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du prix d’un actif par rapport à une variation uniforme de la courbe des taux des zéro-
coupon 2.
Lorsque le portefeuille est composé de titres de risque de défaut hétérogène, la
validité de la règle de sommation des durations de type Fisher et Weil suppose toujours,
comme dans le cas des durations de Macaulay, un déplacement parallèle et de même
montant des différentes gammes de taux correspondant chacune à un niveau de risque de
défaut. Cette hypothèse revient, par conséquent, à considérer que le spread, représentant la
différence entre le taux de rendement d’un actif risqué et le taux de rendement d’un actif
sans risque de défaut, est constant quel que soit le niveau des taux d’intérêt.
Or l’étude empirique de Sarig et Varga [1989] a confirmé l’hypothèse selon
laquelle le risque de défaut et le risque de taux d’intérêt sont corrélés et montré que le
spread des obligations du secteur privé dépend du niveau des taux et de la maturité des
obligations. L’hypothèse d’un déplacement parallèle des différentes gammes de taux
semble donc devoir être remise en cause.
Le rejet de cette hypothèse conduit à introduire un nouvel outil de gestion du
risque de taux d’intérêt : la duration effective 3. Cette dernière représente l’élasticité du
prix d’une obligation par rapport à une variation de la gamme des taux sans risque de
défaut. Cette définition de la duration permet d’exprimer la sensibilité de la valeur d’un
portefeuille aux modifications d’une variable commune à tous les actifs qui le composent.
La règle d’additivité des durations s’applique alors sans qu’il soit nécessaire de formuler
d’hypothèse particulière sur les variations des rendements des éléments constitutifs du
portefeuille.
L’univers risque-neutre fournit le cadre naturel de détermination de la duration
effective. En effet, la valeur d’un actif peut se définir comme l’espérance, sous la
probabilité risque-neutre, de ses flux futurs actualisés au taux sans risque. Dans cet univers
de probabilité, le calcul de la duration effective est donc facilement réalisable.
Cet article propose d’évaluer une obligation du secteur privé, d’en déduire la
mesure de sa duration effective, puis d’analyser le comportement de cette duration et du
spread de l’obligation en fonction des valeurs des différents paramètres du modèle. Il est
organisé de la façon suivante : dans la première section, le modèle d’évaluation de
l’obligation et de sa duration effective est présenté ; une étude de simulation du modèle est
ensuite réalisée dans la seconde section.
SECTION 1. EVALUATION DE L’OBLIGATION ET DE SA DURATION
EFFECTIVE
Les premiers travaux sur l’évaluation d’une obligation du secteur privé ont été
initiés par Black et Scholes [1973] et par Merton [1974]. Ces auteurs postulent que la firme
émettrice n’a émis qu’une seule dette - une obligation zéro-coupon - et que l’émetteur est
en situation de défaillance lorsqu’au moment du remboursement de sa dette la valeur des
actifs de la firme est inférieure à ses engagements. La règle de priorité en faveur des
obligataires conduit à exprimer le prix d’une dette risquée comme la différence entre la
valeur d’une obligation sans risque et celle d’un put sur les actifs de la firme. Cette
approche a fait l’objet de plusieurs développements avec les travaux de Black et Cox
OBLIGATION DU SECTEUR PRIVE : EVALUATION 23
ET OUTIL DE GESTION DU RISQUE DE TAUX D’INTERET
[1976], d’Ingersoll [1977] et de Geske [1977]. Le principal défaut de ces modèles est de
générer des spreads, ou primes de défaut, plus faibles que ceux observés en pratique.
Des travaux plus récents ont fait progresser l’évaluation d’une dette risquée en
permettant de prendre en compte tout à la fois la possibilité d’une défaillance de l’émetteur
à tout instant et l’existence de taux d’intérêt stochastiques.
Deux types d’insolvabilité ont été proposés : la « flow-based insolvency » résulte
de l’impossibilité de la firme à faire face, grâce à ses revenus, au paiement de ses coupons
(Kim, Ramaswamy et Sundaresan [KRS 1989]) ; la « stock-based insolvency » se produit,
quant à elle, lorsque la valeur des actifs de la firme tombe en dessous d’un certain seuil, ce
dernier pouvant être constant (Longstaff et Schwartz [LS 1995]) ou évoluer de manière
stochastique (Nielsen, Saa-Requejo et Santa-Clara [NSS 1993], Leland [1994] et Briys et
de Varenne [BdV 1995]). En cas de défaillance de l’émetteur, les obligataires reçoivent
alors une fraction de la valeur des obligations sans risque équivalentes ( NSS et LS) ou
bien une fraction de la valeur des actifs (Leland 4 et BdV 5). Ainsi, grâce à cette
formulation, la règle de priorité, applicable aux remboursements lors d’une faillite, peut,
conformément à la pratique, ne pas être respectée de manière absolue, les obligataires
n’obtenant dans ce cas qu’une partie seulement de ce qu’ils seraient en droit de percevoir.
