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Vincent Descombes - Le Raisonnement de L'ours - Et Autres Essais de Philosophie Pratique-Seuil (2007) PDF
Vincent Descombes - Le Raisonnement de L'ours - Et Autres Essais de Philosophie Pratique-Seuil (2007) PDF
DE L’OURS
et autres essais de philosophie pratique
Du même auteur
LE RAISONNEMENT
DE L’OURS
et autres essais de philosophie pratique
ÉDITIONS DU SEUIL
27, rue Jacob, Paris VIe
Ce livre est publié
dans la collection «ÞLa couleur des idéesÞ»
sous la responsabilité d’Olivier Mongin
ISBN 978-2-02-095961-2
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation
collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que
ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une
contrefaçon sanctionnée par les articles L.þ335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
www.seuil.com
INTRODUCTION
* Les textes qui composent ce volume ont été écrits entre 1991 et
aujourd’hui. Les plus anciens sont au fond des additions à un livre que j’avais
écrit à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution française (Philosophie par
gros temps, Minuit, 1989). D’autres, à commencer par «ÞLe raisonnement de
l’OursÞ», ont été pour moi une manière de prolonger un débat que j’avais eu
avec plusieurs philosophes («ÞLe débatÞ: une raison politiqueÞ?Þ», La Pensée
politique, n°Þ3, Paris, Gallimard/Seuil, mai 1995, p.Þ179-340) qui discutaient
mon article intitulé «ÞPhilosophie du jugement politiqueÞ» (La Pensée politique,
n°Þ2, juin 1994, p.Þ131-157). Je saisis l’occasion de cette note pour adresser mes
vifs remerciements à Olivier Mongin qui m’a encouragé à réunir ces textes et
m’a convaincu qu’il était possible d’en faire un livre à part entière au moyen
d’une introduction portant sur la signification de ce que les philosophes
appellent raison pratique. C’est cette introduction qui commence ici même.
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Théorie et pratique
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1. Ibid., p.Þ84.
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1. Ibid., p.Þ231.
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C’est au fond cette troisième voie que les essais ici réu-
nis cherchent à esquisser à partir de différents points qui
sont disputés dans la philosophie pratique contemporaine.
En ce sens, ils prolongent et, je l’espère, viennent à l’appui
de la position que j’avais défendue en 1994 dans un petit
article intitulé «ÞPhilosophie du jugement politique 1Þ».
J’y revendiquais, contre plusieurs courants majeurs de la
philosophie pratique contemporaine, la possibilité de refu-
ser simultanément l’exigence d’une fondation rationnelle
ultime pour nos jugements pratiques et, aussi bien, la thèse
selon laquelle tout jugement politique est arbitraire puisqu’il
comporte une part d’évaluation, donc une manifestation de
la volonté.
La raison délibérante
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Modernes et anti-modernes
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La question de l’universel
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Théories de la modernité
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1. Ibid., p.Þ64.
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1. Ibid., p.Þ502.
2. Raymond Aron, Les Étapes de la pensée sociologique, Paris, Gallimard,
1967, p.Þ543.
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1. On trouve bien dans les écrits de jeunesse de Karl Marx l’idée selon
laquelle la mission révolutionnaire du prolétariat lui vient de ce que son éman-
cipation particulière coïncide avec l’émancipation de toute la société. Toute-
fois, à y regarder de plus près, il apparaît que la coïncidence à laquelle pense
Marx est plutôt celle d’une émancipation prolétarienne (le moment du particu-
lier) avec une émancipation humaine (le moment de l’universel), comme on
peut le voir dans la conclusion de sa Critique de la philosophie du droit de
HegelÞ: «ÞL’émancipation de l’Allemand est l’émancipation de l’homme.Þ»
2. Voir Alain Supiot, Homo juridicus, Paris, Seuil, 2005, p.Þ156 (à propos
des fictions juridiques sur lesquelles repose l’idée qu’on pourrait traiter le tra-
vail comme une marchandise séparable de la personne du travailleur).
3. Louis Dumont, Homo aequalis, op.Þcit., p.Þ213.
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La conscience déchirée
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Qui plus est, les solutions que proposait Aron dans ce texte
ont en général servi de référence à ceux qui, en France, ont
à leur tour traité de cette question.
Aron fait très justement remarquer ceciÞ: l’intérêt que nous
prenons aux «ÞantinomiesÞ» de Max Weber (par exemple
entre le point de vue de la conviction et le point de vue de
la responsabilité) ne tient pas tant à leur solidité philo-
sophique qu’à ce qu’on pourrait appeler leur authenticité
phénoménologique. Et, ici, en dépit de ce que suggère
Aron au début de son introduction, l’adjectif «Þphénomé-
nologiqueÞ» devrait s’entendre au sens hégélien plutôt
que husserlien. Weber, écrit Aron, «Þrationalise ses propres
contradictions dans l’antinomie des deux morales qui, au
niveau de la phénoménologie de l’action politique, me
paraît une conceptualisation fidèle de la conscience déchi-
rée du “clerc dans la politique” 1Þ». Weber a donné la parole
à une «Þfigure de l’espritÞ» que nous comprenons parce
que nous y retrouvons une part de notre expérience. Cette
figure, qui correspond à ce qu’Aron lui-même appelle une
«Þconscience déchiréeÞ», est une nouvelle version de la
conscience malheureuse hégélienne. Elle est déchirée entre
un sens des responsabilités de l’acteur au regard des consé-
quences historiques de ses actes et un sens des exigences
absolues et inconditionnelles de la moralité. En somme, si
Weber ne laisse personne indifférent, c’est parce que cha-
cun de nous y retrouve un trouble qu’il a éprouvé person-
nellement.
Les valeurs, telles que les conçoit la «Þconscience déchi-
réeÞ» d’un «Þclerc en politiqueÞ», s’expriment à l’impératif.
