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ERES | « Essaim »
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Renate Sachse 2
1. Ulrike May, Neunzehn Patienten in Analyse bei Freud (1910-1920). Teil I : Zur Dauer von Freuds
Anlaysen ; Teil II : Zur Frequenz von Freuds Analysen. (Dix-neuf patients en analyse chez Freud (1910-
1920) ; Première partie : Sur la durée des analyses chez Freud ; Deuxième partie : Sur la fréquence des ana-
lyses chez Freud), dans : Psyche, Zeitschrift für Psychoanalyse und ihre Anwendungen no 6 et no 7,
Klett-Cotta, Stuttgart, juin et juillet 2007, p. 590-625, première partie ; p. 686-709, deuxième partie
(en allemand).
2. Avec le regard de Sophie Aouillé et de Denise Lepeltier sur mon usage de la langue française.
3. Ulrike May est psychanalyste à Berlin. Son travail ici présenté n’est pas encore traduit en fran-
çais. La base de mon résumé est la version d’origine en allemand et je reprends beaucoup de son
texte. J’ai essayé de faire « une traduction très résumée ». J’étais bien sûr obligée de faire des rac-
courcis, des coupures, et par la suite quelques liaisons qui me semblaient nécessaires. Les réfé-
rences aux différents correspondants de Freud sont également extraites du texte d’Ulrike May.
4. Grubers Ärztliches Tages-Notizbuch.
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double page était prévue pour chaque mois 5. Sur la gauche de la page, se
trouvent – l’un au-dessous de l’autre – les noms des patients. À droite,
trente et une colonnes pour préciser quel jour le patient est vu, la dernière
colonne à droite de la page étant censée mentionner le montant des hono-
raires mensuels.
Freud indique chaque rendez-vous par un trait vertical dans la case du
jour correspondant, deux traits quand le patient a été reçu deux heures, un
trait et demi pour une heure et demie et ainsi de suite. Dans la case réser-
vée aux honoraires, il mentionne parfois combien d’heures en tout le
patient a été reçu dans le mois, mais jamais le montant auquel s’élèvent les
honoraires. La plupart du temps, il ne note que le nom de famille du
patient, les prénoms étant inscrits seulement s’il avait en analyse un autre
patient portant le même nom de famille. En dehors de ces indications,
Freud ne fait aucun autre commentaire.
Ulrike May s’est donc employée, par sa lecture minutieuse, à dégager
ce que peuvent nous apprendre ces petits carnets sur les dix ans de pra-
haut, de ne pas révéler au public d’autres noms que ceux qui étaient déjà
connus. Elle a par ailleurs pris soin de recouper pour chacun, au moyen
d’autres sources, qu’ils étaient bien en analyse chez Freud et a pris comme
autre critère que le début et la fin de chaque analyse soient inclus dans les
dix années concernées. Le dernier des critères qu’elle s’est donnés est le
suivant : l’analysant devait être arrivé chez Freud comme patient et n’être
pas au moment de son analyse membre d’une association psychanaly-
tique 6.
Dix-neuf patients au total, dix femmes et neuf hommes, répondent à
ces différents critères. Ce sont par ordre d’apparition dans les agendas :
Sergueï Pankejeff (l’homme aux loups), Elfriede Hirschfeld, Victor v. Dirsz-
tay, Claire v. Wallentin-Metternich, Tatjana Nacht, Elma Pálos, Loe Kann,
Bruno Veneziani, Lucy Hoesch-Ernst, Karl Mayreder, Aranka Schwarcz,
5. Voir la reproduction dans Christfried Tögel, Sigmunds Freuds Praxis. Visiten und Ordinationen
– Psychoanalysen – Einnahmen. Psyche – Z Psychoanal 60, 2006 (en allemand).
6. Un autre travail d’Ulrike May porte sur les analyses de dix-sept analystes suivis par Freud dont
les traces se trouvent dans le même agenda de patients entre 1910 et 1920. Il s’agit des analystes
suivants : Van Emden, Spitz, Stegmann, Oberholzer, Jekels, Sokolnicka, Ferenczi, Révész, Von
Freund, Hollós, Helene Deutsch, Dubovitz, Forsyth, Daly, Rickmann, Lévy, Stern. Voir aussi :
Freuds Patientenkalender : Siebzehn Analytiker in Analyse bei Freud (1910-1920), en : Luzifer-
Amor, Zeitschrift zur Geschichte der Psychoanalyse, Heft 37, 2006, p. 43-97.
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Entre 1910 et 1914, Freud a vu entre neuf et onze patients par jour. Il
travaillait du lundi au samedi, ne donnant que très rarement des rendez-
vous le dimanche. Son année de travail était organisée de façon très pré-
cise, commençant le 1er octobre pour se terminer au début du mois de
juillet de l’année suivante, ce qui représentait neuf mois de travail en
continu. Il ne recevait pas les 25 et 26 décembre ni le 1er janvier, ainsi qu’un
ou deux jours autour de Pâques et de la Pentecôte. Le 24 décembre et la
Saint-Sylvestre étaient en revanche des jours de travail ordinaires. Ses
vacances d’été duraient de mi-juillet jusqu’à fin septembre.
dez-vous. D’autres sont restés des semaines, des mois, voire des années.
