« Mon peuple périt faute de connaissance ... » (Os 4, 6). Ce beau passage de la Bible est une
interpellation pour le chrétien, car connaître pour approfondir sa foi est une exigence qu’il a toujours
à cœur.
En cette fin de siècle caractérisée de profonds changements, le croyant est appelé à avoir des
convictions solides sur sa foi. La parole de l’Apôtre Pierre interpelle : Soyez toujours prêts à rendre
compte de l’espérance qui est en vous… (1 P 3, 15). Être prêts, savoir justifier sa foi temps et à
contretemps.
Dans le premier volume, le Père Carlos Orduna Diez, Clerc de Saint-Viateur approfondit 18 points de
la foi les plus souvent mis en cause : Comment étudier la Bible ? Les livres de la Bible sont-ils tous
révélés ? Quel est le nom de Dieu ? Quand verra-t-il la fin du monde ? Jésus a-t-il fondé une ou
plusieurs Églises ? Pourquoi les prêtres catholiques ne se marient-ils pas ?
Dans le deuxième volume, outre les grands sujets de la foi catholique comme le baptême,
l’eucharistie, la confession, la Vierge Marie, la prière pour les morts, l’œcuménisme. L'auteur met à la
disposition du lecteur une excellente étude sur les Églises, les Sectes et les Mouvements religieux
tant en Afrique que dans le monde.
Dans mon travail pastoral auprès des jeunes et des communautés chrétiennes, je suis souvent
interpellé : ne pourrait-on pas recueillir dans un livre les principales difficultés que certains groupes
religieux nous posent à nous, les chrétiens, et plus précisément à nous, chrétiens catholiques ? En
effet il existe un foisonnement de groupes chrétiens ou pseudo-chrétiens, dont les doctrines
désorientent souvent les chrétiens catholiques faiblement formés.
C’est un fait que les membres de certaines confessions passent de maison en maison, à travers les
quartiers, dans les résidences universitaires, dans les villages, faisant du prosélytisme. Ils profitent
souvent d'une culture biblique faible ou même inexistante chez de nombreux chrétiens. Ceux-ci ne
savent que dire ou que répondre lorsque, par exemple, un membre des Assemblées de Dieu ou
un Témoin de Jéhovah leur pose des questions ou les met devant des difficultés... Alors, très
facilement, ils se laissent embarquer et changent de religion.
Combien de fois n'ai-je pas été surpris de retrouver dans tel ou tel groupe dit protestant des jeunes
que j’avais vus se préparer au baptême et que j'ai moi-même baptisés ! Cela met en question le
sérieux de notre travail catéchistique et pastoral. Travail que nous faisons parfois à la légère et que
nous donnons souvent à des animateurs de fortune qui manquent d’une solide préparation.
Ce même problème est vécu aussi, peut-être plus fortement, dans d’autres continents. En Amérique
Latine, par exemple, la profusion et le développement des sectes est en train d'ébranler l'Église
catholique. Pour parer à ce problème, deux prêtres du Chili, les PP. Miguel Jorda et Paulo Dierk ont
édité un document qu'ils ont offert à toutes les communautés et familles catholiques d'Amérique
Latine. En 6 mois, près de 40.000 exemplaires ont été diffusés. Ce livre a été présenté même aux
évêques de la CELAM (Conférence Épiscopale Latino-Américaine) réunis à Bogota, afin que cette
œuvre se répande à travers le continent.
Les auteurs encouragent à rééditer leur livre sans exiger aucun droit réservé. Ils se sentent guidés
parce dicton : « C'est la bonne graine qu’il faut semer, car la mauvaise se sème toute seule ». Leur
seul but, c’est de contribuer à mettre au clair la vérité et à renforcer la foi du peuple de Dieu.
C’est en m'inspirant de cette œuvre que j'ai composé cet ouvrage en l'adaptant à notre contexte
africain. Il ne s'agit pas d'une simple traduction, il y a parfois des ajouts, des explications
supplémentaires, des adaptations, des exemples, quelques chapitres nouveaux, mais il faut dire que
c'est essentiellement une adaptation de l’ouvrage latino-américain.
