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Imposition des Sociétés étrangères exerçant une activité au Maroc au regard

de l’I.S et de la TVA

Les Sociétés n’ayant pas leur siège social au Maroc (Sociétés étrangères) et qui y réalisent des opérations
lucratives, même occasionnelles, ou formant un cycle commercial complet sont imposables au Maroc tant à la
Taxe sur la Valeur Ajoutée « TVA » qu’à l’Impôt sur les Sociétés « IS » et ce, pour l’ensemble de leurs bénéfices
ou revenus qui ont leur source au Maroc.

C’est ainsi que les Sociétés étrangères, sous réserve des conventions internationales, sont imposables au Maroc
dès lors qu’elles y opèrent par le biais d’un « établissement stable ».

La définition de l’établissement stable est fixée par chaque convention fiscale internationale. Pratiquement toutes
les conventions internationales sont inspirées du modèle établi par l’OCDE. L’on peut donc considérer comme
établissement stable des sociétés étrangères :

- une succursale, une agence ou un bureau ;


- un chantier de construction ou de montage dont la durée dépasse six mois;
- une mine de carrière ou tout autre lieu d’extraction de ressources naturelles ;
- un bureau ou comptoir d’achats ;
- un siège de direction etc…
Sont également imposables au Maroc, les Sociétés étrangères qui utilisent le concours de représentants n’ayant
pas de personnalité professionnelle distincte ; ces intermédiaires, qui ont des liens de subordination à leur égard,
sont considérés comme de véritables préposés exerçant une activité commerciale au Maroc pour le compte de
l’Entreprise étrangère.

Par contre, n'est pas considéré comme constitutif d'un établissement stable :

- Un magasin destiné aux seules fins de stockage et d'entreposage de marchandises ou d'exposition pour le compte
de l'entreprise étrangère ainsi que pour l'achat et l'expédition de marchandises à l'entreprise en question ;

- Un bureau utilisé aux seules fins de publicité, de fourniture d'informations ou de recherche scientifique pour le
compte de l'entreprise étrangère sans que ce bureau recueille des commandes pour le compte de ladite entreprise.

1- Situation en matière d’I.S

En vertu de l’Article 18 du Dahir portant loi n° 24-86 instituant l’Impôt sur les Sociétés, les Sociétés étrangères
adjudicataires, au Maroc, de marchés de travaux de construction ou de montage ont la possibilité d’option entre :

- l’imposition de droit commun, au taux normal de 35%, qui s’applique à l’ensemble des bénéfices, revenus ou
gains de source marocaine ;
- et l’imposition forfaitaire au taux particulier de 8% sur le montant global du marché ;

Néanmoins, cette imposition forfaitaire est libératoire :


- de la retenue à la source de l’IS sur les produits des actions ou parts sociales et revenus assimilés, sur les
produits de placements à revenu fixe ainsi que sur les bénéfices des établissements des Sociétés étrangères;
- et de la retenue à la source au taux de 10% sur les rémunérations brutes perçues, par les Sociétés étrangères,
en contrepartie des prestations et services rendus à leurs clients au Maroc.
Par contre, les Sociétés étrangères restent passibles de tous autres impôts et taxes en vigueur au Maroc (TVA,
Patente, Impôts sur salaires notamment).
1.1 Imposition d'après le résultat fiscal :

L'établissement stable est soumis à l'impôt sur la base du résultat fiscal qui est déterminé selon les mêmes règles
que celles qui sont prévues pour les entités marocaines assujetties à l'IS. Toutefois, certaines règles sont
spécifiques à l'établissement stable et tiennent compte de ses particularités. Il s'agit :

- de l'acceptation de la déduction du résultat fiscal de l'établissement stable des frais de siège supportés par la
maison mère et ce dans la limite de 2% du chiffre d'affaires TTC de l'établissement en question,

- de l'acceptation de la déduction de ce résultat fiscal des frais financiers des fonds mis par le siège à la
disposition de l'établissement stable à condition que les fonds en question aient été empruntés par le siège et
sont affectés à l'établissement stable.

Par ailleurs, les bénéfices nets qui sont transférés par l'établissement stable à son siège sont passibles de la retenue
à la source de l'IS au taux de 10%.