Les processus d’évolution stochastique des taux d’intérêt, généralement retenus
dans les modèles récents d’évaluation d’une dette risquée, sont ceux de Vasicek [1977] ou
de Cox, Ingersoll et Ross [1985]. Or les études empiriques 6, 7 de performance des
différentes mesures de duration ont mis en évidence les limites, pour la gestion du risque de
taux d’intérêt d’un portefeuille obligataire, des durations calculées à partir de ces
processus. Ces résultats ont donc milité pour le choix, dans cette étude, d’un autre
processus d’évolution des taux d’intérêt.
D’évidence, certains des modèles développés jusqu'à ce jour présentent des
avantages mais aussi des inconvénients. Aucun ne permet de satisfaire toutes les
contraintes de l’évaluation d’une dette risquée : à côté des exigences déjà soulignées, il est
souhaitable que le modèle recherché permette d’évaluer une obligation à coupons et soit
aussi susceptible d’admettre l’existence de clauses de remboursement anticipé. Le modèle
présenté ici vise à satisfaire le maximum de ces exigences. Il s’appuie sur un modèle discret
d’évaluation d’un actif contingent aux taux d’intérêt et à plusieurs actifs présenté par
ailleurs (Augros et Queruel [1997]). Après un rappel de ce cadre général d’évaluation, cette
modélisation est appliquée à l’évaluation d’une dette risquée et de sa duration effective en
présence d’une clause de remboursement anticipé au gré de l’émetteur.
1. LE MODELE GENERAL D’EVALUATION
Le modèle développé dans l’article d’Augros et Queruel [1997] permet
l’évaluation d’un actif contingent à la fois aux taux d’intérêt et à deux actifs risqués. Il
repose sur la combinaison de deux modèles de base, celui de Ho et Lee généralisé,
développé par Bonnassieux et Brunel [1993] pour modéliser l’évolution de la structure des
taux, et celui de Cox, Ross et Rubinstein [1979] pour la modélisation du prix des actifs
risqués. La démarche séquentielle proposée constitue une généralisation du modèle de
Kishimoto [1989]. Cette approche octonomiale permet de prendre en compte la corrélation
des variations du prix des deux actifs risqués sous-jacents avec les taux d’intérêt. En outre,
24 J.C. AUGROS & M. QUERUEL
n+1
n+1
n+1
La fonction de paiement à une date n pour l’état (i,j), en cas de défaut, s’écrit alors :
φ (n, i, j ) = B(n, i ) × (1 − ω )
La formule de récurrence permettant d’obtenir la valeur actuelle de la dette, se
déduit à l’aide de la relation risque neutre 1. Elle est donnée par :
La fonction de paiement à une date n pour l’état (i,j), en cas de défaut, s’écrit :
φ (n, i, j ) = B(n, i ) × (1 − ω )
La fonction de paiement, à une date n pour l’état (i,j), en cas de remboursement est
F(n). Le remboursement sera constaté si :
B RD (n, i, j ) ≥ F (n)
La valeur de la dette BRD sans option de RA est donnée par la formule (2).
On déduit la formule de récurrence permettant d’obtenir la valeur actuelle de la dette
avec option de RA en présence de risque de défaut ; soit :
Spread
0.025
0.02
0.015
0.01
0.005
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
V/K=1.5 V/K=2 V/K=2.5
Spread
0.0300
0.0250
0.0200
0.0150
0.0100
0.0050
0.0000
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
V/K=1.5 V/K=2 V/K=2.5
Valeur de la dette
0.80
0.75
0.70
0.65
0.60
0.55
0.50
0.45
0.40
1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 4.5
Ratio V/K
Spread
0.01
0.008
0.006
0.004
0.002
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
ω=0.2 ω=0.5 ω=0.7
Spread
0.03
0.025
0.02
0.015
0.01
0.005
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
σv =0.2 σv =0.3
0.012
0.01
0.008
0.006
0.004
0.002
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
ρ=−0.25 ρ=0 ρ=0.25
Le spread est une fonction croissante de ρ. Cette propriété, moins évidente à saisir, est
justifiée par le processus de la valeur, V, de la firme qui, dans l’univers risque neutre,
dépend des taux d’intérêt sans risque.
