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Calcul de murs de soutènement

1ere partie : Rappels généraux sur la théorie de poussée et butée et


ouvrages de soutènement.

1. Introduction :
La théorie de la poussée et butée des terres est présentée pour la première fois par le
physicien Français Coulomb (1736 – 1806) en 1773 devant l’académie royale des sciences. A partir
de cette date, le calcul des ouvrages retenant les terres est rendu rationnel, lequel relevait auparavant
du plus grand empirisme. Malgré son ancienneté, Cette théorie est encore actuellement très utilisée
dans les cas simples. Elle permet de calculer les forces de poussée et de butée sans se préoccuper
de l’état des contraintes existant dans le sol.

Le développement de cette théorie s’est basé sur l’étude de la poussée d’un remblai
pulvérulent à surface libre horizontale (β = 0) contre une paroi lisse (δ = 0) qui le soutient. [2]

2. Principe du prisme de Coulomb :


Coulomb admet que si le massif atteint son état d’équilibre limite, un certain coin
triangulaire ABC tend à se détacher et à glisser vers le bas le long d’un plan BC d’inclinaison θ. Ce
coin porte aussi le nom du prisme de Coulomb (Figure n° 1).

Fig. n° 1 : Coin de coulomb.


Les contraintes verticales et horizontales dans le massif (prisme) sont données par :
σ v (z) = γ h.z , σ h (z) = Ka γ h. z

1 − sin ϕ
Ka = tg² (π/4 - ϕ /2) = : Coefficient de poussée actif des terres.
1 + sin ϕ
1
Qa = . γ h .Ka .H² et θ = (π/4 + ϕ /2)
2

- Qa : poussée active maximale, résultante appliquée au tiers de la hauteur du


mur à partir de la base.
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- γ h : Poids volumique humide.
- φ : Angle de frottement interne du sol
Butée :
1
F p = . γ h .Ka .H²
2
1 1 + sin ϕ
Kp = = tg² (π/4 - ϕ /2) = : cœfficient de butée.
Ka 1 − sin ϕ

3. Théorie de Rankine:
La théorie de Rankine (1820 – 1872) date de 1860, elle se base sur les notions d’équilibre
actif et passif. Cette méthode s’est basée sur les hypothèses simplificatrices suivantes : [2]
- Le sol est isotrope,
- Le mur de soutènement peut pivoter autour de sa base,
- La présence de discontinuités, telles que murs ou écrans, ne modifie pas la
répartition des contraintes verticales dans le sol, c'est-à-dire que l’on a
toujours dans le milieu :
σ v (z) = γ .z ,
h σ h (z) = Ka γ .z
h

Le calcul des coefficients de poussée et de butée passe par la définition des équilibres limites
actif et passif auxquels correspondent deux (02) cercles de (Mohr) tangents à la courbe
intrinsèque ( τ = C + σ .tgϕ ), cas d’un milieu pulvérulent C = 0.

Figure. n° 2 : Calcul de Ka et de K p sols pulvérulents ( β = 0 ).

Les calculs trigonométriques aboutissent aux relations suivantes (milieu cohérant et frottant) :

Poussée :
Ka = tg² (π/4 - ϕ /2)
1
Qa = . γ h .Ka .H² - 2. K a .C.H. [2]
2
Butée:

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Kp = tg² (π/4 + ϕ /2)
1
Fp = . γ h .K p .H² + 2. K a .C.H. [2]
2
4. Notions d’état d’équilibre limite :
L’étude de l’équilibre des massifs pulvérulents montre q’ au repos, on détermine des valeurs
optimales de la poussée maximale et de la butée minimale quel que soit l’état de surface du
parement du mur de soutènement en contact avec le sol et l’expérience montre qu’il suffit
d’une translation de l’écran 1/1000eme de sa hauteur dans le cas de la poussée, pour que
celle-ci acquière sa valeur minimale (Equilibre limite inférieur)
(Cf. M. KERISEL, Cours MDS, ENPC - Paris) [5].
Au repos on a : σh = Ko. σv

Ko : Coefficient de pression des terres au repos, il dépend de la nature du sol, de la profondeur


considérée et de son histoire géologique.
Ordres de grandeurs :
- Sable : Ko = 0.50
- Argile : Ko = 0,70
- Argile très molle, vase : Ko = 1
- Roche à très grande profondeur Ko ≥1
- Argile gonflantes : Ko > 1
- Ko = 1, correspond au champ de contraintes hydrostatiques.