Qu’un évangélique ou un chrétien céleste passe chez un chrétien catholique pour l'inviter à prier avec
la Bible n'a rien de mauvais, au contraire ! Mais c'est un fait que, sous prétexte de lire la Bible, très
souvent, ils troublent la foi et cherchent à faire des adeptes. Cela constitue, à notre avis, un manque
de respect et même de charité à l'endroit de personnes qui manquant d'une formation biblique
solide, ne savent pas justifier leur foi.
Ces objections présentent cependant des aspects positifs : elles peuvent inciter les chrétiens à
approfondir des points de leur foi, et à devenir des croyants plus avertis et éclairés.
Ce livre ne prétend pas être un exposé complet de la foi, mais apporter des éléments de formation
sur les points le plus souvent mis en cause. L’Église catholique, tout comme la plupart des Églises
protestantes, est pour un sain œcuménisme et désire ardemment voir le jour où l’unité des chrétiens
sera accomplie, mais en attendant, il est nécessaire de répondre à ce besoin actuel. Il nous faut être
très clair et précis à l'heure d’exposer les postulats de notre foi et prendre les précautions
nécessaires pour ne pas nous laisser entraîner par n'importe quel groupe religieux.
Le Protestantisme, originaire de l'Europe, est en général assez respectueux à l'égard du Catholicisme.
En Côte d’Ivoire, par exemple, si cette attitude est affichée par les chrétiens méthodistes, ce n'est pas
le cas des sectes et de certains groupes religieux qui s'imposent en dénaturant les textes bibliques,
en faisant peur aux croyants.
Ce livre ne vient pas alimenter la polémique. Il se veut une aide au lecteur pour mieux comprendre sa
foi et rendre compte de son espérance. Que l'Esprit Saint nous vienne en aide !
La Bible de Jérusalem
Elle est ainsi dénommée simplement parce qu'elle a été préparée par une équipe internationale de
biblistes, sous la direction de la fameuse École Biblique de Jérusalem. Elle a paru d’abord en français
(1956) ; elle fut traduite ensuite en d'autres langues. Elle a été rééditée en 1998.
Il s'agit de la meilleure Bible du point de vue critique, théologique et académique, avec des notes
explicatives. Ces critères ont eu une certaine influence sur les autres éditions de la Bible. Elle est
indispensable pour une étude sérieuse de la Sainte Écriture. Cependant, le prix de cette Bible est
généralement assez élevé. Il existe par ailleurs une édition subventionnée.
D'autres Bibles
Il existe beaucoup d'autres éditions catholiques de la Bible :
La Bible en français courant est aussi assez pratique car son langage est simple et facile à comprendre.
Signalons encore une très bonne Bible : celle de la Pléiade, en trois tomes : l'Ancien Testament, le
Nouveau Testament, la Littérature inter testamentaire.
La grande valeur des Bibles modernes provient de ce qu'elles sont traduites des textes originaux
(hébreu, araméen, grec), et non pas de la Vulgate latine comme c'était le cas auparavant. En plus, elles
recueillent dans leurs commentaires et introductions le meilleur résultat des investigations bibliques
modernes.
Pour réfléchir
1. Peut-on lire la Bible comme un livre ordinaire, de la première à la dernière page ?
2. Est-il possible de lire toute la Bible sans avoir recours aux notes explicatives des experts ?
3. Est-il suffisant de lire la Bible avec foi et dévotion ou faut-il encore d'autres attitudes ?
4. Que faut-il penser de ceux qui ouvrent la Bible au hasard, à n'importe quelle page et commencent à
lire en pensant que Dieu leur parle directement ?
5. Est-il recommandable d'utiliser des éditions de la Bible manquant d'introductions aux différents livres
et de notes explicatives ?
6. Quel est l'avantage d'avoir une Bible personnelle ?
7. En t’inspirant de ce premier thème, essaie de résumer en trois ou quatre points les pas à suivre pour
lire un passage de la Bible.
