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Si l’on compare les blocs de béton avec MCP avec les blocs de béton normaux, on
observe que ces conditions sont globalement remplies, et surtout que la capacité de
stockage de l’énergie est d’environ 200 à 300% supérieure avec MCP. En effet, on a
l’équivalence suivante en matière d’inertie thermique :
Cependant, tous les bétons ne sont pas compatibles avec les MCP. En effet, les
acides gras et ester d’acides gras présents dans les MCP utilisés peuvent réagir avec les
produits alcalins lorsque le pH est supérieur à 8.5. Le béton étant un matériau très
alcalin, on cherche à minimiser cette alcalinité pour pouvoir l’associer avec le plus de
MCP différents.
Il existe de nombreux types de béton, qui sont généralement soumis aux deux
techniques de traitement thermique les plus répandues : l’étuvage et l’autoclavage.
Les bétons étuvés sont chauffés à 80°C dans un milieu humide, à pression
atmosphérique. Ils subissent des réactions du type :
5Cao.6SiO2. H2O
« Un autoclave, utilisé pour chauffer le béton sous très haute pression »
En comparant les équations (1) et (2), il apparaît que les produits qui ont été
étuvés contiennent plus d’hydroxydes de calcium, et ont ainsi une plus forte alcalinité
en comparaison aux produits autoclavés. On peut résoudre ce problème en ajoutant au
béton étuvé différents types de pouzzolanes, qui pourront transformer les Ca(OH)2 en
silicates de calcium hydratés, sans altérer de façon notable la qualité du béton.
Reste alors à choisir le MCP que nous allons incorporer au béton. En plus d’être
compatible avec le béton qui aura été choisi, le MCP doit répondre à d’autres critères
que ceux cités précédemment, spécifiques aux réglementations du bâtiment comme par
exemple la toxicité ou la tenue au feu.
Nous avons alors comme principaux candidats pour ce choix les produits
organiques, que sont les paraffines, les acides gras et les esters d’acide gras. Le choix
s’effectue aussi en fonction de la température dans laquelle la pièce doit être
maintenue.
Ainsi, pour maintenir une pièce dans la zone de confort thermique, c'est-à-dire
entre 14 et 25°C, le stéarate de butyle et le dodécanol sont utilisables pour imprégner
le béton.
En revanche, dans la zone de température intermédiaire (30-40°C), le
tétradécanol sera mieux indiqué.
L’imprégnation consiste quant à elle à plonger les blocs de béton dans le MCP
liquide. Ce procédé montre une certaine flexibilité, qui permet alors de produire en
série ces blocs à partir de blocs de béton usuels. En revanche, cette technique est moins
économique que l’incorporation directe.
Avant de tremper les blocs, les échantillons de béton et de MCP sont portés à
80°C. On les immerge ensuite pendant 12 minutes.
L’expérience montre que l’absorption et la rétention du MCP sont fonction de
nombreux paramètres, comme par exemple la structure du béton (porosité, etc…), sa
température (et son effet sur la capillarité), la viscosité du MCP, etc…
En effet, la structure du béton et la température vont déterminer le diamètre des
pores du matériau. De plus, la température modifiera les propriétés du MCP, comme sa
tension superficielle, sa viscosité ou sa masse volumique, favorisant ou non sa montée
dans le réseau capillaire que constituent les pores.
On peut exprimer la variation de la tension superficielle γ et celle de la masse
volumique ρ entre 2 températures T1 et T2 par les relations suivantes :
On peut ainsi quantifier la quantité de MCP absorbée par les capillaires du bloc,
en fonction du type de béton et des conditions de pression/températures.
Porosité microscopique naturelle du béton
La dernière méthode d’incorporation des MCP aux bétons est l’insertion du MCP
dans des microcapsules.