Formule de Jaky : [1, p.268]


- Ko = 1 -sin ϕ . φ : Angle de frottement interne du sol.

5. Facteurs influant sur les poussées et butées :

- Angle de talus naturel (β)


- Rugosité de l’écran de soutènement (état de l’interface) caractérisé par
l’angle δ ,
2.ϕ
0≤δ ≤
3
- Géométrie de l’écran de soutènement inclinaison λ ,
- Paramètres mécaniques intrinsèques du sol (C, φ),
- L’angle de frottement minimum ϕ 0 correspond à la limite à la valeur de
l’angle de talus naturel β .Dans le cas des massifs pulvérulents la valeur φ0
est donnée avec une bonne approximation par : φ0 = 0,8. φ. [5 − P 46]
δ
5.1. Valeurs de la rugosité ( )
ϕ
Les valeurs préconisées pour l’inclinaison de la poussée et de la butée varient suivant les
auteurs. A défaut d’appliquer des coefficients de sécurité sur les caractéristiques mécaniques
du sol, il convient d’être prudent sur le choix de ces paramètres. Les valeurs recommandées
dans les fiches techniques de Socotec sont récapitulées dans le tableau suivant : [1, p.318]

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Parement (1) Angle de frottement interne du sol (φ)
< 30° 30 à 35° > 35°
Poussée Butée Poussée Butée Poussée Butée
Lisse 0 - 1/3 0 -2/3 +1/3 -2/3
Rugueux 0 - 1/3 +1/3 -2/3 +2/3 -2/3
Très rugueux +1/3 - 1/3 +2/3 -2/3 +2/3 -2/3
(1)
Lorsque les murs de soutènement retiennent des remblais ou sont équipés d’un tapis
drainant synthétique, il convient d’adopter δ = 0 pour la poussée.
δ
Tableau n° 1 : Valeurs de rugosité ( ).
ϕ

6. Coefficient de poussée et de butée:


Dans le cas d’un milieu pesant pulvérulent les valeurs de Ka et Kp peuvent être exprimées
par la formule due à M. Havard. Cette formulation tient compte de l’ensemble des facteurs ayant
une influence sur les valeurs des coefficients de poussée et butée à savoir β , δ , λ et ϕ .

Les valeurs des coefficients Ka et KP peuvent être tirées également des tables de Caquet et Kerisel.

Figure n° 3 : Coin de coulomb.

Formule de M. Havard : [1, p.296]


Poussée :
cos ²(λ − ϕ )
Ka =
sin(ϕ + δ ) × sin(ϕ − β ) 2
cos(λ + δ ) ∗ (1 + )
cos(λ + δ ) × cos(λ − β )

Butée :
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cos ²(λ + ϕ )
Kp =
sin(ϕ − δ ) × sin(ϕ + β ) 2
cos(λ + δ ) ∗ (1 − )
cos(λ + δ ) × cos(λ − β )

6 .1. Action de la surcharge q1 :


Les contraintes de poussée et de butée qs sont uniformément réparties sur les l’écran et dues à la
surcharge verticale q1. [1, P.296]

Ka ×q 1
Poussée : qs =
cos(λ − β )

Kp ×q 1
Butée : qs =
cos(λ − β )
Un calcul rapide et approximatif du coefficient de poussée active peut se faire en appliquant la
formule suivante pour un mur lisse ou rugueux: [5 – P47]

π − 2ϕ 0 2 2β
Ka = ( ) × (1 + ).
π + 2ϕ 0 π
Tel que ( ϕ 0 = 0,8. ϕ ) : (Angle de frottement minimum équivalent à l’angle de
talus naturel)
β = angle de talus derrière l’écran de soutènement.

Tableau n° 2 : Valeurs de Ka et K p d’après Caquot et Kerisel pour ( β = λ = 0).

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Tableau n°3: Récapitulation des efforts de poussée et de butée (G. Phillipponnat 2002, P.290)

7. Principes de dimensionnement des murs de soutènement


7 .1. Poinçonnement de sol et tassement :
3.σ 1+σ 2
σ moy = ≤ σ s . Tel que σ s : taux de travail du sol, en général il faudrait limiter le
4
soulèvement de la semelle de plus de 1/4 de sa largeur. Cela permet de se prémunir contre de risque
de basculement par enfoncement de la semelle avant notamment en terrain compressible.