En effet, la variance du rendement instantané de V dépend de la corrélation entre le
rendement des actifs de la firme et les taux d’intérêt. Quand ρ est positif, la volatilité des
taux d’intérêt accroît la volatilité totale des actifs de la firme et, donc, la probabilité de
défaut. Le spread devient alors plus élevé.
e - Les paramètres du processus d’évolution des taux d’intérêt
Notre modèle diffère essentiellement de celui de Longstaff et Schwartz par le choix du
processus d’évolution des taux d’intérêt. L’analyse qui suit est donc importante quant à la
comparaison des deux modèles.
Notre modèle, reposant sur le processus de Ho et Lee généralisé, autorise toute forme
de variation de la gamme des taux et de leur volatilité. A l’inverse, le modèle de Longstaff
et Schwartz, défini à partir du processus d’évolution des taux de Vasicek, n’autorise pas
toutes les variations de ces paramètres. Dans ce modèle, en effet, la structure des taux est
entièrement déterminée par le niveau du taux instantané et par les seuls paramètres de son
processus d’évolution (processus d’Ornstein Ulhenbeck).
La figure n° 8 permet d’analyser les conséquences sur le spread d’une augmentation de
1% de la volatilité du taux long d’une part et de celle du taux court d’autre part 17.
Spread
0.0090
0.0080
0.0070
0.0060
0.0050
0.0040
0.0030
0.0020
0.0010
0.0000
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
Stabilité des volatilités Hausse volatilité taux long Hausse volatilité Taux court
Spread
0.006
0.005
0.004
0.003
0.002
0.001
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
Gamme initiale des taux Gamme précédente + 3%
Prix de la dette
1.00
0.95
0.90
0.85
0.80
0.75
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Maturité
Duration
12
10
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
1 dB
D=− .
B dj
1 dB dj
DE = −
B dj dR
.
dj
= D.
dR
d ( R + sp )
D E = D.
dR
d sp
= D.(1 + )
dR
Cette formulation permet de vérifier que la variation instantanée du spread est
déterminante dans le calcul de la duration effective. Comme le spread est une fonction
décroissante des taux, le terme d sp dR 18 est donc négatif. On en déduit que la duration
effective est inférieure à la duration de Macaulay. En rappelant que la duration de
Macaulay d’un zéro-coupon est égale à sa maturité, on retrouve la conclusion établie
précédemment : la duration effective d’un zéro-coupon risqué est inférieure à sa maturité.
Le modèle de Longstaff et Schwartz (cf. annexe) conduit à des conclusions générales
voisines, comme en témoigne le graphique suivant :
Duration
5
4.5
4
3.5
3
2.5
2
1.5
1
0.5
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Maturité
V/K=1.5 V/K=2 V/K=2.5 Maturité
Taux in fine
10.00%
9.00%
8.00%
7.00%
6.00%
5.00%
4.00%
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Maturité
r=0.04 r=0.05 r=0.07 0.1
Duration
4
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
-1
-2
Figure 14. Duration effective d’une dette comportant un risque de défaut important
Cette conclusion rejoint celle établie par Leland dans un cadre sensiblement différent
puisque son modèle suppose des taux d’intérêt constants. Le modèle de Longstaff et
Schwartz permet aussi d’obtenir des durations négatives dont les valeurs sont cependant
très inférieures aux nôtres.
Nous avons observé qu’une baisse des taux sans risque s’accompagne d’une hausse du
spread d’une obligation risquée. Une duration négative correspond, par conséquent, au cas
OBLIGATION DU SECTEUR PRIVE : EVALUATION 43
ET OUTIL DE GESTION DU RISQUE DE TAUX D’INTERET
où une baisse des taux est plus que compensée par la hausse du spread. Le rendement
d’une obligation à duration effective négative est ainsi susceptible d’augmenter sous l’effet
d’une baisse des taux sans risque.
Quel que soit le modèle de taux utilisé, on doit vérifier que la duration effective d’un
zéro-coupon converge vers sa maturité au fur et à mesure que le risque de défaut diminue.
