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Raison présente

Le christianisme en question : Le problème de Jésus II.


Robert Joly, Jean Hadot, Georges Ory, Guy Fau

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Joly Robert, Hadot Jean, Ory Georges, Fau Guy. Le christianisme en question : Le problème de Jésus II.. In: Raison présente,
n°11, Juillet – Août – Septembre 1969. Information, pouvoir et liberté. pp. 55-73;

doi : https://doi.org/10.3406/raipr.1969.1342

https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1969_num_11_1_1342

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DÉBAT

LE CHRISTIANISME EN QUESTION

Le Problème de Jésus

de
d'Encouragement,
un
Joly
Jésus-Christ,
Marchand,
passionna
première
des
partie

lesEn
et
duction
Ce
Bruxelles,
Jésus,
très
auspices
12
Evangiles.
et:dépit
débat
de
large
Jean
à
Le
partie
et
Raison
la
les
agrégée
de
public,
problème
de
de
s'est
deuxième
sous
Hadot,
auditeurs
La
portant
l'Union
M.
M.
saPrésente.
44,
déroulé
discussion
Guy
avec
de
technicité,
Georges
la Professeurs
l'Université.
de
rue
sur
présidence
Rationaliste,
partie
. Fou,
laNous
saint
les
participation
leOry,
de qui
Textes
auteur
du
vendred
la
Rennes
Paul
publio
auteu
discu
déba
suivi
àdeSpd
l

Jacqueline Marchand. — Je veux teur et biographe de


simplement vous dire en quelques car si les idées de Pro
mots que je suis fort honorée et un certainement aujourd
peu confuse d'être amenée à présider tain nombre de poin
ce débat, puisque, aussi bien les une œuvre qui a tre
personnes qui sont à ma gauche que peut pas avoir la mêm
celles qui sont à ma droite sont les moment où elle a par
unes et les autres infiniment plus d'aujourd'hui, quelles
Débat

suite ce débat et M. Robert Joly, qui ter, à un mome


est Professeur à l'Université Libre de à l'Union Rat
Bruxelles, à l'Institut d'Histoire du
effet
de ce une
débat.
stricte
On
Christianisme, va vous dire dans
quelles conditions il a pris l'initiative deux solutions
de cette réunion. H vous parlera la non-historici
mais d'autre
ensuitesurduJésus
fanes problème
et nousdes
discuterons
textes pro¬
de
l'homme Jésus
assez général, u
ce Nous
problème.
discuterons dans une seconde
disons
des deuxphiloso
solut
partie du problème des Evangiles et
des textes qui leur sont connexes et Je ferai que
enfin, dans une troisième partie, de minaires, rapid
saint Paul. C'est de cette façon que premier thème
nous avons pensé pouvoir vous nant les tém
apporterclassé.
mieux l'exposé
Sans
le attendre
plus utiledavan¬
et le Jésus. M. Qry
qui a mon as
tage, je donne la parole à M. Robert mais à propos
Joly.
toutécrit
Il de même
dans

Chrétiennes, p.
I. — LE PROBLEME DES TEX¬ preuves à ceu
TES PROFANES
l'existence hist
tue un non se
Robert Joly. — Le problème de preuves négati
l'historicité de Jésus, dont il sera (je vous dema
uniquement question ce soir, aurait mot) qu'il appa
pu rester pour les rationalistes un fondé de leur
problème extrêmement secondaire ; les preuves
leurs affirmatio
m
c'est d'ailleurs uni problème d'érudi¬
tion, difficile. Tout en ad
Il faut bien constater cependant que effet, aux part
le problème de l'historicité de Jésus l'homme Jésus,
a fait l'objet de publications très nom¬ donner leurs p
breuses ; je pense personnellement que dant deux re
cela n'est pas sans poser un problème c'est qu'il y
méthodologique. preuves ont ét
Il est clair que la thèse que nous pas énumérer
appellerons ce soir non-historiciste, graphie, mais
opposée à l'historicité de l'homme rappeler que
Jésus, a été l'objet, par l'ampleur des consacré en 19
publications, d'une faveur considérable. au Problème
Cest ce déséquilibre, si vous voulez, revenu sur la
Le Problème de Jésus

était le préalable ; il y analysait toutes une déclaration semb


les thèses que l'on appelle aussi sait que Guignebert
mythistes et il a donné, à mon sens, livre préalable au C
un nombre considérable de preuves de à Jésus sur le prob
l'historicité de Jésus. J'estime que, de même à priori
depuis ce livre, la thèse adverse aurait croire qu'il va recons
dû commencer par analyser et démolir, nisme originel comm
si c'est possible, ce livre. Je dois bien pas existé. Je suis bie
non-historicistes
constater que, dans
actuels,
ce que
ce livre
j'ai lun'est
des un
marôle
partfondamental
que l'historic
d

jamais mentionné et les arguments tion de Guignebert. C


essentiels de Guignebert ne me parais¬ rationaliste qui me p
sent pas non plus rencontrés. Une fondamentale, du xjv
jours.
grande
dire dans
partie
mesdeinterventions
ce que je vais
viendra
vous

de là. donc
L'hypothèse
un révolutionna
que J

La seconde remarque, c'est que, si hypothèse qui se défe


on supprime l'historicité de l'homme d'hui, avec des nuanc
Jésus, il fautladenaissance
reconstruise toute façon
du que
christia¬
l'on champ de la critique
place fort modeste et
examine
nisme et les
quethéories
là aussi,
non
bien
historicistes
sûr, l'on nellement que la thè
historiciste, occupe u
qu'on nous présente. plus modeste.
M. Ory classe les rationalistes, Voilà les quelques
l'attitude des rationalistes à l'égard de minaires que je d
Jésus, en trois catégories — l'une je passe tout de suite
étant celle qu'il représente : la non- de ce débat, à la qu
historiciste, l'autre, celle de Guigne¬ gnages profanes.
bert et de Loisy et la troisième, celle On dit facilement,
qui veut que Jésus ait été un révolu¬ ment qu'il n'y a a
tionnaire social, un zélote comme on
disait. profane, c'est-à-dire,
Jésus, on veut dire
Personnellement, je dois aussi faire
valeur
que l'on
ou peut
seraient
allégu
d
des réserves à cette présentation.
L'attitude fondamentale me paraît être voir un peu ce qu'i
la seconde, celle de Loisy, mais sur¬ vous dirai tout de sui
tout, pour ma part, de Guignebert.
fanes
cette question
est tout à
des
fait
M. Ory écrit que, pour Guignebert,
Jésus a existé, mais « au fond, tout même promis
minutes. de l
se passe
existé » (1). comme
Je m'inscris
s'il enn'avait
faux contre
pas
En effet, ce n'est p
sus que repose l'ess
mentation. Il n'est p
Débat

