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JTCC-343; No. of Pages 4 ARTICLE IN PRESS

Journal de thérapie comportementale et cognitive (2018) xxx, xxx—xxx

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ÉDITORIAL

La thérapie comportementale-cognitive
ciblant les enfants et adolescents : enjeux
et perspectives d’avenir
Cognitive behavioral therapy targeting children and
adolescents: Challenges and perspectives for the future

Summary As much as 25% of all children and adolescents present difficulties which engender
distress and interference with daily functioning that could lead to a mental health problem
(Merikangas et al., 2010). The efficiency of behavioral-cognitive therapies (BCT) was demons-
trated in several problems in childhood, especially for anxious disorders (e.g. Rapee et al.,
2000), obsessive-compulsive disorder (e.g. March and Mulle, 1998), mood disorders (e.g. David-
Ferdon and Kaslow, 2008), and attention deficit hyperactivity disorder (e.g. Barkley, 2006).
However, communications and scientific articles are lesser than concerning the BCT for adults.
This thematic issue aims to highlight the French-speaking expertise and evidence-based prac-
tice in BCT and psychoeducation concerning mental health problems affecting the child, the
teenager, and his/her family. Scientific articles from various Francophonie countries cover a
wide scope of issues including symptom reduction and quality of life related to varied themes
such as anxious disorders, ADHD, autism and Tourette syndrome. Besides, this editorial will dis-
cuss clinical issues related to adaptation of techniques and protocols of intervention that need
to be done. Finally, future prospects are underlined. Particularly, we focused on the importance
of prioritizing the scattering of studies and intervention manuals in complement to other types
of intervention.
© 2018 Association Française de Therapie Comportementale et Cognitive. Published by Elsevier
Masson SAS. All rights reserved.

Les études épidémiologiques montrent que jusqu’à 25 %
des enfants et des adolescents présentent des difficultés
qui engendrent de la détresse, nuisent à leur fonctionne-
ment quotidien et pourraient souffrir d’un trouble de santé
mentale [1]. Ces troubles, répondant aux critères diagnos-
tiques de l’American Psychiatric Association (DSM-5) [2] ou
de l’Organisation mondiale de la santé (CIM-10) [3], peuvent
altérer le développement, la qualité de vie et le fonctionne-
ment à la maison, à l’école, avec les autres jeunes et avec
la population en général. Parmi les troubles de santé men-
tale les plus fréquents chez les enfants et les adolescents,
on distingue habituellement les troubles intériorisés (p.ex.,
troubles anxieux, de l’humeur) et les troubles extériorisés
et neurodéveloppementaux.
Des interventions précoces et spécialisées permettent
d’outiller l’enfant et sa famille de stratégies soutenant
le rétablissement et améliorant la qualité de vie fami-
liale. L’efficacité de la thérapie comportementale-cognitive
(TCC) a été démontrée dans plusieurs problématiques
en enfance. La TCC cible directement l’enfant, mais le

https://doi.org/10.1016/j.jtcc.2018.06.010
1155-1704/© 2018 Association Française de Therapie Comportementale et Cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Pour citer cet article : Leclerc JB, et al. La thérapie comportementale-cognitive ciblant les enfants et
adolescents : enjeux et perspectives d’avenir. Journal de thérapie comportementale et cognitive (2018),
https://doi.org/10.1016/j.jtcc.2018.06.010
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2 Éditorial
parent est souvent inclus comme co-thérapeute ou en
soutien à l’intervention. Au-delà des TCC usuelles, plu-
sieurs programmes d’intervention psychoéducative ciblent
de manière systémique les parents de l’enfant ayant un
trouble de santé mentale et leurs stratégies de faire face,
leur stress, ou leur symptomatologie dépressive. Bien que
l’intervention d’approche comportementale-cognitive soit
prioritaire auprès des jeunes ayant des troubles de santé
mentale et leur famille, les communications portant sur
cette clientèle/patientèle sont généralement moins nom-
breuses que celles concernant les adultes dans les congrès
spécialisés.
Ce numéro thématique vise à faire état de l’expertise
francophone fondée sur les données probantes en thé-
rapie comportementale-cognitive et en psychoéducation
concernant des problématiques de santé mentale affectant
l’enfant, l’adolescent et sa famille. Des articles provenant
de la francophonie portent un regard sur diverses réalités
telles que la diminution des symptômes, la qualité de vie
familiale et les habiletés sociales, propres à des probléma-
tiques variées.
