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Maurice Wyckaert : L’orée du monde/ Marc Richir L’un des problémes fondamentaux de la peinture depuis la Renaissance est le paysage : art comme « imitation » de la nature, Voila qui parait aller de soi et que ’on a peut-étre trop tendance, aujourd'hui, @ éliminer en raison de son apparente simplicité. Tout se complique cependant ds que Von se demande ce qu’est le paysage, la nature, et imitation, Il n’est que le regard naif, non exercé a art, pour croire que le paysage (la nature) est un ensemble de choses plus ou moins bien disposées dans un champ de vision et sur une toile : un regard obnubilé par elles, qui occultent le monde ot elles paraissent, arrétent ow captent le voir dans leur banalité quotidienne. Constable, deja, disait : « Ce n’est pas une maison, c’est un matin d’été o& ily aune maison, » Un matin d’été, une phase du monde, tel est en vérité le paysage, tant celui que nous voyons avec nos yeux et notre corps de chair ue celui que fait le peintre — celui qu’il a toujours fait, pour peu qu’il fat gnc do 6 noes. ft tel ost wana dows ce que nou fie voir Mantas Wyckaert, avec une évidence aveuglante, dans chacune de ses produc- tions : plus ’obnubilation possible, en elles, ot la banalité des choses (et des corps) se trouve mise entre parenthéses, oi ce ne sont pas des choses qui paraissent, mais des éclats, des phénoménes de choses aviant les choses, oi le paysage du visible est profondément dépaysant, ot le regard n'est pas capturé, mais entrainé irrésistiblement a bondir et a rebondir, & entrer, par ses bonds et rebonds, dans une existence pour ainsi dire atmosphérique. Rythmes et lumiéres s'accordant dans un trés léger décalage, voila ce quest le paysage, c’est-a-dire le monde en ses phases apparemment stabilises, voila ce que Wyckaert nous apprend voir, tant dans sa peinture que dans la grande tradition dont il est P’un des dignes héritiers, Et ce n’est pas mince puisque c'est effet de tour art véritable de modifier de maniére irréversible notre rapport au monde — c’est-a-dire le monde lui-méme — et notre ray port a Part : c'est en apprenant a voir que le peintre nous apprend & voir, il y, faut bien tout un art tant Porgane du voir est sublet apparemment strait, Ce qui frappe d’emblée dans cette peinture, est son extraordinaire dynamisme, mais distribué pour ainsi dire doublement, d'une part, selon ce que j'appellerai les traces rythmiques ou les schémes du voir, et autre part selon les éléments ou les essences concrétes et fantastiquement Vivantes dans les couleurs. Cette distinction, je ne la fais pas seulement Pour les besoins de analyse, car elle est, 4 mes yeux, la faille ou la fracture A J. Be 8 ie e done vie Fare de Wyeckaere. Les trae ou les tends, fore naifestes, ‘sont pas en ef, spores comme un destin préalable, comme un cadre, ‘ope op pa dey con, cna ply Pee orpansadon, one torte de squelene dynamique, de mace, doat file Sent, nom pas der Foemes toutes fates, mais des formations dapostes en ‘cho, pa furs superpositioos et leurs décalages, selon dee ign® de force fui, Te plos souvent se recrisent¢ sai, presque chaque fois d phivieues systems de traces rythmiquement dsposéss, ct dannant Fi Dresion &'failes en glissement les ses par tapport sox autre, concarics ar d'autres systems de traces lina leu tour kes premiers conte {eus— comme enous voyions le monde haché par de ales asa jouer Eimpossbler trouvements, dont Vagencement ext dg, par lutméme cndrateurdexpace ex de eux, Mas ex tac elles-mémes sont 3 la fois Fane extraordinaire légeret, d'une extréme libere —~ gut west pas sans voquercxle du grand art prchinocique —y sf que dane lear devote: ‘ent ene sont pas des fories poses qu se donnens, mae des ated forme ou des ovmes en gestation, évopuant leur secomplstement dans et pat leur mouvement. Les rytimer ne sont done pas seulement dans less tks de rae sn dant lt ce erm as dann Que sme, aus [eres que peut re le voir en formation —le vor erin de deveir voi de sa trace ellewitne, ce que Fappelesckéme ov rythme du voi, ce que le voir ereose eo lucene comme ens chai, et gb ex Somme tel, ton pas contour de chose reconnaistble, mais erat marcel de els os tele contours, genéee en mouvement et done inachévée de ce qu test par encore devens figure de chore, ‘Tour cela nappartt cépendant que dons Ia strete mesure od les couleurs, tes vives praissent le plus souvent en déaceond manifest avec sur quod les schtmee du voir pourrelent encore referer comme sur tne rélig, es formes ql sont en covrs de formation dans Tes aces e spines le tracer some dort cea ce gue sone hudrloney voi, par Year vides de la couleur par rapport auras, Uo monde familer Tl y y-dans cette peineare, quelque chose lémen ture a gene le cleus yjouent in peu comme des ements: mas Alors que de wilesqadiions nour feraicotatebuer le vert tere, le iter Fen, le rouge au few, cele Bane 4 Fair, Wyckaere broil al- grement ces repores avec des elas de ciel janes ou rouge avec dex Sages vert, avec des feux blancs, des feuvesjaunen etc et.Extraoed tire melange des « cements», fantasque chime of, rat, plos que sedge change ob el ngs en Eig 18) ate perché st un nage, ancre une were houlease