Lorsque leur commandement s’est fait entendre de la
conscience, celle-ci n’a que deux possibilités. Elle peut
obéir, accomplir ce que les valeurs ordonnent et qui, du
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nous devions tenir notre sujet pour n’étant rien d’autre que
l’auteur de ce jugement de valeur sur l’inégalité entre les
hommes, nous pourrions conclure que ce sujet va s’inter-
dire toutes les activités dans lesquelles il aurait à traiter les
autres sur un pied d’inégalité. Il en irait de ce doctrinaire
comme d’un adepte de la non-violence qui, ayant jugé que
la violence était le mal suprême, en aurait conclu qu’il
devait s’interdire les activités qui font directement appel à la
violence ou qui sont sources de conflit. Les conséquences
pratiques d’un jugement portant sur une valeur suprême
seraient donc négatives. Ce qui serait rationnel, de la part
de l’auteur d’un tel jugement, ce ne serait pas de faire telle
ou telle action, mais plutôt de restreindre sa sphère pratique,
de s’abstenir par principe dans des occasions où il n’aurait
pu agir sans contredire son évaluation suprême.
Mais supposons que notre sujet ait décidé d’être un mili-
tant. Les interdictions ne suffisent plus à lui fixer une ligne
de conduite. Il lui est demandé par son idéal de faire posi-
tivement quelque chose pour établir l’égalité entre les
hommes. Pour lui, l’inégalité n’est pas seulement un mal
dont il faut se tenir éloigné, c’est un mal qui doit être com-
battuÞ: «ÞIl faut l’effacer et agir en vue d’atteindre cet objec-
tif.Þ» Mais, s’il faut agir, cela veut dire qu’on a changé de
morale. Il ne s’agit plus maintenant de veiller à son intégrité
personnelle dans un monde qui ne dépend pas du sujet. Le
«ÞpostulatÞ» du militant n’est pas un principe transcendant
le monde des hommes, c’est une cause qui fixe des résul-
tats à obtenir dans ce monde.
Selon le raisonnement wébérien reconstitué par Aron,
un militant peut comprendre (intellectuellement) que toute
inégalité n’est pas un mal social du seul fait d’être un mal
moral. Il peut donc comprendre les «Þconsidérations prag-
matiquesÞ» mises en avant par les hommes d’action sou-
cieux de ce qui est bon pour la société. Pourtant, il ne lui
est pas permis d’en tenir compte, car il a choisi de n’obéir
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1. Ibid., p.Þ61.
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1. En référence à la page dans laquelle Hume fait remarquer que les mora-
listes commencent souvent par des propositions qui ont pour copule «ÞestÞ»
(is) pour terminer par des propositions dont la copule est «ÞdoitÞ» (ought) sans
expliquer comment ils sont passés des premières aux secondes (cf.ÞDavid
Hume, A Treatise of Human Nature, III, 1, 1, Oxford, Oxford University
Press, 1978, p.Þ469).
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obligatoire de faire dans tel cas, quels que soient les pré-
férences et les goûts du sujet).
L’inconvénient de cette analyse est qu’on ne voit pas en
quoi ce raisonnement est pratique, en quoi il est la délibé-
ration d’un acteur sur ce qu’il doit faire ici et maintenant.
Dans toute cette discussion, il apparaît que l’adjectif
«ÞpratiqueÞ» est employé de façon ambiguë. Est-ce qu’on
veut dire seulement qu’un jugement pratique est un juge-
ment ayant une portée pratiqueÞ? Si c’est cela qu’on veut
dire, il y aura beaucoup trop de vérités pratiques. C’est
ainsi que la vérité descriptive «ÞLa porte est ferméeÞ» a une
portée pratique considérable (puisqu’elle m’apprend que
je devrais l’ouvrir si je veux sortir par cette issue). Ou bien
est-ce qu’on veut dire par «Þjugement pratiqueÞ» un juge-
ment capable de répondre à la question de l’agentÞ: que
dois-je faire ici et maintenantÞ? Dans ce cas, le jugement
pratique n’est pas seulement une vérité sur tel ou tel aspect
de la situation. Le jugement est une réponse adéquate à la
question pratique. Mais une réponse adéquate à la question
pratique de l’agent est une réponse qui suffit à l’éclairer
sur la conduite à tenirÞ: le jugement pratique est donc pra-
tique pour autant que former ce jugement, c’est passer à
l’action.
Si nous prenons «ÞpratiqueÞ» au sens vague, nous accep-
terons de tenir pour des jugements pratiques des conclu-
sions qui sont, comme telles, incapables de fixer ce que
l’agent doit faire. C’est le cas des jugements déontologiques
(sur les devoirs qui incombent à un sujet du fait de son sta-
tut, ou de ses engagements, ou de ses actes).
Reprenons l’exemple d’une inférence en matière déon-
tologique. Comme on l’a vu, cette forme d’inférence per-
met de passer d’un principe général à une application
particulière. Du principe moral général «ÞIl ne faut jamais
mentirÞ», on peut bien tirer la conséquence qu’il faut se
garder de mentir à X ou à Y. Cela est une information don-
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née à l’agent sur ce qu’il doit ne pas faire, sur les actions
qui lui sont interdites. Il suffit que l’action envisagée par
l’agent puisse être correctement décrite comme un men-
songe pour qu’elle doive être écartée. Par cette inférence,
le sujet pratique se trouve certes éclairé. Il n’en reste pas
moins qu’une telle détermination est négative. Le sujet
apprend ce qu’il lui est interdit de faire.
