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7.

Les milieux magnétiques

7.1. Introduction
7.1.1. Rappel sur le magnétisme
Les pierres magnétiques sont connues depuis l’antiquité. Elles ont été utilisées très tôt
par les marins comme boussole.
Avant 1600, Gilbert effectue des recherches sur le magnétisme terrestre et émet l’hy-
pothèse que la terre est un aimant géant.
1819 : Oersted observe que des fils conducteurs parcourus par un courant électrique
créent un champ magnétique.
1820 : Biot et Savart puis Ampère établissent des relations expérimentales sur le champ
magnétique et sa production par des courants électriques.

7.1.2. Distribution de courant localisée


De manière générale, le champ magnétique créé par une distribution de courant est
donnée par la loi de Biot et Savart
: Z
~ µ0 ~ ¡ 0 ¢ ~r − ~r0 3 0
B (~r) = j ~r × d ~r . (7.1)
4π |~r − ~r0 |3
Lorsque la distribution de courant est localisée, le champ qu’elle produit à grande dis-
tance, de même que les actions mécaniques qu’elle subit peuvent être décrits par une
quantité vectorielle : le moment magnétique m ~ :
Z
1 ¡ ¢
m
~ = ~r0 × ~j ~r0 d3~r0 . (7.2)
2

Champ magnétique créé


Le potentiel vecteur créé par une distribution de courant dont le moment magnétique
est m
~ est :
~ (~r) = µ0 m
A
~ × ~r
. (7.3)
4π r3
On en déduit le champ magnétique :

~ (~r) = −→ ~ µ0 3~n (~n · m)


~ −m
~
B rot A = 3
(7.4)
4π r
où ~n est le vecteur unitaire dans la direction ~r.

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68 7. Les milieux magnétiques

Actions mécaniques
Dans un champ inhomogène, une distribution de courant correspondant à un moment
magnétique m
~ subit une force
−−→ ³ ´
F~ = grad m ~ .
~ ·B (7.5)

Attention cette expression est valable à moment magnétique m


~ constant.
Ce même moment magnétique subit un couple N ~

~ =m
N ~
~ × B. (7.6)

Moment magnétique d’une boucle de courant


Si un courant électrique I circule sur une boucle filiforme le moment magnétique est
I
I
m
~ = ~r × d~l = I · S
~ (7.7)
2
~ est le vecteur surface du circuit.
où S

Lien avec le moment cinétique


Le moment magnétique d’une distribution de charges ponctuelles qi , situées aux points
~ri et animées d’une vitesse ~vi est
1X
m
~ = qi~ri × ~vi . (7.8)
2
i

Le moment cinétique de la charge i est


~li = mi~ri × ~vi (7.9)

le moment magnétique est donc


X qi
m
~ = ~li . (7.10)
2mi
i

Pour un électron dans un atome, le moment magnétique orbital est


e ~
m
~ =− l. (7.11)
2me
De manière générale le moment magnétique d’un atome est proportionnel à son moment
cinétique µ ¶
e
m
~ =g − ~σ = γ~σ (7.12)
2me
le coefficient de proportionalité g est nommé facteur de Landé (c’est un nombre sans
dimension). Le coefficient γ est appelé rapport gyromagnétique.

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7.2. Aimantation macroscopique 69

7.1.3. Origine microscopique de l’aimantation


Moment magnétique orbital
Le mouvement des électrons dans l’atome crée des ”boucles de courant”. Le moment
magnétique associé à ces mouvements orbitaux entre pour une part dans le moment
magnétique d’un atome mais il ne suffit pas à rendre compte de toute l’aimantation.

Moment magnétique intrinsèque de l’électron et des nucléons


Chaque particule élémentaire possède un moment magnétique associé à son moment
cinétique intrinsèque (le spin). Le moment magnétique de l’électron est quasiment égal
au ”magnéton de Bohr” µB
eh̄
µB = (7.13)
2me
Le moment magnétique des nucléons est mille fois plus faible que celui des électrons.
Dans un atome ou une molécule, les propriétés magnétiques sont donc essentiellement
dues aux électrons.

7.2. Aimantation macroscopique


7.2.1. Aimantation d’un milieu
Le moment magnétique total par unité de volume et

~
~ = dM
M (7.14)

Un moment magnétique s’exprime en Ampère metre carré, l’aimantation est donc en
Ampère par mètre.

