Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
De plus, comme le circuit est parcouru par un courant et plongé dans un champ magnétique, il subit des
actions de Laplace qui tendent à modifier sa vitesse de rotation. Un phénomène de couplage électromécanique
apparait donc au sein du circuit. Enfin, l'origine de l'induction étant la mise en mouvement de la bobine par un
opérateur extérieur, nous pouvons prédire que les actions de Laplace aboutiront à un freinage.
• PÙÃãÙ¦
Le paramétrage consiste à choisir un système
d'axes et à repérer le circuit mobile par rapport à
ces axes. La bobine étant en rotation autour d'un
axe fixe vertical passant par son centre O, nous
choisissons naturellement le repère cartésien (Oxyz)
d’axe (Oz) vertical ascendant. Nous choisissons (Ox)
colinéaire et de même sens que leG champ magné-
G
tique uniforme, de façon à avoir : B = B0 e x . Enfin,
nous prenons (Oy) de façon à obtenir un trièdre
direct (figure 21).
G
Introduisons ensuite la normale n à la surface Σ
s’appuyant sur le contour (C) de la bobine, orienté
arbitrairement ; ce vecteur, qui interviendra dans le
calcul du flux magnétique, permet également de
repérer la bobine dans sa rotation autour de l’axe
vertical, en posant :
G G
φ = (e x , n)
D'après la loi de Faraday, la f.é.m. induite e(t) dans le circuit à cet instant vaut :
dΦ d
e (t ) = − = − (NB0 S cos (φ)) soit : e (t ) = NB0 S sin (φ)× φ
dt dt
Comme prévu, ce flux et cette f.é.m. varient alternativement, en supposant bien entendu que la bobine
effectue plusieurs tours avant de s'arrêter.
En notant J le moment d’inertie de la bobine par rapport à (Oz), le théorème du moment cinétique par rapport
à cet axe conduit finalement à l'équation du mouvement suivante :
Jφ
= M(Poids
Oz )
+ M(Liaison
Oz )
+ M(LOz ) ⇒ (t ) = −NSB0 i (t ) sin φ (t )
Jφ
N
0 0
Le courant i n'étant pas constant, ni même de signe fixe, cette équation ne peut plus être analysée
comme au § 2.2 du chapitre 26 où le sens de i était imposé par un générateur extérieur ; en particulier,
l'équilibre de la bobine ne correspond plus nécessairement à φ = 0 ou φ = π.
⎧
⎪ (R + r ) i = NB0 S sin(φ)× φ
⎡⎢équation 1⎤⎥
⎪ ⎣ ⎦
⎨
⎪
⎪ = −NSB0 i sin φ
Jφ ⎡⎢équation 2⎤⎥
⎪
⎩ ⎣ ⎦
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1151
Le cours
1 2 J (R + r )
⇒ φ
+ sin (φ) φ = 0 avec τ=
τ (NB0 S )
2
Contrairement à la situation rencontrée avec le rail de Laplace, l'équation différentielle découplée sur φ est ici
non linéaire et ne peut pas être intégrée analytiquement. Le graphe de φ en fonction de la variable adimen-
sionnée t/τ peut néanmoins s'obtenir par résolution numérique (figures 24.a et 24.b) ; il est également possible
d'obtenir numériquement le graphe de i/i0 en fonction de t/τ en introduisant un courant i0 typique du pro-
blème, d'expression i0 = (NB0 S ) ((R + r ) τ ) (figures 24.c et 24.d).
Pour résoudre numériquement l’équation différentielle sur φ(t) sans donner une valeur numérique
particulière au temps τ qui apparaît, nous l’avons « adimensionnée » en posant u = t/τ et en remplaçant
les dérivées de φ par rapport à t par des dérivées par rapport à u :
d 2φ 1 2 dφ t = u×τ d 2φ 1 1 2 dφ 1 d 2φ dφ
+ sin (φ) =0 ⎯⎯⎯⎯⎯ → × + sin (φ) × =0 ⇒ + sin2 (φ) =0
dt 2 τ dt du2 τ 2 τ du τ du 2
du
La fonction φ étant sans dimension, l'équation obtenue ne fait intervenir que des grandeurs sans dimen-
sion. Sa résolution numérique fournit le graphe de φ en fonction de t/τ qui est utilisable pour caractériser
le système quelles que soient les valeurs des différents paramètres du problème (N,S,B0 etc...).
dφ dφ 1 NB0S dφ
(R + r ) i = NB0S sin(φ)× dt = NB0S sin(φ)× × soit : i= sin(φ)
du τ (R + r ) τ du
i dφ NB0 S
Nous obtenons : = sin(φ) avec i0 =
i0 du (R + r ) τ
Il apparait alors naturellement un courant i0 typique du problème et un « courant adimensionné » i/i0
dont le graphe s'obtient numériquement à partir de la solution φ(u) calculée précédemment. Une fois
encore, l'allure du courant est ainsi déterminée quelles que soient les valeurs des différents paramètres du
problème.
