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Examen National Classant Ann Dermatol Venereol

2002;129:2S132-2S136

Module transdisciplinaire 10 : Cancérologie, onco-hématologie

NOUVEAU

Tumeurs cutanées épithéliales et mélaniques


Carcinomes épithéliaux
N. BASSET-SEGUIN (Paris, St Louis), B. DRENO (Nantes), J.-J. GROB (Marseille)

Objectifs
– Diagnostiquer une tumeur cutanée, épithéliale maligne (carcinomes cutanés).
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.

L
es cancers cutanés épithéliaux ou carcinomes cutanés comme en Australie, l’incidence est augmentée à 400 cas
sont les plus fréquents des cancers humains en pour 100 000 habitants par an.
général et des cancers cutanés en particulier. Leur La plupart des carcinomes cutanés surviennent après 50
incidence augmente régulièrement du fait de l’allongement ans et de manière apparemment sporadique.
de la durée de vie et des habitudes comportementales, en Cependant, il existe des maladies congénitales rares pré-
particulier l’exposition solaire répétée. Si la grande majorité disposant à leur développement comme le xeroderma pig-
des carcinomes cutanés sont de bon pronostic, leur caractère mentosum, qui est lié à un déficit autosomique récessif des
récidivant et multiple et le fait qu’ils touchent davantage une enzymes de réparation de l’ADN, et le syndrome des hamar-
population âgée donc fragile font qu’ils représentent encore tomes basocellulaires ou syndrome de GORLIN qui associe
un grave problème de santé publique. des anomalies du développement à des cancers multiples
On distingue trois grands types de carcinomes cutanés : dont des carcinomes basocellulaires et qui est lié à un déficit
• Les carcinomes basocellulaires (CBC), les plus fréquents congénital du gène ″patched″ impliqué dans le développe-
(2/3 des carcinomes cutanés chez le sujet immunocompé- ment embryonnaire.
tent) sont des tumeurs d’évolution lente, essentiellement
locale, qui ne métastasent pour ainsi dire jamais. PRÉCURSEUR
• Les carcinomes spinocellulaires ou épidermoïdes (CE) Le CBC ne survient pas sur une lésion précancéreuse.
ont une évolution locale beaucoup plus agressive et peuvent
métastaser. Ils représentent 1/3 des carcinomes cutanés. ETIOLOGIE
• Les carcinomes annexiels, issus des annexes épithéliales,
Le soleil
pilo-sébacées et sudorales, rares (1 p. 100), mais agressifs et
susceptibles de métastaser. Le facteur causal le plus fréquemment évoqué est l’exposition
Bien que développés aux dépens de la même cellule, le solaire. Le soleil est effectivement capable soit directement
kératinocyte, les deux cancers les plus fréquents (CBC et CE) par le biais du rayonnement UVB soit indirectement par la
ont une physiopathogénie et un comportement totalement génération de radicaux libres (rayonnement UVA) d’altérer le
différents, ce qui justifie de les présenter séparément. génome de nos cellules. Si ces altérations touchent des gènes
clés du fonctionnement cellulaire en particulier ceux contrô-
lant la prolifération de la cellule, elles peuvent entraîner sa
transformation cancéreuse. La plupart du temps plusieurs
altérations génétiques sont nécessaires pour entraîner la
LE CARCINOME BASOCELLULAIRE transformation de la cellule. L’exposition solaire peut agir
non seulement comme initiateur d’anomalies génétiques
mais également comme promoteur, c’est à dire favoriser la
Epidémiologie croissance d’un clone tumoral.
Deux types d’exposition solaires peuvent être néfastes : les
Les CBC touchent en France environ 70 individus pour expositions intermittentes aiguës sur une peau non préparée
100 000 habitants par an. Cette incidence varie en fonction (coups de soleil sur une courte période de vacances) ou
du phototype et de la latitude. Ainsi dans les pays de fort l’exposition chronique (expositions répétées sur de longues
ensoleillement pour une population de phototype clair années au rayonnement solaire).

