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RELECTURE DE LA NOTION DE TEMPERAMENT

EN MINE A CIEL OUVERT

Par : Jean pierre Mwamba Ngoy


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Introduction

La littérature portée sur la notion de tempérament en


mine à ciel ouvert est très rare à travers le monde.
Deux auteurs en ont fait allusion cependant. Il s’agit de :
- Kamulete M. Nsesu dans ses cours inédits
d’exploitation des mines à ciel ouvert et de projet des
mines à ciel ouvert.

- Tshibangu K. dans son cours d’exploitation des


ressources minérales.

Ces deux auteurs en ont parlé de manière laconique et


sans détails sur la façon dont on utilise les formules de
tempérament pour permettre une quelconque
appréciation sur la conduite de l’exploitation .

Dans cette relecture, nous essayons de donner plus


de précisions et compléter les formules de
tempérament en vue d’une comparaison rationnelle
aboutissant à un jugement objectif de la conduite d’une
mine à ciel ouvert par rapport au projet.

I. Définition
Le tempérament est un paramètre technique utilisé en
mine à ciel ouvert, qui est défini comme étant le quotient
du rapport entre le volume total des matériaux et les
tonnes de minerais contenus. Il est généralement
symbolisé par « ».
3

(m3/t)

Vtot : volume total des matériaux


Tmin : tonnes de minerais
II. Importance de la notion de tempérament

La notion de tempérament trouve son importance dans


l’évaluation de la conduite des travaux d’excavations à un
moment donné par rapport à la ligne directrice fixée par la
droite de tempérament déterminée lors de l’élaboration du
design d’un projet d’exploitation à ciel ouvert.

III. Typologie

En tenant compte du design d’un projet d’exploitation


d’une mine à ciel ouvert et de l’évolution concrète des travaux
d’excavations au fil du temps, nous distinguons les types de
tempérament ci-après :
1. Tempérament global ( )
C’est un tempérament défini après avoir inventorié et
quantifié la globalité des matériaux (stérile et minerai) contenus
dans les limites d’un projet d’exploitation à partir de son
design.
2. Tempérament instantané ( )
Il est intermédiaire et sa valeur est calculée sur base des
matériaux (stérile et minerai) sortis dans la mine à ciel ouvert à
un instant donné de son évolution partant du début des
excavations.
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3. Tempérament limite ( )
Il s’agit du tempérament instantané obtenu à la limite
de rentabilité d’une mine à ciel ouvert, c'est-à-dire ; lorsque le
coût de revient total de la tonne métal produite devient égal au
prix de vente d’une tonne de ce métal sur le marché
international des métaux. En effet, le coût de revient total est
constitué des coûts des opérations technologiques en mine,
des coûts des traitements minéralurgique et métallurgique, des
coûts de transport, de mise sur le marché et divers. Ce
tempérament fixe théoriquement le seuil de rentabilité des
phases d’exploitation au fur et à mesure de
l’approfondissement et/ou l’élargissement de la mine à ciel
ouvert.

IV. Droite de tempérament et séquences


d’exploitation

IV.1 Droite de tempérament

Le tempérament d’une mine à ciel ouvert est un état qui peut


être représenté par un point dans un système d’axes dont les
coordonnées sont : en abscisse les tonnes de minerais et en
ordonnée le volume total de matériaux. L’état initial étant le
début des excavations dans le projet, il est donc représenté
dans le système d’axes par l’origine. Le point indiquant le
tempérament est étroitement lié au temps. Il représente le
volume total et la quantité de minerais sortis du projet partant
du début des excavations jusqu’à l’instant considéré. Lorsqu’on
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relie dans le système d’axes les deux points (origine et point


représentant le tempérament) on obtient une droite qu’on
appelle droite de tempérament. Quand le point représentant
le tempérament a pour coordonnées le volume total des
matériaux (stériles et minerais) contenus dans l’ensemble du
projet et le tonnage total de minerais contenus dans les limites
du projet, la droite correspondante représente la droite de
tempérament global du projet. C’est une droite cumulative
c'est-à-dire que chaque point de celle-ci représente un cumul
des matériaux depuis le début des excavations jusqu’à l’instant
considéré.

Volume total
des matériaux
(M3)
F
X

Droite de tempérament

α
Tonnes minerais (T)
I Y

I’ T Temps (Années, mois)


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I : origine des axes. Point représentant le début des


excavations.

