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DROIT PENAL DES AFFAIRES

Examen :
Examen de 3h : 2 sujets au choix
Dissertation ou cas pratique.
Calendrier :
13 février : Etre au point sur la méthodo
20 février et 6 mars : préparation dissertation ou cas pratique DM facultatif

Code pénal :
Loi : idée principe => article de loi L.111-1 indiqué en couleur
Partie réglementaire : qui ? quoi ? comment ?
Dans code pénal partie législative et réglementaire, sauf que dans tirage il n’y a pas de L
R => Règlement
D => décret
* : conseil d’Etat : les plus importants
Primauté du texte de loi sur le reste, mais parfois pas de texte de loi et seulement
décrets ou inverse.
Page notules (petits textes supplémentaires : explications : comment on doit le lire et ce
que la cour de cassation en fait) et commentaires (sont en plus des explications qui
précèdent un chapitre, dépend des éditions) : pour avoir une idée plus précise.
1 : La loi
2 : le règlement
3 : notule
4 : commentaire
(Cass. Crim date) => cass.soc => chambre sociale de la cour de cassation
Dans code pénal que 3 chiffres : III-I => partie, titre, chapitre.
Le -1 indique le n° d’article, les alinéas sont des paragraphes dans l’article. -1 et -2 sont
2 articles différents. Les articles de loi ne contiennent pas forcément des alinéas car
les alinéas sont des parties d’un article. Les alinéas ne sont pas numérotés, mais on les
reconnait par le retrait de marge.
La loi va fournir des éléments pour que son application soit simple, non ambigüe, dans
l’optique d’être efficace.

1
Introduction

« Droit pénal des affaires »

Source du droit pénal : Code pénal, Code de procédure pénale

Des affaires : renvoie à droit commercial (code de commerce, code de procédure civile
(qui s’applique à toutes les juridictions) ≠ code civile)

Projet en cours du gouvernement Remettre en place le tribunal de première instance :


monopole des magistrats.

Lecture conseillée : quotidien national, notamment : « le Nouvel éco », « Les Echos »

Droit pénal des affaires appelé droit spécial, règles contenues dans le code vont
s’appliquer dans un milieu qui n’était pas visé à l’origine.

 Dans la vie ordinaire, selon le droit pénal il est interdit de voler.


Nous allons nous intéresser à ce qu’il se passe quand une société vole des fonds,
application du droit des affaires.

Il y a 2 parties :

- Partie générale consacrée à des infractions (violation du droit pénal) qui sont par
nature destinées à se produire dans n’importe quel milieu, à n’importe quel
moment et par n’importe qui.
Exemple : la complicité, la tentative
- Partie spéciale qui isole certaines infractions, on détaille les conditions propres
de l’existence et les peines qui lui sont propres
Exemple : tout un chapitre qui porte sur la fraude informatique
Idée que c’est constitué comme une sorte de catalogue de diverses infractions
qui présente une spécificité.

Le droit pénal général a précédé le droit pénal spécial. Le droit pénal spécial avance en
fonction des nouveautés et avancées technologiques. Très probable qu’historiquement le
droit pénal spécial a existé avant le droit pénal général : sorte de pensée philosophique
qui prend existence au siècle des Lumières => raisonnement au cas par cas pour
sanctionner immédiatement, pas l’idée d’une société globale.

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La réflexion de la mise en place d’un droit pénal général à l’ensemble de la société est
une innovation juridique (existe seulement depuis 200 à 250 ans). Ce droit pénal
sanctionne tous les délinquants et de manière générale.

Il reste tout de même des infractions spécifiques.

Le droit pénal est un droit vivant et dynamique, il va adapter la démarche pénale au fur
et à mesure d’actes que la société à un moment donné désire punir. Exemple :
Aujourd’hui retard des institutions sur les délinquants cybernétiques avec augmentation
du débit internet. Le droit pénal réagit au coup par coup, attend que l’acte se produise
pour adapter sa réponse.

Ce droit est très technique, au sens technique pénal, car notre société a choisi comme
principe d’organisation « la liberté », donc toute sanction d’un comportement déviant va
devoir être justifié. Donc ce droit va être encore plus pointilleux notamment en ce qui
concerne la qualification de l’infraction, sa description juridique. Sinon tout le monde est
susceptible d’être caractérisé délinquant. Si l’on est dans la qualification, on est passible
d’être délinquant, tandis qu’en dehors rien.

Pour que la qualification soit applicable, le DPS va fournir pour chacune des infractions
qu’ils prévoient des éléments constitutifs, qui vont permettre de reconnaitre l’infraction
de manière la plus précise possible, mais il y a des exceptions. Il va aussi fournir le plus
souvent la peine applicable et donnera le plus souvent des indications sur des
particularités de la répression de l’infraction en question et de la poursuite de cette
infraction.

L’existence d’un droit pénal et d’un DPS c’est la volonté pour l’ensemble de la société de
se défendre contre des atteintes qu’à un moment donné du stade de développement où
l’on est arrivé, la société estime insupportable. Au cœur de la procédure pénale, il y a un
magistrat : le procureur de la république/ministère public, dont la fonction est de faire
des réquisitions au nom de l’ensemble de la société.

 Cas où un étudiant se fait voler son portable par quelqu’un, sans coup et blessure.
Qui est atteint ? L’ensemble de la société, car les vols touchent l’ensemble de la
société.

La société à un moment donné va être laxiste : ils n’ont qu’à faire attention, ou bien
l’inverse : va réagir. Raisonnement non rationnel => Les misérables : vol du pain, peine :
bagne car période de famine, et là, la répression forte pour maintenir société (sinon
tous les gens voleraient les boulangeries).

3
La société évolue dans ses mœurs, cas de l’avortement : acte qui va basculer de la
sphère pénale à la sphère médicale, reconnaissance de la souffrance de ces femmes.

Cette prise en compte se fait à travers les opérations de qualification : qualification de


faits (les faits ne sont pas du droit) => la pluie peut devenir du droit lorsque le préfet,
en Bretagne par exemple, émet un arrêté de catastrophe naturelle. La qualification est
de mettre une étiquette sur quelque chose qui est en dehors du droit au départ, pour
résoudre juridiquement ce phénomène. En ce moment développement d’un droit de l’eau :
propriété de l’eau des fleuves, pluies qui passent d’un territoire à un autre… Avec mises
en place de dommages et intérêts.

Interprétation en termes juridique de tout évènement, de tout comportement qui doit


être saisi par le droit pour pouvoir être traité juridiquement.

Qualification est légale, faite dans les textes, dans le code. Le code article par article
décrira une situation, celle-ci désignera une infraction et déduction d’une peine.

 Soustraction frauduleuse d’un bien d’autrui constitue une infraction que l’on
appelle le vol, qui est condamné par une peine de prison.

Problème entre la qualification légale et le contenu dans la loi : les qualifications


contenues qui sont rassurantes, peuvent avoir un problème d’efficacité, car la
délinquance a toujours un temps d’avance.

 Cas de la carte bleue : « tu peux me la prêter pour la démonstration ? »


 Piratage des vidéos et musiques sur internet a précédé sa condamnation, et c’est
encore dur de condamner et savoir qu’elles sont les personnes concernées.
Cas d’Adopi remis en cause par une partie de la société.

Qualification légale est la plus sûre, respectueuse de l’opinion publique mais ne peut être
toute seule, c’est ce qu’on appelle la discontinuité de la loi pénale, qui d’un côté repose
sur le principe selon lequel il ne peut y avoir d’infraction sans texte, sans code, sans loi,
mais du côté du point de vue de la société, il faut pouvoir réprimer certains
comportements.

 Nullum crimen nulla poemen sine lege (il ne peut y avoir de crime sans
condamnation, ni loi)

Le délinquant doit savoir dans quel cas il est dans l’infraction, sinon pas de liberté. Les
lois pénales ne peuvent être rétroactive sauf si elles sont plus douces (plus de
condamnation, mais simple contravention).

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S’il n’y a pas de textes qui prévoient, on se base sur la jurisprudence. Cas où le juge
pénal va intervenir pour créer une règle de droit là où normalement il n’a pas à le faire.
Il doit le « dire » et non le « créer ». Droit pénal spécial d’une qualification judiciaire.

Doit avoir comme le législateur une démarche rigoureuse et précise à partir des faits
qui sont reprochés à une personne, il va essayer de dégager une qualification. Le juge va
essayer de se servir de textes afin d’avoir une base légale et d’émettre une qualification
pour les faits litigieux. Donne lieu à une sorte d’hybridation de qualification, voire un
concours de qualification.

 Cas où une personne se fait arrêter par une autre qui lui dit qu’elle a perdu un
bijou, et demande en échange argent. Que fait le juge ?
Ce n’est pas le bien d’autrui, car on ne lui a pas pris. C’est ce qu’’on appelle le vol
au « rendez-moi » cas où a été trompé par un faux motif => vol et escroquerie.

Cas de la correctionnalisation judiciaire, comportement qui légalement, si loi était


appliqué de façon stricte, aurait été un crime, mais pour pouvoir être plus sûr d’obtenir
une condamnation, le juge décide de correctionnaliser. (Faire passer un crime pour un
délit).

 Cas des viols : un viol est un crime => être plus sûr d’obtenir une condamnation
plus sévère, arrivé que le viol soit qualifié d’agression afin d’être traité par un
tribunal correctionnel plutôt que la juridiction habilitée à juger les crimes. Car
tribunal correctionnel composé de magistrats professionnel et donc certitudes
de l’application de la peine, tandis que cour d’assise composée de citoyens jurés
qui pourraient être plus laxistes.

APPEL COUR D’ASSISE


D’APPEL DEPUIS
2000
Juridiction de Tribunal de police Tribunal Cour d’assise
proximité correctionnel
Contravention Délits Crimes
Amendes Prison + amende Prison (avant 1981
peine de mort)
Minimum 5 ans Minimum 10 ans

Cour d’assise ne sera pas la même que la cour d’assise d’appel : tourne, elle siège
pendant un certain temps que l’on appelle sessions.

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Il n’y a qu’une seule juridiction de droit commun qui est le TGI, parce que c’est une
juridiction qui par application de la loi a vocation à juger.

Juridiction d’exception : juridiction qui reçoit sa compétence de la loi, donc il y a texte


qui explique que la compétence est limitée aux traitements des litiges entre
commerçants, ou entre commerçant et particulier. Interviennent par exceptions par
rapport au droit commun.

Qualification judiciaire permet au juge d’être plus efficace.

Fonctionnement administratif de la justice pèse dans les qualifications à dégager : coût


de la justice qui ne dégage pas de profit.

Pour raréfier les pourvois devant la chambre de cassation criminelle décide de déclarer
irrecevables les recours qui pourraient être formulés contre une qualification judiciaire
considéré comme erronée, par celui qui a été condamné. La chambre criminelle de
cassation a retenu la théorie de la peine qui pourrait être justifiée.

La cour de cassation juge un droit.

Double degré de juridiction : principe en France : justice est humaine, donc le droit
d’être jugé entièrement une deuxième fois. Si on veut intervenir encore une fois, il
reste la cour de cassation et lui soumettre une question de droit : critique contre une
décision précédemment rendue.

Le Droit Pénal sera beaucoup judiciaire et jurisprudentiel.

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Chapitre 1 : La répression pénale

Le contexte légal, celui de la qualification fournie par le code.

Cette opération de qualification porte sur la mise en évidence des éléments qui
constituent l’infraction (les éléments constitutifs et la mise en évidence de la condition
préalable).

Section I : Des éléments constitutifs de l’infraction pénale

I. La recherche des composants de l’infraction

A. Eléments constitutifs généraux

1. L’élément légal

C’est se tourner vers le code et regarder s’il prévoit une infraction spécifique, soit dans
sa partie « droit pénal spécial », mais également dans sa partie droit pénal général.

2. L’élément matériel

Nul ne peut être puni pour un crime ou un délit dont les éléments ne sont pas définis par
la loi. Faire la démarche des éléments matériels pour les confronter à ce que prévoit la
loi. Art 34 : Nul ne peut être puni ou condamné pour une contravention dont l’élément
matériel ne serait pas défini par le règlement.

Ce qui est prévu dans le texte doit être identifié dans la réalité.

Ce principe conduit au principe de l’interprétation stricte de la loi pénale. Tout le texte


de la loi ou du règlement, mais seulement le texte de la loi ou du règlement.

3. L’élément intentionnel (ou moral)

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Version moderne, juridique de la version de Socrate « nul n’est méchant
volontairement », en droit « il n’y a pas de crime sans l’intention de le faire faire
commettre ». Par principe tous les crimes ou délits sont des infractions intentionnelles.

 Cas schizophrènes découpe quelqu’un en morceaux : pas intentionnel, car


entendent des voix et se prennent pour quelqu’un d’autre, ils n’ont pas le sens de
la réalité.

Existence à présent de délits non intentionnels, mais doit être dans la loi. Ces délits ou
crimes sont des infractions dont on a le cadre légal, mais qui relèvent de l’ordre du
pénal.

 Maire qui ne répare pas des panneaux de basket anciens, peut commettre une
infraction non intentionnelle, car ceux-ci peuvent être dangereux en tombant.