Dans le «Þcas difficileÞ» discuté par Benjamin Constant
et Kant, que dit le raisonnement déontologique à l’homme
qui a accueilli chez lui un dissident pourchassé par la
police politiqueÞ? Le raisonnement lui dit ce qu’il doit évi-
ter de faire (il ne doit en aucun cas mentir à la police pour
protéger le réfugié, même dans une bonne intention, même
si la police n’a nullement le droit de lui extorquer cette
information). Mais ce raisonnement ne lui dit nullement
comment se tirer d’affaireÞ: comment répondre aux poli-
ciers sans livrer le dissident à la police (après lui avoir
accordé l’hospitalité et donc l’avoir pris sous sa protec-
tion). Or le problème pratique, celui qui donne lieu à une
délibération sur la meilleure façon de se tirer d’affaire, est
justement le problème de réconcilier ces deux objectifs
légitimes.
Le raisonnement déontologique qui conclut que le sujet
est soumis à telle ou telle obligation est en réalité un rai-
sonnement théorique qui se trouve porter sur une matière
pratique. Ce raisonnement rappelle ou apprend au sujet
pratique quel est l’un de ses devoirs. Ce raisonnement ne
lui dit pas quoi faire. Il ne lui dit pas quoi faire au sens
où le raisonnement déboucherait sur une action. Ce n’est
donc pas un raisonnement pratique, car tout ce qu’il dit
estÞ: quoi que tu fasses, ne fais pas un mensonge. Quelle
que soit ton action, que ce ne soit pas un mensonge. L’action
à faire n’est donc pas encore déterminée. La conclusion reste
générale, elle porte sur toute action mienne, et n’en déter-
mine aucune en particulier comme étant la chose à faire.
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même, par celui qui va agir pour les raisons assemblées par
le syllogisme. En effet, si c’est moi qui raisonne sur ce que
vous devez faire, ou sur ce que je ferais si j’étais à votre
place, mon raisonnement reste théorique (bien qu’il porte
sur une matière pratique). En revanche, on peut concevoir
que mon raisonnement théorique sur ce qu’il faudrait faire à
votre place soit adopté par vous, que vous en acceptiez les
prémisses et que vous agissiez en conséquence.
À cette analyse, on peut réserver le qualificatif d’intentio-
naliste pour dire que l’analyse du «Þsyllogisme pratiqueÞ»
fait apparaître une structure intentionnelle 1 (ou, si l’on pré-
fère, une structure téléologique dans laquelle la fin répond
à une intention du sujet). Pour justifier cette appellation,
il suffira de rappeler qu’Elizabeth Anscombe, dans son
ouvrage intitulé L’Intention, utilise justement l’analyse
aristotélicienne du syllogisme pratique pour dégager la
structure intentionnelle de l’action 2. Ces références per-
mettent de dire qu’une telle analyse est, si l’on veut, «Þaris-
totélisanteÞ», c’est-à-dire qu’elle prend son inspiration
dans certaines analyses d’Aristote. Toutefois, on ne pour-
rait pas dire que ce soit seulement la reprise d’une doctrine
aristotélicienne, d’abord parce que l’interprétation des diffé-
rentes choses qu’Aristote dit sur le syllogisme pratique est
controversée, ensuite parce que (comme le note d’ailleurs
Anscombe 3), on ne trouve pas à proprement parler un
concept d’intention chez Aristote.
C’est finalement sur la définition du principe du raison-
nement pratique que l’analyse aristotélicienne se distingue
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1. Geach use ici du terme juridique anglais defeasible, pour indiquer que
la validité d’une inférence pratique, tout comme celle d’un acte juridique, est
soumise à une clause de nullité en cas d’apparition d’éléments nouveaux
d’information dont on aurait voulu tenir compte si l’on avait pu en avoir
connaissance au moment de construire l’inférence ou de poser l’acte.
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Un mauvais raisonneur
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NOTE SUR LE SYLLOGISME PRATIQUE
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1. Ibid., p.Þ139.
2. Ibid., p.Þ140-141.
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La couleur de contemporanéité
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1. Ibid., p.Þ251-252.
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La légende
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LE PRÉSENT, L’ACTUEL, LE SIMULTANÉ ET LE CONTEMPORAIN
1. Ibid., p.Þ251.
2. Ibid., p.Þ254.
3. Ibid.
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1. Ibid., p.Þ251.
2. Sœren Kierkegaard, Les Miettes philosophiques, trad. et préface
P.ÞPetit, Paris, Seuil, 1967, p.Þ116.
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LE PRÉSENT, L’ACTUEL, LE SIMULTANÉ ET LE CONTEMPORAIN
L’actualité historique
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1. Si les traducteurs avaient été plus scrupuleux encore, ils auraient peut-
être cru devoir éviter aussi de parler d’esprit moderne. Car l’«Þesprit
moderneÞ» dont il s’agit ici ressemble plutôt à ce que Henri Taine a appelé
l’esprit classique. Mais alors le malentendu aurait été total entre un lecteur
français et les disciples de Leo Strauss. Pour ces derniers, l’esprit classique
évoque l’esprit de l’Antiquité classique et non le siècle de LouisÞXIV, c’est-à-
dire l’«Þâge classiqueÞ» en un sens strictement français.
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1. Ibid.
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1. Leo Strauss, Natural Right and History, op.Þcit., p.Þ279Þ; Droit naturel
et histoire, op.Þcit., p.Þ287.
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1. Ibid., p.Þ254.
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Les hérésies
1. Ibid., p.Þ231-232.
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1. Ibid., p.Þ230.
2. Voir les commentaires de Hans Robert Jauss sur Baudelaire à la fin de
son étude sur le concept de modernité, dans Pour une esthétique de la récep-
tion, trad. C.ÞMaillard, Paris, Gallimard, 1978, p.Þ197-201.
3. Michel Foucault, «ÞQu’est-ce que les LumièresÞ?Þ», Le Magazine litté-
raire, n°Þ309, avrilÞ1993, p.Þ67-68.