Clientèle cible
La littérature scientifique fait état d’une nette augmen-
tation des taux de prévalence des diagnostics de santé
mentale en enfance, dont les diagnostics regroupés dans
la catégorie des troubles neurodéveloppementaux, tels
que le trouble du déficit de l’attention avec hyperacti-
vité (TDAH), le trouble du spectre de l’autisme (TSA), les
troubles d’apprentissages, ainsi que par ailleurs les troubles
anxieux et de l’humeur [2,4]. S’ajoute comme facteur
de complexité, la forte prévalence des troubles conco-
mitants. Par exemple, le TDAH peut être associé jusqu’à
44 % aux troubles tics et aux troubles anxieux chez les
jeunes, et la concomitance grimpe à plus de 65 % entre
le TDAH et les problèmes d’opposition [5]. Dans ces cas,
l’adaptation sociale et scolaire, de même que le pronostic
global s’avèrent défavorables (p.ex., qualité de vie, réus-
site scolaire). Les troubles du comportement, notamment le
trouble oppositionnel avec provocation (TOP), représentent
des problématiques émotionnelles menant à une altéra-
tion significative du fonctionnement social et scolaire des
jeunes. Ils se distinguent par un problème d’inhibition com-
portementale et d’autocontrôle. Le TOP se caractérise par
une humeur irritable ou colérique, des comportements que-
relleurs ou provocateurs et un esprit vindicatif [2]. On évalue
la prévalence de ces troubles chez au moins 3,2 % des
garçons et 1,4 % des filles.
Une vaste étude américaine ciblant la prévalence glo-
bale des problèmes d’adaptation révèle qu’à l’adolescence,
22,2 % des jeunes montrent des diagnostics définis et des
difficultés entraînant une détresse et de l’interférence dans
le fonctionnement général [1]. L’étude de Boyle et al. [6],
tenue de 1997 à 2008 afin d’établir une tendance de préva-
lence pour différents troubles développementaux chez des
jeunes de 3 à 17 ans (119 367) montre une prévalence géné-
rale de 13,87 % pour l’ensemble des problématiques, les plus
fréquentes étant les troubles d’apprentissage, le TSA et le
TDAH.
Pour citer cet article : Leclerc JB, et al. La thérapie comportementale-cognitive ciblant les enfants et
adolescents : enjeux et perspectives d’avenir. Journal de thérapie comportementale et cognitive (2018),
https://doi.org/10.1016/j.jtcc.2018.06.010
Données probantes
La définition des TCC selon Cottraux [7] indique qu’elles
mettent l’accent sur l’utilisation d’une méthodologie expé-
rimentale afin de comprendre et de favoriser la résolution
de problèmes psychopathologiques qui perturbent la vie du
patient. Ainsi, le patient est actif dans le processus thé-
rapeutique puisque le développement de compétences et
d’habiletés nouvelles, qui permettent de mieux composer
avec les difficultés, est favorisé.
Encore aujourd’hui, la TCC chez l’enfant est négli-
gée quand on la compare à celle de l’adulte. Pourtant,
l’efficacité d’une TCC auprès des jeunes a été démon-
trée avec les troubles anxieux (p.ex., [8]), le trouble
obsessionnel-compulsif (p.ex., [9]), le trouble de l’humeur
(p.ex., [10]) et le TDAH (p.ex., [11]). En outre, la méta-
analyse de Sukhodolsky et al. [12], portant sur les TCC
et la gestion de la colère chez les enfants et adoles-
cents sans pathologies particulières (40 études), révèle
que les rétroactions positives et les exercices à effec-
tuer à la maison sont les composantes de l’intervention
les plus efficaces pour la diminution des comportements
agressifs et pour l’augmentation des habiletés sociales. Par
ailleurs, les traitements qui enseignent les comportements
souhaités, qui sont plus directifs et qui présentent des exer-
cices concrets d’approche comportementale obtiennent
de meilleurs effets en général. Enfin, les exercices de
résolution de problèmes seraient efficaces pour diminuer
l’expérience subjective de la colère chez les jeunes [12].
Enjeux cliniques
Certaines adaptations aux protocoles de thérapie
comportementale-cognitive sont nécessaires lorsqu’on
intervient auprès d’une clientèle/patientèle jeunesse.