7.2.2. Courants d’aimantation


De la même manière que des charges liées non homogènes sont à l’origine de distrinu-
tion de charges liées, une distribution de magnétisation non homogène est équivalente à
une distribution de courants liés.
En volume
~jM = −→ ~
rot M (7.15)
En surface
~ × ~n
~iM = M (7.16)
~
L’excitation magnétique H

~
B
~ =
H −M~ (7.17)
µ0
−→ ~
rot H = ~jlibre (7.18)

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70 7. Les milieux magnétiques

~ qui directement relié aux courants électriques créés par exemple par les
Ainsi c’est H
électroaimants.

7.2.3. Etude expérimentale des propriétés magnétiques


En plaçant un matériau ferromagnétique dans un solénoide torique, il est possible de
mesurer simultanément H ~ et B.
~ On a donc un accés direct à l’aimantation M ~ .
Un enroulement de N spires de surface S également réparties sur un tore de cir-
conférence l est parcouru d’un courant électrique d’intensité I .Le théorème d’Ampère
appliqué sur un cercle situé à l’intérieur du solenoide.permet de relier H ~ au courant
électrique qui circule dans la bobine
Z
~ · d~l = Hl = Ilibre = N I
H (7.19)

NI
H= (7.20)
l
C’est donc directement H que l’on mesure lorsque l’on mesure l’intensité d’un courant
électrique.
Mesurons la différence de potentiel qui apparait aux bormes du circuit lorsque l’on
change I. Si la résistance du solenoide est négligeable, on mesure la force électromotrice
µ ¶
dΦ dB
V1 − V2 = −e12 = − − = NS (7.21)
dt dt

en intégrant sur le temps, on en déduit B. Connaissant H et B on en déduit facilement


M .

7.3. Diamagnétisme et paramagnétisme


Ces milieux ne sont pas aimantés en l’absence de champ. En présence d’un champ ils
acquièrent une faible aimantation.

~
~ = χm B
M (7.22)
µ0

χm est appelé suceptibilité magnétique.


Pour un très grand nombre de substances, χm est négatif et extrèmement faible en
valeur absolue (10−5 pour les solides et les liquides, 10−9 pour les gaz) Ces substance
sont appelées diamagnétiques.
Pour certaines substances (O2 , Na, Al, FeCl3 ) χm est positif. Ces corps sont nommés
paramagnétiques. Leur susceptibilité reste faible devant 1.
Pour tous ces corps
~ ~
H~ = B −M ~ ' B (7.23)
µ0 µ0

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7.3. Diamagnétisme et paramagnétisme 71

La définition de la susceptibilité peut donc aussi s’écrire

~ = χm H
M ~ (7.24)

pour des raisons historiques, c’est cette relation qui est la définition de χm .
On definit alors la perméabilité relative

µr = 1 + χm (7.25)

7.3.1. Diamagnétisme
Approche qualitative
Considérons un électron en mouvement sur une orbite circulaire autour d’un atome.
On applique progressivement un champ magnétique dans la direction perpendiculaire au
plan de l’orbite. Pendant la phase d’établissement de B~ apparait un champ électromoteur
~
E
~
~ = − ∂A
E (7.26)
∂t
Pour un champ magnétique uniforme aligné selon Oz, le potentiel vecteur A ~ est donnés
par
A~ = 1B~ × ~r = 1 Br ~uθ (7.27)
2 2
où ~uθ est le vecteur unitaire des coordonnées cylindriques.
Durant l’établissement du courant, l’électron subit, en plus de la force due au champ
magnétique, une force tangentielle

~ = er dB ~uθ
f~ = −eE (7.28)
2 dt
~ )
Tant que le champ magnétique reste faible, la force normale à la trajectoire (q~v × B
est négligeable et celle ci reste inchangée.
En projetant la relation fondamentale de la dynamique sur ~uθ on trouve

dω er dB
me r = (7.29)
dt 2 dt
soit
eB
ω1 = ω0 + (7.30)
2me
On en déduit une variation de moment magnétique

e eB e2 2
δm = − me r 2 =− r B (7.31)
2me 2me 4me

le moment magnétique créé par le champ magnétique a une direction qui lui est opposée.

