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2. R.-H. COASE, La firme, le marché et le droit, Paris, Diderot éditeur, 1988 ; Le coût
du droit, Paris, PUF, 2000.
3. D’abord P. ARMINJON, Droit international privé du commerce international, Paris,
Dalloz, 1948, puis Y. LOUSSOUARN, J.-D. BREDIN, Droit du commerce international,
Paris, Sirey, 1969, dans une optique privatiste ; B. GOLDMAN, Droit du commerce inter-
national, Paris, Les cours du droit, 1970, dans une perspective pluraliste.
4. R. SZRAMKIEWICZ, Histoire du droit des affaires, Paris, Montchrestien, 1990 ;
J. BART, « La lex mercatoria au Moyen Âge : Mythe ou réalité ? » in Mélanges Kahn,
2000, p. 9 ; A. GOURON, « Commerce et diffusion du droit romain », Études
H. Cabrillac, 1968, p. 205.
Introduction générale 17
A Le construit
10. Par droit construit, nous visons les normes élaborées dans l’en-
ceinte d’une institution et revêtues, le plus souvent, de la force obliga-
toire qui est leur est conférée par l’auteur de la norme.
11. Le droit étatique (lois11 et règlements tels qu’interprétés par la
jurisprudence nationale) constitue bien sûr la première source du droit
construit. Son application relève de la méthode du conflit de lois pour
l’essentiel des règles de droit privé, ou de la méthode unilatérale qui
consiste à rechercher la volonté d’application d’un texte dans l’espace.
Il faut ensuite distinguer les règles ordinaires de droit interne (par exem-
ple le droit des contrats), les règles matérielles de droit du commerce
international voulues par le législateur ou dégagées par le juge12, et les
lois de police qui entendent régir la situation internationale en raison de
son lien territorial ou personnel avec la Nation.
12. Au droit étatique, il faut lier le droit interétatique adopté par la
communauté des États. Figurent au premier rang les Conventions inter-
nationales, d’abord négociées et signées par les États, puis ratifiées. Elles
viennent alors s’insérer dans la pyramide de la hiérarchie des normes, le
plus souvent à son sommet, en tout cas au-dessus de la loi13. En l’ab-
sence de mécanisme donnant une compétence interprétative à une juri-
diction internationale, il appartient aux juridictions nationales de l’inter-
préter dans l’exercice de leur fonction juridictionnelle. Il n’est pas
nécessaire que les juridictions françaises sollicitent l’interprétation gou-
vernementale. Si elles la sollicitaient, elles ne seraient de toute façon pas
liées par cette interprétation gouvernementale14. La jurisprudence, tant du
Conseil d’État que de la Cour de cassation, est en ce sens. Ainsi, la Cour
de cassation décide qu’« il est de l’office du juge d’interpréter les traités
internationaux (...) sans qu’il soit nécessaire de solliciter l’avis d’une
11. Il faut toutefois noter que la loi, présentée comme la source du droit par excellence,
formule de moins en moins de règles de droit. Le législateur contemporain, qui cède vite
à l’actualité en élaborant une « législation d’émotion », y développe parfois des déclara-
tions de principe dépourvues de juridicité. A. d’ORS, Une introduction à l’étude du droit,
Présentation, traduction et notes par A. SÉRIAUX, 2e éd., PUAM, 2001, § 34, p. 67, « Le
droit peut apparaître sous forme de loi, mais la loi n’est pas toujours du droit ».
12. B. OPPETIT, « L’ascension des principes généraux : l’exemple du droit international
privé », Arch. Phil. Dr., t. 32, Sirey, 1987, p. 179.
13. En France, décidant que la suprématie conférée aux engagements internationaux sur
les lois par l’article 55 de la Constitution ne s’applique pas dans l’ordre interne aux dis-
positions de nature constitutionnelle, CE, 30 oct. 1998, Sarran, D. 2000, p. 152 ;
Cass. Ass. plén., 2 juin 2000, Bull., no 4, RTD civ. 2000, obs. R. LIBCHABER.
14. CE, 21 déc. 1994, Sara Garriga, Rev. crit. DIP 1995, p. 292, note P. LAGARDE.
Introduction générale 19
15. Cass. 1re civ., 19 déc. 1995, BAD c. BCCI, Rev. crit. DIP 1996, p. 468, note
B. OPPETIT.
16. Règlement CEE no 2340/90 du Conseil empêchant les échanges de la Communauté
concernant l’Iraq et le Koweït, suite à la résolution 660 (190) du 6 août 1990 des Nations
Unies.