I’: date du début des excavations

T : date à laquelle on calcule le tempérament

Y : tonnes des minerais excavés à l’instant T en cumul

X : volume des matériaux excavés à l’instant T en cumul

F : point représentant l’instant T sur la droite de tempérament.

α : angle entre la droite de tempérament et l’axe des abscisses.

YF= IX= volume total des matériaux

IY= tonnes des minerais

Le tempérament correspond à la tangente de l’angle entre la


droite de tempérament et l’axe des abscisses (tonnes de
minerais).

IV.2 Séquences d’exploitation dans une mine à ciel ouvert

L’importance de la notion de tempérament est qu’elle permet de


comparer l’évolution de l’exploitation d’une mine à ciel ouvert
par rapport à la ligne directrice des excavations qui est la droite
de tempérament du projet.
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Le tempérament instantané est un tempérament des matériaux


excavés c'est-à-dire que le volume total est affecté par le
foisonnement et les minerais sont affectés par la dilution. Pour
pouvoir comparer le tempérament instantané au tempérament
global, il faudra donc trouver l’équivalent en place du volume
total des matériaux excavés et l’équivalent en place de la
quantité des minerais excavés parce que le tempérament
global du projet est un tempérament des matériaux en place.
IV.2.1. Dilution des minerais
IV.2.1.1. Définition
L’acception du concept dilution en mine est qu’il s’agit d’un
ajout au minerai en place d'une roche relativement stérile et qui
a comme conséquence une réduction de la teneur du minerai
excavé par rapport à la teneur du minerai en place.

IV.2.1.2. Causes de la dilution


a) Causes naturelles
La forme et la puissance du gisement et des stériles
intercalaires sont les causes naturelles principales de la dilution
des minerais. Ce type de dilution est appelée dilution interne. Il
est pratiquement très difficile voir impossible de l’éviter.

b) Causes artificielles

Les opérations de minage et de chargement sont aussi à la


base de la dilution des minerais dans les mines.
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IV.2.1.3 Expressions mathématiques


Partant de l’acception minière du concept dilution, nous allons
définir le taux de dilution comme étant la variation de la teneur
du minerai par rapport à la teneur en place. Le taux de dilution
est défini par l’expression suivante :

Avec :
d : le coefficient de dilution ou taux de salissage
tp : la teneur du minerai en place
te : la teneur du minerai abattu
La dilution peut encore être calculée en tenant compte des
tonnes de minerais en place et excavé. Soit :

Avec :
Tmine : tonnes de minerais extraits
Tminp : tonnes de minerais en place
IV.2.2. Foisonnement des matériaux
IV.2.2.1. Définition
On appelle foisonnement, l’augmentation de volume de terres
désagrégées. En effet, c’est un phénomène naturel qui se
produit lorsqu’un massif est arraché de son milieu naturel lors
des travaux de terrassement ou d’excavation dans une mine.
IV.2.2.2 Terminologie

Le volume de sol (à l'état d'origine) est appelé volume en place,


Vp.
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Le volume de terre déstructuré, autrement dit, manipulé par la


pelle mécanique et transporté par les camions est appelé
volume foisonné, Vf.
Le volume de terre compacté par un engin est appelé volume
compacté, Vc.
Normalement ces volumes sont dans l’ordre suivant :
Vp < Vc < Vf
Les coefficients
Le coefficient de foisonnement, Kf permet de connaître le
volume de terre foisonnée à partir du volume de terre en place.
Le coefficient de foisonnement résiduel, Kr permet de connaître
le volume de terre compactée à partir du volume de terre en
place.
Le coefficient de compactage, Kc permet de connaître le
volume de terre compactée à partir du volume de terre
foisonnée.

