et Schumman (1991) ont proposé
des abaques afin d'estimer les endommagements de bâtiments en fonction de leur longueur et de
la déformation horizontale du terrain. Wagner et Schumman (1991) proposent aussi un abaque
pour estimer la dégradation en fonction de la déformation horizontale et la pente du terrain. Il
existe également la méthode polonaise de Kwiatek (1998) qui utilise sept critères pour estimer la
dégradation d'un bâtiment (3 pour décrire la géométrie de la structure, 3 pour ses caractères
techniques et un paramètre pour décrire le terrain d'assisse).
Figure 1-2 : Illustration des mouvements de la surface des terrains et de la géométrie d'une cuvette
d'affaissement (Deck 2002)
9
L’étude des mouvements associés au creusement des tunnels et leurs conséquences en termes de
dommage aux bâtiments et d’étude des phénomènes d’ISS ont fait l’objet de plusieurs études à
travers le monde Potts et Addenbrooke (1997), Withers (2001), Mair et Taylor (2001), Standing
(2001), Viggiani et Standing (2001), Franzius (2003), Franzius et al. (2004), Dimmock et Mair
(2008), Goh (2010), Goh et Mair (2011), Farrell et al. (2011) et Mair (2013).
A titre d’exemple, Giardina et al. (2013) ont mené des études numériques et expérimentales afin
d'analyser le niveau de dommage d'une façade en maçonnerie suite à des travaux de creusement
de tunnel. Ils ont montré le rôle important que peut jouer l’initiation de l’endommagement d’un
bâtiment sur les phénomènes d’ISS et le niveau de dommage final que peut subir l’ouvrage.
Figure 1-3 : Mouvement induit par le creusement de tunnel (Serratrice et Magnan 2002)
Les fontis sont un sujet d'étude à l'INERIS ou des modèles expérimentaux ont été développés pour
mieux comprendre le phénomène et son influence sur les bâtiments (Nghiem (2015), Hor (2010)
et Caudron (2008)).
10
Figure 1-4 : Illustration du phénomène de fontis (Vachat 1982).
Les maisons en maçonnerie restent les plus touchées par ce phénomène car leur résistance en
cisaillement est faible, ce qui les rendent vulnérables vis-à-vis du phénomène de retrait-
gonflement. Jahangir (2011), Olivella et al. (1996) et Denis et al. (2007) ont proposé des modèles
de l'ISS associés à des mouvements de sol de type retrait-gonflement.
Par exemple, Jahangir (2011) a proposé une méthodologie d’étude de l’interaction sol argileux-
structure pour estimer l'influence de la rigidité du bâti sur l'amplitude du retrait des sols argileux.
Le comportement hydromécanique du sol est modélisé par une surface d’état et la rigidité du bâti
par un ressort. Il a montré que plus le bâti est rigide plus l’amplitude du retrait du sol argileux est
faible. Il a également montré que l’influence de la raideur du bâti sur l’amplitude du retrait n’est
pas négligeable et qu’elle varie en fonction de l’état initial et la nature du sol.
11
Figure 1-5 : Schéma de principe du phénomène de retrait-gonflement des argiles(BRGM)
Ce qui nous intéresse dans ce chapitre, c'est de caractériser le mouvement à la surface des
terrains en champ libre, c’est-à-dire sans prise en compte d’une interaction sol-structure associée
à la présence d’un ouvrage. Nous ne cherchons à expliquer ni l'origine, ni la prévision d'occurrence
de ces mouvements. Les deux phénomènes pris en compte ici sont les mouvements associés à des
affaissements miniers et ceux associés au creusement de tunnels car ils correspondent à des
mouvements continus.
Le déplacement en terrain vierge v(x) sera un paramètre important dans ce travail, il va intervenir
dans le calcul de la déflexion maximale en terrain vierge Δ0, mais aussi dans les équations pour
estimer la déflexion finale transmise au bâtiment Δ.
Deck (2002) a regroupé les formules mathématiques permettant de décrire les affaissements en
surface ; deux grandes familles de fonctions apparaissent. La première est basée sur l’inverse de la
fonction exponentielle et la seconde sur la fonction tangente hyperbolique.
12
On peut calculer la courbure du terrain à partir des fonctions théoriques du profile d'affaissement
vertical. L’Equation 1-1 est la formule exacte de la courbure du terrain ; elle peut être simplifiée
selon l'Equation 1-2 du fait que la pente de la cuvette est très petit devant l'unité, Saeidi (2010).
𝑑𝑑2 𝑉𝑉(𝑥𝑥)
1 𝑑𝑑𝑑𝑑2
𝑅𝑅
= Équation 1-1
𝑑𝑑𝑑𝑑(𝑥𝑥) 2 3
�[1+( ) ]
𝑑𝑑𝑑𝑑
Il ya quand même des formules mathématiques permettant d'estimer la valeur minimale du rayon
de la courbure d'une cuvette d'affaissement. Les différents auteurs s’accordent à exprimer le
rayon de la courbure minimal en fonction du rapport H²/Am (H : profondeur de la mine, Am :
l’affaissement maximal).
Dans la Figure 1-6, on note que S'v,max est le tassement maximal alors que Sv,max est le tassement
dans le point d'inflexion. Sv(x) est le déplacement de sol dans la zone de compression, S'v(x) est le
déplacement du sol en dehors de la zone de compression, cela convient avec la Figure 1-2.
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Figure 1-6 : Exemple de profil analytique décrivant le déplacement de sol en terrain vierge
consécutifs aux travaux de creusement d’un tunnel à Londres, GCG (2007)
Farrell et al. (2014) ont mesuré le déplacement du sol à Londres pendant les travaux de
creusement du tunnel. Les déplacements qu’ils ont mesurés, sont très proches des déplacements
calculés à partir d'une fonction exponentielle (Figure 1-7).
Figure 1-7: Comparaison entre les déplacements mesurés et calculés pour les travaux de
creusement d’un tunnel à Londres (Farrell et al. 2014)
La Figure 1-7 montre que les relations analytiques type (Peck 1969) sont capables de bien estimer
le tassement en surface induits par le creusement de tunnel.
Les mouvements et déformations du terrain les plus critiques pour les ouvrages dépendent de la
nature de l'aléa considéré. Pour un affaissement, par exemple, il faut prendre en compte
principalement l'effet de la déformation horizontale et de la courbure du terrain. Pour les
mouvements associés au creusement de tunnel ou au retrait gonflement, c’est essentiellement la
courbure qui importe.
14
Les différents comportements possibles d'un bâtiment soumis à des mouvements du terrain ont
été décrits et synthétisés par Deck (2002) et Abbass Fayad (2004).
La déformation horizontale de terrain a une action sur la structure selon deux modes de
transmission principaux : une poussée de terrain (cas de compression) et un frottement du terrain
le long de la structure (Figure 1-8). Le taux de transmission de la déformation horizontale dépend
de la rigidité relative d'une structure par rapport à celle du terrain. Boscardin et Cording (1989),
Potts et Addenbrooke (1997) ont essayé de quantifier le taux de transmission pour des ouvrages
rigides ou pour des ouvrages souples. Selon l'étude menée par Boscardin et Cording (1989) l'ordre
de grandeur de ce paramètre est de 10 à 30% pour les bâtiments rigides et de 30 à 100 % pour les
bâtiments souples.
Figure 1-8 : Comportements possibles d'un bâtiment vis à vis de la déformation horizontale de
terrain (Kratzsch, 1983).
Attewell et Yeates (1984), Boscardin et Cording (1989), Kratzch (1983), Arcamone (1980), Soots
(1969), Burland et al. (1977), Burland et Worth (1974), Neuhaus (1965), Geddes et Kennedy
(1984), Potts et Addenbrooke (1997), Franzius et al. (2005), Deck et Singh (2010), Boramy (2012)
et Nghiem (2015) ont mené des études pour étudier le comportement des structures en zone de
courbure du terrain.
L'effet global d'une courbure concave est d'augmenter le report des contraintes verticales dues au
poids propre de l'ouvrage vers ses extrémités. Pour des courbures importantes, l'ouvrage peut
même être intégralement déchargé en son centre. La structure subie donc une flexion concave et
des contraintes de traction apparaissent en fibre inférieure.
L'effet global d'une courbure convexe est de reporter les contraintes verticales dues au poids
propre de l'ouvrage vers son milieu. Pour des courbures importantes, l'ouvrage peut même être
15
intégralement déchargé à ses extrémités. La structure prend une courbure convexe et des
contraintes de traction apparaissent en fibre supérieure.
La question principale est d’évaluer la courbure finale du bâtiment. Cette courbure est-elle la
même que celle du terrain en champ libre ? Nous tenterons de répondre à cette question en
étudiant l’interaction entre le sol et la structure. La Figure 1-9présente une description
schématique du comportement de la structure en zone concave ou convexe.
Dans la zone concave, l’augmentation des contraintes verticales sous les extrémités de la structure
est remarquable, alors que l’augmentation des contraintes verticales dans la zone convexe est
sous le centre de la structure. Pour des courbures importantes, la structure peut être décollée à
ses extrémités (dans la zone convexe) ou en son centre (dans la zone concave), selon la rigidité du
terrain et de la structure.
La Figure 1-9-g, montre que la courbure de terrain peut être la cause d’une sollicitation de la
structure par flexion et par cisaillement.
D'une manière générale une courbure concave du terrain génère des fissures inclinées,
concentrées vers le bas de l'ouvrage et orientées depuis les extrémités inférieures de l'ouvrage
vers son centre. Une courbure convexe à un effet contraire, avec des fissures concentrées dans la
partie supérieure de la structure et orientées depuis le centre de l'ouvrage vers ses extrémités
supérieures.
16
Figure 1-9 : Schémas présentant les comportements possibles d'une structure vis-à-vis de la
courbure des terrains (Deck 2002)
17
Figure 1-10 : Redistribution des contraintes lors de l'inclinaison d'un bâtiment (Crédit CSTB)
- La zone de traction (convexe) est plus susceptible d'entrainer des dégradations dans le bâti, car la
résistance en traction de la structure est globalement moins importante que celle en compression.
- Les mouvements qui causent la plus importante redistribution des contraintes verticales dans le
sol sont l'inclinaison et la courbure du terrain.
- La majeur partie des fissures pouvant apparaitre dans les murs sont inclinées ou verticales. Seule
la déformation de compression peut engendrer des fissures horizontales.
- L'influence de la typologie du bâtiment joue un rôle important. Un bâtiment souple aura une
tendance à suivre les déplacements du terrain, ce qui limite les pertes d'appui au niveau de
fondations, mais va provoquer des déformations internes importantes pouvant gêner son
utilisation. D'autre part, si le bâtiment est rigide, il va présenter des accumulations de contraintes
au niveau de points durs, qui peuvent être à l’origine de son endommagement.
1.3.5- Définition de ∆ et de ∆0
Dans ce travail, on va distinguer entre deux termes de la déflexion ∆et ∆0en fonction ou pas de
l’absence de structure. La Figure 1-11résume l'état du phénomène d’interaction sol-structure. Si
l'influence de l’interaction sol-structure n’est pas prise en compte, le bâti souple suit alors
parfaitement le tassement du sol, et donc ce tassement est égal au déplacement initial du sol.
Quant au bâti très rigide, il peut résister contre le mouvement du sol et la déformation induite est
très limitée.
18
Figure 1-11 : Déplacement du sol et du bâti sans et avec prise en compte de l'influence de l'ISS, et le
déplacement en terrain vierge (Deck et Singh 2010)
Il convient en effet d’évaluer d’abord la déflexion du bâti ∆ en fonction de mouvement en champ
libre ∆0.
Les différentes approches proposées pour étudier le comportement des ouvrages et leur
vulnérabilité en zone de mouvement de terrains mettent en évidence la nécessité de distinguer
deux mouvements du terrain :
Pour un bâtiment léger et très rigide, un décollement peut se produire, la nouvelle déformation de
bâtiment doit être moins importante dans ce cas que la déformation en l’absence de décollement
(Deck et Singh 2010).
19
zéro et une valeur ∆0 correspondant au déplacement du sol en champ libre sous le bâtiment. Par
conséquent, le taux de transmission de déflexion ∆/∆0est toujours inférieur à 1.
Calculer la valeur de Δ est assez difficile. Même si la modélisation analytique ne permet pas de
prendre en compte des configurations complexes, au contraire de modèles numériques, elle
permet d’obtenir rapidement des résultats pour une plage de variation importante des
paramètres du modèle. En plus, les modèles analytiques permettent plus aisément de faire des
études de sensibilité.
Figure 1-12 : Modélisation d’un bâtiment par une poutre selon Burland and Wroth (1974)
Avant que les méthodes numériques ne soient utilisées, les chercheurs ont développé des
méthodes simples et efficaces pour tenir compte des phénomènes d’interaction sol-structure et
estimer les contraintes dans le sol et les déplacements des ouvrages. Les phénomènes
d'interaction sol-structure étant fortement dépendant de la raideur de la structure et du terrain,
l’enjeu consiste à pouvoir les modéliser de manière satisfaisante.
20
d’une poutre posée sur un terrain est basée sur le modèle de poutre d’Euler-Bernoulli où la
déformation due au cisaillement est négligée (Morfidis et Avramidis, 2002). Un modèle alternatif
est celui de la poutre de Timoshenko qui permet de prendre en compte l'influence des
déformations de cisaillement dans la structure (Son et Cording, 2005).
La raideur du terrain dépend de sa nature géologique et géotechnique. Bien que les terrains aient
un comportement élastoplastique complexe, les méthodes d’analyse de l’interaction sol-structure
ont d’abord utilisé un modèle élastique pour son comportement.
Quand une fondation flexible sur un milieu élastique est sujette à un chargement uniforme, la
réaction dans le sol (la pression de contact) restera uniforme. La Figure 1-13 montre une fondation
flexible reposant alternativement sur un sol fin ou granulaire. La différence du profil de tassement
est due au manque de cohésion pour le cas du sol granulaire. Il est à noter que dans les deux cas la
pression de contact reste uniforme. On notera que la fondation souple se déplace et se déforme
avec le terrain sans modifier l’état de contrainte dans le sol.
Figure 1-13 : Fondation flexible, a) matériaux élastiques fins, b) matériaux granulaires (Mesta et
Prat, 1999)
Dans le cas d’une fondation très rigide, le tassement reste identique sous la fondation pour tous
les points. Pour un matériau granulaire, la réaction est concentrée au milieu sous la fondation à
cause du manque de cohésion. Pour un terrain cohérent, la fondation rigide ramène la contrainte
vers les extrémités et la réaction est donc maximale aux extrémités (Mesta et Prat, 1999 ; Deck,
2002 ; Das, 2009). On notera donc que la fondation rigide ne se déforme pas mais modifie l’état de
contrainte de contact.
Figure 1-14 : Fondation rigide, a) matériaux élastiques fins, b) matériaux granulaires (Mesta et
Prat, 1999)
En réalité le comportement d’une fondation est entre les deux cas illustrés sur la Figure 1-13 et la
Figure 1-14. La différence de raideur entre le sol et la fondation fait intervenir des phénomènes
21
d’interaction sol-structure. La répartition de la pression de contact dépend de la rigidité relative de
la fondation (la structure) et du terrain.
Dans les différentes études de l'ISS, la structure est toujours modélisée par une ou plusieurs
poutres (Euler-Bernoulli ou Timoshenko), alors que le sol est modélisé par différents modèles,
dont le plus simple est le modèle de Winkler.
Modèle de Winkler
Winkler (1867) a supposé que la réaction du sol, à chaque point sous la fondation, est
proportionnelle à la déflexion de la fondation en ce point. Cette hypothèse revient à modéliser le
terrain par une juxtaposition de ressorts élastiques. Le constant de proportionnalité de ces
ressorts est connue comme le module de réaction du sol Kw.
D'après Houlsby et al. (2005), le modèle de Winkler (équation 1-4) est simple et se combine bien
avec les méthodes numériques et analytiques. Malgré la simplicité et l'efficacité du modèle
proposé par Winkler, il a deux inconvénients majeurs. Premièrement, il ne prend pas en compte
l’interaction entre les ressorts, ce qui revient à négliger le cisaillement vertical dans le sol. En
conséquence, une discontinuité de déplacement se crée entre la zone chargée et la zone non
chargée sous la fondation. Deuxièmement, il ne tient pas compte de la plasticité pouvant se
produire dans le terrain.
Plusieurs chercheurs ont donc proposé des modifications du modèle de Winkler pour le rendre
plus efficace et plus logique en introduisant certaines formes d'interaction entre les ressorts tels
que des éléments en flexion (Hetényi, 1946), des couches de cisaillement (Pasternak 1954), des
membranes sous traction constante (Filonenko-Borodich 1940). Ces modèles ont un autre
paramètre qui caractérise l'interaction entre les ressorts.
Modèle de Filonenko-Borodich
Filonenko-Borodich (1940) a proposé un modèle sur la base du modèle de Winkler pour assurer
une continuité des déplacements entre les ressorts individuels de Winkler en les connectant à une
membrane mince soumise à une tension constante (Figure 1-15). En prenant en considération
l’équilibre du système membrane-ressort, il démontre que pour un problème en 2D le tassement
du sol associé à une charge répartie est donné par l'Equation1-5.
22
𝑝𝑝(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾𝐾𝐾(𝑥𝑥) − 𝑇𝑇𝑤𝑤 ′′ (𝑥𝑥) Équation 1-5
Où w est le déplacement de sol, K est le module de réaction de sol et T est le module de
Filonenko-Borodich.
Figure 1-15 : Déformation du modèle de Filonenko-Borodich, (a) terrain sans chargement, (b)
charge ponctuelle, (c) charge ponctuelle sur une fondation rigide et (d) charge repartie Filonenko-
Borodich (1940).
Modèle de Pasternak
Pasternak (1954) a également proposé un modèle sur la base du modèle de Winkler. Il a supposé
qu’il y aurait une interaction de cisaillement entre les ressorts, ce qui peut être accompli en reliant
les ressorts à une couche incompressible horizontale qui ne se déforme que dans le sens du
cisaillement transversal (Figure 1-16). Les déformations et les forces maintiennent l’équilibre dans
la couche de cisaillement décrit par un module de Pasternak Gp.
23
Modèle de Hetényi
Dans le modèle proposé par Hetényi (1946), l'interaction entre les ressorts indépendants du
modèle de Winkler se fait par l'intermédiaire d'une plaque élastique. La fonction de réponse pour
ce modèle est donnée par l'Equation 1-7 :
𝐸𝐸ℎ3
𝑝𝑝(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾𝐾𝐾(𝑥𝑥) − 12(1−ʋ2 ) 𝑤𝑤 (4) (𝑥𝑥) Équation 1-7
Les approches analytiques développées pour étudier les phénomènes d’interaction sol-structure
modélisent généralement le bâtiment par une poutre élastique d’Euler-Bernoulli de longueur
« L », hauteur « H », Largeur « B » et module de Young « E ». La poutre est sollicitée par une
charge verticale uniforme « q » et une variable inconnue de distribution « p(x) » qui est la réaction
de sol. L’équation de la déflexion de la poutre (sans prendre en compte l’effet du cisaillement dans
la poutre) est une équation différentielle de deuxième ordre.
−𝑀𝑀(𝑥𝑥)
𝑦𝑦 ′′ (𝑥𝑥) = 𝐸𝐸𝐸𝐸
Équation 1-8
où y(x) est la déformée verticale (positive vers le bas), M(x) le moment fléchissant et EI la raideur
de la poutre.
24
1.4.2- L'interaction sol-structure associée à des mouvements de terrain
Quand il y a un mouvement de sol, l’environnement du bâtiment ne reste pas le même, et
plusieurs paramètres jouent un rôle pour estimer le déplacement et la déformée que subira ce
bâtiment. L'importance du phénomène d'interaction sol-structure dans le cas d’un mouvement de
sol sera d’abord illustrée par un exemple cité par Dimmock et Mair (2008), avant d'expliquer les
différentes approches existantes pour étudier ce phénomène.
La Figure 1-19 présente les déplacements de la façade orientale du bâtiment « Neptune House »,
en fonction de l'avancement du creusement. On observe que le déplacement du bâtiment est
différent du déplacement du sol en terrain vierge. En conséquence, ne pas tenir compte de
l’interaction sol-structure peut conduire à une surestimation des déplacements et de la déflexion
des bâtiments. Le déplacement en terrain vierge a été mesuré dans un autre site tout proche. Les
conditions géologiques, la profondeur du tunnel, et la méthode d'excavation sont comparables au
site étudié, mais sans la présence d’un bâtiment.
Figure 1-18 : Localisation des bâtiments étudiés pendant les travaux souterrains du creusement de
la ligne Jubilee (Dimmock et Mair 2008)
25
Figure 1-19 : Comparaison des profils de déplacement de la façade du bâtiment « Neptune House »
(symboles pleins) aux profils de déplacement du terrain en champ libre (symboles évidés) pour
différents états d’avancement du tunnel-Dimmock et Mair (2008)
Cet exemple illustre l'importance des phénomènes d'interaction sol-structure. En simplifiant les
choses, les structures sont considérées infiniment flexibles si elles suivent complètement le profil
d'affaissement en terrain vierge. Pour des structures ne pouvant pas être considérées infiniment
rigides, supposer une transmission totale des mouvements en champ libre peut clairement
conduire à une surestimation de la déflexion finale de l’ouvrage et donc de son dommage.
26
Figure 1-20 : Définition des déplacements du sol et du bâtiment lorsque l’équilibre statique est
atteint (cas d’un contact complet entre le sol et le bâtiment) pour le modèle de Deck et Singh
(2010)
La solution homogène lorsqu’il n’y a pas de décollement entre le bâti et le terrain est donnée par
l’équation suivante :
4 𝑥𝑥 4 𝑥𝑥
4 4 �𝛽𝛽 4 4 �𝛽𝛽
𝑞𝑞 �𝛽𝛽 �𝛽𝛽 �𝛽𝛽 �𝛽𝛽 −
𝑤𝑤(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾 + 𝐶𝐶1 (𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐 � 𝑥𝑥� + 𝐶𝐶2 𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠 � 𝑥𝑥�)𝑒𝑒 √2 + 𝐶𝐶3 (𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐 � 𝑥𝑥� + 𝐶𝐶4 𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠 � 𝑥𝑥�)𝑒𝑒 √2
𝑤𝑤 𝐵𝐵 2 2 2 2
Équation 1-10
Avec w(x) le tassement du terrain, β = KwB/EI, B la largeur de la poutre et q la charge
uniformément répartie [N/m]
Deck et Singh (2010) ont utilisé la solution directe donnée par cette équation en rajoutant des
conditions aux limites pour déterminer les constantes C1 à C4. Quand la poutre et le terrain sont en
contact, la condition de non interpénétration est assurée par l’équation suivante :
27
Les deuxième et troisième conditions aux limites expriment que le moment fléchissant et l’effort
tranchant sont nuls aux extrémités, parce que la poutre est en équilibre statique sous la charge
q(x) et la réaction p(x).
Lorsqu’il y a décollement (Figure 1-21), le tassement du sol w(x) est nul tout au long de la surface
de décollement, et on peut écrire :
Figure 1-21 : Définition des déplacements du sol et du bâtiment lorsque l'équilibre statique est
atteint (cas d’un décollement entre le sol et le bâtiment) pour le modèle de Deck et Singh (2010).
La déformée de la poutre peut donc être calculée par l’équation générale de la poutre en
intégrant quatre fois l’équation 1-9 (p(x)=0 dans cette équation).
𝑞𝑞𝑥𝑥 4
𝑦𝑦1 (𝑥𝑥) = 24𝐸𝐸𝐸𝐸 + 𝐶𝐶5 𝑥𝑥 2 + 𝐶𝐶6 Équation 1-15
28
transmission de la déflexion dans la zone convexe en fonction d’un paramètre adimensionnel de la
rigidité relative définit par :
𝐸𝐸𝐸𝐸
𝜌𝜌∗ = 𝐾𝐾 4 Équation 1-21
𝑤𝑤 .𝐵𝐵.𝐿𝐿
Pour un bâti très rigide sur un terrain souple (ρ*=1), le taux de transmission de la déflexion tend
vers zéro. Inversement, il tend vers 1 pour un bâti souple sur un terrain rigide. Ces résultats
indiquent clairement que l'interaction sol-structure doit être prise en compte pour le calcul de la
déflexion finale du bâti pour obtenir une estimation pertinente de son endommagement.