17. Le droit OHADA est composé de neuf actes uniformes portant sur le droit commer-
cial général, le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique et
le droit des sûretés (entrés en vigueur le 1er janv. 1998), sur les procédures simplifiées de
recouvrement et des voies d’exécution (entré en vigueur le 10 juill. 1998), sur l’organi-
sation des procédures collectives d’apurement du passif (entré en vigueur le 1er janv.
1999), sur le droit de l’arbitrage (entré en vigueur le 11 juin 1999), sur l’organisation et
harmonisation de la comptabilité des entreprises (entré en vigueur le 1er janv. 2001), sur
les comptes personnels des entreprises et les comptes consolidés et comptes combinés,
sur les contrats de transport de marchandises par route (entré en vigueur le 1er janv.
2004), les sociétés coopératives (signé à Lomé en 2010) ; [en ligne], <www.ohada.
com>. En général, voir B. MARTOR, N. PILKINGTON, D. SELLERS, S. THOUVENOT,
Le droit uniforme africain des affaires issu de l’OHADA, Paris, Litec, 2e éd., 2009.
20 Droit du commerce international
B Le donné
15. Le droit construit ne jouit pas du monopole de la normativité
comme une approche légaliste pourrait le laisser penser. Il existe, depuis
la nuit des temps, un corps de pratiques, usages et règles émanant des
commerçants. Les pratiques et usages connaissent une cristallisation
plus ou moins avancée leur conférant ou non la force obligatoire d’une
règle. Parfois, la loi elle-même y renvoie les parties et le juge (art. 1135
du Code civil français, art. 188 et 189 du Code suisse des obligations).
La formule de droit spontané19 désigne ce corpus hétérogène.
16. Les modèles de contrats, formules types et contrats types consti-
tuent une première forme de cristallisation des pratiques contractuelles20
sur un marché. Elles se généralisent par imitation ou grâce à l’œuvre
d’organisations sectorielles comme la BIMCO pour les documents de
transport maritime. Stéréotypées, elles contiennent très souvent des clau-
ses standards identiques ou voisines désignées sous un nom connu :
Paramount Clause, Himalaya Clause, Hardship Clause, etc. Sans nier
l’impact de ces clauses, la doctrine fait en général preuve de prudence
avant de considérer que leur répétition leur confère un effet normatif pro-
pre. Elles ne vaudraient que dans la limite de l’autonomie de la volonté21
27. E. LOQUIN, « Les règles matérielles internationales », Rec. cours La Haye, t. 322,
spéc. p. 106 (2006)
28. CJUE, 9 juin 2011, aff. no C-87/10, Electrosteel Europe SA c. Edil Centro Spa,
D. 2011, p. 1694.
29. Ph. FOUCHARD, « L’État face aux usages du commerce international », Trav. Com.
fr. DIP 1977, p. 71 ; in Écrits, droit de l’arbitrage, droit du commerce international,
CFA, 2007, p. 531 s.
30. E. GAILLARD, « La distinction des principes généraux du droit et des usages du
commerce international », Études P. Bellet, Litec, 1991, p. 203.
31. B. GOLDMAN, « Frontières du droit et lex mercatoria », Arch. Phil. droit, 1963,
p. 320.
32. C.-M. SCHMITTHOFF, The sources of the Law of International Trade, International
Association of Legal Science, London, Stevens and Sons, 1964 consécutif à un colloque
organisé au King’s College de Londres.
Introduction générale 23
C Éléments de méthode
21. L’originalité des opérations du commerce international tient à
leur rattachement potentiel à plusieurs ordres juridiques : États avec les-
quels l’opération entretient des liens juridiques et économiques, mais
aussi « le tiers ordre »36 du droit international et de la lex mercatoria.