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72 7. Les milieux magnétiques

Diamagnétisme
Une théorie quantique donne comme susceptibilité magnétique

~
B
~
M = χm (7.32)
µ0
Ze2 ­ 2 ®
χm = −nµ0 r (7.33)
6m
pour un milieu composé de n atomes (à Z electrons) par unité de volume.
Pour un gaz, cette susceptibilité est de l’ordre de 10−9 . Pour les liquides et les solides,
c’est plutôt 10−6 (la densité des liquides et des solides est mille fois plus grande que celle
des gaz).

7.3.2. Paramagnétisme
Approche qualitative
Si l’on applique un champ magnétique à un corps contenant des moments magnétiques,
ceux ci subissent un couple qui a tendance à les aligner dans sa direction. Dans le même
temps, l’agitation thermique deordonne les dipôles. Un compromis s’établit avec une
aimantation qui croit avec le champ magnétique et qui décroit avec la température.

7.4. Ferromagnétisme
7.4.1. Quelques effets physiques
Si l’on introduit un barreau d’acier n’ayant jamais subi d’aimantation à l’intérieur d’un
solénoide, on constate que le barreau reste la source d’un champ magnétique important
lorsque l’on a coupé le courant
Un morceau de fer n’ayant jamais été aimanté subit d’un aimant des forces très im-
portantes en étant attiré vers les régions de champ intense. La force est beaucoup plus
intense que celle qui est subie par des milieux paramagnétiques.
Au dessus d’une certaine température, ces propriétés disparaissent et ces corps ne
comportent comme des milieux paramagnétiques.

7.4.2. Origine physique du ferromagnétisme


Dans un solide, les interactions magéntiques entre les dipôles magnétiques d’atomes
voisins sont extrèmement faibles et ne peuvent pas jouer de rôle. Toutefois, par l’in-
termédiaire des processus d’échange, l’interaction électrostatique entre des électrons
d’atomes voisins (dans un cristal ou une molécule) conduit à l’alignement des mements
cinétiques de ces électrons. Cette interaction a tendance à aligner dans une même direc-
tion les moments magnétiques d’atomes voisins. De proche en proche, cette interaction
aligne les moments magnétiques sur des domaines de taille finie, ce qui conduit à une
aimantation au niveau macroscopique.

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7.4. Ferromagnétisme 73

Ms
Mr

-Hc

Fig. 7.1.:
Courbe de première aimantation (tiretés). Cycle
d’hystéresis d’un ferromagnétique

7.4.3. Propriétés physiques des ferromagnétiques


Courbe de première aimantation
Pour des valeurs de H atteignant 105 A · m−1 l’aimantation tend vers une limite ap-
pelée aimantation à saturation. Pour un corps donné, cette valeur MS est fonction de
la température. Ms varie peu au voisinage de la température ordinaire et chute lorsque
l’on approche de la températurede Curie.
On continue à définir une susceptibilité
M
χm (H) = (7.34)
H

Cycle d’hystérésis
Faisons croı̂tre H de manière à saturer le milieu. Si l’on diminue l’intensité, l’aiman-
tation ne revient pas à zéro. Le matériau garde une aimantation appelée aimantation
rémanente.
Si l’on continue à diminuer H en lui donnant des valeurs négatives, on arrive à une
valeur de H pour laquelle M s’annule il s’agit de l’excitation coercitive du matériau. Si
l’on continue, on va le saturer à nouveau dans l’autre sens.

Pertes par hysteresis


Déterminons la puissance electrique fournie au dispositif expoése précédemment (le
solenoide torique)
Hl dB dB
P = I (V1 − V2 ) = · NS · = lSH (7.35)
N dt dt
On retrouve la valeur H dB
dt pour la puissance cédée par les courants libres au milieu par
unité de volume.
L’énergie fournie au matériau pour parcourir le cercle d’hysteresis par unité de volume
est I I I I
u = HdB = Hd (µ0 (H + M )) = µ0 HdH + µ0 HdM (7.36)

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74 7. Les milieux magnétiques

le premier terme correspond à la variation de l’energie magnétique et est nul sur un


cycle. Le second terme correspond à l’aire de la courbe d’hystérésis.

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