𝐸𝐸𝐸𝐸
Figure 1-22 : Taux de transmission de la déflexion en fonction de la rigidité relative 𝜌𝜌∗ = 𝐾𝐾 4
𝑤𝑤 .𝐵𝐵.𝐿𝐿
29
charges appliquées au bâtiment pendant les calculs. Le taux de transmission de la déflexion en
champ libre est calculé pour différentes valeurs des propriétés du bâti, afin de couvrir une grande
étendue de rigidité relative. Potts et Addenbrooke ont défini la raideur relative en flexion ρ* et la
raideur relative axiale α*, données par les Equations 1-22, 1-23.
16.𝐸𝐸𝐸𝐸
𝜌𝜌𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃 ∗ = 𝐸𝐸𝑠𝑠 .𝐿𝐿4
Équation 1-22
𝐸𝐸𝐸𝐸
𝛼𝛼 ∗ = 𝐸𝐸 .𝐿𝐿/2 Équation 1-23
𝑠𝑠
Avec Es le module de Young du terrain. On peut constater que 𝛼𝛼 ∗ est sans dimension alors que
l'unité pour 𝜌𝜌∗ est m-1, vu que l'unité de EI est kN.m2/m.
Pour chaque analyse, un profil d'affaissement et un profil de déplacement horizontal sont générés.
Les valeurs du taux de transmission de la déflexion et de la déformation horizontale en terrain
vierge sont ensuite comparées à celles en présence du bâti.
30
Figure 1-24 : Taux de transmission de déflexion MDRsag(équivalent auΔ/Δ0 de la Figure 1-22)en
∗ 16.𝐸𝐸𝐸𝐸
relation avec la rigidité relative 𝜌𝜌𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃𝑃 = 𝐸𝐸𝑠𝑠 .𝐿𝐿4
(Potts et Addenbrooke, 1997)
Franzius et al. (2004) ont étudié l'influence du poids du bâtiment (Figure 1-25). Ils ont constaté
que cette influence est relativement faible par rapport aux résultats de Potts et Addenbrooke
(1997). Ils ont affirmé que la rigidité de bâtiment contrôle la réduction de mouvement de sol
transmis au bâtiment Figure 1-25.
Figure 1-25 : Résultats de Franzius et al. (2004), montrant l’influence du poids du bâtiment et de la
rigidité de bâtiment en comparaison avec la courbe de Potts et Addenbrooke (1997)
Pendant l'investigation de son modèle, Franzius (2003) a constaté que la relation de rigidité
relative de Potts et Addenbrooke (1997) surestime l'influence de la longueur du bâtiment L, et que
la profondeur du tunnel n'est pas prise en compte dans la relation de la rigidité relative de Potts et
Addenbrooke. Il a proposé une nouvelle relation de la rigidité relative qui prend en compte la
profondeur du tunnel :
31
𝐸𝐸𝐸𝐸
𝜌𝜌∗ 𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀 = 𝐸𝐸 .𝐻𝐻.𝐿𝐿2 .𝐵𝐵 Équation 1-24
𝑠𝑠
L est la longueur du bâtiment, alors que B est sa largueur (qui est en parallèle à l'axe de tunnel), et
H est la profondeur du tunnel. Les nouveaux résultats de Franzius, basés sur cette définition de la
rigidité relative sont montrés dans la Figure 1-26.L'expression de la rigidité relative dans l'équation
1-24 est sans unité
Dans cette figure, on constate que la profondeur de tunnel intervient dans le calcul de la
transmission de la déflexion, ce qui était négligé par Potts et Addenbrooke 1997.
Figure 1-26 : Taux de transmission de déflexion en relation avec la rigidité relative définie par
Franzius (2003)
Cette rigidité a été redéfinie par Goh et Mair (2011) qui ont proposé la relation suivante dans
l'équation 1-25. Cette relation ressemble à la relation définie par l'Eurocode 7 pour estimer la
rigidité relative :
𝐸𝐸𝐸𝐸
𝜌𝜌𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀 ∗ = 𝐸𝐸 .𝐿𝐿3 Équation 1-25
𝑠𝑠
La relation de Mair (équation 1-25) est une des relations les plus utilisées dans le domaine, elle est
sans unité vu que l'unité de EI est kN.m2/m, autrement dit, la rigidité de bâtiment est calculée par
mètre.
Mair (2013) a retracé les résultats numériques de Potts et Addenbrooke (1997) et de Franzius
(2003) en fonction de l'équation (1-25) et les a comparés à des résultats expérimentaux. Il a trouvé
que les résultats peuvent être regroupés comme le montre la Figure 1-27. Mair (2013) a observé
que la transmission de la déflexion sera égale à 1 quand la rigidité relative définie par cette
équation est moins que 10-4, et égale à 0 quand ce paramètre est plus grand que 1.
32
Figure 1-27 : Résultats numériques et expérimentaux montrant le taux de transmission de la
déflexion en relation avec la rigidité relative selon Mair (2013).
Dans la suite, Goh (2010) a exploité des résultats issus de plusieurs publications décrivant des
mesures réelles pour plusieurs bâtiments ayant subis des mouvements de sol suite à des travaux
souterrains comme (Mair et Taylor 2001, Standing 2001, Viggiani et Standing 2001, Withers 2001,
Dimmock et Mair 2008, Goh et Mair 2011 et Farrell et al. 2011). Il a pu calculer le taux de
transmission de la déflexion pour ces cas réels en fonction des nouvelles relations de la rigidité
relative proposé par Goh et Mair 2011 (Equation 1-25).
Les limites supérieures et inferieures des résultats réels sont tracées dans la Figure 1-28. Une
comparaison avec la Figure 1-27 montre que les résultats sont proches. Bien que cohérents, ces
deux résultats montrent qu’il existe une grande incertitude sur la valeur du taux de transmission.
A titre d’exemple, on peut observer que pour une rigidité relative de 0,01, on trouve que le taux
de transmission de la déflexion est compris entre 0,2 et 0,8, ce qui correspond à un intervalle très
important.
33
1.4.5- Les modèles physiques
Plusieurs modèles physiques ont été développés pour analyser l'effet des mouvements de terrain
de différentes origines (tunnels, mines, excavations et effondrements miniers). Dyne 1998 a créé
un modèle physique en 2D pour étudier la remontée d’un fontis en surface. Laefer et al. (2002),
Shahin et al. (2004), Sung et al. (2006), Caudron (2007), Lee et Bassett (2007), Kikumoto et al.
(2009), Farrell (2010), Hor (2010) et Nghiem (2014) ont mené des recherches pour développer des
modèles physiques dans le but d'observer l'influence du creusement d'un tunnel ou d’un
affaissement minier en surface, surtout, dans le cas où il y a des bâtiments.
Quelques exemples de ces modèles sont cités dans le tableau suivant, on note des différences
dans les objectifs et les matériaux utilisés pour chaque modèle.
Tableau 1-2: Les différents modèles réduits existants pour étudier l'interaction sol structure
Le modèle Le cas étudié Le sol Le bâtiment
Caudron (2007) Modélisation 2D de l'ISS, cas d’un Matériaux Maison individuelle de
fontis. analogiques de type poutre-poteaux en
L'échelle est 1/40 Schneebeli Aluminium
Lee et Bassett Modélisation 2D pour déterminer Rouleaux Le pieux est fabriqué
(2007) les zones d'influence pour d'aluminium de d'alliage d'aluminium de
l'interaction pieu-sol-tunnel. différents diamètres dimension (25x 75) mm
Le cas modélise un creusement de
tunnel en site urbain sur un
bâtiment fondé sur des pieux
Laefer (2001) Modèle en 3D pour étudier le Sable Béton
dommage des structures sur des Les dimensions sont
fondations superficielles soumises 1,83 m de large et 0,61
à des mouvements de sol induits m de haute.
par une excavation. Les fondations sont en
L'échelle est 1/10 béton de 0,127 m de
large et 0,254 m
d'épaisseur
Sung et al. Modèle en 2D pour étudier le Rouleaux Les pieux sont en
(2006) comportement des pieux suit une d'aluminium polyuréthane.
excavation d'un tunnel. La semelle de liaison est
L'échelle est 1/100 en aluminium de 8 cm
de longueur et 2cm
d'épaisseur
Hor (2009) Maquette 3D d'une maison Sable de Polycarbonate
individuelle (dimension en plan Fontainebleu
10m x 10m pour le prototype)
Cette maison a été simplifiée en
34
radier de 25 cm d’épaisseur
L'échelle est 1/40
Ngheim (2015) Modèle 3D de l'ISS d'une maison Sable de Les fondations sont
individuelle de 10m x 10m. Fontainebleu réalisées en silicone,
L'échelle est 1/40 alors que les murs sont
construits en blocs de
bois
L'intérêt des modèles physiques est qu'ils permettent d'observer les phénomènes de l'ISS associés
à un mouvement de sol. Ils ne donnent néanmoins pas de résultats généralisés. Ces observations
ont confirmé l'importance de l'ISS pendant le mouvement de sol.
Nous présentons ci-après de manière détaillé les essais réalisés par Farrell (2010) qui a fait un
modèle réduit pour comprendre l'influence de la rigidité et du poids des bâtiments subissant un
mouvement de sol sur leur déflexion finale. Il a commencé par mesurer le déplacement en terrain
vierge (sans l'existence de bâtiment), ensuite il a posé le bâtiment qui est modélisé par une plaque
en aluminium de 40 cm de longueur (E=70GPa). Cette plaque a 4 épaisseurs (1,6 ; 5 ; 10 et
20 mm), conduisant à 4 poids et 4 rigidités différentes. Les résultats ont permis alors d’étudier
l'influence de ces deux paramètres sur le taux de transmission de des mouvements en champ libre
à la structure. La plaque a été localisée au centre de la cuvette de mouvement du sol.
35
Figure 1-30 : Déplacements de structures de différentes rigidités pour un même mouvement du
terrain en champ libre. Résultats issus d’un modèle réduit (Farrell, 2010)
Ce modèle physique a été validé en le reproduisant numériquement par Giardina et al. (2014 et
2015). La Figure 1-31 montre les résultats obtenus par Giardina et al. (2015). Tout d'abord, il y a
une cohérence importante entre les résultats expérimentaux et les résultats numériques. Les
résultats montrent que le bâtiment suit complètement le déplacement du sol quand il est très
souple. Quand il est rigide, des vides commencent à se développer sous le bâtiment, et le
déplacement du bâtiment est moins important que le déplacement en terrain vierge.
Figure 1-31 : Validation des résultats expérimentaux fournis par Farrell (2010) par une
modélisation numérique. Giardina et al. (2015)
Par la suite Giardina et al. (2015) ont tracé les points correspondant à ces résultats sur la courbe
obtenue par Franzius (2006). Ils ont observé des valeurs de taux de transmission inférieures à ceux
prévues par les courbes de Franzius (2006). Ils ont également observé que le taux de transmission
de la déflexion diminue lorsque le déplacement en terrain vierge augmente (pour la même rigidité
relative), en raison de l’occurrence d’un vide sous le bâtiment pour les valeurs importantes du
déplacement en terrain vierge.
36
Figure 1-32 : Synthèse des résultats expérimentaux de Farrell (2010) et numériques de Franzius
(2006) réalisée par Giardina et al. (2015)
L’ensemble des résultats présentés serviront d’éléments de validation pour les modèles
analytiques développés dans ce travail.
1.5- Conclusion
Différentes approches, pour estimer la déflexion d’un bâtiment, ont été présentées. Ces
approches peuvent être regroupées en 3 catégories principales : modèles physiques, numériques
et analytiques.
Des travaux importants ont été entrepris dans le domaine de la modélisation numérique pour
prévenir le comportement des bâtiments dans des zones de mouvements de sol en considérant sa
rigidité par rapport à la rigidité de sol. Néanmoins, les paramètres utilisés dans ces modèles sont
toujours sujets à discussion.
Les modèles expérimentaux sont en cours de développement, ils sont coûteux, et les matériaux
utilisés et l'effet d'échelle représentent toujours des difficultés relativement importantes.
Les modèles analytiques sont très peu utilisés et développés malgré leurs capacités à trouver des
solutions simples et généralisés. Les modèles analytiques qui sont abordés par Deck et Singh
(2010) serviront de modèle de base dans ce travail. Le but de la thèse est de développer des
modèles analytiques de l'interaction sol-structure afin de mieux estimer le taux de mouvement
transmis du sol vers le bâtiment en considérant sa rigidité, ce qui aide à estimer
l'endommagement prévu dans le bâtiment quand il y a un mouvement de sol.
37
La présentation des résultats par des courbes entre la rigidité relative et la transmission de la
déflexion est la méthode la plus utilisée, on va reproduire ces courbes dans ce travail en adoptant
la rigidité relative de Mair considérée la plus pertinente compte tenu des résultats obtenus.
38
2- JUSTIFICATION DES MODÈLES ANALYTIQUES UTILISÉS DU SOL ET
2.1- Objectif
Dans ce chapitre, nous présentons de façon détaillée les deux modèles de rigidité du sol utilisés
dans la suite (Winkler et Pasternak). On insistera sur les difficultés associées à l’évaluation de leurs
paramètres et des méthodes proposées dans la littérature pour y répondre. Ensuite, nous
présenterons la méthodologie adaptée dans ce travail pour les estimer avec une validation
numérique des résultats.
La réponse d'une structure ou d’une fondation sur un sol reste un problème délicat en raison du
comportement complexe des sols. Il est en effet nécessaire de caractériser la rigidité du terrain
pour mener une analyse d’interaction sol-structure. Plusieurs chercheurs ont essayé de modéliser
cette réponse en modélisant les bâtiments par l’équation linéaire d’une poutre élastique et le
terrain par une équation analytique également linéaire, Winkler (1867), Westergaard (1938),
Pasternak (1954), Filonenko-Borodich (1940), Hetenyi (1946), Kerr (1985).
Le choix, dans ce travail de thèse, des deux modèles de Winkler et Pasternak répond
principalement à l’objectif d’étudier l'influence de la prise en compte du cisaillement et du
déplacement hors de la zone chargée sur la déformation finale du bâtiment. Le modèle de Winkler
correspond à l'hypothèse la plus simple et la plus couramment utilisée dans les modèles
analytiques d’ISS. Ce modèle ne tient pas compte de l'influence du cisaillement. Il en résulte que le
déplacement du sol en dehors de la zone chargée par le bâtiment est nul. Il s'agit dans notre cas
du modèle de référence par rapport auquel seront comparés les résultats des modèles développés
qui prendront en compte le déplacement hors du bâtiment et les déformations de cisaillement.
Le modèle de Pasternak répond parfaitement à nos besoins d'un modèle développé sur la base du
modèle de Winkler et qui considère la déformation de cisaillement dans le sol, dont il résulte des
déplacements en dehors de la zone chargée par le bâti.
L'équation générale de ce modèle est la même que celle de Filonenko-Borodich (1940), qui
considère une couche de tension au lieu d'une couche de cisaillement (modèle de Pasternak). Les
deux modèles devraient donner les mêmes résultats car les expressions mathématiques et les
considérations sont identiques dans les deux cas. Ces modèles qui prennent en compte l'influence
39
de l'interaction entre les ressorts et le déplacement hors de la zone chargée ou le bâtiment,
semblent proche de nos besoins. De son côté, Hetenyi (1946) a proposé une relation entre le
déplacement du sol et la pression de contact, mais cette relation conduit à une équation
différentielle de sixième degré lors de l'étude de l’ISS. La solution de cette équation et les
conditions aux limites nécessaires soulèvent des difficultés pour la résolution et sont plus
difficilement compatibles avec un travail analytique à vocation opérationnelle.
En conséquence, nous avons considéré que les deux modèles les plus adaptés pour faire cette
étude sont les modèles de Winkler et de Pasternak.
A la base, les modèles choisis adoptent un comportement élastique, mais ils peuvent aussi être
adaptés pour tenir compte d’un comportement élastoplastique (Beaufait 1977, Chandre1987). Ces
modèles seront considérés élastiques dans un premier temps, ensuite leur comportement sera
élargi à un comportement élastoplastique. Cette partie sera présentée dans le chapitre 4.
Depuis 1887, le modèle de Winkler reste le plus simple et le plus couramment utilisé pour
modéliser le sol dans les calculs de fondations et d’ouvrages géotechniques. L'hypothèse
fondamentale du modèle de Winkler est la proportionnalité entre les déformations et les
contraintes, le coefficient de proportionnalité est le module de réaction du sol noté Kw. Ce
paramètre n'est pas une des propriétés intrinsèques du sol, il relit la pression p(x) au déplacement
du sol (Equation 1-4).
Le module de réaction du sol a été introduit pour la première fois en 1867 par Winkler et appliqué
ensuite par Zimmerman (1888) à l'étude de la sollicitation des traverses de chemins de fer. Il a été
ensuite généralisé par des ingénieurs à l'étude des fondations. Le module de réaction de sol Kw est
un paramètre représentant la rigidité de sol.
L’idéalisation de Winkler représente le sol comme un système de ressorts identiques, ils sont
indépendants et ont un comportement élastique linéaire. Winkler suppose également que la
déformation du terrain sous les charges appliquées est limitée uniquement aux zones de
chargement. Le modèle de Winkler présente deux inconvénients.
Le premier inconvénient est qu’il ne prend pas en compte le tassement produit en dehors du point
d’application de charges. Cela conduit à des discontinuités du tassement lorsque la charge
appliquée est elle-même discontinue (Figure 2-1-a). Ce premier inconvénient trouve une solution
par l’utilisation d’un modèle à deux paramètres comme celui de Pasternak (Figure 2-1-b). Ce
modèle considère un système de ressorts de rigidité Kp couplés les uns aux autres par des
éléments capables de transmettre des forces de cisaillement proportionnelles à la pente de
déplacement du terrain qui intègre une couche de cisaillement de rigidité Gp. Ce deuxième
paramètre caractérise le comportement de cisaillement de la couche de cisaillement, proposé par
Pasternak. Lorsque Gp=0, le modèle de Pasternak est donc identique au modèle de Winkler.
40
Le modèle de Pasternak produit deux types de réaction de sol. La première est une pression p(x)
décrit dans le chapitre 1 (Equation 1-5), et la deuxième est une force ponctuelle appliquée aux
abscisses où il y a une discontinuité de pente dans le sol (Equation 2-1 et Figure 2-1).
′ ′
𝐹𝐹 = 𝐺𝐺𝑝𝑝 (𝑤𝑤𝑥𝑥→𝑥𝑥 0−
(𝑥𝑥0 ) − 𝑤𝑤𝑥𝑥→𝑥𝑥 0+
(𝑥𝑥0 )) Équation 2-1
Où w est le déplacement du sol de part et d’autre de l’abscisse x0 où est imposé un déplacement.
Dans cette équation, une valeur positive de w correspond à un tassement.
O'Neill (1965) et Mikkola (1967) ont ainsi trouvé qu'il y a une réaction ponctuelle du terrain
générée à l’extrémité d'une poutre quand on prend en compte l'influence des déformations de
cisaillement dans le sol.
Figure 2-1 : Déplacement de sol sous une charge ponctuelle, a) sol modélisé par les ressorts de
Winkler, b) sol modélisé par les ressorts de Pasternak
Dans le cas d'une pression uniforme appliquée au lieu d'une force ponctuelle, on trouve un
tassement uniforme dans le cas du modèle de Winkler (Figure 2-2, a). Le déplacement sera nul en
dehors de la zone de l’application de la pression, alors que dans le cas du modèle de Pasternak à
deux paramètres, le déplacement du sol, sous la zone chargée va varier le long et au-delà de la
charge repartie appliquée (Figure 2-2, b).
Figure 2-2: Déplacement du sol sous une charge uniforme, a) sol modélisé par les ressorts de
Winkler, b) sol modélisé par les ressorts de Pasternak
Le second inconvénient du modèle de Winkler est la difficulté rencontrée pour déterminer la
raideur des ressorts élastiques utilisés. Il n’existe pas de relation théorique exacte entre ce
paramètre de rigidité et les coefficients d’élasticité du milieu (module de Young et coefficient de
Poisson). En effet, en raison de l'absence d’interaction entre les ressorts, le modèle de Winkler ne
permet pas de reproduire les caractères d'un milieu continu (Celep et Demir, 2007). De
41
nombreuses études proposent néanmoins une expression du coefficient de réaction du sol Kw en
fonction non seulement de la nature du sol, mais aussi des dimensions de la zone de chargement
et de la rigidité de la structure, Bowles (1996), Vesic (1961), Selvadurai (1979), Henry (1986),
Sadrikarimi et Akbrzad (2009). Cet inconvénient est exacerbé par l’utilisation d’un modèle à deux
paramètres pour lequel, il n’est pas toujours possible de trouver une relation théorique exacte
entre les deux paramètres de rigidité et les coefficients d’élasticité du milieu. C’est donc ce second
inconvénient qui sera par la suite détaillé.
Le choix des modules de réaction et de cisaillement du terrain est le problème principal associé à
l’utilisation des modèles analytiques tels que le modèle de Winkler (Kw) ou de Pasternak (Kp et Gp).
On s’intéressera d’abord au cas du module de réaction proposé pour le modèle de Winkler.
Dans ce travail, les relations empiriques et théoriques seront adoptées. Les essais de compression
du sol, faits en laboratoire et in-situ, indiquent que les déformations sont proportionnelles aux
efforts appliqués, tant que la charge d'essai ne dépasse pas une certaine limite. L’équation 1-4 ne
peut donc être appliquée que lorsque l'on a de faibles charges provoquant de faibles
déformations.
Déterminer la valeur de Kw du sol sous la fondation n'est pas une chose simple. Kw ne dépend pas
de la nature du sol uniquement, mais aussi des dimensions de la zone chargée et du type de la
fondation proposée.
Pour bien comprendre la difficulté, Verdeyen (1965) a proposé l’exemple d'un radier d'un grand
réservoir fondé sur du sable. Même si la pression appliquée sur le sol est uniforme, l'expérience a
montré que le tassement au milieu du radier est plus important que sur ses bords (cas de Figure
2-2-b). En conséquence, le module de réaction du sol est moins important au milieu de ce radier,
alors que les propriétés du sol sont les mêmes dans toute l'étendue du massif considéré. Si la
fondation avait été réalisée sur une argile plastique, c'est l'inverse qui se serait produit : les bords
se seraient plus enfoncés que le centre et le module de réaction du sol aurait été plus grand au
centre qu'au bord. En d'autres termes, le module de réaction du sol dépend de nombreux
paramètres, parmi lesquels (Verdeyen, 1965) :
• L'intensité de l'effort appliqué : suivant que les charges sont faibles ou fortes, le module de
réaction du sol peut en conséquence prendre des valeurs différentes.
• La vitesse et la durée d'application des charges : par exemple, pour un sol sous-consolidé,
les déformations augmentent au cours du temps, alors que les pressions appliquées sur le
sol restent constantes, par conséquent, Kw diminue.
42
• La répétition des charges : si une charge est appliquée plusieurs fois, les déformations
augmentent avec le nombre d'applications de la charge, par conséquent le coefficient Kw
diminue.
• Les vibrations au voisinage de l'endroit où est déterminé le module Kw : pour des sables, ce
phénomène est à prendre en considération et peut provoquer des déformations
appréciables et, par conséquent, des diminutions de Kw.
• L'immersion ou non du sol : dans un sol immergé, le module Kw est moindre ; il vaut alors
un peu plus de la moitié du coefficient de raideur Kw d'un sol sec ou humide. Cette
réduction correspond à la diminution du poids spécifique du sol immergé.
Il est évidemment impossible de tenir compte de tous ces faits si l'on désire énoncer une
hypothèse simple se prêtant à une mise en équation permettant des calculs pratiques.
Le calcul de Kw reste donc une question non totalement résolue de nos jours. Les chercheurs
essaient toujours de développer des relations et des corrections de façon à ce que les valeurs du
module de réaction du sol soient les plus proches possible de réalité.
Biot (1937) a proposé une expression théorique du module Kw basé sur l’étude d'une poutre de
longueur infinie, de largeur B connue et soumise à une force ponctuelle. Il a trouvé la solution de
cette poutre pour le cas où elle repose sur un demi espace infini élastique (paramètres Es, ʋ), et
pour le cas où elle repose sur un sol élastique modélisé par les ressorts de Winkler (paramètre Kw).