n'y ait aucun témoignage profane sur fanes sur Jésus,


Jésus, Jésus ne pouvant intéresser, c'est très nature
très rapidement
dansgens
des l'Empire
d'une romain,
condition
à l'origine,
extrêmement
que
phrase de Josèp
modeste, plus ou moins liés aux Juifs de même le tém
de l'époque, c'est-à-dire extrêmement
nesIldans
y a l'histor
des in
loin des bourgeois grecs qui donnaient
fait aucun doute
le
seuls
ton à etécrire,
qui étaient
dans cette
à peulittérature
près les
d'hui. Mais il
grecque tardive. phrase qui nous

raison,
Je voudrais
sans savoir
prendre
si elle une
sera compa¬
efficace quiChrist
le ajoute »« (1>.
le f

ici, à Paris : en Belgique, nous sommes phrase me pa


bizarres ; c'est a
assaillis régulièrement
chrétienne marginale par
extrêmement
une secte
« qu'un auteur
nisme n'aurait p
militante
communs,et me
qui a
semble-t-il,
beaucoup deavec
points
les
explication ni ré
premiers chrétiens : c'est ce que nous le Christ » <2>.
appelons les « Témoins de Jéhovah ».
exactement « l'in
traduisons dit
Imaginons un cataclysme nucléaire,
si vous voulez, au xxi® siècle, et festement en g
puis en l'an trois mille, depuis des l'authenticité de
siècles déjà, les « Témoins de Jého¬ la conviction qu
ment n'aurait p
religion.
vah » seraient
En l'an
devenus
trois mille
une iltrès
ne subsis¬
grande
un interpolate!»
terait plus que quelques écrits de notre legomenou, plu
littérature actuelle. Imaginons ce que « celui dont o
manifestement u
nous
que Mauriac
voulons. Nous
auraitpourrions
survécu supposer
au cata¬
se devait de don
clysme, ce serait leur Plutarque. Jean pas du tout, à m
chrétien.

Rostand
ce serait leur
pourrait
Galien
avoir
et ainsi
résisté
de suite...
aussi,
Il ne faut pa
On n'aurait aucun témoignage de la aux siècles suiv
secte pour le xx® siècle : il n'empêche giner les in
des faussaires
qu'elle que,
assure existetous
belles
et mois,
bien je
et reçois
je vousà
connaisseurs de
ma porte des gens qui font obstiné¬ ils veulent remon
ment du prosélytisme. que nous connai
L'absence de témoignages profanes extrêmement na
dans le premier siècle de notre ère interpolates c
ne
contre
serait
l'historicité
pas du tout
de Jésus.
un argument
Je dois

vous dire tout de suite d'ailleurs que rationalistes.


(1) A
(2) Ant.l'école
Jud., deX
Le Problème de Jésus

parler Josèphe comme il devait réelle¬ tance : on dit parfoi


ment parler, c'est lui prêter une menta¬
mythique,
devenir un que
homme
Jés
lité moderne qui n'existe pas à
l'époque. ce texte montre qu
Nous avons une garantie supplé¬ vers 100 qu'il faud
mentaire de cela : Origène nous dit pour Tacite,
être, Jésus qui
est éc
que
était Josèphe
le Christ.
ne croyait
Cette pas
réserve,
que Jésus
c'est
homme, aussi un
le legomenou, c'est « le dit » Christ, voulez. Même pour
qui est dans le texte et qui me paraît partage pas, ce text
recevoir ainsi son interprétation la plus
naturelle. importance qu'on n
toujours.
Je ne vais pas m'appesantir sur le LeJechristianisme
n'ai plus qu'a
témoignage de Tacite, qui est plus
long, qui est plus complexe, qui a été ses origines et dava
encore plus contesté, mais personnelle¬ place ses origines pl
ment, je crois que ce texte est de Tacite je ne serais enclin à
toutes les polémiqu
et non
On a écrit
pas d'un
d'ailleurs
faussaire
toute
du une
xve siècle.
étude
traces, aucun grec
de style et de langue pour montrer jamais mis en dou
Jésus.
que ce texte était tout de même bien
du Tacite, si on le compare en détail d'emblée
On nousdevant
dit qu' l
à tout ce que nous avons de lui. Il ne
peut venir tel quel ni d'un juif, ni ne » (2), mais il me
non plus d'un chrétien, malgré les invraisemblable qu
affirmations que j'ai relevées chez admis ainsi sans
beaucoup de critiques, car il est dit chrétienne qu'ils d
dans ce témoignage que « cette Celse, dont nous av
superstition détestable, après avoir été serait
Origène,
trouvé
un devant
esprit
réprimée sur le moment, perçait de
nouveau » : un chrétien n'aurait jamais et n'aurait même pa
pu écrire cela. La question est de pût être une fable.
savoir où Tacite a puisé ce renseigne¬ cet aspect négatif
que, dans les polém
ment.
tien, S'il
il l'aurait
l'avait puisé
évidemment
chez un chré¬
fort
nes de l'Antiquité,
transformé aussi par le tour et le été dit qui puiss
jugement péjoratif dont son texte est comme l'idée que J
tout imprégné. doit avoir un poids
Je ne voudrais plus relever qu'une Je ne voudrais aj
chose à ce propos : si le texte est
bien de Tacite, comme aujourd'hui
l'immense majorité des critiques 245,
(1) Ed.
VoirRationalistes
le Diction
l'admettent, même dans l'hypothèse (2) Analyse des or
non-historiciste ce texte a de l'impor¬ 31, Ed. Rationalistes.
Débat

