Chapitre 1 Correction
On peut lire sur l’étiquette d’une eau oxygénée commerciale : « eau oxygénée à 10 vol ». L’objectif de ce TP est de
vérifier cette indication, sur un flacon ouvert, à l’aide d’un dosage redox colorimétrique.
L’eau oxygénée est une espèce amphotère redox, appartenant aux couples H2O2/H2O et O2/H2O2.
Le titre d’une eau oxygénée, exprimé en volumes (vol), correspond au volume de dioxygène gazeux O2(g) qu’un
litre de solution est susceptible de libérer par dismutation selon la réaction d’équation
2 H2O2(aq) = 2 H2O(l) + O2(g)
Remarque : en quoi consiste un « dosage » ?
Un titrage est une opération consistant à déterminer la quantité de matière ou la concentration d’une espèce en
solution ; le titrage peut se faire par dosage, auquel cas une réaction de dosage sert de support : la stoechiométrie
de cette réaction donne une relation d’équivalence où l’inconnue apparaît. Ici, le dosage utilisé est de type
colorimétrique : un changement de couleur permet de repérer l’équivalence.
1 – Principe du dosage
La solution commerciale peut être dosée à l’aide d’une solution titrante de permanganate de potassium, (K+(aq) +
MnO4–(aq)). Les ions permanganate MnO4–(aq), violets, ont pour réducteur conjugué les ions manganèse, Mn2+(aq),
incolores.
Dans la précipitation, des élèves ont commencé le dosage. Malheureusement pour eux, ils n’obtiennent pas de
résultats : impossible de repérer l’équivalence.
3. En observant l’équation de réaction, donner une première raison expliquant l’infortune des élèves
pressés. Vous proposerez une solution collégiale.
Les élèves, pressés, en ont oublié que la réaction support du titrage nécessite la présence d’ions oxonium H+(aq)
pour avoir lieu : elle se produit en milieu acide, et c’est pourquoi on ajoute quelques gouttes d’acide sulfurique.
Ce premier oubli réglé, un nouvel essai n’est guère concluant : il faut utiliser plusieurs descentes de burettes pour
atteindre l’équivalence.
Terminale S – Chimie TP 1
Chapitre 1 Correction
2 – Réalisation du dosage
Détaillez votre protocole expérimental à partir de la solution commerciale. En particulier, vous ferez le schéma du
montage de dosage. La solution de permanganate utilisée est à la concentration Cox = 2,00.10–2 mol.L–1.
Réaliser le titrage (en deux étapes, la première rapide et la seconde précise) de 10,0 mL de solution commerciale
diluée afin de déterminer le volume équivalent de réactif titrant introduit : VE .
C f .V f Vf Co
Vo F : facteur de dilution
Co F Cf
Remarques : La solution titrée est placée dans un becher préalablement rincé avec elle ; une pipette jaugée de 10,0 mL, rincée
avec elle, permet de prélever la solution et de la placer dans l’erlenmeyer – préalablement rincé à l’eau distillée.
La burette graduée, elle, est rincée à la solution de permanganate (à l’aide d’un verre à pied) ; attention à la bulle en bas de
burette ; pour faire le zéro, on place la solution au-dessus et on laisser couler à l’aide du robinet (il est interdit d’utiliser une
pipette plastique).
Terminale S – Chimie TP 1
Chapitre 1 Correction
3 – Exploitation
1. Dresser le tableau d’avancement de ce dosage.
état
x n(MnO4–)i – 2x excès n(H2O2)i – 5x 2x solvant 5x
intermédiaire
n(MnO4–)i n(H2O2)i
état final x = xmax 2 xmax 5 xmax
– 2xmax – 5xmax
d’essai n H 2O2 i .
A l’équivalence, les réactifs sont dans les proportions stoechiométriques, soit
n MnO4 n H 2O2 i
E
(relation à l’équivalence)
2 5
Elle peut également s’obtenir par le tableau précédent en écrivant que, dans la dernière ligne,
n(MnO4–)E – 2xmax = n(H2O2)i – 5xmax = 0
Etat du système chimique Avancement n(H2O2) (mol) n(H2O) (mol) n(O2) (mol)
10,3 10
% erreur 100 3, 0 %
10
Ce pourcentage d’erreur reste tout à fait convenable, mais nécessite que nous nous penchions sur les différentes
causes induisant son existence.
La dismutation de H2O2(aq) devrait expliquer l’obtention d’un titre inférieur à celui annoncé,
puisque la solution So pourrait alors être moins concentrée en H2O2(aq). La valeur obtenue
étant supérieure, ce critère ne peut pas être retenu comme majeur ici.