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
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J’ai dit que chaque époque avait son port, son regard et son
geste. C’est surtout dans une vaste galerie de portraits
(celle de Versailles, par exemple) que cette proposition
devient facile à vérifier. Mais elle peut s’étendre plus loin
encore. Dans l’unité qui s’appelle nation, les professions,
les castes, les siècles introduisent la variété, non seulement
dans les gestes et les manières, mais aussi dans la forme
positive du visage […] et le grand défaut de M.ÞIngres, en
particulier, est de vouloir imposer à chaque type qui pose
sous son œil un perfectionnement plus ou moins complet,
c’est-à-dire plus ou moins despotique, emprunté au réper-
toire des idées classiques 1.
1. Ibid.
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
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L’erreur de Ingres
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
Le cosmopolitisme
1. Ibid., p.Þ167.
2. Le Peintre de la vie moderne, chap.ÞIII, p.Þ551.
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
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*
* *
Il me reste à conclure.
Pourquoi la modernité, dans le sens que le mot a reçu en
français, n’est-elle pas à sa place au siècle des LumièresÞ?
Pourquoi y aurait-il anachronisme à faire des Encyclopé-
distes, non certes des penseurs modernes, mais des pen-
seurs de la modernitéÞ? J’ai essayé de soutenir ceciÞ: la
notion de modernité exprime, de la part d’un écrivain fran-
çais, un consentement (difficilement accordé) à ne pouvoir
représenter qu’une partie de l’humanité. Parler de notre
modernité, c’est accepter de ne pas incarner immédiate-
ment, dans notre langue, dans nos institutions, dans nos
chefs-d’œuvre, les aspirations les plus élevées du genre
humain.
C’est pourquoi il faut en effet distinguer, avec les tra-
ducteurs français de Leo Strauss, l’«Þesprit moderneÞ» de
la «ÞmodernitéÞ». Lorsqu’on ne fait pas de distinction entre
les Lumières et la modernité, on s’expose à un mal-
entendu. La modernité prise au sens de l’esprit moderne,
c’est la prétention à l’universalité, celle qu’on trouve chez
Condorcet, tandis que la modernité prise au sens où
l’entend Baudelaire, c’est la revendication d’une particu-
larité inassimilable, d’une contribution à la variété géné-
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UNE QUESTION DE CHRONOLOGIE
1. Le désenchantement interminable
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Y A-T-IL UNE POLITIQUE DE L’EXPRESSIVISMEÞ?
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Y A-T-IL UNE POLITIQUE DE L’EXPRESSIVISMEÞ?
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2. Le sens de l’individualisme
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3. Autonomie et authenticité
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4. Le singularisme
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Y A-T-IL UNE POLITIQUE DE L’EXPRESSIVISMEÞ?
1. Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu, n°Þ57 (42), op.Þcit., p.Þ639.
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Y A-T-IL UNE POLITIQUE DE L’EXPRESSIVISMEÞ?
5. Le problème politique
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1. J’ai développé ce point dans une étude sur Proust à laquelle je me per-
mets de renvoyer le lecteur (cf.ÞProust. Philosophie du roman, Paris, Minuit,
1987).
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Y A-T-IL UNE POLITIQUE DE L’EXPRESSIVISMEÞ?
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
* Cet hommage à Louis Dumont (disparu en 1998) est paru dans Esprit,
n°Þ253, juin 1999.
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LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
1. «Þ[…] L’individualisme qui prévaut dans nos sociétés ne tend pas seu-
lement à réserver à l’individu le monopole du sens. Il tend, du même mouve-
ment, à voir dans le conflit l’essentiel de la vie sociale et son ciment. Or, on ne
peut dire de Tocqueville ni qu’il ait nié l’importance du conflit, ni qu’il y ait
vu le maître ou le ressort dernier de la sociétéÞ» (Louis Dumont, «ÞTocqueville
ou le respect de l’autreÞ», Esprit, juinÞ1999, p.Þ85).
2. Ibid.
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1. Cité par Louis Dumont dans ses Essais sur l’individualisme, op.Þcit.,
p.Þ177.
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L’individualisme
232
LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
233
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
Le holisme en question
236
LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
237
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
238
LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
239
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
240
LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
La tolérance hiérarchique
1. Ibid., p.Þ236.
241
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
243
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
244
LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
245
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
La reconnaissance de l’autre
247
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
248
LOUIS DUMONT OU LES OUTILS DE LA TOLÉRANCE
251
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
257
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
258
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Pour s’en faire une idée plus précise, le mieux est de rendre visite à une
librairie universitaire américaine ou de consulter des catalogues d’éditeurs. On
constatera alors que le label cultural studies peut en principe s’appliquer à tout
ce qu’on aurait auparavant appelé histoire littéraire (avant tout anglo-américaine)
et sociologie de la vie quotidienne (d’inspiration post-marxiste, féministe,
etc.). La condition de l’inclusion dans cette rubrique est qu’on puisse mettre
en rapport le domaine étudié et un conflit américain contemporain, pourvu que
ce conflit porte sur une demande de reconnaissance de la part d’une minorité
maltraitée dans le passé.
2. Le titre de Rorty donnera du mal à celui qui se chargera de traduire le
livre. Comme toujours, la difficulté de rendre le sens du titre touche à la signi-
fication de l’ouvrage lui-même. Normalement, le verbe achieving s’emploie-
rait avec pour complément le nom d’une entreprise ou d’un projet qu’il s’agit
de conduire jusqu’à son terme. De son côté, le complément «Þnotre paysÞ» fait
d’ordinaire penser à une entité plutôt qu’à un procès en cours, de sorte que le
lecteur a d’abord le sentiment d’une ellipseÞ: «Þconduire jusqu’à son terme la
construction de notre paysÞ». Mais, justement, pour Rorty, l’Amérique n’est
pas une entité, un chef-d’œuvre qu’on pourrait détacher de l’opération qui s’y
termine, elle est le projet américain lui-même. Mener à bien notre pays, c’est
donc pratiquer un réformisme continuel inspiré par une utopie inaccessible, et
non pas mener définitivement le pays à bon port.