- un soin particulier doit être accordée aux fondations sur un sol compressible
dont il convient de faire une étude particulière de tassements notamment
pour les murs de soutènement important).
- Assurer un ancrage antigel

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Fig. n° 4: Distribution des contraintes normales sous la fondation

7 .2. Stabilité du mur au renversement :


Ms
≥ F (1,5 à 2,00) à l’ELU [1, P312]
Mr
- Ms : Moment stabilisant par rapport à l’arête
externe de la fondation.
- Mr : Moment de renversement dû aux poussées.

Figure. n° 5 : Pré dimensionnement des murs en béton armé.

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Figure. n°6 : Dimensions usuelles des murs poids en béton ou en maçonnerie.

7. 3. Stabilité au glissement de la fondation :


Qv .tgψ +c u .B
Qh ≤
1,5
tg Ψ = f (frottement fondation - sol).
Terzaghi et Peck conseillent les valeurs suivantes pour le coefficient f [3 − P.39] :
1. Alluvions grossières ne contenant ni limons, ni argiles : f = 0,55.
2. Sols à gros éléments contenant des limons et des argiles : f = 0,45.
3. Dans les autres cas : f = 0,35.
Un système de bêche peut être prévu pour améliorer la résistance au glissement de la
fondation si la condition précédente n’est pas vérifiée.

7.4. Stabilité interne du mur :


C’est un problème de la RDM, chaque section du mur de soutènement devant être
vérifié en fonction des forces aux quelles elle est soumise, en s’assurant que les contraintes restent
inférieures aux contraintes admissibles.
Pour les murs poids en maçonnerie ou en béton nom armé, il y’a lieu
d’admettre uniquement des contraintes de compression, la règle du 1/3 central doit être
vérifiée à tous les niveaux.

7. 5. Stabilité générale du terrain :


Les travaux de terrassements peuvent engendrer des ruptures de talus parfois
importantes, à cet effet, l’ancrage de la fondation doit se faire sous les lignes de cisaillement du
terrain de manière à en assurer une couture suffisante.
- Pour la stabilisation du versant sujet à des glissements de terrain, une grande
attention doit être accordée à l’évaluation des poussées de la masse en glissement (une étude
approfondie pour évaluer l’importance des lignes de rupture est obligatoire).

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7. 6. Calcul des murs sous l’action sismiques :
7.6.1. Poussée des terres :

Le RPA version 2003 préconise dans l’article 10.4 pour les murs de soutènement de hauteur
inférieure ou égale à 6 m de faire une justification de calcul sous sollicitations sismiques avec un
calcul statique équivalent
A cet effet, la poussée active dynamique globale qui s’exerce à l’arrière du rideau est donnée
1
par la formule suivante : Pad = .K ad .(1 ± k v ).γ h .H 2 appliquée horizontalement à H/2 au dessus de
2
la base de la semelle du mur avec :
Kad : Coefficient de poussée dynamique des terres donné par :
cos 2 (ϕ − θ )
K ad =
sin ϕ . sin (ϕ − β − θ ) ⎤
2

cos θ .⎢1 +
2

⎣ cos θ . cos β ⎦

H : hauteur du mur de soutènement,


γh : poids volumique humide du sol,
β : angle de la surface du remblais par rapport à l’horizontale,
φ : Angle de frottement interne du remblais sans cohésion (*),
⎛ k ⎞
θ = arctg ⎜⎜ h ⎟⎟ Tel que : kh et kv sont des coefficients sismiques horizontal et vertical
⎝ 1 ± kv ⎠
donnés par : kh = A (%g) et Kv = ± 0,3.kh
A : coefficient d’accélération de zone donné par le tableau 4.1 p.26 du RPA/v 2003. La
valeur de A dépend de la zone sismique et de l’importance de l’ouvrage situé en amont ou en aval
du mur. Dans le cas d’absence d’ouvrage, le coefficient A est pris en considérant de groupe d’usage
2 en fonction de la zone sismique.

(*) : Toutes les théories ont été établies pour des sols pulvérulents. Pour les sols cohérents de
cohésion C et d’angle de frottement φ, le théorème des états correspondants permet de ramener
l’étude de ce type de sol à celui d’un milieu pulvérulent soumis sur son contour à une étreinte
(pression) de valeur C.cotg (φ). La variation de la cohésion avec le temps étant mal connue, par
conséquent, le fait de négliger la cohésion dans les calculs va dans le sens de sécurité de l’ouvrage.

7. 6.2. Poussée des surcharges :

Lorsque le remblai supporte une surcharge verticale uniforme q, la poussée dynamique est
appliquée horizontalement à H/2 au dessus de la base de la semelle du mur.

