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Joly Robert, Hadot Jean, Ory Georges, Fau Guy. Le christianisme en question : Le problème de Jésus II.. In: Raison présente,
n°11, Juillet – Août – Septembre 1969. Information, pouvoir et liberté. pp. 55-73;
doi : https://doi.org/10.3406/raipr.1969.1342
https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1969_num_11_1_1342
LE CHRISTIANISME EN QUESTION
Le Problème de Jésus
de
d'Encouragement,
un
Joly
Jésus-Christ,
Marchand,
passionna
première
des
partie
N°
lesEn
et
duction
Ce
Bruxelles,
Jésus,
très
auspices
12
Evangiles.
et:dépit
débat
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et
Raison
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public,
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Rationaliste,
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Textes
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Rennes
Paul
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discu
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suivi
àdeSpd
l
Chrétiennes, p.
I. — LE PROBLEME DES TEX¬ preuves à ceu
TES PROFANES
l'existence hist
tue un non se
Robert Joly. — Le problème de preuves négati
l'historicité de Jésus, dont il sera (je vous dema
uniquement question ce soir, aurait mot) qu'il appa
pu rester pour les rationalistes un fondé de leur
problème extrêmement secondaire ; les preuves
leurs affirmatio
m
c'est d'ailleurs uni problème d'érudi¬
tion, difficile. Tout en ad
Il faut bien constater cependant que effet, aux part
le problème de l'historicité de Jésus l'homme Jésus,
a fait l'objet de publications très nom¬ donner leurs p
breuses ; je pense personnellement que dant deux re
cela n'est pas sans poser un problème c'est qu'il y
méthodologique. preuves ont ét
Il est clair que la thèse que nous pas énumérer
appellerons ce soir non-historiciste, graphie, mais
opposée à l'historicité de l'homme rappeler que
Jésus, a été l'objet, par l'ampleur des consacré en 19
publications, d'une faveur considérable. au Problème
Cest ce déséquilibre, si vous voulez, revenu sur la
Le Problème de Jésus
de là. donc
L'hypothèse
un révolutionna
que J
raison,
Je voudrais
sans savoir
prendre
si elle une
sera compa¬
efficace quiChrist
le ajoute »« (1>.
le f
Rostand
ce serait leur
pourrait
Galien
avoir
et ainsi
résisté
de suite...
aussi,
Il ne faut pa
On n'aurait aucun témoignage de la aux siècles suiv
secte pour le xx® siècle : il n'empêche giner les in
des faussaires
qu'elle que,
assure existetous
belles
et mois,
bien je
et reçois
je vousà
connaisseurs de
ma porte des gens qui font obstiné¬ ils veulent remon
ment du prosélytisme. que nous connai
L'absence de témoignages profanes extrêmement na
dans le premier siècle de notre ère interpolates c
ne
contre
serait
l'historicité
pas du tout
de Jésus.
un argument
Je dois
On a cru parfois trouver de ces textes grandes discussions qui sont nées s
qui présentaient Jésus comme un le problème de Jésus, et se demand
mythe, mais c'est une erreur mani¬ ront existence.
son au départ comment on peut n
feste. C'est ainsi qu'on se sert d'un
texte où Justin fait dire à Tryphon le La thèse consistant à dire que Jés
Juif, contre lequel il polémique dans n'a pas existé, comme homme, n'e
pas une idée qui vient naturellement
tout le« long
dons VousDialogue
suivez une
quevaine
nousrumeur
possé¬
l'esprit pour des gens comme vous
et forgez vous-même votre christ. » (1) moi, parce que nous avons reçu, s
Ce texte sert, à quelques-uns, de preuve une éducation chrétienne, soit u
que Tryphon veut dire que Jésus n'a éducation influencée au moins p
pas existé, mais
insoutenable. Le texte
l'interprétation
dit d'ailleurs
est l'église et, depuis notre plus tend
enfance, on nous a appris à adorer
ceci : « C'est un vain on-dit que vous petit
raconté
Jésus
l'histoire
dans sadecrèche,
Jésusonmort
nous
avez accepté. Vous vous êtes façonné
un Christ. > Pour ma part je suis croix, cela s'est gravé dans not
certain que Tryphon veut dire : espritévidence.