Le graphique ci-dessous, obtenu avec notre modèle, permet de vérifier cette hypothèse.
Duration
5
4.5
3.5
2.5
2
1 2 3 4 5 6 V/K7
Duration
12
10
0
0 2 4 6 8 10 12
Maturité
modèle de Briys et de Varenne s’inscrit au contraire dans cette dernière perspective pour
laquelle la cohérence de l’évaluation impose des contraintes plus strictes, notamment en
matière de répartition des actifs entre tous les ayant-droits lors de la faillite. Notre objectif
nous permet donc de nous affranchir en partie de ces contraintes. Ainsi, dans notre
approche, la valeur des actifs constitue une variable conventionnelle, un indicateur, plutôt
qu’un objet de partage. Dès lors sa mesure n’a de sens que dans la perspective d’une
comparaison avec le seuil de faillite. Plutôt que de correspondre à un recensement exhaustif
des actifs de la firme, cette variable peut même, dans une optique opérationnelle,
s’identifier au total des seuls éléments cotés du passif du bilan.
Le modèle présenté diffère par ailleurs des autres approches retenues jusqu'à
présent pour évaluer une dette risquée sur un point essentiel, celui du mode d’évolution des
taux d’intérêt. En effet, tandis que la plupart des auteurs envisagent un processus continu
d’évolution du taux instantané, de type Ornstein- Uhlenbeck, nous avons retenu un
processus discret, celui de Ho et Lee généralisé. Associé à la méthode séquentielle
développée par Kishimoto, ce processus permet d’évaluer une obligation à coupons et ce en
présence, le cas échéant, de clauses de remboursement anticipé.
La simulation réalisée a permis d’analyser le spread d’une obligation du secteur
privé et de le comparer à celui fourni tant par les autres modèles que par des études
empiriques. La majorité des résultats établis par les modèles antérieurs ont ainsi pu être
validés. Le calcul de la duration effective a confirmé, par ailleurs, le résultat obtenu par
d’autres auteurs dans un cadre différent19, selon lequel la duration d’un zéro-coupon est
inférieure à sa maturité. La comparaison de notre modèle avec celui de Longstaff et
Schwartz met en évidence l’importance du processus d’évolution des taux d’intérêt dans le
calcul de la duration effective. Pour une série de paramètres comparables à ceux retenus par
LS dans leur simulation, nous obtenons une duration effective significativement supérieure
à celle qu’ils ont obtenue. Sans aller jusqu'à affirmer que le processus de Ho et Lee
généralisé est le plus intéressant, l’étude réalisée souligne néanmoins les limites du
processus de Vasicek pour le calcul de la duration effective.
ANNEXE
Prix de l’actif sous-jacent
Le prix de l’actif sous-jacent, à l’instant n, pour l’état de la nature (i,j), est donné par :
F1 (n, i; π , ∆, γ ) F2 (n, j , u , d )V
Vi n, j =
P ( n)
où
u ( n +1)
u (n) = δ ( n + 2) δ ( n + 2 ) ( n +1)
n=0,...,N-2
δ ( n +1)
+ π u ( n +1) − π δ ( n +1)
u
( N −1)
avec la condition limite u = γ , où γ est une constante,
1
h(n, τ ) =
δ (τ + n)
π + (1 − π )
δ (n)
et où ∆ désigne l’ensemble des δ(i) pour i=1,...,n,..
Calcul de la duration effective d’une dette risquée déduite du modèle de Longstaff et
Schwartz
Cette duration n’étant pas fournie par LS, nous en proposons le calcul.
Le processus d’évolution du taux d’intérêt de Vasicek est défini par:
dr = ( α − βr )dt + σdZ
La valeur d’un zéro-coupon sans risque, B(r,T), déduite de ce processus, est égale à:
B (r , T ) = exp( X (T ) − Y (T )r )
où X(T) et Y(T) sont définies dans le modèle de Vasicek.