H
Pad = K ad .(1 ± k v ).q.
.
cos β
De manière analogue, l’EC 8 propose la formule suivante pour le calcul de la pression
active dynamique globale :

1
Pad = .K ad .(1 ± k v ).γ h .H 2 + E ws + E wd
2
E ws : Poussée statique de l’eau,
E wd : Poussée dynamique de l’eau.
E ws et E wd sont introduites dans les calculs dans le cas ou le mur n’est pas drainé et maintient un
certain niveau d’eau à l’amont.

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k v = ±0,5.k h

De même l’EC 8 suppose que les coefficients kh et kv sont constants pour des murs dont la
hauteur est inférieure à 10 m. Au-delà de cette hauteur, une analyse détaillée de propagation
verticale des ondes en champ libre est nécessaire.

7. 6.3. Effet de la butée :

Lorsque le sol d’ancrage de la semelle présente de bonnes caractéristiques mécaniques


(compactes), la butée à l’aval du mur (P pd) peut être prise compte sur la profondeur d’ancrage (D).
La résultante de la butée est appliquée horizontalement à D/3 au dessus de la base de la semelle. La
butée globale est calculée avec un coefficient de butée (K p =1), elle est donnée par :
1
Ppd = .γ h .D 2
2

En général, d’après la théorie (G. Philipponnat 2002, p.272), des déplacements importants
de l’ordre de 1 à 3 % de la hauteur H du rideau selon la nature et la compacité des sols sont
indispensables pour mobiliser la butée maximale (soit 5 à 15 cm pour un écran de 5 m de hauteur).
Par conséquent, en présence de sols meubles dans la partie ancrée de la semelle, il est préconisé de
négliger la butée dans la vérification vis-à-vis du glissement. La réalisation d’une bêche arrière
permet en général d’améliorer la stabilité au glissement de la semelle.

7. 6.4. Justification de la stabilité du mur :

L’application aux murs de soutènement des règles de sécurité qui régissent le calcul aux
états limites se heurte à un certains nombre de difficultés. Les principes utilisés conduisent à tenir
compte dans les calculs des différentes causes d’incertitudes qui sont les paramètres du sol d’assise,
du remblai soutenu et des surcharges d’exploitation. La difficulté vient du fait que ces paramètres
sont utilisés et combinés dans une même formule.
Pour se prémunir de ces aléas, il faudrait respecter un certain nombre de dispositions
constructives (drainage des eaux, barbacanes, …) et la prise en compte dans les calculs justificatifs
des paramètres modifiés du sol (φr, c’= 0) ainsi que toutes les surcharges en cour de réalisation
(compactage, engins, vibrations) et après la mise en service.

a. La stabilité au glissement sous la fondation du mur est vérifiée en tenant compte


de l’application à la résistance ultime au glissement d’un coefficient de sécurité de
Q .tgψ +c u .B
1,20. Qh ≤ V (RPA/v2003).
1,20
b. La stabilité au renversement du mur autour de l’arête avale de la semelle sera
vérifiée en tenant compte d’un coefficient de sécurité de 1,3.
Ms
c. ≥ 1,3 (RPA/v2003).
Mr

d. La vérification du non poinçonnement du sol sous la semelle se fait en appliquant


un coefficient de sécurité de 2 à la résistance ultime du sol qu.
3.σ 1+σ 2
σ moy = ≤ 1,5.σ s ( ELS ) (RPA/v2003).
4

8. Types de murs de soutènement :


8.1. Murs poids : C’est le genre de murs qui convient le mieux
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pour résister par son propre poids sur des hauteurs de 2 à 3 m
de remblais.

Figure n° 7 : murs poids (ou murs gravitaires).

8 .2. Mur caisson (gabion) : c’est un mur dérivé du mur poids, il a la forme
d’une caisse chargée par sa partie haute de cailloux quant aux murs gabions, ils peuvent être
assimilés à des murs poids ou caisson : il s’agit d’une enveloppe de fil de fer grillagée
Parallélépipédique remplie de gros galets laissant le drainage de l’eau et évitant ainsi toute
pression hydrostatique. Ce type de murs convient dans le cas de terrains compressibles.

8.3. Mur cantilevers et contreforts) :


L’élément stabilisateur est constitué par le poids de la terre ou du remblais qui repose sur le
patin. Le voile est retenu au patin par une série de contreforts orthogonaux aux patins et aux voiles,
qui retiennent le remblais suivant une pente légèrement inclinée. L’espacement des contreforts varie
de 2,50 à 3.5 m.

