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Russie. Tortures. XXIe siècle.

Peut-on redéfinir le mot torture afin de pouvoir la pratiquer ? Bien sûr, et c’est même
digne d’une démocratie, à condition de redéfinir aussi le mot démocratie.

Hervé Le Tellier

Ayant une longue histoire, les tortures ont été traitées diversement dans des époques différentes.
Dans l’antiquité elles ont été très largement utilisées en tant que les châtiments et pendant les
interrogatoires comme un moyen d’obtenir les aveux prétendus véridiques. Mais un vrai âge d’or pour
les tortures est venu avec l’époque du Moyen Age et la procédure inquisitoire. Puis, avec le
développement de la société et de sa culture, les Etats ont commencé à interdire l’utilisation des
tortures : en France elles ont été abolies par ordonnance de Louis XVI en 1780, en Russie par décret
d’Alexandre Ier en 1801. Ensuite, l’evolution des notions des droits de l’homme et de la démocratie a
rendu inacceptable le traitement dégradant et apportant les souffrances à des personnes humaines.
De plus, un tel comportement est devenu une crime. Grâce à l’apparition de droit international et les
organisations internationales, les tortures et le traitement dégradant ont été abrogés aussi à ce
niveau-là. Les Etats où les tortures continuaient à être utilisées ont été et sont traités comme des
Etats ayant le régime totalitaire ou dictatorial. En XXI siècle la question de l’utilisation des tortures est
remise en cause par rapport aux crimes liées au terrorisme.
En Russie l’existence des droits de l’homme au sens libéré des dogmes idéologiques et sa
1
protection ne comptent que 17 ans , donc notre Etat peut être considéré comme construsant à
grands pas la démocratie et l’Etat de droit pas seulement de jure, mais aussi de facto. Alors qu’on se
considère, selon la Constitution, comme l’Etat démocratique où « l'homme, ses droits et libertés,
2 ère
constituent la valeur suprême » , la Russie occupe toujours la 1 place selon la quantité de recours
devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme en dépit de l’ignorance d’une telle possibilité par
3
la plupart des gens . Cela veut dire que les juridictions internes ne donnent pas la protection
convenable aux droits de l’homme. De plus, la Russie se trouve à l’avant-garde des Etats inculpés de
l’inexécution des décisions de ladite Cour. Donc, on peut constater de ce fait que l’état ne garantie
pas suffisamment la protection des droits de l’homme.
Le mot « torture » vient du latin tortura qui signifie « souffrance ». La Convention contre la torture et
autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, prise au sein de l’Organisation des
er
Nations Unies le 10 décémbre 1984, dans son 1 article donne la notion juridique de la torture selon
laquelle « le terme "torture" désigne tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës,
physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment
d'obtenir d'elle ou d'une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d'un acte
qu'elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonnée d'avoir commis, de l'intimider ou de faire
pression sur elle ou d'intimider ou de faire pression sur une tierce personne, ou pour tout autre motif
fondé sur une forme de discrimination quelle qu'elle soit, lorsqu'une telle douleur ou de telles
souffrances sont infligées par un agent de la fonction publique ou toute autre personne agissant à
titre officiel ou à son instigation ou avec son consentement exprès ou tacite ». De plus, il est ajouté
que « ce terme ne s'étend pas à la douleur ou aux souffrances résultant uniquement de sanctions
légitimes, inhérentes à ces sanctions ou occasionnées par elles ».
Pour nous il s’avère pértinent de se pencher sur les actes pouvant être traités comme les tortures
ou les peines ou traitements inhumaines ou dégradants dans le cadre de la procédure pénale et
surtout de la privation de liberté avant l’annonce de la sentence, quelles que soient sa forme et ses
conditions. Après avoir s’orienté dans la réglementation juridique de l’intérdiction des tortures (I), on
va analyser la mise en fonctionnement de ces normes (II).

I. Réglementation juridique de l’interdiction des tortures.

Il existe une vaste base légale protégeant les hommes contre les tortures et le traitement inhumain.
Tout d’abord, il faut en définir les sources internationales (A) pour aborder la législation interne (B).