Sachant qu’en cas de défaut, le détenteur d’une obligation reçoit une fraction (1-ω) de
la valeur de marché d’un titre sans risque de défaut équivalent, la formule d’évaluation
d’une obligation zéro-coupon, de maturité T, comportant un risque de défaut, établie par
Longstaff et Schwartz, est la suivante :
B RD (χ , r , T ) = B(r , T ) − ωB (r , T )Q( χ , r , T )
où
χ =V K
n
Q ( χ , r , T , n) = ∑q ,
i =1
i
q1 = N (a1 ),
i −1
qi = N (ai ) − ∑ q N (b ), i = 2,3,..., n,
j =1
j ij
− ln χ − M (iT / n, T )
ai = ,
S (iT / n)
M ( jT / n, T ) − M (iT / n, T )
bij = ,
S (iT / n) − S ( jT / n)
α − ρση η 2 σ 2 ρση η 2
M (t , T ) = − − .t + + exp( − βT )(exp( βt ) − 1)
β β
2 2 β 2 2β
3
r α η2 2
+ − + (1 − exp( − βt )) − η exp( − βT )(1 − exp( − βt )),
β β2 β3 2β 3
ρση η 2 2 ρση 2η
2 2
S (t ) = + + σ .t − + (1 − exp( − βt )) + η (1 − exp( −2 βt ))
β β
2 β2 β3 2β 3
Le terme Q(χ,r,T) est la limite de Q(χ,r,T,n) quand n→∞.
Le calcul de la duration effective nécessite quelques précautions. En effet le processus
d’évolution du taux d’intérêt sans risque est le processus stochastique utilisé par Vasicek.
La duration est donc une duration stochastique, de type Vasicek, pour laquelle un
changement d’échelle (Devolder,1993), permettant d’égaliser la duration et la maturité
d’un zéro-coupon non risqué, est nécessaire. La duration effective, obtenue à l’aide du
modèle de LS, peut s’écrire :
1 dBRD
DLS = Y −1 −
B RD dr
où Y −1 ( x) est la fonction inverse de la fonction Y(T), définie par Vasicek, telle que :
1 − exp(− β .T )
Y (T ) =
β
d’où :
ln(1 − β x)
Y −1 ( x) = − .
β
Il suffit, pour déterminer la duration effective d’une dette risquée, de dériver le prix de
l’obligation par rapport au taux d’intérêt sans risque, puis d’appliquer la formule 23.
Signalons que le calcul de la duration effective, à partir de notre modèle, ne nécessite pas
de changement d’échelle. En effet, la structure présente des taux étant exogène au modèle,
la valeur d’un zéro-coupon non risqué ne dépend pas, comme dans le modèle de Vasicek,
des paramètres du processus d’évolution des taux.
Dans le cadre du modèle de LS, le calcul de la dérivée conduit à:
1 dB RD ω Q' ( χ , r , T )
− = Y (T ) +
B RD dr 1 − ωQ ( χ , r , T )
Où
n
dQ( χ , r , T , n) dq i
Q ' ( χ , r , T , n) =
dr
= ∑ dr
i =1
48 J.C. AUGROS & M. QUERUEL
a12
−
q1 ' = 1 a1 '.e 2
2π
ai2
i −1 b2
bij ' − ij
−
qi ' = 1
2π
ai '.e 2 − ∑ q j ' N (bij ) + q j .
j =1 2 π
.e 2
− 1
β
(1 − e − βiT / n )
ai ' =
S (iT / n)
bij ' =
− 1
β
[exp(− )− exp(− )]
β jT
n
β iT
n
S (iT / n) − S ( jT / n)
et où
ρση η 2 2 ρση 2η
2 2
S (t ) = + + σ t − + (1 − exp(− βt )) + η (1 − exp(−2 βt )) .
β β2 β2 β3 2β 3
Le terme Q’(χ,r,T) est la limite de Q’(χ,r,T,n) quand n→∞. Les applications
numériques montrent que pour n=200, le terme Q’(χ,r,T,n) est pratiquement confondue
avec sa limite.
Le calcul de la dérivée que nous venons d’effectuer mérite que nous apportions deux
précisions.
- La dérivée de V par rapport à r, à t constant, est nulle.
∞
d( ∑q ) i ∞
dqi
- Nous avons implicitement supposé que i =1
dr
= ∑ dr
i =1
. Cette permutation
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50 J.C. AUGROS & M. QUERUEL
1 dB 1
1
D=− =
B dj B ∑ t.F .e
t
t
− jt
où Ft désigne le flux monétaire rapporté, en t, par l’actif dont la valeur est égale à B et le taux
actuariel continu égal à j
OBLIGATION DU SECTEUR PRIVE : EVALUATION 51
ET OUTIL DE GESTION DU RISQUE DE TAUX D’INTERET
n
2
D = ∑ tF .e
t =1
t
− R ( 0,t ).t
B
probabilité réelle de hausse des fonctions d’actualisation. La volatilité annualisée du taux rin (τ ) ,
vue depuis la date 0, est donnée par :
δ (τ + n) 1
Vol = − n 0 3/ 2 p1 (1 − p1 ) ln ( )τ
δ ( n)
où n0 désignent le nombre de périodes par an.