Figure n° 8 : Types de murs de soutènement en béton armé

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8 .4. Mur chaise (lestage) :
C’est un mur qui, le long de contreforts verticaux, comporte des éléments
horizontaux appelés << chaises >> qui reçoivent l’action stabilisatrice verticale du remblai.
8. 5. Mur préfabriqué en L et en T:
Par leur forme ils sont calculés pour être autos stables.
8. 6. Mur de soutènement adossé :
Le mur s’appuie sur une structure suffisamment dimensionnée pour
reprendre les poussées des terres.
8.7. Ecran de soutènement en palplanches :
Profilés finis de sections particulières permettant l’assemblage les uns aux autres par
simple enclenchement. Ces profilés sont utilisés à la construction de cloisons rideaux par fonçage
(battage ou vibrage) dans le sol.
8. 8. Terre armé:
Le principe consiste à associer deux matériaux parfaitement définis : la terre (remblais
pulvérulents) et les armatures convenablement réparties, grâce aux efforts importants de frottement
qui se développent à leur contact. Cette association donne naissance à un matériaux original et
nouveau breveté la terre armée (fils métalliques, géotextiles,…).

9. Pathologie des murs de soutènement


Les principaux cas pathologiques des murs de soutènement sont répartis en six (06)
groupes :
1er Groupe : (25%)
Il comprend les sinistres dus aux :
- un manque de stabilité globale du mur.
- une sécurité au glissement nom satisfaite.

2éme Groupe (33%)


- Désordres imputables à une absence ou défaillance du système de drainage : c’est cette
catégorie qui compte le plus grand de sinistres.

3éme Groupe
- Défaillance mécanique de la paroi verticale du mur

4éme Groupe
- Sinistres provoqués par une faute de remblaiement.

5éme Groupe
- Défaillance des appuis supérieurs ou latéraux du voile de soutènement.

6éme Groupe
- Manque de précaution dans les travaux.

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Fig. n° 9 : Dispositifs de drainage derrière les murs de soutènement.

Fig. n° 10: Drainage des eaux de surface (ruissellement).

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2eme partie : Exemple de calcul de stabilité d’un mur de
soutènement en BA
1. Présentation :

Le cas étudié est un mur de soutènement en béton armé conçu pour stabiliser un talus en
remblais sujet au glissement au niveau d’une route communale.
L’étude géotechnique a conclu que l’instabilité est due à la présence de remblais récents
hétérogènes de dominance argileuse et à l’absence d’un système de drainage approprié des eaux de
ruissellement.
Des essais au pénétromètre (04) et des sondages ont détecté l’épaisseur des remblais qui glissent
sur une couche d’argile marneuse parfois schisteuse de bonnes caractéristiques géomécaniques. La
profondeur de la ligne de glissement varie de 2,1 m à 3,0 m par rapport au niveau de la plate forme.
Six (06) murs de soutènement en béton armé sont projetés de hauteur variable de 3,5 m à 5,60 m.

1.1. Données géotechniques :


γ d = 16,60 KN/m²
λ h = 20,03 KN/m²
W = variable de 26,10 % en surface à 16,10 % à partir de (-2,50 m).
Limites d’Atterberg de la couche des remblais :
• Ll =38,30 %
• Lp =18,80 %
• Ip = 19,50 %
Caractéristiques mécaniques du sol :
• Cu = 0,10 à 0,12 bars.
• ϕ u = 29,50 ° à 31,70°.
• Contrainte admissible σ s = 1,5 bars pour D ≥ 1,40 m.

2. Calculs de stabilité : (actions fondamentales)


Coefficient de poussée des terres donné par la formule de Harvard :

cos ²(λ − ϕ )
Ka =
sin(ϕ + δ ) × sin(ϕ − β ) 2
cos(λ + δ ) ∗ (1 + )
cos(λ + δ ) × cos(λ − β )
Pour λ - φ = -28,01°, φ + δ = 29,5° , φ – β = 29,5°, λ +δ = 1,49° , λ – β = 1.49°.

cos ²(−28,01)
Ka = = 0,349
sin( 29,5) × sin( 29,5) 2
cos(λ + δ ) ∗ (1 + )
cos(1,49) × cos(1.49)

En utilisant la formule donnée par Coulomb, on obtient :

π ϕ
K a = tg 2 ( − ) = tg 2 (45 − 14,75) = tg 2 30,25 = 0,34
4 2
Tables de Caquot et Kerisel (G. Philliponnat 2002, p.280) :
Pour : β = 0, λ = 0, φ = 30° et δ/φ = 0 : on a : Ka = 0,33 et Kp = 3,00.