A. Règlementation juridique de l’interdiction des tortures : niveau international.

1
A partir de l’Adoption de la Constitution de la Fédération de Russie du 12 décembre 1993.
2
Art. 2 de la Constitution.
3
Selon le juge russe à la CEDH, Anatoliy Kovler, les recours contre la Russie constituent 28% de la quantité totale //
http://www.infox.ru/authority/mans/2009/12/18/yespch_ryeformiruyet.phtml.
Dès l’adoption des premiers actes internationaux en matière des droits de l’homme, l’interdiction
des tortures y avait toujours une place réservée en tant que l’un des droits les plus significatifs et
importants pour chacun entre nous.
En 1948 au sein de l’Organisation des Nations Unies a été adoptée la Déclaration universelle des
droits de l’homme dont l’article 5 procleme que « Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants ». En 1949 dans les conventions de Genève, étant des
actes fondamentaux en droit inernational humanitare, l’article 3, son article commune, institue
l’interdiction des « mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices » envers les personnes
envisagées dans la même article. La Convention de sauvegarde des Droits de l'Homme et des
Libertés fondamentales, ouvert à la signature en 1950 et entrée en vigueur en 1953, est un acte
principale en la matière du Conseil de l’Europe dont la Russie fait partie à partir de 1996. Par surcroît,
cette Convention représente la base légale pour la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Son
article 3 impose que « Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains
ou dégrandants ». Cette article constitue « le noyau dur » de la CEDH, c’est-à’dire, les dispositions y
prevues ne peuvent aucunement être restreint, elles constituent un droit absolu, intangible, applicable
4
« à toute personne, en tous temps et en tous lieux » .
Les années quatre-vingts ont été marquées par l’adoption des Conventions spéciales interdisant
les tortures prises aux niveaux mondial et européen. La Convention contre la torture et autres peines
5
ou traitements cruels, inhumains ou dégradants de l’ONU, prise le 10 décembre 1984 , donne la
notion juridique de la torture, l’obligation de l’Etat partie de traiter tout acte de torture comme une
infraction du point de vue du droit pénal, d’accorder les réparations à toutes victime d’un acte de
torture, et établie un Comité contre la torture. En 1987 le Conseil d’Europe, en développant les
dispositions de l’article 3 de la CEDH, a adopté la Convention européenne pour la prévention de la
torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, qui presentait l’instituation du Comité
européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants afin
de renforcer la protection des personnes humaines en utilisant le moyen non-judiciaire ayant le
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caractère préventif .
Tous ces actes se reflètent dans la législation nationale russe.

B. Règlementation juridique de l’interdiction des tortures : niveau national.

Selon l’hiérarchie des normes, il est opportun d’examiner d’abord les dispositions de la Constitution
de la Fédération de Russie votée le 12 décembre 1993. En premier lieu, il faut décrire l’application
des normes internationales en Russie et son rapport avec la législation interne. Selon l’alinéa 4 de
l’article 15, « Les principes et normes universellement reconnus du droit international et les traités
internationaux de la Fédération de Russie sont partie intégrante de son système juridique. Si d'autres
régies que celles prévues par la loi sont établies par un traité international de la Fédération de
Russie, les régies du traité international prévalent». Ainsi, la Constitution se base sur le principe de
primauté des actes inernationaux sous la condition qu’ils sont ratifiés par la Russie. En second lieu, il
est pertinent d’analyser l’article 21 de la Constitution selon l’alinéa 2 de laquelle « Nul ne doit être
soumis à la torture, à la violence, à d'autres traitements ou peines brutales ou dégradant la dignité
humaine ».
Ces dispositions constitutionnelles se développent dans des plusieurs lois : le code pénal, la code
de la procédure penale, la loi sur la Milice, la loi sur l’activité de la police judiciaire.
Le code pénal de la Fédération de Russie du 24 mai 1996 prévoit la responsabilité pour l’abus de
pouvoir des autorités (article 285), l’exces de pouvoir (article 286), la contrainte afin d’obtenir les
aveux (article 302), mais la quantité des gens accusés sous ces articles est misérable par rapport à
la quantité des plaintes au parquet et autres organes compétents, quoique les deux premières d’entre
eux entrent dans le bloc des normes dit garantissant la lutte contre la corruption qui est elle-même (la
lutte) l’un des objectifs principaux évoqués par D. Medvedev pendant sa campagne électorale.
Le code de la procédure pénale de la Fédération de Russie du 18 décembre 2001 nomme dans
son article 9 parmi les autres principes de la procédure pénale ce du respect de la dignité de la
personne humaine, selon lequel nul ne peut être soumis à la violence, aux tortures ou à un autre
traitement inhumain.
Les lois sur la milice et l’activité de la police judiciaire contiennent aussi les dispositions selon
lesquelles les autorités soumises sous ces lois sont obligées de respecter les droits de l’homme et
qu’ils ne peuvent pas recourir à l’utilisation des tortures, la violence et autre traitement cruel et
humiliant la dignité de personne humaine.