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Cette relation étroite entre le soleil et les cancers cutanés plus rarement le mélanome dans les formes pigmentées.
est illustrée par le fait que plus de 80 p. 100 d’entre eux D’autres part la distinction entre CBC et CE est parfois
surviennent sur des zones photoexposées. difficile même pour un œil habitué. Ceci souligne l’intérêt de
Les dangers du rayonnement solaire sur la peau sont la biopsie qui permet de confirmer et de préciser le diagnostic
étroitement corrélés au phototype cutané. Ainsi, les peaux les et le type histologique.
plus claires, prenant volontiers des coups de soleil, sont plus
à risque que les peaux de phototype foncé, bronzant rapide- Anatomie-pathologique
ment.
Si le diagnostic de carcinome cutané est souvent posé
Les autres agents carcinogènes cliniquement, il faudra néanmoins toujours le confirmer par
Ce sont essentiellement les rayons ultra-violets (cabines UV, une analyse biopsique qui permettra de plus d’en préciser le
photothérapie), et les radiations ionisantes chez les malades type histologique et ainsi d’adapter le geste thérapeutique.
faisant des CBC superficiels multiples sur zones irradiées. Typiquement, le CBC est formé d’amas cellulaires com-
pacts de petites cellules basophiles à limites nettes, à disposi-
tion périphérique palissadique ; ces amas sont arrondis plus
Diagnostic ou moins confluents entre eux ; certains peuvent être appen-
dus à l’épiderme. Ils peuvent s’associer à une certaine fibrose
DIAGNOSTIC POSITIF
du derme. Des images de différenciation (pilaire, kératini-
Le CBC survient dans les zones photoexposées dans plus de sante) sont possibles. Les formes infiltrantes ou sclérodermi-
85 p. 100 des cas. Le CBC ne métastase pas mais a un formes sont associées à un stroma dense et fibreux et ont des
potentiel invasif local pouvant entraîner une destruction limites imprécises.
tissulaire importante. Il n’est jamais localisé sur les muqueu-
ses.
Evolution, pronostic
Son incidence maximale est située entre 45 et 60 ans, sans
prédominance de sexe. Le CBC n’entraîne pas de métastase (ni ganglionnaire ni
Typiquement le CBC est une lésion perlée, papule arrondie viscérale), mais a un potentiel invasif local pouvant entraîner
translucide et télangiectasique qui va s’étaler progressive- des destructions tissulaires importantes. Ces formes évo-
ment. Il existe plusieurs variétés anatomo-cliniques de gra- luées peuvent nécessiter le recours à une chirurgie mutilante
vité variable. aux conséquences fonctionnelles et esthétiques parfois lour-
Le CBC nodulaire est une tumeur ferme, bien limitée, des.
lisse, pouvant simuler une lésion kystique. Sa surface peut Après traitement de toute forme de CBC, une surveillance
devenir squameuse. C’est la forme la plus fréquente (60 p. régulière (tous les 6 mois puis tous les ans à vie) est
100 des cas). recommandée pour dépister une récidive de la lésion, mais
Le CBC sclérodermiforme (5 p. 100 des cas) associe une aussi en raison du risque élevé d’apparition de nouveaux
intense fibrose à la prolifération tumorale et se présente sous carcinomes cutanés.
la forme d’un placard atrophique infiltré mal limité. Sa
surface est blanchâtre et ses limites imprécises. Cette forme Traitement
récidive plus souvent. Des formes infiltrantes intermédiaires
entre le carcinome nodulaire et le carcinome sclérodermi- CARACTÉRISTIQUES TUMORALES À PRENDRE EN COMPTE
forme sont plus fréquentes (10 à 15 p. 100 des cas). Le geste thérapeutique sera toujours guidé par une analyse
Le CBC superficiel ou pagétoïde d’évolution très lente, histologique préalable qui permet de définir le degré de
ayant une bordure perlée s’observe sur le tronc et a tendance gravité de la tumeur. Celui ci s’accroît pour les CBC depuis la
à la multiplicité (10 à 25 p. 100 des cas). forme superficielle jusqu’à la forme sclérodermiforme ou
Les formes pigmentées ou tatouées sont liées à la présence térébrante. Dans tous les cas également, la taille de la tumeur
dans la tumeur de pigments mélaniques et sont parfois de doit être prise en compte. Pour un même type anatomo-
diagnostic difficile avec une tumeur mélanocytaire. clinique une tumeur de taille supérieure ou égale à 2
Les formes ulcéreuses, taillées à pic, bordées d’un bourre- centimètres devra être traitée de manière plus agressive. De
let perlé peuvent se voir soit d’emblée soit au cours de même certaines localisations à haut risque de récidive (région
l’évolution d’un autre CBC. Cependant dans certains cas, les rétro auriculaire, paupière, sillon nasogénien, cuir chevelu,
bords ne sont ni surélevés ni indurés : on parle alors d’ulcus extrémités) devront être prises en considération dans la
rodens souvent péri-orificiel. L’ulcération peut avoir une décision thérapeutique. Enfin on tiendra compte du caractère
évolution extensive et destructrice : il s’agit de formes dites primitif ou récidivant de la tumeur. Le risque de récidive est
térébrantes pouvant atteindre les structures musculaires ou évalué à environ 5 p. 100 des CBC. Après une première
osseuses sous-jacentes. récidive le risque de récidive ultérieure dépasse 40 p. 100.
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL CHOIX THÉRAPEUTIQUES
Le diagnostic différentiel se pose essentiellement avec les Le traitement de choix est la chirurgie car elle permet un
autres tumeurs cutanées comme les tumeurs annexielles, contrôle histologique de la pièce d’exérèse et permet ainsi