3. Achieving Our Country, op. cit., p.Þ14-15.
259
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
260
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
261
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ76-78.
2. Ibid., p.Þ78.
262
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ93.
2. Dans les écrits de la critique culturelle américaine, le mot «ÞthéorieÞ»
s’emploie comme un substantif absolu. On n’a pas besoin de préciser de quoi
cette théorie est la théorie, ni comment elle se rapporte à des observations. On
retrouve là une particularité de l’emploi français dans les années 1960 (en
particulier dans les revues d’avant-garde de l’époque). Il y a du reste de
grandes ressemblances entre l’usage français d’hier et l’usage américain
d’aujourd’hui. L’idée est qu’on peut faire son travail de critique (littéraire,
cinématographique, etc.) de deux façonsÞ: sans avoir une théorie de sa pratique
et de son objet, donc en succombant aux illusions de l’«ÞempirismeÞ» et du
«ÞpositivismeÞ», ou bien alors en se munissant d’une théorie permettant de
déjouer les ruses idéologiques par lesquelles le «ÞsystèmeÞ» dominant (avec
ses exclusions et ses préférences arbitraires) tend à la parfaite reproduction de
soi-même.
263
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ131.
264
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
265
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ94.
266
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ81.
2. Ibid., p.Þ5.
268
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
269
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
270
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ97.
271
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ119.
2. Ibid., p.Þ114.
3. Peirce indique qu’il a emprunté à Kant l’idée de déterminer de façon
pragmatique le contenu effectif d’une croyance.
4. Critique de la raison pure, A 824, trad. A.ÞRenaut, Paris, Aubier, 1997,
p.Þ669.
272
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ97.
273
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ35.
274
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ36.
276
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Dans ce livre, le mot «ÞreligionÞ» est pris en trois sensÞ: 1.ÞDans une
acception péjorative, la religion est la satisfaction d’un besoin infantile
d’échapper à la contingence et aux aléas de la fortune en se confiant à une
puissance transcendante (cf. ibid., p.Þ17-18). 2.ÞPourtant, on ne saurait
réduire l’«Þimpulsion religieuseÞ» à la seule faiblesse infantile, car elle est
aussi le mouvement par lequel nous cherchons quelque chose qui nous dépasse
277
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
pour pouvoir l’admirer. (Rorty use ici du mot awe, qui correspond très pré-
cisément aux sentiments révérenciels de crainte et de tremblement devant
les choses saintes. Lui-même traduit en latin l’expression to stand in awe par
le verbe admirari, cf.Þp.Þ125.) 3.ÞEnfin, on trouve les mots «ÞreligionÞ» et
«ÞthéologieÞ» pris dans une acception puritaine définie par le sens du péché
(p.Þ32Þsq.). Le lecteur note que cette sensibilité puritaine, condamnée au
début du livre comme archaïque et débilitante, réapparaît par la suite sous un
déguisement freudienÞ: que sont en effet la «ÞcruautéÞ» et le «ÞsadismeÞ»
sinon les manifestations d’une méchanceté humaine inexplicableÞ?
1. Ibid., p.Þ17.
2. Ibid., p.Þ15.
278
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
279
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ27-28.
2. Ibid., p.Þ19.
280
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ27.
2. Ces deux termes font eux-mêmes partie du débat post-hégélien, ainsi
que leurs dérivés contemporainsÞ: la «Þtranscendance immanenteÞ», «Þl’imma-
nence qui se transcende elle-mêmeÞ», etc.
281
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ29.
282
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
1. Ibid., p.Þ18.
283
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ115.
2. Ibid., p.Þ101.
284
RORTY CONTRE LA GAUCHE CULTURELLE
285
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
287
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
288
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
289
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
2.ÞÉloge de la loi
Mais, s’il en est ainsi, se demande l’Étranger dans le
dialogue (294c-d), si la loi est un instrument qui ne permet
pas de déterminer pleinement ce qu’il faut faire dans le cas
particulier, pourquoi des loisÞ? La réponse sera qu’il faut
des lois parce que l’«Þhomme royalÞ» (qui serait le vrai
politique) est une impossibilité. Les lois sont nécessaires à
titre de pis-aller, faute de la solution qui serait seule satis-
faisante. Elles sont donc seulement une option par défaut,
ce qu’on appelle en anglais un second best (p.Þ160).
Ici intervient la comparaison entre les lois et d’autres
formes de prescription (gymnastique, médecine). Les maîtres
de la gymnastique fixent ce qu’il faut faire dans les exer-
cices en vue de se préparer à telle ou telle épreuve spor-
tive. Leurs instructions ne sont pas définies pour chaque
cas individuel, mais pour le cas général (hôs epi to polu,
294e). De même, le médecin donne une ordonnance écrite
à son patient. Et il en va de même du législateur. On ne lui
demande pas de donner autre chose que des règles qui
vaillent dans la plupart des cas et pour les situations qui se
présentent le plus souvent. Bien entendu, ces prescriptions
écrites n’ont pas une valeur absolue.
Votre médecin, avant de vous quitter pour visiter d’autres
patients, vous laisse une ordonnance écrite. En son absence,
vous appliquez ses prescriptions à la lettre. Plus tard, il
revient et vous prescrit un nouveau traitement. Il serait ridi-
cule de lui opposer l’ordonnance qu’il a lui-même écrite
auparavant, comme si la prescription écrite valait une fois
pour toutes et pouvait être opposée à celui-là même qui est
en mesure d’apprécier la particularité du cas dans son état
présent et les variations de l’état du patient d’un jour à
l’autre.