4
L.-E. Pettiti, E. Decaux, P.-H. Imbert. La Convention européenne des droits de l’homme. Commentaire article par article. P.
155
5
Elle a obtenu la force de loi le 26 juin 1987, après que le 20 e Etat l’avait ratifié. Dès là cette date est considérée comme la
journée internationale contre la torture
6
Pour la Russie elle est entrée en vigueur le 1 septembre 1998.
Alors, d’ici on peut constater que la législation russe en la matière peut être considérée comme
conforme aux normes intérnationales. Mais, malheureusement, la réalité russe ne répond pas aux
critères proposés par le droit et les cas d’utilisation des tortures ou autres traitements dégradants
sont souvent présents.

II. L’application des normes en la matière et les violations.

Malgré tous les efforts de notre législateur de transformer la Russie en Etat de droit, elle ne la reste
que sur le papier, alors de jure, tandis que de facto la réalisation de ce qui est écrit nous laisse à
e
désirer: l’Etat-défendeur numéro un devant la CEDH, la 140 place selon le niveau de la liberté des
médias d’après l’organisation « Repoters sans frontiers ». Il nous paraît opportun d’examiner
l’application d’interdiction des tortures sous le prisme des décisions de la CEDH car les sources
russes, surtout la jurisprudence, ne sont pas assez nombreuses et cohérentes à cause de présence
forte du facteur bureaucratique et de la ‘fraternité’ dans les organes judiciaires. Selon les statistiques
fournies par le centre analitique « Levada-center », les agents des ambulances ont approuvé que
dans la plupart des cas (plus que 50% des personnes interrogées) les victimes des tortures
effectuées par les agents de milice et autres autorités ont peur que ces faits soient divulgués et les
3/5 des personnes interrogées aimeraient s’adresser à une organisation non-gouvernelmentale
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défendant les droits de l’homme s’ils la connassaient .
On peut examiner 2 champs principaux où l’interdiction des tortures et du traitement inhumain est
négligée le plus souvent : d’une part, c’est le comportement des autorités qui est traité en tant que
torture (A) ; d’un autre part, ce sont les conditions dans lesquelles s’opère la privation de liberté qui
dérogent eux-mêmes à ce droit (B).