Enfin, en l'absence de résolution numérique, il est tout de même possible de déterminer l'angle φf dont
tourne la bobine avant de s'arrêter, en fonction de φ0 et ω0 ; réécrivons pour cela l'équation différentielle
en fonction de φ et ω = φ , en veillant à ne garder que des dérivées premières par rapport à t, puis
simplifions par dt et séparons les variables φ et ω :
dω 1 2 dφ 1
+ sin (φ) =0 ⇒ dω = − sin2 (φ) dφ
dt τ dt τ
Nous pouvons alors intégrer à variables séparées entre l'instant initial (φ = φ0 ; ω = ω0) et l'instant final
marquant l'arrêt de la bobine (φ = φf ; ω = 0) :
φ φ
1 1 − cos (2φ)
0 φ
1 1 ⎡ ⎤ f
⎢φ − 1 sin(2φ)⎥
f f
∫ dω = ∫ − sin2 (φ) dφ = − ∫ dφ ⇒ − ω0 = −
τ τφ 2 2τ ⎢ 2 ⎥
ω0 φ0 0
⎣ ⎦ φ0
1
Ainsi, en supposant pour alléger que φ0 = 0, il vient : φf − sin(2φf ) = −2τω0
2
≥ 0 ∀φ
J (R + r )
Ces résultats montrent également que le temps caractéristique d'évolution de la bobine est τ = 2 .
(NB0 S)
En effet, la durée nécessaire à son immobilisation varie selon les conditions initiales mais reste toujours de
l'ordre de quelques τ. Ainsi, d'après l'expression de τ, nous constatons de nouveau que pour obtenir un
freinage rapide, c'est-à-dire des effets induits importants, il faut un champ magnétique intense et un circuit de
grande taille, de faible résistance et de faible inertie (compte tenu de la rotation, c'est ici le paramètre J qui
caractérise l'inertie du circuit mobile).
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1153
Le cours
De même, il n’est pas nécessaire de résoudre numériquement pour affirmer que le temps caractéristique
d’évolution est τ : en effet, à partir du moment où τ est l'unique durée figurant dans l'équation différen-
tielle, l'évolution temporelle décrite par cette équation ne peut se faire qu'avec une durée caractéristique
égale à τ. La signification exacte de cette durée dépend en revanche du problème étudié : pour un
système dissipatif comme celui que nous étudions ici, τ est le temps caractéristique de retour à l’équilibre,
tandis que pour un système non dissipatif oscillant, τ est la période typique des oscillations. La situation
est bien entendu plus complexe si deux durées apparaissent dans l'équation différentielle, l'une pouvant
représenter une période et l'autre un temps d’amortissement.
Comme nous l’avons fait pour le dispositif du rail de Laplace, nous pourrions tout à fait envisager de reprendre
cette bobine dans une configuration « avec générateur » et sans mouvement initial, comme celle envisagée au
§ 1.1 du chapitre 26. Nous obtiendrions alors naturellement des actions de Laplace motrice, et non résistantes,
ainsi qu’une f.é.m. induite en opposition sur celle du générateur.
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1155
Le cours
×i
(R + r ) i (t ) = e (t ) ⎯⎯⎯ → (R + r ) i 2 (t ) = e (t )×i (t )
Raisonnons pour le moment de manière purement électrocinétique et interprétons chaque terme :
• (R+r)i2, terme positif, est la puissance électrique reçue par les résistances du circuit équivalent ; il rend compte
de la dissipation d’énergie par effet Joule dans l'ensemble du circuit, c’est-à-dire de la conversion irréversible
d’énergie électrique en énergie interne lors du processus de conduction du courant électrique.
• e × i est la puissance électrique algébriquement fournie au circuit par la f.é.m. induite (fléchée en convention
générateur) ; e et i étant tous deux négatifs à tout instant (voyez leurs expressions à la page précédente), elle
est constamment positive, ce qui n'est pas étonnant car, en l'absence de générateur réel dans le circuit, c'est
cette f.é.m. induite qui est responsable de l'apparition du courant : elle transmet donc logiquement de
l'énergie électrique au circuit.