Le volume molaire des gaz est de Vm = 24,0 L.mol–1 à 20°C, et la température de la salle était bien
supérieure… Voisine de 27°C, sous une pression atmosphérique Patm = 1 017 hPa, le
volume molaire y était de
RT 8,314 273 27
Vm 24,5 L.mol 1
P 101700
Cette valeur réelle de Vm, supérieure à celle utilisée dans nos calculs, aurait dû impliquer une valeur du titre
supérieure à celle indiquée par le fabricant (près de 0,448 x 24,5 = 11 vol). Ceci n’étant pas le cas, cette source
d’erreur n’est, elle non plus, pas majeure.
Reste enfin l’erreur expérimentale inhérente à toute manipulation. Par exemple, il est évident que n’étant pas les
premiers à réaliser ce TP avec le matériel, et ayant nous aussi probablement commis quelques erreurs
systématiques, la valeur du titre obtenue peut s’écarter de la valeur indiquée par le fabricant.
Terminale S – Chimie TP 1
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L’eau de Javel est un désinfectant et un décolorant laissant des taches sur les vêtements teints. Elle doit son nom au quartier de
Paris où se trouvait le premier atelier de fabrication (il reste aujourd’hui le Quai de Javel et une station de métro). L’eau de
Javel est un mélange équimoléculaire (« contenant les mêmes quantités de matière »), en milieu basique, de solutions de
chlorure de sodium et d’hypochlorite de sodium : sa formule s’écrit
Na+(aq) + Cl–(aq) + Na+(aq) + ClO–(aq)
En milieu acide, les ions hypochlorite ClO (aq) oxydent les ions chlorure Cl–(aq) pour donner un dégagement dangereux1 de gaz
–
2 I–(aq) = I2(aq) + 2 e–
ClO–(aq) + 2 H+(aq) + 2 e– = Cl–(aq) + H2O(l)
b. Pourquoi a-t-on ajouté de l’acide acétique ? Pourquoi ne pas utiliser l’acide sulfurique ?
L’acide acétique permet l’introduction d’ions oxonium H+(aq) nécessaires à la transformation, sans la perturber. En
revanche, l’acide acétique (présent dans le vinaigre) est moins fort que l’acide sulfurique, et permet de limiter les
émanations de dichlore par oxydation des ions Cl–(aq) par les ions ClO–(aq).
c. Calculer la quantité de matière d’ions iodure I–(aq) incorporés.
n I CKI VKI 0, 2 20, 0.103 4.103 mol
iii – Dosage du diiode formé après réduction
On titre le mélange réactionnel précédent à l’aide d’une solution de thiosulfate de sodium (2Na+(aq) + S2O32–(aq)) de
concentration C ’ = 0,20 mol.L–1, en présence d’empois d’amidon. On note Véq = 15,0 mL.
a. Ecrire les demi-équations électroniques relatives aux couples concernés ici, à savoir I2(aq)/I–(aq) et S4O62–
(aq)/S2O32–(aq), puis l’équation de la réaction dosage du diiode I2(aq) présent.
I2(aq) + 2 e– = 2 I–(aq)
2 S2O32–(aq) = S4O62–(aq) + 2 e–
1
Cette réaction justifie la précaution domestique selon laquelle on ne mélange jamais deux détergents : si l’un contient de l’eau de Javel et
l’autre de l’acide, on peut provoquer le dégagement du gaz toxique !
Terminale S – Chimie TP 1
Chapitre 1 Correction
C Véq
n I2
2
L’application numérique donne
0, 20 15, 0.10 3
n I2 1,5.10 3 mol
2
iv – Conclusion
La quantité de diiode déterminée précédemment est issue de la réduction des ions hypochlorite ClO–(aq) de l’étape
5.2, mole à mole. On peut donc en déduire que la quantité d’ions ClO–(aq) dans 10,0 mL de solution S est
n ClO 1,5.103 mol
S
La concentration de S s’écrit donc
ClO 100 n ClO 1,5.101 mol.L1
S S
La solution S étant dix fois plus diluée que la solution commerciale So, il vient
ClO 10 ClO 1,5 mol.L1
So S
Ainsi, 1,0 L d’eau de Javel commerciale renferme 1,5 mol d’ions hypochlorite. Compte tenu de la densité de cette
solution, la masse de 1,0 L d’eau de Javel commerciale est de 1,12 kg. La libération de dichlore se faisant mole à
mole à partir des ions hypochlorite, on peut obtenir 1,5 mol de dichlore, c’est-à-dire une masse
m I 2 n I 2 M I 2 1,5 2 35,5 105 g
Ainsi, 1,12 kg de solution libère 105 g de dichlore ; pour 100 g de solution, on obtient une libération de
100 105
9, 4 g
1,12.103
Le titre de l’eau de Javel est donc 9,4 ; il est légèrement inférieur (d’environ 2 %) au titre annoncé, ce qui peut tenir
à l’instabilité dans le temps (conservation) de la solution d’eau de Javel.