On a cru parfois trouver de ces textes grandes discussions qui sont nées s
qui présentaient Jésus comme un le problème de Jésus, et se demand
mythe, mais c'est une erreur mani¬ ront existence.
son au départ comment on peut n
feste. C'est ainsi qu'on se sert d'un
texte où Justin fait dire à Tryphon le La thèse consistant à dire que Jés
Juif, contre lequel il polémique dans n'a pas existé, comme homme, n'e
pas une idée qui vient naturellement
tout le« long
dons VousDialogue
suivez une
quevaine
nousrumeur
possé¬
l'esprit pour des gens comme vous
et forgez vous-même votre christ. » (1) moi, parce que nous avons reçu, s
Ce texte sert, à quelques-uns, de preuve une éducation chrétienne, soit u
que Tryphon veut dire que Jésus n'a éducation influencée au moins p
pas existé, mais
insoutenable. Le texte
l'interprétation
dit d'ailleurs
est l'église et, depuis notre plus tend
enfance, on nous a appris à adorer
ceci : « C'est un vain on-dit que vous petit
raconté
Jésus
l'histoire
dans sadecrèche,
Jésusonmort
nous
avez accepté. Vous vous êtes façonné
un Christ. > Pour ma part je suis croix, cela s'est gravé dans not
certain que Tryphon veut dire : espritévidence.
une au point de constituer presq
« Vous avez pris Jésus pour le Mes¬
De sorte que, lorsque nous diso
plus
sie. »loin
Et dans
la preuve,
le même
c'est
Dialogue
qu'un , peu
on
que la preuve incombe à ceux qui aff
lit ceci, également dans la bouche de ment l'existence de Jésus, je sera
Tryphon : « Vous mettez votre foi presque tenté de dire que la preu
en un homme qui a été crucifié <2>. » nousnous
car incombe
renversons
un peu
tout àdenous
mêmeaus
u
La phrase précédente veut donc dire
qu'il reproche aux chrétiens d'avoir position bien assise.
pris Jésus, qui pour lui aussi a bel et Mais ce n'est pas parce qu'u
bien existé, pour le Messie. erreur a été crue pendant des siècl
Si quelqu'un voulait dire mainte¬ qu'elle est nécessairement vraie, il fa
nant : « Tryphon a fort bien pu dire donc voir sur quoi nous no
que Jésus n'a pas existé, sans que
appuyons.
inventé la thèse
Or, de
nous
la non-historic
n'avons p
Justin l'ait dit dans son Dialogue »,
je répondrai que c'est une invraisem¬ de Jésus, pour émettre un paradox
blance
était tellement
considérable,
sûr decarl'existence
Justin, lui,
de Cette
des difficultés
thèse est de
néelacomme
thèse historiciste
conséquen

Jésus, qu'il n'aurait pas hésité le moins Il y a un peu plus de cent an


du monde à rapporter un propos le Renan a écrit un énorme livre q
Tryphon,
comble de qui,
la folie.
pour lui, aurait été le s'appelle La Vie de Jésus et, il
l'audace dans sa préface de dire cec
Goy Faa. — Certains d'entre vous « Si l'on s'astreignait à n'avancer q
ne sont peut-être pas au courant des des choses certaines, il faudrait
borner à quelques lignes. » Cela
l'a pas empêché d'écrire un livre enti
tiennes,
(1) Dialogue,
(2) G.p. Ory,
40, Justin,
Analyse
X, 3. Dialogue,
des origines
vm, 4.chré¬ sur la question.
A la suite de La Vie de Jésus ,
60
Le Problème de Jésus

Renan, à laquelle personne ne croit car il se heurte à


plus aujourd'hui, des historiens comme majeure qu'il expose à
Loisy, comme Guignebert, en effet, se livre sur Jésus : Je ne
trer dans nos Evangiles
sont eux,
cru, penchés
à la sur
thèse
le problème.
de l'historicité
Ils ont
de succès et l'aveu d'un
pénible entre tous, parc
Jésus,la ils
mais conclusion
se sont de
appuyés
leurs recherches
là-dessus,
lité de ceux qui ont vu e
est essentiellement négative et c'est de ce sera pendant long
là que naissent toutes les difficultés. redoutable argument
Je ne veux pas abuser des citations, du christianisme. Or, il
mais il faut quand même, puisqu'on point le moindre doute
parle de Loisy et de Guignebert, que bert, Jésus est un hom
je vous dise ce qu'ont pensé ces qui a prêché, qui est
gens-là. croix et qui a échoué.
Voici ce qu'écrit Loisy par exem¬ Jésus, d'après Guignebe
un chrétien, c'est-à-
ple
ensemble
: La vie
n'est
même
pas de
un Jésus
choixdans
de sou¬
son
croyant. Et alors, vous
venirs historiques, c'est comme une suite quel est le pro
homme a existé, a p
réduction
élaborée sur
du des
mythe
thèseschristologique
de l 'Ancien
chose (on ne sait d'aill
Testament pour la satisfaction de la
comment
sortir de lecet christian
échec,
foi en Jésus.
Vous voyez que l'opinion de Loisy chrétiens ont-ils pu se
homme qui a échoué ?
est loin en
croyait d'être
effet
tellement
à l'existence
favorable,, de
fl
ne pouvons pas savoi
l'homme Jésus, mais de tout ce qui soit de lui ! Car, je
est écrit ensuite sur Jésus, il dit : ça, chose assez curieuse, c
c'est du mythe. parmi des rationalistes
Parlons maintenant de Guignebert. le plus à soutenir l'exis
Il a écrit en effet un ouvrage entier de Jésus, alors que
sur Jésus. Alfaric a résumé l'ouvrage abandonnent le point
de Guignebert d'une façon, je le recon¬ rique.
nais, un peu plaisante et un peu Je ne vous citerai p
excessive, en disant que toute l'œuvre Steinmann qui écrit :
de Guignebert consiste à démontrer
xalement
ne sait rien
d'accord
de lapour
vie
à peu près ceci : Quelqu'un dont le
nom même n'est pas sûr, a prêché Bultmann : Nous ne
quelque chose au sujet du royaume de connaître le caractère d
Dieu, et puis il est mort on ne sait sa personnalité. Il n'y
pas trop pourquoi sur une croix. de ses paroles dont on
C'est que Guignebert, en effet, s'il trer l'authenticité. J'est
croit au fait de la crucifixion, qui lui nous pouvons savoir s
paraît être la donnée de base, ne peut personnalité de Jésus, c
Débat

