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Ottawa, le 3 avril 2019 Monsieur David Lametti Ministre de la Justice et procureur général du Canada Chambre des communes Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Objet : Accord de réparation pour SNC-Lavalin
Monsieur le Ministre, Les milliers de travailleuses et travailleurs de SNC-Lavalin et son siège social à Montréal sont mis en péril par une crise politique que plusieurs acteurs semblent malheureusement vouloir faire durer. Les documents révélés la semaine dernière par la Presse canadienne
démontrant que l’entreprise quitterait le Québec vers les États
-Unis
à défaut d’une
 
intervention de la part de votre gouvernement témoignent d’une menace à court terme
pour les 3 500 emplois au Québec ainsi que pour les fournisseurs et sous-traitants de
l’entreprise
. Nous vous demandons conséquemment de mettre de côté les considérations partisanes, de prendre immédiatement
en charge le dossier et d’ordonner la tenue de négociations avec l’entreprise en vue d’ 
arriver à un accord de poursuite suspendue. Comme vous le savez bien sûr, ce type de recours est prévu par le
Code criminel 
, et la
 Loi sur le directeur des poursuites pénales 
 établit
votre capacité d’intervenir
, vous-même ou par voie de consigne, pour que soient entamées des négociations. Nous vous demandons de vous prévaloir de votre prérogative en vue de conclure avec SNC-Lavalin une sortie de crise dans laquelle des milliers de personnes innocentes ne paieront pas pour les crimes
d’une poignée d’individus qui doivent, quant à eux, faire face à la justice pour leurs actes.
Le
Code criminel 
 est sans équivoque
à l’article 715.31 (f)
 : les accords de réparation ont pour objectif de «
réduire les conséquences négativ 
es de l’acte répréhensible sur les
personnes 
— 
employés, clients, retraités ou autres 
—qui ne s’y sont pas livrées, tout en tenant responsables celles qui s’y sont livrées 
 ».
C’est précisément ce qui doit se produire
dans le dossier SNC-Lavalin. Nous soulignons que la disposition 715.32 (3) du
Code 
 concernant
l’«
 
intérêt économique national 
 », tirée de la
Convention de l’OCDE sur la lutte contre la corruption
,
n’a
aucunement pour objet
d’ 
exclure la conclusion
d’ 
un accord de réparation pour protéger des travailleurs,
comme l’a confirmé l’ancien
 
Secrétaire général de l’OCDE
, Donald Johnston, qui était en poste au moment de
l’adoption de
ladite Convention en 1997. Nous vous rappelons également que depuis les faits allégués dans la procédure pénale contre SNC-Lavalin,
l’entreprise s’est restructurée sur le plan éthique et sa direction a été
 
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entièrement remplacée, de même que son conseil d’administration.
Nous vous soulignons que SNC-Lavalin a récemment obtenu la «
Compliance Leader Verification 
 » de l'institut Ethisphere, une reconnaissance remise par cet organisme international indépendant à des entreprises dont les normes et les pratiques éthiques sont les plus exemplaires de leur industrie. Nous insistons de nouveau
sur l’urgence d’agir.
 L
’ 
entreprise a perdu 1,6 milliard $ au cours du dernier trimestre de 2018
et a subi une décote de la part de l’agence de notation Standard & Poor’ 
s le 12 février dernier, ce qui limite
sa capacité d’emprunt. Avec
une encaisse
d’à peine plus de 600 million
s $ en date du 31 décembre dernier, il est évident que SNC-Lavalin ne pourra continuer longtemps à ce rythme sans devoir faire le choix déchirant de quitter vers les États-Unis ou la Grande-Bretagne, emportant avec elle une expertise mondialement reconnue, créée au Québec, et sacrifiant ainsi, chez nous, les emplois qui y sont rattachés. Évidemment, en tant que p
rocureur général, vous seul êtes en mesure de savoir si d’autres
facteurs inconnus du public pourraient justifier de ne pas consentir à un accord de poursuite suspendue pour SNC-Lavalin. Si tel est le cas, nous vous demandons de le faire savoir, sans bien sûr enfreindre le secret entourant les procédures pénales
. Si ce n’est pas
le cas, nous vous demandons de ne pas attendre un contexte politique plus favorable, qui ne se manifestera probablement pas, et de vous assurer que soient immédiatement entamées des négociations
avec l’entreprise
, en vue de conclure dès maintenant un nécessaire accord de réparation. Pour le Bloc québécois, le principe même de justice exige que des milliers de travailleurs
n’aient pas à payer collectivement pour des gestes commis individuellement par quelques
personnes
. Nous vous demandons d’agir en
conformité avec ce principe sans plus tarder.
 Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de
notre considération distinguée.
Rhéal Fortin Porte-parole du Bloc Québécois en matière de justice Député de Rivière-du-Nord
 

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