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Félix PIERRON
TD : Ajustement d’un traitement thermique utilisé industriellement pour un duralium
SM243
INTRODUCTION
Le duralium, aussi appelé duralumin, duraluminium, ou encore dural, est le nom attribué à un
alliage de base aluminium (plus de 90%) complété de cuivre, de manganèse et de magnésium.
Découvert par hasard en 1908 par le scientifique allemand Alfred Wilm, cet alliage a depuis
fait ses preuves dans des domaines de haute technologie, tel que l’aéronautique (sa faible
densité et sa résistance post-traitement le rendant préférable à l’acier), l’automobile et
l’horlogerie. Le besoin important, lors de la Première Guerre Mondiale, de matériaux viables
pour la production d’avions et de zeppelins a été un élément important de son développement
rapide et des recherches à son sujet, si bien que, dès 1920, il n’était plus simplement un métal
sur lequel on effectuait des recherches mais bien une part entière de l’industrie aéronautique
de l’époque.
En effet, en fonction de s’il subit un traitement ou non, cet alliage présente des propriétés
différentes. L’alliage direct, non traité, est extrêmement ductile et malléable (limite
d’élasticité d’environ 60MPa) ne présente pas les propriétés de résistance suffisantes pour ses
utilisations dans l’aéronautique. On fait donc subir à cet alliage un traitement thermique, afin
d’augmenter sa résistance à la traction et sa dureté.
Ce traitement se fait par chauffe thermique puis par trempe : le cycle classique utilisé
industriellement se compose d’une chauffe à 495°C (à 5° près) qu’on maintient à température
pour 10 minutes, puis d’une trempe à l’eau, refroidissant ainsi brutalement à 20°C. Ce premier
processus va rendre l’alliage très malléable, on va ainsi pouvoir lui donner la forme souhaitée,
et va préparer la modification de ses propriétés. Une maturation est prévue, avant d’effectuer
un revenu à 190°C pour une période de 8 à 12h. Ce revenu va accélérer le durcissement de
l’acier pour lui donner les propriétés recherchées.
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On résume ce
cycle par le
graphique
suivant .
On étudie dans notre cas un alliage commercial à 3.2% massique de cuivre (on notera que les
alliages de duralium sont habituellement composé de 3 à 4.5% massique de cuivre, la
constitution la plus fréquente, car jugée la plus efficace pour l’aéronautique, étant de 4% de
cuivre, 0.5% de manganèse et 0.5% de magnésium). Pour faciliter l’étude ici, on considèrera
que l’alliage est composé uniquement d’aluminium et de cuivre, négligeant la présence des
autres éléments. Suite au traitement thermique, on espère obtenir, pour notre alliage, les
propriétés mécaniques minimales suivantes :
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cuivre/aluminium qui suit. On repère par un point rouge sur le graphe la position dans laquelle
se trouve notre alliage à température ambiante, avec 3,2% massique de cuivre.
A cette température (environ 300K), l’alliage se trouvera dans un équilibre diphasé de phase
α et de phase θ-Al2Cu.
MISE EN SOLUTION
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solide.
On suppose que la réaction (α + θ-Al2Cu -> α) est gouvernée par la diffusion du cuivre dans α,
le coefficient de diffusion du cuivre suivant une loin d’Arrhénius :
−𝑄
𝐷𝐶𝑢 = 𝐷0 𝑒 𝑅𝑇 avec Q = 133 kJ.𝑚𝑜𝑙 −1 et 𝐷0 = 3,67 10−5 𝑚2 . 𝑠 −1
On supposera par ailleurs que la taille des précipités θ est de l’ordre de 3µm et que leur
dissolution nécessite une distance de diffusion (DCu.t)1/2 des atomes de cuivre dans α d’environ
4µm.
On cherche alors à calculer le temps minimum que l’alliage doit passer à haute température
pour que la réaction soit terminée.
On doit donc rester au minimum 8 minutes et 5 secondes à la température du pallier pour que
la réaction puisse-t-être terminée. L’industriel fait, lui, le choix de maintenir ce pallier 10
minutes, soit une durée légèrement supérieur tout en restant cohérente, probablement pour
s’assurer de l’homogénéisation.