• Enfin, l’égalité des deux termes signifie simplement que, en l’absence de dipôles plus complexes dans le
circuit (condensateur, bobine, générateur réel...), l’énergie électrique fournie par la f.é.m. induite est intégrale-
ment convertie en énergie interne par effet Joule.
Il reste toutefois une question importante en suspens : d’où vient l'énergie électrique fournie au circuit par la
f.é.m. induite ? En d'autres termes, quelle forme d'énergie a été convertie en énergie électrique par la f.é.m. ?
Cette f.é.m. n'étant qu'un dipôle modèle introduit pour rendre compte du phénomène d’induction, il ne s’agit
pas d’énergie chimique comme pour un pile électrochimique, ni d’énergie électrique prélevée au réseau EDF
comme pour un GBF utilisé en laboratoire. Pourrait-il s’agir d’énergie magnétique puisée dans le champ
magnétique extérieur qui baigne le circuit ?
Cette interprétation est naturelle car, au chapitre 27, nous nous étions posé la même question et avions
abouti à la conclusion que le phénomène d’induction au sein d'un circuit fixe plongé dans un champ
magnétique variable assure une conversion d’énergie magnétique en énergie électrique : dans une telle
configuration, l’énergie électrique prélevée (ou fournie) au circuit par la f.é.m. induite correspondait à un
stockage (ou à un « déstockage ») d’énergie magnétique lié à une augmentation (ou à une diminution)
du champ magnétique dans l'espace autour du circuit.
À l’évidence, cette interprétation ne peut pas convenir ici car le champ magnétique à l'origine de l'induction est
stationnaire : il reste constant au cours du temps en tout point de l'espace, et l'énergie qui lui est associée est
donc également indépendante du temps. Une conversion d'énergie magnétique en énergie électrique est donc
exclue ! Or, en explicitant la f.é.m., nous constatons que cette puissance dépend de la vitesse de la tige :
e (t )× i (t ) = −B0 l v (t )× i (t )
Y aurait-il un lien entre cette puissance et l'énergie mécanique de la tige ? C’est ce que nous allons approfondir
maintenant en effectuant un bilan d'énergie mécanique.
dv ×v d ⎛⎜ 1 ⎞ d
m (t ) = FxL (t ) ⎜⎜ mv (t )⎟⎟⎟⎟ = Fx (t )×v (t ) soit : (E ) = FxL ×v = P L
2 L
⎯⎯⎯ →
dt dt ⎝ 2 ⎠ dt c
dEc 1 G 1 G G
= P ext = P L + P poids + P contact = P L avec Ec = mv G2 = mv 2 et P L = F L ⋅ v G = FxL ×v
dt 2 2
Or, nous savons que la vitesse de la tige diminue avec t selon la loi v(t) = v0 exp(-t/τ) ; ce bilan énergétique
s'interprète donc très simplement : l’énergie mécanique de la tige, qui se réduit ici à son énergie cinétique, n’est
pas conservée mais décroit au cours du temps du fait de la puissance résistante des actions de Laplace ; en
d’autres termes, l’opérateur qui lance la tige lui fournit de l’énergie mécanique à l’instant initial, puis les actions
de Laplace la freinent et « dissipent » en quelque sorte cette énergie.
Mais une fois de plus, une question importante reste en suspens : que devient cette énergie mécanique
« dissipée » ? En quelle autre forme d’énergie est-elle convertie ? Comme nous l’avons fait remarquer plus haut,
il ne peut pas s'agir d’une conversion en énergie magnétique car le champ magnétique est stationnaire. S’agit-il
d'une conversion directe en énergie interne, comme le ferait une force de frottement ? L’expression détaillée de
la puissance P L va nous montrer qu’il n'en est rien...
P L (t ) = FxL (t )× v (t ) = i (t ) B0 l ×v (t )
⇒ P L (t ) = −e (t )× i (t )
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1157
Le cours
• Mais vous pouvez aussi affirmer la conversion intégrale de l’énergie mécanique initiale en énergie électrique
via les actions de Laplace et la f.é.m. d’induction. Le circuit étant purement résistif, l’énergie électrique est elle-
même intégralement dissipée par effet Joule (c'est-à-dire convertie en énergie interne) et il vient donc in fine :
1
E J = Ec , initiale = mv 02
2
Vous obtenez ainsi la réponse à la question posée sans aucun calcul !