Il a trouvé que pour arriver aux mêmes valeurs du moment fléchissant dans les deux poutres, il
faut que le module de réaction de sol Kw soit exprimé par l'équation 2-2 :
1 𝐸𝐸𝑠𝑠 𝐵𝐵4 𝐸𝐸
𝐾𝐾𝑤𝑤 = 1.23(𝐶𝐶(1−ʋ2 ) 𝑠𝑠
) 𝐶𝐶(1−ʋ 2) Équation 2-2
𝐸𝐸𝐸𝐸
Avec: Es, ʋ, module de Young et coefficient de Poisson du sol ; EI rigidité en flexion de la poutre, B
largeur de la poutre et C est coefficient égal à 1 pour une pression uniforme.
La configuration considérée par Biot (poutre infinie sur un demi-espace infini) a également été
étudiée par Vesic (1963) qui a cherché à ajuster le déplacement entre les solutions théorique et
analytique. Il obtient l'expression suivante (Equation 2-3) du module de réaction. Vesic a montré
que cette solution surestime les moments fléchissants dans la poutre de l'ordre de 6 % en
moyenne et conduit à une sous-estimation des déplacements et des réactions pouvant atteindre
10 %. Il observe par ailleurs que l'hypothèse de Winkler se trouve pratiquement satisfaite dans ce
cas particulier (Simon 1995).
Avec : Es, ʋ, module de Young et coefficient de Poisson du sol ; EI rigidité en flexion de la poutre et
B largeur de la poutre.
Drapkin (1955), Vesic (1961a et 1961b), Badren (1962a, b, 1963a) Johnson (1963), ont proposé
une autre formule pour calculer ce module de réaction du sol :
0.65𝐸𝐸
𝑠𝑠
𝐾𝐾𝑤𝑤 = (1−ʋ2 )𝐵𝐵 Équation 2-4
43
Henry 1986 a proposé :
𝜋𝜋𝐸𝐸𝑠𝑠
𝐾𝐾𝑤𝑤 = 𝐿𝐿 Équation 2-5
2𝐵𝐵(1−ʋ2 )𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙𝑙( )
𝐵𝐵
On trouve que les relations proposées donnent un module de réaction du sol proportionnel au
ratio (Es/(1-ν2)).
On peut noter que la notion de coefficient de réaction est basée sur la recherche d'une
équivalence entre deux modèles, ce qui sera la base de notre méthodologie pour calculer les
paramètres des modèles utilisés dans ce travail.
La valeur de ʋ est souvent comprise entre 0,3 et 0,35, le terme (1 − ʋ2 ) est alors entre 0,84 et
0,91, le coefficient de Poisson a donc une petite influence sur le module de réaction du sol.
Tableau 2-1 : Évaluation du module de réaction kw du sol (Schlosser, technique de l'ingénieur, traité
construction).
La Figure 2-3 montre une comparaison de différentes valeurs de Kw obtenues par application des
formules précédentes. Nous n’avons considéré ici que les formules ayant le facteur c1 = Es/(B(1-ʋ2)
44
en commun. Nous avons alors tracé le ratio de Kw/c1 en fonction du module de Young du sol
(Figure 2-3). On observe une différence d’un facteur 4 entre les valeurs obtenues.
1,6
1,2
K/C1
0,8
0,4
Biot (1937) Vesic (1963)
Badern (1963) Vesic et Johnson (1963)
Klopple et Glock (1970)
0,0
0 50 100 150 200 250 300 350
Figure 2-3 : Comparaison entre les différentes formules proposées pour calculer le module de
réaction du sol dans le cas 𝜐𝜐=0,3 et B=60 cm
En bref, on note qu’il y a plusieurs relations proposées pour calculer le module de réaction de sol
du modèle de Winkler. Ce module est un élément nécessaire pour modéliser le comportement du
sol et plusieurs chercheurs ont fait des efforts pour l'estimer. Néanmoins, l'estimation exacte de
ce paramètre reste toujours une problématique pour les chercheurs qui ont proposé plusieurs
approches pour le calculer. D'ici vient cette différence entre les différentes relations proposées.
Il faut également signaler que si Gp est différent de 0, alors Kp est forcément différent de Kw, alors
que si Gp=0, le modèle de Pasternak est le même que le modèle de Winkler, et dans ce cas Kp=Kw.
45
2.5- Méthodologie pour calculer les paramètres de Winkler et Pasternak
Le principe de l'équivalence entre deux solutions a été adopté par Biot (1937) et Vesic (1963) pour
trouver le module de réaction de sol pour une poutre de longueur infinie restant en contact avec
le sol, modélisé par le modèle de Winkler.
Le même principe est adopté dans ce travail pour calculer les paramètres de Pasternak, mais pour
le cas d'une charge repartie appliquée sur une longueur L sur un sol modélisé par le modèle de
Pasternak. Cassan (1981), Schmitt (1998), Henry (1986), ont négligé l'existence de la poutre dans
leurs équations (Equation 2-3, 2-4, 2-5 et 2-6). Vesic, au contraire l'a bien prise en compte, par
12 1
l’intermédiaire du terme �( )de l'équation 2-3. On peut, dans le but de simplifier la solution,
𝐸𝐸𝐸𝐸
négliger l'influence de l'existence d’un bâtiment en considérant que les forces sont appliquées
directement au sol.
Boussinesq (1885) a trouvé les déplacements et les contraintes dans un milieu élastique semi-
infini induits par une force ponctuelle appliquée sur le terrain. Nous nous intéressons ici au
déplacement vertical. Ce déplacement généré par une force ponctuelle appliquée sur la surface
est exprimé par l’équation 2-8. On notera dans la suite uzi (i = 1 à 4) différents déplacements
obtenus à partir de l’application de la formule de Boussinesq. Au contraire, on notera w le
déplacement du terrain obtenu à partir des modèles de Pasternak et Winkler.
(1+ʋ)𝑝𝑝 𝑧𝑧 2
𝑢𝑢𝑢𝑢1 (𝑥𝑥, 𝑦𝑦, 𝑧𝑧) = (2(1 − ʋ) + 𝑥𝑥 2 +𝑦𝑦 2 +𝑧𝑧 2 )) Équation 2-8
2𝜋𝜋𝐸𝐸𝑠𝑠 �𝑥𝑥 2 +𝑦𝑦 2 +𝑧𝑧 2
Avec z la direction verticale (z=0 en surface) et x, y les deux directions horizontales. La direction y
sera la direction hors plan, perpendiculairement à toutes les représentations. On observe que la
46
solution de Boussinesq conduit à un tassement infini au point d’application de la force ponctuelle
quand x= y= z= 0.
D'après Selvadurai (1979), pour une couche de terrain compressible d’une épaisseur finie H, le
déplacement du terrain à la surface peut être approximé par l’Equation 2-9 qui correspond à la
différence du tassement calculé à partie de l’équation 2-8 entre la surface et la profondeur H :
𝑢𝑢𝑢𝑢2 (𝑥𝑥, 𝑦𝑦, 𝐻𝐻) = 𝑢𝑢𝑢𝑢1 (𝑥𝑥, 𝑦𝑦, 0) − 𝑢𝑢𝑢𝑢1 (𝑥𝑥, 𝑦𝑦, 𝐻𝐻) Équation 2-9
Flamant (1892) a utilisé la relation de Boussinesq pour calculer le tassement induit par une charge
linéique selon la direction y. Ce déplacement est obtenu par intégration de la solution de
Boussinesq pour y variant de ymin à ymax (équation 2-10).
𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦
𝑢𝑢𝑢𝑢3 (𝑥𝑥, 𝑦𝑦, 𝐻𝐻) = ∫𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦𝑦 𝑢𝑢𝑢𝑢2 (𝑥𝑥, 𝑢𝑢 − 𝑦𝑦, 𝐻𝐻). 𝑑𝑑𝑑𝑑 Équation 2-10
Dans le cas théorique où on suppose que la charge linéique est infinie, on peut passer du 3D au 2D
en calculant la limite de uz3 lorsque ymin→ - ∞ et que ymax → + ∞ (équation 2-11) :
Sous le point d’application de la force (x=0), le tassement est toujours infini à cause du terme
Log(x), alors que l’on peut calculer le tassement à la surface pour les autres points dans la
direction x. La Figure 2-4 montre une comparaison du tassement en surface à différentes abscisses
x, calculé à partir de l’équation 2-11 ou obtenu numériquement avec le code de calcul CESAR
(méthode éléments finis) pour un modèle de 50 m de profondeur et 50 m de largeur avec un
module de Young = 1 MPa et coefficient de Poisson égal à 0,3. On observe une bonne
superposition entre les déplacements obtenus avec le code CESAR et l'équation 2-11.
47
Figure 2-4 : Comparaison entre le tassement du terrain calculé avec l’équation de Flamant (Eq 2-
15) et les résultats d’un calcul numérique avec le code CESAR pour une force linéique p=1 kN/m
(E=1 MN/m2, ʋ=0,3 et H=50 m).
On trouve le déplacement du terrain induit par une charge répartie de largeur 2b selon la direction
x et infinie selon la direction y à partir de la solution de Flamant, en intégrant l’équation 2-11 entre
–b et +b (la largeur de la charge est 2b).
𝑏𝑏
𝑢𝑢𝑢𝑢4 (𝑥𝑥, 𝐻𝐻) = ∫−𝑏𝑏 𝑢𝑢𝑢𝑢 (𝑢𝑢 − 𝑥𝑥, ℎ)𝑑𝑑𝑑𝑑 Équation 2-12
3
Le logiciel CESAR est de nouveau utilisé pour effectuer une comparaison des tassements obtenus
pour une charge répartie d’une demi-largeur b = 15 m. Elle montre une différence de tassement
entre la solution numérique et la solution de l'équation 2-12 d’environ 10%. Cette différence est
connue (Poulos, 1967). On note cependant que le tassement différentiel entre l’extrémité et le
centre de la charge est quasi-identique entre les deux modèles (Figure 2-4). Dans ce travail, nous
nous intéressons particulièrement à la prévision du tassement différentiel transmis à une
structure. On observe ici que malgré les 10% d’écart, le calcul d’un tassement différentiel a
tendance à annuler l’influence de cette différence.
Le modèle de déplacement proposé par l'équation 2-12 basé sur la théorie de l’élasticité permet
d’estimer le déplacement à la surface d'une couche de sol compressible d’épaisseur H sous
l'influence d'une charge répartie q de largeur L = 2b et infinie dans la seconde direction
horizontale. Les procédures de calcul, ainsi que la validation numérique pour plusieurs cas (en
comparant le déplacement analytique avec le déplacement numérique obtenu avec le code
CESAR), nous permettent de considérer ce modèle comme une référence à laquelle le
déplacement de Pasternak peut être ajusté.
48
Figure 2-5 : Comparaison entre le déplacement du terrain (en mm) calculé avec l’équation de
Flamant et les résultats du calcul numérique avec CESAR pour un charge surfacique q=1 kN/m2
(Es=1 MN/m2, ʋ = 0,3, H= 50 m, b= 15 m)
Pour le modèle de Pasternak, il convient de distinguer la zone chargée où p(x) = q, de la zone non
chargée où p(x) = 0 (équation 2-13).
Sous la zone chargée p(x)=q, hors cette zone p(x)=0, on a alors, deux équations :
La solution pour ces équations peut être donnée par les équations suivantes :
𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐾𝐾𝑝𝑝
⎧ 𝑞𝑞
�𝐺𝐺 𝑥𝑥
𝑝𝑝
−�
𝐺𝐺𝑝𝑝
𝑥𝑥
⎪ 𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑐𝑐ℎ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎é𝑒𝑒 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾 + 𝑐𝑐1 𝑒𝑒 + 𝑐𝑐2 𝑒𝑒
𝑝𝑝
Équation 2-14
⎨ 𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐾𝐾𝑝𝑝
⎪ �𝐺𝐺 𝑥𝑥
𝑝𝑝
−� 𝑥𝑥
𝐺𝐺𝑝𝑝
⎩𝑒𝑒𝑒𝑒 𝑑𝑑𝑑𝑑ℎ𝑜𝑜𝑜𝑜𝑜𝑜 𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑐𝑐ℎ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎é𝑒𝑒 (𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑥𝑥 > 0)𝑤𝑤1 (𝑥𝑥) = 𝑐𝑐3 𝑒𝑒 + 𝑐𝑐4 𝑒𝑒
Les conditions aux limites en déplacement imposent que w1 → 0 quand x→ ∞. Ce qui nous permet
de trouver que c3 = 0. Comme les charges et les dimensions sont symétriques, on peut également
écrire que w’(0) = 0, ce qui conduit à c1=c2. Le tassement à la surface peut alors être écrit sous la
forme de l'équation 2-15.
49
𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐾𝐾𝑝𝑝
⎧ 𝑞𝑞
�𝐺𝐺 𝑥𝑥
𝑝𝑝
−�
𝐺𝐺𝑝𝑝
𝑥𝑥
⎪ 𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑐𝑐ℎ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎é𝑒𝑒 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾 + 𝑐𝑐1( 𝑒𝑒 + 𝑒𝑒 )
𝑝𝑝
Équation 2-15
⎨ 𝐾𝐾𝑝𝑝
⎪ −� 𝑥𝑥
𝐺𝐺𝑝𝑝
⎩𝑒𝑒𝑒𝑒 𝑑𝑑𝑑𝑑ℎ𝑜𝑜𝑜𝑜𝑜𝑜 𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑐𝑐ℎ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎é𝑒𝑒 (𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 𝑥𝑥 > 0)𝑤𝑤1 (𝑥𝑥) = 𝑐𝑐4 𝑒𝑒
Il reste alors deux inconnues (c1 et c4) afin de calculer le tassement en fonction de Kp et Gp. Pour
cela, on identifie deux nouvelles conditions aux limites, la première traduit la continuité de
déplacement dans la zone de discontinuité de charge : w(b) = w1(b), et la deuxième traduit la
continuité de la pente dans le point de discontinuité de charge : w’(b) = w1’(b). La seconde
condition limite revient à considérer qu’il n’y a pas d’effort ponctuel appliqué sur le terrain. Ces
deux conditions aboutissent aux expressions suivantes des constantes c1 et c4.
𝐾𝐾𝑝𝑝
−� 𝑏𝑏
−𝑞𝑞 𝐺𝐺𝑝𝑝
𝑐𝑐1 = 2𝑘𝑘
𝑒𝑒 Équation 2-16
𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐾𝐾𝑝𝑝
�𝐺𝐺 𝑏𝑏 −�
𝐺𝐺𝑝𝑝
𝑏𝑏
−𝑞𝑞 𝑝𝑝
𝑐𝑐4 = 2𝑘𝑘
(𝑒𝑒 − 𝑒𝑒 ) Équation 2-17
Trouver les valeurs de c1 et c4permet de trouver le déplacement de la surface de sol sous la charge
repartie q appliquée sur longueur L=2b, en fonction de Kp et Gp.
𝑝𝑝 𝑝𝑝 𝐾𝐾 𝑝𝑝 𝐾𝐾 𝐾𝐾
⎧ 𝑞𝑞 𝑞𝑞
−� 𝑏𝑏
𝐺𝐺𝑝𝑝
� 𝐺𝐺 𝑥𝑥
𝑝𝑝
−� 𝑥𝑥
𝐺𝐺𝑝𝑝
⎪𝑆𝑆𝑆𝑆𝑆𝑆𝑆𝑆 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑐𝑐ℎ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎é𝑒𝑒 (0 < 𝑥𝑥 < 𝑏𝑏) → 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾 − 2𝐾𝐾 𝑒𝑒 �𝑒𝑒 + 𝑒𝑒 �
⎪ 𝑝𝑝 𝑝𝑝
Équation 2-18
⎨ 𝐾𝐾𝑝𝑝
� 𝐺𝐺 𝑏𝑏 −�
𝐾𝐾𝑝𝑝
𝑏𝑏 −�
𝐾𝐾𝑝𝑝
𝑥𝑥
⎪ 𝐻𝐻𝐻𝐻𝐻𝐻𝐻𝐻 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑐𝑐ℎ𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎é( 𝑥𝑥 > 𝑏𝑏) → 𝑤𝑤1 (𝑥𝑥) =
𝑞𝑞
�𝑒𝑒
𝑝𝑝
− 𝑒𝑒
𝐺𝐺𝑝𝑝
� 𝑒𝑒
𝐺𝐺𝑝𝑝
⎪ 2𝐾𝐾𝑝𝑝
⎩
Dans cette partie, on définit une procédure de calcul commune des paramètres des modèles de
sol, à partir d’un ajustement du déplacement du sol entre la solution issue de chaque modèle de
sol et celle issue de l'élasticité (Figure 2-6).
50
Figure 2-6 : Méthodologie de calcul des paramètres de sol pour les modèles de Winkler et
Pasternak
Les résultats obtenus sont synthétisés sur la Figure 2-7. Ils sont obtenus pour un module de Young
du terrain de 1 MPa, un coefficient de Poisson de 0,3 et différentes valeurs de H et b=L/2. Pour
d’autres modules de Young du terrain, il convient de multiplier la valeur de Kw,1 fournies par le
graphique par la valeur du module de Young considéré.
Dans le calcul de la Figure 2-7, le coefficient de Poisson est considéré égal à 0,3. Son influence est
faible. Par exemple, pour une valeur de 0,35, l'équation de Boussinesq (1885) donne une valeur de
0,91 au lieu de 0,878, soit une différence moins que 3 %. Ceci s’explique par le fait qu’il intervient
sous la forme 1-ʋ2.
51
Figure 2-7 : Abaque permettant de trouver le module de réaction du sol Kw,1 en fonction de la demi-
largeur de la charge b et de l’épaisseur du terrain H (Es=1MN/m2, ʋ=0,3)
Le modèle de Pasternak utilise deux paramètres (Kp et Gp). Comme il y a deux inconnues, il est
nécessaire de définir deux équations afin de calculer les deux paramètres en fonction des
caractéristiques mécaniques et géométriques du sol et de la charge. On impose ici que les
déplacements au centre et à l’extrémité de la charge répartie soient identiques (x=0, et x=b=L/2).
Cela permet d’avoir entre les deux calculs le même déplacement.
uz4(0)=wp(0)
uz4(b)=wp(b)
Les valeurs de Kp et Gp obtenues sont indépendantes de l’intensité de la charge. Les Figure 2-8 et
Figure 2-9 présentent graphiquement les solutions de ces deux équations pour un module de
Young du terrain de 1 MPa, un coefficient de Poisson de 0,3 et différentes valeurs de H et b=L/2.
Pour d’autres valeurs du module de Young du terrain, il convient de multiplier les valeurs de Kp,1 et
Gp,1 fournies par les graphiques par la valeur du module de Young considéré.
52
Avec Kp,1 et Gp,1, les modules obtenus pour un module de Young du terrain de 1 MPa (Figure 2-8 et
Figure 2-9), H l’épaisseur de couche déformable de terrain et Es le module de Young de la couche
de terrain déformable (MPa).
Figure 2-8 : Abaque permettant de trouver le module de réaction du sol Kp,1 en fonction de la
demi-largeur de la charge b et de l’épaisseur du terrain H (Es=1 MN/m2, ʋ=0,3).
53
Figure 2-9 : Abaque permettant de trouver le module de cisaillement du sol GP,1 en fonction de la
demi-largeur de la charge b et de l’épaisseur du terrain H(Es=1 MN/m2, ʋ=0,3).
Tableau 2-2 : Comparaison des valeurs des modules obtenus (paramètres de Pasternak et Winkler)
pour différentes situations et comparaison avec la solution de Vesic.
Propriétés mécaniques et géométriques Paramètres de Kw de Kw de
Pasternak Winkler Vesic
L EI Es Q Kp Gp Kw Kw
2 2 3
(m) (MN.m /m) (MN/ m ) (kN/m) (kN/m ) (kN/m) (kN/m3) (kN/m3)
20 1000 10 100 110 37393 294 4864
50 100 552 186966 1470 27813
100 100 1103 373933 2940 58934
150 100 1655 560899 4410 91439
30000 10 100 110 37393 294 3024
50 100 552 186966 1470 17291
100 100 1103 373933 2940 36639
150 100 1655 560899 4410 56846
40 1000 10 100 87 63059 192 4864
50 100 437 315296 958 27813
100 100 874 630591 1916 58934
54
150 100 1311 94587 2875 91439
30000 10 10 87 63059 192 3024
50 100 437 315396 958 17291
100 100 874 630591 1916 36639
150 100 1311 945887 2875 56846
60 1000 10 100 80 81644 155 4864
50 100 400 408219 775 27813
100 100 800 816438 1549 58934
150 100 1200 1224657 2324 91439
30000 10 100 80 81644 155 3024
50 100 400 408219 775 17291
100 100 800 8169438 1549 36639
150 100 1200 1224657 2324 56846
Dans ce tableau, on remarque que le module Kw est bien plus important que celui de Pasternak Kp.
La différence est d’un facteur 2 à 4.
On note aussi que la rigidité du bâtiment n’a aucune influence sur les valeurs des paramètres de
Winkler et Pasternak. Ceci s’explique par le fait que ce terme n'intervient pas dans les équations,
alors que la rigidité du bâtiment a une influence sur la valeur de Kw calculé par l'équation de Vesic.
C'est à dire, pour la même rigidité de sol et en changeant la rigidité du bâtiment de 1 GPa à 30
GPa, le module de réaction de Winkler ne change pas, alors que ce module diminue de 35% en
utilisant l'équation 2-3 de Vesic.
On observe que la méthode développée dans ce travail aboutit à des modules de réaction de sol
de Winkler 10 à 20 fois moins importantes que celles de Vesic (Equation 2-3). Cela peut être
expliqué par la différence entre les hypothèses de calcul : Vesic a calculé Kw pour le cas d'une
poutre de longueur infinie, alors que nous avons calculé Kw pour le cas d'une charge de longueur L
appliquée sur le sol directement.
Pour valider les résultats analytiques, on compare les résultats obtenus avec ceux issus de
résultats de la modélisation numérique. Les modèles sont réalisés avec le code CESAR-LCPC, selon
une approche par éléments finis en élasticité.
La première étape consiste à comparer le profil de tassement de la surface obtenu par application
des 3 approches pour le cas d'une charge repartie appliquée directement sur le sol : modèle
CESAR, modèle de Flamant et modèle de Pasternak avec Kp et Gp calculés par les Figure 2-8 et
Figure 2-9.La Figure 2-10montre que les valeurs de Kp et Gp utilisées pour le modèle de Pasternak
aboutissent à des résultats logiquement proches de la solution de Flamant (uz4), compte tenu de
la procédure d’ajustement utilisée. Par contre, il y a une différence de l’ordre de 10% par rapport à
la solution numérique, comme il avait été déjà précisé.
55
Le modèle numérique a une longueur de 600 m. Il consiste en une couche de sol de
comportement élastique de profondeur H=200 m et de module de Young Es= 1 MPa. La charge
d’intensité 1N/m est appliquée au centre du modèle sur une longueur de 30 m. Les extrémités
latérales et inferieures du modèle sont bloquées verticalement et horizontalement.
La deuxième étape, consiste à comparer directement les valeurs des modules de réaction
calculées par notre méthode avec celles déduites des résultats numériques. Dans cette étape, la
charge est appliquée sur une poutre afin d’évaluer également l’influence de la rigidité d’un
ouvrage sur le calcul des modules de réaction. Le module de réaction calculé numériquement
Kw,num correspond au module du modèle de Winkler. Il est calculé à partir du rapport entre la
charge appliquée et le tassement moyen calculé sur la structure : (wnum(0)+wnum(b))/2.
Pour les paramètres de Pasternak, on calcule les déplacements de sol aux extrémités du bâtiment
et au centre à partir du modèle numérique, ces déplacements sont ajustés avec le déplacement de
sol estimé à partir du modèle de Pasternak, cet ajustement n'est pas tout à fait précis car le
déplacement de Pasternak donné par l'équation 2-15 est pour une charge appliquée directement
sur le sol (sans prendre en compte la rigidité de bâtiment), alors que les déplacements mesurés
numériquement au centre et aux extrémités du bâtiment prend en compte la rigidité du bâtiment.
L’approche permet néanmoins de juger de l’influence de la rigidité du bâti sur les valeurs des
coefficients de raideur.