une au point de constituer presq
« Vous avez pris Jésus pour le Mes¬
De sorte que, lorsque nous diso
plus
sie. »loin
Et dans
la preuve,
le même
c'est
Dialogue
qu'un , peu
on
que la preuve incombe à ceux qui aff
lit ceci, également dans la bouche de ment l'existence de Jésus, je sera
Tryphon : « Vous mettez votre foi presque tenté de dire que la preu
en un homme qui a été crucifié <2>. » nousnous
car incombe
renversons
un peu
tout àdenous
mêmeaus
u
La phrase précédente veut donc dire
qu'il reproche aux chrétiens d'avoir position bien assise.
pris Jésus, qui pour lui aussi a bel et Mais ce n'est pas parce qu'u
bien existé, pour le Messie. erreur a été crue pendant des siècl
Si quelqu'un voulait dire mainte¬ qu'elle est nécessairement vraie, il fa
nant : « Tryphon a fort bien pu dire donc voir sur quoi nous no
que Jésus n'a pas existé, sans que
appuyons.
inventé la thèse
Or, de
nous
la non-historic
n'avons p
Justin l'ait dit dans son Dialogue »,
je répondrai que c'est une invraisem¬ de Jésus, pour émettre un paradox
blance
était tellement
considérable,
sûr decarl'existence
Justin, lui,
de Cette
des difficultés
thèse est de
néelacomme
thèse historiciste
conséquen
monde croyait que les dieux avaient complexe, qui demanderait des heures
été des hommes et tout le monde d'explications ; nous avons aussi un
croyait que des hommes pouvaient certain Josèphe slave. On a trouvé à
devenir des dieux. Et comme vous l'a la fin du xix6 siècle, une traduction en
dit Guy Fau, l'Antiquité a cru pendant slavon (vieux slave), de Flavius
longtemps à l'existence réelle de Jupi¬ Josèphe. Chose étrange, il y a beau¬
ter comme homme. Plus tard, au coup de choses différentes par rapport
Moyen Age, on a cru réellement à au Josèphe grec, ce qui n'étonnera pas
l'existence de la Papesse Jeanne et nos adversaires, puisqu'ils sont d'ac¬
plus tard encore on a cru que Guil¬ cord pour dire que le Flavius Josèphe
laume Tell, le héros suisse par excel¬
lence avait existé ; il y a des Suisses
grec
slave,
Jésus
Enaetnous
été
fait,
nous
truffé
dans
avons
avons
d'interpolations.
leaussi
aussi
Flavius
un
un texte
texte
Josèphe
sur
qui le croient encore. Donc, sur ces
trois points, je ne me déclare pas
d'accord avec les preuves qui nous ont Jean Baptiste. Ces deux textes-là,
été apportées. (Applaudissements.) chose étrange, nous racontent des faits
Jean Hadot — Je répondrai simple¬ qui étaient absolument impossibles à
ment au sujet de Flavius Josèphe, imaginer, soit par un juif, soit par
sujet que j'ai particulièrement étudié un chrétien, au xv* ou au xvr siècle.
depuis plusieurs années. C'est un peu Par conséquent, il y a au moins là un
rapide de décider une fois pour toutes problème. Il faudrait attendre, rester
que ce qui a trait à Jésus dans Flavius dans l'expectative devant ces textes-là,
Josèphe est une interpolation. Il faut et se dire que ça n'est pas clair, mais
vous dire tout de suite qu'en faveur de qu'on ne peut pas trancher brutale¬
cette thèse de l'interpolation totale du ment ces problèmes en disant ce sont
texte, il y a non seulement des ratio¬ des interpolations.
nalistes, mais aussi des catholiques. Il Georges Qry. — Je n'ai pas dit ça.
y a par exemple Monseigneur Battifol J'ai dit, à supposer que le texte soit
vrai, il pouvait ne pas dire ce
et Lagrange
nier l'existence
quid'une
étaient
mention
d'accord
de Jésus
pour
qu'on
JeanluiHadot.
fait dire.
— Oui, mais enfin, i
dans Flavius Josèphe. Le silence de
Josèphe sur Jésus arrangeait tout le
monde. faut prendre le texte. On n'a pas le
temps de discuter sur le texte, mais
Mais en fait, la chose est beaucoup il faut le prendre et le lire. J'ai étudié
plus compliquée que cela et, en parti¬ spécialement la notice de Flavius
Josèphe slave sur Jean Baptiste. Il y
culier, je
savant comme
suis frappé
Théodore
par Reinach,
le fait qu'un
qui
a là quelque chose d'incroyable
est le plus grand traducteur de Flavius Comment un juif ou un chrétien russe
du XVe ou du xvi® pouvait-il mettre
pas
Josèphe,
du texte
admettait
intégral, l'authenticité
mais d'une notice
non en scène, dans le conflit avec Jean
sur Jésus, pareille à la notice sur Jac¬ Baptiste, un docteur essénien ? On ne
ques et la notice sur Jean Baptiste. savait même plus en Russie que les
De plus, dans cette histoire de esséniens aient jamais existé. Théodore
Flavius Josèphe, qui est extrêmement Reinach, qui soutient la thèse que je
64
Le Problème de Jésus
Eysinga.