U U m (R + r )
Leurs solutions s'écrivent : v (t ) =
B0l
(1− e−t τ ) et i (t ) =
R+r
e −t τ avec : τ = 2
(B0l )
Compte tenu des nombreux points communs entre ce dispositif et le précédent, nous allons aborder son étude
énergétique sous forme d'un exercice.
1. En effectuant un bilan d'énergie électrique, décrire les transferts énergétiques mis en jeu au sein du
circuit électrique équivalent. La f.é.m. induite est-elle génératrice dans le circuit ?
2. En effectuant un bilan d'énergie mécanique, décrire les actions motrices et résistantes lors de la mise en
mouvement de la tige. On étudiera en particulier les actions de Laplace.
3. Analyser le lien entre ces deux bilans et vérifier que l’induction réalise une conversion de puissance
électromécanique au sein du circuit. Comparer à la configuration du rail de Laplace « sans générateur ».
• (R+r) i2 est la puissance, toujours positive, reçue par les résistances du circuit électrique équivalent. Elle
représente la puissance dissipée par effet Joule dans l'ensemble du circuit.
• U i est la puissance électrique algébriquement fournie au circuit par le générateur. Le courant i étant positif à
tout instant, cette puissance est constamment positive, ce qui est logique : c'est ce générateur qui est
responsable du passage du courant dans le circuit et qui transmet donc de l'énergie aux autres dipôles.
• e i est la puissance électrique algébriquement fournie au circuit par la f.é.m. induite (fléchée en convention
générateur) ; contrairement au cas du dispositif « sans générateur », e et i sont ici de signes opposés à tout
instant et cette puissance est constamment négative ; cela signifie que la f.é.m. induite est en opposition sur
le générateur réel et prélève de l’énergie électrique au circuit.
• En conclusion, l’égalité U i = (R+r) i2 − e i assure la conservation de l'énergie électrique en affirmant que la
puissance U i fournie par le générateur réel se retrouve intégralement dans la puissance dissipée par effet
Joule (terme (R+r) i2) et dans la puissance prélevée par la f.é.m. induite (terme − e i ).
2. En multipliant par v l'équation mécanique rappelée ci-dessus, nous obtenons l'équivalent du théorème de
l’énergie cinétique :
dv ×v d ⎛⎜ 1 ⎞ d
m = FxL ⎜ mv ⎟⎟⎟⎟ = Fx ×v soit : (E ) = FxLv = P L
2 L
⎯⎯⎯ →
dt dt ⎜⎝ 2 ⎠ dt c
Ainsi, la puissance motrice fournie à la tige par les actions de Laplace est exactement la puissance électrique
prélevée au circuit par la f.é.m. induite. Comme dans l'exemple précédent, l'induction réalise une parfaite
conversion de puissance électromécanique ; toutefois, alors que la configuration « sans générateur » donne
lieu à une conversion de puissance mécanique en puissance électrique, il s'agit ici d'une conversion de puis-
sance électrique en puissance mécanique. La conversion est donc possible dans les deux sens !
Dans les deux exemples que nous venons d'étudier, la conversion de puissance se fait à tout instant dans
un sens ou dans l'autre. Toutefois, il existe des circuits oscillants où P L change alternativement de signe et
où la conversion de puissance se fait alternativement dans les deux sens.
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1159
Le cours
Dans toutes les situations où un circuit mobile est plongé dans un champ magnétique stationnaire, le
circuit est le siège d'une conversion de puissance électromécanique. En effet, le bilan énergétique conduit
à tout instant à la loi :
P L (t ) = −e (t )× i (t )
Cette loi indique que la puissance mécanique algébriquement fournie au circuit par les actions de Laplace
est l'exact opposé de la puissance électrique algébriquement fournie au circuit par la f.é.m. induite.
• Si P L = − e i < 0, les actions de Laplace sont motrices tandis que la f.é.m. induite prélève de l'énergie
électrique au circuit : il y a conversion de puissance électrique en puissance mécanique.
• Si P L = − e i > 0, les actions de Laplace sont résistantes tandis que la f.é.m. induite fournit de l'énergie
électrique au circuit : il y a conversion de puissance mécanique en puissance électrique.
L'existence d'un phénomène physique offrant la possibilité d'une conversion de puissance électromécanique
parfaite, est d'un intérêt colossal en termes d'applications technologiques ! Concernant la conversion d'énergie
électrique en énergie mécanique, on pense immédiatement au moteur électrique, mais aussi au haut-parleur
qui permet d'émettre un son à partir d'un signal électrique ; quant à la conversion d'énergie mécanique en
énergie électrique, on peut penser à des systèmes de freinage, des générateurs de courant ou, dans le domaine
du son, au microphone et à la guitare électrique. Nous allons donc tout naturellement conclure ce chapitre en
abordant quelques unes de ces applications qui sont devenues essentielles à notre vie quotidienne.