À tort, le public peut avoir l’impression qu’il ne s’agit
que de rendre le guide méthodologique illustré. Il s’avère
que pour respecter le niveau de développement cognitif,
incluant le traitement de l’information, il est parfois
préconisé d’inverser des séquences d’exercices thérapeu-
tiques afin de s’assurer de la compréhension du jeune
[13]. Par exemple, l’éducation psychologique peut être
suivie d’éléments de restructuration cognitive entrecoupés
d’exercices comportementaux appliqués (p.ex., exposition
avec prévention de la réponse) pour que l’enfant puisse
rapidement saisir la nécessité in vivo de la restructuration
cognitive. Par ailleurs, le peu d’introspection peut être
compensé au cours de l’intervention par la narration
d’histoires ou par des analogies qui illustrent le propos
avant de cibler directement la problématique de l’enfant
[8]. Il faut évidemment tenir compte de la capacité atten-
tionnelle (prendre des pauses), du choix de vocabulaire
(concret et explicite) et il importe d’encourager l’enfant
à prendre part activement au processus clinique par des
activités propres à son âge (jeux de rôles, dessin). Évi-
demment, le lien thérapeutique est primordial et pour
le favoriser, il est recommandé de respecter le degré de
maturité sociale du patient par l’attitude du thérapeute ;
ne pas tomber dans le piège de l’infantilisation ou dans
celui de l’adultomorphisme. Enfin, bien que l’enfant ou
l’adolescent soit le client/patient, ses parents ou tuteurs
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La thérapie comportementale-cognitive ciblant les enfants et adolescents : enjeux et perspectives d’avenir
ont un rôle incontestable que ce soit en termes de collabo-
rateurs directs ou de soutien social visant à augmenter la
motivation externe.
Ce numéro thématique
L’objet du présent numéro thématique est de témoigner
de la richesse des développements actuels des TCC auprès
des enfants, des adolescents et de leurs familles dans le
monde francophone. Pour ce faire, nous avons fait appel aux
spécialistes de la TCC ciblant les jeunes et leur entourage
et nous sommes fiers de présenter un recueil des princi-
pales avancées en lien avec des difficultés émotionnelles
et comportementales et des problématiques pointues telles
que les troubles anxieux, dont le refus scolaire, le défi-
cit de l’attention avec hyperactivité, le trouble du spectre
de l’autisme, les obsessions-compulsions et le syndrome de
Gilles de la Tourette.
L’article de Verret, Massé et Lagacé-Leblanc pré-
sente les résultats d’une recherche évaluative dont
l’objectif principal est d’examiner les effets d’un pro-
gramme d’entraînement aux habiletés sociales chez des
enfants ayant un trouble du déficit de l’attention avec
hyperactivité (TDAH). L’objectif secondaire est d’évaluer
l’association entre les habiletés sociales et les difficultés de
comportements souvent inhérentes au TDAH. Trente-trois
enfants de 8 à 12 ans ont bénéficié de l’intervention ciblée
qui inclut des ateliers pour l’enfant et parfois, pour les
parents.
Deux articles abordent le refus scolaire en tant
qu’anxiété extrême liée à l’école et dont la fréquenta-
tion induit une détresse émotionnelle. Deux protocoles
d’intervention en lien avec les hôpitaux de jours sont pro-
posés. Hélène Denis présente une évaluation de l’efficacité
d’un programme thérapeutique multidisciplinaire, utilisant
un protocole classique de TCC pour troubles anxieux,
ayant été mis en place dans une unité d’hospitalisation
de jour. Vingt-huit adolescents déscolarisés ont bénéficié
de l’intervention, ce qui permet d’évaluer leur délai de
réintégration scolaire. Par ailleurs, Holzer, Baier, Dutoit et
Villard considèrent le refus scolaire comme une urgence
qui nécessite une identification et un traitement précoce.
Ainsi, ils proposent une intervention par équipes mobiles
pour enfants et adolescents, permettant une consultation
ambulatoire suivie d’une intervention rapide qui peut être
complétée par l’hospitalisation de jour. La réflexion et la
recension des écrits sont accompagnées d’une illustration
clinique.
Poirier, Belzile et Cappe exposent la situation des mères
d’enfants ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA)
qui fréquentent une classe spéciale au primaire ou au
secondaire et donc, nécessitant un soutien substantiel de
la part de l’adulte pour accomplir leurs activités quoti-
diennes. L’étude a pour objectif d’évaluer la qualité de
vie de 30 mères, ainsi que d’étudier les variables transac-
tionnelles pouvant influencer leur qualité de vie, dans la
perspective où le TSA affecte le fonctionnement adaptatif
des sphères sociale, scolaire et familiale.