Si l’art politique pouvait être donné sous les espèces
d’un homme royal, cet homme serait comme le médecinÞ:
290
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
291
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
Platon s’en tient à une solution qui fait l’effet d’un com-
promis, d’un pis-allerÞ: il y a des lois (fait brut sur lequel
Platon ne s’explique pas vraiment, comme le note Casto-
riadis 1), elles existent et fixent la norme. Que deviendrait
la cité si un individu quelconque prétendait agir comme le
ferait le Politique, c’est-à-dire s’il prétendait être libre de
transgresser les lois le cas échéantÞ? Puisque notre indi-
vidu ne possède pas l’art royal, nous subirions la tyrannie
d’un imposteur. En un mot, il vaut mieux le règne de la loi,
même si la loi n’est jamais tout à fait en mesure de dire ce
qu’il faut faire, que le règne d’un individu qui croirait pou-
voir faire mieux que la loi.
1. Platon dit qu’elles ont été posées après de nombreuses épreuves. Il sug-
gère aussi que le peuple, en les adoptant, a suivi des conseillers bien avisés
(300b). Tout cela revient à reconnaître une rationalité propre à la chose éta-
blie, celle qui a fait ses preuves à l’usage. Pourtant, il y a un instant, Platon se
moquait de l’attachement aux «Þlois de nos pèresÞ» (296a). Castoriadis com-
mente bien ce renversementÞ: Platon est souvent réactionnaire ou «Þabsolu-
tisteÞ» (dire «ÞtotalitaireÞ» serait inexact), mais il n’est pas conservateur. C’est
un radical (p.Þ162-163). Il note par ailleurs la mauvaise foi de Platon (p.Þ165-
166)Þ: ainsi, la foule a été capable d’établir des lois, mais il ne faut surtout pas
demander à la foule de les modifier.
292
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
1.ÞCritique de l’utopie
C’est d’abord la condamnation de toute utopieÞ: «Þde
toute tentative de définir et fixer la société parfaiteÞ» (p.Þ53).
Beaucoup aujourd’hui souscriraient volontiers à cette
condamnation, mais peut-être pas pour les bonnes raisonsÞ:
l’utopie, diraient-ils, c’est le rêve d’une société unifiée par
la conception d’un bien qui soit le même pour tous les
sociétaires et pour toutes les générations. L’utopie est selon
eux un idéal oppressif parce qu’anti-libéral, parce que pré-
tendant définir un bien commun qu’on pourrait opposer aux
intérêts particuliers qui entrent en lutte dans les conflits
sociaux. On se doute que Castoriadis ne s’en tient pas à
cette vue superficielle opposant une démocratie «Þprocédu-
raleÞ» (la seule acceptable) aux idéaux «ÞsubstantielsÞ» de la
cité antique. Son propos va plus loin et touche à la concep-
tion même qu’on se fait de la philosophie politique. Contrai-
rement à ce qu’on lit dans les manuels, son objet n’est pas
de chercher quel est le meilleur des régimes. Il faut dénon-
cer le présupposé (platonicienÞ!) selon lequel il n’y aurait
qu’une forme politique qui mériterait d’être qualifiée de
«Þmeilleur régimeÞ» (cf.Þp.Þ179). À cet égard, dirait avec rai-
son Castoriadis, il est clair que bien des penseurs contempo-
rains baignent sans le savoir dans ce qu’il faudrait appeler
l’utopie libéraleÞ: ils ont trouvé, croient-ils, le régime qui
convenait non pas à telle société historique, mais à toute
société humaine concevable.
Si vous comprenez que l’utopie est la recherche d’une
définition (fixée une fois pour toutes) de ce que c’est qu’une
société rationnellement constituée, conforme à sa norme,
alors vous devez rejeter aussi tous les efforts pour élaborer
sur le mode a priori une «Þthéorie de la justiceÞ». Le fait
que cette théorie soit en outre présentée comme procédu-
rale n’est pas une correction qui lèverait l’incohérence,
mais plutôt le signe du désarroi du penseur qui se trouve
293
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Castoriadis cite ici fort justement la thèse de Church, base de toute forma-
lisation des calculs (p.Þ58). Lorsque Alan Turing cherche à illustrer son idée
d’une machine logique (ancêtre de nos machines informatiques), il construit un
calculateur mécanique par un travail qui consiste, pourrait-on dire, à organiser
«ÞrationnellementÞ» les opérations élémentaires d’un calculateur vivant.
2. Un exemple bien connu, aujourd’hui dépassé par des formes plus avan-
cées, est celui de l’organisation du travail qu’on a appelé le taylorisme.
295
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
296
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
297
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
300
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
301
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
302
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
1. Platon lui-même y voit le travers juvénile d’un esprit saisi par l’ivresse
des passages d’un contraire à un contraire (cf.Þle Philèbe).
2. La raison dialectique unissant l’universel et le concretÞ: telle est l’épis-
tèmè de l’homme royal. Ce savoir est supérieur à la loi parce qu’il unit l’uni-
versel et le singulier, l’abstrait et le concret (p.Þ182). Hélas, il s’agit d’une
notion incohérente.
303
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Nous ne lisons pas le texte comme des antiquaires, nous le lisons pour
philosopher avec Platon, pour suivre le logos là où il veut aller.
304
L’ILLUSION NOMOCRATIQUE
305
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
La question posée
* Ce texte est paru dans une version plus brève dans Le Débat (n°Þ104,
mars-avril 1999) à l’occasion de la traduction en français du livre de
Habermas Faktizität und Geltung (Francfort-sur-le-Main, Suhrkamp, 1992)
sous le titre Droit et démocratie. Entre faits et normes.
1. Droit et démocratie. Entre faits et normes, trad. R.ÞRochlitz et C.ÞBou-
chindhomme, Paris, Gallimard, 1997, p.Þ478.
313
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
316
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
317
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
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LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
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LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
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LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
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LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
331
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
332
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
333
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
Naissance du droit
335
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ235.
2. Ibid., p.Þ151-153.
336
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
1. Ibid., p.Þ108.
2. Ibid., p.Þ227.
339
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
340
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
341
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
Le principe de discussion
342
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
345
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
346
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
347
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
Le régime démocratique
349
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
351
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ212.
