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chapitre 9
Analyse financière de la BRA
La particularité de l’analyse financière provient de l’information des établissements
bancaires. Si les grandes lignes restent les mêmes 1 que pour des entreprises tradition-
nelles – rentabilité, solvabilité… – les tableaux de bord financiers doivent être adaptés
à ce contexte.
Analyse de l’exploitation
Elle repose principalement sur l’analyse du produit net bancaire (PNB), des frais
généraux et du coût du risque. Ces trois notions forment le résultat brut d’exploi-
tation (RBE).
RBE
= PNB
– Frais généraux
– Coût du risque
Analyse du PNB
PNB
= Marge d’intérêts (intérêts reçus – intérêts versés)
+ Commissions
+ Gains ou pertes sur opérations financières
1 Voir dans la même collection Caby (J.) et Koëhl (J.), Analyse financière, Pearson Education & Dareios, 2003.
PNB de la BRA
Gains sur opérations financières 1 964 3,8 2 161 3,4 2 158 3,5
Analyse
L’origine des revenus peut s’analyser au travers d’indicateurs d’activité qui décom-
posent la progression des ventes de différents produits, en mesurant l’évolution des
encours et la production de services. Ils couvrent les différentes activités de l’établisse-
ment, principalement la collecte et les produits d’épargne, les crédits et les commissions.
On peut citer par exemple :
encours de crédits (selon la catégorie ou l’échéance) ;
encours de dépôts (selon l’échéance) ;
montant des souscriptions de différents produits financiers ;
montant des actifs gérés (actions, obligations, SICAV) ;
commissions par types de produits ou par activité : intermédiation classique,
intervention sur les marchés ;
parts de marché.
Les tableaux de bord de l’annexe II donnent un aperçu de la présentation de certains
volumes d’activité.
Cette analyse fait apparaître la difficulté de redresser un PNB quand il faut simulta-
nément défendre les marges et la facturation des services, rester concurrentiel sur
le marché et développer les volumes de crédits tout en maîtrisant les risques.
Ce ratio clé pour l’analyse sert même de base à un classement au niveau européen.
Il mesure la consommation du PNB par les frais généraux et se situe, pour les établis-
sements les plus performants, entre 50 et 55 % alors qu’il s’élève à 78 % pour la BRA.
Frais généraux
- Frais de personnel 32 320 31 995 33 160
- Frais administratifs 13 687 13 924 15 030
Autres ratios
À côté de cet indicateur de référence, d’autres ratios de gestion peuvent être utilisés
pour juger de la productivité et de la rentabilité d’exploitation de l’établissement.
PNB
Marge brute =
Total de bilan
PNB
Productivité des capitaux =
Capitaux utilisés
Détail
On y retrouve essentiellement les provisions et les pertes définitives sur les créances.
L’évaluation de la perte prend en compte l’appréciation du risque et des possibilités
de mise en jeu des sûretés détenues, évaluées le plus souvent à dire d’expert.
Dans notre cas, la banque n’a pas échappé à la récession du début des années 2000 et
au retournement de conjoncture qui a affecté la métropole, avec un effet amplificateur
sur les DOM : comme toute la place, la BRA en a fortement subi les conséquences.
Les banques métropolitaines affichaient à la même période des ratios inférieurs à 10 %.
Le poids de ces CDL provisionnées entre 60 % et 80 % a conduit la majorité des banques
de la place à être recapitalisées par leur maison mère ou leurs actionnaires de réfé-
rence 2. La BRA est dans une situation extrêmement défavorable sur ce plan au regard
de ses états financiers. Durant la période étudiée, elle a poursuivi son provisionnement
pour assurer une couverture satisfaisante des CDL, en faisant évoluer le ratio ci-dessous
de 50 % à 60 %.
Dotations aux provisions
Taux de couverture des CDL =
Encours de CDL
Il s’en est suivi une politique active de recouvrement des CDL, généralement sous-
traité à des opérateurs spécialisés, mais aussi la cession de portefeuilles de créances
compromises à leur valeur nette de provisions.
La qualité du provisionnement est essentielle au titre de la garantie du passé, car un
portefeuille bien provisionné doublé d’une réactivation du recouvrement/conten-
tieux doit être générateur de reprises de provisions et participer au redressement
de la banque.
La période 2004-2005 a permis le nettoyage du portefeuille à partir des revues de
dossiers CDL et des créances déjà incertaines. Elle a été également une année de
passage à perte à partir d’un constat d’irrecouvrabilité, à dire d’expert, des créances
généralement provisionnées à 100 %.
Indicateurs
Ce “coût du risque” est mesuré par deux ratios de qualité des engagements :
CDL
Taux de CDL =
Encours de crédit
Dotations aux provisions
Taux de provisionnement =
Encours de crédit
Mesures entreprises
L’importance du risque constitue la principale raison des difficultés financières de
la BRA. La période 2004-2005 correspond au rattrapage de la couverture des CDL,
ce qui aggrave encore le résultat, mais reste nécessaire pour apurer la situation.
Cette période marque un tournant dans la gestion de la banque. La situation critique
de 2004 va conduire à une réorganisation de la structure nécessaire au redressement
sur les exercices 2005 et 2006. Les mesures prises par la direction, détaillées dans
les chapitres suivants, sont à l’origine de cette amélioration.
Analyse du bilan
Elle consiste d’abord à observer le solde3 des grandes catégories d’opérations, puis
à étudier l’équilibre financier et, enfin, à mesurer la performance financière.