Deux articles portent un regard spécifique sur les parents
des jeunes ayant des difficultés émotionnelles et com-
portementales. Brodard, El Ghaziri, Kounou et Ciobanu
Pour citer cet article : Leclerc JB, et al. La thérapie comportementale-cognitive ciblant les enfants et
adolescents : enjeux et perspectives d’avenir. Journal de thérapie comportementale et cognitive (2018),
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s’intéressent aux besoins des parents et à leur l’intérêt
pour des programmes parentaux. La pertinence de tels
programmes est discutée, et des pistes pour améliorer la
prévention universelle des troubles mentaux chez l’enfant
sont présentées. Les objectifs de l’étude comprenant
375 parents sont donc d’évaluer si ces derniers ressentent le
besoin d’être soutenus dans leur rôle de parents, ainsi que
leurs préférences quant à ce soutien. Le second article, de
Brodard, El Ghaziri, Kounou et Zecca, consiste en la valida-
tion d’une échelle évaluant les pratiques disciplinaires de
parents d’enfants d’âge scolaire. La version originale anglo-
phone de l’échelle a montré son utilité pour identifier des
stratégies disciplinaires pouvant affecter le développement
de l’enfant ou contribuer au déclenchement ou au maintien
de comportements considérés comme perturbateurs.
L’état des connaissances quant aux TCC spécialisées
pour les obsessions-compulsions et pour le syndrome de
Gilles de la Tourette chez l’enfant et l’adolescent est mis
en lumière par Leclerc, Pabst, Valois, Bombardier, Ber-
thiaume et O’Connor. Les auteurs présentent notamment
des modèles conceptuels intégratifs et multimodaux menant
à des programmes de TCC novateurs et spécifiques ciblant
les processus sous-jacents aux obsessions-compulsions, aux
tics et aux épisodes explosifs. Trois histoires de cas appuient
la recension des écrits.
Perspectives d’avenir
Les hauts taux de concomitance entre les différents troubles
de santé mentale chez les jeunes incitent les chercheurs à
identifier des traitements ciblant des manifestations ou des
symptômes précis, à l’image d’une conception transdiag-
nostique de la santé mentale. D’ailleurs, plusieurs articles
du présent numéro thématique abordent la question de
l’intervention lors d’un double diagnostic, ce qui s’avère en
outre, davantage correspondre à la réalité clinique où les
cas complexes ne font pas exception.
Par ailleurs, une avancée majeure dans le domaine des
TCC auprès des jeunes est la reconnaissance profession-
nelle et l’arrimage aux interventions médicales. Les TCC
constituent un complément reconnu, voir essentiel, à la
pharmacothérapie. Il est impératif d’enseigner des straté-
gies de gestion et d’autocontrôle dès que la personne est
disponible à de tels apprentissages. Par ailleurs, il ne faut
pas négliger l’importance d’établir un lien thérapeutique,
de mieux connaître la problématique cible (éducation psy-
chologique) et de l’appropriation du pouvoir sous-jacent à
la prise en charge de sa propre situation et du sentiment
d’efficacité personnelle ainsi rehaussé.
Conclusion
Les éléments présentés dans ce numéro thématique sont
ainsi l’occasion d’actualiser nos connaissances afin d’ouvrir
de nouvelles pistes permettant de réaliser d’autres études,
nécessaires pour établir des données probantes et afin de
sensibiliser les milieux cliniques à bonifier leur offre de ser-
vices en offrant l’accès à des TCC pour les jeunes et leur
famille.
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4 Éditorial
Déclaration de liens d’intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
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Julie B. Leclerc a,∗,b
Charles-Édouard Rengade c
Céline Clément d
a
Département de psychologie, université du Québec à
Montréal, C.P. 8888, Succursale Centre-Ville, Montréal
(Qc), H3C 3P8, Canada
b
Centre de recherche, institut universitaire en santé
mentale de Montréal, 7331, rue Hochelaga, Montréal (Qc),
H1N 3V2, Canada
c
Psyché, centre de psychothérapies, centre hospitalier,
135, rue des poudrières, 2000 Neuchâtel, Suisse
d
ESPE, université de Strasbourg, laboratoire
interuniversitaire en sciences de l’éducation et de la
communication, 141, avenue de Colmar, 67000 Strasbourg,
France
∗
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : leclerc.julie@uqam.ca (J.B. Leclerc)