Calcul des murs de soutènement, Par : O. Sadaoui, CTC- Centre /Agence de Bejaia. 14/20
Les de Ka et Kp calculées suivant les différentes méthodes sont identiques dans le cas ou (β = 0, λ
π ϕ
= 0) correspondant au cas particulier de : K a = tg 2 ( − ).
4 2
0,30 q1 = 1 t/m2

γh = 2,03 t/m3
c = 0,10 bars
3,60

φ = 29,5°
Qh1 β =0
H = 5,60

λ = 1,49° ≠ 0
δ =0
Qah

P4
1,65

P1
0,35

0.70
P2
0,45
1,20 1,70 0.30

3,65

calcul de poussées :

a. poussées des terres :

Qah

1 1
Qah = .K a .γ h .H 2 = .0,34 × 2,03 × 5,60 2 = 10,83t
2 2
1 1
M r = .Qah × H = .10,83 × 5,60 = 20,22t.m
3 3
b. poussées de surcharge :

Ka 0,34
qs = .q1 = × 1 = 0,34t / m 2 => Qh1 = q s .H = 0,34.5,60 = 1,904 t.
cos(λ − β ) cos 0°
1 1
M r1 = .Q h1 .H = × 1,904 × 5,60 = 5,33t.m.
2 2
Résultante de la poussée (horizontale) à l’ ELS : QH = 10,83 + 1,904 = 12,73 t.
à l’ELU : QH = 15,58 t.

Moment de renversement total :


ELU : M ru = 1,35x20,22 + 1,50x5,33 = 35,29 t.m.

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ELS : Mrs = 20,22 + 5,33 = 25,55 t.m.

c. Forces stabilisatrices :

Les résultats des effets stabilisateurs sont résumés dans le tableau suivant :

N° Désignation de l’élément Pv en (t) Distance d/A (m) Moment Ms/A


en (t.m)
1 Rideau de soutènement 4,921 1,460 7,180
2 Semelle 3,193 1,825 5,828
3 Bêche arrière 0,262 3,50 0,918
4 Remblais arrière 21,315 2,65 56,48
5 Remblais avant 4,02 0,60 --
6 Surcharge d’exploitation 2,00 2,65 --

Total : 35,71 t 70,41 t.m

Soit un moment stabilisateur de : 70,41 t.m.

Point d’application de la résultante verticale au niveau de la semelle :

M s / A 70,41
d 0/ A = = = 1,97 m Soit une excentricité de : e0 = 1,97 – 3,65/2 = 0,145 m.
PTV 35,71
Moment sollicitant la semelle (MG) à l’ELS :
MG = 25,55 – 35,71x0,145 = 20,37 t.m.

M G 20,37
Excentricité de PTV par rapport à G : e = = = 0,57 m ⇒ e = 57cm.
PTV 35,71

Vérification de stabilité :

2.2.1. Poinçonnement de sol : à l’ELS


Les contraintes sollicitant le sol sous la semelle sont données par :
N ⎛ 6.e ⎞
σ 1, 2 = G .⎜1 ± 2
⎟ = 9,78.(1 ± 0,9369) ⇒ σ 1=18,84 t/m et σ 2 = 0,617 t/m .
2
B ⎝ B ⎠
3.σ 1 + σ 2 3 × 18,94 + 0,617
σ moy = = = 14,35t / m 2 . Soit : σ moy = 1,44 bars < 1,50 bars.
4 4
La contrainte admissible est vérifiée.

2.2.2. Stabilité au renversement : à l’ELU


Coefficient de sécurité Fs = Ms/Mru = 70,41/35,29 = 1,995 > 1,50
Stabilité au renversement du rideau est vérifiée

2.2.3. Stabilité au glissement de la semelle : à l’ELS


QH = 12,73 t.
On prenant en compte la cohésion du sol c = 1 t/m2
Ptv .tgψ + c.B = 35,71x0.38 + 1x3,65 = 17,22t / m 2 .

Calcul des murs de soutènement, Par : O. Sadaoui, CTC- Centre /Agence de Bejaia. 16/20
PTV .tgψ + C.B 17,22
= = 1,35 ≤ 1,50. La résistance au glissement de la semelle n’est pas vérifiée, on
QH 12,73
préconise une bêche arrière.