qui est
tant
avait et
existé.
qui
toujours
C'était
ne croy
un
resp
Débat
puis
la façon
approuver,
d'utiliser
et leur
troisièmement,
dossier relève
que mais des chrétiennes.
origines spécialistes de
Voici
l'histoire
commend
68
he Problème de Jésus
les
considérés
a éliminés
avec
en suspicion,
interdisant puis,
leur lec¬
elle niques,
un hérétique
mais du
l'Evang
milie
ture. Au vi® siècle, l'interdiction était cle. H faut alors con
complète. ces auteurs, la date d
Or, ces textes-là viennent des églises sonnage de Marcion
orientales éloignées du centre de ment privilégiés. On
Rome, c'est-à-dire des églises syrien¬
Débat
cetJeexcès
ne sais
d'honneur
si Marcion
renduapprouverait
à son évan¬ l'Evangile
sets 33-35 deet Jean,
37-38,chapitre
si ma mémoir
18, ver
gile, mais je dois dire que ces deux est bonne, c'est-à-dire précisément, u
points fondamentaux relèvent d'une détail de
devant Pilate.
la Passion, la comparutio
problématique ancienne.
En ce qui concerne les manuscrits, Qu'on croit ou qu'on ne croit pa
la situation a entièrement changé moi je n'y crois pas tellement, au réc
depuis une quarantaine d'années. de la Passion, il n'empêche que ce q
Nous possédons actuellement des papy¬ est important, c'est le fait qu'on pos
rus retrouvés en Egypte, qui nous sède ces papyrus Egerton et Ryland
donnent un texte évangélique anté¬ qui sont datés par les spécialistes d
rieur de deux cents ans et plus aux milieu de
siècle, c'est-à-dire,
la première125-130.
moitié du
Même
secon
grands manuscrits onciaux du IVe et
du Ve siècle. Le plus célèbre est le on peut jouer un peu dans les deu
papyrus Bodmer N° 2, qui contient sens, vous avez à ce moment-là que
précisément l'Evangile de Jean. Cet que chose d'extraordinaire. Cet évan
Evangile, qu'on nous présente comme gile qu'on nous dit le plus récent d
étant le plus récent, qui serait de la tous, il se trouve qu'on en a d
fin du second siècle, cet évangile de textes, du
début qui second
datent siècle.
précisément
D'ailleurd
Jean, le void dans le papyrus Bod¬
mer N° 2. Vous pouvez l'acheter à argument supplémentaire que j'ajou
n'importe quelle librairie. La papy¬ à cet argument des papyrus, mais qu
rologie est une science comme une je n'aiconnaissons,
nous pas le temps
dès dele développe
milieu d
autre, dater des papyrus grecs, c'est
comme dater des amphores romaines. second siècle, des commentaires
On peut discuter à quelques années l'Evangile de Jean faits par des gno
près, mais cela se date. tiques égyptiens de l'époque de Valen
Or, les grands savants qui ont tin, Basilide, Héraclion, etc...
publié ces textes-là, nous disent : le Par conséquent, vous voyez que
papyrus Bodmer N° 2 date des envi¬ fait de dater l'Evangile de Jean — j'e
rons de l'année 200. Or ce papyrus
parle,
étudié parce
— le que
fait de
je l'ai
daterspécialeme
cet Evan
contient presque intégralement l'Evan¬
gile de Jean. Les 14 premiers chapi¬ gile brutalement de la fin du secon
siècle ou même simplement d'apr
tres y15sont
à 21
intégralement
avec des lacunes.
et les chapi¬
C'est
150, ne tient plus, scientifiqueme
tout de même un fait extraordinaire. parlant, du point de vue de la critiq
Or, en plus de ce papyrus Bodmer historique, à laquelle je me consacr
Le Problème de Jésus
Comment
tence de Mahomet,
pourrait-o
je le reconnais. Je suis le premier à dire
ne peut pas
véritable fondateur
le considérer
du christianisme,
comme le
On peut prouve
véritable message d
mourir
celui detimidement
Jean Baptiste,
sur les
quibords
est allé
du
nouvelle par rappo