Avant on ne pouvait pas les condamner, mais maintenant c’est possible.

 Mise en danger de la vie d’autrui : infraction non intentionnelle


Peut-on obtenir gain de cause ? Quelles en sont les conséquences ?

Par principe tous les délits sont intentionnels, sauf indication légales expresse. Le
fondement juridique de la question de l’existence et de la substance d’élément
intentionnel est dans le code pénal 121-3 partie législative.

Cet élément intentionnel en principe revient devant la juridiction au ministère public


(procureur, substitut du procureur, c’est un service de l’administration de la justice, ce
sont des fonctionnaires, magistrats mais pas juges, synonyme = parquet) de rapporter la
preuve que tous les éléments constitutifs (dégâts matériels et intentionnels d’une
infraction sont réunis) existent.

[Juges (ne prend pas parti, dit qui a tort ou non).


Le ministère public est directement lié au garde des sceaux, cad à l’exécutif.
Pouvoir = commandement, capacité d’obliger.
2 pouvoirs en France devant lesquels on ne peut rien faire : pouvoir exécutif et
législative.
Le judiciaire dans la constitution est une autorité.]

Lorsque ministère public a en face de lui certaines personnes, privées ou publiques,


soient des personnes qualifiées, le ministère public a tendance à considérer que ces gens
savent pertinemment ce que la loi pénale leur interdit ou ordonne de faire. Donc le fait
qu’ils aient réalisé un certain acte, laisse clairement entrevoir qu’ils avaient l’intention de
le faire.

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D’un point de vue procédural, le ministère public raisonne par présomption (mode de
raisonnement dans le domaine de la preuve, destiné à se substituer à la mise en évidence
d’une preuve factuelle ou matérielle, raisonnement déductif). On va estimer à partir d’un
élément connu, que l’élément inconnu recherché (le plus souvent la preuve), découle d’un
cheminement intellectuel.

 Le ministère public considère que le fait est que le grand livre journal est
déchiré, il souhaite avoir le fait inconnu : intentionnel ou non, présomption :
intentionnel. Renversement de la charge de la preuve : M Dupont pas là, et l’a fait
déchirer, ou bien n’a rien fait, et ça va être à Dupont de prouver qu’il n’a rien fait,
soit qu’il l’a fait pour des raisons valables, soit qu’il a fait certaines choses.
 La présomption d’innocence : tout accusé, toute personne de prêt ou de loin en
contact avec la police judiciaire, doit être considérée comme innocente. Cette
présomption tombera que lorsque la décision judiciaire sera tombée. Tant que le
verdict de culpabilité n’est pas rendu, cette personne doit être désignée
innocente.

Lorsque les 3 éléments, légal, matériel et intentionnel, l’infraction est caractérisée et


peut être poursuivies, ce qui peut entrainer des sanctions.

Au surplus, on peut être confronté à des éléments constitutifs spéciaux :

 Vol : droit pénal des affaires : vol d’informations (on peut à présent en parler)
Elément légal, matériel et intentionnel.

Il faut mentionner la notion de condition préalable (récente et pourrait se confondre


avec notion d’élément constitutif) : concrètement c’est que l’infraction n’aurait pu être
constituée, si le délinquant n’était pas au préalable dans un environnement spécifique.
Ex : infraction préalable de défaut d’inventaire : être commerçant

Signifie que loi pénale détermine en plus des éléments constitutifs, le domaine dans
lequel l’infraction peut se commettre.

 Des infractions peuvent toucher que les comptables.

Condition préalable : un élément supplémentaire des éléments constitutifs, qui vient


confronter que la loi pénale s’autolimite. Elle ne joue pas un rôle actif dans la
commission de l’infraction. Elle existe avant la commission de l’infraction, elle offre un
terrain favorable à la commission de l’infraction.

Preuve libre : en droit pénal elle est libre à condition que ça soit dans le cadre légal,
peut se servir de tout moyen. Civil : preuve écrite, autre côté commerce, pénal.

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Le droit pénal fulmine des sanctions : distingue droit pénal :

- déterminateur
- sanctionnateur

1- Le droit pénal sanctionnateur va apporter le concours de la sanction pénale à


d’autres disciplines. Ex : droit pénal est présent dans tout un tas de législation
auxquelles on ne pense pas. Rapport CNIL (veiller à la protection de la vie privée
contre les atteintes qui pourraient être réalisées par le biais de matériel
informatique, accompagnée de sanctions pénales) et droit pénal : se trouve dans
tout => code de la défense… Pour marquer la société, et afin de toucher tout le
monde.
Problème : demande des MAJ régulières, notamment révision de la condition
préalable, doit faire lien avec le domaine dans lequel il va s’appliquer.

2- Le droit pénal déterminateur : contenu dans le code pénal, car va fournir lui-
même les éléments constitutifs, sera plus homogène.

Application du droit pénal dans la vie des affaires. La vie des affaires est-elle
compatibles avec le droit pénal ?

Commerçant est sanctionné c’est parce qu’il n’a pas bien fait ce qu’il doit faire :
cessation d’activité.

Sanction à la fois immédiate, directe et efficace : réputation dans la vie des affaires
fait le crédit ou pas.

 Réputation des pays, donne directement à quel taux le pays peut emprunter.
Le risque se paye plus cher.

Vie des affaires un environnement très risqué, mais logique.

Lien avec droit pénal : aucun, car seuls les bons survivront, pas nécessité du code pénal,
car si n’est pas bon mettra la clé sous la porte, relation artificielle que beaucoup
rejettent et est récente.

2 clans :

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- Favorable à l’application du droit pénal dans les affaires, donc droit pénal des
affaires
- Ceux qui s’y opposent
- Existence des théoriciens du droit pénal qui doutent de l’existence du droit pénal
des affaires.

Droit pénal est inopportun dans la vie des affaires : n’a pas sa place. Parce que les
fondements juridiques du droit des affaires sont contenus dans le code de commerce
(cadre juridique dans lequel chacun peut faire valoir ses intérêts, contient des D&I).
Choisir d’intégrer volontairement du droit pénal dans la vie des affaires c’est créer des
obstacles dans un lieu qui mérite souplesse, dynamisme, rapidité.

Tire sa source d’une analyse psychologique : Patrons délinquants sont en fait téméraires,
n’ont pas vu la limite : infraction commerciale.

Application du droit pénal dans les affaires : nécessaire et c’est incontournable car :

 La délinquance d’affaire est extrêmement dangereuse et touche tout le monde,


menace les structures de l’Etat parce qu’il y a une atteinte à la confiance publique
(public peut avoir confiance dans le système économique.
Equité de la répression : voleur vélo sanctionné pénalement, pourquoi ces
comportements relèveraient du pénal et non pas de la délinquance des affaires ?

L’intrusion du droit pénal dans la vie des affaires est un aveu de l’échec du droit parce
que le droit commercial, la procédure civile, n’est pas suffisant pour faire en sorte que
la vie des affaires se déroule correctement. Le droit des affaires serait un mal
nécessaire. Le droit pénal ne doit pas constituer un frein au développement de
l’entreprise, souvent la vie des affaires se fait avec l’argent des autres, dans ce cas
atteinte aux biens d’autrui et est condamnable.

Aujourd’hui on peut considérer que tous les volets de la vie des affaires sont couverts
par du droit pénal. On n’a pas pu créer de code du droit pénal des affaires, donc on se
base sur le code pénal général. Du côté du droit des sociétés, tendance à la
dépénalisation ou du moins tendance à restreindre le champ d’application de la sanction
pénale en matière de société.

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3 types d’infraction :

- Les infractions commerciales : en relation avec la vente (technique, modalité de


vente, publicité mensongère). Beaucoup de dispositions s’appliquent au droit pénal
du commerçant (tenue de sa compta, présentation de ses comptes, inventaire).
Droit pénal des sociétés.
- Infractions purement économiques : émergence du droit économique, infractions
liées à la vie économique, dans les circuits qu’elle peut emprunter (tous les
systèmes de distribution, tout ce qui touche les structures de production, de
circulation et de consommation des richesses).
- Les infractions financières : infractions fiscales, infractions boursières,
infractions douanières

Nb infractions communes, mais qui vont pouvoir se greffer dans le monde des affaires :
commises par tous, se retrouvent dans la vie des affaires sous un angle spécifique.

 Infraction contre les biens : dol, abus de confiance,


 contre la foi publique : le faux, la corruption
 infractions contre l’intégrité physique de la personne : meurtre, homicide, coups
et blessures
 infractions sociales : délit d’entrave à l’action syndical, au travail

On a pu constater que le législateur a d’abord multiplié les discriminations nouvelles pour


faire face à cette délinquance diversifiée et technologique (recours à des procédés ou
des techniques inconnus auparavant : informatique, banques, bourses, blanchiment. Lois
30 juin 2000, et 13/11/2007 qui sont venues étendre la répression de la corruption des
personnes exerçant leurs fonctions dans un Etat étranger ou au sein d’une organisation
publique internationale (ONU).

Loi sur les NRE (Nouvelles Réglementations Economiques) du 15 mai 2001, loi 1 aout
2003 pour l’initiative économique, ordonnance du 25 mars 2004 portant sur les
simplifications en matière fiscale et en matière du droit et des formalités pour les
entreprises. Loi 24 juin 2004 sur la modernisation de l’économie, loi 26 octobre 2005.
Ce sont des textes destinés à faire reculer le droit pénal. Mais incriminations générales
demeurent.

II. Dépénalisation

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C’est la disparition/suppression de la sanction pénale qui réprimait certains agissements,
ne sort pas les agissements du droit, ni de la contrainte, cette contrainte s’exprimera à
travers d’autres modalités (reste un contrôle).

 Comme les drogues douces qui vont être subordonnées à un avis médical.

Cette dépénalisation peut être très partielle, peu cohérente, et conduisant la plupart du
temps à l’abrogation de texte qui en réalité étaient peu appliquée.

B – les sources des incriminations du DPA


Il y a des sources directes et internes : celles qui restent dans le droit pénal.

Les sources formelles : source qui prennent une modalité institutionnelle

- Code (loi)
- JP

Les sources réelles : viennent avant car c’est la pratique.

1 – les incriminations du code pénal


Pas de code pénal des affaires. Il faut toujours retourner au code pénal.

A la base du droit nous avons les sources réelles = les comportements, pratiques.

Ensuite nous avons les sources formelles : digestion institutionnelle de certaines


pratiques

- La loi (source directe)


- La coutume (source directe)
- Deux grandes branches : droit privé et droit public

Le problème est que l’on ne sait pas classer le droit pénal entre le droit privé et public.
Ça reste malgré tout du droit privé.

Difficultés de notre droit pénal des affaires :

Il y a eu des engagements internationaux de la France comme la lutte contre le


blanchiment d’argent ou le trafic de stupéfiant. Il faut passer par des engagements
internationaux pour que ce soit plus efficace mais cela passe par de nombreuses voies
de négociation.

13
 Tous ce qui est criminalité sur internet qui est relayé par des sites miroirs = très
difficile de les condamner.

Ces incriminations peuvent s’appliquer à des actes ou commissions. Ces actes peuvent
être en fait des omissions et des abstentions. Dans le cas de l’abstention cela va nous
conduire à examiner les droits et obligation des CAC. Si le CAC à connaissance de faits
délictueux il doit en informer le procureur de la république et s’il ne le fait pas il est
passible de poursuite pénale.

Le délictuel renvoie au civil.

2 – incrimination hors code pénal


La JP de 1979 = création d’un délit d’information inexacte dont pourrait se rendre
complice un CAC.

Section III – les personnes punissables


Contrairement au droit civil il n’y a pas de responsabilité pénale du fait d’autrui. Par
exemple un patron qui est responsable de son employé. En pénal il n’est pas possible de
dire que chacun assume la responsabilité pénale de ses propres actes. Mais il peut y
avoir pluralité d’auteur.

I – la pluralité
Plusieurs personnes physiques qui commettent l’infraction.

Il peut y avoir pluralité car il y a un auteur et des complices. En principe le complice


risque autant que l’auteur principal de l’infraction.

A – l’auteur et son complice


L’auteur = fait l’acte

Le complice = donne son aide à l’acte.

Par principe un principe risque la même peine qu’un auteur. Chacun pourra être poursuivie
et condamné comme auteur ou complice de l’infraction et voir la sanction adaptée en
fonction du degré d’implication. C’est le cas lorsque l’on fait jouer des causes
d’irresponsabilités. Elles sont dans l’article 122-1 et suivant du code pénal.

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B – circonstances aggravantes
Référence à la bande organisée. Le législateur sanctionne plus sévèrement les
infractions avec plusieurs auteurs et plusieurs complices.

II – la délinquance commise en bande organisé

A – l’article 132-71 du code pénal


Suit cette notion d’aggravation réalisée avec une pluralité marquée. Lorsqu’il y a le
caractère de bande organisée cela va devenir un crime.

B – Régime juridique d’expression


Cela veut dire que les incriminations doivent le prévoir et que ca sera plus compliqué au
regard des procédures.

Faire la différence entre une pluralité et la délinquance en bande organisée = pas


évident donc il y a des contraintes.