2.2.4. Stabilité générale :


L’ancrage du mur de soutènement devrait se faire dans la couche saine (après examen
de la fouille. Les remblais sujets au glissement doivent être dépassés par la semelle. Par
ailleurs, les pressions hydrostatiques dues à l’eau d’infiltration ont été négligées dans les
calculs de la poussée, pour les dissiper, un drainage arrière au mur est obligatoire et un
système de barbacanes devrait être installé sur toute la hauteur du rideau.

3. Calculs de stabilité : (séisme)


Zone sismique II.a groupe d’usage 2 : kh =0.15, kv = 0,3.kh = 0,045

cos 2 (ϕ − θ ) kh 0,15
K ad = θ = arctg = .
2
1 ± k v 1 ± 0.045
⎡ sin ϕ . sin (ϕ − β − θ ) ⎤
cos θ .⎢1 +
2

⎣ cos θ . cos β ⎦
θ 1 = θ + = arctg (0,143) = 8,16°.
θ 2 = θ − = arct (0,157) = 8,92°.
cos 2 (ϕ − θ 1 ) = cos 2 (21,34) = 0,867
cos 2 (ϕ −θ 2) = cos 2 (20,58) = 0,876.
cos 2 (θ 1 ) = cos 2 (8,16) = 0,979
cos 2 (θ 2 ) = cos 2 (8,92) = 0,975
sin ϕ = sin 29,5 = 0,492
sin(ϕ − β − θ 1 ) = sin( 21,34) = 0,364
sin(ϕ − β − θ 2 ) = sin( 20,58) = 0,351
cos β = cos 0 = 1
cos θ1 = cos 8.16 = 0,989.
cos θ 2 = cos 8.92 = 0,987

cos 2 (ϕ − θ 1 ) 0,867
K ad (θ 1 ) = = = 0,435
sin ϕ . sin (ϕ − β − θ 1 ) ⎤
2 2
⎡ ⎡ 0,492 x0,364 ⎤
cos 2 θ 1 .⎢1 + ⎥ 0,979.⎢1 + ⎥
⎢⎣ cos θ 1 . cos β ⎥⎦ ⎣ 0,989 x1 ⎦

cos 2 (ϕ − θ 2 ) 0,876
K ad (θ 2 ) = = = 0,445
sin ϕ . sin (ϕ − β −θ 2 ) ⎤
2 2
⎡ ⎡ 0,492 x0,351 ⎤
cos 2 θ 2 .⎢1 + ⎥ 0,975.⎢1 + ⎥
⎢⎣ cos θ 2 . cos β ⎥⎦ ⎣ 0,987 x1 ⎦

Poussée dynamique des terres :


1 1
Pad = .K ad (θ 1).(1 + k v ).γ h .H 2 = .0,435 x(1 + 0,045) x 2,03x5,6 2 = 14,47t
+

2 2

Calcul des murs de soutènement, Par : O. Sadaoui, CTC- Centre /Agence de Bejaia. 17/20
1 1
.K ad (θ 2 ).(1 − k v ).γ h .H 2 = .0,445 x(1 − 0,045) x 2,03 x5,60 2 = 13,52t
+
Pad =
2 2

Poussée dynamique de la surcharge :


+ H
Ppd = K ad (θ 1 ).(1 + k v ).q. = 0,435 x(1,045) x1x5,60 = 2,54t
cos β
Soit le moment de renversement dynamique :
+ + H H 5,60
M R = Pad . + Ppd . = 14,47 x + 2,54 x 2,80 = 47,63t.m
2 2 2
Coefficient de sécurité au renversement dynamique :

M s 70,41
Fs = = = 1,47 ≥ 1,30 ⇒ Stabilité au renversement du mur est vérifiée.
M R 47,63

Stabilité au glissement de la semelle :


PTV .tgψ + C.B 17,22
Q H = 14,47 + 2,54 = 17,01t ⇒ Fs = = = 1,01 ≤ 1,50 ⇒ Préconiser une bêche.
QH 17,01

Contraintes dynamiques au sol :


e0 = 0,145 m, PTV = NG = 35,71 t
Moment sollicitant la semelle (MG) : MG = MR – NG.e0 = 47,63 – 35,71 x 0,145 = 42,45 t.m.
M
NG = 35,71 t e = G = 1,19m. > B/4, Donc la condition de l’article 10.1. 5 du RPA
NG
non respectée, il y’ lieu d’augmenter la largeur de la semelle (B) pour satisfaire l’exigence en
terme d’excentricité.

