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Master Management du Capital Humain et Communication

Le nouveau monde industriel


Pierre VELTZ

Synthèse préparée par : Safae BERBOUCHE

Mai 2017

BIOGRAPHIE DE L’AUTEUR :

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Pierre VELTZ, né le 24 novembre 1945 à Phalsbourg, est un chercheur français,
ingénieur, sociologue et économiste, spécialiste de l'organisation des entreprises et des
dynamiques territoriales. Pierre VELTZ a enseigné à l'université de Marne-la-Vallée, à
l'ENPC, et à Sciences Po, dans le master Stratégies Territoriales et Urbaines. Ses
recherches couvrent deux champs principaux : les transformations des stratégies et des
organisations des firmes, engagées dans les mouvements d’internationalisation, et les
dynamiques des territoires, à différentes échelles. Il s’intéresse également aux
processus de globalisation de l’enseignement supérieur et aux formes territoriales de
l'économie de la connaissance, en insistant sur leur structuration en réseaux. Il a publié
plusieurs ouvrages qui traitent du changement organisationnel des firmes, de la
globalisation de l’enseignement supérieur ou de l’économie de la connaissance, dont
on peut citer :

 Mondialisation, villes et territoires : Une économie d'archipel, Paris, PUF, 2014 ;


 La grande transition : La France dans le monde qui vient, Paris, Seuil, 2008, 259 p ;
 Le nouveau monde industriel (édition revue et augmentée), Paris, Gallimard, 200 ,230 p ;
 Faut-il sauver les grandes écoles? : De la culture de la sélection à la culture de
l'innovation, Paris, Presses de Sciences Po, 2007.

INTRODUCTION
« Le nouveau monde industriel » de son auteur pierre VELTZ, propose une analyse
originale des changements vécues actuellement par la société française ainsi que
toutes les sociétés développées, et qui peuvent être considérés comme une sorte
mutation vers un monde différent. La dite mutation remet en question l’usage et le
sens de plusieurs concepts qui ont côtoyé le monde industriel classique durant des
siècles tels que productivité, compétitivité ou efficience. En effet, la dissolution d’un
monde industriel séculaire en dépit d’un nouveau monde industriel « morale »
implique de nouvelles conceptions de parcours professionnels ainsi que de nouveaux
modes de relations entre les personnes (structures hiérarchiques).

La complexité de ce changement explique bien l’apparition de tentations


simplificatrices pour expliquer cette transition, fondées sur l’usage de termes magiques
tels que « la société de l’information » ou « le libéralisme ». En s’inscrivant dans cette

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voie, nous renonçons à comprendre la diversité des logiques qui s’entrecroisent et
orientent les différentes mutations conduisant à la mise en place du « nouveau monde
industriel ».

Ainsi, l’auteur propose, à travers cet ouvrage, une double grille de lecture afin de
saisir la complexité des phénomènes entrainant l’émergence d’un monde différent :

 Le cadrage de nouveaux schémas de l’efficacité qui marquent le passage de


l’efficacité qui dépend du travail de l’individu vers celle liée à ce qui se passe
entre les individus (notion collective de l’efficacité);
 Les formes organisationnelles qui ont connu une substitution graduelle des
structures rigides et hiérarchisées par des schémas en réseau plus souples et
moins durables dans le temps.

Pour ce faire, Pierre VELTZ commence par poser quelques hypothèses dans
l’introduction de l’ouvrage, autour desquelles il organise son propos en huit (8)
chapitres. Les 5 premiers recouvrent un parcours historique afin de saisir les axes
majeurs du changement, et ce en mettant l’accent sur les formes émergentes
d’efficacité correspondant à chaque époque de l’histoire. Le sixième (6) chapitre
s’attache principalement aux modes de représentation et de mesure de l’efficacité.
Enfin, la question de la mise en réseau – monde réticulaire- et des tensions y liées font
l’objet des deux derniers chapitres.

I. PARCOURS HISTORIQUE :

La substitution du modèle de travail en masse au schéma artisanal s’est affirmé au


cours du XIX et du XX siècle. Cette mutation relève d’un parcours historique long
dans lequel se construisent de nouveaux schémas d’efficacité et se heurtent à de
nouvelles formes sociales donnant ainsi naissance à une « nouvelle rationalité ».

Afin de comprendre la logique chronologique de cette transition, Pierre VELTZ


propose un parcours historique structuré autour de trois (3) étapes :

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1ère étape (XVIIIe et XIX siècle) : Pendant cette étape se succédaient 3 modèles de
sociétés de travail : la corporation, la sous-traitance commanditaire (proto-
industrialisation) et la manufacture (usine pré taylorienne).

 La corporation : la tendance qu'ont les membres d'un corps professionnel ou


administratif à privilégier leurs intérêts matériels au détriment de ceux du
public qu'ils servent .Au Moyen Âge et jusqu'à la Révolution française, la
corporation était le mode d'organisation de la plupart des professions. Une
corporation possédait ses propres règlements. Elle avait un rôle professionnel
(tenu des registres des bourgeois et des compagnons) mais aussi parfois
militaire.
 La proto-industrialisation : est un terme économique, conçu par Franklin
Mendels en 1969, décrivant de très petits ateliers essentiellement situés en
milieu rural, aux XVIIIe et XIXe siècles. La proto-industrialisation est légalisée
par un décret le 7 septembre 1762, en France. Le Conseil royal autorise donc la
délocalisation à la campagne d'une partie de la fabrication métallurgique ou
textile, ce qui contourne le monopole des corporations urbaines.
 La manufacture : qui désignait les établissements industriels de grande taille,
regroupant dans un même atelier différentes machines, conduites chacune par
une seule personne, effectuant différentes opérations en vue d’une même
production. L’organisation sociale de la manufacture disparut avec la
parcellisation des tâches, créée par le taylorisme et le travail à la chaîne.