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1161
Le cours
• AÖÖ½®ã®ÊÄ ç ®ÝÖÊݮ㮥
Le dispositif de la figure 26 peut ainsi être mis à
profit pour freiner efficacement un véhicule ou une
machine tournante ; il suffit de fixer le disque de
cuivre sur l'axe de rotation des roues du véhicule ou
du rotor de la machine, et l'électroaimant sur le
châssis du véhicule ou le stator de la machine : le
freinage est alors obtenu en mettant l'électroaimant
sous tension (figure 28). L'intérêt de ce dispositif
par rapport à des disques de frein usuels réside
dans l'absence quasi totale d'usure, le freinage se
faisant sans contact et donc sans abrasion ! En
revanche, il n'est efficace que si la vitesse de
rotation est élevée, comme lors d'un freinage
d'urgence, et ne peut pas être utilisé comme « frein
à main » pour bloquer un véhicule à l'arrêt.
• PÙ®Ä®Ö ¥ÊÄã®ÊÄÄÃÄã
Considérons une tige mobile posée sur un rail de Laplace avec générateur, formant un dispositif semblable à
celui étudié au § 2.2, mais avec les trois spécificités suivantes (figure 29) :
• La f.é.m. u (t) du générateur est oscillante (et non continue) ;
• La tige, mobile le long du rail, est liée à l'extrémité d'un ressort horizontal initialement au repos ;
• Enfin, la tige est solidaire d'une membrane ayant une surface suffisante pour créer une onde sonore dans l'air
lorsqu'elle vibre. On dit que la membrane « rayonne » l’onde sonore.
Le dispositif étudié est celui schématisé sur la figure 29. Ses caractéristiques sont les suivantes :
• Le générateur alimentant le rail possède une f.é.m. sinusoïdale u(t) = Umcos(ωt) et une résistance interne R.
• Le rail est formé de deux barres métalliques parallèles, distantes d'une longueur l, chacune de résistance
négligeable devant R.
• La tige est de longueur légèrement supérieure à l, de résistance r et de masse m très supérieure à celle de
la membrane. Elle est mobile sans frottements de contact sur le rail mais subit, du fait de la friction de l'air
G
sur la membrane dont elle est solidaire, l'équivalent d'une force de frottement fluide s'écrivant − h v ; h est
un coefficient positif qui dépend de la forme et de la taille de la membrane.
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1163
Le cours
• La tige est également attachée, en son barycentre, à un ressort est de raideur k. Ce barycentre est repéré
par son abscisse x le long du rail, supposée nulle lorsque le ressort est au repos.
• Le champ magnétique, créé par un aimant permanent, est stationnaire et approximativement uniforme, de
norme B0 et dirigé verticalement vers le bas.
1. Déterminer le système d'équations électromécaniques régissant ce dispositif. On prendra en compte l’auto
-induction au sein de l’ensemble du circuit, dont l’inductance propre sera notée L.
2. En utilisant la notation complexe, montrer qu'en régime permanent sinusoïdal, la vitesse de la tige et la
f.é.m. du générateur sont liées par une relation de la forme :
v α
=− 2
u α + (R + r + jLω)(h + j (mω − k ω))
1. L’équation électrique s’obtient à partir du circuit électrique équivalent au dispositif qui, outre le générateur,
contient trois dipôles modélisant les phénomènes électromagnétiques mis en jeu : une résistance r associée à
la résistivité de la tige (la contribution du rail est négligée), une f.é.m. e associée à l’induction qui nait du
mouvement de la tige dans le champ de l'aimant permanent, et une inductance L rendant compte de l’auto-
induction au sein du circuit (figure 30.a). La f.é.m. induite se calcule en utilisant la loi de Faraday, puis la loi des
mailles dans le circuit équivalent fournit l’équation électrique ; nous obtenons :
di
(R + r ) i (t ) + L dt (t ) = u (t ) + e (t )
G
dΦ Σ (B0 )
avec : e (t ) = − = −B0 l x (t )
dt
⊥ ux
La notation x est pratique pour noter dx/dt mais nous nous gardons bien de l’appliquer au courant i car il
existerait un gros risque de confusion entre le point de la lettre i et le point de dérivation temporelle.