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d’affirmer son caractère complet ou non. Les marges d’exé- − les radiodermites ;
rèse varieront de quelques millimètres à un centimètre en − les cicatrices de brûlures et autres cicatrices ;
fonction des critères de gravité définis plus haut. Elle va de la − les plaies chroniques telles que les ulcères de jambes ;
simple exérèse-suture en ambulatoire à l’exérèse en deux − le lichen scléreux génital, le lichen érosif buccal ;
temps avec reconstruction plastique sous anesthésie générale − certaines lésions muqueuses virales à PVH.
en fonction de l’importance du geste à réaliser. Cependant,
même lorsque celui ci est important, les progrès réalisés dans Etiologie
les méthodes de chirurgie reconstructrice et les techniques
anesthésiques ont beaucoup amélioré les résultats carcinolo- LE SOLEIL
giques et esthétiques de ce type d’intervention. L’exposition solaire est le facteur causal principal. Le soleil est
responsable de la formation de lésions précancéreuses sur la
Les autres méthodes peau photo-exposée, appelées kératoses actiniques. Ces lé-
Elles sont schématiquement réservées à des malades inopé- sions peuvent régresser spontanément ou au contraire se
rables ou pour certaines localisations. Il s’agit essentielle- transformer en un authentique CE. L’exposition solaire
ment de la radiothérapie (électron- ou curiethérapie) et de la chronique est surtout incriminée à l’origine des CE, ce qui
cryochirurgie (azote liquide). D’autres techniques sont en explique que les lésions se retrouvent surtout chez les
cours d’évaluation comme la photothérapie dynamique topi- personnes âgées de phototype clair dans les zones photo-
que, les injections locales d’interféron etc. Une chimiothéra- exposées.
pie est rarement nécessaire, mais peut être intéressante dans
LES PAPILLOMAVIRUS HUMAINS
les formes de grande taille pour réduire la masse tumorale
avant l’intervention. Le deuxième facteur carcinogène important est viral : il s’agit
des papillomavirus oncogènes. L’infection par ces virus
TRAITEMENT PRÉVENTIF prédispose aux CE des muqueuses. Ainsi, une grande majo-
Il repose sur la photoprotection et le suivi régulier des rité des cancers du col de l’utérus et de l’anus sont liés à des
malades à risques. PVH oncogènes. Des PVH semblent aussi jouer un rôle dans
la survenue très fréquente de CE cutanés dans la population
des sujets greffés immunodéprimés et dans une maladie
dont la cible génétique n’est pas encore identifiée, l’épider-
modysplasie verruciforme. Cependant, dans ces deux derniè-
LE CARCINOME ÉPIDERMOÏDE res situations les rayons UV jouent un rôle de co-facteur
important dans la genèse de ces lésions qui sont le plus
souvent localisées aux zones photo-exposées. Chez les pa-
Epidémiologie tients immunocompétents les PVH ne semblent pas respon-
sables de carcinomes épidermoïdes cutanés.
L’incidence des CE cutanés est plus faible que celle des CBC :
10 à 20 pour 100 000 habitants/an en France chez l’homme AUTRES CARCINOGÈNES
et 5 à 10/100 000 habitants chez la femme. En Australie, D’autres facteurs carcinogènes peuvent favoriser le dévelop-
l’incidence est de 250 pour 100 000 habitants. Ici encore pement des CE. Il s’agit de l’exposition aux radiations
donc le degré d’ensoleillement et le phototype sont des ionisantes, de l’arsenic (autrefois employé dans plusieurs
facteurs de risques importants. préparations thérapeutiques ou pesticides et revenant actuel-
Comme les CBC, la plupart des CE surviennent de manière lement sur la scène thérapeutique) et au tabac (en particulier
apparemment sporadique. incriminé dans le CE de la lèvre inférieure, souvent annoncé
Cependant, il existe aussi des maladies congénitales pré- par, ou associé à, une leucoplasie labiale).
disposant à leur développement comme le xeroderma pig-
mentosum, qui est lié à un déficit autosomique récessif dans Diagnostic
les enzymes de réparation de l’ADN, et l’épidermodysplasie
verruciforme, génodermatose rare, autosomique récessive DIAGNOSTIC POSITIF
caractérisée par une infection chronique de la peau par des Le CE, d’apparition plus tardive que le CBC, après 60 ans, est
papillomavirus humains (PVH) en particulier des PVH souvent précédé de lésions précancéreuses. Il représente
oncogènes exposant au risque de transformation des lésions environ 1/3 des carcinomes cutanés et sa répartition selon le
verruqueuses. sexe est de 2 hommes pour une femme. L’atteinte des
muqueuses n’est pas rare.
Précurseurs Il s’agit typiquement d’une lésion croûteuse, jaunâtre,
indurée avec ulcération centrale. Elle peut parfois prendre un
Contrairement au CBC, le CE survient souvent sur une lésion caractère végétant ou bourgeonnant.
précancéreuse. Les plus fréquentes sont : Des formes de faible malignité (papillomatose orale floride
− les kératoses photo-induites (kératoses actiniques ou de la muqueuse buccale, carcinoma cuniculatum de la plante
solaires ou encore dite « séniles ») ; des pieds à développement endophytique) ont été décrites.