Le recours à ce procédé est encore aujourd’hui du domaine de la recherche, du
moins dans le secteur du bâtiment (on l’utilise pour certains vêtements). Il consiste à
enfermer le MCP dans une enveloppe solide, de taille variant de 1 à 1000µm.
Pour finir, nous avons vu que l’incorporation d’un MCP à un béton peut poser un
problème de compatibilité entre ces deux matériaux, dû principalement au caractère
alcalin du béton confronté à l’acidité de certains MCP. Cependant, même si le couple
béton-MCP semble fonctionner lors de sa fabrication, il faut tout de même s’assurer de
sa stabilité et de sa pérennité.
En effet, les esters d’acides gras peuvent s’hydrolyser selon la réaction suivante :
Le sol représente une grande partie de l’espace de chaque pièce. Ainsi il peut être
intéressant d’utiliser un chauffage par le sol.
Ce type de chauffage est doux et agréable, il n’occupe pas de place dans la pièce et
est silencieux. Il est plus agréable d’avoir une source de chaleur verticale homogène
qu’une source de chaleur forte localement.
En effet un radiateur émet une forte chaleur mais localement, la température de la
pièce est donc loin d’être homogène ce qui peut en faire une gène.
La température idéale est de 24°C au niveau du plancher et de 19°C à 1m70 du sol.
Ces températures sont plus facilement atteignables par l’utilisation d’un chauffage au
sol qu’un chauffage classique au radiateur. Les deux images qui suivent illustrent bien
ces faits :
Quel pourrait être alors l’utilisation des MCP pour un chauffage par le sol ?
Les chauffages par le sol traditionnels utilisent des résistances ou des fluides passant
dans des tubes. Ils doivent chauffer la dalle à une température de 30°C et dégagent de
la chaleur même durant les moments ou la température voulue est atteinte, ils
consomment donc tout le temps.
Les MPC ne sont pas sujets à ces inconvénients : en choisissant la température de
changement on atteint une température idéale (environ 24°C) et on peut stocker la
chaleur latente durant les moments creux. Autre avantage, lorsque la température
voulue est dépassée le MCP dégagera moins de chaleur.
- Une première utilise un MCP injecté dans des capsules coniques en PVC
thermiquement scellées. Ce système permet une manipulation aisée et
combine à la fois une bonne conductivité thermique et une grande surface
d’échange pour une quantité de MCP donnée. Ce système a un coût peu élevé,
permet une manipulation et un entretien élevé et s’utilise dans le neuf ou
l’ancien.
Les systèmes actifs sont des systèmes où la circulation du fluide dans les composants
est actionnée par un système mécanique (ventilateur, pompe, etc). Ce caractère actif
permet d’utiliser la capacité de stockage et/ou de déstockage d’énergie à la demande,
c’est-à-dire de façon non subie.
Les systèmes actifs sont composés en général de trois éléments :
- L’échangeur de stockage de l’énergie thermique de chaleur latente :
LTHES1contenant les MCP. C’est l’élément central du dispositif de stockage
- Le circuit de circulation du fluide (souvent de l’air, parfois de l’eau)
caloporteur
- Un ventilateur ou une pompe qui détermine le débit de fluide dans les LTHES
Les systèmes actifs permettent d’améliorer le confort des bâtiments en faisant
mieux circuler l’air frais ou l’air chaud selon la demande
Conclusion
Nous avons présenté dans ce dossier les principes et décrit les avantages du stockage
d’énergie thermique par chaleur latente par rapport au stockage par chaleur sensible.
C’est sur ce mécanisme que reposent les performances des matériaux à changement de
phase (MCP) dans le domaine de l’isolation thermique.
Nous avons établi les différents matériaux utilisés, les manières de les incorporer
dans les murs ou cloisons et les autres utilisations possibles de ces MCP.
Les matériaux utilisés appartiennent à 4 grandes familles :
- Les hydrates salins
- Les paraffines
- Les composés organiques non-paraffiniques
- Les mélanges de composition eutectique