Figure 2-10 : Comparaison des déplacements de la surface du sol sous l’effet d’une charge
uniforme de longueur L=2b pour trois solutions (solution de Pasternak wp, solution numérique wnum
et solution de Flamant uz4)
Le Tableau 2-3synthétise les résultats obtenus pour les 8 cas étudiés. Pour Winkler, on trouve que
les résultats sont quasiment identiques avec ceux obtenus en appliquant l’abaque de la Figure 2-7.
Pour les paramètres de Pasternak, on trouve une différence claire et justifiée par l'ajustement
entre deux modèles différents, mais en général, les paramètres ont le même ordre de grandeur et
on trouve que les résultats analytique et numérique pour les deux paramètres s'approchent quand
la rigidité du bâtiment n’est pas loin de la rigidité de sol.
56
Figure 2-11 : Modèle numérique utilisé pour calculer les déplacements pour une fondation
uniformément chargée reposant sur un terrain élastique (code aux éléments finis CESAR).
Nous vérifions qu’il n’y n’a pas d’influence de la valeur des charges appliquées sur le module de
réaction du sol Kw,num. Ceci s’explique par le comportement du sol qui est ici supposé élastique.
Nous constatons également une très faible influence de la rigidité du bâti sur le module Kw,num.
Le modèle numérique donne donc des valeurs de Kw,num très proches des valeurs de Kw calculées
précédemment. On considérera donc que cela valide notre méthodologie d’évaluation de Kw.
En revanche, il ne nous est pas possible de valider les valeurs des modules du modèle de
Pasternak. Comme les paramètres de Pasternak sont calculés par une méthode similaire dans son
approche, on acceptera que les valeurs de Kp et Gp soient pertinentes.
Tableau 2-3: Comparaison de plusieurs cas entre les paramètres de Pasternak, Winkler et la
solution numérique dans le cas d’une charge appliquée sur une fondation.
Propriétés mécaniques et Paramètres de Kw de Kw de Kw Kp Gp
géométriques Pasternak Winkle Vesic numérique numérique numérique
57
2.7- Conclusion
Les résultats ont été synthétisés sous forme d’abaques pour faciliter leur utilisation. Ces
paramètres dépendent du module de Young de sol, de l’épaisseur de terrain déformable et de la
longueur de la zone chargée.
Ces résultats ont été validés en comparant plusieurs cas théoriques analytiques avec des modèles
numériques (code aux éléments finis CESAR). Les résultats ont montré une cohérence acceptable
entre les résultats.
58
3- DÉVELOPPEMENT D’UN MODÈLE D’INTERACTION SOL-STRUCTURE
Les équilibres statiques du terrain et du bâtiment sont alors calculés pour évaluer la situation
d’équilibre finale dont on déduit la déflexion finale du bâtiment. Les études de sensibilité
permettent alors de montrer le rôle déterminant de la prise en compte des déformations
associées au cisaillement. Les validations des résultats analytiques seront faites par des modèles
numériques équivalents. La Figure 3-1 montre la méthodologie générale suivie, elle sera précisée
et détaillée dans la suite de chapitre.
59
3.1- Modélisation de l'ISS en prenant en compte l'influence du cisaillement dans
le sol
Dans cette partie, un modèle d’interaction sol-structure en 2D, est développé en utilisant une
poutre d’Euler-Bernoulli pour modéliser le comportement mécanique du bâti. Le comportement
du sol est modélisé par des éléments de Pasternak afin de pouvoir prendre en compte les
déformations de cisaillement dans le sol.
Figure 3-2 : Modélisation d’un bâtiment par une poutre uniformément chargée de raideur
équivalente EI et subissant la réaction du sol p(x)
La modélisation d’un bâtiment réel par une poutre suppose que l’élancement L/h soit suffisant
(L/h>2 dans cette étude). Si L/h<2, la théorie d’Euler-Bernoulli n'est plus valable pour modéliser le
comportement du bâtiment. Il conviendrait alors de modéliser le bâtiment par une poutre épaisse,
ce qui n'est pas développé dans cette étude.
La poutre est supposée en équilibre statique, il faut donc, à chaque moment, que la somme des
réactions du sol p(x) soit égale à la charge extérieure totale appliquée (Equation 3-1). Dans le cas
d’une charge uniforme, on peut écrire l’équation :
+𝐿𝐿/2
𝑞𝑞𝑞𝑞 = ∫−𝐿𝐿/2 𝑝𝑝(𝑥𝑥)𝑑𝑑𝑑𝑑 Équation 3-1
Pour obtenir l'équation générale d’une poutre soumise à une charge uniforme q et une réaction
de sol p(x), on rappelle quelques éléments théoriques du modèle d’Euler-Bernoulli. L’hypothèse
que les sections droites restent droites, que la poutre reste dans un domaine de comportement
60
élastique linéaire et que l’influence des contraintes de cisaillements sur la déflexion puisse être
négligée, conduit à l’équation différentielle du deuxième ordre suivante (Equation 3-2) :
Avec M(x) le moment fléchissant (N.m) représentant l’action de la partie droite sur la partie
gauche et compté positivement dans le sens trigonométrique ; E le module de Young du matériau
constituant la poutre (Pa) ; I le moment d’inertie quadratique de la section transversale (m4) et
y(x) la déflexion de la poutre (m) comptée positivement vers le bas.
En dérivant les moments fléchissant, on obtient les efforts tranchants (comptés positivement vers
le haut) :
𝑑𝑑𝑑𝑑(𝑥𝑥)
𝑉𝑉(𝑥𝑥) = − 𝑑𝑑𝑑𝑑
Équation 3-3
En dérivant les efforts tranchants, on obtient les forces réparties appliquées à la poutre :
𝑑𝑑𝑑𝑑(𝑥𝑥)
𝑑𝑑𝑑𝑑
= 𝑞𝑞 − 𝑝𝑝(𝑥𝑥) Équation 3-4
En combinant les équations 3-2 à 3-4, on obtient l’équation différentielle caractéristique d’une
poutre d’Euler-Bernoulli (Equation 3-5).
Deck et Singh (2010), ont comparé différentes équations pour modéliser les mouvements de
terrain en champ libre et étudier les conséquences sur le tassement transmis aux bâtiments :
fonction circulaire, second ordre polynomiale et sinusoïdale. Ils ont montré qu'elles conduisent à
des résultats similaires.
Le mouvement du sol en champ libre est alors défini par une fonction v (x) polynomiale car elle
conduit à une simplification de l’équation constitutive du problème d’ISS (Figure 3-3 et Equation 3-
6).
61
Avec R est la courbure du terrain en champ libre sous le bâtiment ; Δ0la déflexion en champ libre
(Figure 3-3) ; L la longueur du bâtiment et x l'abscisse (avec x=0 au centre du bâtiment et x=+/-L/2
aux extrémités).
Figure 3-3 : Courbure de terrain et déflexion en champ libre associée pour un bâtiment de longueur
L
En utilisant le modèle de Winkler, on accepte les hypothèses que le mouvement de sol hors de
bâtiment soit nul, et que le tassement d’un bâtiment reposant sur un terrain horizontal soit
uniforme et égal à un déplacement de corps rigide d. Dans cette équation un tassement du terrain
est compté positivement.
En considérant le modèle de Pasternak pour le sol, la relation entre la charge appliquée p(x) et le
déplacement vertical w(x) du sol est exprimée par l’équation 1-6 (équation de Pasternak). Dans
cette équation un tassement du terrain est compté positivement.
Pour ce modèle, le mouvement de sol en dehors du bâtiment est non nul et on notera par la suite
w1(x) le tassement du terrain en dehors du bâti et w(x) le tassement sous le bâti (Figure 3-4). Dès
qu’on utilise le modèle de Pasternak, des forces ponctuelles sont générées aux points de
discontinuité de la pente de la déformée du sol (dans ce cas aux extrémités du bâtiment).
62
𝐹𝐹 = 𝐺𝐺𝑝𝑝 �𝑤𝑤1′(−𝐿𝐿/2) − 𝑤𝑤 ′ (−𝐿𝐿/2)� à 𝑔𝑔𝑔𝑔𝑔𝑔𝑔𝑔ℎ𝑒𝑒 𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑏𝑏â𝑡𝑡𝑡𝑡
� Équation 3-7
𝐹𝐹 = 𝐺𝐺𝑝𝑝 �𝑤𝑤 ′ (𝐿𝐿/2) − 𝑤𝑤1′ (𝐿𝐿/2)� à 𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑑𝑑𝑑𝑑 𝑏𝑏â𝑡𝑡𝑡𝑡
La Figure 3-4 présente les déplacements du sol et la déformée initiale du bâtiment sur un sol
horizontal (v(x) = 0). Avec le modèle de Pasternak, le tassement d’un bâtiment reposant sur un
terrain horizontal n’est pas uniforme. On peut alors distinguer le déplacement de corps rigide d du
bâtiment et la déformée y(x) de ce dernier. L’équation 3-8 représente alors une équation de non-
interpénétration du bâti dans le terrain :
Figure 3-4 : Déplacements du sol et déformée d’un bâtiment reposant sur un terrain initialement
horizontal (cas du modèle de Pasternak)
Quand il y a un mouvement en champ libre du terrain (v(x) ≠ 0), le tassement du sol sous le
bâtiment varie, à la fois pour le modèle de Winkler et pour le modèle de Pasternak (Figure 3-5). La
déformée maximale de la poutre calculée avec le modèle de Winkler est notée Δw, et la déformée
maximale dans le cas de Pasternak est notée Δp.
Une relation peut être établie entre le tassement du terrain, la déformée du bâti, son
déplacement uniforme de corps rigide d et le mouvement en champ libre du terrain. L’équation 3-
10 représente alors une équation de non-interpénétration du bâti dans le terrain. Il est par contre
possible d’avoir localement un décollement entre le sol et le bâti.
63
Pour étudier l'influence du mouvement en champ libre du terrain sur la déflexion maximale
transmise au bâtiment Δ, la déformée maximale calculée pour une poutre sur terrain horizontal Δi
(Figure 3-4, Figure 3-5, Equation 3-9) doit être éliminée de la valeur de la déformée maximale
calculée quand il y a un mouvement en champ libre Δp et Δw (Figure 3-5, Equation3-11).Pour le
modèle de Winkler où Δi = 0, la déflexion maximale transmise Δ est directement égale à la
déflexion calculée Δw.
Figure 3-5 : Déplacements du sol et déformée du bâti en présence d’un mouvement en champ libre
du terrain (cas du modèle de Pasternak)
La Figure 3-6 résume les différences entre les deux modèles de Pasternak et Winkler dans le cas
d'un bâtiment sur un sol horizontal dans un premier temps, et avec un sol initialement sollicité par
un mouvement en champs libre de rayon de courbure R.
64
Figure 3-6 : Comparaison entre le modèle de Winkler et celui de Pasternak
Le système d’équation à résoudre est défini par la combinaison des équations 3-5 à 3-10 qui
caractérisent le comportement mécanique du sol et du bâti, le mouvement en champ libre du
terrain et la condition de non-interpénétration du bâti dans le sol. La résolution du système peut
aboutir à deux situations :
- soit il y a un décollement et donc un vide sous le bâtiment (cas d'un bâtiment léger et très rigide
sur un sol de mouvement important et rigide). Ce cas pouvant se déduire du précédent lorsque
qu’une réaction négative du terrain est obtenue (traction).
𝐸𝐸𝐸𝐸𝑦𝑦 (4) (𝑥𝑥) = 𝑞𝑞 − 𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐵𝐵 𝑤𝑤(𝑥𝑥) − 𝐺𝐺𝑝𝑝 𝐵𝐵 𝑤𝑤 (2) (𝑥𝑥) Équation 3-13
65
L'équation 3-10 de non-interpénétration du bâti dans le terrain est écrite quand il n'y a pas de
décollement sous la forme de l'équation 3-14. La combinaison des équations 3-10 et 3-6 permet
d’écrire que
𝐿𝐿2 4𝑥𝑥 2
𝑦𝑦(𝑥𝑥) = 𝑤𝑤(𝑥𝑥) − 𝑑𝑑 + 8𝑅𝑅 (1 − ) Équation 3-14
𝐿𝐿2
𝐸𝐸𝐸𝐸𝑤𝑤 (4) (𝑥𝑥)− 𝐺𝐺𝑝𝑝 𝐵𝐵 𝑤𝑤 (2) (𝑥𝑥) + 𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐵𝐵 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = 𝑞𝑞 Équation 3-16
Cette équation différentielle décrit le système d’interaction sol-structure en fonction de la rigidité
du bâtiment, sa largeur B, sa charge q, et des propriétés mécaniques du sol exprimées ici par Kp et
Gp (Figure 2-8 et Figure 2-9).
Le déplacement du sol sous le bâtiment w(x) peut être estimé en trouvant la solution de l'équation
3-16. La solution analytique de cette équation est exprimée par l'équation 3-17 qui fait apparaître
4 constantes d’intégration c1 à c4 :
𝐺𝐺𝑝𝑝 𝜆𝜆2 𝑞𝑞
𝑆𝑆𝑆𝑆 < 1 → 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = 𝐾𝐾 + �𝑐𝑐1 𝑒𝑒 𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 + 𝑐𝑐2 𝑒𝑒 −𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 � 𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐(𝛽𝛽 𝜆𝜆 𝑥𝑥) + �𝑐𝑐3 𝑒𝑒 𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 + 𝑐𝑐4 𝑒𝑒 −𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 � 𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠(𝛽𝛽 𝜆𝜆 𝑥𝑥)
𝐾𝐾𝑝𝑝 𝑝𝑝
2
𝐺𝐺𝑝𝑝 �𝐺𝐺𝑝𝑝 −4𝐸𝐸𝐸𝐸 𝑘𝑘𝑝𝑝 𝐺𝐺𝑝𝑝 �𝐺𝐺𝑝𝑝 2 −4𝐸𝐸𝐸𝐸 𝑘𝑘𝑝𝑝
𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 𝛿𝛿 = 2𝐸𝐸𝐸𝐸 − ; 𝜃𝜃 = 2𝐸𝐸𝐸𝐸 +
2𝐸𝐸𝐸𝐸 2𝐸𝐸𝐸𝐸
Équation 3-17
En bénéficiant de la symétrie du problème, on peut écrire que w(x) = w(-x) ce qui réduit de 2 le
nombre de constantes d’intégration : c1=c2 et c3=-c4
Le déplacement du sol en dehors du bâtiment w1(x) est obtenu en utilisant le modèle de Pasternak
pour modéliser le sol. Au contraire du modèle de Winkler, ce déplacement n'est pas nul, il peut
être dérivé à partir de l'équation 3-16 en considérant EI= 0 et q=0, ce qui conduit à l'équation
suivante :
66
𝐾𝐾𝑝𝑝
−� 𝑥𝑥
𝐺𝐺𝑝𝑝
𝑤𝑤1 = 𝑐𝑐5 𝑒𝑒 Équation 3-19
Quatre inconnues doivent être calculées afin d’obtenir une solution complète au problème sous
l’hypothèse de l’existence d’un contact complet entre le sol et le bâtiment : c1, c3, c5 et d. En
conséquence, il convient de définir4 conditions aux limites pour trouver ces 4 inconnues.
La première condition aux limites exprime que la déformée à l’extrémité de la poutre est nulle ou
que le déplacement de l’extrémité de la poutre est égal au déplacement de corps rigide d :
La quatrième condition aux limites exprime la continuité de déplacement du sol, sous et hors le
bâtiment
La résolution du problème a été effectuée avec le code Mathematica. La solution est obtenue
d’une part en utilisant les fonctionnalités du logiciel permettant d’obtenir une solution numérique
au problème (fonctions Solve ou NSolve), d’autre part en discrétisant explicitement le problème
afin de mettre en œuvre une résolution par différences finies. Les deux approches fournissant la
même solution.
Un exemple de résultat est présenté dans le Tableau 3-1. La Figure 3-7 illustre le profil de
déplacement initial du terrain à partir duquel la déflexion initiale est calculée. On observe par
ailleurs un déplacement du terrain en dehors du bâti significatif (w1(25 m) = 0,018 m par exemple),
alors que ce déplacement est trouvé nul lorsqu’on utilise le modèle de Winkler.
67
Tableau 3-1 : Etapes pour les calculs la déflexion du terrain transmise au bâtiment selon les deux
modèles (Winkler et Pasternak)
Les étapes du Tableau 3-1 seront appliquées pour calculer les déplacements d'une poutre sur un
sol modélisé par le modèle de Winkler et le modèle de Pasternak. Un exemple est présenté, les
données et les résultats des différents déplacements sont explicités dans le Tableau 3-2.
Tableau 3-2 : Exemple de résultats ; comparaison entre le modèle de Winkler et de Pasternak dans
le cas d’un contact continu entre le sol et le bâti.
Modèle de Pasternak Modèle de Winkler
Données La rigidité du bâtiment EI=5300 MN.m2/m
Le module de Young du sol Es=100 MN/m2
Le rayon de courbure du mouvement de sol en champ libre
R=1000m
La longueur du bâtiment L=20 m.
La charge repartie q=200 kN/m.
Paramètres des modèles de sol Kp=1748 kN/m3 Kw=5880 kN/m3
Gp=315000 kN/m
Déflexion en champ libre Δ0 Δ0=5 cm
Déflexion initiale sans mouvement de Δi= 0,0118 m Δi= 0
sol Δi
Déflexion finale avec mouvement de Δp = 0,049 m Δw = 0,0089 m
sol Δp ou Δw
68
Pour mieux montrer les résultats sous et dehors de bâtiment, les déplacements de sol et de la
poutre sont illustrés dans les Figure 3-7et Figure 3-8. La Figure 3-7 présente le déplacement initial
de sol en le modélisant par le modèle de Pasternak ; ce qui correspond à la quatrième étape de
calcul. Ce déplacement est nul dans le cas du modèle de Winkler. Le déplacement initial de la
poutre peut-être calculé par l'équation 3-8.
Figure 3-7 : Déplacement initial du terrain et de la poutre pour le modèle de Pasternak (cas d’une
courbure initiale du terrain nul)
La Figure 3-8 présente les déplacements initiaux et finaux du terrain et de la poutre, sur la
longueur du bâti. Les résultats montrent que la déflexion de la poutre est plus importante en
utilisant le modèle de Pasternak pour modéliser le sol ; pour le cas étudié, la différence est de
presque 300%, ce qui est important pour évaluer le dommage d'un bâtiment. Par ailleurs, nous
remarquons que le déplacement de corps rigide est différent entre les deux cas : d= 0,05 m pour le
cas de Pasternak, alors que la valeur de d pour le cas de Winkler est d= 0,08 m.
Figure 3-8 : Comparaison des différents déplacements du terrain sur la longueur du bâti (cas de
Winkler et de Pasternak pour une courbure du terrain en champ libre non nulle)
69
Figure 3-9 : Comparaison de la déformée finale de la poutre dans le cas du modèle de Winkler et
Pasternak
La déformée de la poutre est bien plus importante dans le cas de Pasternak que celle dans le cas
de Winkler, alors que le tassement du corps rigide est plus important dans le cas de Winkler, il est
dû principalement au fait que Kw< Kp.
Le calcul des efforts intérieurs dans la poutre permet de vérifier les conditions aux limites et la
cohérence globale des résultats. On observe que le moment fléchissant de la poutre est maximal à
mi-portée et nul aux extrémités (conditions aux limites respectées). En revanche, les efforts
tranchants sont maximaux aux extrémités du bâtiment, ils sont égaux à la force ponctuelle F
générée pour assurer la continuité de déplacement du terrain sous et en dehors du bâti, alors
qu'ils sont nuls au milieu de la poutre à cause de la symétrie du système.
Figure 3-10 : Moment fléchissant et effort tranchant final dans la poutre (cas de Pasternak)
70
Bien que l’objectif ne soit pas d’étudier plus en détail les conséquences de la déflexion sur
l’intégrité du bâti, on peut néanmoins noter que le moment fléchissant maximal initial (sans
mouvement de sol) est de 1400 kN.m et qu’il a donc augmenté 4 fois lorsqu’une courbure
R=1000 m est prise en compte. La cohérence du modèle peut également être vérifiée en analysant
la réaction du sol p(x) (pression de contact) et F (force ponctuelle générée aux extrémités du
bâtiment). On vérifie par exemple l’équation 3-24 qui correspond à l’équilibre statique du
système.
+∞ +𝐿𝐿/2
∫−∞ 𝐾𝐾𝑝𝑝 𝑤𝑤(𝑥𝑥)𝑑𝑑𝑑𝑑 = 𝑞𝑞𝑞𝑞 = ∫−𝐿𝐿/2 𝑝𝑝(𝑥𝑥)𝑑𝑑𝑑𝑑 + 2𝐹𝐹 Équation 3-24
Dans l'exemple présenté, on distingue deux cas : sans et avec mouvement de sol à la surface. Dans
+L/2
le cas où il n'y n’a pas de mouvement de sol à la surface, F=446 kN et ∫–L/2 p(x)dx = 3106 kN.
+L/2
Quand il y a un mouvement de sol, F=1742 kN et ∫0 p(x)dx = 257,5 kN.
Quand il y a un mouvement de sol, la réaction de sol est concentrée dans les deux forces
ponctuelles générées aux extrémités de bâtiment, alors que la réaction repartie le long de
bâtiment diminue. Les efforts dans la poutre ont été tracés dans le cas de modèle du Winkler, la
Figure 3-11 montre les moments fléchissants et les efforts tranchants dans la poutre.
Figure 3-11: Moment fléchissant et effort tranchant final dans la poutre (cas de Winkler)
L’équilibre statique du système dans le cas de Winkler a été aussi vérifié avec l'équation 3-25 :
+𝐿𝐿/2 +𝐿𝐿/2
∫−𝐿𝐿/2 𝐾𝐾𝑤𝑤 𝑤𝑤(𝑥𝑥)𝑑𝑑𝑑𝑑 = 𝑞𝑞𝑞𝑞 = ∫−𝐿𝐿/2 𝑝𝑝(𝑥𝑥)𝑑𝑑𝑥𝑥 Équation 3-25
On observe que le moment fléchissant dans la poutre est maximal à mi-portée et nul aux
extrémités et les efforts tranchants sont nuls aux extrémités et au milieu de la poutre (condition
limite respectée pour le cas de Winkler).
En comparant avec les efforts dans la poutre pour le cas de Pasternak, on trouve une différence
importante, elle est due à la différence importante du déplacement de la poutre entre les deux
modèles.
71
quand la charge q est faible et que la rigidité de la poutre et du sol sont importantes.
Concrètement, une telle situation est détectée lorsque la résolution du système sous l’hypothèse
d’aucun décollement aboutit à des valeurs de la pressions p(x) négatives (ce qui correspondrait à
des efforts de traction du terrain sur la poutre).
Dans ce paragraphe, le cas d'un décollement se produisant sous le bâtiment est étudié. Si le sol est
modélisé par des éléments de Pasternak, le déplacement du sol w(x) est toujours calculé dans la
zone de contact par l'équation 3-26. En dehors du bâtiment, le déplacement w1(x) est également
calculé par l'équation 3-19. Il est par contre nécessaire d’introduire un nouveau déplacement du
terrain w2(x) et une nouvelle déformée de la poutrey2(x) sur la zone où se produit le décollement
sous le bâti, ainsi qu’un effort ponctuel à l’abscisse C/2 (équations 3-26 et 3-27)
Le système final défini sur trois intervalles et devient le suivant : à l’extérieur du bâti (pour x>L/2),
l'équation 3-19 du paragraphe précédent pour calculer le déplacement de sol en dehors du
bâtiment w1est valable. Sur la zone de contact (pour C/2 < x < L/2), le déplacement du sol peut
être calculé par la même équation 3-17.
Sur la zone de décollement (pour 0 < x < C/2), la déformée de la poutre est calculée en intégrant 4
fois l'équation 3-26 :
𝑞𝑞𝑥𝑥 4 (𝑥𝑥)
𝑦𝑦2 (𝑥𝑥) = 24𝐸𝐸𝐸𝐸
+ 𝑐𝑐6 𝑥𝑥 2 (𝑥𝑥) + 𝑐𝑐7 Équation 3-28
Alors que le déplacement de sol dans cette zone est calculé par l'équation 3-29
𝐾𝐾𝑝𝑝 𝐾𝐾𝑝𝑝
+� 𝑥𝑥 −� 𝑥𝑥
𝐺𝐺𝑝𝑝 𝐺𝐺𝑝𝑝
𝑤𝑤2 = 𝑐𝑐8 (𝑒𝑒 + 𝑒𝑒 ) Équation 3-29
72
Figure 3-12 : Déplacements finaux du sol et du bâtiment soumis à un mouvement de sol avec
décollement (cas de Pasternak)
Le résultat final recherché est alors :
Pour calculer les 10 inconnues de la solution (c1 → c8, d et C), il faut 10 conditions aux limites. Le
Tableau 3-3 synthétise les conditions limites utilisées.