Seulement dix-sept de ces personnes étaient des analystes. Ulrike May en
conclut que Freud, pendant les dix ans en question, a une pratique analy-
tique classique, alors que dans les années suivantes, il ne prendra essen-
tiellement en analyse que des analystes.
Ulrike May présente les analyses l’une après l’autre par ordre de
durée, en commençant par la plus brève. Les résumés de ces dix-neuf ana-
lyses sont d’une grande richesse de détails pour chaque patient. Nous
mentionnerons ici quelques-unes de ces indications :
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Julius Hering
Elle a été envoyée chez Freud par Ferenczi parce que celui-ci était
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most of the psa.literature, and is sure that she knows everything 11… L’analyse a
duré seize semaines au total. Freud parle d’elle à Jones en disant qu’elle est
« a heavy burdon ».
Elle est arrivée chez Freud envoyée par son frère, le psychanalyste ita-
lien Eduardo Weiss. Elle apparaît dans l’agenda de Freud à partir de jan-
vier 1918. Son analyse a duré en tout cent vingt-huit heures. En raison de
la guerre, il ne lui était plus possible de faire le voyage entre Trieste et
Vienne pour continuer son analyse.
11. Ibid.
12. Sigmund Freud-Max Eitingon, Briefwechsel 1906-1939, Diskord, 2004 (en allemand).
13. Sigmund Freud-Karl Abraham, Correspondance complète 1907-1925, Paris, Gallimard, 2006.
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Bieber
ment par Ferenczi 17. Elle a eu d’abord cent quatre-vingt-trois heures d’ana-
lyse et a été ensuite envoyée une deuxième fois à Freud, toujours par
Ferenczi, pour une autre tranche qui a duré cent vingt-sept heures.
Le cas de cette patiente, une Hollandaise très riche, est connu par la
correspondance entre Freud et Jones. Il y a un échange d’une cinquantaine
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de lettres sur l’analyse de « Loe » Kann qui était liée à Jones et s’appelait
également « Jones ». Elle apparaît d’ailleurs sous ce nom dans l’agenda des
patients. Freud met fin à son analyse après trois cent quatre-vingt-douze
heures.
écrivain. Kokoschka, qui avait fait des lithographies pour deux de ses
livres, écrit sur lui dans ses Mémoires : « Même Freud qu’il a consulté pen-
dant des années ne pouvait pas le guérir 19. » Le patient a terminé sa vie de
la même manière tragique que les héros de ses livres : le 7 novembre 1935,
la Wiener Zeitung 20 publie l’information du double suicide de Victor v.
Dirsztay et son ex-épouse.
Ce patient est « l’homme aux loups » et son analyse a été écrite par
Freud 21, Mack-Brunswick 22 et par le patient lui-même 23. Ulrike May cal-
cule un total de mille deux cent quatre-vingts heures pour cette analyse.
L’analyse commence en 1910, se termine en 1914 et sera reprise entre 1919
et 1920. Elle reprend une dernière fois en 1926.
18. Sigmund Freud-Karl Abraham, Correspondance complète 1907-1925, Paris, Gallimard, 2006.
19. Oskar Kokoschka, Mein Leben, München, Bruckmann, 1971 (en allemand).
20. Wiener Zeitung n° 308, 1935 (en allemand).
21. Sigmund Freud, Aus der Geschichte einer infantilen Neurose, GW12 (p. 27-157). À partir de l’histoire
d’une névrose infantile ; OCP 13, Paris, PUF, p. 1-118.
22. Ruth Mack-Brunswick, Ein Nachtrag zu Freuds Geschichte einer infantilen Neurose (1928), dans
M. Gardiner, 1971 (en allemand).
23. Sergueï Pankejeff, Meine Kindheitserinnerungen, ibid.
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24. Sigmund Freud-Sandor Ferenczi, Correspondance, vol. 1 (1908-1914), Paris, Calmann-Lévy, 1992.
25. Ernst Falzeder, Meine Grosspatienten, meine Hauptplage. Ein bisher unbeachteter Fall Freuds und die
Folgen. Jahresbuch der Psychoanalyse 34, 1995 (en allemand).
26. Correspondance Freud-Binswanger, Frankfurt/M., Fischer, 1992 (en allemand), p. 148.
27. Voir aussi p. 624 de Psyche 6, 2007, op. cit. Ulrike May annonce ici aussi la deuxième partie de sa
recherche sur la fréquence des analyses chez Freud à propos des mêmes dix-neuf patients. Voir
aussi : Psyche, Zeitschrift für Psychoanalyse und ihre Anwendungen, n° 7, Klett-Cotta, Stuttgart, juillet
2007, p. 686-709 (en allemand). Elle donne ses coordonnées : Taunusstr.12, 12161 Berlin, Alle-
magne, courriel : may.tolzman@t-online.de