8. Comment eux-tu mettre en pratique la phrase de saint Jérôme citée au point n°3 de ce thème ?
9. Quelle Bible utilises-tu et pourquoi as-tu choisi cette édition-là ?
Les livres de la Bible
Parlons de la composition de la Bible. Combien de livres compte-t-elle ? Y a-t-il des différences entre
les Bibles catholiques et les Bibles protestantes ?
La Bible n'est pas un livre unique, comme certains le pensent, mais une bibliothèque complète. La Bible
entière est composée de 73 livres, dont quelques-uns assez étendus, comme celui du prophète Isaïe,
et d'autres plus brefs, comme celui du prophète Abdias, par exemple.
Parmi ces 73 livres, 46 constituent l'A.T. (Ancien Testament), et 27 le N.T. (Nouveau Testament).
Parfois une Bible protestante peut tomber entre nos mains et là, nous sommes surpris de constater qu’il
y a sept livres de moins, et qu'elle ne compte donc que 66 livres. Pourquoi cela ?
Ce vide se trouve dans l'Ancien Testament et il est dû à l’absence des livres suivants : Tobie, Judith, 1
Maccabées, 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique (ou Siracide) et Baruch.
Pourquoi cette différence entre la Bible catholique et la Bible protestante : C’est un problème historico-
théologique très complexe, mais nous essayerons de répondre synthétiquement à cette question.
D’abord, nous expliquerons comment s'est formée la collection des livres sacrés de l'Ancien Testament
à l'intérieur du peuple juif. Nous verrons ensuite comment les chrétiens ont accepté ces livres de l’Ancien
Testament avec ceux du Nouveau Testament pour arriver à la Bible complète.
8. Considérations finales
Après tout cela, nous constatons que le problème concernant les livres inspirés est une question
historico-théologique très complexe, comportant des interprétations et des appréciations très diverses.
Malgré tout, il n'y a pas de doute qu’à cet égard l'Église catholique jouit d’une base historique et
doctrinale qui la présente, de manière très raisonnable, comme étant bien fondée et sûre.
Cependant, depuis que Luther prit la décision de ne pas accepter cette tradition de l'Église catholique,
les Églises protestantes n'ont pas accueilli comme livres inspirés les livres deutérocanoniques, les
déclarant des livres apocryphes.
Dernièrement, on constate, chez beaucoup d'Églises protestantes, une attitude plus modérée à l’égard
de ces 7 livres et on édite même des Bibles œcuméniques en y incluant les livres deutérocanoniques.
En effet, nos frères sont de plus en plus ouverts à admettre que certaines doctrines bibliques comme la
résurrection des morts, le thème des anges, le concept de rétribution, la notion profonde de purgatoire,
etc. commencent à apparaître déjà à l'intérieur de ces 7 livres tardifs.
Ils réalisent aussi que, du fait d'avoir supprimé ces livres, il y a un très grand vide entre l'Ancien
Testament et le Nouveau Testament (une période d'environ 300 ans sans livres inspirés). Or, ces 7
livres constituent un chaînon précieux entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament Les
enseignements de ces écrits apportent une plus grande harmonie à l’ensemble de la Révélation divine
dans la Bible.
C'est pourquoi, on commence à voir déjà quelques Bibles protestantes qui incluent à la fin ces 7 livres,
même si c'est avec une valeur secondaire.
Il est possible qu'un jour nos frères protestants les accepteront définitivement en leur reconnaissant
l’importance propre à la Parole inspirée, et que nous renforcerons davantage notre unité ancrée sur la
Parole de Dieu.