testant qui croit à l'historicité de Jésus, cas du dieu Jésus. Le christanisme


mais il croit en vertu de ce qu'on lui ses origines rencontre, comme pre
miers adversaires, ces cultes provenan
a appris
textes,
il arrivequ'il
;à quand
cette
examine
conclusion
il passe
minutieusement,
à l'étude
: nous des
ne de l'héllénisme et de l'Iran, qui son
ses concurrents directs et qui affirmen
savons absolument rien. la même chose que lui.
Et Robertson : L'unique chose qui A l'époque, les fidèles de Mithr
reste parmi les décombres de la légen¬ pour ne prendre que Mithra, croyaien
de, c'est que l'homme sur les buts
à Attis
d' la vie terrestre
montraientde Mithra,
le tombeau
les prêtr
vid
duquel on ne sait que peu ou rien,
l'homme qui d'après Schweitzer ne d'où Attis était ressuscité ; et personne
s'était jamais déclaré publiquement le à l'époque, n'a songé à leur oppose
Messie, qui d'après Btiltmann ne se l'argument : mais Mithra ou Att
croyait pas tel, qui selon Guignebert ne n'ont jamais existé ! De même qu
s'appelait peut-être pas Jésus, est deve¬ personne n'a songé à objecter au
nu le héros d'un roman théologique chrétiens, qui soutenaient la mêm
composé pour les générations suivantes chose, que Jésus n'avait pas existé.
pour servir leurs propres intérêts. On se trouvait en présence d
Autrement dit, je veux seulement mythes exactement analogues, qu
vous démontrer que, si nous sommes tendaient d'ailleurs, nous en parleron
probablement tout à l'heure, au mêm
l'autre
amenés bout,
à prendre
c'est enleraison
problème
des diffi¬
par
but, c'est-à-dire, ce sont des cultes d
cultés majeures que la thèse classique salut ; et bien entendu personne n
suscite. On ne sait rien de Jésus, et en songeait à objecter qu'ils n'ont pa
même temps, on veut tout faire dériver existé, tout le monde y croyait. Or
de lui, on admet même qu'aucune de
qui croitde aujourd'hui
terrestre Mithra ou d'àAttis
l'existenc
? Nou
ses paroles ne peut être considérée
comme authentique. Alors, comment croyons à l'existence de Jésus parc
expliquez-vous la naissance du christia¬ que la tradition de l'église a mainten
nisme ? Nous avons repris, nous, le cette croyance, mais nous avon
problème dans l'autre sens, à titre exactement autant de preuves de l'exis
d'hypothèse de travail au départ, parce tence
ou d' Attis.
de Jésus que de celles de Mithr
qu'il y a tout de même un fait histo¬
rique incontestable : c'est que, à la En ce qui concerne les affirmation
même époque, un certain nombre de de nos auteurs latins, sur la questio
cultes, tous issus d'Orient, de Syrie de savoir si une phrase a été inter
ou d'Asie mineure, se répandent en
polée
ce sontoulà non
des discussions
dans Flaviusd'érudits
Josèph
même temps dans le monde romain :
que ces de
mation cultes
la reposent
vie terrestre
tous d'un
sur l'affir¬
dieu de spécialistes, vous pensez bien qu
ce n'est pas là-dessus qu'on va fond
est
qui ressuscité.
s'est incarné,
C'est
qui leestcas
mortduet dieu
qui un fait aussi important. Ce que
voudrais vous signaler seulement, c'e
Attis, du dieu Osiris, c'est le cas en que nous n'avons pas inventé u
particulier du dieu Mithra, et c'est le roman, nous avons repris le problèm
62
Le Problème 4e Jésus

à l'inverse parce que cela nous a mot ; s'il l'avait su


fourni une hypothèse de travail, et que aurait-il pas tiré?
cette hypothèse de travail nous conduit Il faut attendre l'
aux conclusions essentielles, c'est-à- le voir apparaître d
christianisme
dire, à expliquer
sans la
le naissance
concours du
de que l'on date du xi
conditions-là, je tien
l'homme Jésus. Tacite pour un faux
Qu'à la rigueur, Ponce Pilate ait En ce qui concern
fait crucifier quelqu'un à Jérusalem, et je ne parlerai qu
je suis tout prêt à l'admettre, je suis auquel il a été fait
persuadé même qu'il en a fait cruci¬ Jacquessurnommé
Jésus est donnélec
fier beaucoup ; le problème n'est pas
là, la question est de savoir si un que cela veut dire
qu'il était le frère d'u
homme crucifié par Ponce Pilate est
aux origines chrétiennes, c'est là à oint, c'est-à-dire un
mon avis tout le problème, c'est là- reçu l'onction ; cela n
dessus surtout que je voudrais que ment pas dire qu
l'on m'apporte quelques preuves. Et Messie, puisque pré
vous pensez bien que ce n'est pas rapporte
à la messianité
que Josèph
de
parce que Tacite aura entendu quel¬
que racontar que cela signifiera quel¬ l'instant que le frèr
que chose. (Applaudissements.) un oint,Jésus
notre cela ne
Messie
pro
Georges Ory. — Je voudrais simple¬ peut nous indiquer l
ment vous parler, puisqu'on en a
nous amener par exe
parlé avant moi, de Tacite, de Flavius
le frère de ce Jacqu
Josèphe et faire allusion à un autre
prêtre qui s'appelait
argument. Je suis au regret de ne pas
être d'accord avec M. Joly. En effet, prêtreà faire
rien qui avait
le Jésus
été
je ne crois pas du tout à l'authenticité
giles. Or, effectivem
du passage de Tacite parlant de la
plusieurs avant et ap
révolte qui aurait eu lieu sous Tibère. Enfin, troisième
Pourquoi ?
portera sur l'argum
Parce que, d'une part, Tacite se jamais personne n'au
dément
ses Annales
lui-même
est le
: cecontraire
qu'il écritdedans
ce l'existence du Christ
pas étonnant s'il ét
qu'il dit dans ses Histoires où il décla¬ on a douté dès l'or
rait que sous Tibère, la nation juive corporelle et physiq
fut tranquille. Déjà, cette contradic¬ l'a pris pour un fan
tion de Tacite par lui-même me parait y reviendrons peut-
annuler son témoignage. Pourquoi le fait
D'autre part, ce témoignage a été Jésus comme un ho
ignoré des apologistes et des Pères étonnant ? Parce qu
Débat

monde croyait que les dieux avaient complexe, qui demanderait des heures
été des hommes et tout le monde d'explications ; nous avons aussi un
croyait que des hommes pouvaient certain Josèphe slave. On a trouvé à
devenir des dieux. Et comme vous l'a la fin du xix6 siècle, une traduction en
dit Guy Fau, l'Antiquité a cru pendant slavon (vieux slave), de Flavius
longtemps à l'existence réelle de Jupi¬ Josèphe. Chose étrange, il y a beau¬
ter comme homme. Plus tard, au coup de choses différentes par rapport
Moyen Age, on a cru réellement à au Josèphe grec, ce qui n'étonnera pas
l'existence de la Papesse Jeanne et nos adversaires, puisqu'ils sont d'ac¬
plus tard encore on a cru que Guil¬ cord pour dire que le Flavius Josèphe
laume Tell, le héros suisse par excel¬
lence avait existé ; il y a des Suisses
grec
slave,
Jésus
Enaetnous
été
fait,
nous
truffé
dans
avons
avons
d'interpolations.
leaussi
aussi
Flavius
un
un texte
texte
Josèphe
sur
qui le croient encore. Donc, sur ces
trois points, je ne me déclare pas
d'accord avec les preuves qui nous ont Jean Baptiste. Ces deux textes-là,
été apportées. (Applaudissements.) chose étrange, nous racontent des faits
Jean Hadot — Je répondrai simple¬ qui étaient absolument impossibles à
ment au sujet de Flavius Josèphe, imaginer, soit par un juif, soit par
sujet que j'ai particulièrement étudié un chrétien, au xv* ou au xvr siècle.
depuis plusieurs années. C'est un peu Par conséquent, il y a au moins là un
rapide de décider une fois pour toutes problème. Il faudrait attendre, rester
que ce qui a trait à Jésus dans Flavius dans l'expectative devant ces textes-là,
Josèphe est une interpolation. Il faut et se dire que ça n'est pas clair, mais
vous dire tout de suite qu'en faveur de qu'on ne peut pas trancher brutale¬
cette thèse de l'interpolation totale du ment ces problèmes en disant ce sont
texte, il y a non seulement des ratio¬ des interpolations.
nalistes, mais aussi des catholiques. Il Georges Qry. — Je n'ai pas dit ça.
y a par exemple Monseigneur Battifol J'ai dit, à supposer que le texte soit
vrai, il pouvait ne pas dire ce
et Lagrange
nier l'existence
quid'une
étaient
mention
d'accord
de Jésus
pour
qu'on
JeanluiHadot.
fait dire.
— Oui, mais enfin, i
dans Flavius Josèphe. Le silence de
Josèphe sur Jésus arrangeait tout le
monde. faut prendre le texte. On n'a pas le
temps de discuter sur le texte, mais
Mais en fait, la chose est beaucoup il faut le prendre et le lire. J'ai étudié
plus compliquée que cela et, en parti¬ spécialement la notice de Flavius
Josèphe slave sur Jean Baptiste. Il y
culier, je
savant comme
suis frappé
Théodore
par Reinach,
le fait qu'un
qui
a là quelque chose d'incroyable
est le plus grand traducteur de Flavius Comment un juif ou un chrétien russe
du XVe ou du xvi® pouvait-il mettre
pas
Josèphe,
du texte
admettait
intégral, l'authenticité
mais d'une notice
non en scène, dans le conflit avec Jean
sur Jésus, pareille à la notice sur Jac¬ Baptiste, un docteur essénien ? On ne
ques et la notice sur Jean Baptiste. savait même plus en Russie que les
De plus, dans cette histoire de esséniens aient jamais existé. Théodore
Flavius Josèphe, qui est extrêmement Reinach, qui soutient la thèse que je
64
Le Problème de Jésus