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Le carcinome intraépithélial (in situ) ou maladie de Bowen qui permet de définir le degré de gravité de la tumeur. Pour le
est une lésion strictement limitée à l’épiderme et n’ayant pas CE, on s’inquiétera du degré de dédifférenciation et de
franchi la membrane basale. Il se présente comme une l’existence ou non d’un neurotropisme. Dans tous les cas
macule érythémateuse rosée ou brune, bien limitée, de également, la taille de la tumeur doit être prise en compte et
caractère fixe. Il s’observe sur la peau glabre et les muqueu- on peut schématiquement dire que pour le même type
ses. histologique, une tumeur de taille supérieure ou égale à 2
centimètres devra être traitée de manière plus agressive. De
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL même certaines localisations à haut risque de récidive (sites
Le diagnostic différentiel le plus difficile, clinique et parfois de fusion embryonnaire : région rétro auriculaire, paupière,
histologique, se pose avec le kératoacanthome, tumeur cuta- sillon nasogénien, cuir chevelu, extrémités) devront être
née le plus souvent bénigne d’évolution rapide dont l’exérèse prises en considération dans la décision thérapeutique. Les
est la règle. Le diagnostic différentiel se pose sinon, comme localisations muqueuses sont aussi considérées comme des
pour le CBC, avec les autres tumeurs cutanées. formes plus graves. Enfin on tiendra également compte du
caractère primitif ou récidivant de la tumeur. Le risque d’une
première récidive est évaluée à environ 7 p. 100 des CE. Ce
Anatomie-pathologique
risque augmente considérablement après une première réci-
Le CE se définit histologiquement comme une prolifération dive puisqu’il dépasse 60 p. 100 des CE.
de cellules de grande taille organisée en lobules ou en travées
plus ou moins anastomosées, souvent mal limitées, de Choix thérapeutiques
disposition anarchique. Une différenciation kératinisante
sous forme de globes cornés est fréquente. Il existe de • Le traitement de choix est la chirurgie car elle permet un
nombreuses mitoses et des atypies cytonucléaires. La tumeur contrôle histologique de la pièce d’exérèse et permet ainsi
envahit plus ou moins profondément le derme, voire l’hypo- d’affirmer son caractère complet ou non. Les marges d’em-
derme au sein d’un stroma inflammatoire. Le caractère peu blée sont plus larges que pour les CBC, proches du centimè-
différencié et l’existence d’un certain degré de neurotropisme tre. Elle va de la simple exérèse-suture en ambulatoire à
sont des facteurs de mauvais pronostic. Selon le degré l’exérèse en deux temps avec reconstruction plastique sous
d’infiltration du derme et de franchissement de la membrane anesthésie générale en fonction de l’importance du geste à
basale, on parle de carcinome in situ, de carcinome micro- réaliser.
invasif ou de carcinome invasif. • Les autres méthodes :
Dans les cas difficiles de diagnostic différentiel on pourra Elles sont schématiquement réservées à des malades
s’aider des immunomarquages. inopérables ou pour certaines localisations. Il s’agit avant tout
de la radiothérapie (électron- ou curiethérapie) et de la
Evolution, pronostic cryochirurgie (azote liquide).
• La chimiothérapie :
Tout CE doit être considéré comme potentiellement agressif.
Parmi les facteurs pronostiques, on retiendra : le diamètre, la Elle peut être intéressante dans les formes de grande taille
profondeur de l’invasion, le degré de différenciation histolo- pour réduire la masse tumorale avant l’intervention. Sinon
gique, l’existence d’un neurotropisme, le site anatomique, le elle est surtout réservée aux formes métastatiques. Elle est
terrain (immunosuppression), la notion de lésion récidi- avant tout basée sur l’utilisation de cisplatine.
vante. L’évolution de proche en proche du CE soit par
infiltration soit le long des vaisseaux ou des nerfs est TRAITEMENT DES ATTEINTES GANGLIONNAIRES
agressive et peut aboutir aux premiers relais ganglionnaires
ou cheminer par voie hématogène jusqu’aux organes inter- Toute adénopathie suspecte sera analysée ; si son atteinte est
nes (poumons, foie, cerveau etc.). On recherchera donc confirmée histologiquement, un curage ganglionnaire de la
toujours une adénopathie dans le territoire de drainage. région doit être réalisé. Ce curage pourra être complété par
Les CE muqueux (lèvres, régions ano-génitales) sont de une irradiation de l’aire ganglionnaire en cas d’effraction de
moins bon pronostic du fait de la plus grande fréquence des la capsule ganglionnaire. Dans le cas des lésions muqueuses
extensions ganglionnaires. une exploration systématique, uni- ou bilatérale des aires
ganglionnaires même en l’absence de ganglion cliniquement
Traitement palpable est conseillée.