Ce système d’équations est linéaire, ce qui justifie en particulier l’existence d'un régime permanent sinusoïdal
de pulsation ω dans le cas où la f.é.m. du générateur est elle-même sinusoïdale de pulsation ω.
2. Dans le cadre d'un régime permanent sinusoïdal de pulsation ω et en introduisant les amplitudes complexes
u, i et v de la f.é.m., du courant et de la vitesse, ce système d’équation devient :
⎧
⎪ (R + r + jLω) i = u − B0 l v ⎡⎢équation 1⎤⎥
⎪
⎪ ⎣ ⎦
⎪
⎨
⎪ v ⎡⎢équation 2⎤⎥
⎪ m jωv = i l B0 − hv − k
⎪ ⎣ ⎦
⎪
⎩ jω
v l B0
⇒ =
u B02 l 2 + (R + r + jLω) (h + j (mω − k ω))
Nous obtenons bien l'expression attendue avec α = B0l . Puis, dans l'hypothèse où Lω ≪ (R + r), il vient :
v l B0
≈ 2 2
u B0 l + (R + r ) h + j (R + r )(mω − k ω)
l B0 l B0 Um
Vm = v ≈ ×u ⇒ Vm ≈
B02 l 2 + (R + r ) h + j (R + r )(mω − k ω) 2
(B l + (R + r ) h) + (R + r ) (mω − k ω)
2 2 2 2
0
Vm dépend donc de la fréquence. Une rapide analyse asymptotique de la formule nous montre que la vitesse
oscille avec une amplitude très faible à basse et haute fréquence (Vm → 0 lorsque ω → 0 et ω → ∞) et présente
une résonance à la pulsation ω0 = k m .
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1165
Le cours
• B®½Ä ’ÄÙ¦®
Poursuivons notre étude en effectuant un bilan énergétique du fonctionnement du haut-parleur à partir du
système d'équations couplées obtenu à la question 1 de l'exercice 4 ; ces deux équations, qui régissent
respectivement le fonctionnement électrique et le fonctionnement mécanique du dispositif, sont les suivantes :
⎧
⎪ (R + r ) i + L di = u + e = u − B l x
⎪
⎪ ⎡⎢équation 1 / équation électrique⎤⎥
⎪
⎨ dt 0 ⎣ ⎦
⎪
⎪ ⎡⎢équation 2 / équation mécanique⎤⎥
⎪ m x = Fx − hx − kx = i l B0 − hx − kx
L
⎣ ⎦
⎪
⎩
• Pour obtenir un bilan de puissance mécanique, multiplions par la vitesse v l’équation mécanique, de façon à
retrouver le théorème de la puissance cinétique :
dv × (v = x ) d ⎛⎜ 1 ⎞ d ⎛1 2 ⎞
m = FxL − hv − kx ⎜ mv ⎟⎟⎟⎟ = Fx v − hv − ⎜⎜⎜ kx ⎟⎟⎟⎟
2 L 2
⎯⎯⎯⎯⎯ → ⎜
dt dt ⎝ 2 ⎠ dt ⎝ 2 ⎠
En notant P L la puissance des actions de Laplace, nous obtenons :
d
P L = FxLv = (E + Epélastique ) + hv 2
dt c
avec P L = i l B0 x
Ce bilan nous montre que, d’un point de vue purement mécanique, l’énergie fournie à la tige par les actions
de Laplace (qui sont à l’origine de sa mise en mouvement) se retrouve intégralement dans son énergie
mécanique (constituée de son énergie cinétique et de son énergie potentielle élastique, associée à l'action du
ressort) et dans l’énergie dissipée par la force de frottement fluide.
• Pour obtenir un bilan instantané de puissance électrique et mettre en évidence le couplage électroméca-
nique, multiplions maintenant par i l'équation électrique rappelée ci-dessus :
di ×i d ⎛1 ⎞
(R + r ) i + L dt = u+e ⎯⎯⎯ → (R + r ) i 2 + dt ⎜⎜⎜ 2 Li 2 ⎟⎟⎟⎟ = ui + ei
⎝ ⎠
d ⎛⎜ 1 2 ⎞⎟
⇒ ui = (R + r ) i 2 + ⎜ Li ⎟ − ei avec − ei = B0 l x i = P L
dt ⎜⎝ 2 ⎠⎟⎟
Ce bilan traduit donc la conservation de l'énergie électrique en affirmant que l'énergie fournie par le généra-
teur se retrouve intégralement dans l'énergie dissipée par effet Joule, l'énergie stockée sous forme magné-
tique du fait du champ propre du circuit et enfin l'énergie prélevée par la f.é.m. induite associée au champ
externe créé par l'aimant, qui est convertie en énergie mécanique.