Pour réfléchir
1. Combien de livres comptent respectivement la Bible catholique et la Bible protestante ?
2. Quelle est l’origine de cette différence ?
3. Quels sont les livres canoniques et les Deutérocanoniques ? Pour quoi sont-ils appelés ainsi ?
4. Qu’est-ce que ces livres apportent à la Révélation ?
5. Que s'est-il passé lors de la Réforme de Luther par rapport au nombre de livres de la Bible ?
6. Qu’est-ce que les découvertes de Qumram ont confirmé ?
7. Est-ce que dernièrement les Bibles protestantes incluent les livres Deutérocanoniques ?
8. Qu’est-ce qui serait souhaitable à l’avenir ?
La Bible et la Tradition Apostolique
Très souvent, lors des discussions entre chrétiens de diverses confessions, nos frères nous posent ce
genre de questions : où la Bible parle-t-elle du purgatoire ? Qu’est-il dit dans le Nouveau Testament que
Pierre est allé à Rome ? D'où sortez-vous l'Immaculée Conception de Marie et qu'elle est montée au
ciel en corps et en âme ? Et d'autres questions semblables.
D'après certains chrétiens, Révélation divine et Bible sont une seule et même chose. C'est-à-dire que,
pour eux, c’est seulement dans la Bible que se trouve toute la Révélation de Dieu. Mais cette position
est-elle correcte ? Est-il vrai que la Bible contient tout l'Évangile du Christ ? Qu'est-ce que la Bible même
dit à ce propos ? En outre, qui a rassemblé tous les livres inspirés qui constituent la Bible ? N'est-ce
pas l’Église, qui avait reçu la mission de prêcher l’Évangile ? Qu'est-ce qui a existé d'abord : la Bible ou
l'Église ?
Sur ce thème, essayons d'expliquer pourquoi la Révélation divine ne se limite pas seulement à la Bible,
mais qu'elle se manifeste aussi dans la Tradition apostolique. C'est un sujet un peu difficile, mais
fondamental pour une compréhension correcte de notre foi. C'est un thème qui a causé tant de
malentendus entre les différentes Églises chrétiennes ! Il est vraiment nécessaire de l'aborder.
1. La Révélation divine
La Révélation est la manifestation de Dieu et de sa volonté à propos de notre salut. Le mot révéler, veut
dire enlever le voile ou découvrir quelque chose de caché. Dieu s’est révélé de deux manières :
3. La Tradition apostolique
Ce message donné par Jésus de sa propre bouche et écouté, vécu, médité et transmis oralement par
les apôtres, c'est ce qu’on appelle la Tradition apostolique. Lorsque nous parlons ici de Tradition (avec
T majuscule), nous faisons toujours référence à la Tradition apostolique. Il ne faut pas
confondre Tradition apostolique avec la tradition en général qui a trait aux coutumes, aux idées et aux
manières de vivre d'un peuple, que chaque génération reçoit de celles qui l'ont précédée. Une tradition
de ce genre est purement humaine et peut être abandonnée lorsqu'elle paraît inutile. Ainsi le fit Jésus
lui-même lorsqu'il refusa certaines traditions du peuple juif: “Vous négligez le commandement de Dieu
pour ne pas lâcher votre propre tradition” (Mc 7, 8).
La Tradition apostolique se réfère à la transmission de l’Évangile de Jésus. Outre son enseignement
par des discours et des exemples, Jésus apprit aussi à ses apôtres une manière de prier, d’agir et de
vivre ensemble. C'était là les traditions que les apôtres gardaient dans l'Église. L’apôtre Paul, dans sa
lettre aux Corinthiens, se rapporte à cette Tradition apostolique : “Moi-même, j'ai reçu cette tradition
qu’à mon tour je vous ai transmise” (1 Cor 11, 23).
En résumé, nous pouvons dire que Jésus ordonna de prêcher et non pas d'écrire son Évangile. Jésus
ne distribua jamais de Bibles. Le Seigneur fonda son Église, en lui promettant qu'elle demeurerait
jusqu'à la fin du monde. Et l'Église a vécu de la Tradition Apostolique de longues années durant, sans
avoir les livres sacrés du Nouveau Testament.