1.2 Imposition forfaitaire :

L'établissement stable peut opter pour cette imposition au taux de 8% applicable au chiffre d'affaires.

Les Sociétés étrangères qui désirent opter pour l’imposition forfaitaire, doivent en faire la demande, soit lors du
dépôt de la déclaration d’existence (30 jours au plus tard après leur installation au Maroc), soit à l’occasion de la
conclusion de chaque marché de construction ou de montage, sachant que cette option est irrévocable durant toute
la période de l’exécution du marché.

En vertu des dispositions de l’Article 16-III de la loi, les Sociétés étrangères ayant opté pour l’imposition
forfaitaire au taux de 8% doivent s’acquitter spontanément du montant dû dans le mois qui suit celui de chaque
encaissement.

Il y a lieu préciser que dans le cas de travaux « clés en mains » réalisés par une Société étrangère, la base
imposable comprend l’ensemble des opérations effectivement réalisées au Maroc y compris le coût des matériaux
incorporés et des matériels installés, que ces « matériaux et matériels » soient fournis par la Société
adjudicataire ou pour son compte, facturés séparément ou dédouanés par le maître de l’ouvrage.

2- Situation en matière de TVA

Une Société étrangère qui importe ou fait importer au Maroc des matériels dont elle assure le montage ou
l’installation chez l’acquéreur marocain, doit acquitter la TVA, d’une part lors de l’importation de ces matériels et
d’autre part sur la vente de ces matériels montés ou installés, sous déduction évidemment de la TVA payée à
l’importation.

Il en résulte que lorsqu’un marché est conclu « clés en mains » la base imposable à la TVA est constituée par le
prix global y compris la valeur des biens d’équipement importés ou acquis localement et cédés, montés ou
installés, au maître de l’ouvrage établi au Maroc.

Par contre, si les biens sont importés par un redevable marocain et livrés en l’état, le paiement de la TVA par la
Société étrangère n’est nullement exigé dés lors que la délivrance de la marchandise est effectuée en dehors du
territoire marocain ; le paiement de la TVA incombe, dans ce cas, à l’acquéreur établi au Maroc qui a importé le
matériel dont il s’agit. Il convient de souligner que la Société étrangère, venderesse de ce matériel, ne dispose, au
Maroc, d’aucun établissement stable et que c’est à l’étranger qu’elle exerce toutes ses activités commerciales et
qu’elle paie tous ses impôts et taxes.
Il n’en est pas de même quand il s’agit de prestations de services dont le champ d’application territorial est régi
par le paragraphe 2 de l’Article 3 de la loi qui édicte « qu’une opération » est réputée faite au Maroc lorsque la
prestation fournie, le service « rendu, le droit cédé ou l’objet loué sont exploités ou utilisés au Maroc ».

En règle générale, les prestations de services sont imposables à la TVA marocaine lorsque le lieu d’utilisation du
service rendu est situé au Maroc et ce, quel que soit le domicile du prestataire ou du bénéficiaire. Il en est ainsi des
opérations d’installation ou de pose qui peuvent porter aussi bien sur des biens meubles que sur des biens
immeubles.

3- Obligations comptables des Sociétés étrangères

L’Article 34 de la loi instituant l’Impôt sur les Sociétés fait obligation aux Sociétés étrangères de tenir au lieu de
leur principal établissement marocain, la comptabilité de l’ensemble de leurs opérations effectuées au Maroc,
sachant que toutes les écritures comptables doivent être appuyées de pièces et factures justificatives.

Les Sociétés étrangères qui ont opté pour l’imposition forfaitaire doivent en outre tenir :
- un registre des encaissements des transferts ;
- un registre, visé par l’inspecteur du travail, des salaires payés au personnel marocain et étranger, y compris les
charges sociales y afférentes ;
- un registre des honoraires, commissions, courtages et autres rémunérations similaires alloués à des tiers, au
Maroc ou à l’étranger.

Par ailleurs, les Sociétés étrangères sont tenues de faire accréditer, auprès de l’Administration fiscale un
représentant, domicilié au Maroc, qui s’engage à remplir toutes les formalités leur incombant et d’acquitter les
impôts et taxes en leur lieu et place. A défaut de désignation, la taxe et le cas échéant, les pénalités qui s’y
rapportent sont dues, de plein droit, par le client au Maroc de la Société étrangère.

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