Opérations interbancaires
Dans le cas de la BRA, la situation est largement créancière, ce qui est assez classique
pour les établissements collectant des ressources importantes auprès de leur clien-
tèle et devenant prêteuse nette sur le marché interbancaire. En effet, la caractéris-
tique de l’activité bancaire dans une économie largement transfusée par la métropole
est un excédent de ressources et d’actifs financiers sur les emplois, notamment des
ménages, qui ne trouvent pas d’utilisation sur place dans une économie de services
faiblement consommatrice de capitaux.
Dans ces conditions, ces excédents de dépôts sont placés à vue ou à trois mois
maximum auprès de la maison mère au taux du marché, avec une optimisation à la
marge en fonction de l’évolution des taux. Les placements de types dépôts à terme
et certificats de dépôts négociables (CDN) de durée supérieure à trois mois sont
systématiquement adossés sur le marché à des durées correspondantes.
Cette politique très sécuritaire interdisant toute spéculation sur les taux est le corollaire
des difficultés financières d’une banque qui n’a pas le droit de perdre pour pouvoir
gagner davantage. Par ailleurs, en situation de sous-capitalisation et en l’absence
d’excédent de fonds propres, la banque n’a pas accès aux produits traditionnels,
plus rémunérateurs, de placements à long terme.
1 mois < durée ≤ 3 mois 22 434 5,3 17 411 3,8 6 700 1,5
3 mois < durée ≤ 6 mois 14 486 3,4 21 108 4,6 3 520 0,8
Les ressources sont essentiellement à taux variable, alors que 30 % des emplois sont
à taux fixe, notamment sur les durées supérieures à un an. La banque doit donc
couvrir son risque de taux. Notons que, jusqu’en 2004, elle n’avait pas de gestion de
ces risques et subissait les fluctuations de taux, à la hausse comme à la baisse.
En K 1998 % 1999 % 2000 %
1 mois < durée ≤ 3 mois 56 599 7,2 63 770 8,1 70 224 8,9
3 mois < durée ≤ 6 mois 33 067 4,2 36 879 4,7 20 987 2,7
Équilibre du bilan
On ne peut pas parler d’équilibre financier du bilan au sens de l’analyse financière
traditionnelle. Les notions de fonds de roulement ou de besoin en fonds de roule-
ment ne sont pas utilisées ici. L’analyse du bilan permet cependant d’évaluer la nature
de l’activité de la banque et d’identifier certaines catégories de risques.
Actif en % A B C D Passif en % A B C D
Opérations interbancaires 43,7 45,7 15,9 62,1 Opérations interbancaires 43,6 53,2 28,4 10,3
Opérations avec la clientèle 41,1 35,9 1,6 31,4 Opérations avec la clientèle 37,2 29,9 0,9 80,1
Opérations sur titres 13,2 16,1 82,1 4,5 Opérations sur titres 12,2 11,7 68,9 2,1
et opérations diverses et opérations diverses
Valeurs immobilisées 2 2,3 0,4 2,0 Capitaux permanents 7 5,1 1,8 7,5
La banque A est une grande banque avec un réseau national et international. Les principales
ressources proviennent de la trésorerie, mais les ressources “clientèle” occupent tout de même
une large place. On note également un certain équilibre dans la structure du passif et de l’actif.
En outre, l’importance des opérations avec la clientèle implique des fonds propres significatifs.
La banque B est une banque moyenne sans réseau, appartenant à la catégorie des banques
d’affaires. Les opérations interbancaires sont prépondérantes à l’actif et au passif, d’où la moindre
importance des opérations avec la clientèle.
La banque C est une banque de marché ou de trésorerie. La majeure partie de ses ressources
est issue du marché des capitaux. Les emplois sont, pour leur part, marqués par la prépondérance
de l’interbancaire et des opérations sur titres.
La banque D est une caisse d’épargne où la quasi-totalité des ressources provient des dépôts
de la clientèle.
La BRA se situe entre le modèle A et le modèle D.
Source : J. Darmon, p. 71.
Ratio de liquidité 54,1 % 68,1 % 63,3 % Liquidité à moins d’un mois et part réputée
liquide de certains actifs : caisse, banque centrale
et CCP, instruments financiers en valeur de marché
par résultat, actifs financiers disponibles à la vente,
prêts et créances sur les établissements de crédit à
moins d’un mois (annexe 1), prêts et créances sur
la clientèle à moins d’un mois (tableau page 133)
Malgré une relative imprécision des chiffres, on constate clairement que la BRA ne
respecte aucun des ratios prudentiel au niveau de son bilan. Cela n’est pas surprenant
au regard de la structure de ses ressources et de ses emplois, avec une part très forte
de dettes envers la clientèle à moins d’un mois et une tendance à augmenter les
financements long terme de ces même clients.
L’équilibre financier se réalise principalement par compensation des opérations de
trésorerie et interbancaires avec celles qui concernent la clientèle. Ici, la banque est
prêteuse nette sur le marché interbancaire, ce qui correspond à une situation clas-
sique dans le secteur (voir page 135). Dans les établissements de plus grande
taille, les opérations sur titres contribuent à l’équilibre général, mais elles sont ici
secondaires et se compensent largement.
Analyse de la performance
Le Return On Equity (ROE) et le Return On Assets (ROA) sont les deux principaux
ratios de performance financière utilisés par les banques, bien que d’autres outils de
mesure existent. Plusieurs définitions peuvent être proposées, mais les formulations
comptables les plus simples sont les plus utilisés par les banques comme la BRA.