d ⎛⎜ 1 2 élastique ⎟
⎞
ui = ⎜⎜ Li + Ec + E p ⎟ + (R + r ) i 2 + hv 2
⎟
dt ⎝ 2 ⎠⎟
Il apparait ainsi clairement que l'énergie fournie au dispositif par le générateur sert d'une part à augmenter les
diverses formes d'énergie du système (cinétique, potentielle élastique et magnétique « propre ») et, d'autre
part, à « nourrir » les phénomènes dissipatifs (effet Joule et frottements fluides).
Qu'en est-il pour le haut-parleur ? C'est évidemment la puissance fournie par le générateur qui permet le
fonctionnement, et nous avons donc : Pcoûteuse = u i . Par ailleurs, l'intérêt du haut-parleur est d'émettre un son,
et c'est donc la puissance sonore émise par la membrane qui constitue la puissance utile.
Bien que cette puissance sonore ne semble pas intervenir pas dans les équations énergétiques, il existe bel et
bien dans notre modèle de haut-parleur un élément qui rend compte du rayonnement de l'onde sonore : il
s'agit de la force de frottement fluide associée au couplage entre la membrane et l'air extérieur ; rappelons que
la membrane génère le son en mettant les couches d'air en mouvement et que, réciproquement, ces couches
d'air freinent son oscillation. Ainsi, nous pouvons raisonnablement supposer que la puissance sonore émise par
le haut-parleur est égale à la puissance dissipée par la force de frottement fluide qui s'exerce sur l'ensemble de
la tige et de la membrane : Putile ≈ hv2.
hv 2
Nous aboutissons donc à l’expression suivante : η =
ui
Pour évaluer ce rapport, il nous faut prendre la moyenne de l'équation énergétique obtenue ci-dessus :
d ⎛⎜ 1 2 ⎞
élastique ⎟
ui = ⎜ Li + Ec + E p ⎟⎟ + (R + r ) i 2 + hv 2
⎜
dt ⎝ 2 ⎟⎠
Or, la valeur moyenne de la dérivée d’une fonction périodique quelconque E est toujours nulle, comme le
montre le calcul suivant :
dE
T T
1 dE 1 E (T ) − E (0)
dt
= ∫
T 0 dt
dt = ∫ dE =
T 0 T
=0
T
d ⎛⎜ 1 2 élastique ⎟
⎞
Ainsi, pour le haut-parleur : ⎜⎜ Li + Ec + E p ⎟⎟ =0 .
dt ⎝ 2 ⎟⎠
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1167
Le cours
Cela signifie que les diverses formes d'énergie du système oscillent, mais ne varient pas en moyenne ; par
conséquent, la puissance moyenne fournie par le générateur est entièrement dissipée par l'effet Joule et par le
frottement fluide qui modélise le rayonnement de l'onde sonore :
ui = (R + r ) i 2 + hv 2
hv 2
Nous aboutissons finalement à une expression plus parlante du rendement : η=
(R + r ) i 2 + hv 2
Afin de maximiser le rendement, il faut donc s'assurer qu'il y ait peu d'effet Joule et un fort de couplage entre
la membrane et l'air extérieur (ce qui correspond à un fort coefficient h).
Les rendements typiques des haut-parleurs ne dépassent pas 2,5% (0,15% en Hi-Fi).
Ces caractéristiques du haut-parleur réel, schématisé sur la figure 32, expliquent rétrospectivement deux
des choix opérés lors de sa modélisation par une tige en mouvement sur un rail de Laplace :
• En premier lieu, la présence d’un bobinage ne permet pas de négliger l’auto-induction au sein d’un
haut-parleur réel : c’est pourquoi nous avons pris en compte l’inductance propre L du circuit dans son
schéma électrique équivalent (figure 30.a dans l’exercice 4), alors que cette inductance est en général
négligée dans un dispositif peu bobiné comme celui du rail de Laplace.
• En second lieu, lors du mouvement de translation de l’attelage mobile formé de la bobine cylindrique et
la membrane, les actions exercées par la suspension et le spider sont équivalentes à celles d’un ressort
placé entre l’aimant et l’attelage : cela explique la présence du ressort dans le modèle simplifié.