Tableau 3-3: Les conditions aux limites pour résoudre le problème d’ISS dans le cas du modèle de
Pasternak avec un décollement du bâti.
BC 1 La déformée à l’extrémité de la poutre est nulle (le y(L/2)=0
mouvement est limité au déplacement de corps
rigide d)
BC 2 Le moment fléchissant est nul aux extrémités, y''(L/2)=0
parce que la poutre est en équilibre statique sous
la charge q, la réaction p(x) et deux efforts
ponctuels
73
BC 3 L’effort tranchant aux extrémités de la poutre est EIy(3)(L/2)= Gp(w'(L/2)-
égal à la force ponctuelle associée à un w1'(L/2))
changement de pente du terrain (Equation 3-7)
BC 4 Il y a continuité du déplacement de sol à l’abscisse w(L/2)=w1(L/2).
L/2
BC 5 Il y a continuité du déplacement de sol à l’abscisse w(C/2)=w2(C/2).
C/2
BC 6 Il y a continuité de la déformée de la poutre à y(C/2)=y2(C/2).
l’abscisse C/2
BC 7 Il y a continuité de la pentede la déformée de la y' (C/2)=y'2(C/2).
poutre à l’abscisse C/2
BC 8 Il y a continuité du moment dans la poutre à y'' (C/2)=y''2(C/2).
l’abscisse L/2
BC 9 La variation d’effort tranchant dans la poutre, à EIy1(3)(C/2) - EIy(3)(C/2) =
l’abscisse C/2 est égale à l’intensité de l’effort local Gp.(w2'(L/2) - w'(L/2))
imposé par le terrain
Il n’est pas possible d’aboutir à une résolution directe du problème. Il est donc choisi de procéder
à une résolution par itérations. Pour déterminer le point de décollement, la longueur de
décollement C est supposée tout d'abord égale à L (décollement à x = L/2).
Une procédure itérative est effectuée : quand d + y2(C/2) > v(x) + w2(C/2), on considère une
longueur de décollement plus petite, et une nouvelle itération est appliquée sur la nouvelle
longueur de contact. Quand d + y2(C/2) < v(x) + w2(C/2), on considère une longueur de
décollement plus importante. La condition suivante est utilisée pour déterminer la longueur finale
du décollement sous le bâtiment :
𝐶𝐶 𝐶𝐶 𝐶𝐶
𝑑𝑑 + 𝑦𝑦2 �2� = 𝑣𝑣 �2� + 𝑤𝑤2 (2)
La résolution du problème a été effectuée avec Mathematica. Le même exemple que celui
présenté dans le cas d’un contact complet est choisi (Tableau 3-2). La valeur de R est modifiée
pour générer un décollement. On choisit une courbure R=100m au lieu de 1000 m. Les résultats
sont présentés sur la Figure 3-13 et la Figure 3-14. On observe que la longueur de décollement est
de 15,6 m.
74
Figure 3-13 : Déplacements du sol et du bâti dans un cas présentant un décollement (modèle de
Pasternak).
Figure 3-14 : Déplacement final de la poutre dans un cas présentant un décollement (modèle de
Pasternak).
On trouve que la valeur maximale de la déflexion est y2(0) = 0,31 m, ce qui est plus important que
la déflexion obtenue précédemment avec R=1000 m (Figure 3-11). On note que la déflexion avec
décollement est plus importante que celle sans décollement, le ratio de la transmission de
déflexion est en réalité moins important car la déflexion en champ libre Δ0 est plus élevée. Plus
précisément, le taux de la transmission de la déflexion dans le premier cas (R=1000 m, sans
∆−∆𝑖𝑖 0,019 ∆−∆𝑖𝑖 0.31
décollement) est de, = 202
= 0,75 alors qu’elle est de = 202
= 0,62dans le second
∆0 ∆0
8∗1000 8∗100
cas (R=100 m, avec décollement).
75
3.2.3- Conclusion
Un modèle analytique pour estimer les déplacements d'un bâtiment reposant sur un sol sollicité
par un mouvement de courbure R a été développé.
Le bâtiment est modélisé par une poutre de longueur L, hauteur h, d’une rigidité EI et sollicité par
charge repartie q. La rigidité du sol est modélisée avec le modèle de Pasternak caractérisé par ses
deux paramètres Kp et Gp qui sont déterminés à partir des propriétés mécaniques et géométriques
du sol et du bâtiment.
Les équations et les conditions aux limites pour calculer le modèle ont été établies ainsi qu’une
méthodologie pour estimer le déplacement de la poutre a été mise en œuvre.
Une attention particulière a été portée pour mettre en valeur la différence entre les deux modèles
de Winkler et Pasternak pour l'étude de l'ISS associée à un mouvement de terrain.
L’évaluation de la rigidité exacte d’une maison en maçonnerie s’avère très complexe, compte tenu
des caractéristiques mécaniques des blocs et des joints de mortier, leur âge, la présence
d’ouvertures comme les fenêtres et les portes dans les murs, la géométrie de la maison, la
contribution des murs hors plan dans la rigidité, etc. (Son et Cording, 2005). On cherche ici à
étudier le comportement du bâti pour une gamme réaliste de rigidité et non à calculer la valeur
exacte de la rigidité. Pour répondre à cette difficulté de détermination de la rigidité d’un bâtiment,
la stratégie de Deck et Singh 2010 sera adoptée.
76
Figure 3-15 : Application de Deck et Singh (2010) pour estimer la rigidité d’un bâtiment
En présence d’un bâtiment réel, tel qu’illustré sur la Figure 3-15, la poutre du modèle analytique
peut modéliser par un mur sur sa fondation filante. On aura dans le premier cas une inertie et une
largeur B plus faible que dans le second cas. Le module de Young de la maçonnerie peut être
considéré entre 1- 20 GPa selon la nature des blocs et du mortier utilisée (Deck 2002). La limite
inferieure des valeurs de rigidité considérées dans ce travail correspond à une semelle filante avec
un mur de 3 m de hauteur et 50 cm de largeur constitué d’une maçonnerie ancienne (E=1 GPa). La
limite supérieure correspond à 4 murs parallèles de 20 cm d’épaisseur constitués d’une
maçonnerie récente (E=20 GPa) avec leur fondation filante et une hauteur de 7 m.
Pour un mur épais d’une maison traditionnelle de largueur B=0,5 m, hauteur h=3 m, et module de
Young de 1 GPa, EI=1*0,5*33/12= 1,12 GN.m2. On va choisir la valeur minimale EI=1 GN.m2. Pour 4
murs de largeur B=0,2 m, hauteur h=7 m, et module de Young de 20 GPa, EI=4*20*0,2*7^3/12=
457 GN.m2. On va choisir la valeur maximale de EI=400 GN.m2.
La courbure du sol R est choisie entre 250 m et 4000 m pour représenter une gamme importante
de situations. Ces valeurs peuvent être estimées à partir du Tableau 1-1 d'après des relations
proposées par, Yokel et al. (1982), Kratzsch (1983), et Whittaker et Reddish (1989). Kratzsch (1983)
77
par exemple a proposé l'équation suivante pour estimer la courbure du sol R pour un affaissement
minier :
, au moyen du modèle de Pasternak, sont présentés sur la Figure 3-16. Le taux de transmission du
𝐸𝐸𝐸𝐸
ratio de déflexion (Δ/Δ0), y est tracé en fonction de la rigidité relative (ρ∗𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀 = 𝐸𝐸 3 ).
𝐿𝐿
𝑠𝑠
Figure 3-16 : Taux de transmission de déflexion en relation avec la rigidité relative (modèle de
Pasternak et rigidité relative de Mair, 2011).
78
Figure 3-17 : Taux de transmission de la déflexion en relation avec la rigidité relative, limité aux cas
ne présentant aucun décollement (modèle de Pasternak et rigidité relative de Mair, 2011).
Dans la Figure 3-16, on constate que les valeurs du taux de transmission de la déflexion sont
comprises entre 0 et 1 et qu’elles augmentent pour les petites valeurs de la rigidité relative. Pour
une valeur donnée de ρ∗𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀𝑀 , le taux de transmission est borné par une valeur limite maximale,
mais il peut prendre plusieurs valeurs inférieures à cette dernière en fonction de la valeur de la
courbure.
Après avoir analysé en détail les différents cas étudiés, on a constaté que la cause de l'existence
des points situés au-dessous de la courbe enveloppante, vient du décollement (Figure 3-16). Les
solutions correspondant à un cas de décollement entre le sol et le bâti sont au nombre de 1826
parmi les 6048 cas.
Quand il y a un décollement dans le cas d'un bâtiment rigide, léger et accompagné d’une petite
courbure du terrain en champ libre, le taux de transmission de déflexion Δ/Δ0 est plus petit que le
taux de transmission de déflexion Δ/Δ0finale quand il y a un contact complet entre le sol et le bâti
(pas de décollement) ; ce qui ne signifie nullement que la déflexion maximale finale de la poutre Δ
est plus petite : c'est le rapport Δ/Δ0.
Les Tableau 3-5 à 3-7 ont été réalisés pour identifier l'influence de chaque paramètre sur la
possibilité d'avoir un décollement sous le bâtiment.
79
Tableau 3-5 : Nombre de cas de décollement selon la courbure du terrain en champ libre (modèle
de Pasternak)
Dans le Tableau 3-5, on constate que le nombre de cas de décollement pour un rayon de courbure
R=250 m est le plus important ; ce nombre se réduit avec l'augmentation de R et il est presque
négligeable lorsque R atteint 4000 m. Quand la courbure est grande (R=250 m), presque 60% des
cas présentent un décollement, contre 40% pour R=500 m.
Tableau 3-6 : Nombre de cas de décollement selon la rigidité du bâtiment et du terrain (modèle de
Pasternak)
EI Nombre de cas Nombre de cas Es (MPa) Nombre de cas Nombre de cas
(GN.m2/m) étudiés avec étudiés avec
décollement décollement
1 972 21 1 1134 0
10 972 177 10 1134 47
25 972 261 25 1134 191
50 972 309 50 1134 352
100 972 338 100 1134 542
250 972 357 200 1134 694
400 972 363
Dans le Tableau 3-6, on trouve une influence importante de la rigidité du sol et du bâtiment sur le
nombre de cas où se produit un décollement. L'influence de la rigidité du sol parait un des
éléments les plus important pour avoir un décollement sous le bâtiment. Le nombre de cas de
décollement est nul pour un terrain avec Es=1 MPa et de 694 pour un terrain très rigide (Es= 200
MPa), ce qui correspond à presque les deux tiers des cas. L'augmentation du nombre de cas de
décollement avec l'augmentation de la rigidité du sol parait logique car le bâtiment aura plus de
difficulté d’avoir un tassement de corps rigide (valeur de d) avec un sol très rigide.
Pour un bâtiment très souple, le nombre de cas de décollement est très petit, le décollement dans
cette situation est possible lorsque le sol est très rigide, accompagné d’une charge faible et d’une
80
courbure de sol petite. Au-delà d’une valeur de la rigidité du bâti d’environ 50 GN.m2, le nombre
de cas n'augmente plus beaucoup et représente environ 1/3 des cas.
Tableau 3-7 : Nombre de cas de décollement selon la longueur du bâtiment et la charge appliquée
q (modèle de Pasternak)
L (m) Nombre total de Nombre de cas q (kN/m) Nombre de cas Nombre de cas
cas étudiés avec décollement étudiés avec décollement
L’influence de la longueur du bâtiment parait un peu moins importante (Tableau 3-7). On observe
que le nombre de cas de décollement augmente avec la longueur. Ce résultat est moins intuitif
que les précédents. En effet l’augmentation de la longueur augmente simultanément la déflexion
en champ libre Δ0 et la déflexion finale Δ.
Finalement, le rôle de la charge du bâtiment est également important. Pour un bâtiment léger
avec q=25 kN/m, 40% de cas présentent un décollement, alors pour q=100 kN/m, seulement 13%
des cas sont avec décollement.
Dans la Figure 3-16, pour une même rigidité relative ρ*, on peut avoir plusieurs taux de
transmission de déflexion. A partir de certaines valeurs de la courbure R qu’on va appeler Rlim
(différent pour chaque combinaison), le taux de transmission de la déflexion devient constant,
c'est–à-dire que la déflexion maximale Δ dans le cas où R=Rlim n'est pas la même quand R>Rlim,
mais que le taux Δ/Δ0 pour les deux cas est le même. Quand R<Rlim, le taux Δ/Δ0n’est plus
constant.
Un exemple numérique est proposé dans le Tableau 3-8pour clarifier la relation entre la rigidité
relative ρ* et la transmission de la déflexion maximale représentée par la courbe enveloppante de
la Figure 3-16 ou par la courbe de la Figure 3-17. En supposant 3 cas différents de bâti et de sol,
ayant la même rigidité relative pour les3 cas (Tableau 3-8), on obtient pratiquement le même ratio
de transmission de la déflexion pour les 3 cas étudiés.
81
Tableau 3-8 : Ratio de transmission de la déflexion pour 3 cas différents ayant la même rigidité
relative (cas de Pasternak)
EI Es L(m) ρMair* Δ0 Δp Δi Δ = Δ p - Δi Δ/Δ0
(GN.m2/m) (MPa)
Pour comparer le modèle développé avec celui de Deck et Singh en 2010, il est nécessaire
d’utiliser les mêmes paramètres du sol : on ne peut pas comparer les deux modèles si leurs
paramètres sont calculés à partir de méthodes complètement différentes. Les 6048 cas étudiés
avec le modèle de Pasternak ont donc également été étudiés au moyen du modèle de Winkler en
adoptant la procédure explicitée au chapitre 2 pour calculer le module de réaction du sol Kw.
Les courbes enveloppes, correspondant aux situations ne présentant aucun décollement ont été
superposées pour les deux modèles sur la Figure 3-18.
82
Pour la même rigidité relative (même longueur de bâti, et même rigidité de sol et de bâti), on
constate que le taux de transmission maximal de la déflexion, atteint lorsque lorsqu’il n’y a pas de
décollement (R >Rlim), est relativement plus important avec le cas de Pasternak qu’avec le modèle
de Winkler. L’influence de la déformation associée au cisaillement dans le sol est donc importante
et elle doit être prise en compte pour calculer la déflexion finale d’un bâti dans une zone de
mouvement de terrain. Cette différence s'explique par le fait qu’avec le modèle de Pasternak, le
tassement du terrain au centre du bâti s'accentue au fur et à mesure du tassement du terrain aux
extrémités du bâti (influence des déformations de cisaillement).
3.3.4- Conclusion
Un modèle analytique basé sur le modèle de sol de Pasternak a été développé et comparé avec le
modèle de Deck et Singh (2010). La comparaison des résultats obtenus pour le modèle de Winkler
et celui de Pasternak, modélisant un même sol, montre des résultats significativement différents
qui justifient la nécessité de tenir compte du cisaillement pour une évaluation précise du taux de
déflexion d’un bâti.
Dans ce paragraphe, les résultats ont été tracés sous la forme d'une relation entre la rigidité
relative et la transmission de la déflexion. Une combinaison de 6048 cas a été traitée dans ce
chapitre.
Dans ce chapitre, l'influence de chaque paramètre sur la possibilité d'avoir un décollement sous le
bâtiment a été analysé, on a trouvé tout d'abord qu’un vide se développe sous le bâtiment pour
1826 cas parmi les 6048 cas étudiés.
On a observé que la plupart des cas avec vide se développe quand EI/Es>100 m4/m. La courbure de
sol a une influence importante et on a trouvé que pour une courbure R=250 m, un vide se
développe pour 60% des cas étudiés.
La rigidité de sol parait le paramètre le plus important pour le développement d’un vide sous le
bâtiment. Pour un sol très souple, le potentiel d'avoir un vide est très petit, alors que pour un sol
très rigide de Es=200 MPa, les deux tiers des cas ont montré une possibilité de développer un vide
sous le bâtiment.
83
Pour un bâtiment souple, le nombre de cas avec un vide est très petit, à partir d’une rigidité EI=50
GN.m2/m, le nombre de cas présentant un décollement n'augmente pas beaucoup et représente
environ 1/3 des cas étudiés.
La longueur de bâtiment parait moins importante que les autres paramètres, le nombre de cas de
décollement augmente avec l’augmentation de la longueur.
La charge du bâtiment joue un rôle également. Pour une charge q=25 kN/m, 40% des cas étudiés
ont montré un vide sous le bâtiment donc un décollement, alors que ce pourcentage diminue à
13% pour q=100 kN/m.
Finalement les deux courbes de relation entre la rigidité relative et la transmission de la déflexion
pour le cas des modèles de Winkler et Pasternak ont été comparés, le taux de transmission de la
déflexion pour le cas de Pasternak est plus important que dans le cas de Winkler, ce résultat
confirme l'importance d’une prise en compte des déformations associées au cisaillement dans le
sol pour l'étude de l'ISS quand il y a un mouvement de terrain.
84
3.4- Etude de sensibilité
Les résultats d’une étude de sensibilité de plusieurs paramètres du modèle de Pasternak sont
discutés ci-après. Une autre façon de voir et de comprendre l'influence de l'ISS est de tracer les
résultats en fonction de EI/Es.
Dans cette figure l'influence de l'interaction sol-structure est plus claire : quand EI/Es est petit, le
taux de transmission de la déflexion se rapproche de 1 ; en revanche, après une certaine limite de
EI/Es (de l’ordre de 5000), la transmission de déflexion peut être considérée très petite quelle que
soit la longueur de bâti et la courbure de sol. Si on change les charges appliquées au bâtiment, ou
même la courbure de mouvement de sol, on obtient toujours la même figure, car on représente ici
le cas d’un contact complet entre le sol et le bâtiment.
Figure 3-19 : Taux de transmission de la déflexion par rapport à EI/Es en changeant L (7,5, 10, 15,
20, 25, 30) et pour q=100 kN/m2 (modèle de Pasternak).
La Figure 3-20montre une relation linéaire entre le déplacement en terrain vierge Δ0et Δ/L pour
une largeur L et un rapport de rigidité EI/Es fixes.
Figure 3-20 : Δ/L en fonction de Δ0 en changeant le rapport EI/Es pour les cas ne présentant pas de
décollement (modèle de Pasternak)
86
Figure 3-21 : Δ/L en fonction de R pour différentes valeurs du rapport EI/Es
Quand R est relativement important, la valeur de Δ/L est presque la même quel que soit le rapport
de rigidité entre le sol et le bâtiment. Δp se rapproche de la valeur de Δi quand la courbure R est
très importante.
Nous notons aussi que l'importance du rapport entre la rigidité du bâtiment et la rigidité du sol est
plus importante quand la longueur du bâtiment est petite. Quand L=7,5 m par exemple, l’influence
de EI/Es est plus importante que lorsque L=30m.
Ainsi, nous constatons que Δ/L = 0,0015 quand L = 7,5, alors Δ/L = 0,014 quand L = 30m (presque
10 fois supérieur). En conclusion, les bâtiments longs sont plus sensibles à la déflexion en champ
libre des terrains.
Cette partie est consacrée à l’étude de l'influence de la prise en compte des déformations de
cisaillement dans le bâtiment sur sadéflexion finale quand il est soumis à un mouvement de sol.
Dans la précédente partie, le modèle de l'ISS a été fait en considérant une poutre de Euler-
Bernoulli pour modéliser le comportement du bâtiment. Ce modèle néglige l'influence des
déformations de cisaillement dans la poutre. Pour leur prise en compte, le modèle de la poutre de
Timoshenko est adopté. L'équation caractéristique d’une poutre de Timoshenko pour une section
rectangulaire est donnée par l’Eq 3-33.
87
où V(x) est l’effort tranchant dans la poutre, A l’aire de la section et G le module de cisaillement de
la poutre). En utilisant l'équation 3-4 et 3-5, on peut écrire l'équation suivant qui décrit le
comportement de la poutre.
Burland et Worth (1974), Boscardin et Cording (1989) ont considéré un comportement élastique
et isotrope de la poutre qui conduit théoriquement à une relation entre les paramètres E et G. En
considérant une valeur de ν entre 0 et 0,5, on obtient E/G compris entre 2 et 3.
𝐸𝐸
𝐺𝐺
= 2(1 + 𝜐𝜐) Équation 3-35
Boscardin et Cording (1989), et Burland et Worth (1974) ont cependant proposé une valeur de E/G
= 12,5 pour un bâtiment en maçonnerie non renforcé, et E/G = 2,6 pour un bâtiment en
maçonnerie renforcé.
Une autre manière d'aborder la question consiste à considérer que E caractérise la rigidité en
flexion et G la rigidité en cisaillement. Son et Cording (2007) ont montré que la valeur de E/G
équivalent d’un bâtiment en maçonnerie modélisé par une poutre de Timoshenko peut être très
supérieur à 2,6, en raison de l'existence des ouvertures dans le bâtiment et du comportement
anisotrope des maçonneries.
Pour justifier les valeurs du ratio E/G, Son et Cording (2007) ont calculé numériquement, en
utilisant le logiciel UDEC, le module de Young équivalent et le module de cisaillement équivalent
d’une structure en maçonnerie. Le critère d’équivalence utilisé était la déflexion due au moment
fléchissant et la déflexion due à un effort de cisaillement. Ils ont comparé leurs résultats avec ceux
de Singh (1973) qui permettent de calculer les modules de Young et de cisaillement de la
maçonnerie en fonction des propriétés des blocs et des joints. Son et Cording ont donné alors un
graphique représentant les valeurs de Eeq/Geq en fonction du pourcentage d’ouverture dans la
structure pour différentes valeurs du rapport entre la raideur tangentielle et normale Ks/Kn du
joint.
88
Figure 3-22 : Variation du ratio E/G en fonction du ratio Ks/Kn et du pourcentage d’ouvertures dans
le bâtiment (Son et Cording 2007)
D’après ce graphe, on observe que le rapport E/G pour des structures en maçonnerie sans
chaînage peut prendre des valeurs très variables pouvant atteindre 52.
Dans cette partie, l'influence des déformations de cisaillement dans un bâtiment soumis à un
mouvement de terrain, sur sa déflexion finale, sera étudiée en considérant que le sol est modélisé
par l'intermédiaire des éléments de Winkler. Le rapport E/G sera considéré entre 2,6 et 52.
Cette équation ressemble à l'équation 3-16, qui décrit le système composé d'une poutre d'Euler-
Bernoulli sur la fondation de Pasternak, où Gp dans l'équation 3-16 peut être remplacé par le
terme 3EI/2AG.