Loi du 9/03/2004 = adapte la justice pénale aux évolutions de la criminalité moderne.

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Chapitre II – la responsabilité pénale des
PM et de leurs organes

La responsabilité pénale est personnelle pour les personnes physiques. Que fait-on pour
les personnes morales ? La différence du PP et PM est que la PM n’existe pas
matériellement donc nous avons un problème pour les sanctions.

nSection I – PM et leurs responsabilités pénales


Innovation juridique. Le fait d’admettre que les PM peuvent être pénalement
responsable de leurs actes c’est une innovation que l’on doit au « nouveau code pénal ».
Dans les années 90 lorsque le code pénal à subit une première refonte on a prévu un
article 121-2. « Les PM, à l’exclusion de l’état, sont responsables pénalement selon les
distinctions des articles 121-4 à 121-7 des infractions commises pour leurs comptes par
leurs organes ou représentants ».

L’état ne peut pas voir sa responsabilité engager car il est habilité à poursuivre et punir
les délinquants.

Non rétroactivité de la loi -> loi devient général en 09/03/2004 entrée en vigueur le
31/12/2005 pout toutes les personnes morales

Les collectivités territoriales et régions et leurs groupements ne sont pénalement


responsables que dans les cas d’infractions commises dans l’exercice d’activité
susceptible de faire l’objet de convention de délégation de service public. Une
délégation de service public = service public confié à quelqu’un d’autre et souvent cela va
être une personne privée.

La responsabilité pénale des PM dans les hypothèses ou elle s’applique ne va pas exclure
la reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes physiques qui peuvent
constituer ces organes et qui peut démontrer qu’elles sont auteurs ou complices des
mêmes faits qui sont reproché à la PM.

 Nul n’est pénalement responsable que de son propre fait


 Sont concernés toutes les entités avec PM qu’elles est ou non un but lucratif :
société civile,

16
I – incrimination récente

A – l’admission du principe
Il faut l’insérer dans le droit pénal. Désormais le fait que l’on soit confronté à une PM
n’entraine pas l’impossibilité d’agir pénalement. Etre une personne morale ne conduit plus
à sortir du droit pénal.

L’innovation = généralisation de l’idée. Il fallait prévoir dans les éléments constitutifs,


avant que la PM n’ait un droit pénal, un élément légal instaurant une responsabilité
pénale. Pendant longtemps la responsabilité pénale d’une PM, par principe, était
recherchée dans la personnalité du dirigeant. Cela réduisait le périmètre de l’infraction.

1 – innovation juridique majeure (art 121-2)


A l’origine, pour pouvoir faire passer le principe l’art 121-1 était censé concerner qu’un
petit nombre d’infraction et du coup il n’avait pas le profil de ce qu’il est devenu cad un
principe général.

Sa formulation reposait sur : « dans les cas prévus par la loi ou par le règlement », sur le
principe de l’existence d’une responsabilité pénale d’une PM était admis. Il faut une
disposition légale ou règlementaire dans l’incrimination.

On fait une différence entre légale et règlementaire : peut-il y avoir une incrimination
dans la partie règlementaire du code ? En droit les contraventions relèvent du
règlement donc des infractions font partie de la partie règlementaire du code pénal.

On a vu apparaitre des législations dispersées dans des textes hors code qui
reprenaient l’idée de l’article 121-2, et qui en élargissait le domaine d’application.

2 – un principe établi
Loi du 9/03/04 entrée en vigueur le 31/12/05 qui a modifié l’art 121-2 dans sa
formulation en supprimant : « dans le cas prévu par la loi ou par le règlement »
moyennant quoi le fait d’être confronté à une PM n’exclut pas la mise en œuvre de la
responsabilité pénale de cette PM.

B – champ d’application

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Le champ d’application est très large mais la loi est d’interprétation stricte, prévoyant
des incriminations et qui ont été adoptée avant le 9/03/04 continue à s’appliquer en
parallèle avec l’article 121-2.

Le droit n’a pas d’effet rétroactif. Normalement le 121-2 ne peut pas avoir d’effet sur
un article antérieur. Ici elle n’est pas plus douce car elle prévoit des contraintes
supplémentaires pour les PM.

1 – les PM concernées
Les PM dont la responsabilité pénale est visée a partir du moment où l’article 121-2 est
entrée en vigueur. La loi nouvelle concerne toutes les PM pour le présent et le futur.
Ceci se fera en parallèle avec la survie des décisions antérieures.

2 – les infractions concernées


Les infractions seront nécessairement des faits délictueux réalisés après l’entrée en
vigueur de 121-2.

II – la responsabilité pour autrui


En droit pénal la personne responsable c’est l’auteur ou le complice de l’infraction ce
sont le plus souvent des PP. Cette PP sera poursuivie et sanctionnée individuellement en
vertu du principe de personnalité des peines. La sanction correspond à l’acte commis
associé à l’individu qui sera sanctionné en tant qu’individu délinquant.

Section II – une responsabilité cumulable avec celle du dirigeant


Concours de deux responsabilités pour un même fait. Ne peuvent être recherchées que
les responsabilités pénales des PP qui auraient commis des actes délictueux pour le
compte de la personne morale.

Sont visées les PP qui représentent les organes ou les représentants de la PM. L’article
ressert son champ d’application et sont visés les dirigeants. La responsabilité pénale des

18
PP est dans cet article peut être assez largement recherché car toutes les PP qui sont
au service des PM agissent en son compte.

I – le principe du cumul
Deux types de personnes qui sont responsables pénalement :

- PP
- PM

C’est plus facile d’identifier la PM mais il sera encore plus difficile d’identifier le degré
de responsabilité pénale des PP supposées avoir commis l’infraction. Or le cumul exige
l’identification d’une PP. L’identification sera également nécessaire pour apprécier le
degré d’implication de la PP pour la placer dans la hiérarchie des organes de la PM.

Les PM sont soumises à l’article 121-2 du code pénal, la loi exclue l’Etat parce qu’il assure
la protection des intérêts généraux, de l’ensemble de la société, et que parmi les outils
dont il dispose pour assurer la protection de l’intérêt général, il lui incombe de
poursuivre les délinquants.

 Polémique avec les procureurs : au service du gouvernement ou de l’intérêt


général ?

Sont également exclus de cet article, les groupements et les sociétés en formation, car
elles n’ont pas encore la PM.

En cas de fusion, notamment fusion-absorption, puisque la fusion ne provoque pas


dissolution, mais que l’entité va disparaitre à l’issue du processus de fusion, si elle est
poursuivie pour une infraction pénale, alors la société absorbante qui n’est ni poursuivie,
ni condamnée au pénal, ne peut pas l’être non plus du fait de la fusion.

 B poursuivie pénalement, mais se retrouve diluée/absorbée par A, la


condamnation n’a pas disparu, mais la PM si. Exemple MétalEurope, la
condamnation devient caduque, s’annule. La société absorbante ne peut être ni
condamnée, ni poursuivie au lieu et place de la société absorbée.

La responsabilité de la PM va être imputée par principe à toutes les personnes morales


de droit privé ayant la PM. Mais il faut en apporter la preuve => c’est la juridiction qui
doit se prononcer. But lucratif ou non ? Pas de dérogation, car la PM, est de droit privé,

19
a un patrimoine. Ce sont les GIE, sociétés civiles ou commerciales, les associations, les
syndicats, les fondations, les institutions représentatives du personnel.

Cet article exclut l’Etat mais pas toutes les personnes morales de droit public : la mise
en œuvre de leur responsabilité pénale est soumise à conditions :

- La démonstration que les infractions ou l’infraction poursuivie(s) a été commise


dans l’exercice d’activité qui ont fait l’objet de délégation au service public. Ex :
la gestion d’un théâtre. On peut poursuivre les établissements publics, les
collectivités territoriales, et les groupements qui en dépendent. Le critère est
celui de l’activité : délégation ou non.

Peu importe la nationalité de la PM poursuivie.

 Google peut-il être poursuivi pénalement en France ? Oui car société


commerciale, mais prouver que l’infraction ait été commise en France, et au
regard des lois françaises, et relève automatiquement de la compétence
législative française.

Les infractions concernées sont celles prévues par le droit français, mais s’agissant de
PM, on pouvait se poser la question de s’il existait une spécificité. Pendant un certain
temps on a estimé que les PM ne pouvaient pas commettre certaines infractions. Les PM
ne sont pas à l’abri, sauf si le législateur dans certaines conditions a prévu le contraire.

Toutefois les juristes ne sont pas complétement en dehors de toute réalité. Dans les
conditions de mise en œuvre de l’article, le mécanisme tient compte du caractère virtuel
des PM. La mise en œuvre de la responsabilité pénale d’une Pm ne pourra se faire que si
les agissements poursuivis sont imputables à ses organes ou ses représentants qui sont à
ce moment-là, nécessairement des PP. Les PP poursuivies parce qu’elles sont les organes
ou les représentants de la PM n’entrent pas dans l’hypothèse du cumul. On peut réussir à
cerner facilement par quelle PP qui constitue les organes, et du coup ressert la focale
sur des personnes qui occupent certaines fonctions d’administration, de gestion ou de
contrôle. La difficulté est qu’il faut passer par l’incrimination d’une PP pour rendre
responsable pénalement une PM. La contradiction est résolue si on se souvient que cette
PP a agi pour le compte de la PM. Soucis : conduit à une présomption (de commission
d’infraction) qui pèse sur les PP (organes ou représentants de la PM).

Cette question d’organisation interne de la PM conduit à poser l’hypothèse de la


délégation de pouvoir : peut-on poursuivre et condamner pénalement une PP qui bénéficie
d’une délégation de pouvoir et qui donc n’est pas à titre ordinaire ni un organe, ni un
représentant de la société ? oui à condition de bien apprécier les limites de cette

20
délégation de pouvoir : vérification de compétences, de moyens, de marge de manœuvre
pour exercer pleinement cette délégation de pouvoir.

En ce qui concerne la responsabilité qui pèse sur les Pm : cette responsabilité pénale ne
connait pas en quelque sorte de dégradation, elle existe quel que soit la gravité des
agissements reprochés. La PM peut être sanctionnée pénalement y compris en l’absence
de faute. La responsabilité pénale de la PM pourra être engagée lorsque les PP (organes
ou représentants bénéficiant d’une délégation de pouvoir) ont commis un acte légal,
passible de poursuite, dans l’intérêt de la PM, cad, plus spécifiquement, dans le cadre
d’activité, ayant pour objet un but assez louable, celui d’assurer l’organisation et le
fonctionnement de la PM.

Loi de 10/07/2000 : infractions non intentionnelles but est d’assurer un meilleur


équilibre entre le risque de pénalisation excessive et une déresponsabilisation accrue
des acteurs sociaux, cette loi va faire une distinction entre les fautes qui ont opérés ce
dommage et celle qui n’ont qu’un lien de causalité avec le dommage mais qqsoit la
responsabilité pénale est retenu

Qd le lien de la faute et le dommage est indirecte : seule une faute caractériser ou la


violation délibérer de la règle de sécurité vont conduire à la mise en cause de la
responsabilité pénale  on veut éviter une pénalisation excessive

PM peut être tenue responsable = autonome à celle des PP

La responsabilité de la PM des que la faute a été commis par ses organes peut être
engagée lorsqu’il s’agit d’activité

21
Chapitre 3 : Certaines infractions du droit
pénal spécial

Section I : Délit de faux et usage de faux

De nombreux articles du droit pénal sont consacrés à ces infractions de faux. Mais nous
allons nous pencher sur l’incrimination du faux.

L’incrimination générale du faux figure dans le livre 4 au titre IV du code pénal parmi ce
que le code appelle les « atteintes à la confiance publique ». Délit de faux et usage de
faux sont des délits distincts, ils sont souvent commis par la même personne dans le
même enchainement, mais le code les traite à part, du coup chacun des 2 délits peut
être commis indépendamment et par des personnes différentes.

Article 441-1 du code pénal : la description du contenu du délit : toute altération


frauduleuse de la vérité, a été accompli par n’importe quel moyen, et peut toucher
n’importe quel support (matériel ou virtuel), mais ce support est quand même particulier,
ce n’est pas sa nature qui va le conduire à être pris en compte, mais c’est qu’il va
apporter la preuve de quelque chose.

A. L’élément matériel du faux

Idée de l’altération frauduleuse de la vérité => modification, changement, il y a donc


nécessairement à l’origine un support.

a) Nature du support

Pour qu’il y ait faux, il doit y avoir à l’origine un support que l’on va altérer. La nature du
support importe peu, cad, le faux peut être réalisé à partir de n’importe quel élément
qu’il soit matériel ou virtuel, visible ou présenté à une technologie quelconque, la nature
de ce support qui doit être prise en compte, ne doit être une nature concrète => tout

22
moyen qui est le réceptacle de l’expression d’une pensée. On veut avec ce support faire
la preuve de quelque chose. On veut qu’il y ait des conséquences juridiques.

1) Ecrit

Cet écrit doit donc être indissociable de l’expression de la pensée.

2) Expression de la pensée

A travers : Disquettes, CDROM, DVD, films, microfilms, diapositives, bandes


magnétiques, pixels.