4. Le Nouveau Testament
Une partie seulement de la Parole de Dieu, proclamée oralement, fut mise par écrit sous la surveillance
des apôtres eux-mêmes et par d'autres évangélistes de leur génération. Ces écrits, inspirés par l'Esprit
Saint, donnèrent origine au Nouveau Testament (Nouveau Testament), qui est la partie la plus
importante de la Bible. Il est clair, qu’en écrivant le Nouveau Testament, ce n'est pas tout l'Évangile de
Jésus qui fut mis par écrit.
“Jésus fit encore bien d'autres choses qui ne sont pas écrites dans ce livre. Si on les racontait une par
une, je crois que le monde entier serait bien petit pour les livres qu’on écrirait“ (Jn 21, 25).
L'Écriture Sainte et spécialement le Nouveau Testament est la Parole de Dieu, qui nous montre le Fils
en qui Dieu a manifesté la splendeur de sa gloire (cf. He 1, 3).
Nous pouvons affirmer que seule la partie la plus importante et fondamentale de la Tradition apostolique
fut mise par écrit. C'est pour cette raison que l'Église a toujours montré une vénération très spéciale
pour les Divines Écritures.
5. Bible et Tradition
Après cela, nous pouvons affirmer que la révélation divine est arrivée jusqu’à nous à travers la Tradition
apostolique et à travers l’Écriture Sainte. On ne doit pas les considérer comme étant deux sources, mais
plutôt comme deux aspects de la Révélation de Dieu. Le Concile Vatican Il l'exprime très bien : “La
Tradition apostolique et l'Écriture Sainte jaillissent d'un même fleuve et courent vers la même fin” (Dei
Verbum, 9). Les deux sont unies et liées de telle sorte que l'une ne peut subsister sans l'autre.
En outre, la Sainte Écriture présente la Tradition comme fondement de la foi du croyant : “Faites ce
qu'on vous a enseigne et que vous avez accueilli, ce que vous avez appris de moi et avez vu chez moi,
et le Dieu de la paix sera avec vous” (Ph 4, 9). “Transmets à des gens sûrs et capables d'enseigner aux
autres ce que tu tiens de moi à travers bien des témoins". (2 Tm 2, 2). “Alors, frères, tenez bon et gardez
fermement les traditions que nous avons enseignées de vive voix ou par lettre” (2 Th 2, 15).
C’est donc clair que l'Apôtre Paul, pour confirmer la foi des chrétiens, n'utilise pas seulement la Parole
de Dieu écrite, mais il rappelle aussi, d'une façon très spéciale, la Tradition ou la prédication orale. Une
fois que le Nouveau Testament fut écrit, on ne considéra pas close la Tradition apostolique, comme si
la Révélation divine était complète. La Bible ne dit pas cela. Nulle part, il n'est écrit que le chrétien doit
se soumettre à la seule Bible. Dans l'Église catholique, il y a eu toujours un accent particulier sur
l’importance de la Tradition apostolique, sans enlever à la Bible sa valeur.
6. Seulement la Bible
Il n’est pas exact de croire que la Bible seule suffit pour notre salut. Jamais Jésus n’a dit cela et ce n'est
pas non plus écrit dans la Bible. Jésus n'a jamais écrit de livre sacré. La seule chose que fit Jésus fut
de fonder son Église et de lui confier sa Bonne Nouvelle afin qu’elle soit annoncée à tous les hommes
jusqu’à la fin du monde. Ce fut à l'intérieur de la Tradition de l'Église que le Nouveau Testament fut écrit
et accepté sous son autorité apostolique. En plus, l'Église vécut de nombreuses années sans le
Nouveau Testament, qui ne finit d’être écrit que vers l'année 97 après Jésus-Christ. Et ce fut aussi
l'Église qui, lors des années 393/397, établit le canon chrétien ou liste des livres qui constituent le
Nouveau Testament.
Ainsi donc, si nous n'acceptons que la seule Bible, comment saurons-nous quels sont les livres inspirés
? En effet, la Bible n'en contient aucune liste. Ce fut la Tradition de l'Église qui nous transmit la liste des
livres inspirés. Supposons que nous perdions la Bible. Dans ce cas l'Église continuerait de posséder
toute la vérité à propos du Christ, laquelle a été transmise fidèlement jusqu'à nos jours par la Tradition
apostolique, comme elle le faisait avant d'écrire le Nouveau Testament.