vous expose en ce moment, montre faut en tenir compt


que, même sur des détails pratiques, le dossier existant,
par exemple les machines de guerre
beaucoup
de nier carrément
plus diffic
romaines, il, y a des choses qui sont
absolument impossibles à inventer et beaucoup plus c
qu'un interpolates ne pouvait mani¬ pour des rationalis
festement pas inventer. A ce moment- que le problème s
là, cela repose le problème. Mais ment plus simple
disons carrément que le problème mais cela m'inquiè
existe et qu'on ne peut pas le régler je vois qu'on nie
brutalement en disant : interpolation.
C'est trop facile de déclarer comme
interpolation tout ce qui gêne...
ditGeorges
ça. Oiy. — Mais je n'ai pas

Jean Hadot. — J'estime qu'il vaut parlé


rien
Josèphe
C'est
problèmes
en
ment
citait
desmettant
beaucoup
avait dit,
catholiques
compliqué,
pas
lestandis
de
toutslave
Jésus.
textes.
de
plutôt
une
que
à probl
l'heu
que
pose
cro
Jo
ma
au
Co
qC
l
mieux dire : Flavius Josèphe nous
parle peut-être de Jésus. Il n'y a pas
à priori de raison de nier l'authenticité
du texte, étant donné qu'il nous parle
aussi de Jacques et qu'il nous parle
aussi de Jean Baptiste, qui sont deux Georges Ory. —
personnages aussi typiques, aussi étran¬ parlé du texte s
ges, dont l'existence pourrait être aussi Josèphe ; je remar
bien mise en problème. Il y a là un qu'il a été découver
argument qui me paraît très fort ; je siècle
a été et
soumis
qu'il n'y
à al'é
sais bien que Eisler, qui a traité du
problème du Flavius Josèphe slave, a Bien entendu, Eisle
un texte qui peut
felu,
été considéré
comme mais
Théodore
on un
a eu
peu
Reinach
tort.
comme
Des
et savants,
un
comme
far¬ ou au xvi6 siècle, m
texte
vraiment
fait certaineme
très curie
Thackeray, le grand historien anglais,
ont admis les thèses de Eisler, peut- et à Jean Baptiste,
être pas jusqu'au bout, jusqu'à leurs noms, c'est ext
admettre que Jésus fut un zélote mort Je voudrais simple
en « combattant », mais ils ont
difficultés
ceci : le nom
qui vienne
de J
reconnu que le problème du texte
slave de Josèphe est réel et ne peut Jean Baptiste, quoiq
être réglé en quelques phrases. Il faut à ces deux personn
y consacrer de longues études avant n'est
Jean
pas Hadot.
cité dans—l
de prendre position. Le plus sage est
de dire que le problème reste ouvert faux. Il faut cons
et par conséquent ne pas dire que ces Vaillant, La Prise
Débat

en vente en deux volumes, vous y avec lui, mais il y a là, je crois, d


trouverez le texte slavon et la traduc¬ l'excellente philologie.
tion française. Jésus n'était pas saint Paul, mai
Georges Ory. — Je le possède. sans Jésus,
Paul? C'estcomment
la foi àcomprendre
la résurrectio
sain
J'essayerai de vérifier. Enfin, c'est
secondaire.
qui a été le point de départ du christia
Robert Joly. — Je voudrais signaler, nisme, mais cette foi à la résurrection
à propos de Tacite, que le silence elle postule évidemment l'existenc
d'auteurs ultérieurs n'est jamais un de Jésus, comme homme ; mais nou
argument contraignant. Songez par ne pouvons pas
reconstruction du christianisme
aborder ici del
exemple que Josèphe, dont on vient
de parler et dont nous avons des origines, c'est une question qui dépass
de loin le débat d'aujourd'hui. Je cro
de
textes
loin très
en volume
copieux,surqui
Tacite,
l'emportent
ne dit qu'il nous faut ilous centrer sur l
pas un mot d'un des rabbins les question proprement dite de l'histori
plus célèbres du temps, Hillel. cité de l'homme Jésus, que je n
silence
On neultérieur
peut pasdetirer
certains
grand auteurs.
chose du prends évidemment pas pour le fils d
Dieu. La question de savoir ce qu
L'authenticité tacitéenne du texte a Jésus a pensé de lui-même reste e
été, je crois, philologiquement démon¬ dehors du débat, mais je crois que, d
trée dans une thèse allemande, mais point de vue rationaliste, il est a
évidemment c'est une enquête de style
très existence.
son longue, je ne peux que signaler moins
un prophète
troubleadmissible
considérable
juif dont
d'imaginer
lachez
mortses
à al'origin
jeté
discu