3) Valeur probatoire

Très liée à la nature physique ou virtuelle du support, mais problème que l’on peut être
confronté à des hypothèses, où c’est l’utilisation du support destiné à avoir une valeur
probatoire qui pose problème.

 Exemple : tout à fait possible de présenter une photocopie au cours d’une


instance, et de produire cette photocopie à titre de preuve.

Peut-on faire valoir son droit avec un support qui a été altéré ? Il perd sa valeur
probatoire, mais constitue-t-il une infraction ? Question tranchée au cas par cas.

4) Conséquences juridiques

Par définition, ne pourront être poursuivies et concernées, que les altérations


frauduleuses touchant les supports pouvant avoir des conséquences
juridiques. N’entreront pas dans le champ de l’article les supports qui ne permettent pas
de fonder une demande, ou de prouver une prétention.

23
 Exemple : déclarations que peut faire l’auteur du faux en sa faveur, sont
fatalement des mensonges.

b) Préjudiciable

L’altération de la vérité doit être préjudiciable.

1) L’altération
L’atteinte à la vérité, c’est déjà le préjudice. L’altération peut être faite à n’importe
quel moment et par n’importe quel moyen. Cad que cette atteinte peut être matérielle ou
intellectuelle ou les deux.

L’atteinte matérielle est la plus simple à mettre en évidence : l’altération du support qui
porte atteinte à son authenticité : le plus souvent un écrit : rature, griffure,
suppression d’écriture.

Mais on peut être confronté à l’hypothèse d’une atteinte frauduleuse de la vérité, qui
prend la forme d’un document ou d’un support entièrement fabriqué.

On peut être confronté à l’hypothèse d’un support fabriqué de toutes pièces, mais dont
le contenu est exact, et qui correspond à tout point à un original : c’est un faux.

L’altération intellectuelle : ne va pas toucher le support en lui-même, mais touche


l’information contenue par le support. Donc ce n’est pas une atteinte à l’authenticité du
support, mais à sa véracité. Ce qui est beaucoup plus dur à déceler, à poursuivre et à
sanctionner.

2) Toujours préjudiciable selon art 441-1

La jurisprudence est relativement large, elle est toujours préjudiciable puisqu’il faut que
l’infraction frauduleuse soit de nature à porter préjudice. Du coup pas besoin de trouver
une victime réelle, concrète. Ce préjudice va être le plus souvent lié au caractère
probatoire du support.

24
B. L’élément intentionnel/élément moral

Déjà présent dans l’élément du faux, on ne fait pas un faux par hasard. Si on peut
montrer matériellement, on sort du cadre de 441-1. Car nulle part il est indiqué que
l’intention de la démarche volontaire est requise, donc a priori où les éléments
constitutifs, l’élément matériel en particulier est réuni, on applique 441-1.

La tentative qui ne figure pas dans l’article, est spécialement incriminée dans l’article
441-9 et est puni des mêmes peines => 3 ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende.

Article 441-10 qui prévoit des peines complémentaires qui peuvent potentiellement
s’ajouter. Prévues très régulièrement pour certaines infractions : interdiction des
droits civiques, exclusion des marchés publics…

Le code pénal réprime dans le même mouvement l’usage de faux.

Lorsqu’on est face à une altération frauduleuse de la vérité, et du point de vue de la


sanction, il y a une distinction entre ressortissant français et étrangers : lorsque c’est
commis par un étranger, celui-ci risque en plus l’interdiction d’être sur le territoire
français.

Pour les PM, peuvent être poursuivies par altération frauduleuse de la vérité => article
441-12 : ce sont des peines d’amendes qui vont frapper la PM.

III. Les faux particuliers

Ce sont des altérations d’une vérité un peu spécifique, évoqués dans les articles 441-2 et
suivants. Il s’agit plus spécifiquement de l’altération frauduleuse de la vérité dans les
documents administratifs, le faux dans l’écriture publique ou authentique et les faux
certificats.

A. Le faux dans un document administratif

25
« Document délivré par une administration publique, au fin de constater un droit, une
identité ou une qualité, ou d’accorder une autorisation ».

Les informations contenues dans le support.

a) Nature des informations

Ces informations en réalité sont très liées avec la nature du support, car c’est comme ça
que procède l’administration : a un document pour une information spécifique.
Information ponctuelle et propre à chaque document. Juridiquement ces informations
traduisent le plus souvent une autorisation.

Sont donc sous l’application de 441-2 : sachant que cet article pose un principe général
et ne pose pas de liste exhaustive. Donc on a pu voir que ……………….

D’autres décisions, des ordres de missions délivrées par le procureur général ont été
considéré comme des documents administratifs susceptibles d’altération.

Pour que cet article s’applique, les supports doivent être falsifiés.

B) Falsification

On considère lorsque le support fourni se contentait en quelque sorte d’avoir le début en


apparence d’un document administratif pouvait être considéré comme une falsification.

C) Sanctions

5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende, au surplus du point de vue de la sanction,


l’usage du faux est puni de la même peine, au surplus lorsque cette altération ou l’usage
du support falsifié est réalisé par certaines personnes dans certaines circonstances, la
sanction est encore plus lourde : 7 ans et 100 000€ d’amende. Les personnes visées sont
des personnes dépositaires de l’autorité publique : personnes chargées du service public.
Circonstance aggravante pour ces personnes, qui sont d’autant plus coupables car réalise
ces altérations de façon habituelle. Font ça pour aider quelqu’un à commettre un crime :

26
faux passeport pour quitter territoire français après un hold up, ou pour procurer
l’impunité à son auteur.

Les peines seront également aggravées lorsque cette infraction est considérée comme
un acte terroriste Art 441-3

La tentative est également poursuivie et sanctionnée à l’art 441-9.

B. Le faux en écritures publiques ou authentiques

Il faut rechercher les éléments constitutifs, dans l’élément légal dans l’art 441-4, et
rechercher l’élément matériel.

a) Elément matériel

Fait d’altérer la vérité dans un certain type de support qui est qualifié d’écritures
publiques (tout ce qui relève de la communication gouvernementale, de l’activité
judiciaire, du domaine fiscal).

Ecritures authentiques : support émis par des officiers publics : notaires, officiers
d’Etat civil. Champ de support assez large, surtout si l’on considère que ces informations
sont dématérialisées.

Il faut donc que ces supports soient atteints, frauduleusement altérés, ce qui va être
techniquement être plus facile à mettre en évidence compte tenu de la catégorie
d’information à laquelle on a affaire.

b) L’élément intentionnel

On a affaire à une infraction qui ne peut être qu’intentionnelle, et donc la poursuite


exige la preuve que l’auteur a eu conscience de la falsification. Ici l’intention, même si en
réalité, l’intention doit être établie par le procureur/ministère public.

c) Sanctions

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10 ans d’emprisonnement et 150 000€ d’amende.

L’usage d’un support altéré est puni des mêmes peines.

Pour les personnes chargées de missions publiques : 15 ans d’emprisonnement et


225 000€ d’amende, si PP peut se voir frapper de peines complémentaires indiquées à
l’article 441-10.

On retrouve différence français et étranger : interdictions territoire français.

La responsabilité pénale des PM est prévue 441-12. Ce sont donc des sanctions qui
viennent frapper un délit relativement grave pour être sanctionné plus fort.

C. Le faux certificat

Article 441-7 : l’élément légal qui décrit des éléments constitutifs matériels
extrêmement précis, et tourne autour de l’idée de certificat => c’est une attestation ou
un certificat qui décrit ou constate des faits. Matériellement le faux certificat se
présente sous 3 hypothèses :

- Se constituer ou constituer un support qui va faussement constater, et en réalité


faire état d’événements, éléments qui sont matériellement inexacts. Le contenu
n’est pas spécifiquement une altération de la vérité, ce n’est pas la vérité
- C’est authentiquement l’hypothèse de l’altération, car texte prévoit qu’à l’origine
on dispose d’un support sincère, dont le contenu est exact, mais qu’on va altérer
pour produire un document, dont le contenu sera mensonger
- L’utilisation des supports constitués frauduleusement ou falsifiés

C’est plus le contenu du support qui est visé, car ce sont des supports qui par nature
sont là pour constater une situation dont ils attestent la réalité et donc la véracité. Ces
altérations de ces documents spécifiques sont relativement peu sanctionnées : 1 an
d’emprisonnement et 15 000€ d’amende. Les peines peuvent être aggravées : altération
frauduleuse dans le but de porter préjudice au trésor public ou au patrimoine d’autrui :
3 ans d’emprisonnement et 45 000€ d’amende.

Art441-9 : tentative de délit reçoit même sanction que le délit réalisé, et on trouve le
même type de sanction pour les PP et PM avec les peines complémentaires encourues par
les PP, et la responsabilité pénale pour les PM.

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Délits supplémentaires :

441-3 : détention frauduleuse de faux documents

441-5 : fait de procurer à autrui frauduleusement un document délivré par une


administration publique

441-6 : fait de se faire délivrer alors qu’on n’y a pas le droit, un document par une
administration publique ou par un service assimilé.

Il y a différentes façons de procéder à des falsifications, et du point de vue du droit


des affaires, il y a des hypothèses visées par l’article 443-1 qui vise plus spécifiquement
la contrefaçon et la falsification des effets émis par le trésor public avec son timbre et
sa marque => falsification des titres et autres valeurs fiduciaires.

Section II : Délit d’escroquerie

Art 313-1 : vision générale du délit d’escroquerie ?

Comportement adopté pour tromper quelqu’un en vue d’en obtenir certains avantages.

I. Les éléments constitutifs de l’escroquerie

L’escroquerie à titre général peut être décrite comme un délit de commission,


caractérisée par la remise volontaire par le propriétaire ou le possesseur d’un bien de
cette chose à l’escroc. Le mécanisme de l’escroquerie est le fait de provoquer cette
remise volontaire.

Cette remise volontaire est provoquée à l’aide de moyens frauduleux et destinés à


induire la victime en erreur.

On trouve une diversité d’attitudes avec 3 caractéristiques :

- Comportement destiné délibérément à tromper : face à une attitude active


entièrement tournée, orientée vers la volonté d’induire la victime en erreur, tout
un ensemble d’agissements

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- Emploi, recours à des procédés frauduleux
- Chronologie nécessaire dans l’escroquerie : arriver à démontrer que le
comportement du moyen frauduleux existe avant la remise de la chose

A. Un comportement actif

Dans l’escroquerie il y a toujours un mensonge, mais le mensonge seul ne suffit pas et


prend différents aspects. Prend différents aspects : porter sur l’usage d’un faux nom,
fausses qualités.

Utilisation du mensonge : acte d’usage : il va prendre soit l’apparence d’un faux nom ou
l’usage d’une qualité et va éventuellement se combiner avec un autre usage : l’abus de
qualité vraie.

L’interprétation de ce texte qui énumère différentes situations pourrait conduire à


considérer que ces éléments doivent exister cumulativement pour constituer une
escroquerie. A partir du moment où on est confronté à une personne qui utilise des
procédés trompeurs, on entre dans le cadre de l’escroquerie.

Le plus souvent usage de :

- Fausse qualité (sur la situation matrimoniale, sur la nationalité, sur le fait d’être
bénéficiaire de prestation sociale),
- âge,
- filiation

L’environnement trompeur n’est pas né dans l’esprit des tiers, il a été provoqué par
l’escroc, il a lui-même construit et propagé le mensonge.

Il possède une réelle qualité qui porte sur sa profession.

 Est gendarme : c’est sa qualité, or il exerce alors qu’il est retraité, il utilise donc
sa qualité pour tromper ses victimes. Profession qui aspire confiance.
Le mensonge ne porte pas sur la qualité puisqu’elle est vraie, mais sur les
avantages, les contreparties, que l’escroc prétend pouvoir fournir. Il n’est pas
nécessaire de lui imputer un élément concret : pas besoin de manœuvre faisant
appel à des tiers.

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NB : dans certains cas, l’usage frauduleux d’une qualité vraie, pourra recevoir
éventuellement plusieurs qualifications, et donc être rattaché à d’autres infractions, en
particulier lorsqu’il s’agit de corruption, voire de trafic d’influence => Art 433-18

II. Les manœuvres frauduleuses

Dans le cas où il n’y a pas seulement usage de faux non ou de fausse qualité.

A. Les manœuvres

Ce sont des comportements actifs, exclut la passivité, la simple abstention.

a) Définition des manœuvres et caractère

La loi 313-1 s’abstient de définir ce qu’est une manœuvre, donc c’est à la jurisprudence
qui indique qu’il y a essentiellement 3 caractères :

- Manœuvre = acte de commission


- Actes de commission réalisés dans un seul but d’induire la victime en erreur
- Induire la victime en erreur pour obtenir la valeur de la chose espérée

La caractérisation de ces manœuvres fait apparaitre un élément chronologique, pour


mettre en évidence les éléments de l’escroquerie : y avoir antériorité des manœuvres
frauduleuses avant l’obtention de la chose.

A titre exceptionnel, certaines manœuvres ont pu arriver postérieurement à l’obtention


de la chose, qui ont été retenu pour caractériser ce fait d’escroquerie.