2ème étape (fin XIXe et au début du XXe siècle) : le taylorisme

Cette deuxième étape est consacrée au modèle industriel taylorien, dont deux
éléments clés caractéristiques de ce modèle sont mentionnés par l’auteur :

 L’opération objectivable : selon laquelle toute activité industrielle peut être


décrite à partir d’opérations, observées et traitées par abstraction.
 Le mode de coopération additif : l'homme détient par nature une capacité
limitée et séquentielle. Cette capacité limitée peut être compensée par une
"coopération additive" en combinant capacités et efforts, un ensemble

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d'individus peuvent effectuer une tâche qu’un seul individu n’aurait pu réaliser
seul.

Pour le modèle taylorien, l’étalon-temps constitue le mode d’estimation de la


performance et de la création de valeur.

3ème étape (1960-1970) : le post-taylorisme

Ce 3ème volet consacré à la remise en cause des schémas tayloriens marque le bouclage
du cheminement historique. Pierre VELTZ considère que la crise du taylorisme est
d’abord sociale, puis managériale et dénombre trois facteurs à l’origine de cette
déstabilisation :

 La mutation des techniques et des savoirs;


 L’émergence d’un nouveau paradigme concurrentiel globalisant;
 La financiarisation qui ramène la performance à la seule rentabilité sur fonds
propre.

II. L’EFFICACITÉ :

Après voir donné un récapitulatif historique détaillé de l’économie industrielle, pierre


VELTZ attaque le concept fondateur de la réflexion dans cet ouvrage : l’efficacité et
sa mesure dans l’entreprise. Il résume le chapitre en une phrase « l’efficacité n’est
plus ce qu’elle était ». Jadis, il y avait une définition claire de la productivité. C’était
le rapport entre le nombre d’objets produits et le travail nécessaire pour y parvenir.
Aujourd’hui, cette notion est devenue confuse. Le volume produit n’est plus un critère
suffisant : la qualité, l’innovation et la diversité qui sont devenues essentielles sont très
mal mesurées tant au niveau macro qu’au niveau microéconomique. Aussi, la
performance est de moins en moins la somme des opérations individuelles et de leur
efficacité (concept de coopération additive de Taylor). Elle dépend surtout d’aspects
systémiques et des relations entre individus. Pour concrétiser ses propos, l’auteur
donne l’exemple d’un métier peu qualifié qui est les caissières de supermarchés.
Certes la vitesse à laquelle elles travaillent est importante et mesurable, mais l’aspect
relationnel de leur travail constitue aussi une partie essentielle de leur performance.

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Pourtant, il n’est pas mesuré. Cela veut dire que dorénavant, ce n’est pas la somme du
travail des individus qui compte mais la qualité et la pertinence des communications
nouées autour du système productif. Or, cette qualité de la communication ne figure
pas dans les systèmes de gestion des entreprises dont les outils de contrôle de gestion
apparaissent biaisés dans la mesure où ils sont de plus en plus à côté des sources
réelles d’efficacité et de productivité.

III. LE SYSTÈME D’ORGANISATION EN RÉSEAU :

L’une des résultante de la transition vers un nouveau monde industriel est la


modification des structures organisationnelles des entreprises, le système
d’organisation pyramidale laisse peu à peu la place à un système en réseau et les
entreprises en de plus en plus tendance à externaliser les tâches considérées comme ne
faisant pas partie du cœur de métier. Selon pierre VELTZ, ce modèle en réseau,
accorde à l’entreprise plusieurs avantages en termes de flexibilité et d’efficacité à
savoir :

 Une direction d’entreprise maîtrise mieux un fournisseur qu’un salarié, car elle
dispose de moyens de pression plus efficaces;
 En cas de baisse d’activité, il est plus facile de se séparer d’un sous-traitant que
de licencier une équipe;
 Il est plus facile, moins coûteux et plus efficace de diriger une équipe ou un
sous-traitant en lui fixant des résultats.

Par contre, ce modèle ne peut offrir un équilibre stable, et s’il résout certains
problèmes, il en crée de nouvelles. À l’intérieur des organisations, des problèmes liés à
la cohésion interne ou bien aux processus de décision se posent aux gestionnaires. En
plus de la montée de formes atypiques de travail (CDD, intérim, temps partiel). Bref,
le modèle organisationnel en réseau constitue une structure précaire qui pose autant
d’éléments d’incertitudes aux salariés.

CONCLUSION
En guise de conclusion, cet ouvrage, basée sur une analyse fouillée et rigoureuse,
présente un éclairage inhabituel de l’analyse des transformations économiques et

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institutionnelles des sociétés contemporaines. Il constitue un terrain fertile pour mener
une réflexion approfondie sur les évolutions des organisations et l’émergence de ce
que l’auteur appelle dans son ouvrage « un nouvel univers industriel »

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