Je voudrais dire à M. Guy Fau que, ples, comparable au Maître de Justi


dans notre perspective, il ne s'agit essénien que nous connaissons mainte
évidemment pas de croire que Jésus, nant depuis quinze ans et que nou
homme historique, a donné d'avance ignorions totalement auparavant. C'es
l'enseignement chrétien de 70 de notre la croyance à laderésurrection,
bouleversement la mort dedans
Jésu
nisme.
ère, ni Illesfaut
grandes
envisager
lignesunedumajora¬
pauli-
qui est la première majoration de so
tion de plus en plus considérable du personnage ; Paul fera une aut
personnage de Jésus chez ceux qui majoration et pour des raisons qu
croient en lui. Il me paraît excessif tiennent à sa personnalité ; ainsi d
de dire qu'on ne peut rien atteindre de suite... Il n'est pas question dans not
théorie, si vous voulez l'appeler théori
ce qu'il a adit.étudié
Jérémias Le protestant
les Paraboles
allemand
de
de plaquer sur l'homme Jésus tout
Jésus, dans un volume désormais christianisme du premier siècle ; c'e
accessible en français, et me paraît un point de départ et nous le croyon
avoir montré que la comparaison des infiniment plus admissible que l'invers
textes et leurs divergences permet de un Dieu fait progressivement homme
remonter à quelque chose de l'ensei¬ mais j'espère que la suite du déb
gnement de Jésus. Je ne serais d'ail¬ pourra
(A pplaudissements.)
apporter quelques lumière
leurs pasi non plus toujours d'accord
66
Le Problème de Jésus

IL — LE PROBLEME DES EVAN¬ un prêtre qui est


GILES. Lui aussi a écrit un l

Jean Hadlot. — C'est évidemment çait


écrirepar
uneexpliquer
vie de Jés
q
un sujet immense et on m'a donné
vingt minutes pour essayer de vous n'implique
Jésus. Ce sont
pas qu'on
deux
expliquer mes idées sur ce point de différentes.
l'existence de Jésus d'après les Evan¬ En effet, -écrire la
giles et les livres annexes, avait-on
dit dans le petit programme. une mode
Elle est néequi
dans
est un
n

Le problème posé, c'est celui de ce milieu était comm


Jésus. A-t-il existé un personnage du et aux incroyants. To
nom de Jésus autour duquel s'est cris¬ forçait d'écrire un
tallisé le mouvement religieux qui Ainsi, on a eu le J
s'est appelé christianisme ? Il ne faut Jésus de Guigneber
pas confondre ce problème avec deux réalité, chacun essay
autres problèmes, entièrement diffé¬ certain contenu. Qu
rents, qui sont : Jésus a-t-il fondé sais pas quel est l
l'église
vie de Jésus
chrétienne
? ? Peut-on écrire une j'ajoute qu'au point d
tianisme il a dû y
Admettre l'existence historique de dont je ne dis pas
Jésus n'implique nullement que ce christianisme, mais
Jésus a fondé l'église chrétienne. Là cristallisé tout le m
n'est pas le problème. Cela n'impli¬ mythe chrétien qui
que pas non plus qu'on puisse écrire l'avance et qui est ve
une vie de Jésus. Là n'est pas non d'ailleurs
tout à l'heure.
sur d'autre
plus le problème. On peut parfaite¬
ment admettre l'existence historique Deuxième chose
de Jésus et douter, comme je le fais l'existence de Jésus n
moi-même : premièrement que Jésus
ment pas M.
tianisme. un refus
Fau ad
ait fondé l'église chrétienne et deuxiè¬
à l'heure très justem
mement
écrire unequ'on
vie depuisse
Jésus. légitimement
Ce sont des
tuellement tout est r
problèmes entièrement différents.
dans le
le christianisme
catholicisme

m'a beaucoup frapp


maîtres qu'on trouv
thèse mythiste était
Lagrange
pas
citerai
même,
d'écrire
affirmé
a
Christ
De
M.
cité
écrire
Fau
Lagrange
grands
tout
et,
très
une
il aune
dit
a
en
écrit
vie
nettement
à cité
savants
vie
l'heure
préface,
de
qu'il
pour
l'Evangile
Steinmann.
Jésus.
de les
est
Jésus.
qu'on
Bultmann,
croyants
en
catholiques.
impossible
deM.
ne
exergue
C'était
Jésus-
peut
Fau
ont
je dais, qui s'appelle Va

Eysinga.
qui est
tant
avait et
existé.
qui
toujours
C'était
ne croy
un
resp
Débat

ment différentes. On croit ou on ne de l'historicisme, j'essaierai de vou


croit pas, mais le problème de l'exis¬ expliquer ce que je veux dire par l
tence historique de Jésus est un pro¬ Premièrement, le dossier est incom
plet. Je m'excuse, j'avais préparé de
blème
rien à voir
scientifique,
avec la croyance.
historique, qui n'a
notes, mais je dois être bref. Dossie
Actuellement, on pourrait citer bien incomplet : pour le croyant, le dos
des prêtres catholiques et des pasteurs sier, c'est le catalogue çles livres sain
protestants qui se désintéressent tota¬ qui comprend : les Evangiles, les act
lement de la question et certains m'ont des apôtres, les épîtres de Paul
affirmé que l'existence historique de
d'autres
Jean. Or, épîtres
curieusement,
et l'Apocalypse
dans les livrd
Jésus n'entre pas en ligne de compte
pour appuyer leur foi. D'ailleurs, dans de MM. Fau et Ory, on ne discu
que ces textes. Les autres textes, l
une
lhardperspective
de Chardin,
comme
finalement
celle del'exis¬
Tel-
livres non-canoniques, on y fait d
tence historique de Jésus n'a plus temps en temps allusion, et c'est tou
Le gros morceau, c'est le canon d
grande importance,
Christ, c'est l'humanité
puisque
toutJésus,
entière
le
Nouveau Testament de l'église catho
qui apparaîtra au point oméga à la fin lique romaine. Or, il faut savoir qu
des temps. ce catalogue n'a, été fixé qu'à la f
Par conséquent, le personnage his¬ du second siècle et par l'égli
torique ne joue pas un grand rôle. romaine. Les autres églises, c'est-
Vous le voyez, j'essaye de me dégager dire les églises orientales, avaient d
le plus que je peux d'une confusion catalogues différents. L'église romain
entre le plan historique et le plan reli¬ n'a réussi à imposer son catalogu
gieux. Cela n'a aucun rapport. que peu à peu et, par conséquent,
Ceci posé, quel est le dossier chré¬ y a eu un temps de flottement, pen
tien ? S'il était vraiment tel que nous dant lequel le catalogue était plus larg
le présente MM. Ory et Fau, peut- ou plus étroit que celui-là.
être serais-je attiré par leur thèse.
—Ce
cecicatalogue
relève de l'histoire
représentedu en
canon
réali—
Mais en réalité, leur dossier est curieu¬
un compromis et une synthèse ent
sement
Paul et vide.
deuxJ'y
textes
trouve
choisis
: les Evangiles,
du Nou¬
différentes
nous reviendrons
tendances,
tout sur
à l'heure.
lesquellE
veau
tre aux
Testament,
Hébreux.l'Apocalypse
Je laisse de et
côté
l'Epi-
les
tout cas, c'est le dossier pour
épîtres de Paul, dont parlera tout à croyant et, curieusement, pour n
l'heure mon ami Joly et je prends le auteurs. Pour l'historien, le problèm
se présente autrement. Il doit conna
reste
Je àconstate
mon compte.
dans ce dossier com¬
tre et utiliser un énorme dossier, q
mun à M. Fau et à M, Ory, premiè¬ comprend une quantité considérab
rement qu'il n'est pas vraiment com¬ de textes Testament.
Nouveau qui ne sont
Cespas
textes
dans»so
plet, deuxièmement, que ce qui sub¬
siste est présenté d'une façon que je ne maintenant connus, non pas du publi

puis
la façon
approuver,
d'utiliser
et leur
troisièmement,
dossier relève
que mais des chrétiennes.
origines spécialistes de
Voici
l'histoire
commend