En approfondissant, nous pouvons vérifier que les équations obtenues lors de l’étude du dispositif idéalisé (rail
de Laplace) se transposent au haut parleur réel :
• Intéressons-nous d’abord à l’équation mécanique. En tout point de la bobine le champ magnétique, de
norme B0 constante, est radial et orthogonal au fil électrique (figure 33). L’élément de circuit est orthoradial,
de sorte que les actions de Laplace élémentaires sur la bobine sont donc toutes dirigées selon l'axe (Oz) :
G G G G G G G
FL = ∫ i dlP ∧ B (P) = ∫ i dlP eθ ∧ B0 er ⇒ FL = ∫ i dlP B0 ez
P ∈ fil P ∈ fil P ∈ fil
m
z = FzL − hz − kz = i ltot B0 − hz − kz
• Venons-en maintenant à l’équation électrique. Hormis sa géométrie et la présence d’un bobinage à la place
de la tige, le circuit contient les mêmes dipôles réels et modèles que ceux du circuit simplifié : résistance R et r
du générateur et de la bobine, inductance L de la bobine et f.é.m. induite e associée au mouvement de la
bobine dans le champ stationnaire de l'aimant torique. L’équation électrique est donc toujours de la forme :
di
(R + r ) i + L dt = u + e
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1169
Le cours
Il nous reste à exprimer la f.é.m. induite e. Vous constaterez sans peine que le calcul direct par la loi de
Faraday n'est pas réalisable dans cette géométrie car nous sommes incapables de calculer le flux magnétique
à travers le circuit. En revanche, la puissance P L des actions de Laplace est facilement calculable et nous
pouvons en déduire astucieusement e en utilisant la propriété fondamentale énoncée au §3.4 : « la puissance
électrique reçue par le circuit, via la f.é.m. induite, est opposée à la puissance des actions de Laplace » :
G
G G ⎧⎪F L = i l B eG
Le calcul de P L donne : P L = F L ⋅ v G avec ⎪⎨ G tot 0 z
G ⇒ P L = i ltot B0 z
⎪⎪v G = z ez
⎩
Nous n'avons cessé de vérifier sur divers exemples la loi : e i = − P L . Vous avez ici un bel exemple de
situation où cette loi peut être judicieusement utilisée pour déterminer une grandeur inconnue, en
l'occurrence la f.é.m. induite e.
Replacée dans l’équation électrique, cette f.é.m. induite conduit à une relation semblable à celle à du modèle
simplifié, à condition de substituer la longueur l de la tige par la longueur totale de fil du bobinage ltot :
di
(R + r ) i + L dt = u − B0 ltot z
Le dispositif réel est ainsi parfaitement équivalent, tant du point de vue mécanique que du point électrique, au
modèle idéalisé utilisant la géométrie du rail de Laplace.
Les haut-parleurs fonctionnant grâce au phénomène d'induction sont dits électrodynamiques ; ce sont
les plus nombreux sur le marché et ces sont eux qui constituent les enceintes audio usuelles. Toutefois, il
existe d'autres principes physiques permettant de réaliser la conversion électromécanique : on trouve
ainsi des haut-parleurs piézoélectriques (utilisés dans les alarmes et les sirènes) ou encore des haut-
parleurs électrostatiques (utilisés dans les interphones d'immeubles), dont les caractéristiques diffèrent
des précédents.
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1171
Le cours
• Le fonctionnement est obtenu en faisant passer un courant électrique depuis le centre du rotor vers sa
périphérie, le long de la tige OA, grâce à un générateur continu situé dans un boitier de commande extérieur
au stator. La connexion électrique entre les éléments conducteurs du rotor et le circuit extérieur est assurée
par deux « balais » en carbone situés, l’un en O, l’autre en un point S en contact avec la périphérie (figure 35).
Ces balais sont conçus pour permettent le passage du courant tout en minimisant la friction.
• Enfin, il faut adapter le système de connexion. En effet, maintenant que les polarités des aimants sont
alternées, un rayon en rotation se retrouve plongé dans un champ dont le sens alterne régulièrement au
cours du temps. Comment faire en sorte que, malgré tout, le moment résultant des actions de Laplace sur ce
rayon reste toujours dans le même sens ? La solution, que nous ne détaillerons pas ici, consiste à renverser le
sens du courant qui traverse le rayon à chaque fois que celui-ci « change d’aimant », c’est-à-dire à réaliser un
système de commutation périodique du courant synchronisé avec la rotation !
Induction au sein d’un circuit mobile dans un champ magnétique stationnaire ∙ 1173