TRAITEMENT CURATIF DE LA TUMEUR PRIMITIVE TRAITEMENT PRÉVENTIF


Caractéristiques tumorales à prendre en compte Il repose avant tout sur la photoprotection et le suivi régulier
Elles sont les mêmes que pour le CBC. Le geste thérapeutique des patients à risques ainsi que sur le traitement des lésions
sera toujours guidé par une analyse histologique préalable précancéreuses.

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Points clés
1. Développés aux dépens du kératinocyte, les carcinomes baso-cellulaires (CBC) et épidermoïdes (CE) ont une physiopathogénie
et une évolutivité différentes. Leurs points communs sont leur augmentation d’incidence (rôle de l’exposition solaire répétée) et
leur prise en charge avant tout chirurgicale.
2. Le CBC est le plus fréquent des carcinomes épithéliaux. Son incidence augmente en fonction du phototype et de la latitude. Il
ne survient pas sur une lésion précancéreuse. Il n’est pas localisé sur les muqueuses. L’évolution est lente, purement locale.
3. Le CE survient souvent sur une lésion précancéreuse : kératoses photo induites, cicatrices de brûlures ou de radiodermite,
plaies chroniques, états scléro atrophiques génitaux, certaines lésions muqueuses virales à HPV.
Il est potentiellement agressif (métastases ganglionnaires ou à distance).

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