68
he Problème de Jésus

s'est passé ce renouvellement du dos¬ niennes, etc... Vous


sier. A la fin du xix® siècle et au tes plus anciens qu
début du xx6 siècle, de même qu'on des textes archaïqu
retrouvait le texte des Apocryphes de écrits du christianism
l'Ancien Testament, qu'on ne connais¬ plus que les Evangile
sait plus, on a retrouvé aussi ce qu'on peut pas écarter ces
appelle des Apocryphes du Nouveau Je reconnais que
Testament, c'est-à-dire, des textes les étudier. Il y faut
chrétiens, que l'église n'avait pas admis patience et bien
dans son catalogue. Certains de ces encore, mais enfin, il
même en parler.
textes,étéqui« n'avaient
ont redécouverts
pas été
» auperdus,
sens
Deuxièmement, le
scientifique du mot, c'est-à-dire qu'ils ainsi tronqué, est prés
ont repris
yeux des chercheurs.
une grande importance aux que j'estime inexacte
sier tronqué, les Evan
L'église chrétienne de Rome, en et les àdeux
tout l'heure.
autres text
effet, avait laissé de côté, quand elle
a précisé son catalogue, beaucoup de Pourquoi, dis-je q
textes qu'on a appelés les Apocryphes d'une façon inexacte
du Nouveau Testament. Ces Apocry¬ Fau s'appuient surtou
phes, précisément parce qu'ils ont été qu'ils considèrent co
taux.
ensuite exclus du canon par l'église
romaine, présentent un intérêt fonda¬ Premièrement, que
mental et primordial pour l'étude des tiens canoniques on
origines chrétiennes. L'Ascension déformés, truffés d'i
d'Isaïe, les Odes de Salomon, etc... je que nous n'avons
ne peux pas vous les énumérer tous, comme point d'appu
(on pourrait en énumérer 25 ou 30), que les grands manus
sont des textes fondamentaux, qui ont IVe et du v* siècle :
été rejetés par l'église romaine, parce Sinaïtcus, l'Alexandrin
qu'ils représentaient un christianisme Deuxième point f
archaïque. L'église chrétienne romaine
évangiles
ont été écrits
sont dans
des te
la
ayant évolué ne pouvait plus les consi¬
dérer comme son propre bien et, par du second siècle de
conséquent, elle les rejetait. Ceci s'est le plus ancien étant
fait peu à peu. D'abord, elle les a et Fau, non pas un de

les
considérés
a éliminés
avec
en suspicion,
interdisant puis,
leur lec¬
elle niques,
un hérétique
mais du
l'Evang
milie
ture. Au vi® siècle, l'interdiction était cle. H faut alors con
complète. ces auteurs, la date d
Or, ces textes-là viennent des églises sonnage de Marcion
orientales éloignées du centre de ment privilégiés. On
Rome, c'est-à-dire des églises syrien¬
Débat

de repère. Par rapport à cette date N° 2, il y a deux papyrus découvert


de 150, on étage les Evangiles en les depuis longtemps et publiés en 1935
mettant dans un ordre plus ou moins
différent suivant les deux auteurs, mais un
Rylands
c'est
papyrus
un petit
457.
Egerton
recueil
Le papyrus
2 deet textes
un Egerton
papyru
puis
qui se termine pratiquement toujours
par l'Evangile de Jean considéré dans les différents évangiles. Le papy
comme évangile le plus récent. rus Rylands, c'est un passage d

cetJeexcès
ne sais
d'honneur
si Marcion
renduapprouverait
à son évan¬ l'Evangile
sets 33-35 deet Jean,
37-38,chapitre
si ma mémoir
18, ver

gile, mais je dois dire que ces deux est bonne, c'est-à-dire précisément, u
points fondamentaux relèvent d'une détail de
devant Pilate.
la Passion, la comparutio
problématique ancienne.
En ce qui concerne les manuscrits, Qu'on croit ou qu'on ne croit pa
la situation a entièrement changé moi je n'y crois pas tellement, au réc
depuis une quarantaine d'années. de la Passion, il n'empêche que ce q
Nous possédons actuellement des papy¬ est important, c'est le fait qu'on pos
rus retrouvés en Egypte, qui nous sède ces papyrus Egerton et Ryland
donnent un texte évangélique anté¬ qui sont datés par les spécialistes d
rieur de deux cents ans et plus aux milieu de
siècle, c'est-à-dire,
la première125-130.
moitié du
Même
secon
grands manuscrits onciaux du IVe et
du Ve siècle. Le plus célèbre est le on peut jouer un peu dans les deu
papyrus Bodmer N° 2, qui contient sens, vous avez à ce moment-là que
précisément l'Evangile de Jean. Cet que chose d'extraordinaire. Cet évan
Evangile, qu'on nous présente comme gile qu'on nous dit le plus récent d
étant le plus récent, qui serait de la tous, il se trouve qu'on en a d
fin du second siècle, cet évangile de textes, du
début qui second
datent siècle.
précisément
D'ailleurd
Jean, le void dans le papyrus Bod¬
mer N° 2. Vous pouvez l'acheter à argument supplémentaire que j'ajou
n'importe quelle librairie. La papy¬ à cet argument des papyrus, mais qu
rologie est une science comme une je n'aiconnaissons,
nous pas le temps
dès dele développe
milieu d
autre, dater des papyrus grecs, c'est
comme dater des amphores romaines. second siècle, des commentaires
On peut discuter à quelques années l'Evangile de Jean faits par des gno
près, mais cela se date. tiques égyptiens de l'époque de Valen
Or, les grands savants qui ont tin, Basilide, Héraclion, etc...
publié ces textes-là, nous disent : le Par conséquent, vous voyez que
papyrus Bodmer N° 2 date des envi¬ fait de dater l'Evangile de Jean — j'e
rons de l'année 200. Or ce papyrus
parle,
étudié parce
— le que
fait de
je l'ai
daterspécialeme
cet Evan
contient presque intégralement l'Evan¬
gile de Jean. Les 14 premiers chapi¬ gile brutalement de la fin du secon
siècle ou même simplement d'apr
tres y15sont
à 21
intégralement
avec des lacunes.
et les chapi¬
C'est
150, ne tient plus, scientifiqueme
tout de même un fait extraordinaire. parlant, du point de vue de la critiq
Or, en plus de ce papyrus Bodmer historique, à laquelle je me consacr
Le Problème de Jésus