Comme δ(0)=1, il est possible, à la date 0, de relier les δ ( k ) à la volatilité des taux observée pour
toutes les maturités k.
52 J.C. AUGROS & M. QUERUEL
9
Nous avons repris les termes utilisés par Kishimoto : une « hausse de la structure par terme »
correspond à une hausse de la fonction d’actualisation et donc à une baisse des taux d’intérêt.
10
Bien que la seconde sous-période soit considérée de longueur « petite », le terme u représente la
hausse de la composante spécifique de l’actif sur la totalité de la période et non pas sur la seconde
sous-période. Ce découpage de la période en deux sous-périodes de longueur différente est une astuce
permettant de séparer la composante dépendant des taux, de la composante spécifique de l’actif.
11
Le calcul de la variance du rendement de l’actif risqué sur une période conduit à :
σ V 2 = σ 12 + σ 22
2
u n
où σ 12 = p1 (1 − p1 ) ln in
d i
2
2 u
et σ = p 2 ( 1 − p 2 )ln
2
d
et où p1 désigne la probabilité réelle de hausse de la structure par terme et p2 la probabilité
réelle de hausse de la composante spécifique de l’actif.
Cette variance est bien sûr dépendante de l’état i de la structure par terme et de l’instant n. Elle varie
donc dans le temps.
Le coefficient de corrélation ρ, entre le rendement de l’actif risqué et le taux d’intérêt sans risque de
défaut correspondant à une période, est donné par :
σ1
ρ=−
σV
un
où σ1 = p1 (1 − p1 ) ln in
di
12
Voir aussi EBERHART A.C., MOORE W.T., ROENFELDT R.L [1990] et WEISS L.A. [1990]
13
Le terme 1( Ent (( n − nc )/ n 0 )× n 0= n − nc prend la valeur 1 si n est une date de tombée de coupon. Dans
ce cas, le coupon est ajouté au prix de l’obligation obtenu par la formule récurrente.
14
Le modèle permet aisément d’intégrer d’autres types d’options, notamment une option de
remboursement anticipé au gré du porteur.
15
Ce prix est en principe égal au nominal de l’obligation plus les intérêts courus depuis la dernière
tombée de coupon.
16
Selon le modèle de Vasicek, la valeur d’une obligation zéro-coupon sans risque B(r,T) qui distribue
une unité monétaire à la date T, est égale à :
B (r , T ) = exp( X (T ) − Y (T ).r )
où r désigne le taux sans risque instantané,
η2 α η 2 α η2
avec X (T ) = 2 − T + 3 − 2 (exp(− βT ) − 1) − (exp(−2 βT ) − 1)
2 β β β β 4β 3
1 − exp(− βT )
et Y (T ) = .
β
OBLIGATION DU SECTEUR PRIVE : EVALUATION 53
ET OUTIL DE GESTION DU RISQUE DE TAUX D’INTERET
Le choix des paramètres, pour obtenir la structure des taux initiale, est le suivant :
r = 0.04, α = 0.06, β = 1, η 2 = 0.001
où η désigne la volatilité du taux instantané.
17
Nous rappelons que, dans cet exemple, la volatilité des taux de maturités intermédiaires est
calculée par interpolation linéaire entre celle du taux court et celle du taux long.
18
Ce terme équivaut davantage à une variation instantanée du spread par rapport au taux sans risque
de défaut, qu’à une dérivée.
19
CHANCE [1990], à partir du modèle de Merton avec une seule dette, LELAND[1994], avec un
taux d’intérêt constant, et BABBEL, MERRILL et PANNING [1997], avec le processus de Cox,
Ingersoll et Ross.
Jean-Claude AUGROS
Institut de Science Financière et d’Assurances
43 Boulevard du 11 Novembre 1918
69622 Villeurbanne Cedex, France
e-mail : isfa@cismsun.univ-lyon1.fr
Michel QUERUEL
Société de Bourse AUREL
29 Rue de Berri
75408 Paris Cedex 08, France