A. La violation de l’interdiction des tortures par les autorités policières.

Tout d’abord, il faut définir, quelles autorités nous intéressent : ce sont toutes les autorités dotées
du pouvoir d’arrêter les gens de les interroger, de les placer sous la garde à vue, de mener
l’instruction préalable. Comme on l’a déjà cité, la législation russe, aussi bien que les normes de droit
international, prohibent tous agissements pouvant être tratés comme les tortures ou des mauvais
traitements. L’utilisation de la force physique et des armes par les autorités est strictement limité :
cela est possible afin de prévenir la commission d’une crime ou d’un délit administratif, d’arrêter les
8
crminels si les moyens non-violants ne permettent pas d’atteindre ces buts ou dans le cas de la
défénce légitime. Toutefois, les aggressions et les violations de ces dispositions par des autorités
russes sont bien présents en réalité. Il existe une explication logique de cela : en Russie l’efficacité
des organes effectuants l’instruction préliminaire dépénd de la quantité des crimes démêlées et pas
de la quantité des plaintes formées devant le parquet (comme c’est le cas aux Etats-Unis, par
exemple), donc, pour améliorer les indices qualitatifs, les agents tentent d’augmenter le pourcentage
des affaires reussies. Vue le grand nombre des infractions comme le pillage, le brigandage qui sont
souvent commises sans témoins et sans laisser des traces, un seul moyen de former un acte
d’accusation basé sur des preuves suffisantes, qui reste dans la disposition de l’autorité, c’est
d’obtenir la reconnaissance préalable de culpabilité d’un criminel qui n’est pas très facile à cause du
cynisme et de la déviance de cette catégorie des gens. Donc, les aveux sincères restent
9
l’ « impératrice des preuves » en Russie, qui les rendent plus attractives à obtenir, quels que soient
les moyens. Selon les articles 5 et 10 du Code de la procédure pénale, le délai de la garde à vue ne
dépasser 48 heures. Pour le prolonger il est nécessaire d’obtenir la sanction du juge qui la donne si
les circonstances l’exigent et qui n’est pas facile à obtenir. Donc, les autorités policières sont obligées
d’agir vite. Selon les résultats des sondages de l’organisation non-gouvernementale « Human rights
watch », cités par plusieurs cites web, la plupart des anciens agents policiers avouent l’impossibilité
d’élucider les infractions sans l’utilisation des trotures et des autres actes de la violence.
Sur internet, les descriptions des tortures et traitements inhumains utilisés par les autorités
policières ne sont pas moins nombreuses et moins affreuses que les descriptions des tortures de
Moyen Age. Selon le site newsru.com, les tortures les plus utilisées par les agents policiers sont ceux
10
de l’asphyxie en utilisant la masque à gaz, l’utilisation d’électrochoc , et les coups qui sont

7
http://www.compromat.ru/page_15129.htm
8
Art. 13 de la Loi sur la milice
9
Cette notion est attribuée à Andrey Vyschinskiy, procureur de la Cour Suprême de l’URSS en 1923-1925, le président de
l’Université d’Etat de Moscou en 1925-1928. En effet, cette phrase correspond plutôt aux valeurs idéologiques de l’URSS,
tandis que Vyschinskiy dans ces oeuvres soutient un autre point de vue.
10
Selon les organisations « Human rights watch » et « International Amnesty », l’utilisation de l’électrchoc est une pratique
courante dans les organes policiers en Russie // http://www.accessmylibrary.com/article-1G1-141498176/analysis-putin-
reveals-his.html; http://www.newsweek.com/2006/03/12/russia-a-phone-call-to-
putin.html;http://www.rferl.org/content/article/1079012.html ; http://en.wikipedia.org/wiki/Mikheyev_v._Russia ;
http://www.hrw.org/english/docs/2006/11/13/russia14557.htm
11
accompagnées par des ménaces et les humiliations mentales . Notamment sur l’utilisation de
l’électrochoc et les coups s’est basé le requérant dans l’affaire Mikheyev c. Russie de la Cour
Européenne des Droits de l’Homme du 26 janvier 2006.
Cette affaire était la première affaire gagné contre la Russie dans le domaine de l’application de
l’article 3 de la Convention Européenne des droits de l’homme. Alexey Mikheyev a été accusé en
1998 d’avoir tué une fille, M.S., qui avait disparu quelques jours avant mais il a nié sa culpabilité,
tandis que son ami F. a avoué qu’il l’avait vu violer et tuer M.S. Les autorités policières continuaient
les interrogatoires pendant lesquelles M.Mikheyev a été soumis au traitement inhumain et aux
tortures physiques et mentales. Pendant l’une de ces procédures il a réussi de sauter par la fênetre
en cassant son échine. Quelques jours après M.S. est revenue vivante et a réfuté toutes les
acuusations contre M.Mikheyev. M.Mikheyev a vainement essayé de demander la justice devant
toutes les instances russes (les enquêtes ont été ouvertes et fermées 23 fois !), donc il s’est adressé
à la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui a fait droit à sa demande et condamné la Russie à
verser à M.Mikheyev la somme 250 000 € en disant que les violations de l’article 3 de la CEDH ont
consisté pas seulement dans le comportement des autorités policières pendant les interrogatoires,
dont les résultates (les traces de l’électrochoc sur les oreilles, les bleus sur le cou, les morsures sur
la langue et l’échine cassée) n’étaient pas incontestables ni incontestés, mais aussi dans l’inefficacité
du contrôle sur le fonctionnement des organes de l’instruction préliminaire qui devait être effectué
par ... ces organes eux-mêmes ! Selon l’avis de l’organisation non-gouvernementale « Rerdress
Trust », énoncé dans cet affaire, l’efficacité de l’examination des plaintes contre les traitements
inhumains et les tortures utilisés par les autorités policières est très basse essentiellement parce que
ces plaintes sont instruites par les agents des mêmes organes.
Mais on ne peut pas réduire la notion de la troture et des traitements inhumains et dégrandants
seulement aux activités des autorités policières car les conditions auxquelles s’opère la privation de
liberté pendant la garde à vue ou la détention provisoire sont aussi traitées comme inhumaines.