 Continuité des relations entre le coupable et sa victime. Le coupable espérait-il


en quelques sortes procéder à une nouvelle escroquerie.

31
S’accompagne souvent de mensonge, mais le mensonge écrit ou verbal, répété plusieurs
fois, émanent de l’escroc lui-même, ne peut pas être pris seul en considération.

Il ne peut y avoir manœuvre que si le mensonge est conforté, corroboré par des
éléments matériels extérieurs, et qui sont destinés par l’escroc à donner force et crédit
à son mensonge. Concrètement, de simple allégations (affirmations) même si elles sont
mensongères, ne vont pas être suffisantes pour être considérées comme des manœuvres
si elles ne s’accompagnent pas de faits extérieurs de manière à leur apporter du crédit.

Il peut y avoir dans certaines décisions l’indication du contraire.

 Présentation de bilans volontairement falsifiés, qui étaient là pour donner force


et crédit à des allégations sur la prospérité d’une société, étaient constitutifs
d’une escroquerie.

b) Les manœuvres : mise en scène

La mise en scène est une mise en situation, qui combine plusieurs moyens qui sont tous
propres à tromper, elle va faire appel à la fois à une approche psychologique,
intellectuelle et technique, on va cerner la personne sur tous les plans. Jurisprudence
admet que c’est quelque chose de rudimentaire, pas besoin forcément de moyens.

 La personne est considérée comme une personne influencée, et faible


psychologiquement, sera retenu un procédé ultra simple, rudimentaire.

On tient compte du caractère psychologique, de son caractère influençable de la


victime. On va l’apprécier in concreto par rapport à un modèle idéal de prudence,
d’intelligence standard (en droit civil).

En droit pénal on part des aspects psychologiques de la victime.

c) Pour poursuivre un but/objectif

Il doit toujours être le même et être identifié : poursuivre une personne physique ou
morale. Tromperie dans le but d’obtenir une remise : obtenir contrepartie spontanée de
la victime.

32
B. La remise

A la fois l’infraction et le résultat de l’infraction.

La remise est la démarche de la victime, qui d’elle-même va fournir des fonds, de


l’argent, des biens quelconques, indépendamment de la valeur marchande, et également
la remise de services, une prestation de services.

Cette remise peut être constituée par le fait de donner un consentement à un acte
juridique. C’est un acte qui va opérer obligation (engagement, contrat, promesse) ou
décharge (remise de dettes). Elargit le champ de l’infraction.

Cette remise qui peut porter sur beaucoup de choses doit toutefois se faire au
détriment de la victime, ou également au préjudice d’un tiers.

a) L’auteur de la remise

La remise concrètement émane de la victime, mais n’est pas nécessairement faite par la
victime.

 Evolution technologique : remise peut être faite par une machine.

b) L’objet de la remise

Il est très largement accepté : de l’argent, des biens, des valeurs, un service, un
engagement, une renonciation… c’est suffisamment large pour que l’on arrive dans des
situations complexes de distinctions de l’escroquerie et du vol, où l’escroquerie ne
portera pas sur un bien matériel, n’est pas limitée à une catégorie d’objet.

 Question des immeubles : peut-on obtenir un immeuble et procéder à une


escroquerie sur un immeuble ?
De manière indirecte, la jurisprudence a reconnu que l’escroquerie peut porter :
- Sur le droit de propriété : le titre de propriété que représente l’immeuble
- La valeur de l’immeuble : surévalué, sous-évalué

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c) La valeur de l’objet de la remise

Elle est quelconque, mais l’essentiel est qu’à un moment il y ait préjudice. La remise doit
être préjudiciable.

Du coup on peut poursuivre et sanctionner pour escroquerie, même quand la chose n’a pas
de valeur marchande : valeur sentimentale : préjudice moral.

C. Les peines

L’escroquerie est punie de 5 ans d’emprisonnement et de 375 000€ d’amende.

Les peines peuvent être plus lourdes : 7 ans d’emprisonnement et 750 000€ d’amende
dans les cas concernant certaines personnes dépositaires de l’autorité publique, chargée
d’une mission de service public, et qui agissent à l’occasion ou dans le cadre de leur
fonction ou de leur mission. Personnes qui font appel public à l’épargne, et appel au public
pour collecter des fonds à titre d’action humanitaire.

Les circonstances aggravantes : lorsque l’escroquerie se fait au préjudice d’une personne


particulièrement vulnérable à cause de son âge, d’une maladie, d’un handicap ou dans un
état de grossesse apparente ou connue du coupable.

Prise en considération de la victime qui vient des EU : hate crimes : infraction qui voit sa
qualification et sanction aggravée, du simple fait que le coupable a choisi sa victime
parce qu’elle lui parait plus vulnérable (personnes âgées, travailleurs sans papier).

Les peines pourront être encore plus aggravées passant à 10 ans d’emprisonnement et 1
millions d’euro, lorsque l’infraction est faite en bande organisée.

La tentative des infractions est punie des mêmes peines.

SECTION III : DELIT DE RECEL

34
Une personne va profiter du produit d’une infraction en sachant qu’elle profite du
produit de l’infraction. Le recel est forcément la suite d’une infraction commise
auparavant.

I. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DU RECEL

L’élément légal : art 321-1 du code pénal.

Elément matériel et élément moral : c’est en toute connaissance de cause.

A. L’élément matériel du recel

Le recel est un acte accompli sur une chose, dont la principale caractéristique est qu’elle
provient d’un délit ou d’un crime antérieur. C’est le fait d’être en possession, de détenir,
de garder, d’avoir, une chose dont on ne connaît pas la nature, mais dont on sait qu’elle
provient d’une infraction.

a) La nature de la chose du recel

Pour qu’il y ait recel il faut d’abord s’intéresser à la chose : objet, produit, un bien
corporel ou incorporel…

En revanche, il faut démontrer que tout ça doit nécessairement provenir d’une


infraction précédente, crime ou délit.

La chose est par définition un bien corporel, qui peut être non appropriée, voire non
appropriable => peut être constitutif d’un recel.

La chose ou le produit pour la jurisprudence sont des choses mobilières, quel que soit la
valeur, même de faible valeur. En ce qui concerne les produits, il s’agit de produits au
sens courant du terme, c’est ce qu’on retire d’une chose : produit d’un immeuble mis en
location, pomme produit de la récolte d’un pommier.

Réduit le champ d’application, car on pourra poursuivre et sanctionner un individu, qui


possède le produit d’une chose issue d’une première infraction.

35
Permet de sanctionner le recel d’usages ou de services.

 DSK recel de proxénétisme.

b) Les biens incorporels

En matière de recel, ce sont des comportements qui ont porté sur des biens incorporels
assez spécifiques : les informations. Avec nouvelles technologies : tout ce qui est virtuel.
Peut-on être accusé de recel d’information ? Peut-on voler une information ?

La jurisprudence n’a accepté que le support de l’information : recel d’images conservées


dans le disque dur d’un ordi. Mais surtout information : sa valeur, son éventuelle
matérialisation ou pas.

On élargit sur la nature de la chose qui n’est pas un obstacle sur l’identification du recel.

c) La provenance de la chose objet du recel

(Objet : ce qui est au centre de)

Les textes disent que la chose du recel doit provenir d’un crime ou d’un délit. Il n’y
aura donc pas recel si la chose provient d’une infraction qualifiée de contravention.

Ce crime ou ce délit constitue nécessairement une infraction antérieure au recel, on dit


que c’est une infraction de conséquence (dépendante).

Le recel ne peut exister sans une première infraction (infraction d’origine). C’est le fait
principal punissable qui ne peut que se réaliser avant le recel.

Le recel est dépendant de la chronologie mais pas de la nature, il peut être n’importe
quel type de crime ou de délit. Peu importe qu’il ait été poursuivi et sanctionné.

Exception : le recel de fraude fiscale

La chambre criminelle a estimé que pour parler de recel de fraude fiscale, il faut se
retrouver dans la situation où l’administration fiscale a porté plainte.

36
Peu importe que l’auteur du fait principal punissable ait été lui-même poursuivi ou
condamné : fait principal punissable : cambriolage => vol, confiés à un receleur qui les a
revendus et a versé sa part au voleur qui a disparu, toujours existence du recel.

L’infraction antérieure est nécessairement réalisée par un tiers. Il est absolument


impossible pour une même personne de cumuler la qualité d’auteur pour la première
infraction, et celle de receleur.

Le recel est une infraction créée pour pouvoir condamner des personnes qui « ne font
rien ».

Hypothèse où le complice a pu être condamné pour recel : participe au vol en tant que
guetteur et revend les produits volés => ici complice peut cumuler complicité et recel.

Il peut arriver procéduralement, une hypothèse un peu délicate : l’auteur de la 1ère


infraction dont est issue la chose recelée est amnistié (efface sa peine, son délit). Est-
ce que le recel tient toujours. La dépendance ne disparait pas, car la chose est issue
d’un crime ou d’un délit.

Le recel existe jusqu’à un certain point : issu d’un crime ou d’un délit. Le recel tombera si
l’infraction première est requalifiée en infraction.

B. L’élément intentionnel

Là où le texte insiste est sur le fait que le receleur va posséder des choses qui
proviennent d’un délit, soit il sait qu’une infraction a été commise.

a) La connaissance de l’infraction

Un receleur agit en toute connaissance de cause, il doit avoir connaissance de l’origine


criminelle ou délictuelle de la chose. En revanche, pas besoin de connaître tous les
détails : lieu, quantité…

Pour les receleurs d’occasion, ceux qui cherchent les bonnes affaires, sont-ils des
délinquants ou naïfs ? Dépendant des circonstances matérielles qui entourent le
receleur avec les choses, et celles-ci conduiront à déterminer s’il y a recel ou non.

37
Pour des particuliers, selon les circonstances matérielles, s’il y a forte probabilité qu’il y
a recel, ils ne peuvent être ignorants du fait. => vente sur la fac d’un manteau a un prix
intéressant, or pas l’apparence de commerçant, caractère douteux de la vente.

En revanche, les professionnels seront forcément receleur, car ils ont la compétence de
commerçant et peuvent déceler s’il y a recel ou non : mode habituel ou non de la
commercialisation.

Le problème lié à cette connaissance de la provenance délictuelle des biens : à quel


moment en prend-t-on connaissance ? Important car sort du cadre pénal ou pris comme
receleur.

Connaissance est de la mauvaise foi, elle doit être établie dès le début de recel. Dès qu’il
prend possession de la chose issue de l’action principale doit être conscient de l’origine
délictuelle.

Si le supposé receleur ignore tout au début et découvre l’origine délictuelle de la chose,


il n’est pas receleur. La jurisprudence a varié au cours du temps, car un moment donné,
la chambre criminelle de cassation admettait que la personne pouvait être poursuivie
pour recel à partir du moment où sa connaissance de l’origine frauduleuse de la chose
avait existé à un moment donné ou un autre de la détention. Cependant cela ouvrait trop
largement le champ de l’infraction donc à présent on peut dire que celui qui reçoit des
choses mobilières de bonne foi, ignorant leur origine frauduleuse, est de bonne foi au
moment de la réception de la chose. Il y a donc régularité de la possession et absence de
recel.

II. LA REALISATION DU RECEL

A. Infraction continue / infraction instantanée

Le délit est juridiquement un délit instantané lorsque tous ces éléments constitutifs
existent au moment de sa réalisation. Il sera continu lorsqu’il se développe dans le
temps.

- Dissimulation : cacher la chose : délit continu ;


- Détention : avoir eu la chose dans les mains (peut être très brève) : délit
continu ;
- Transmission : passer la chose à quelqu’un à titre onéreux ou gratuit : instantané ;

38
- Intermédiation : mettre des gens en relation, sans détenir l’objet mais en en
tirant profit : instantané.

Ceci va avoir des conséquences sur la prescription : c’est le résultat de l’action du temps
sur une situation ou un acte juridique. La prescription est liée au caractère instantané
ou continu du délit. Car le point de départ du délai de prescription n’est pas le même. En
cas de recel, la prescription commence à courir à partir du moment où la détention
s’arrête. La dissimulation peut être plus ou moins longue ; le receleur prend plus de
risque avec la dissimulation que la détention.

Le receleur tire profit, mais il n’est pas nécessaire qu’il en tire profit pour lui-même.
L’intermédiaire peut en tirer profit.

B. Recel profit / recel d’usage

Le recel peut être une forme moderne, tirer profit d’une activité qui résulte d’une
première infraction. C’est épineux car on n’a plus besoin de détenir l’objet, donc
l’implication de recel élargit son champ d’application.

 Présentateur du journal de 20h bénéficie d’avantages en nature sous forme de


don : voyage en hélicoptère, voyages… Il accepte car considère que la personne
qui lui offre bénéficie d’une fortune personnelle élevée, or en réalité, ses
avantages viennent d’infractions.
Toujours une certaine matérialité : villa, hélicoptère.

Recel profit : extension, peut-il être étendu à des situations plus problématiques ? Peut-
il y a voir un recel profit sur la notion de recel esthétique ou moral ?

 Délits liés à la violation du droit d’auteur => streaming pas de détention.