89
3 𝐸𝐸𝐸𝐸 𝜆𝜆2 𝑞𝑞
𝑆𝑆𝑆𝑆 < 1 → 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = + �𝑐𝑐1 𝑒𝑒 𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 + 𝑐𝑐2 𝑒𝑒 −𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 � 𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐(𝛽𝛽 𝑥𝑥) + �𝑐𝑐3 𝑒𝑒 𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 + 𝑐𝑐4 𝑒𝑒 −𝜇𝜇 𝜆𝜆 𝑥𝑥 � 𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠𝑠(𝛽𝛽 𝑥𝑥)
2 𝐴𝐴 𝐺𝐺 𝐾𝐾𝑝𝑝
4 𝐾𝐾
𝑤𝑤 3 𝐸𝐸𝐸𝐸 𝜆𝜆2 3 𝐸𝐸𝐸𝐸 𝜆𝜆2
𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 ∶ 𝜆𝜆 = � ; 𝜇𝜇 = �1 + ; 𝛽𝛽 = �1 −
4𝐸𝐸𝐸𝐸 2 𝐴𝐴 𝐺𝐺 2 𝐴𝐴 𝐺𝐺
3 𝐸𝐸𝐸𝐸 𝜆𝜆2 𝑞𝑞
𝑆𝑆𝑆𝑆 > 1 → 𝑤𝑤(𝑥𝑥) = + 𝑐𝑐1 𝑒𝑒 −1→𝑥𝑥 + 𝑐𝑐2 𝑒𝑒 𝛿𝛿 𝑥𝑥 + 𝑐𝑐2 𝑒𝑒 𝜃𝜃 𝑥𝑥 + 𝑐𝑐4 𝑒𝑒 − 𝑥𝑥𝑥𝑥
2 𝐴𝐴 𝐺𝐺 𝐾𝐾𝑝𝑝
3𝐸𝐸𝐸𝐸 2 3𝐸𝐸𝐸𝐸 2
� 3𝐾𝐾𝑤𝑤 �2 𝐴𝐴 𝐺𝐺 𝐾𝐾𝑤𝑤 � − 𝐾𝐾𝑤𝑤 𝐸𝐸𝐸𝐸 � 3𝐾𝐾𝑤𝑤 �2 𝐴𝐴 𝐺𝐺 𝐾𝐾𝑤𝑤 � − 𝐾𝐾𝑤𝑤 𝐸𝐸𝐸𝐸
𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎𝑎 𝛿𝛿 = − ; 𝜃𝜃 = +
4 𝑎𝑎 𝐺𝐺 2 𝐸𝐸𝐸𝐸 4 𝑎𝑎 𝐺𝐺 2 𝐸𝐸𝐸𝐸
Équation 3-38
Les conditions aux limites pour la poutre en considérant les déformations de cisaillement sur un
sol modélisé par l'intermédiaire des ressorts de Winkler ne sont pas les mêmes quand on néglige
le cisaillement dans la poutre.
Dans le cas d’un contact complet entre le sol et le bâtiment, il faut définir 3 conditions aux limites
pour calculer le déplacement du sol, et en déduire la déflexion de la poutre.
La première condition exprime que la déflexion de la poutre est nulle aux extrémités du bâtiment :
90
3.5.2.2- La solution
On considère le même exemple que dans le chapitre 3, correspondant à une poutre de longueur
L=20 m, EI= 5300000 mN.m2, chargée par une charge uniforme q=200 kN/m2, reposant sur un sol
initialement sollicité par un mouvement de sol de courbure R=1000 m et de rigidité Es= 100 MPa.
Pour évaluer l'influence du cisaillement dans la poutre, le rapporte E/G est varié entre 0,01 et 52.
On notera tout d’abord que quand ce rapport est très petit (cas de E/G=0,01 par exemple), la
solution est la même que lorsqu’on ne tient pas compte du cisaillement dans la poutre. Quand ce
rapport est plus important, la déflexion de la poutre est fortement augmentée (Figure 3-23).
Figure 3-23 : Équation 3-44 : Déflexion d'une poutre reposant sur un sol modélisé par le modèle de
Winkler et sollicité par un mouvement de sol (R=1000m) pour différentes valeurs de E/G (cas sans
décollement sous la poutre)
L'augmentation de la déflexion de la poutre est logique. Une faible valeur de G conduit à
augmenter la souplesse de la structure et la déflexion de l’ouvrage se rapproche du mouvement
en champ libre du terrain.
Une façon d’interpréter cette différence, est de revenir à la Figure 3-22de Son et Cording (2007).
Quand le pourcentage des ouvertures dans le bâtiment est plus important, le rapport E/G sera
plus important aussi, et la prise en compte de l'existence des ouvertures dans le bâti, réduit
fortement sa rigidité. Il en résulte une déflexion du bâtiment plus importante.
91
nul, mais il est aussi nul dans la zone de décollement. La déflexion de la poutre dans la zone de
décollement est exprimée par l'équation 3-28, ce qui introduit deux inconnues.
La déflexion de la poutre dans la zone de contact est exprimée par l'équation 3-10, ce qui introduit
4 inconnues. Au final, il y a donc 8 inconnues : c1 à c6, la longueur de la zone décollée c et le
déplacement de corps rigide d.
Dans ce cas, il faut 8 conditions limites pour résoudre le problème. On utilisera l’indice 1 pour
caractériser les déplacements du bâti sur la zone de décollement et l’indice 2 pour les
déplacements du sol et du bâti sur la zone de contact.
Aux extrémités de la poutre, les mêmes équations que dans le cas sans vide s'appliquent.
Quand il y a un vide sous le bâtiment, l'équation 3-26 s'applique pour décrire le comportement du
bâtiment dans cette zone, et l'équation 3-28 pour estimer sa déflexion en considérant que la
réaction du sol p(x) est nulle dans la zone de décollement et que la seule force qui agit est la
charge appliquée q. En dérivant l'équation de Timoshenko, on trouve l'équation suivante :
BC 2 Le moment fléchissant est nul aux 2𝐴𝐴𝐴𝐴𝑦𝑦2 (2) (𝐿𝐿/2) = −3(𝑞𝑞 − 𝐾𝐾𝑤𝑤 𝑤𝑤2 (𝐿𝐿/2))
extrémités, parce que la poutre est en
équilibre statique sous la charge q, la
réaction p(x) et deux efforts ponctuels
BC 4 Il y a continuité de la déformée de la 𝑐𝑐 𝑐𝑐
𝑦𝑦1 � � = 𝑦𝑦2 � �
2 2
poutre à l’abscisse C/2
BC 5 Il y a continuité de la pentede la 𝑐𝑐 𝑐𝑐
𝑦𝑦1 ′ � � = 𝑦𝑦2 ′ � �
2 2
déformée de la poutre à l’abscisse C/2
92
BC 6 Il y a continuité du moment dans la 𝑐𝑐 𝑐𝑐
𝑦𝑦1 ′′ � � = 𝑦𝑦2 ′′ � �
2 2
poutre à l’abscisse L/2
Il n’est pas possible d’aboutir à une résolution directe du problème. Il est donc choisi de procéder
à une résolution par itérations. Pour déterminer le point de décollement, la longueur de
décollement C est supposée tout d'abord égale à L (décollement à x = L/2).
Une procédure itérative est effectuée pour garantir la continuité de l'effort tranchant au point de
décollement (aucune force ponctuelle)
𝑐𝑐 𝑐𝑐
𝑦𝑦1 (3) �2� − 𝑦𝑦2 (3) �2� = 0 Équation 3-47
Avec de telles conditions aux limites, il n’a pas été possible de trouver une convergence de la
solution en utilisant le code Mathematica.
3.5.4- Conclusion
Dans les paragraphes précédents l'influence de la prise en compte des déformations de
cisaillement dans le bâti sur sa déflexion finale a été étudiée en considérant le modèle de Winkler
pour modéliser le sol.
Par contre, on n’a pas trouvé une convergence de calcul dans le cas ou le vide se développe sous
le bâtiment.
93
3.6- Conclusion
Un modèle analytique a été développé en se basant sur le modèle analytique de Deck et Singh
(2010). L'amélioration a d’abord concerné le modèle de terrain afin de tenir compte de l’influence
des déformations associées au cisaillement pour le calcul du taux de déflexion d’un ouvrage
impacté par des mouvements de terrains. Cela est rendu possible grâce au modèle de Pasternak,
au lieu de Winkler dans le modèle analytique. L’amélioration a ensuite concerné le modèle de
poutre en considérant un modèle de Timoshenko afin de prendre en compte les déformations de
cisaillement dans le bâti.
La comparaison des résultats obtenus pour le modèle de Winkler et celui de Pasternak, modélisant
un même sol, montre des résultats significativement différents qui justifient la nécessité de tenir
compte du cisaillement pour une évaluation précise du taux de déflexion d’un bâti.
La possibilité d'avoir un décollement sous le bâtiment est également étudiée. Pour cela, une étude
de cas de décollement est faite pour comprendre l'influence de chaque paramètre sur cette
possibilité. La rigidité du sol joue le rôle le plus important en déterminant la possibilité d'avoir un
vide sous le bâtiment. Plus le sol est rigide, plus la possibilité d'avoir un vide augmente, la rigidité
du bâtiment est le second paramètre influent, ensuite intervient l’intensité du mouvement du sol,
les charges sur le bâtiment, et à la fin la longueur du bâtiment.
Enfin, des courbes sont tracées entre le rayon de courbure du mouvement R et le déplacement
relatif Δ/L en fonction de EI/Es. Les courbes permettent de pointer que l’influence du rapport
entre la rigidité du bâtiment et la rigidité du sol est plus important quand la longueur du bâtiment
est petite et que le rapport Δ/L diminue avec l’augmentation du rayon de courbure R.
Les perspectives de ce travail consistent à développer le modèle de façon qu'il prend en compte
l'influence du comportement élastoplastique dans le sol et le bâti. Cela fera l’objet du chapitre 4.
Concernant le terrain, cela revient à considérer que les efforts qui lui sont appliqués ne peuvent
pas atteindre des valeurs dépassant sa capacité portante. Concernant le bâtiment cela revient à
considérer qu’il ne peut pas subir une déflexion trop importante sans subir un dommage
significatif qui affectera nécessairement sa rigidité. La réduction de la rigidité d’un bâtiment en
fonction de sa déflexion est donc aussi un point à prendre en compte pour mieux estimer la
transmission de la déflexion.
94
4- PRISE EN COMPTE DE LA PLASTICITÉ DU TERRAIN
4.1- Objectif
Les objectifs de ce chapitre sont de développer des modèles analytiques de l'interaction sol-
structure afin de prendre en compte l'influence de la plasticité dans le sol. La nouvelle distribution
des contraintes dans le terrain pourrait en effet, sous certaines conditions, conduire à générer des
déformations plastiques non-réversibles.
Pour prendre en compte l'influence d’un comportement élastoplastique du sol, une nouvelle
relation sera proposée pour traduire le comportement de sol sous le bâtiment selon qu’il est
plastifié ou non. La comparaison entre les contraints appliquées sur le sol et la capacité portante
de ce dernier sera utilisée comme critère afin de juger si le sol est plastifié ou non.
4.2- Introduction
Deck (2002) a réalisé des modèles numériques pour étudier l'influence de mouvement de sol sur
les contraintes sous le bâtiment. Il a montré qu’une plasticité significative pouvait apparaître sous
le bâti (Figure 4-1).
Parmi les méthodes proposées pour prévenir le déplacement d'un bâtiment dans une zone de
mouvement de sol, seule les méthodes numériques offrent une grande souplesse dans la prise en
compte d’un comportement complexe du sol (Potts et Addenbrooke 1998). Les méthodes
analytiques utilisent les comportements les plus simples pour obtenir des résultats les plus
généraux possibles. C’est ce qui a été réalisé dans ce travail jusqu’à présent. Pour simplifier la
problématique, on a proposé dans un premier temps, un modèle analytique pour représenter le
sol comme des ressorts élastiques (soit les ressorts de Winkler, ou ceux de Pasternak), cela nous a
amené à calculer le module de réaction de sol Kw de Winkler, et les deux paramètres Kp, et Gp de
Pasternak.
95
Figure 4-1 : Contraintes principales dans le sol de deux cas (terrain plat et dans une zone de
mouvement de sol de type concave R = - 1000 m et convexe R = 1000m (Deck, 2002)
Parmi les méthodes proposées pour prévenir le déplacement d'un bâtiment dans une zone de
mouvement de sol, seule les méthodes numériques offrent une grande souplesse dans la prise en
compte d’un comportement complexe du sol (Potts et Addenbrooke 1998). Les méthodes
analytiques utilisent les comportements les plus simples pour obtenir des résultats les plus
généraux possibles. C’est ce qui a été réalisé dans ce travail jusqu’à présent. Pour simplifier la
problématique, on a proposé dans un premier temps, un modèle analytique pour représenter le
sol comme des ressorts élastiques (soit les ressorts de Winkler, ou ceux de Pasternak), cela nous a
amené à calculer le module de réaction de sol Kw de Winkler, et les deux paramètres Kp, et Gp de
Pasternak.
Même si le choix d’un modèle de comportement complexe est relativement facile et efficace en
utilisant les modèles numériques, plusieurs considérations sont toujours problématiques lors de
l'utilisation de ces modèles, tel que le choix des propriétés de l'interface, le choix du maillage ou
des dimensionnements du modèle et surtout le choix des propriétés mécaniques du terrain. Pour
ces dernières, le nombre de paramètres à justifier, augmente très rapidement avec la complexité
des lois de comportements envisagées. La modélisation numérique permet de traiter de
problèmes particuliers, mais est moins adaptée pour faire des calculs répétitifs et obtenir des
résultats généraux. C'est pourquoi la prise en compte d’un comportement non-linéaire du sol dans
un modèle analytique de l’ISS reste pertinente pour comprendre le comportement du bâtiment et
du sol lors d'un mouvement du sol.
En modélisant le sol par les ressorts de Winkler et dans le cas de mouvement de sol, les ressorts
vont subir des déformations variables, selon la rigidité de bâtiment et la grandeur de mouvement
de sol. Si le comportement de sol est élastique, les ressorts peuvent subir des déformations et des
contraintes sans limite, ce qui n'est pas vrai dans le cas réel, car le sol ou les ressorts peuvent se
déformer mais les contraintes sont limitées à la capacité portante du sol. Les contraintes
appliquées au sol ne peuvent donc pas dépasser sa capacité portante. Si les contraintes sont plus
importantes que la capacité portante de sol, une redistribution de contraintes sous le bâtiment
96
doit être faite pour garantir que les contraintes dans chaque élément ne dépassent pas la capacité
autorisée dans cet élément.
Figure 4-2 : (a) Relation non-linéaire de pression – tassement, (b) Présentation élastoplastique, (c)
présentation du comportement élastique bilinéaire (Chandra 1987)
Pour améliorer le modèle linéaire présenté en Figure 4-2(a), un comportement élastoplastique
parfait a été proposé (Figure 4-2 (b)). Ce modèle représente bien le comportement limite du sol,
mais il ne prend pas exactement en compte la non-linéarité du sol. Un autre modèle bilinéaire,
(Figure 4-2(c)) a été développé par Chandre (1974). Ces trois modèles restent les modèles les plus
importants pour comprendre et analyser le comportement de sol et introduire la plasticité dans le
sol.
Plusieurs auteurs ont appliqué cette méthode pour le calcul pratique des pieux sous charge axiale
(Poulos et Davis 1980 ; Frank et Zhao 1982 ; Boulon et Foray 1986; Maleki 1995).
97
Figure 4-3 : Schématisation du pieu selon la méthode des courbes de transfert (Frank et Zhao,
1982)
Afin de bien modéliser le comportement d’un pieu, il faut choisir les bonnes de courbes (t-z) et (q-
z). Frank et Zhao (1982) ont proposé les courbes de la Figure 4-4. Leurs paramètres peuvent être
estimés à partir d’essais pressiomètriques.
98
Le même auteur a développé en 1980 son modèle de façon qu'il prenne en compte un
comportement bilinéaire dans le sol. Il a entré l'influence de la non linéarité dans la méthode de
résolution par différences finies en faisant un calcul itératif pour voir si ses ressorts sont toujours
dans le domaine élastique ou s’ils sont entrés dans le domaine plastique. En utilisant la courbe
bilinéaire comme un modèle de réponse charge-déplacement de la fondation, tous les ressorts
doivent avoir la rigidité k (élastique) de premier segment de la courbe en première itération. Une
fois la poutre analysée, le déplacement de chaque ressort est calculé pour déterminer si :
Si le ressort est soumis à une contrainte de traction, le paramètre de rigidité k est pris égal à 0
dans l’itération suivante. Si le ressort a dépassé le déplacement élastique, une nouvelle valeur de k
est attribuée au ressort. Les itérations continuent jusqu'à ce que les valeurs attribuées à k
évoluent en deçà d’une tolérance d’erreur, c’est-à-dire la différence entre les valeurs de deux
itérations successives inférieure à l’erreur fixée par l’utilisateur. Des exemples sont proposés dans
l'article de Beaufait, soit dans le cas d’une fondation élastique ou pour l’étude d'une poutre sur
une fondation de comportement élastoplastique.
D'après Balayet al., 1982, : la méthode aux coefficients de réaction permet d'intégrer, dans le
modèle de calcul, une loi d'interaction entre le sol et la structure. La schématisation retenue ici
revient à assimiler le sol situé au contact de l'écran à un ensemble de ressorts horizontaux
indépendants et de raideur Kh. La pression exercée par le sol sur l'écran à un niveau donné est
alors directement proportionnelle au déplacement de l'écran à ce même niveau.
Dans cette méthode de calcul, l'écran est assimilé à une poutre élastique sur laquelle l'action du
sol n'est modélisée que par des pressions horizontales en fonction du déplacement de l'ouvrage.
Les lois de réaction utilisées sont des lois de mobilisation linéaire de la pression du sol en fonction
du déplacement, avec limitation par des paliers de poussée et de butée (Balay et al., 1982).
L'action de sol est modélisée par des pressions horizontales liées au déplacement du niveau
considéré au moyen de lois de réaction. Les paramètres qui décrivent ces lois peuvent varier selon
99
la hauteur de l'écran. Cinq paramètres sont nécessaires pour décrire la loi de réaction à droite ou à
gauche du soutènement souple pour chaque profondeur z de l'écran :
Le calcul des paramètres (Ps, Ys ) nécessaire à la construction des lois de réaction fait appel, pour la
première phase de calcul, à la notion d'état initial des pressions et pour les phases suivantes, à
l'irréversibilité des déplacements dans les domaines limites de poussée et de butée
(hystérésis)(Balayet al., 1982).
Dans ce travail, la capacité portante de sol Pultest considérée comme la contrainte maximale que
les ressorts peuvent subir. Si les efforts appliqués dépassent la capacité portante du sol, le ressort
continue à se déformer, mais il ne peut pas reprendre de contrainte supplémentaire. Les
surcharges sont donc transférées aux ressorts voisins qui sont encore dans le domaine élastique.
100
La Figure 4-5 illustre la notion de la capacité portante. Elle représente une courbe typique obtenue
après un essai de chargement d'une fondation superficielle, en appliquant une charge croissante
d'une manière quasi-statique. Au début du chargement, le tassement croit proportionnellement à
la charge (comportement quasi linéaire). A partir de la charge Qd, le tassement n'est plus
proportionnellement à la charge et on peut estimer qu’il y a des zones du sol plastifiées sous la
fondation. A partir de la charge Qd, le tassement ne suit plus une relation linéaire. Le sol n'est alors
pas capable de supporter une charge supérieure à la charge ultime Ql. Cette charge Ql correspond
àla capacité portante du sol (Frank 1997).
Parmi les méthodes les plus connues pour déterminer la capacité portante, on peut citer les
méthodes empiriques directes à partir des résultats des essais in-situ (pressiomètre de Menard et
pénétromètre statique), et des résultats des essais de laboratoire (essais de cisaillement ou triaxial
pour déterminer l’angle de frottement ϕ et la cohésion c). Le calcul de la capacité portante de sol
est réalisé à partir des c et ϕ(Magnan, 1991).
𝑃𝑃𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢 = 𝑐𝑐𝑁𝑁𝑐𝑐 + 0.5𝐵𝐵𝛾𝛾1 . 𝑁𝑁𝛾𝛾 + (𝑞𝑞 + 𝛾𝛾2 𝐷𝐷) 𝑁𝑁𝑞𝑞 Équation 4-6
avec ϒ1le poids volumique du sol sous la base de la fondation, ϒ2 le poids volumique du sol
latéralement à la fondation, q la surcharge verticale latérale à la fondation, c la cohésion du sol
sous la base de la fondation, B la largeur de la fondation, D la profondeur d’encastrement de la
fondation (profondeur à laquelle se trouve la base de la fondation) et Nc, Nq, Nϒles facteurs de
portance qui ne dépendent que de l’angle de frottement interne Ф du sol sous la base de la
fondation (Terzaghi, 1943). Ils sont donnés dans le tableau 1 selon les recommandations de
l'Eurocode7.
Dans notre cas d'étude, les maisons sont couramment construites avec des fondations filantes de
longueur L et largueur B telles que L>>B. On considère ici que la fondation est réalisée à la surface
du sol (D=0), et que la largeur de cette fondation est B=1m. On peut donc utiliser l'équation 4-7
pour estimer la capacité portante du sol. La pression de contact calculée ne doit pas dépasser la
valeur de Pult.
101
Tableau 4-1: Valeurs de Nc, Nq, Nϒ (Frank, 1997)
(4)
⎧𝐸𝐸𝐸𝐸. 𝑦𝑦 (𝑥𝑥) + 𝑝𝑝𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢𝑢 = 𝑞𝑞 𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝
⎪ 𝐸𝐸𝐸𝐸. 𝑦𝑦 (4) (𝑥𝑥) + 𝐾𝐾𝐾𝐾�𝑑𝑑 − 𝑣𝑣(𝑥𝑥) + 𝑦𝑦(𝑥𝑥)� = 𝑞𝑞 𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷 𝑙𝑙𝑙𝑙 𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧𝑧 𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒𝑒 Équation 4-7
⎨ 𝑦𝑦(𝑥𝑥) = 𝑤𝑤(𝑥𝑥) + 𝑣𝑣(𝑥𝑥) − 𝑑𝑑 𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶𝐶 𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐𝑐
⎪
⎩
Hors du bâtiment, le déplacement du sol est nul.
Dans le chapitre3 on a utilisé le déplacement de sol w(x) dans les équations, alors qu'ici, la
déformée du bâti y(x) est utilisée directement dans les équations.
En utilisant la méthode des différences finies qui se traduit par la discrétisation de la poutre de
longueur L en n points, l’un des points de discrétisation est écarté à chaque fois que l’expression y
102
est dérivée. Par conséquent, on peut écrire (n-4) équations indépendantes faisant intervenir la
quatrième dérivée. En ajoutant le déplacement rigide d comme un paramètre inconnu, il reste
cinq inconnues, ce qui nécessite de définir cinq conditions aux limites pour la résolution du
problème. On bénéficie des conditions aux limites exprimées dans le chapitre 3 et exprimées dans
le Tableau 4-2. On considèrera par la suite un nombre n = 200 points, ce qui correspond à des
éléments de longueur 10 cm pour une poutre de longueur 20m. Ce choix est obtenu après avoir
vérifié qu’une densité plus importante n’avait pas d’incidence sur la solution obtenue.
Figure 4-6 : Illustration des points où sont calculés les différentes dérivées de y (Jahangir, 2011)
Tableau 4-2 : Conditions aux limites pour résoudre le système
BC1, BC2 La déformée à l’extrémité de la poutre est nulle y(L/2)=0
y(-L/2)=0
BC 3, BC4 Le moment fléchissant est nul aux extrémités, y''(L/2)=0
parce que la poutre est en équilibre statique sous y''(-L/2)=0
la charge q et la réaction p(x)
BC 5, BC6 L’effort tranchant aux extrémités de la poutre est y'''(L/2)=0
nul y'''(-L/2)=0
Chaque combinaison de cinq conditions aux limites parmi les six proposées aboutit au même
résultat. La résolution a été effectuée avec Mathematica.
La résolution des équations est nécessairement itérative compte tenu du comportement non
linéaire considéré pour le terrain. On considère donc dans un premier temps que p(x)<Pult pour
résoudre le système. En fonction du résultat obtenu et de la valeur numérique de p(x), on ajuste le
système d’équations afin de converger vers la solution finale qui respecte l’équation 4-10.
Plus précisément, la solution de l'équation 4-10 (dans la zone élastique dans un première temps)
avec 5 conditions aux limites va conduire à trouver la déformation de la poutre et les contraintes
appliquées au sol. Après avoir obtenu la solution, il y a deux cas possibles, soit les contraintes
appliquées au sol sont inférieures à Pult (le sol est toujours dans le domaine élastique), dans ce cas
la déformation maximale du bâtiment peut être directement calculée, soit certaines des
103
contraintes appliquées au sol seront plus grand que Pult, dans ce cas, une procédure itérative est
adoptée pour trouver la solution.
Pour trouver la nouvelle solution, les équations de système (Equation4-10) sont appliquées. Dans
la zone de longueur ln1, où les contraintes étaient supérieures à Pult, on impose p(x) = Pult. Dans la
zone non plastifiée, la pression de contact est calculée par l'équation qui décrit le comportement
dans le domaine élastique. Une nouvelle résolution est effectuée au moyen du programme
Mathematica pour calculer les nouveaux déplacements du sol w(x) et les nouvelles contraintes
p(x). On en déduit alors une nouvelle longueur de la zone plastifiée ln2. On obtient par itérations
successives la valeur finale de la zone plastifiée. La procédure s’arrête lorsque lni - lni+1est inférieur
à un seuil (1cm par exemple).