Nous croyons que nos frères protestants, en n'acceptant que la Bible, risquent de réduire la
connaissance authentique de la Révélation divine. La Parole de Dieu, elle-même, nous invite à garder
cette règle d'or que l'Apôtre Paul nous a laissée : “Tenez bon et gardez fermement les traditions que
nous avons enseignées de vive voix ou par lettre" (2 Th 2, 15).
7. Le Magistère de l’Église
La Révélation divine comprend donc la Sainte Tradition et la Sainte Écriture. Ce dépôt de la foi (cf. 1
Tm 6, 20 ; 2 Tm 1, 12-14) fut confié par les apôtres à l’ensemble de l'Église. Or, la tâche d'interpréter
correctement la Parole de Dieu, orale ou écrite, fut confiée seulement au Magistère vivant de l'Église.
Celle-ci l'exerce au nom de Jésus-Christ. Ce Magistère, d'après la Tradition apostolique, est constitué
par les évêques en communion avec le successeur de Pierre, qui est l’évêque de Rome, le Pape. Le
Magistère n'est pas au-dessus de la Révélation divine, mais il est à son service, pour enseigner
purement ce qui a été transmis. Par mandat divin et avec l’assistance de l'Esprit Saint, l'Église ne fait
qu'écouter la révélation avec dévotion, la garder soigneusement et l'expliquer fidèlement.
Les fidèles, en se rappelant la parole du Christ à ses apôtres : “Qui vous écoute, m'écoute” (Lc 10, 6),
reçoivent attentivement les enseignements et les orientations que leurs pasteurs leur donnent sous des
formes diverses. Le Magistère de l’Église est un guide sûr dans la lecture et l’interprétation de la Sainte
Écriture, “puisque aucune prophétie de l’Écriture ne peut dépendre d'une interprétation personnelle" (2P
1, 20).
Le Magistère de l'Église aide aussi à croître dans la compréhension de la foi. Grâce à l’assistance de
l'Esprit Saint, la compréhension de la foi peut croître dans la vie de l’Église, lorsque les fidèles méditent
la foi chrétienne et réfléchissent intérieurement à ses mystères. Autrement dit, le croyant vit la Parole
de Dieu dans les circonstances concrètes de l'histoire et rend de plus en plus explicite ce qui était
implicite dans la Parole de Dieu. C'est dans ce sens que la Tradition divino-apostolique va en croissant,
comme cela arrive à tout organisme vivant. C’est là précisément la justification qu'il faut donner aux
définitions dogmatiques, faites par le Magistère de l'Église.
8. En conclusion :
* Ce n'est pas seulement de l’Écriture Sainte que l'Église tire la certitude de toute la Révélation divine.
* La Tradition apostolique et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu
sur lequel, comme dans un miroir, l'Église en marche contemple Dieu, source de toutes ses richesses.
* La tâche d'interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été confiée uniquement au Magistère de
l'Église, aux évêques en communion avec le Pape, successeur de Pierre.
* La Tradition, l'Écriture et le Magistère, selon le plan de Dieu, sont intimement liés, de sorte qu'aucun
des trois ne peut subsister seul, mais chacun selon son caractère et sous l'action de l’unique Esprit
Saint, contribuent efficacement au salut des hommes (cf. Dei Verbum, 10).