de vers ede bles, perdu Eine des orages de rouges, de mors de jines et de bles. Ces changes, les rps par ae la prion, mang effecting ot Rimbaud : a mer ale syec le solely Pent ale avec le feu, cet Permit Palle wansmutation des léments du monde, s'epanchagt eo masts Ecloantes et ides decales par rapport sux schémes rythmique, fait des Coleus quslles alent comme der anbente de [Bernie a vale, flocant dasa da ang noe axempoat® en dsonrance dsl temporal era spatialitéschematique de trait, Non as cependast que, ocean gules arena aeons x cule fe diatbent pages étales Qui tpataient espace, als qu, sésonnant comme en Scho aux races et ax sytemes de taces cles sont elles-mémes traverses ‘de mouvement de rythmes, de trast, de volumes (ombres), dove queles sont animées dune ve interas, une pulsation elle-meme rythmique. Ty 4d rcs cova tara I ig er elm, ma Pessenil et i ql ex pas queleonque ou indir, uv joue dan le dlecord dey couleurs ets formations sehématiques, comme laren biseence eta prémoaition de xs demite :allns d@temnité ow elas de inti fs caleureincanvent leur maitre der =the schématiqes aqui n'y 3 dj pus, quil ry a en un sens jas eae des rythmes qui A aa encore que un se yaaa ov encore de yes ‘i 3's oun ey ey om ere nosy age Parisent a vshle que dans ee par lear absence. Plus simplement, les outers sont tlle, dans cee peinure, que jaa cles ne rmmplissent des formes en gorgesnt pour ain dire leurs contours encore indy mais u'll Tes reloubleat au acin um eres leger discord, queie les empécent de se cle en idence stables, gules ler creat les tmdmes selon ce gu’ faut pout qu'elle se eléehisene, comme formations se rdpereutant eve rythmane de maniivecobérene dar ce qi fait Pespace 21 lenemps iirimbgver stables. Les couleurs ary contuen done pat dh pt dans le peofond, des coupes absrites dans un espace en romper Weal isponé selon un ate pexpendiculaie& In ole mais de Féterate dans le tempe de Finfn! dans le Enh, du ealme dans le mouvement, Garant fracrtua les schdines (les eras) d'eax mimes jute ce qu'il faut pour aqils se. temporalisent st se spwialient d'eur-mémes en rythmes ct Spates dere fan su pit lem cen que ce dcord Sasoetsire | Faccord, cert que, nou le comprenocs eof le moble ae ai que pat Ia grice de cet are interne aut Tonmaions, par cet le érerise dans le era, par ete mince fracture isin dan le fal. Car les ythmes, les schémes du voir ne peuvent se ve, nous le voyons, que si, fovjours dé et encore towiour, is e préctdent et se suivent eux-mémes ddans les couleurs qui, leur manire, les incarnent — ou plutOv incarnent ce qui leur manque encore depuis toujours et déja pour toujours ‘Cae peintute nous fit done compre que le monde ne part, ne devientphénoréne que dans ct accord discordant de formes en oration ft de couleury dexences, incaranténigmatguement ex elles a mémoire tls premonition dere formatons qu pe hy compte su monde pr fear absence reports au vsble par ce pase mmémotal eee fur ase- ceasibe “fe monde comme phézombne nese dent en tuanéme que dans cet acorl da dacord-—le monde: pat seulement ecu que Wyckaet nous ‘loone 4 voir dane ses phases, dans tes aspect indiniment rcommences, et portant toujours nouveau, mas enore notte monde fair que tout Selman ow one px suas mpris 8 vo, pag oa aun sisi spasemporll di voi su ube ue opine ne a econnsiePosrtnt far son cpeaton que pa ce cin ain Sd ee Gente en sll qui la fac we proces ereirouerele-meme, {il fat done se elec, non seicment comme operation dh ponte {Bais omme opéraion dl vor, 4 orgie dv monde ou des monde, done ‘TTorigine dete qui appaat comme phenoméne et sien que phénonitne. Car larythmigae des ries du voir ne peat alle seule fare un espace et un ‘empe gui ae Uennent les deux sont 8 prendre rigoureusement ener bee il autqule sis dan seul coup en reminiscence ex en premonition dTelle-méme dan les couleurs ov les esences come lambeatr dain et eric ete on he a ch mes ct aux formations quien vert dane relative contngence celle méme dont joe tot le tavall de Fart, ™ iy a pl nore Sta dui pi empople ntgse dum, Phone mop cats patos vot de Taco de at pecan gece oan pon por eocoaes ey kat Mert © kino tne at Sen Siecle pce Sa ona teh dant cieplente Se Waste ee Pere a rT et sr eel aealocapl, i cesiy ene tendo ted sage Fe ele ep a aa St ene swig con de cosds te tat wy dae it Shee tenses ede tected wa yer do de fie de bu eb diy Gomme a ae tinea et eke st a en es res damned shat tPalt Frees teenies eae earn Se ts Sas Feat ete dee dae atta dats a at a Dash ont pee Ca nd cb ren’ cp ar ti Sect Emad anise pate ents Septooee placentas Se ess enc es rie snake erly a Ste es Zita Conan ise hapa na ean drs a et tec a i de pee de four, Mag ara ere Fekete ditt ote 3 bin einen, 9 Teeny Scr ind ee fle a Ca oe rk a are Pong oy ws rte abi scene cous peas oso 7 vom sete pts am men a er ee Crest done une peintare bacbare, sauvage, ov en termes plus savants, ‘une peiature phénoménologigue, car prenant le phénoméne Asa naisance, entre In joyeuse et jubilate innocence des orgies ex la tragédic ommencante du monde en train de se réver, entre les lamboyements et efflorescences d'une lumitre passionnée delle-méme et les mouvements

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