Considéré comme receleur ?

Une extension peut aller très loin. Or elle est freinée par le phénomène de la preuve.

Le recel moderne fondé sur la notion de recel profit à de grandes conséquences :

- Dématérialiser le recel lui-même : la chose objet supposée du recel est


dématérialisée elle-même ;
- Relatif à l’argent sale : un banquier qui détient une somme d’argent peut-il être
convaincu de recel, dès lors que cet argent provient d’infractions diverses ? Si
oui, il n’y a plus de principe d’ingérence du banquier dans l’affaire commerciale, le

39
banquier juridiquement n’est qu’un mandataire. Mais il y a l’obligation pour les
banquiers de signaler à l’administration TRACFIN, des doutes qu’il pourrait avoir
sur l’origine des fonds.

Recel profit utile car permet de prendre des décisions.

Conclusion : distinguer le recel dit simple du recel aggravé. C’est une question de
procédures, la tentative n’étant pas punissable lorsqu’on a affaire à un recel simple. Le
recel aggravé est le recel considéré comme purement criminel parce que l’infraction
d’origine est un crime, et à ce moment-là la tentative sera punissable : car tentative de
crime toujours punissable par principe.

Mais peut être un recel simple qui est aggravé par des circonstances aggravantes :
bande organisée.

Le recel aboutit au recel d’abus de biens sociaux : ce sera plus du recel profit : réaliser
une infraction avec des fonds issus d’un premier délit. Il va servir très souvent, et sera
très souvent connexe au délit de corruption. Souvent commis par les proches de l’auteur
de la première infraction : conjoint, conseiller. Mais aussi lorsque l’auteur est déjà un
corrupteur et ce délit va bénéficier aux corrompus.

C Répression du recel

Art 321 : Recel simple : 5 ans – 375000 € ; Recel aggravé : 10 ans – 750000 €.

40
Titre 2 : Les infractions relatives à l’administration des sociétés

Chapitre 1 : Les abus de gestion

Section I : L’incrimination générale – l’abus de confiance

C’est une atteinte considérée comme hybride, c’est l’atteinte à la propriété et au


contrat, notion de confiance.

Définition dans Art 314-1 du code pénal.

Il y a dans l’abus de confiance une condition préalable. C’est l’existence d’un


environnement dans lequel l’infraction va se réaliser à partir d’une chose. La condition
préalable est ici le contrat (circulation de la chose dans le cadre du contrat).

Se poser la question sur les contrats : la personne que l’on va convaincre de l’abus de
confiance est entrée en possession de quelque chose en charge d’en faire quelque chose.

- Louage : mobilier ainsi qu’immobilier : location/vente, crédit-bail, le dépôt


régulier ou irrégulier/volontaire ou forcé (dans le cadre du dépôt vente)
- Mandat : il peut être constitué à titre gratuit/conventionnel ou légal
- Nantissement sous forme de gage mobilier avec dépossession
- Contrat de prêt à usage : remise de quelque chose
- Contrat de travail, salarié ou non : remise d’une chose pour effectuer un travail
dessus.

I. Les éléments constitutifs de l’abus de confiance

Possesseur véritable : propriétaire : il a la chose.

Possesseur précaire : celui qui a reçu la chose en vertu des contrats vus précédemment
mais qui va inverser la possession à la vue des autres pour être perçu comme le
possesseur véritable.

A. L’élément matériel

41
Il s’agit d’un détournement ou d’une dissipation.

a) Le détournement

C’est le détournement de la chose en dehors de l’usage contractuellement prévu. La


chose prêtée devient une chose donnée.

Deux sortes de détournement :

- Usage abusif
- Refus de restitution

Détournement qui consomme/constitue l’abus de confiance.

Il y a détournement de la créance matérialisée par un solde créditeur d’un titulaire de


compte en banque si la banque décide de clôturer unilatéralement ce compte créditeur
sans justification et sans restituer le montant du compte.

1- Usage abusif
On va au-delà de la clause contractuelle. Conditions différentes de celles prévues dans
le contrat. Ne se sert pas de la chose conformément au contrat d’origine :

 Utilisation du n° de CB d’un autre


 Autorisation de prélèvement
 Carte de crédit de l’entreprise
 Détournement de la connexion Internet de l’entreprise.

Problème : va impliquer une situation dans laquelle le titulaire légitime du droit de


propriété ne sera plus en mesure d’exercer son droit sur sa chose.

Il y a des choses individualisées, des choses fongibles (on ne peut pas l’identifier
directement, on va se contenter de désigner une catégorie générale).

Tout usage abusif ne caractérise pas toujours un abus de confiance : certains écrits qui
sont déclarés comme des marchandises : fait que le contenu de ces écrits soit révélé à
des tiers, si contenu n’est pas révélé : pas abus de confiance.

C’est la remise légale qui n’est pas respectée.

42
2- Refus de restituer

Vient de contrats avec situations précaires.

Juridiquement c’est une appropriation induite, mais peut être également une rétention
légitime.

Le refus de restituer peut se manifester parfois par une mise en demeure préalable.

Peu importe que ce refus de restitution soit justifié par celui qui le réalise par l’origine
douteuse voire illicite de la chose retenue.

La malhonnêteté de la victime du refus de constitution ne vient pas exonérer celui qui


refuse la restitution.

Abus de confiance pour un bien déjà détourné par contrebande.

b) La dissipation

Acte particulier qui rend impossible toute restitution, on ne peut plus restituer car on a
fait disparaître la chose.

1- Matérielle

On conduisait une voiture obtenue en location/vente, et en Espagne on l’a vendue.

Soit sciemment, soit par accident on détruit totalement ou partiellement la chose : peut
mettre sur la voie d’un abus de confiance.

Cas où l’on a délaissé la chose : laissée à l’abandon et a dépéri donc reste des débris :
constitutif d’un abus de confiance.

2- Juridique

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Hypothèse où le possesseur précaire va réaliser un acte juridique incompatible avec les
dispositions contractuelles d’origine, conduisant toujours à l’impossibilité de restitution :
vente, donation, aliénation.

Il faut qu’on restitue un équivalent, donc tant qu’on ne le fait pas, il n’y a pas abus de
confiance -> démonstration de l’impossibilité de restituer.

 Quelqu’un a obtenu un prêt de ses voisins, il dissipe l’argent.


A partir du moment où il reste solvable, l’abus de confiance n’est pas constitué.
En revanche, si la solvabilité de cette personne lui permet simplement de faire
face à l’indemnisation de la victime, et donc ne permet pas d’aller jusqu’à la
restitution intégrale, il y a abus de confiance.

Les deux dissipations peuvent avoir lieu dans la même hypothèse et se succéder dans le
temps.

c) Le préjudice

Cet abus de confiance se pratique donc au moins entre deux personnes : le titulaire
légitime du droit de propriété et le délinquant. Le préjudice dans l’abus de confiance est
la perte subie par le patrimoine de la victime corrélative à l’enrichissement du
patrimoine du délinquant : critère objectif.

Il n’est pas nécessaire que l’auteur ait lui-même tiré profit de l’abus. Pour caractériser
le préjudice, peu importe le montant des sommes en jeu, et peu importe qu’il soit réalisé
actuellement : le préjudice réalisé éventuel peut caractériser un abus de confiance.

Il suffit que la victime ait été privée de ses droits temporairement, et que cette
privation de droit soit préjudiciable aux agissements de la victime.

Important car le préjudice doit toujours exister : par voie de conséquence, on ne peut
pas détourner soi-même sa propre chose, y compris en la détruisant.

Préjudice lié à l’élément intentionnel : connaissance de la situation précaire dans laquelle


on se trouve, mais aussi conscience du préjudice que l’on cause à la victime.

d) La remise de la chose

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Est à la fois nécessaire dans l’abus de confiance, et aussi relativement caractéristique
du point de vue juridique.

Nécessaire : sans remise d’une chose il n’y a pas d’infraction, condition d’existence du
délit d’un point de vue matériel.

Caractère de la remise :

- La remise est préalable à l’abus de confiance (chronologie) : il ne peut pas y avoir


abus de confiance si on a la possibilité de prendre un bien et qu’on ne le rend pas
(pas de restitution et pas d’abus de confiance).
- Cette remise est nécessairement volontaire et délibérée : dès le moment où la
remise est volontaire et délibérée, les autres qualifications telles que le vol ou
d’autres infractions de ce type sont exclues.
- Acceptée par celui qui est supposé avoir commis un abus de confiance.
- Nécessairement précaire : va par nature conduire à restitution. Marque l’élément
intentionnel.

Nature de la remise :

- Matérielle : tradition -> transmission main dans la main.


- Juridique : exécution d’un contrat qui se fait de manière différée, abus de
confiance seulement si elle est transmise. De ce point de vue, il n’est pas
nécessaire que la remise juridique se fasse de façon très formelle, il est
seulement important de déterminer le moment où elle a été remise.

 FNAC : achat d’un objet en magasin, mais qui n’est pas en stock, paiement
d’avance, et réception la semaine d’après. Objet arrive entre temps et est vendu
à quelqu’un d’autre, quand j’arrive la semaine d’après, toujours pas en stock : abus
de confiance, j’ai été temporairement propriétaire d’un bien.

Il n’est pas nécessaire de procéder à la remise individualisée de chaque élément d’un


ensemble (succession : transmission du patrimoine).

Peu importe que la chose remise n’ait pas été remise à l’agent (coupable de l’abus de
confiance) ; peu importe que la remise ait été faite à l’agent par un tiers qui n’ait pas été
partie à l’accord d’origine.

e) Objet de la remise

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La remise peut être incorporelle ou corporelle ; c’est la nature de la chose qui commande
le reste de la qualification. Si une chose n’est pas susceptible d’être considérée comme
pouvant faire l’objet d’une remise et d’une restitution, elle ne pourra pas conduire à un
abus de confiance.

Fichier clientèle : nature de marchandises donc susceptible de faire l’objet d’un abus.

B. L’élément moral

a) Absence de précision légale

L’absence de précision légale ne signifie pas l’absence de précision sur l’élément


intentionnel. Détournement => idée d’un côté négatif : c’est délibérément que celui qui
fait un abus de confiance veut mal faire.

b) Une infraction intentionnelle

1- La conscience de la précarité de sa possession

La connaissance que l’on attend de celui qui fait un abus de confiance, la conscience de
sa propre précarité : doit savoir qu’il n’est pas propriétaire. Ne sera pas considéré
comme réalisant un abus de confiance celui qui vend un bien trouvé dans une succession
car il ignore que ce bien se trouvait là après un dépôt.

2- Caractère illicite de l’acte accompli

Difficulté : mettre en évidence le caractère contractuel du lien entre la victime et le


délinquant.

II. La répression de l’abus de confiance

A. Peines principales

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3 ans d’emprisonnement et 375 000€ d’amende, sans compter les circonstances
aggravantes qui peuvent tenir soit la personne poursuivie soit aux victimes elles-mêmes.

7 ans d’emprisonnement et 750 000€ d’amende pour :

 Obtention de fonds auprès du public ou de valeurs pour son propre compte, ou


pour une entreprise industrielle et commerciale (dirigeants de droit ou de fait).
 Recouvrement de manière habituelle ou à titre accessoire de fonds ou de valeurs
pour le compte d’autres personnes (commissaires-priseurs, mandataires, syndic).

10 ans d’emprisonnement et 1 500 000€ d’amende si le coupable est un mandataire de


justice, officier d’Etat civil ou ministériel, huissier, ou si la victime est :

 Une association qui regroupe des fonds pour des opérations humanitaires : 7 ans
de prison
 Une personne d’une particulière vulnérabilité apparente ou connue de l’auteur :
âge, maladie, infirmité, déficience physique ou mentale, grossesse.

B. Les peines complémentaires

Privation des droits civiques, interdiction d’exercer une profession, etc.

SECTION II : L’INCRIMINATION SPECIALE : L’ABUS DE BIENS SOCIAUX

C’est un délit particulier qui prend sa racine dans l’abus de confiance. Forme de
détournement de pouvoir. Incrimination assez ancienne (1935) ciblant particulièrement
les dirigeants de société et visant la protection des créanciers.

Art L 241-3 et 242-6 du Code de commerce.

I. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS

L’abus de biens sociaux vise donc l’abus des biens et du crédit d’une société. On a une
condition préalable de se retrouver dans un environnement légal où se trouve des SA et
SARL, plus précisément des sociétés de capitaux. Peu importent sa taille, son activité,

47
les conditions de son contrôle. Sur la variété des formes sociales, la même formule se
répète pour les SAS, société en commandite, SC faisant appel à l’épargne.

Société en commandite par action L243-1

SAS L 244-1

L231-11 du code monétaire et financier.

A. L’élément matériel

3 conditions requises

a) Un acte d’usage

Acte contraire à l’intérêt de la société : les dirigeants font quelque chose de contraire à
l’intérêt de la société. Il ne s’agit pas nécessairement de détournement ou de
dissipation.

Il faut donc définir l’intérêt social.

1- Du point de vue des personnes


Ces personnes sont énumérées par les textes :

- Administrateurs des sociétés


- Directeurs
- Membres du directoire
- Membres du conseil de surveillance
- Liquidateur.