2. La fonction de l’Administration (Verwaltung), c’est d’exécuter celles
des lois qui ne peuvent pas s’exécuter d’elles-mêmes – die Implementierung
von Gesetzen, die nicht selbstexekutiv sind (Faktizität und Geltung, op.Þcit.,
p.Þ229Þ; Droit et démocratie, op.Þcit., p.Þ206).
3. «ÞCe n’est pas dans la personne d’un chef de l’administration [Chef der
Verwaltung] que le public des citoyens devrait pouvoir se reconnaître, mais
dans les dirigeants des partis démocratiquesÞ» (Droit et démocratie, op.Þcit.,
p.Þ473). Dans le contexte français, cela revient à dire que la démocratie était
plutôt dans le «Þrégime des partisÞ» que dans le régime qui instaure une res-
ponsabilité directe de l’exécutif (en la personne du président) devant le pays.
4. De la démocratie en Amérique, IreÞpartie, chap.ÞVII, «ÞDes effets poli-
tiques de la décentralisation administrative aux États-UnisÞ».
352
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
353
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ209.
354
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
355
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ251.
2. Ibid., p.Þ287.
3. Voir l’essai de Cornelius Castoriadis, «ÞLa démocratie comme procé-
dure et comme régimeÞ», dans La Montée de l’insignifiance (op.Þcit.).
356
LE CONTRAT SOCIAL DE JÜRGEN HABERMAS
358
NOTE SUR LE CONCEPT PRAGMATISTE DE RAISON
359
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
par big admission (ce qui évoque le concedo d’une dispute sco-
lastique). L’idée générale de ce passage malicieux est donc
qu’une saine conception pragmatiste de la logique va diminuer
considérablement la quantité des présuppositions d’une activité
rationnelle, alors qu’une conception transcendentaliste classique
avait tendance à les multiplier abusivement.
Peirce donne ensuite un exemple de la démarche postulative
qu’il critiqueÞ:
1. Ibid.
Aristote, la justice naturelle
et la justice positive*
361
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. C’est bien ainsi que Kelsen comprend le droit naturelÞ: selon lui, la doc-
trine du droit naturel suppose que «Þla nature remplirait des fonctions législa-
tives, elle serait le législateur suprêmeÞ» (Théorie pure du droit, trad.
H.ÞThévenaz, Neuchâtel, La Baconnière, 1953, p.Þ85-86).
364
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
366
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
367
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
369
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
370
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
Nous avons bien luÞ: les mots «ÞdoitÞ» et «Þne doit pasÞ»
établissent une liaison (entre des termes) au sein de propo-
372
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
373
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
374
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
377
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Je résume ici pour les besoins de mon exposé une longue discussion qui
a donné lieu à une abondante littérature.
2. Voir Hilary Putnam, The Collapse of the Fact/Value Dichotomy (Cam-
bridge, Mass., Harvard University Press, 2002), ainsi que David Wiggins,
EthicsÞ: Twelve Lectures on the Philosophy of Morality (op.Þcit.), en particu-
lier la longue note p.Þ378, n.Þ19.
378
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
379
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
380
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
1. Sur ce point, voir l’article très éclairant de Peter Geach, «ÞKinds of Sta-
tementÞ», in Cora Diamond et Jenny Teichman (dir.), IntentionÞ&ÞIntentiona-
lityÞ: Essays in Honour of G. E. M.ÞAnscombe, Brighton, The Harvester Press,
1979.
2. Cet exemple est celui que donne Wittgenstein dans une note non numé-
rotée des Recherches philosophiques, insérée entre les paragraphesÞ22 etÞ23
dans la traduction française (op.Þcit., p.Þ39).
382
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
383
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
384
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
386
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
389
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
*
* *
1. Ibid., p.Þ69.
2. Prior (ibid., p.Þ70) observe que certains auteurs ne reculent pas devant le
paradoxe d’un impératif portant sur nos conduites passées. Et, en effet,
Richard M.ÞHare assume cette conséquence de son prescriptivisme et nous
invite à surmonter notre aversion pour le passé de l’impératif (dans son livre
The Language of Morals, Oxford, Oxford University Press, 1952, p.Þ192).
391
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
392
ARISTOTE, LA JUSTICE NATURELLE ET LA JUSTICE POSITIVE
394
L’IMPOSSIBLE ET L’INTERDIT
395
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
396
L’IMPOSSIBLE ET L’INTERDIT
(d) Une directive ne peut pas être contredite par une des-
cription. («ÞOuvrez la porteÞ!Þ» n’est pas contredit par «ÞLa
porte est ferméeÞ», ni d’ailleurs par «ÞLa porte est ouverteÞ»,
même si dans ce cas la directive peut sembler oiseuse.)
Puisqu’il y a une application pertinente du concept de
contradiction aux énoncés directifs, il y a bien une logique
des directives, parallèle à la logique des descriptions.
On présente en général ainsi la différence entre l’impos-
sible et l’interditÞ:
(1)ÞS’il est impossible que Napoléon soit parmi nous,
alors Napoléon n’est pas parmi nous.
(2)ÞS’il est interdit que Napoléon soit parmi nous, alors,
s’il se trouve que Napoléon est parmi nous, il l’est en
infraction à l’interdit.
De l’impossible au non-être, la conséquence est bonne.
En revanche, la connaissance de l’interdit ne détermine en
rien ce qu’il en est en fait. Pour cette raison, on tend à
appeler «Þpurement factuelleÞ» la description d’une situa-
tion qui peut se révéler aussi bien conforme à nos direc-
tives qu’en conflit avec elles. Une description purement
factuelle ne dit pas si c’est à bon droit que les choses sont
comme elles sont.
Le même contraste peut être présenté dans l’autre sensÞ:
(3)ÞSi Napoléon est parmi nous, c’est qu’il est possible à
Napoléon d’être parmi nous.