B. Les conditions de la privation de liberté comme une violation de l’interdiction des tortures.

« Les conditions de détention au sein de la Fédération peuvent souvent être qualifiées de


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dégradantes et relèvent parfois de la torture. » , est affirmé dans l’Etude de la compatibilité du droit
de la Fédération de Russie avec les exigences de la Convention européenne des Droits de l'Homme,
réalisé au sein de la CEDH en 1998. Dans plus que dix ans, la situation ne s’est pas améliorée.
Selon le code de la procédure pénale (art. 108 et 109), la détention en tant que mesure de
coercition ne peut être appliquée que par le juge, par rapport à un accusé des infractions dont la
sanction dépasse 2 ans de la privation de liberté et dans les cas où l’application d’une autre mesure
de coercition, moins répressive, n’est pas possible. Le délai de la détention ne peut dépasser 2 mois,
il peut être prolonger jusqu’à 6 mois par le juge si l’instruction ne peut être terminée dans un délai
plus court et jusqu’à 12 mois sous ll’autorisation d’un procureur de la Région de Russie s’il s’agit des
infractions graves. Le délai maximum consiste 18 mois et peut être prescrit dans les circonstances
exceptionnelles. Les détentions sont effectuées par des établissements spécifiques du système
pénitentiaire russe : le SIZO (une abréviation de la phrase désignant un maison d’arrêt en russe).
L’article 10 du code pénitentiaire russe du 18 décembre 1996 prévoit que le respect des droits et
libetés fondamentaux est garanti sous le réserve des réstrictions prévu par ledit code, code pénal et
code de la procédure pénale. Bien sûr, la protection contre les tortures, étant l’un des droits
intangibles, ne peut être restreint.
A cause de l’attachement inexplicable des juges russes à la soumission sous le régime de la
détention préliminaire des personnes accusées même des infractions dans le domaine économique,
les SIZO se trouvent dans la situation de surpopulation qui entraîne le manque des places. La
situation s’aggrave en cas de la maladie d’un détenu qui l’atteint souvent à cause des conditions de
sa détention. Tous ces aspects ont été présents dans la décision de la Cour européenne des droits
de l’homme prise le 15 juillet 2002 dans l’affaire Kalachnikov c. Russie. Selon les circonstances,
2
présentées devant la CEDH, « le requérant soutient avoir été placé dans une cellule de 17 m où se
trouvaient huit lits superposés. Toutefois, elle était presque constamment occupée par vingt-quatre
détenus ; ce nombre ne tombait que rarement à dix-huit. Comme il y avait trois hommes par lit, les
détenus dormaient par roulement. Ils s'étendaient ou s'asseyaient sur le sol ou sur des cartons en
attendant leur tour. Il était impossible de bien dormir car la télévision fonctionnait jour et nuit et, la
journée, il y avait beaucoup de bruit dans la cellule. La lumière y restait allumée en permanence. Les
toilettes situées dans un coin de la cellule n'offraient aucune intimité. Une cloison les séparait du