Il en résulte que le délit doit être commis par les dirigeants de droit ou de fait, et les
mandataires sociaux au sens général. Dirigeant de fait : celui qui s’immisce dans la
gestion de la société, et qui va exercer des fonctions de direction de manière autonome,
mais sans être mentionné en tant que tel dans un organigramme. Sera considérée comme
dirigeant de fait toute personne qui, directement ou par personne interposée, aura
concrètement exercé la direction, l’administration, ou la gestion de la société sous le
couvert ou en lieu et place des représentants légaux.

Les cadres dirigeants et les simples bénéficiaires d’une délégation de pouvoir ne sont
donc pas visés.

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2- Du point de vue de l’acte lui-même

On peut abuser de :

- Biens : patrimoine social : les immeubles, les biens mobiliers, les biens
incorporels, type fonds de commerce, et les fonds qui circulent à l’intérieur de la
société, qu’ils soient connus ou occultes
- Crédit social : capacité financière de la société : facilité à emprunter, à susciter
la confiance vis-à-vis de potentiels créanciers, à engager des opérations
conduisant à des paiements ou des décaissements
- Pouvoirs : décisions prises en CA, pouvoirs renvoyant à l’usage des voix ou des
mandats pour la gestion de la société
- Voix : démocratie de la société, politique générale prenant forme par ses voix.

L’acte d’usage visé ici est un acte fait de mauvaise foi, et cette mauvaise foi est
justifiée par la mise en évidence de la poursuite d’un intérêt personnel direct ou indirect
par les dirigeants (frontière entre droit pénal et reste du droit des sociétés ; ex :
faillite : sanctions uniquement commerciales tant que la mauvaise foi n’a pas été
démontrée).

3- L’intérêt social : absence de définition légale

Débat jurisprudentiel depuis les années 1990. Dans certains cas, c’est l’appauvrissement
de la société qui s’est fait sans contrepartie qui a été retenu.

Décision du 22 avril 1992 CARPAYE : 1ère décision marquante, la cour de cassation,


chambre criminelle, a considéré que constituait un abus de bien social tout usage de
biens de la société fait dans un but illicite (fraude fiscale, corruption individuelle ou
collective, utilisation des fonds délictueuses).

Arrêt ROSEMAIN 11 janvier 1996 : la cour de cassation a opéré une distinction entre
les prélèvements opérés pour rémunérer des employés non déclarés (acte illicite mais
non contraire à l’intérêt de la société) et des prélèvements effectués par les dirigeants
dans leur intérêt personnel (ABS).

L’intérêt contraire à la société doit être démontré par le ministère public et réellement
prouvé : ne peut être ni présumé ni déduit de l’absence de preuve contraire.

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Arrêt NOIR-BOTTON 6 février 1997 : financement de campagne électorale avec les
fonds de la société. La cour de cassation a estimé que l’acte incriminé, même illicite, ne
conduisait pas nécessairement à une anormalité contraire à l’intérêt social.

CARRIGNON 27 octobre 1997 : Revirement de jurisprudence car : un délit, même


commis dans l’intérêt de la société, constitue un abus de bien social car il expose la
personne morale au risque anormal de sanction pénale ou fiscale contre elle-même ou ses
dirigeants et porte atteinte à son crédit et à sa réputation.

Ne pourront être poursuivis :

- Les dirigeants de sociétés étrangères


- Les dirigeants de sociétés de personne
- Les dirigeants d’association.

b) Les structures sociales visées

1- La société simple

L’acte est étranger à l’objet social, porte atteinte au patrimoine social et expose la
société à des risques de perte.

2- Les groupes de sociétés

Question plus complexe lorsqu’il s’agit de groupes de sociétés, où sera toujours visé le
dirigeant et un acte contraire à l’intérêt social. Mais il peut y avoir des actes commis en
contradiction à l’intérêt social d’une seule société qui fait partie du groupe.

WILLOT 4 février 1985 : notion de groupe. Acte qui pouvait être contraire à l’intérêt
social de l’une des sociétés faisant partie d’un groupe mais qui pouvait être justifié
parce le fait qu’il avait été accompli dans l’intérêt du groupe.

Proposition que dans le cadre des groupes de société, au lieu de parler d’acte contraire à
l’intérêt du groupe, on parle plutôt d’acte conforme ou non à la politique d’ensemble du
groupe. Mise en évidence de la notion d’objet social du groupe : il devenait admissible

50
de considérer que l’on demandait des sacrifices justifiés par la survie de l’ensemble à un
élément du groupe.

D’un point de vue doctrinal, cette notion de conformité sociale à l’objet d’un groupe a
été rejetée : elle permet de ne pas poursuivre des dirigeants parce qu’en réalité s’ils
agissent au regard de l’ensemble du groupe, c’est qu’ils ne poursuivent pas un intérêt
personnel.

Or, le sacrifice demandé à un des éléments du groupe ne doit pas l’exposer à des risques
trop importants et ne doit pas être hors de proportion avec ses facultés réelles (que les
sommes en jeu n’excèdent pas ses fonds propres ou ses capacités d’endettement).

4 critères pour l’ABS :

- Sociétés qui appartiennent à un même groupe


- Il y a une politique industrielle ou commerciale qui a été élaborée pour l’ensemble
du groupe, il y a donc un intérêt économique commun
- Le sacrifice demandé à l’une des sociétés, souvent financier, ne doit pas être
envisagé sans contrepartie, ou du moins ne pas conduire à rompre un équilibre
entre les engagements respectifs de tous les éléments du groupe dans le cadre
de leur cohérence économique
- L’opération de sacrifice, qui est justifiée par l’intérêt du groupe, ne peut en
aucun cas excéder les possibilités financières de la société qui en porte la
charge. Il ne faut pas délibérément de la part de dirigeant de conduire une
société simple, ou au sein d’un groupe, en lui faisant supporter des charges
supérieures à ce qu’elle peut supporter.

B. L’élément intentionnel

Différence entre le dol général et le dol spécial.

Le dol général relève de l’intention : la mauvaise foi. Dans un ABS la mauvaise foi sera
constituée par le caractère délibéré de l’agissement qui se révèle contraire aux intérêts
de la société.

Le dol spécial est la recherche d’intérêt personnel ou la favorisation d’une autre société
dans laquelle les dirigeants ont un intérêt.

51
a) Une portée restreinte
Le terme utilisé pour l’ABS : sciemment. Il a été supprimé, car totalement conscient,
avec volonté à 100%, donc dur à prouver, donc suppression pour que ce soit moins
précis.

Avec droit pénal : principe général qui fait que les infractions sont intentionnelles.
Jurisprudence de la cour de cassation demande la réunion des éléments matériels, d’où
déduction d’un élément intentionnel.

b) La mauvaise foi

Le dol général des dirigeants va être caractérisé à partir des circonstances : quand le
dirigeant sait que l’acte qu’il est en train de réaliser ne correspond pas à l’intérêt social,
il est de mauvaise foi.

La mauvaise foi sera d’autant plus retenue presque mécaniquement par la jurisprudence,
que l’on peut être face à des actes d’omission : cas du dirigeant qui sait que son
comptable manipule les virgules.

c) Le dol spécial : intention délictueuse

L’intention délictueuse se trouve dans les fins poursuivies, si elles sont intentionnelles ou
pas. Ces fins doivent être personnelles, mais doivent être distinguées des fins
directement ou indirectement personnelles.

1- L’intérêt personnel direct

Il peut être matériel, financier, mais aussi professionnel, ou tout simplement « moral »
(la pure satisfaction).

2- L’intérêt personnel indirect

52
Plus complexe : on va retomber sur principalement le caractère contraire ou pas à
l’intérêt social, mais on va se demander à qui profite cet intérêt contraire à l’intérêt
social. Afin de considérer dès lors qu’un dirigeant appuie son soutien à une société
tierce, à une structure avec qui il n’est pas lié directement (aucune participation
financière), pourra malgré tout constituer un ABS.

 Affaire Buisson

II. LA REPRESSION DE L’ABUS DE BIENS SOCIAUX

5 ans et amende de 375 000€.

Délit instantané : par logique juridique, à partir du moment où il est commis, la


prescription court sur 3 ans.

Problème : point de départ des 3 ans, or l’ABS est dissimulé, donc c’est au moment de la
découverte de la commission de l’acte. Mais peut-on agir en ABS si on le découvre 30 ans
après ? la logique juridique veut à partir du moment il a été commis, le délai de 3 ans
court, s’il a été dissimulé, à partir du moment de la découverte, le délai de 3 ans court.

Or si à un moment donné on dit stop : prescription ne pourra plus jouer, délai trop long ;
pour l’ABS on ne peut dire qu’on a besoin de temps pour prouver l’infraction. Les
infractions qui n’ont pas de temps : crime contre l’humanité.

Rare que l’on se retrouve confronté à des situations d’ABS qui datent d’il y a 50 ans, car
cette notion n’existait pas.

Maintenant le point de départ de la prescription reste celui où l’acte a été commis, mais
on peut accepter l’hypothèse d’un point de départ qui soit retardé du moment où les
faits reprochés ont pu être constatés dans les conditions qui permettent la poursuite de
l’action cubique.

La tentative d’ABS n’est pas poursuivie, pas mentionnée par les textes.

En revanche, en ce qui concerne la complicité, elle existe très souvent de façon


mécanique, et est donc punissable qu’au terme de la jurisprudence de la cour de
cassation on peut être considéré comme complice, par aide et assistance des membres
d’un directoire qui ayant eu connaissance de l’ABS réalisé par le président du directoire
qui l’ont laissé faire. Coincé par la formulation de l’élément légal, car peuvent être

53
poursuivis seulement les dirigeants, donc toute autre personne sera considérée
complice.

A. Les conditions de la répression

a) Les comportements incriminés

A trop vouloir criminaliser, on a tendance à confondre fraude et comportement


simplement téméraire.

1- La tentative

Condamner la tentative : en dehors de la constatation de tout dommage, engagement de


poursuites et condamnation dès lors que les biens et le crédit de la société ont été
soumis à un risque considéré par le juge comme abusif (soumission à un risque
disproportionné par rapport aux possibilités).

2- La complicité

Nécessité d’un acte positif. Personnes pouvant concourir à la réalisation d’un l’ABS :

- Administrateur ayant laissé fonctionner une caisse noire ou connaissant la


situation réelle de la société
- Tiers faisant une fausse déclaration de versement à une société par acte
notarier

La CCass tend à sortir du cadre normal de la complicité et condamne pour assistance les
membres du directoire ayant eu connaissance de l’ABS réalisé par le dirigeant de la
société et ayant laissé faire ce dernier alors qu’ils avaient tous les moyens de s’y
opposer (indifférence coupable).

Complicité par abstention = collusion.

54
b) La chronologie retenue

1- Antériorité

Condition pour reconnaître la complicité.

2- Concomitance

B. Les peines

a) Les peines principales

5 ans, 375 000 € d’amende.

b) Les peines complémentaires

Origine dans loi de 1947 (assainissement des activités commerciales et industrielles).

Dissolution.

c) La prescription

3 ans à partir du moment où il est commis. Volonté des juges de différer le point de
départ -> y a-t-il vraiment un délai de prescription ?

 Le point de départ est le moment où les faits ont pu être constatés dans une
situation permettant l’exercice de l’action publique.

L’incrimination ne peut pas être étendue à des sociétés de droit étranger.

55
Chapitre 2 : les irrégularités comptables
(241-4/242-8)

Là où il y a nécessité de tenir une comptabilité.

SECTION I : LES INFRACTIONS RELATIVES AUX COMPTES SOCIAUX

Les comptes sociaux eux-mêmes.

Ce type de criminalité assez nouveau , destiné à offrir, non pas des instruments de
répression mais de faire jouer au droit pénal une protection. Pour tous ceux qui sont
protégés par la transmission d’information (actionnaires, créanciers, voire les salariés).

Toutes ces infractions, il faut les relier aux obligations d’infractions prévues par le code
de commerce, qui est une législation trop souple pour offrir cette protection.

I. Les omissions comptables coupables

Les comptabilités pleines de trous.

A. Omission d’établissement des documents comptables

Art L242-8, L241-4

Le défaut de présentation des comptes annuels à l’AG 242-10

L’omission d’informer les actionnaires sur les comptes consolidés L247-1 II.

L’omission de déposer les comptes sociaux au greffe qui est répartie entre plusieurs
articles puisque c’est une infraction commune aux sociétés.

a) Elément matériel

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Le fait de ne pas dresser l’inventaire, de ne pas établir les comptes annuels, et de ne
pas réaliser le rapport de gestion pour chaque exercice.

1- Les documents à établir

Inventaire et rapport de gestion sont des documents obligatoires.

Art R 123-177 code de commerce

L’inventaire est un relevé de tous les éléments d’actifs et de passifs, au regard desquels
sont mentionnés la quantité et la valeur de chacun d’eux à la date d’inventaire.

Rapport de gestion : document qui expose la situation de la société durant l’exercice


écoulé, son évolution prévisible, les évènements importants survenus entre la date de
clôture de l’exercice, et la date à laquelle il est établi, ses activités en matière de
recherche et de développement.