J'ajoute, à propos de ces Evangiles, contenu, la théolog


que les autres évangiles, c'est-à-dire jacente, il n'empêc
les Evangiles de Matthieu, de Marc données historique
et de Luc, quelle que soit leur valeur compte.
historique, là encore nous y revien¬ Deuxième remar
drons tout à l'heure, sont en réalité ces textes ne sont
plus anciens qu'on ne veut bien le par conséquent, on
dire. Le problème s'est déplacé depuis tirer, mais je pense
40 ou 50 ans. Maintenant* la plupart en face d'un texte
des savants pensent qu'il faut remon¬ rique mais qui est
ter ces Evangiles, qu'on appelle synop¬ faut, c'est essayer
tiques, avant l'an cent. Je pense per¬ ce qu'il est, c'est-à-
sonnellement que l'Evangile de Jean ment religieux, un
certaine pensée rel
est même
ancien, car encore
il constitue
probablement
une formeplus
de
quent, les données
catéchèse chrétienne, qui à mon avis pas les données ane
représente un état plus ancien de la contraire les donn
question. très curieusement,
La dernière phrase, que je viens de M.
soi-disant
Joly et moi,
commeno
prononcer, est une hypothèse person¬
nelle, mais tout ce que j'avais dit MM. Fau et Ory se
sur
auparavant,
des textes.vous pouvez le vérifier mythistes, il est tr
soit les mythistes
Le troisième point qu'il me faut la plus historicisan
critiquer, c'est la façon dont les choses tes. Ils essayent de
sont présentées. MM. Ory et Fau en les disséquant
contradiction et leup
insistent beaucoup pour nous dire que
les Evangiles ne sont pas des livres détails anecdotique
d'histoire. Ils ont parfaitement raison ;
ressent
ce sont pas.
au contrair
Ce que
Guignebert, Loisy, tout le monde l'a
montré depuis très longtemps. Ce ne gieuses, l'histoire de
sont pas des livres d'histoire, ce sont ce que l'on
tiennes? Vous
pensait
m
des livres religieux. Mais le fait que
ce ne sont pas des livres d'histoire ne
conditions
choses ? Je vous
commeré
les empêche pas d'être des documents
historiques. minutes. Je vois les
La chanson de Roland n'est pas un suivante.
livre d'histoire, mais c'est un document Pendant deux
historique ; l'Hliade, l'Odyssée, ne chrétienne, s'est fo
sont pas des livres d'histoire, mais me, un mythe du M
ce sont des documents historiques et, Messie était au m
par conséquent, on doit pouvoir en
plus
au moins
multiforme
trois form
en
tirer quelque chose. Même si on
Messie céleste, un mythe du Messie de Jacques. Ce p
éclipse tout le
terrestreterrestre
Messie politique
sacerdotal.
et un mythe
Ces trois
du
aussi un personn
le mythe. Et
ils
mythes
ont évolué
ont évolué
dans le
et, monde
en particulier,
essénien
Maître
avons un
de exem
Just
et dans tout le monde des Apocalypses
de l'Ancien Testament, c'est-à-dire, Maître de Justi
l'Hénoch éthiopien, l'Hénoch slave, on ignorait tot
etc., je vous fais grâce de tous les y a encore que
détails. Or, ces mythes étaient arrivés vingt ans, on a
à leur point de maturité, de matura¬ son existence. V
tion, aux alentours du début de notre du silence. Nous
ère chrétienne et, à ce moment-là, il l'existence
ce personnage.
réelle
s'est produit le phénomène suivant :
des hommes ont été les « supports » leurs cela n'est p
de ces mythes, c'est-à-dire qu'on leur un auteur qui s
a appliqué les mythes. un livre sur le
malgré tous les
une
J'aiannée
expliqué
le christianisme
à Bruxelles de
pendant
Jean
veut dire que, qu
Baptiste. Je pense que Jean Baptiste mythe, on peut
a été, avant Jésus, le personnage sur
de
quoiQumrân
qu'il en nou
soit
lequel on a fait tomber ce mythe.
Jean Baptiste apparaissait comme le personnage don
prophète, le prêtre en même temps, dont on ignore
et, d'une certaine façon aussi d'ail¬ dont on ignore
leurs, le fils de l'Homme, car tout cela culum vitae. On
n'est pas contradictoire. Pour les sion de deux ch
esprits modernes, c'est peut-être qu'il a été le r
contradictoire, mais, pour ces esprits nisme et, deuxièm
anciens, cela ne l'était pas. de mort violent
Il y a eu probablement ce que nous voyons ce
j'appelle un certain nombre de textes esséniens
christianismes. Parmi ceux-là, celui extraordinaire q
qui a réussi par suite de circonstances ment la figure d
un peu trop compliquées pour que je Il est étrange q
vous les explique tout de suite, c'est qui, dans cette p
celui de Jésus. Mais il y en a eu intéressant, je v
d'autres. Il y a eu d'autres person¬ partie, où il essa
nages. Je viens de parler de Jean origines chrétien
Le Problème de Jésus

personnage de Jésus. On ne sait même n'avait que ces text

pas le nom du Maître de Justice, on pourrait dire que J

ignore son pays, où il est né, ce qu'il jamais existé. Imag

a fait, etc. Par conséquent, il me semble pas les textes chréti

qu'on peut parfaitement admettre au


que les
met! Nous
textes
ne mand
conn
point de départ du christianisme ce

que (par les tex


personnage
reste dans une
de Jésus,
ombre qui
extraordinaire,
pour nous

Comment
tence de Mahomet,
pourrait-o
je le reconnais. Je suis le premier à dire

qu'on ne peut pas écrire une vie de


les
christianisme
textes de en
ses est
pr
Jésus, je suis le premier à dire qu'on

ne peut pas
véritable fondateur
le considérer
du christianisme,
comme le
On peut prouve

car le christianisme est né de plusieurs Jésus par les textes

endroits du judaïsme hellénisé, et il ne signifie pas du

s'est bloqué sur ce personnage. C'est au pied de la lettre t

celui-là qui a réussi, à la différence des


dans l'Evangile.
métier des savants
Au
autres christianismes, par exemple, de

véritable message d
mourir
celui detimidement
Jean Baptiste,
sur les
quibords
est allé
du
nouvelle par rappo

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