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Déclaration des organisations syndicales des

travailleurs du Bénin sur la situation d’impasse


politique
La situation politique actuelle est assez préoccupante. L’impasse
semble s’épaissir et les travailleurs ont de plus en plus le sentiment que
les acteurs politiques n’ont pas pris encore la mesure de l’enjeu afin
d’œuvrer véritablement pour le dégel et sortir de la crise pré-électorale
dans laquelle se trouve notre pays.

L’espace politique est devenu presque exclusivement l’arène des


petites phrases et des déclarations sans impact réel sur le blocage actuel
sinon juste occuper les réseaux sociaux et en ajouter à la sinistrose. Tout
se passe comme si tout cela se résumait juste à un concours d’occupation
du net, à une empoignade communicationnelle sans aucun égard pour
les citoyens stressés.

La crise de confiance semble profonde entre les différentes


chapelles politiques et il est à craindre que tout cela ne conduise à
l’effondrement de notre expérience démocratique. Depuis une dizaine de
jours, les regards sont tournés vers l’Assemblée Nationale où les députés
ne semblent pas se soucier de la tenue à bonne date des élections à venir.

Les organisations syndicales des travailleurs du Bénin, signataires


de la présente déclaration expriment leurs préoccupations face à
l’indigence du débat politique actuel et face à la désinvolture des acteurs
politiques dans la gestion du blocage qui se présente.

Elles rappellent à tous les protagonistes, les sacrifices consentis


par les travailleurs et le peuple pour l’avènement du renouveau
démocratique. Le combat pour la démocratie et l’état de droit a toujours
été celui des travailleurs en priorité.

Elles réaffirment leur légitimité à mettre en garde la classe politique


contre les pratiques qui mettent en péril la paix sociale et la quiétude
nécessaires à l’épanouissement du citoyen.
Les organisations syndicales des travailleurs rappellent aux acteurs
politiques que l’état de droit et la démocratie sont entretenus et
consolidés par le respect des textes en vigueur dans un pays.

Elles précisent également qu’en 1990, le consensus est l’ingrédient


qui a permis le succès de la conférence nationale et conduit notre nation
sur la voie de la démocratie et de l’état de droit.

Elles appellent les membres de l’Assemblée nationale à cesser les


calculs individuels pour trouver le consensus vertueux et bénéfique pour
le peuple.

Elles demandent à chacun des acteurs (gouvernement, majorité


présidentielle, opposition, membres de la CENA, parlement, cour
constitutionnelle, etc) de jouer leur partition dans le respect des
aspirations du peuple à la paix et au développement.
Elles dénoncent par ailleurs, la légèreté avec laquelle des lois sont
remises en cause pour le confort de ceux qui n’ont pas hésité à mettre les
travailleurs en situation difficile avec une législature qui n’a pas été gênée
par la prise de lois scélérates comme celle sur les conditions d’embauche,
celle portant statut général de la fonction publique et celle sur l’exercice
du droit de grève.
Elles expriment leur perplexité face à la facile unanimité des
acteurs politiques pour remettre en cause des lois qu’ils ont votées
et promulguées et qu’ils sont incapables de s’appliquer eux-mêmes.
Si aujourd’hui, la charte des partis et le code électoral
peuvent être remis en cause sans état d’âme parce qu’ils sont des
textes destinés à "des citoyens au-dessus de leurs mandants", quel
est alors le sens de leur statut de représentants du peuple !!!!! Cela
montre la légèreté avec laquelle, les lois sont votées sans une étude
approfondie des implications et conséquences sur la vie de la
population. A quand donc la relecture des lois sur l’embauche, sur
le statut général de la fonction publique et sur celle portant
exercice du droit de grève ?
La politique doit servir aussi à l’éducation à la citoyenneté
des populations. Et les travailleurs exigent de nos représentants
politiques qu’ils éduquent par l’exemple, le bon exemple, en
respectant les lois qu’ils votent.
Les organisations syndicales signataires de cette déclaration
exigent de tous les acteurs politiques béninois les comportements
responsables pour :

• L’organisation des élections consensuelles et inclusives, à


bonne date et sans prorogation de mandat de la législature en
cours ;
• La préservation de la paix sociale, de l’unité et de la cohésion
nationale pour l’épanouissement des citoyens ;
• L’égalité des citoyens devant l’application des lois en vigueur.

En tout état de cause, les organisations syndicales de travailleurs


ne permettront à aucun acteur politique de mettre en péril les acquis
démocratiques.

Fait à Cotonou, le 28 Mars 2019

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