Pour réfléchir
1. Quelle est la signification du mot révélation ?
2. De combien de manières Dieu s'est-il révélé à l'homme ?
3. Qu’est-ce que Jésus ordonna avant de monter aux cieux ?
4. Quand les enseignements de Jésus furent-ils mis par écrit ?
5. Quelle est la signification de l’expression Tradition apostolique ?
6. La Bible seule est-elle suffisante pour le salut ?
7. Jésus a-t-il fondé une Église ou a-t-il ordonné de diffuser la Bible ?
8. Quelle est la fonction du Magistère ?
Les diverses mentalités bibliques chez les chrétiens
Un romancier raconte l'histoire d'une jeune fille aux yeux très beaux qui, à cause de cela, était admirée
et poursuivie par les hommes. Ses yeux étaient, pour elle, occasion de péché et, comme cette fille
fréquentait tous les jours la Bible, elle tomba un jour sur cette phrase “Si ton œil est occasion de péché,
arrache-le" (Mt 5, 29). Alors elle prit une fatale détermination : elle versa de l'acide sur ses yeux pour
qu’ils soient brûlés et c'est ainsi quelle perdit la vue pour toujours…
Tout cela n'est qu'un conte imaginé par un romancier à propos de ceux qui interprètent la Bible
littéralement et sans consulter des personnes compétentes. Mais supposons, un instant, que l’exemple
soit vrai ; si la jeune fille avait demandé conseil à un expert en Bible, celui-ci lui aurait répondu que cette
phrase de la Bible ne devrait pas être interprétée de la sorte, car il s’agit là d'une figure littéraire.
Ce que Jésus veut dire ici est que si l'on aime quelque chose au point qu'elle soit occasion de péché, il
faut y renoncer. Par exemple : renoncer à une amitié dangereuse, abandonner une affaire sale ou
injuste, etc. Et cela, même s'il nous en coûte beaucoup. Mais à aucun moment Jésus ne nous demande
de mutiler notre corps qui a été créé à l'image et la ressemblance de Dieu.
Qu'il est différent d'interpréter la Bible tout seul ou en consultant un expert ! Si quelqu'un refuse
systématiquement de consulter les personnes compétentes, il risque fort de se tromper en interprétant
la Bible. Et si celui qui ne sait pas se met à apprendre à un autre, alors là c’est comme un aveugle qui
conduit un autre aveugle : “Tous les deux vont tomber dans l'abîme" (Mt 15, 14).
Le fait que nous avons évoqué est une simple fantaisie d'un écrivain. Mais, il n'y a pas longtemps, nous
avons appris à la télévision que des fanatiques, appartenant à des sectes soi-disant chrétiennes, sont
arrivés même au suicide collectif, la Bible à la main.
Il est important d'avoir des critères clairs pour savoir interpréter la Bible. Dans ce chapitre, nous allons
essayer d'expliquer les différentes mentalités avec lesquelles les diverses confessions chrétiennes
lisent la Bible. C’est un thème quelque peu difficile, mais il s'agit là d’un point qui, tout en apportant une
certaine complémentarité, nous différencie assez fortement les uns des autres. Nous ne voulons
offenser personne avec nos explications. Toute personne mérite notre respect et doit être aimée comme
le Christ nous aime. Notre seul but est de chercher la vérité, car c'est notre devoir d'avancer vers la
vérité tout entière. Comme nous aimons le redire avec Jésus: “La vérité vous rendra libres" (Jn 8,32).
Par mentalité biblique, nous entendons le critère ou la manière de penser avec laquelle on interprète
normalement la Bible. Nous expliquerons d'abord sur quoi la mentalité biblique des catholiques met
l'accent et ensuite sur quoi celle de nos frères protestants met aussi les accents, pour conclure avec
quelques orientations en vue de pouvoir faire un jour une lecture biblique ensemble. Car ces mentalités
ne sont pas toujours nécessairement opposées, elles sont souvent complémentaires.
Pour réfléchir
1. Quelle est la règle d'or pour l’interprétation de la Bible ?
2. Peut-on sortir des phrases de leur contexte et leur donner une interprétation ?
3. Interpréter la Bible à l'intérieur de la Tradition ecclésiale, qu’est-que cela signifie ?
4. Quelle est en général la position de nos frères protestants à cet égard ?
5. Sur quoi est-elle fondée ?
6. Que peut-il arriver lorsqu’on interprète la Bible personnellement sans tenir compte de la Tradition
apostolique ?
7. Qu’attend-on de l'œcuménisme, à ce propos ?