(4)ÞSi Napoléon est parmi nous (fait), cela ne veut pas
dire encore qu’il puisse y être (qu’il puisse y être au sens
déontique d’être autorisé à y être).
L’indicatif juridique
398
L’IMPOSSIBLE ET L’INTERDIT
L’agent de l’impossibilité
400
L’IMPOSSIBLE ET L’INTERDIT
L’impossible logique
Qu’est-ce qui rend impossible ce qui est déclaré impos-
sibleÞ? Quel est l’agent de l’impossibilitéÞ? Poser cette
question nous incite à faire une distinction, sur laquelle
Wittgenstein est maintes fois revenu, entre l’impossibilité
physique et l’impossibilité logique 1.
401
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
402
L’IMPOSSIBLE ET L’INTERDIT
1. «ÞStatt “man kann nicht”, sageÞ: “es gibt in diesem Spiel nicht”. Statt
“man kann im Damespiel nicht rochieren” – “es gibt im Damespiel kein
Rochieren”Þ; statt “ich kann meine Empfindung nicht vorzeigen” – “es gibt in
der Verwendung des Wortes ‘Empfindung’ kein Vorzeigen dessen, was man
hat”Þ; statt “man kann nicht alle Kardinalzahlen aufzählen” – “es gibt hier
kein Aufzählen aller Glieder”Þ» (Wittgenstein, Zettel, §Þ134).
403
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
405
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ94-95.
2. Ibid., p.Þ93.
3. «ÞIl y a des buts au football, il n’y en a pas au ballon prisonnierÞ»
(Ludwig Wittgenstein, Recherches philosophiques, II, XIII, op.Þcit., p.Þ322).
406
L’IMPOSSIBLE ET L’INTERDIT
411
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
413
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
2. Le prédicateur et le philosophe
3. Fonder la moraleÞ?
416
QUE PEUT-ON DEMANDER À LA PHILOSOPHIE MORALEÞ?
423
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Il est admis par tout le monde que cette distinction n’a aucun fondement
philologique.
425
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid.
2. Pour un éclaircissement plus complet de ce point, voir à la fin de ce
texte la note sur le nécessaire selon Wittgenstein.
428
QUE PEUT-ON DEMANDER À LA PHILOSOPHIE MORALEÞ?
429
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
435
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
436
NOTE WITTGENSTEINIENNE SUR LES ACCEPTIONS MULTIPLES…
437
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
438
NOTE WITTGENSTEINIENNE SUR LES ACCEPTIONS MULTIPLES…
Quand nous avons les mots «ÞdevoirÞ», «Þil fautÞ», par lesquels
nous rendons le grec δε d’Aristote, nous devrions les prendre
tels qu’ils figurent dans le langage ordinaire (par exemple au
sens où «Þnous devrionsÞ» apparaît dans cette phrase) et pas seu-
lement tels qu’ils figurent dans les exemples de «Þdiscours
moralÞ» que donnent les philosophes de la morale. Les athlètes
devraient poursuivre l’entraînement, les femmes enceintes sur-
veiller leur poids, les vedettes leur image de marque, il faut se
brosser les dents […] 1.
439
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
1. Ibid., p.Þ242.
440
NOTE WITTGENSTEINIENNE SUR LES ACCEPTIONS MULTIPLES…
Que veut dire le mot «ÞdoitÞ» [soll ]Þ? Un enfant doit faire cela,
cela veut direÞ: s’il ne fait pas cela, il va arriver quelque chose de
déplaisant. Récompense et punition. L’essentiel à ce sujet est
ceciÞ: l’autre personne est contrainte de faire quelque chose. Un
«ÞdoitÞ» n’a de sens que s’il se trouve derrière lui quelque chose
pour lui donner de la force – une puissance qui punit et récom-
pense. Un «ÞdoitÞ» en soi est privé de sens. [Ein Soll hat also nur
Sinn, wenn hinter dem Soll etwas steht, das ihm Nachdruck gibt –
eine Macht, die straft und belohnt. Ein Soll an sich ist unsinnig 1.]
441
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
je fais ce que la loi morale dit que je dois faire, ni quelle puni-
tion subirai-je si je ne le fais pasÞ? Ce serait dégrader le «ÞdoitÞ»
éthique que de le concevoir ainsi, sur un mode purement utili-
taire. Pourtant, la question des conséquences désirables ou indé-
sirables doit pouvoir être poséeÞ: ce n’est pas seulement une
affaire de motivation, c’est une affaire de sens. Si l’on veut don-
ner satisfaction à cette condition sémantique tout en conservant
au «ÞdoitÞ» éthique sa dignité, il faudra trouver une «Þrécompense
éthiqueÞ» dans l’action elle-même plutôt que dans un événe-
ment extérieur (santé, richesse, reconnaissance). Ce passage
suggère donc, comme on l’a souvent noté, une solution d’esprit
stoïcien ou spinozisteÞ: le malheur de l’insensé est dans sa
propre folie, la béatitude du sage est dans sa propre sagesse.
442
NOTE WITTGENSTEINIENNE SUR LES ACCEPTIONS MULTIPLES…
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
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TABLE
PHILOSOPHIE HISTORIQUE
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TABLE
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
PHILOSOPHIE POLITIQUE
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TABLE
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LE RAISONNEMENT DE L’OURS
PHILOSOPHIE JURIDIQUE
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TABLE
Il existe une logique des impératifs, car il peut arriver qu’un ensemble
de directives soit contradictoire et donc impossible à exécuter.
453
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
PHILOSOPHIE MORALE
C’est une erreur de croire que la morale puisse être transmise sur le
mode magistral, par des leçons. Toute éducation, par la discipline
qu’elle réclame, est déjà une éducation morale.
454
TABLE
455
LE RAISONNEMENT DE L’OURS
Note wittgensteinienne
sur les acceptions multiples du nécessaire ......................... 435
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