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Antigone et sa nourrice (pp.

13-21)

1. LA DIDASCALIE D'OUVERTURE DE LA SCENE

Elle se compose de deux parties : Une partie d’ordre technique dont la fonction est de modifier
l’environnement théâtral, surtout l’éclairage. Le décor ne changera pas

Une partie réservée à la présentation du personnage (Antigone) qui apparaît sur scène (sa façon d’entrer, ses
attitudes).

2. UNE SCENE QUI SE DEMARQUE DE LA TRAGEDIE CLASSIQUE

2.1. Le niveau de langue Il est familier, voire vulgaire: la nourrice emploie des expressions triviales

=rebattues (Je la connais, la chanson / c'est du joli ! c'est du propre !) ; sa syntaxe est approximative (Un

garçon que tu ne peux pas dire à ta famille : « Voilà, c'est lui que j'aime, je veux l'épouser. »). Les nombreuses

répétitions suggèrent aussi une sorte de harcèlement=guérilla verbal (Fais la folle ! Fais la folle ! / Donnez-

vous du mal ; donnez-vous du mal pour les élever ! / C'est ça, hein, c'est ça ? Ton oncle, ton oncle Créon

saura)

2.2. L’inversion des rôles La nourrice ne joue pas son rôle habituel de confidente. Elle ne représente plus la

sagesse (tu me traites comme une vieille bête ). Elle monopolise la parole (chose rare dans la tragédie

classique). Antigone ne parle que pour prononcer des paroles qu’elle ne comprend pas. Le oui répétitif des

répliques (Oui. J'avais un rendez-vous / Oui, nourrice, oui, le pauvre / Oui, nourrice / Oui, nourrice, mon

oncle Créon saura) marque au contraire un refus de se confier. La seule fois où Antigone dit non, est précisée

par la didascalie (soudain grave) : ce qui importe à Antigone c’est de conserver la pureté de son enfance (Non.

Pas mauvaise) et en même temps de préciser que, sur cette scène, elle ne joue pas le rôle d’une mauvaise.

Elle tutoie Antigone et la gronde=réprimander . Elle se montre même agressive (D'où viens-tu, mauvaise ? /

Réponds donc, fanfaronne ! / hypocrite !)

2.3. Les anachronisme s : Jean Anouilh a employé les anachronismes (carte postale, rouge à lèvres, café,

rubans, bouclettes, robe…) et par, rappelons-le, le langage familier qu’utilisent les personnages.

2.4. Le faux dialogue et la double énonciation : Il s’agit en réalité d’un dialogue de sourds construit autour

d’un quiproquo (le rendez-vous d’Antigone)


Antigone use de la double énonciation pour se confier non plus à sa confidente, mais au public qui seul peut

comprendre le sens caché de ses allusions.

NB : la double énonciation : le personnage s’adresse à un autre personnage ou plusieurs et, dans le même

temps, au public.

3. Une scène tragique

3.1. Antigone, un personnage à l'écart de tous les autres

Comme son nom l'indique et comme le prologue l'a souligné, Antigone est seule et différente de tous les

autres.

Son isolement et sa solitude sont mis en valeur par la communion avec Dieu à travers un paysage gris et

désert (c’est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes). Cette solitude est revendiquée et

recherchée par Antigone elle-même (Et il n'y avait que moi dans toute la campagne à penser que c'était le

matin. C'est merveilleux, nourrice)

le merveilleux de la nature tient à son absence d’homme, la communion avec la nature, exprimée en termes

de foi (J’ai cru au jour la première aujourd'hui) s’assimile à une communion avec Dieu, loin du monde des

hommes.

3.2. Les didascalies de mise en scène : Les didascalies soulignent l’attitude énigmatique d’Antigone (a un

étrange sourire / étrangement, après un silence / a encore un sourire imperceptible). L’incompréhension de

la nourrice, qui au contraire éclate, isole déjà Antigone du reste des hommes ordinaires incarné par la

nourrice.

3.3. Un rendez-vous avec un mort, un rendez-vous avec la mort La nourrice est persuadé qu’Antigone est

sortie car elle avait un rendez-vous avec un garçon qu’elle a qualifié de voyou. Antigone ne la détrompe pas.

Ce voyou est Polynice (cf. prologue) pour qui Créon a interdit la sépulture. Seul le spectateur sait qu’elle est

sortie pour aller enterrer son frère et mourir à son tour puisqu’elle a transgressé la loi de son oncle

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