Un exemple est d’abord présenté pour montrer l'influence de la prise en compte de la plasticité.
C'est le cas d'une poutre individuelle présentée dans le chapitre 3, elle est de longueur L= 20 m,
chargée de 100 kN/ml, de rigidité EI=5300 MN.m2, reposant sur un solde H=100 m de profondeur,
on suppose que sa capacité portante est de 120 kN/m2 et que le module de Young du terrain est
de 100 MPa, ce qui conduit à un module de réaction égal à Kw = 3850kN/m3. La poutre est
supposée d’une largeur unitaire. Le rayon de courbure du terrain en champs libre est de 1500m,
ce qui correspond à une déflexion maximale de Δ0 de 0,033 m.
La Figure 4-7montre tout d'abord la solution élastique pour le cas étudié, c'est à dire, en
supposant qu'il n'y a aucune limitation de la pression de contact ; autrement dit, en supposant un
comportement élastique pour le sol. Pour ce cas, le déplacement maximal au milieu du bâtiment
est égal à 0,6 cm. On observe cependant qu’il y a aux extrémités du bâtiment une zone où p(x)
>Pult.
La pression de contact p x
px
150
100
50
x
10 5 5 10
104
Figure 4-7 : Evolution de la déformée de la poutre et de la répartition de contraintes à l'interface
sol-poutre selon que la plasticité du terrain est prise en compte ou non (exemple pour R= 1500 m,
Kw = 3850kN/m3 et Pult = 120 kPa).
Après la prise en compte de la plasticité du terrain et à l’issue du processus itératif de résolution,
on obtient un nouveau déplacement de la poutre. En appliquant la nouvelle loi de comportement
de sol (Equation 4-10), et la méthodologie expliquée dans le paragraphe précédent. On constate
que la déflexion maximale de la poutre Δ, passe de 0,6 cm à 0,35 cm après la prise en compte de
l'influence de la plasticité. Même si les contraintes dans le sol sont limitées à une valeur Pult dans
les zones plastifiées (aux extrémités du bâtiment), elles sont augmentées au milieu du bâti de
façon que l’intégrale de p(x) avant et après la prise en compte de la plasticité soit toujours égale à
la charge extérieure appliquée au bâtiment.
On peut donc noter que la prise en compte du comportement élastoplastique dans le sol réduit la
déflexion calculée pour le bâtiment et augmente la pression de contact p(x) dans les zones
élastiques.
Pour montrer le rôle essentiel que peut jouer la limitation de la capacité portante de sol sur la
déflexion du bâtiment. Le même exemple proposé dans le paragraphe précédent est considéré. La
capacité portante du sol a été changée entre 110 kN/m2 et 150 kN/m2, et la déflexion de la poutre
a été tracée pour les trois cas choisis.
Figure 4-8 : (a) Déflexion de la poutre en changeant la capacité portante du sol, (b) pression de
contact p(x) en changeant la valeur de la capacité portante du sol.
105
La Figure 4-8 montre l'importance de la valeur de Pult pour estimer la déflexion du bâtiment. En
effet, quand Pult augmente, la déflexion sera plus importante, jusqu'à arriver à une valeur de Pult
assez grande de façon que p(x) < Pult en chaque point sous la poutre. La solution dans ce cas est
identique à la solution élastique.
Pour généraliser les résultats et trouver l'influence de Pult sur la transmission de la déflexion pour
un nombre important de cas, nous avons suivi la même démarche que celle exposée dans le
troisième chapitre. Le taux de transmission de la déflexion est tracé en fonction de la rigidité
relative pour plusieurs valeurs de Pult.
La relation de Mair est utilisée pour estimer la rigidité relative et le module de réaction de sol Kw
est calculé par la Figure 2-8. Les différentes données nécessaires (rigidité du bâtiment, rigidité du
sol, longueur du bâtiment et intensité des charges q sont identiques à celles utilisées dans le
chapitre 3.
Les taux de transmission de la déflexion sont présentés dans la Figure 4-9, comme dans le chapitre
3, on trouve une petite transmission de la déflexion en utilisant le modèle de Winkler, les courbes
qui représentent la transmission maximale dans la Figure 4-9 et la Figure 3-18dans le chapitre 3
sont identiques.
Figure 4-9 : Relation entre la rigidité relative ρMair* = EI/(Es.L3) et la transmission de déflexion pour
plusieurs valeurs de Pult
Dans cette Figure, on trouve des points qui représentent les taux de transmission de la déflexion
par rapport la rigidité relative (relation de Mair). Il y a des points qui se regroupent sous la forme
d'une courbe enveloppe qui représentent le taux de transmission maximal de la déflexion, et des
points qui sont sous cette courbe. Ils représentent les cas de plasticité dans le sol. On rappelle que
dans ce chapitre, un contact complet a été supposé entre le sol et le bâtiment. Cela signifie que si
le comportement est élastique pour le sol, tous ces points doivent être regroupés sur la courbe
enveloppe maximale (Figure 3-18) présentée au chapitre 3. L'influence de la plasticité est donc
106
une réduction du taux de transmission de la déflexion par rapport à la solution représentée par la
courbe enveloppe.
Pour montrer plus clairement l'influence de Pult, on va présenter les résultats sous forme d’une
relation entre le taux de transmission de la déflexion et la rigidité relative de Deck et Singh (2010)
𝐸𝐸𝐸𝐸
𝜌𝜌𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷𝐷 = 𝐾𝐾 4
avec des valeurs de Kw variant entre 1000 et 30000 kN/m3 (Figure 4-10). Les cas
𝑤𝑤 𝐵𝐵 𝐿𝐿
sont étudiés sans décollement. Dans la suite, la transmission de la déflexion est tracée en fonction
de la rigidité relative pour une charge q=100 kN/m, et pour différentes valeurs de la courbure du
mouvement de sol R comprises entre 250m et 5000 m. 4 valeurs de Pult comprises entre 200 et
750 kN/m2 sont étudiées.
Figure 4-10 : Relations entre la rigidité relative ρ* = EI/(Kw B L4) et le taux de transmission de la
déflexion pour plusieurs valeurs de Pult et plusieurs rayons de courbure R.
107
Tout d'abord, on constate que la forme générale de la courbe entre la rigidité relative et le ratio de
transmission de la déflexion est la même que celle trouvée dans le chapitre 3 et que celles de
Potts et Addenbrooke (1997) ou Deck et Singh (2010).
Dans la mesure où les résultats présentés ne contiennent aucun cas de décollement, tous les
points représentants des solutions qui ne sont pas sur les courbes supérieures, correspondent à
des situations où une partie du terrain est plastifiée.
L'influence de Pult est importante, on trouve que pour les cas où Pult est le plus grand (Pult=750
kN/m2) les points présentant les solutions sont très proches de la courbe supérieure. Plus les
valeurs de Pult sont petites et plus les résultats diffèrent de cette courbe supérieure.
Quand la courbure R est assez importante (R=2000 m), on trouve que l'influence de Pult est
presque négligeable, car tous les points représentants les solutions sont proches de la courbe
supérieure. Ceci s’explique par le fait que quand R est important, le report de contraintes aux
extrémités du bâti est limité. La pression de contact p(x) reste alors faible et ne dépasse pas, pour
la plupart des cas, la capacité portante du sol. Au contraire, quand la courbure R est plus petite,
l'influence de Pult devient significative et la transmission de la déflexion à la poutre est réduite.
Une procédure semblable à celle appliquée dans le paragraphe 4.4.3 pour trouver la solution
d'une poutre sur une fondation élastoplastique modélisée par les éléments de Winkler sera
appliquée pour rechercher une solution en cas de fondation de Pasternak.
La différence essentielle entre les deux cas, c'est que dans le premier cas, l'influence du
cisaillement dans le sol est négligée, alors qu’il est pris en compte pour le cas de Pasternak, et le
déplacement du sol en dehors du bâti est pris en compte aussi.
La procédure consiste alors en une résolution numérique qui utilise la méthode des différences
finies. Comme il y a un déplacement de sol en dehors du bâti, la solution doit tenir compte des
déplacements du sol dans tout le système.
108
bâti est nul (L est la longueur de bâtiment), cette distance étant infinie dans le cas d’une solution
analytique. La longueur 5L a été obtenue après quelques essais afin d’obtenir un compromis
raisonnable permettant d’obtenir une solution satisfaisante sans que le temps de calculs soit
excessif.
En utilisant la méthode des différences finies qui se traduit par la discrétisation du système en
n+5n = 6n points, l’un des points de discrétisation est écarté à chaque fois que l’expression du
déplacement du sol w est dérivée.
Sur la longueur du bâti, l’équation différentielle à résoudre est d’ordre 4, ce qui permet d’écrire n-
4 équations. Sur la longueur du terrain en dehors du bâti, l’équation différentielle est d’ordre 2, ce
qui permet d’écrire 5n-2. Par conséquent, on peut écrire 6n-6 équations indépendantes, alors que
le nombre d’inconnues est de 6n. Le déplacement de corps rigide du bâtiment d n'est plus
considéré comme une inconnue car il peut directement être calculé à partir du déplacement du
sol à l'extrémité du bâtiment. Pour résoudre le problème, il faut donc 6 conditions aux limites. On
notera w(i) le déplacement sous le bâti {i,1,n} et w1(i) le déplacement en dehors du bâti {i,1,5n}.
La résolution du problème a été effectuée avec le code Mathematica. On peut alors tracer les
déplacements et les efforts dans le sol et dans la poutre. Dans le cas où aucune plasticité n’est
prise en compte, le déplacement initial (sans mouvement de sol) est presque identique avec ce
qu’on a trouvé pour l'exemple cité dans le chapitre 3 (Figure 4-11).
109
Figure 4-11 : Déplacement initial de la poutre en utilisant une procédure de résolution par
différences finies (cas du modèle de Pasternak)
Le déplacement final de la poutre, lorsque le mouvement de terrain est pris en compte, est très
proche du déplacement calculé analytiquement (Figure 4-12). Ces premiers résultats valident la
programmation de la méthode des différences finies.
(a) (b)
Figure 4-12 : Comparaison entre la déflexion finale de la poutre en utilisant une procédure de
résolution par différences finies (a) ou une procédure analytique (b) (cas du modèle de Pasternak).
L'équation qui donne la déformation du bâtiment dans la zone plastique du sol est donc la même
Dans un premier temps, la solution dans le domaine élastique par une résolution par différences
finies a été obtenue (cf. paragraphe précédent). Dans un second temps, les mêmes procédures
qu’avec le modèle de Winkler sont mises en œuvre pour redistribuer les forces sous le bâtiment
en cas de dépassement de Pult. La Figure 4-13présente un exemple de résultat obtenu. Les
résultats obtenus ne sont pas satisfaisants car le déplacement de la poutre est plus important que
le déplacement dans le cas de la solution élastique, ce qui n'est pas logique, et contradictoire avec
ce qu’on a trouvé dans le cas de Winkler.
Figure 4-13 : Le déplacement d'une poutre reposant sur la fondation de Pasternak en prenant en
compte un comportement élastoplastique du sol
Des éléments de vérification, ont également montré que la somme des réactions des ressorts et
de la force ponctuelle développée aux extrémités de la poutre est très différente de force
appliquée sur la poutre, ce qui signifie que le système n'est pas en équilibre statique.
Des efforts importants ont été faits pour résoudre le problème d'une poutre en adoptant le
modèle de Pasternak avec un comportement élastoplastique pour le sol. La solution quand le
comportement de sol est élastoplastique nécessite plus de développements afin de surmonter les
difficultés rencontrées. La difficulté vient principalement du fait qu'il faut tester deux grandeurs
pour vérifier si les efforts appliqués au sol sont plus grands que sa capacité portante. La première
grandeur est la pression p(x) qui peut être comparée à Pult comme dans le modèle basé sur
Winkler. La seconde est l’effort ponctuel qui apparaît aux extrémités du bâti (Equation 2-1). Un
des problèmes rencontrés est la redistribution de la force ponctuelle aux extrémités de la poutre.
Sur quels ressorts et jusqu’à quelle distance convient-il de les redistribuer ? Il conviendrait donc de
définir un seuil pour cet effort et de définir une stratégie de redistribution.
111
4.6- Conclusion
Un modèle de l'interaction sol-structure dans une zone de mouvement de sol a été développé en
prenant en considérant un comportement élastoplastique pour le sol.
Le sol a été modélisé par l'intermédiaire du modèle de Winkler en supposant une nouvelle loi de
comportement quand la pression de contact dépasse la capacité portante de sol. La résolution de
ces nouvelles équations a été faite par la méthode différences finies, la solution a été obtenue
dans le domaine élastique dans un premier temps, puis un calcul itératif a été proposé pour
trouver la nouvelle déflexion du bâtiment en cas de plastification de sol.
Les résultats ont montré un rôle important de la plasticité. La déflexion de la poutre a été réduite
de façon considérable quand le sol se plastifie : jusqu’à -0,6 sur le ratio de déflexion (pour la
gamme de valeurs étudiée). Le calcul dans le domaine élastique donne donc des résultats plus
sécuritaires que dans le domaine élastoplastique du point de vue de l’estimation du niveau de
dommage potentiel associé à des mouvements de terrain.
Les résultats ont également montré que le rayon de courbure du mouvement de sol R a une
influence importante. Quand R est grand (supérieur à 2000 m), l'importance d’un comportement
élastoplastique de sol apparaît négligeable.
La prise en compte de la plasticité dans le cas du modèle de Pasternak a rencontré des difficultés
particulières qui n’ont pas permis d’aboutir à des résultats pertinents. La poursuite du
développement de ce modèle constitue donc une perspective à ce travail.
112
5- VALIDATION DES RÉSULTATS
5.1- Objectif
Dans ce chapitre, les résultats analytiques obtenus dans les chapitres précédents pour estimer les
déplacements d'un bâtiment dans une zone de mouvement de sol seront comparés à des résultats
obtenus par d’autres méthodes. Les autres méthodes considérées sont principalement des
méthodes numériques et des méthodes expérimentales. Les résultats issus de modèles
numériques seront obtenus à l’issue de travaux développés dans le cadre de cette thèse. Les
résultats seront extraits de travaux expérimentaux existants dans la littérature.
Ce chapitre s’apparente donc à une étape de validation qui consiste à reproduire analytiquement
des modèles numériques ou expérimentaux afin de comparer le taux de transmission des
déplacements finaux générés.
La validation numérique de nos résultats s’effectue en deux étapes. La première étape consiste à
utiliser des résultats de modèles développés dans le cadre de cette thèse, la deuxième étape
consiste à utiliser des résultats issus de la bibliographie. On considèrera en particulier les résultats
de Potts et Addenbrooke (1997).
Le maillage a été raffiné dans la zone d’intérêt, à proximité de la structure. Le module de Young de
la couche supérieure est variable entre 25 et 100 MPa et le coefficient de Poisson est de 0,3. Le
module de Young pour la couche inférieure est de 30000 MPa, la charge appliquée a été choisie de
façon qu'une cuvette se développe à la surface, si elle est plus importante, Δ0 sera plus important,
mais Δ aussi, de façon que le rapport Δ/Δ0 puisse rester constant (d’après les résultats du modèle
analytique), sauf s’il y a de décollement sous le bâti ; dans ce cas ce rapport va diminuer. La
couche inférieure modélise une couche rigide et permet la transmission de la déformation causée
par des contraintes appliquées sur la limite inférieure.
Pour le bâtiment, on considère une poutre de longueur comprise entre 20 et 30 m. La hauteur est
de 3,5 m avec une charge uniforme de 10 kN/m ou de 7 m avec une charge uniforme de 25 kN/m
113
pour représenter un bâtiment d'un ou de deux étages. Différentes valeurs du module de Young de
la poutre sont considérées, de 1000 à 25000 MPa pour représenter une large gamme de la rigidité
relative. Le coefficient de Poisson est de 0,2. Une interface de glissement parfait est modélisée
entre le sol et le bâtiment, le but étant d'étudier seulement l'influence de la courbure du terrain et
d’éviter l'influence des déformations horizontales et des contraintes de cisaillement entre le sol et
le bâtiment. Le comportement de l’interface est un glissement parfait, il permet seulement le
transfert des contraintes verticales. Une résistance à la traction de 1 MN/m2 est considérée pour
le critère de défaillance de l'interface. Une valeur moins importante peut conduire à une non-
convergence pendant le calcul dans le modèle numérique.
En fait, plusieurs choix des caractéristiques de l'interface sont proposés dans le code par éléments
finis CESAR, glissement parfait, adhérence et interface avec critère Mohr-Coloumb. On a choisi
l'interface de type glissement parfait car notre but est de comparer le déplacement transmit avec
les résultats analytiques où le frottement au niveau de l'interface n'est pas modélisé. L'interface
de type glissement parfait est la plus proche de cette modélisation analytique.
Les conditions aux limites sont présentées sur la Figure 5-1: déplacements horizontaux nuls aux
limites latérales, déplacements verticaux et horizontaux nuls aux limites du modèle inférieur, et
une charge uniforme distribuée vers le bas et imposée sur la partie centrale de la limite inférieure
pour imposer l'affaissement à la surface.
Figure 5-1 : Dimensions et conditions aux limites utilisées pour le modèle numérique
Le modèle est réalisé en trois étapes : tout d'abord calculer Δ0 (mouvement en terrain vierge sans
l'existence de bâtiment), ensuite calculer Δ qui est la déformation maximale du bâtiment en cas de
mouvement du sol, et enfin, calculer Δi qui représente la déflexion maximale du bâtiment sans
mouvement de sol. Le taux de transmission de la déflexion est alors calculé par la relation
Δ−Δ𝑖𝑖
suivante : Δ0
Les solutions numériques calculées par la relation précédente sont comparées avec les deux
solutions analytiques discutées dans ce travail (modèle de Winkler ou Pasternak). Au total, 16
configurations ont été étudiées. Les résultats sont regroupés dans le Tableau 5-1et présentés par
114
la Figure 5-2 et la Figure 5-3.On obtient une bonne cohérence générale entre les résultats
numériques et la courbe analytique en se basant sur le mode de Pasternak.
115
Cas Propriétés du bâtiment et du sol Tauxde transmission
Δ−Δ𝑖𝑖
Δ0
116
La différence entre la solution numérique et la solution analytique en utilisant le modèle de
Pasternak est de 10-20 % par rapport aux résultats de la modélisation numérique. Pour la plupart
des cas étudiés, on trouve que le taux de transmission de la déflexion calculé analytiquement est
légèrement plus important que celui obtenu par la solution numérique. La source de cette
différence vient probablement en partie du choix des paramètres du modèle de Pasternak. La
méthodologie de calcul des paramètres de Pasternak est basée sur l’ajustement du déplacement
de deux points, calculé à partir de la théorie de l'élasticité ou à partir des éléments de Pasternak.
Un choix un peu différent pour ces deux points conduirait à des valeurs également différentes des
paramètres de Pasternak. Une autre explication de cette différence pourrait être le modèle
numérique lui-même. La densité du maillage en particulier joue toujours un rôle en termes de
précision malgré un maillage très fin. Dans cette étude, on a utilisé un maillage de 0,5 m pour le
bâtiment et d’autres valeurs conduiront à un résultat un peu différent. Une dernière source
d’écart est l'influence de l'interface. Dans le modèle analytique, l'influence de l'interface est
négligée, alors qu'elle doit nécessairement être prise en compte dans le modèle numérique, sinon,
les résultats ne convergent pas.
1
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
Numérqie
0,4
Pasternak
0,3
0,2
0,1
0
0,004
0,005
0,007
0,011
0,018
0,022
0,026
0,036
0,042
0,053
0,089
0,143
0,179
0,212
0,715
0,0013
Figure 5-2 : Comparaison entre les résultats numérique (César) et analytique (Pasternak); la
transmission de la déflexion ∆/∆0 par rapport la rigidité relative de Mair ρMair= EI/(Es L3) pour les 16
cas de Tableau 1
Par ailleurs, on trouve des points situés sous la courbe, qui correspondent à des situations avec
des décollements sous le bâtiment, où le taux de transmission de la déflexion est moins important
que pour les cas où il y a un contact complet entre le sol et le bâti.
117
Figure 5-3 : Comparaison entre le modèle de Pasternak et la solution numérique obtenue avec le
code aux éléments finis CESAR
Potts et Addenbrooke (1997) ont fait des études paramétriques à partir d’un modèle aux éléments
finis en utilisant le code ICFEP (code d'éléments finis de l'Impérial Collège). Ils ont modélisé les
argiles de Londres avec un comportement élastoplastique pour représenter le sol avec des
longueurs de bâtiments comprises entre 16 et 60 m. La courbe enveloppe des résultats de Potts et
Addenbrooke est présentée sur la Figure 5-4. On note que la courbe proposée par Potts et
Addenbrooke est une courbe enveloppe et qu’elle surestime donc un peu leur solution
numérique.
118
Figure 5-4 : Taux de transmission de déflexion ∆/∆0 en relation avec la rigidité relative ρ*Potts=
16EI/Es L4 (Potts et Addenbrooke, 1997)
Il y a deux différences principales entre le modèle analytique basé sur Pasternak et celui de Potts
et Addenbrooke (1997). Potts et Addenbrooke ont considéré l’influence du creusement d’un
tunnel dans le cas d’un sol ayant un comportement élastoplastique.
Comparer directement la courbe du taux de transmission maximal de la déflexion pour Rlim (Figure
3-17) avec la solution de Potts et Addenbrooke (1997) n'est pas possible car la formule de la
rigidité relative n'est pas la même dans les deux cas. On a expliqué qu’en utilisant la formule
proposée par Potts et Addenbrooke (1997), les points représentants la solution analytique pour un
cas de contact complet (chapitre 3) ne se regroupent pas sous la forme d'une courbe. Une autre
expression de la rigidité relative avait donc été considérée correspondant à la relation donnée par
Mair ρMair*.
Pour comparer la solution de Potts et Addenbrooke (1997) avec la solution analytique, on calcule
pour les 16 cas la valeur de ρPotts* de Potts et Addenbrooke, puis on estime la valeur du taux de
transmission à partir de la Figure 5-4. Ces résultats sont regroupés dans le Tableau 5-2. Pour
reproduire les mêmes conditions du modèle de Potts et Addenbrooke, on a considéré une
épaisseur de sol H=60 m. La valeur de H intervient dans le calcul analytique, elle est indispensable
pour trouver les deux paramètres de Pasternak.
119
8 25 30 7 0.025 5000 0.026 0.042 0.07
9 100 20 3.5 0.01 1000 0.001 0.49 0.4
10 100 30 3.5 0.01 1000 0.0002 0.81 0.9
11 100 20 7 0.025 1000 0.004 0.14 0.18
12 100 30 7 0.025 1000 0.001 0.27 0.38
13 100 20 3.5 0.01 5000 0.003 0.1 0.2
14 100 30 3.5 0.01 5000 0.001 0.185 0.38
15 100 20 7 0.025 5000 0.022 0.03 0.08
16 100 30 7 0.025 5000 0.007 0.06 0.18
Tableau 5-2 : Comparaison du taux de transmission de la déflexion entre le modèle analytique
développé dans cette thèse et les résultats de Potts et Addenbrooke (1997)
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
Pasternak
0,4
Potts et Adenbrooke
0,3
0,2
0,1
0,0
Figure 5-5 : Comparaison entre les résultats de Potts et Addenbrooke (1997) et le modèle
analytique (Pasternak) ; la transmission de la déflexion ∆/∆0 par rapport la rigidité relative de Mair
ρMair = EI/(EsL3) pour les 16 cas du Tableau 2.
La comparaison entre les deux résultats de Pasternak et Potts et Addenbrooke (Figure 5-5) montre
que le modèle analytique sous-estime le taux de transmission de la déflexion par rapport aux
résultats de Potts et Addenbrooke dans 45% des cas. Il surestime cette déflexion dans 25% des cas
et donne le même résultat (à +/-0,05) dans 30% des cas. La source de cette différence vient
principalement du fait qu’un décollement se développe sous le bâtiment pour la plupart des cas
étudiés dans le Tableau 5-2, ce qui n'est pas pris en compte par Potts et Addenbrooke. La
deuxième source de différence, c'est la courbe de déplacement en terrain vierge, Potts et
Addenbrooke ont calculé le déplacement en terrain vierge numériquement, alors
qu’analytiquement, on a utilisé l'équation 3 (Chapitre1) pour calculer le déplacement vertical v(x)
qui exprime le déplacement de terrain vierge sous le bâtiment. La troisième source de différence
est le comportement de sol. Si l’on a proposé un comportement élastique du sol, ce n'est pas le
cas de Potts et Addenbrooke qui ont modélisé le comportement du sol par un modèle
120
élastoplastique. On aurait cependant attendu une déflexion finale moins importante pour la
poutre si le sol peut se plastifier, ce qui n'est pas toujours le cas ici.