Et il serait vain de chercher une Grundlegung, c’est-à-dire un ordre
33. Lord Justice MUSTILL, « The New Lex Mercatoria : the first twenty five years »,
1988 Arb. Int. 86 s. : 1o pacta sunt servanda, 2o rebus sic stantibus, 3o théorie de l’abus
de droit, 4o culpa in contrahendo, 5o bonne foi dans l’exécution du contrat, 6o nullité des
contrats de corruption, 7o obligation pour l’État d’honorer son engagement de se soumet-
tre à l’arbitrage, 8o Extension de la clause compromissoire dans les groupes de société,
9o obligation de négocier de bonne foi en cas de hardship, 10o validité de la Gold Clause,
11o résolution unilatérale du contrat en cas de contravention essentielle de l’autre partie,
12o impossibilité de se prévaloir d’une inexécution à laquelle on a soi-même concouru
13o qualification souveraine du contrat par les tribunaux, 14o réparation limitée aux dom-
mages prévisibles, 15o obligation pour le créancier de mitiger ses pertes,
16o calcul des dommages pour défaut de livraison par référence au prix du marché et au
prix de remplacement, 17o obligation de défendre promptement ses droits sous peine de
renonciation, 18o, 19o interprétation des contrats selon le principe ut res magis valeat
quam pereat, 20o le défaut de réponse d’une partie vaut consentement.
34. P. LAGARDE, « Approche critique de la lex mercatoria », in Études Goldman, op.
cit., p. 125 s. ; Ch. PAMBOUKIS, « La lex mercatoria reconsidérée », in Études Lagarde,
Paris, Dalloz, 2006, p. 635.
35. F. OST, M. VAN DE KERCHOVE, De la pyramide au réseau, pour une théorie dia-
lectique du droit, Publications des Facultés universitaires Saint Louis, Bruxelles, 2002,
p. 197 s.
36. M. VIRALLY, « Un tiers droit ? Réflexions théoriques », in Études Goldman, Paris,
Litec, 1987, p. 374 s.
24 Droit du commerce international
37. P. MAYER, « Le mythe de l’ordre juridique de base », in Études Goldman, op. cit.,
p. 199 s.
38. B. AUDIT, La fraude à la loi en droit international privé, Paris, LGDJ, 1974 (Préf.
Y. Loussouarn).
39. A. MIRANDES, La compétence interétatique et internationale des tribunaux en droit
des États-Unis, Paris, Economica, 2002, thèse Paris II (Préf. B. Audit).
Introduction générale 25
42. Ph. FOUCHARD, L’arbitrage commercial international, thèse Dijon, 1965, p. 423 s.
43. Le Règlement CCI invite ainsi le juge à appliquer les règles de droit et à tenir
compte des usages.
44. E. GAILLARD, « Transnational Law : A Legal System or a Method of Decision
Making », 17, Arb. Int., 59.
45. Sentence CCI no 2321 (1974), JDI 1975, obs. Y. DERAINS.
46. Civ. 22 oct. 1991, JDI 1992, p. 177, note B. GOLDMAN, à propos de la sentence
CCI no 5953 (1988), Rev. arb. 1990, p. 702.
47. M. VILLEY, in « Geny et le droit naturel », op. cit., p. 55.
Introduction générale 27
52. Ch. LEBEN, « La théorie du contrat d’État et l’évolution du droit international des
investissements », Rec. Cours La Haye, 2003, T. 302.
53. Ph. FOUCHARD, « L’État face aux usages du commerce international », op. cit.,
p. 543 s.
54. Cass. civ., 19 févr. 1930, Mardelé, S. 1931, I, p. 1 note J.-P. NIBOYET ; Cass. civ.,
27 févr. 1931, Dambricourt, S. 1933, I, p. 1 note J.-P. NIBOYET.
55. J.-M. JACQUET, Principe d’autonomie et contrats internationaux, Paris, Econo-
mica, 1984.
56. V. HEUZÉ, « La notion de contrat en droit international privé », Trav. Com. fr.
DIP 1995-1998, p. 319 s.
Introduction générale 29
la Croix Rouge...) ont acquis par ailleurs une expertise exceptionnelle qui en
fait des groupes de pression très écoutés à l’occasion des conférences interna-
tionales »60.
Ce pouvoir s’exerce au travers d’actions diverses dont il faut mainte-
nant donner un aperçu.