IV.2.2.2 Expressions mathématiques

Vf = Kf x Vp ; Kf

Vc = Kr x Vp ;

Vf = Kc x Vc ;

Le foisonnement peut être aussi exprimé en pourcentage. Dans


ce cas, on a un taux de foisonnement (TKf ou TKr) donné
par l’expression :
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TKf ou TKf = (Kf – 1) x100

TKr ou TKr = (Kr – 1) x100 et

Le foisonnement ne concernant que le volume des matériaux,


la masse de ceux-ci ne change pas et donc par conséquent,
c’est la masse volumique qui change. Ainsi, les relations entre
les masses volumiques et les différents coefficients de
foisonnement sont données dans les expressions ci-après :

et

Avec:

Kf : coefficient de foisonnement

Kr : coefficient de foisonnement résiduel

𝞺p : masse volumique des matériaux en place

𝞺f : masse volumique des matériaux foisonnés

𝞺c : masse volumique des matériaux compactés

NB : La connaissance du taux de dilution des minerais et


du coefficient de foisonnement des matériaux excavés
permet de trouver l’équivalent en place du tempérament
des matériaux excavés à un moment donné de
l’exploitation (Tempérament instantané).
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Ainsi, le tempérament des matériaux excavés est donné par


l’expression :

(1)

Avec :

Vtote : volume total des matériaux excavés et déplacés en m 3

Tmine : Tonnage des minerais excavés et déplacés en Tonnes

Partant de l’expression donnant la dilution à partir des tonnes

de minerais, nous pouvons écrire :

(2)

Avec :

Tmine : tonnage du minerai excavé

d : dilution

Tminp : tonnage de minerai en place

Et partant de l’expression donnant le coefficient de


foisonnement :
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Kf =

Nous tirons : Vtote = Vtotp x Kf (3)

Les expressions (3) et (2) dans (1) donnent :

(4)

Le tempérament des matériaux en place est donné par


l’expression suivante :

(5) dans (4) donne :

Ainsi donc, connaissant le tempérament des matériaux excavés


à un instant donné de l’exploitation, nous pouvons trouver son
équivalent en place en vue de le comparer au tempérament du
projet pour pouvoir déterminer la séquence d’exploitation.
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IV.2.3. Avance et retard en découverture


Pour pouvoir juger de la qualité de l’exploitation d’une mine à
ciel ouvert par rapport à la ligne directrice du projet donnée par
le tempérament global, Il est indispensable de représenter
graphiquement la séquence d’exploitation par la droite de
tempérament instantané qui est définie par deux points ; dont
le premier est l’origine des axes qui est le début des travaux
d’excavation dans la mine et le second a pour coordonnées les
tonnes de minerais sortis jusqu'à cet instant depuis le début des
excavations, en abscisse et le volume total de matériaux sortis
depuis le début des excavations ,en ordonnée. Cette droite de
tempérament instantané correspond à une date bien précise du
processus d’exploitation. Elle est ainsi dessinée à côté de la
droite de tempérament de projet dans le même système d’axes.
La comparaison de ces deux droites de tempérament se fait en
fonction de leurs pentes respectives par rapport à l’axe des
abscisses.

Soient ; αi et αp respectivement les angles de pente des

droites du tempérament instantané et du tempérament de


projet.
Si, tgαi < tgαp : la séquence d’exploitation est dite en retard de
découverture
Si, tgαi > tgαp : la séquence d’exploitation est dite en avance
de découverture
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Graphique d’une séquence avec retard en découverture

Volume total
des matériaux
(M3)

Vp P

Vi
R

αp αi Tonnes minerais (T)


I Mi = Mp

I’ T Temps (Années, mois)

A l’instant T, la séquence R aura excavé en cumul M i tonnes de


minerais et un volume total de matériaux Vi ; cependant, le
projet indique que pour sortir de la mine à ciel ouvert Mp tonnes
de minerais qui correspondent à Mi (Mp = Mi), il faut excaver Vp
comme volume total de matériaux. Sur le graphique nous
observons que Vi < Vp .Cela signifie que la séquence
d’exploitation R a sortie la même quantité de minerais que celle
prévue dans le projet mais avec peu de stérile.
En effet ; Vi= VSi +VMi et Vp = VSp +VMp
Avec : Vi : volume total de matériaux de la séquence R
VSi : volume de stérile de la séquence R
VMi : volume de minerai de la séquence R
Vp : volume total de matériaux par rapport au projet
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VSp : volume de stérile par rapport au projet


VMp: volume de minerai par rapport au projet
VMi = VMp car, Mp = Mi et comme Vi < Vp ; alors ; VSi < VSp
L’exploitation avec retard en découverture a pour
conséquences :

 Extraction excessive de minerai par rapport à la ligne


directrice donnée par le design dans l’étude de
faisabilité ;
 Evolution géométrique de la mine en entonnoir ;
 Risque d’abandonner la mine et la minéralisation
restante avant d’atteindre la profondeur requise.