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http://www.newsru.com/background/09feb2005/tortures.html
12
Etude de la compatibilité du droit de la Fédération de Russie avec les exigences de la Convention européenne des Droits de
l'Homme, P. 34. //
http://www.coe.int/t/e/human_rights/awareness/4._our_activities/compatibility_reports/H%2098%207_compatibilit%E9_Russie.
pdf
lavabo, mais non du reste de la pièce et de la table. La cuvette était fixée à 50 cm au-dessus du sol
alors que la cloison mesurait 1,10 m de hauteur. Ainsi, toute personne utilisant les toilettes était
exposée à la vue à la fois de ses codétenus et des gardiens qui observaient les prisonniers à travers
un judas percé dans la porte. Les détenus devaient prendre leurs repas dans la cellule sur une table
située à un mètre seulement des toilettes. Les repas étaient de qualité médiocre... Les cellules de la
maison d'arrêt étaient infestées de cafards et de fourmis, mais rien ne fut jamais fait pour exterminer
ces insectes... Le requérant contracta diverses maladies de peau et infections fongiques, qui
entraînèrent la chute des ongles des pieds et de certains des mains... A six occasions, il partagea sa
cellule avec des personnes atteintes de tuberculose et de syphilis et on lui fit des injections
d'antibiotique à titre prophylactique ».
Même si dans la plupart des cas la détention est liée aux souffrances et à l’humiliation, l’Etat est
obligé de tendre à garantir les conditions covenables de la détention. En l’espèce, même si la Cour
constate l’absence de l’intention d’humilier le détenu, cela ne l’empêche pas à constater la violation
de l’article 3 de la Convention.
L’une des affaires récentes et fameuses : la mort d’un avocat de la fondation « Hermitage »
pendant sa détention. Sergueï Magnitski, un jeune homme de 37 ans, étant l’avocat et l’un des
partenaires de la fondation « Hermitage », a découvert en vérifiant les papiers une grande
escroquerie effectuée avec les sociétés filiales de la fondation. Après cela, il était arrêté par des
autorités qu’il a suspectées d’avoir commis ladite infraction. Lui-même, il a été accusé de l’infraction
économique fiscale et soumis à la mesure de détention. Pendant qu’il était dans la maison d’arrêt, sa
santé s’est détériorée ; en tant que juriste compétent, il a déposé plusieurs plaintes mais il n’a jamais
reçu aucune réponse. Il était privé de l’aide médicale jusqu’à sa mort. La réaction était plus que
modeste : le licenciement d’une vingtaine des fonctionnaires de la service Service fédéral de
13
l'exécution des peines et la déclaration de la réforme du système pénitantiaire russe . Selon Genry
Reznik, Président de l’Association d’avocats de la ville de Moscou, membre du Groupe Helsinki de
Moscou, l’affaire Magnitskiy est une sentence de condamnation pour les systèmes judiciaire et
pénitentiaire russes. Cette mort se distingue de la grande quantité d’autres morts similaires
14
seulement parce qu’elle s’était ébruité en Russie et en d’autres pays .
On espère que malgré toutes les difficultés, la Russie a pris une bonne direction vers la
construction de la démocratie et de l’Etat de droit.

13
Selon l’avocat de Mikhail Khodorkovsky, Robert Amsterdam, cité par Le Figaro, « En Russie, les réformes ne sont que des
points de ponctuation entre les meurtres » // http://www.lefigaro.fr/international/2009/12/30/01003-20091230ARTFIG00297-
medvedev-veut-en-finir-avec-le-goulag-russe-.php
14
http://www.k2kapital.com/weekly/report/26846/
Bibliographie

1. Erdal U., Bakirci H. Article 3 de la Convention européenne des Droits de l’Homme : guide
pratique et juridique // Genève : Organisation Mondiale contre la Torture, 2006/7
2. Etude de la compatibilité du droit de la Fédération de Russie avec les exigences de la
Convention européenne des Droits de l'Homme // Conseil de l’Europe, 1998.
3. Marguénaud J.-P., Roets D. Droit et liberté fondamentaux, 2008.
4. Massias F. Chronique internationale des droits de l’homme. Année 2004.
5. Pettiti L.-E., Decaux E., Imbert P.-H. La Convention européenne des droits de l’homme.
Commentaire article par article.
6. Sadovnikova G.D. Commentaire à la Constitution de la Fédération de Russie // Consultant Plus
7. Vyschinskiy A. Téoriya soudébnykh dokazatelstv v soviétskom pravé (La théorie des preuves
judiciaires en droit soviétique) // Editions NKU, 1946.

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