34. Les actions militantes constituent un premier moyen de pression
capable de perturber sérieusement des négociations entre États ; l’échec
de l’Accord Multilatéral sur les Investissements l’illustre bien. Mais elles
peuvent aussi perturber les activités d’une société donnée qui ne respec-
terait pas certaines valeurs et refuserait tout dialogue avec l’ONG Ces
actions, parfois illicites, font l’objet de poursuites pénales ou d’actions
en responsabilité civile. Il suffit de citer l’arrachage de plans de maïs
transgéniques61, l’appel au boycott62 ou les campagnes de presse paro-
diant la marque de la société cible. Aux yeux de l’opinion toutefois, les
poursuites judiciaires exercées contre les auteurs de ces actions renfor-
cent parfois leur légitimité, au nom d’une prétendue désobéissance
civique63. Au contraire, l’excès et les débordements de l’action militante
finissent par réduire sa légitimité.
35. Les actions judiciaires64 introduites par les associations consti-
tuent un second moyen de pression. D’abord, les droits nationaux recon-
naissent souvent une action d’intérêt collectif permettant aux associa-
tions de demander non seulement la réparation des dommages
individuels causés à leurs membres, mais aussi la réparation de l’atteinte
à l’intérêt collectif qu’elles ont pour objet de défendre, serait-ce par la
voie de la réparation du préjudice moral65. Ces dispositions de droit pro-
cessuel relatives à l’intérêt pour agir ont donc instauré un véritable rap-
port de force au profit du tissu associatif. En droit de l’environnement
60. F. OST, M. VAN DE KERCHOVE, De la pyramide au réseau, Pour une théorie dia-
lectique du droit, Bruxelles, Publications des Facultés universitaires Saint Louis, 2002,
spéc. p. 176 s.
61. Refusant l’excuse de l’état de nécessité, Cass. crim., 7 févr. 2007, no 06-80108,
D. 2007, p. 574, obs. A. DARSONVILLE ; Cass. crim., 19 nov. 2002, no 02-80788, inédit,
D. 2003, p. 1315, note D. MAYER.
62. Cass. 2e civ., 29 nov. 2001, no 98-20529, Bull. no 176, dans le cadre d’une campagne
contre les mines anti-personnel ; CA Paris, 30 avr. 2003, [en ligne], www.legalis.net,
dans le cadre d’une campagne contre la politique sociale d’un groupe de sociétés.
63. Le théoricien en est l’américain H. D. THOREAU, Civil Disobedience, 1849. Face à
une loi injuste, l’alternative serait celle de l’exil, dernier ressort de la liberté individuelle
dans le monde antique, ou de la désobéissance civique dans le monde moderne.
64. C. KESSEDJIAN, « Les actions civiles pour violation des droits de l’Homme. Aspect
de droit international privé », Trav. Com. fr. DIP 2002-2004, p. 151.
65. G. VINEY, « L’action d’intérêt collectif et le droit de l’environnement », in Les res-
ponsabilités environnementales dans l’espace européen, Point de vue Franco-Belge,
Bruylant, LGDJ, 2006, p. 217 s.
Introduction générale 31
66. Sentence Métaclad c. Mexique, 30 août 2002, JDI 2002, p. 233, obs. E. GAILLARD ;
en général, G. A. ALVAREZ, W. PARK, « The New face of Investment arbitration :
NAFTA Chapter 11 », Yale Journal of International Law, [2003], vol. 28, no 2, p. 366.
67. B. STERN, « L’entrée de la société civile dans l’arbitrage entre un État et un inves-
tisseur privé », Rev. arb. 2002, p. 329.
32 Droit du commerce international
68. F. VON HAYEK, Droit, législation et liberté, trad. R. Audoin, Paris, PUF, 2e éd.,
t. 3, 1989, p. 198.
69. B. OPPETIT, Philosophie du droit, Paris, Dalloz, 1999, § 93 s.
70. Ph. FOUCHARD, « Droit et morale dans les relations économiques internationales »,
Rev. des sciences morales et politiques, 1997, p. 33.
71. B. OPPETIT, Philosophie du droit, Paris, Dalloz, 1999, § no 111.
72. G. RIPERT, La morale dans les obligations civiles, Paris, 1949, § no 13.
73. C. BARCIA TRELLES, « Francisco de Victoria », Rec. Cours La Haye, t. XVII,
1927, t. 2.
Introduction générale 33
no 1888 ; J.-M. CHEVALIER, « Les fonds souverains pétroliers », JCP E, 2010, étude
no 1887.