Graphique d’une séquence avec avance en découverture

Volume total de
matériaux
(M3)

Vi A

Vp P

αi
αp Tonnes minerais (T)
I Mi = Mp

I’ T Temps (Années, mois)

A l’instant T, la séquence A aura excavé en cumul M i tonnes de


minerais et un volume total de matériaux Vi ; cependant, le
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projet indique que pour sortir de la mine à ciel ouvert M p tonnes


de minerais qui correspondent à Mi (Mp = Mi), il faut excaver Vp
comme volume total de matériaux. Sur le graphique nous
observons que Vi > Vp .Cela signifie que la séquence
d’exploitation A a sortie la même quantité de minerais que celle
prévue dans le projet mais avec beaucoup de stérile. En
effet, Vi= VSi +VMi et Vp = VSp +VMp
Avec : Vi : volume total de matériaux de la séquence R
VSi : volume de stérile de la séquence R
VMi : volume de minerai de la séquence R
Vp : volume total de matériaux par rapport au projet
VSp : volume de stérile par rapport au projet
VMp: volume de minerai par rapport au projet
VMi = VMp car, Mp = Mi et comme Vi >Vp , alors ; VSi > VSp

Une telle séquence d’exploitation a comme conséquences :

 l’augmentation du coût de production par tonne de


minerai. Car, on sort beaucoup plus de stérile que ce qui
est prévu, pour la même quantité de minerai.
 L’élargissement des limites de la mine à ciel ouvert par
rapport aux limites de design du projet et ainsi causer
une réduction de la rentabilité du projet.
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Coupe de profil pour un gisement tabulaire


hypothétique et didactique

 Le profil du projet est donné par les points : P1, P3, G, H,


P4,P2 et ce profil permet d’exploiter toute la
minéralisation représentée par les points : A, B, H, G
 Le profil avec retard en découverture est donné par les
points :R1,R3,R4,R2 et la minéralisation correspondante
par les points : A,B,F,E. On constate que cette
minéralisation correspond au profil :P1,P2,P4,P3 pour le
projet.
 Le profil avec avance en découverture est donné par les
points : P1,Q1,Q2,H,G,P3 et la minéralisation
correspondante par les points : A,B,F,E .
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Faiblesses de la notion de tempérament

Le tempérament ne trouve son fondement que dans la


précision des réserves minières contenues dans le projet. En
effet, le design est élaboré sur base des paramètres
géologiques, géotechniques, miniers et économiques. La
teneur de coupure est un paramètre important qui entre en
ligne de compte dans la détermination des réserves minières
d’un projet minier et elle est définie par la technologie de l’usine
de traitement et par le cours des métaux. Les réserves
contenues dans un projet minier sont toujours entachées
d’incertitude comme le confirme la classification des ressources
et réserves partant des normes JORC et
NI 43-101. Partant de cette réalité, il n’est donc pas possible de
trouver le minerai sur terrain en quantité et qualité exactement
comme données dans l’étude de faisabilité en conséquence
toute comparaison entre un tempérament instantané et le
tempérament global d’un projet d’exploitation d’une mine à ciel
ouvert ne donne qu’une indication sur la séquence
d’exploitation et non une information déterminante pour la prise
d’une décision contraignante sur la conduite de l’exploitation.
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Bibliographie

1. KAMULETE M, 2007, cours d’exploitation des mines à ciel


ouvert, Université de Lubumbashi (inédit)
2. KAMULETE M, 2009, cours de projet des mines à ciel
ouvert, Université de Lubumbashi (inédit)
3. TSHIBANGU K, Exploitation des Ressources Minérales,
faculté polytechnique de Mons, service de génie minier,
Mons.

4. www.fdim.ma/upl/exposes/Processus.pdf.,Processus
d’estimation des ressources et des réserves à
Managem » Managem, Maroc

5. www.cim.org, 2005, Normes de définitions de l'ICM,


ICM, Montréal.

6. ANOUSH E, 2013, The importance of dilution factor for


open pit mining projects, SRK consulting, Vancouver.

7. HAMID D, 1997, Analyse économique de l'impact de Ia


dilution et des pertes des réserves sur la rentabilité
minière, Université Laval, Canada.

8. M Disly, 1997, Mécanique des sols, école


polytechnique fédérale de Lausanne, Suisse.

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