Tous ces documents doivent être établis. Mais à quel moment l’omission peut-elle être
prise en compte de l’infraction ? Fait que ça ait lieu chaque année.

2- Régularité
L’infraction d’omission de document comptable est une infraction instantanée. Régularité
annuelle.

b) Elément intentionnel
L’intention est contenue dans l’acte. Si on ne fait pas le document, on sait qu’on ne le fait
pas, et si on ne le fait pas chaque année, on le sait.

Il y a volontairement acte intentionnel.

c) Sanction

9 000€

1- Les personnes punissables


Un paquet :

57
- Celles normalement chargées de veiller à l’établissement des comptes : dirigeants
de droits et de fait, ceux qui viennent s’immiscer dans la gestion d’une société :
SA, SAS, SCA, et dispositions spécifiques pour la SARL : gérant de droit ou de
fait.
- Toute personne ayant participé à l’absence de document pourra être poursuivi de
complicité, punissable

2- Les peines

Délit instantané : 3 ans

Point de départ ? Date à laquelle on aurait dû produire les comptes.

B. Le défaut de présentation de comptes annuels à l’assemblée (241-5/242-10)

Défaut de présentation, donc de publicité.

a) L’élément matériel

1- Les documents à établir


Fondé sur l’inventaire, les comptes annuels, le rapport de gestion.

2- Régularité
Raisonnement sur l’année, date à laquelle la réunion de l’assemblée devrait avoir lieu.

b) Elément intentionnel
Existe mais, on va pouvoir faire basculer vers l’incrimination pénale les actes de
négligence.

c) Sanction

1- Les personnes punissables


Les gérants ou dirigeants de droit ou de fait. Les DGD ne pourront pas être poursuivis.

2- Les peines

58
Personnes punissables au premier rang encourent un emprisonnement de 6 mois et
9000€ d’amende. Le délai de prescription est de 3 ans à partir de la date de la réunion
de l’assemblée.

Peines complémentaires : interdictions de poursuivre activité… Ou bien ce que le code


pénal appel une sanction de réparation

C. L’omission d’informer les actionnaires (233-16)


Sur les comptes consolidés, élément légal L

Il s’agit pour les dirigeants de ne pas établir ou adresser aux actionnaires ou associés
les comptes consolidés auxquels ils ont droit dans les délais prévus par la loi.

Nouvelle condition préalable : ces éléments doivent être délibérés à partir du moment
où l’on se trouve avec des sociétés commerciales qui constituent un groupe donc contrôle
de manière exclusive ou conjointe une ou plusieurs autres entreprises, ou exerce une IN
sur celle-ci. Alors cette infraction néanmoins va surtout toucher des sociétés
commerciales mais par actions.

a) L’élément matériel

Compte consolidés cad des comptes qui seront réalisé d’un seul tenant pour présenter la
situation et le résultat de sociétés plus ou moins nombreuses qui constituent un groupe.
De sorte qu’avec l’unicité de ce groupe, on soit face à une seule entreprise. Ils
constituent eux même l’information, or l’infraction c’est l’absence d’information pour les
actionnaires, donc on n’a pas fait les comptes pour eux, ou qu’on ne les a pas transmis.

Les comptes consolidés sont essentiellement la réunion du bilan, du compte de résultat


et de l’annexe. On considère qu’il y a omission si un de ces éléments manque.

1- Absence ou non expédition des documents : défaut d’information

2- Les comptes consolidés

3- Le rapport de gestion : rapport sur la gestion du groupe

b) L’élément intentionnel

59
Il existe, mais surtout, comme précédemment, la constatation de l’absence d’élaboration
ou de transmission de ces documents induit mécaniquement une attitude délibérée et
donc un élément intentionnel, de mauvaise foi.

c) Sanctions

1- Personnes punissables
A celles auxquelles incombent la charge de veiller à l’établissement de la publication des
comptes => membres u directoire, membres du CA et directoire

9000€ d’amende, peines complémentaires : assertions du jugement dans un ou plusieurs


journaux payés par le condamné.

2- La prescription

D. Omission de communiquer les documents financiers au comité d’entreprise

a) Elément légal
Présence d’un comité d’entreprise, mais pas atteinte directement à celui-ci mais au
manque d’information art L2323-8 du code du travail, combiné au L2323-1 qui prévoit le
délit d’entrave

b) Elément matériel
S’abstenir de lui adresser l’ensemble des documents obligatoirement transmis à l’AG des
actionnaires, ou bien ceux transmis aux associés dans la SARL, et également si omission
de la transmission du rapport des CAC s’il y a présence de CAC.

c) Elément intentionnel
Mécaniquement constitué dès lors que l’absence de document est constatée

d) Sanctions
1 an prison, 3 750€ d’amende

E. Omission de déposer les comptes sociaux au greffe

a) Elément légal

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L247-3 du code de commerce et L 232-1 à L232-3 applicable à toutes les sociétés
commerciales.

b) Elément matériel

1- Documents explicitement visés par la loi

A partir du moment où l’on ne produit, ni ne dépose les comptes annuels, le rapport de


gestion, le rapport des CAC, et éventuellement les comptes consolidés. Sont
explicitement mentionnés par la loi.

2- Documents mentionnés par la jurisprudence

Mais la jurisprudence a ajouté d’autres documents : dépôt au greffe du tribunal de


commerce : la proposition d’affectation du résultat quand il existe, et la résolution de
l’affectation du résultat.

c) Elément intentionnel
Dès que dépôt n’est pas fait et est constaté.

d) Sanctions
Amende

II. Le délit de présentation de comptes infidèles (242-6)

A. Elément matériel
L242-6 du code de commerce, situation où l’on ne se donne pas les moyens de présenter
une image véritable, incontestable du résultat des opérations d’un exercice. Et aussi de
la situation financière, du patrimoine d’une société. On ne le fait pas car volonté de
dissimuler cette situation. Dans SCA, SE, SA, SAS et également SARL.

Obligation de tenir une compta.

2 éléments : fait de faire connaitre une information, mais une information fausse

61
a) Publication ou présentation
On se sert de tout procédé ayant pour but ou pour effet de faire connaitre les fameux
comptes aux tiers.

1- La publication
Faite à des personnes déterminées individuellement : dans le cadre des personnes qui
agissent au sein de l’administration de la société, ou de façon plus collective. Cette
publication va pouvoir se faire par toute sorte de moyen : articles de presse,
prospectus, livrets…

2- La présentation
Documents standards dans la vie des affaires qui vont porter des informations à des
tiers. Afin de leur donner une image des comptes, mais qui peut être trompeuse.

3- Les personnes responsables


Ce sont des personnes qui par leurs fonctions doivent intervenir à un titre ou à un autre
dans le processus de révélation des comptes. Question des dirigeants de fait ou de
droit : DG, DGD, membres du directoire et gérants

b) Les comptes inexacts

1- Les comptes annuels


Ne reflètent pas la situation sur laquelle on est censé être informé. Ne sont pas
sincères.

2- L’absence de sincérité
Art 123-14 du code de commerce : principe que les comptes doivent être sincères pour
donner une image fidèle de la situation de l’entreprise.

B. L’élément intentionnel

a) La dissimulation
Volonté de cacher la véritable situation de la société. Jurisprudence doit déterminer au
cas par cas si la volonté de dissimuler doit être mise en évidence ou si l’infraction pourra
être sanctionnée simplement à partir du moment où l’on a en main des comptes
trompeurs.

b) La mauvaise foi

62
Y-a-t-il ou non systématiquement mauvaise foi ? Ici volonté de cacher la vérité. Dans ce
cas il faudra la prouver, ce qui est difficile puisque l’élément matériel est un document
qui n’est pas fidèle, ni sincère ?

C. Sanctions
La complicité est condamnée.

a) La répression pénale
5 ans de prison pour l’auteur principal + 375 000€

Complicité passible de sanction : complicité par provocation, par instruction ou par aide
et assistance. Prouver que complice a agi en toute connaissance de cause.

b) La sanction civile

c) Prescription
Délit instantané, point de départ reste à déterminer, par principe, le délit de
prescription de 3 ans devrait être fixé au premier acte d’information.

SECTION II : LE DELIT DE DISTRIBUTION DE DIVIDENDES FICTIFS (232-12)

I. Les éléments constitutifs du délit


Art L 232-12 code de commerce et L242-6.

Particularité, besoin d’une double condition préalable :

- Pas d’inventaire, ou inventaire frauduleux


- Dividende est fictif

A. Elément matériel
Problème avec l’inventaire, problème avec le dividende, la répartition du dividende, et
que ça résulte de la mauvaise foi.

a) Défaut dans l’inventaire

1- L’absence d’inventaire
Premier des défauts dont peut souffrir un inventaire, ne permet pas d’apprécier la
situation dans laquelle on se trouve.

63
2- L’inventaire frauduleux
Va justifier par son inexactitude, une distribution abusive du dividende, car va faire
apparaitre une majoration de l’actif et une baisse du passif.

b) Le dividende est fictif


On s’appuie sur de faux bénéfices.

Lorsque le code de commerce s’en réfère aux dividendes et fait le lien avec les
bénéfices, art : constitué du bénéfice, diminué des pertes antérieures ainsi que des
sommes à porter en réserve en application de la loi ou des statuts auxquels s’ajoute le
report bénéficiaire.

B. L’élément intentionnel

a) L’intention frauduleuse
Retenue même lorsque l’assemblée des actionnaires a retenu les comptes, cependant la
mauvaise foi doit être prouvée. La répartition du dividende fictif repose le plus souvent
sur une fraude, et celle-ci ne peut être ignorée par les dirigeants.

1- Relativement à la qualité des personnes

2- Relativement à leurs connaissances techniques

b) La mauvaise foi

II. La répression du délit de dividende fictif

A. Les peines encourues


5 ans, 375 000€

a) Les personnes punissables


Administrateurs et dirigeants

b) La complicité
Lorsqu’il y a aide et assistance apportée consciemment (CAC)

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B. Les poursuites

a) La répression pénale
3 ans à compter de la distribution du dividende fictif

b) La sanction civile

Les actionnaires peuvent se servir de l’action civile et agir à titre individuel à condition
de prouver le préjudice.

Civilement la société peut décider aussi de les poursuivre.

65
Le droit de la concurrence

- Concurrence : ensemble de dispositions s’appliquant aux entreprises par rapport


au marché

 Droit interne : 1986 ; art L410-2


 Droit européen : 1957 (traité de Rome)

-> Ententes et positions dominantes : contrôle a posteriori. L420-1/2. Concerne


les entreprises susceptibles de porter atteinte à la concurrence par leur
comportement.
- Ententes : collusion entre au moins deux entreprises ayant pour effet
de restreindre la concurrence sur un marché. Interdites par principe. Accords
horizontaux/verticaux (contrat illicite contenant des engagements liant
juridiquement les parties/engagement moral : accord non structuré -> la décision
d’une seule entreprise entraîne des comportements conformes de la part des
autres entreprises).
<> Exemption : entente reconnue et autorisée. L420-4 : progrès
économique pour les consommateurs, amélioration de la gestion pour les PME.

- Abus de position dominante : utilisation de la puissance économique


pour limiter/exclure toute concurrence. Droit français : glissement vers abus de
puissance économique ; abus de dépendance économique : pratique subie par une
entreprise du fait de sa dépendance à l’égard d’une entreprise détentrice d’un
pouvoir de marché (pratiques permettant de se situer en dehors de la
concurrence grâce au pouvoir de faire obstacle à une concurrence effective) ;
L420-5 : prix abusivement bas.

-> Contrôle des concentrations : regroupement d’entreprises en unités plus


importantes ayant un effet sur la structure du marché. 1977 en France, 1989 en
Europe. L’autorité compétente doit être notifiée des projets de concentration et
délivrer une autorisation (sanction sinon). La concentration se fait par une prise
de contrôle ; la portée économique de la prise de contrôle doit pouvoir être
évaluée et l’effet de la concentration doit avoir un effet dans le temps. Toutes
les personnes ayant connaissance de la prise de contrôle (y compris l’Etat) sous
soumises au droit de la concurrence. Certains seuils permettent d’échapper au
contrôle : CA total > 5 milliards €, CA individuel par au moins deux entreprises >

66
250 millions €, 2/3 du CA réalisé par au moins deux entreprises dans un seul état
(transnationalité) (L430-2). Décisions possibles : autorisation, refus pour
incompatibilité aux règles de la concurrence, injonction de démantèlement.

Délimitation du marché :
- Marché pertinent (concerné)
- Marché géographique

- Pratiques concurrentielles : pratiques individuelles des personnes (physiques ou


morales) = comportements.

L420-2.

Concurrence déloyale : Convention de Paris (début XXème siècle).

Confusion causée dans l’esprit du consommateur, dénigrement d’un concurrent,


désorganisation interne de l’entreprise rivale, désorganisation du marché,
parasitisme (entrer dans le sillage d’un concurrent pour en tirer profit)… ->
Responsabilité civile délictuelle.

Prix et facturation : 441-1.

Comportements discriminatoires : choix d’un fournisseur, conditions différentes


pour ses clients…

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