MG = 42,45 t.m

NG 6.e 35,71 6.1,19


σ 1, 2 = .(1 ± )= .(1 ± ) = 9,78.(1 ± 1,95) ⇒ σ 1 = 28,91 t/m2
B B 3,65 3,65
σ 2 = -9,29 t/m2 (traction)

3.σ 1 + σ 2 3.σ 1
σ moy= = = 21,68t / m 2 = 2,17 bars < σsu = 1,5.σs = 2,25 bars (poinçonnement vérifié
4 4
avec un soulèvement de la semelle arrière).

4. Ferraillage du mur :

fc28 = 250 bars, Fe E400


4.1. Rideau :
1 K
a. Elu : Mu (2,62m)= 1,35 x .K a .γ h .H 3 + 1,5 x a .q1 .H 2 = 4,54t.m.
6 2

Pour b=100 cm, h = 37,5cm et d1 = d2 = 3,5 cm, on obtient : Au = 3,90 cm2.


1 0.34
Base du voile : Mu (5,25m) = 1,35 x .0,34.2,03.5,25 3 + 1,5 x .1.5,25 2 = 29,50t.m.
6 2
Pour b=100 cm, h = 45cm : Au = 21,80 cm2 (T20 e= 15 cm).

Calcul des murs de soutènement, Par : O. Sadaoui, CTC- Centre /Agence de Bejaia. 18/20
b. Ferraillage sous actions dynamiques :
+ H H 5,25
M R (5,25) = Pad . + Ppd . = 14,47 x + 2,54 x 2,62 = 44,64 t.m.
2 2 2
Pour b = 100 cm, h = 45cm et σa = fe : Au = 29,10 cm2 (T20 e = 10 cm).

Donc le ferraillage donné par le calcul dynamique est prépondérant.

4.2. Semelle :

a. ELU : moment agissant au CDG de la semelle :

M G u = M ru − 1.35.PV xe0 = 35,29 − 1,35.35,71.0,145 = 28,30 t.m.


M 28,30
Excentricité : eu = Gu = = 0,587 m.
N Gu 1,35.35,71
N 6.e 1,35 x35,71 6 x0,587
σ 1, 2 = Gu .(1 ± u ) = .(1 ± ) = 13,20.(1 ± 0,965) ⇒ σ 1 = 25,93 t/m2
B B 3,65 3,65
σ 2 = 0,46 t/m2
MGU

NGU

semelle G

14,45 Remblais +voile

1,178 Semelle

0,46
25,93
1,20 0,275
15,17

1,92
24,75 16,37

Etat de contraintes de la semelle

Après superposition des sollicitations, on obtient les efforts au niveau de la semelle.

1,20 2 1 1,20
Semelle avant : M U max = 16,37 x + .(24,75 − 16,37) x1,20 x = 13,79t.m
2 2 3
Pour b = 100 cm, h = 35cm : Au = 13,30 cm2, soit T14 e = 10 cm comme nappe inférieure et
T10 e = 15 cm aciers de répartition.
Semelle arrière : M

Calcul des murs de soutènement, Par : O. Sadaoui, CTC- Centre /Agence de Bejaia. 19/20
1 1
M u max = .q u .l 2 = .15,17.2,45 2 = 15,18t.m Soit Au = 14,70 cm2 (T14 e = 10 cm),
6 6
répartition T10 e = 15 cm.

De la même manière on calcule le ferraillage avec les efforts dynamiques.

Références bibliographiques :

[1] : Gérard Philipponnat et Bertrand Hubert (2002) : fondations et


ouvrages en terres. Edition Eyrolles.

[2] : Réunion des ingénieurs (1974) mécanique des sols (PP.96 -119)

[3] : Louis logeais : la pathologie des murs de soutènement éditions du moniteur

[4] : G. FILLIAT : La pratique des sols et fondations (poussées et


Butées et murs de soutènement). Editions le Moniteur.

[5] : Marcel et André Reimbert (ingénieurs conseils) mécanique des sols


appliquée (ouvrages de soutènement) 1982 : Edition Eyrolles (mise à jour).

[6] : Géotechnique et fondations, aide mémoire du Gecotec 2000.

[7] : P. CHARON : Calcul des ouvrages en béton armé (règles BAEL 83)
troisième édition Eyrolles.

[8] : Note de cours et de recherche pathologique sur les murs de


soutènement (personnelle).

Calcul des murs de soutènement, Par : O. Sadaoui, CTC- Centre /Agence de Bejaia. 20/20

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