On remarque qu’on peut jouer sur la température du pallier pour ajuster le temps nécessaire
à la réaction. En effet, si la température augmente, le coefficient de diffusion du cuivre va, lui
aussi, augmenter, et le temps nécessaire va donc diminuer, la mise en solution est donc plus
rapide. Cependant, trop augmenter la température risquerait de faire passer dans le domaine
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biphasé α+liquide, ce qui amènerait à une brûlure de l’alliage si la solution n’est pas
homogène, ce que l’on souhaite absolument éviter. A l’inverse, diminuer la température
allonge la durée de réaction, ce qui n’est pas très intéressant en soit, d’autant qu’avec une
température plus faible, tous les précipités ne pourront pas être dissouts, en particulier les
plus gros d’entre eux ou ceux s’étant formés sur les joints de grains.
La température choisie de 495 (+/- 5)°C semble donc être un bon compromis : elle est
suffisamment élevée pour qu’on soit sûr de dissoudre tous les précipités, tout en étant
suffisamment faible pour éviter tout risque de brûlure de l’alliage.
TREMPE
Une fois l’alliage homogénéiser par mise en solution, on veut conserver cette structure et
éviter la diffusion du cuivre dans α, afin d’éviter une nouvelle précipitation de θ. Pour se faire,
on va faire subir une trempe à l’alliage : c’est-à-dire qu’on va le refroidir extrêmement
rapidement et brutalement pour éviter la formation dudit précipité et maintenir le traitement
précédent. On amène donc l’alliage à température ambiante en phase α : l’alliage n’est donc
pas à l’équilibre, si on se fie au diagramme binaire qui nous est fourni, et le cuivre est piégé
dans la phase α.
Il se trouve donc dans un état métastable.
REVENU
Avant de procéder à l’étape de revenu, on va faire subir à l’alliage une étape de
maturation (aussi appelée vieillissement, ou « aging ») : il s’agit de faire précipiter cet alliage
à température ambiante – dans le cas de l’alliage de duralumin, cela va durer 4 jours. L’alliage
va alors durcir progressivement et spontanément, et la solution solide se décompose pour
donner naissance dans le soluté aux zones de Guinier-Preston à une densité très élevée (1017
à 1018 /cm3), amenant à la précipitation.
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une droite verticale, en jaune, là où tous les critères sont remplis. On constate donc qu’une
seule température de revenu permet de remplir toutes les demandes : avec une température
de revenu de 149°C, pour une durée de revenu d’une vingtaine d’heure, on observe une
résistance mécanique de 470MPa, une limite d’élasticité de 400MPa et un allongement à la
rupture de 12%, ce qui est exactement ce que souhaite l’industriel.
Cependant, cela ne correspond pas à ce qu’on a pu observer chez l’industriel, qui effectue un
recuit de 8 à 12h à 190°C (voir le rectangle bleuté sur le graphique). Si la résistance mécanique
est bien aux alentours de 450MPa, comme recherché, la limite d’élasticité est clairement
inférieure (de l’ordre de 380MPa) et on n’a que 8% d’allongement à la rupture.
La raison du choix de ce traitement thermique en apparence moins efficace peut reposer sur
des conditions industrielles : il est parfois nécessaire de faire quelques concessions sur les
propriétés recherchées afin d’optimiser les coûts et temps de production : une durée de
production de 8 à 12h sur le revenu est préférable à un revenu de 20h ou plus au niveau de la
gestion du cycle de fonctionnement. Il est aussi à noter qu’il faut songer à l’homogénéité des
pièces : on doit choisir une température pour laquelle plusieurs dizaines de minutes de
chauffe supplémentaires ne vont pas affecter la structure des pièces. En effet, l’extérieur des
lingots sera plus longtemps soumis au revenu, car plus vite chauffé, que le cœur, ce qui peut
expliquer ce choix de température.
CONCLUSION
Si les méthodes pour faire obtenir au duralumin les propriétés souhaitées existent et sont
parfaitement réalisables, des choix économiques doivent parfois être faits.
Cependant, vu ses utilisations, cet alliage requiert une attention particulière : utilisé pour les
réservoirs à carburant de fusée ou navette, les structures d’avions ou de voiture, et en
ingénierie mécanique, entre autres. Cependant, les traitements subis dans ces conditions ne
sont pas ceux qu’on a pu étudier sur ce cas présent : on observe habituellement, après un
traitement à haute pression durant lequel l’alliage est roulé puis pressé, une trempe à 500°C
durant 4 jours, qui est une période de maturation. Ensuite seulement, le revenu à 190°C est
exercé pour donner les propriétés souhaitées.
Par ailleurs, ce traitement est généralement complété d’un traitement anti corrosion : en
effet, si l’ajout de cuivre à l’aluminium confère au duralumin ses excellentes propriétés
mécaniques, il le rend aussi particulièrement vulnérable à la corrosion et doit donc être traité
pour y faire face.
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BIBLIOGRAPHIE
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