Une autre source de différence concerne les charges appliquées dans l'étude analytique. Potts et
Addenbrooke ont négligé les charges appliquées sur le bâtiment alors que ces charges ont des
valeurs variées dans l'étude analytique. Finalement la courbe de Potts et Addenbrooke correspond
à une enveloppe de leurs solutions (Figure 5-4), ce qui signifie qu’elle tend à surestimer le taux de
transmission.
Il y a quatre cas pour lesquels le modèle de Potts et Addenbrooke donne un taux de transmission
moins important que le modèle de Pasternak. Dans ces cas, on peut juger que l'influence du
comportement élastoplastique proposé par Potts est la source de cette sous-estimation. Comme
on a expliqué dans le quatrième chapitre, la prise en compte d'un comportement élastoplastique
du sol réduit la valeur de la déflexion finale du bâtiment et donc le taux de transmission de la
déflexion sous réserve que le sol a commencé à plastifier (capacité portante du sol inférieure aux
efforts appliqués). Ici, les résultats de Potts et Addenbrooke ne sont pas comparables à ceux du
modèle développé dans le chapitre 4, basé sur le modèle de Winkler et la prise en compte d’une
plasticité. En effet, ce dernier modèle sous-estime beaucoup trop le déplacement dans le bâtiment
(voir chapitres 3 et 4). En conséquence, il apparaît important de développer le modèle de
Pasternak de façon à ce qu'il prenne en compte l'influence de la plasticité dans le sol, ce qui n’a
pas été réussi dans ce travail.
Plusieurs modèles physiques ont été développés pour étudier les phénomènes d’interaction sol
structure lors d'un mouvement de terrain en surface (Caudron 2007, Hor 2010 et Nghiem 2015).
Le modèle le plus proche de notre modèle analytique est le modèle de Farrell et Mair (2012) dont
on va chercher à reproduire les configurations testées afin de comparer leurs résultats avec ceux
du modèle analytique.
Farrell et Mair (2012) ont développé au sein de Université de Cambridge un modèle physique afin
de comprendre les déplacements d'un bâtiment soumis à un mouvement de sol provoqué par des
travaux souterrains de type tunnel en prenant en compte l'influence de l'interaction sol-structure.
Les résultats de ce modèle physique ont été discutés et validés numériquement par Giardina et al.
(2015) qui ont trouvé que le modèle numérique a tendance à sous-estimer le taux de transmission
de la déflexion pour des poutres souples, et à surestimer cette transmission pour les cas où le
bâtiment est rigide.
Dans ce modèle, le sol est modélisé par un sable de densité relative 90%, le module de Young de
ce type de sable est entre 70 et 90 MPa.
121
dimensions sont : 400 mm de longueur, 145 mm de largeur et une épaisseur variante entre 1,6 et
20 mm. Cette plaque a un comportement élastique parfait avec un module de Young E = 70GPa.
Avec le changement de l'épaisseur de cette plaque (t), la rigidité et les charges appliquées
changent aussi, pour t=1,6 mm, la rigidité de la plaque vaut EI=100 kN.m2/m, pour t=5 mm, la
rigidité est de 0,73 kN.m2/m, pour t=10 mm, la rigidité est de 5,8 kN.m2/m, et pour t=20 mm, la
rigidité est de 47 kN.m2/m.
Tout d'abord, le déplacement en terrain vierge a été calculé (Figure 5-6). Une valeur de Δ0=0,42
mm a été obtenue pour le modèle réduit, ce qui correspond à une courbure du terrain de R=47 m.
Même si la cuvette en champ libre du modèle réduit ne ressemble pas exactement à l’équation
considérée dans la solution analytique, qui est parabolique sous le bâtiment, on va comparer les
déplacements transmis au bâtiment.
Farrell et Mair (2012) ont fait varier l'épaisseur de la plaque en aluminium afin d’étudier
expérimentalement l'influence d’un changement de la rigidité et du poids d'un bâtiment dans une
zone de mouvement de sol. Ils ont alors comparé les déplacements finaux Δ avec le déplacement
en terrain vierge (sans l'existence de bâtiment) Δ0. Les déplacements obtenus pour les 4 cas sont
tracés sur la Figure 5-6.
On trouve que pour le cas STR1 où la rigidité du bâtiment est très faible, la plaque suit
complètement le mouvement du sol en terrain vierge, ce qui n'est pas le cas pour les études STR2,
STR3, STR4, où un décollement se développe sous la plaque, et le déplacement est moins
important que dans le terrain vierge. On note aussi que ce déplacement diminue avec
l'augmentation de la rigidité de bâtiment, ce qui est tout à fait logique et attendu.
122
Figure 5-6 : Déplacement en surface pour les quatre essais expérimentaux réalisés sur modèles
physiques réduits pour une perte de volume 2% (Farrell et Mair 2012)
Dans ce modèle réduit, la longueur du décollement peut être estimé pour chaque cas en
comparant le déplacement en terrain vierge et le déplacement final de la poutre (STR1→ STR4).
On trouve que pour le premier cas (poutre très souple) qu’il n'y a pas de décollement, alors que le
décollement se développe quand la poutre est rigide. En fait, le développement de la longueur de
décollement, ici, ne reflète pas uniquement l'influence de la rigidité de la poutre, mais aussi celle
de son poids propre.
Les données caractéristiques des 4 modèles expérimentaux ont été utilisées pour reproduire les
résultats à partir du modèle analytique développé au chapitre 3 afin de comparer les deux
solutions analytiques (Winkler et Pasternak). Une des questions importantes pour la reproduction
de ces modèles analytiquement, est les valeurs des paramètres de Pasternak à considérer. Le
modèle expérimental a été fait avec une profondeur z=28 cm et un bâtiment de longueur L=40 cm
et le module de Young du sable dense est de 70 MPa.
Les paramètres de Pasternak Kp et Gp sont les même pour les 4 essais expérimentaux car c'est
toujours le même sol, la même longueur de la poutre et la même épaisseur de sol : Kp= 360
MN/m3 et Gp=500 MN/m.
Les données de ces quatre essais expérimentaux, les résultats expérimentaux et les résultats
analytiques sont regroupés dans le Tableau 5-3. Dans ce tableau, les données et les résultats sont
fournis pour le modèle réduit et ces données sont utilisées dans le modèle analytique avec un
longueur L=0,4 m, un rayon de courbure R=47 m, et avec une rigidité et des charges identiques
aux valeurs du Tableau 5-3.
123
le mouvement de sol imposé à un profil parabolique, alors que le profil de mouvement dans les
essais expérimentaux est davantage triangulaire (Figure 5-6).
On note également un tassement du corps rigide d beaucoup moins important dans la solution
analytique, il est presque nul pour les deux premiers essais.
Les déplacements de la poutre obtenus analytiquement ont été dessinés pour les 4 cas étudiés
(Figure5-7) afin de faciliter la comparaison avec les résultats expérimentaux (Figure 5-6).
124
Tableau 5-3 : Propriétés mécaniques, dimensions et résultats pour la comparaison des modèles de Farrell et Mair 2012 et le modèle analytique de Pasternak
Nom Propriétés de la plaque (modèle réduit) Résultats expérimentaux Solution analytique
d'essai
L(mm) B(mm) t (mm) EI(kN.m2/m) q (kN/m) ρ*= EI/(Es Δ(mm) C(mm) d Δ/Δ0 Δ(mm) C(mm) d (mm) Δ/Δ0
L3) (mm)
STR1 400 145 1.5 0.024 0.00603 0.000005 0.46 0 0.05 1.15 0.4 0 0.0004 0.88
STR2 400 145 5 0.73 0.0188 0.00016 0.3 130 0.05 0.75 0.32 340 0.009 0.71
STR3 400 145 10 5.8 0.037 0.0013 0.22 200 0.07 0.55 0.118 360 0.028 0.26
STR4 400 145 20 47 0.0754 0.01 0.1 200 0.15 0.25 0.019 360 0.038 0.04
125
Une seconde comparaison a été menée en considérant les valeurs du prototype. Pour cela les
propriétés mécaniques et les dimensions du prototype ont été recalculées afin de pouvoir utiliser
ces données dans le modèle analytique et comparer le résultat obtenu avec les résultats
expérimentaux (Tableau 5-4).
Le déplacement en terrain vierge du prototype est égal à Δ0= 0,4*75=30 mm, ce qui donne un
rayon de courbure du mouvement en champ libre de R=3750 m pour les quatre cas étudiés.
La longueur du bâtiment est de 0,4*75=30 m. Les rigidités et les charges sont montrées dans le
Tableau 5-4.
Les paramètres de Pasternak pour ces 4 cas sont identiques (vu que le sol est le même, et la
longueur de bâti est toujours le même), Kp=4.7 MN/m3, Gp= 34 MN/m.
Une concordance évident peut-être constatée entre les deux résultats. Néanmoins, on peut
toujours s’interroger sur le rôle du décollement sous le bâtiment. S’il y a un décollement
important sous la plaque dans les modèles expérimentaux, ce n'est pas le cas pour le modèle
analytique compte-tenu la valeur importante du rayon de courbure R = 3750 m, qui empêche la
formation d’un décollement.
126
Tableau 5-4 : Propriétés mécaniques et dimensions du prototype équivalent au modèle réduit de Farrell et Mair (2012) et comparaison avec les résultats
obtenus avec le modèle analytique.
Nom Propriétés de la plaque Solution expérimentale Solution analytique
d'essai
L(m) B(m) t (m) EI(kN.m2/m) q ρ*= EI/(Es Δ(mm) C(m) D(mm) Δ/Δ0 Δ(mm) C(m) D(mm) Δ/Δ0
(kN/m) L3)
STR1 30 10.875 0.1125 10000 35 0.000005 34.5 0 3.75 1.15 33.5 0 3.9 0.98
STR2 30 10.875 0.375 3.1*105 73 0.00016 22.5 9.75 3.75 0.75 28 0 11 0.93
STR3 30 10.875 0.75 2.5x106 145 0.0013 16.5 15 5.25 0.55 23 0 27 0.76
STR4 30 10.875 1.5 2x107 290 0.01 7.5 15 11.25 0.25 9 0 62 0.3
127
5.4- Comparaison avec le modèle de Goh et Mair (2010)
Comme précisé dans le chapitre 1, Goh et Mair (2010) ont synthétisé les différentes mesures
de taux de transmission de la déflexion à des bâtiments pendant des travaux souterrains. Il
s’agit de données publiées par Mair et Taylor (2001), Standing (2001), Viggiani et Standing
(2001), Withers (2001), Dimmock et Mair (2008), Goh et Mair (2011) et Farrell et al. (2011).
Ils ont tracé le taux de transmission de la déflexion pour chaque cas par rapport à la rigidité
𝐸𝐸𝐸𝐸
relative (𝐸𝐸 𝐿𝐿3 ).
𝑠𝑠
Goh (2010) et Goh et Mair (2011) et Mair (2013), ont complété ces mesures en ajoutant des
résultats d’autres modèles numériques et expérimentaux pour proposer une nouvelle
méthodologie pour estimer le taux de transmission de la déflexion en supposant que tous les
taux de transmission de la déflexion doivent se trouver entre les deux lignes dessinées sur la
Figure 5-8. Ces deux lignes sont cohérentes avec les observations et divers résultats
numériques ou expérimentaux (Mair 2013).
Figure 5-8 : Courbes enveloppes du taux de transmission de la déflexion observée par Mair
(2013), (a) Solutions de Potts et Addenbrooke (1997) et Franzius et al. (2006), (b) Synthèse
pour des différents bâtiments influencés par des travaux souterrains.
Dans la suite, on va vérifier si l'emplacement de nos résultats analytiques est bon par
rapport aux lignes limites présentées sur la Figure 5-8. On va comparer tout d'abord les
résultats généraux obtenus dans le chapitre 3. En superposant les résultats de la solution
analytique du chapitre 3 basées sur le modèle de Pasternak, pour un large éventail de
rigidité du sol et du bâtiment et de mouvement du sol, avec la solution proposée par Goh
(2010), on constate que presque tous les résultats analytiques se trouvent entre les deux
lignes limites de Mair (2013). Ce résultat confirme l'efficacité générale du modèle analytique
développé.
128
Δ/Δ0
1,4
1,2
1,0
0,8
0,6
0,4
0,2
0,0
1.E-6 1.E-5 1.E-4 1.E-3 1.E-2 1.E-1 1.E+00 1.E+01 1.E+02
ρ*=EI/ESL3
Figure 5-9 : Taux de transmission de la déflexion obtenu par le modèle analytique (Pasternak)
et comparaison avec les courbes enveloppes proposées par Goh et Mair (2010) sur la base
des observations.
On trouve également que la courbe limite (qui représente la solution ou il y a un contact
complet entre le sol et le poutre), se situe entre les deux lignes de Goh et Mair (2010).
C'est l’un des modèles expérimentaux développés au sein de l'INERIS dans le but de mieux
comprendre les phénomènes d'ISS associés à des mouvements de terrain. Ce modèle est
destiné à étudier l'influence d'un aléa localisé (fontis) de profondeur 10-15 m avec un
facteur d'échelle sur les longueurs de 1/40. Le sol est modélisé par le sable de Fontainebleau
qui a un module de Young de 6 à 16 MPa.
Le prototype est une maison individuelle de 10x10 m2 soumise à un mouvement de sol, avec
des murs en maçonnerie de module de Young 6000 MPa, et de coefficient de Poisson de 0,3,
les fondations sont en béton armé de module de Young 30 000 MPa, encastrées à une
profondeur de 0,9 m.
La rigidité en flexion pour le modèle réduit calculée par Ngheim vaut EI= 3.3 N.m2, alors que
cette rigidité pour le prototype est de EI=39000 N.m2.
Le déplacement en champ libre du terrain vierge est égal à Δ0 =11 mm, ce qui correspond à
un rayon de courbure R = 0,71 m. La valeur de ce déplacement en terrain vierge est très
129
importante comparée à l’extension horizontale de l’affaissement. Le rayon de courbure du
terrain en champ libre vaut R=28m et le déplacement Δ0 est égal à 44 cm pour le prototype,
ce qui correspond à un effondrement localisé comme un fontis avec une pente très
importante.
On reproduit dans un premier temps le modèle réduit. On trouve une déflexion 0,003 mm,
ce qui est un déplacement très petit même par rapport au modèle réduit de Ngheim où ce
déplacement est estimé à 1 mm (Figure 5-10).
Figure 5-11 : (a) Déplacement analytique de terrain vierge. (b) Déplacements analytique de la
maquette
La reproduction du prototype analytiquement est plus compliquée vue la valeur du rayon de
courbure du mouvement de sol R qui est très petit (R=27m) pour L=10. Le modèle analytique
n'est pas capable de calculer les déplacements pour une poutre avec un tel mouvement de
sol. La comparaison entre les deux modèles n'est pas valable vu la grandeur importante du
déplacement de sol dans le modèle physique. Le modèle analytique est donc davantage
adapté aux zones où les déplacements sont plus progressifs.
130
5.6- Conclusion
Le modèle développé dans ce travail a été validé par comparaison des déplacements et des
taux de transmission de la déflexion avec d’autres modèles numériques ou expérimentaux.
Un modèle numérique en utilisant le code aux éléments finis César-LCPC a été utilisé pour
faire un modèle de l'interaction sol-structure et pour produire un déplacement en champ
libre de la surface. La comparaison de 16 cas étudiés par les deux modèles montre une
cohérence entre les résultats analytiques et numériques. Le modèle analytique surestime les
taux de transmission de la déflexion de 10-20% par rapport au modèle numérique, ce qui
peut s’expliquer par le choix des paramètres du modèle analytique.
Une comparaison avec les résultats expérimentaux développés par Farrell et Mair (2012) a
été fait pour deux cas, la première pour le modèle réduit, et la deuxième pour le prototype
associé. Même si le développement d’un décollement ne se produit pas de la même façon
entre le deux modèles, le déplacement final de la structure, dans les deux modèles, a le
même ordre de grandeur. Soit pour le modèle réduit ou pour le prototype, le déplacement
dans la plaque, qui représente le bâtiment a une différence de 0-40%, ce qui peut s’expliquer
d’une part par le déplacement du sol en terrain vierge qui n'est pas le même dans les deux
approches et d’autre part la prise en compte de la plasticité dans les travaux de Farrell et
Mair (2012).
A la fin, une comparaison est proposée avec les résultats de Goh et Mair (2010). Cette
comparaison a montré que les solutions analytiques se situent entre les deux solutions
limites identifiées par Goh et Mair qui couvrent plusieurs études expérimentales,
numériques et des cas réels. La courbe enveloppe de la solution analytique, représentant les
cas sans décollement, se situe ainsi entre ces deux lignes.
Ces validations n'ont pas pris en compte l'influence de la plasticité dans le sol pour le modèle
analytique (chapitre 4). En effet, on a déjà trouvé que le modèle de Winkler sous-estime
beaucoup les taux de transmission de la déflexion, et que le comportement élastoplastique
du sol réduit encore davantage la déflexion finale de la poutre. La solution nécessite donc de
développer un modèle analytique basé sur l’approche de Pasternak et qui tienne compte de
cette plasticité. Cette solution n’ayant pas pu être développée de manière satisfaisante dans
131
cette thèse, les comparaisons effectuées dans ce chapitre permettent de justifier qu’elle
constitue une perspective intéressante.
132
6- CONCLUSION GÉNÉRALE
• Modèles physiques,
• Modèles numériques,
• Modèles analytiques.
Le modèle de Pasternak a été retenu pour modéliser le sol au lieu du modèle de Winkler
utilisé dans le modèle de Deck et Singh (2010). L'intérêt de modèle de Pasternak par rapport
celui de Winkler est de prendre en compte l'influence des déformations de cisaillement dans
le sol et le déplacement du sol en dehors de la zone chargée.
Les résultats ont été synthétisés sous forme d’abaques pour faciliter leur utilisation. Ces
paramètres dépendent du module de Young du sol, de l’épaisseur de terrain déformable et
de la longueur de la zone chargée.
La possibilité d'avoir un décollement sous le bâtiment est étudiée également. Pour cela, une
étude de sensibilité est réalisée afin de comprendre l'influence de chaque paramètre sur
cette possibilité. La rigidité du sol joue le rôle le plus important en déterminant la possibilité
d'avoir un vide sous le bâtiment. Plus le sol est rigide, plus la possibilité d'avoir un vide
augmente, la même chose pour la longueur du bâtiment, et la grandeur de mouvement de
sol.
Une partie a été consacrée à étudier l'influence des déformations de cisaillement dans le
bâtiment. L'étude a été faite en considérant la poutre de Timoshenko et elle a montré que la
déflexion du bâtiment augmente avec la présence d’ouvertures dans le bâtiment.
Le sol a été modélisé par l'intermédiaire du modèle de Winkler en supposant une nouvelle
loi de comportement quand la pression de contact dépasse la capacité portante du sol. La
résolution de ces nouvelles équations a été faite par la méthode des différences finies. La
solution a été obtenue dans le domaine élastique dans un premier temps, puis un calcul
itératif a été proposé pour trouver la nouvelle déflexion du bâtiment en cas de plastification
de sol.
Les résultats ont montré un rôle important de la plasticité. La déflexion de la poutre a été
réduite de façon considérable quand le sol se plastifie (réduction jusqu’à -0,6 du ratio de
déflexion pour la gamme de valeurs étudiée). Le calcul dans le domaine élastique donne
donc des résultats plus sécuritaires que dans le domaine élastoplastique du point de vue de
l’estimation du niveau de dommage potentiel associé à des mouvements de terrain.
134
Les résultats ont également montré que le rayon de courbure du mouvement de sol R a une
influence importante. Quand R est plus important que 2000 mètres, l'importance d’un
comportement élastoplastique de sol apparaît négligeable.
Enfin, le modèle développé dans ce travail a été validé par comparaison des déplacements et
des taux de transmission de la déflexion avec d’autres modèles numériques ou
expérimentaux :
• Un modèle numérique en utilisant le code aux éléments finis César-LCPC a été utilisé
pour faire un modèle de l'interaction sol-structure et pour produire un déplacement
en champ libre de la surface. La comparaison de 16 cas étudiés par les deux modèles
montre une cohérence entre les résultats analytiques et numériques. Le modèle
analytique surestime les taux de transmission de la déflexion de 10-20% par rapport
au modèle numérique.
• Un déplacement et un taux de transmission de la déflexion pour ces 16 cas ont été
comparés aux solutions de Potts et Addenbrooke (1997). Pour la plupart des cas
étudiés, la cohérence entre les résultats est évidente, néanmoins certains cas
présentent des différences significatives.
• Une comparaison avec les résultats expérimentaux développés par Farrell et Mair
(2012) a été fait pour deux cas, la première pour le modèle réduit, et la deuxième
pour le prototype associé. Même si le développement d’un décollement ne se
produit pas de la même façon entre le deux modèles, le déplacement final de la
structure, dans les deux modèles, a le même ordre de grandeur. Soit pour le modèle
réduit ou pour le prototype, le déplacement dans la plaque, qui représente le
bâtiment a une différence de 0-40%, ce qui peut s’expliquer d’une part par le
déplacement du sol en terrain vierge qui n'est pas le même dans les deux approches
et d’autre part la prise en compte de la plasticité dans les travaux de Farrell et Mair
(2012).
• Une comparaison est proposée avec les résultats de Goh et Mair (2010). Cette
comparaison a montré que les solutions analytiques se situent entre les deux
solutions limites identifiées par Goh et Mair qui couvrent plusieurs études
expérimentales, numériques et des cas réels.
Les perspectives de ce travail portent sur plusieurs volets décrits ci-après :
135
sol. Refaire le modèle développé dans ce travail en prenant en compte le nouveau
modèle de Serhal 2015 est envisageable.
• Approfondir l'aspect décollement sous le bâtiment et développer le modèle en
considérant un comportement plus réaliste pour le bâtiment, surtout quand il y a un
décollement. La considération de critères de rupture du bâtiment parait nécessaire.
• Développer le modèle analytique proposé dans ce travail en considérant une
interface entre le bâtiment et le sol et en considérant une interface entre le bâtiment
et le sol pour qu’il soit plus réaliste.
• Le travail actuel considère que le bâtiment est au centre d’une cuvette. Le travail
peut être développé en considérant que le bâtiment se trouve à une certaine
distance du centre de la cuvette (mouvement du sol non symétrique).
136
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Développement d’un modèle analytique d’interaction sol-structure pour l'étude du
comportement mécanique des structures soumises à un mouvement de terrain –
influence des déformations de cisaillement et de la plasticité
145
Development of an analytical model of soil–structure interaction for studying the
mechanical behavior of structures due to ground movement - Effect of shear
deformations and plasticity
This work is a continuation of the research work conducted in the Géoressources Laboratory
and INERIS since several years. It concerns the assessment of the vulnerability of masonry
structures influenced by natural or induced ground movements. The origins of the
movement are may be, mining subsidence, tunneling, and shrinkage-swelling of clayed
ground. The objective of the thesis is to develop an analytical model to evaluate the
differential settlement of a structure in relation to the free field ground movement and given
a set of phenomena: soil-structure interaction, influence of shear deformations in the
structure and the ground, influence of non- linearities induced by the ground yielding. The
soil was modeled by Pasternak elements to take into account the influence of shear
deformations in the soil, while the building is modeled by the Euler-Bernoulli beam and by
the beam of Timoshenko. The possibility of having a gap under the building was also taken
into account. The deflection transmission ratio is then calculated and plotted according to
are lative stiffness ratio which depend on both the structure and the soil stiffness A
numerical model is also developed and results are compared with those of the analytical
model. Other results of several numerical and experimental models principally developed at
the University of Cambridge are also used for this comparison. Results show significant
consistence between all these results. This demonstrates the significance of the analytical
soil-structure model developed in this thesis.
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