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Bull, Soe. géol. France, 1987, (@),t. IL, n° 7, pp. 1301-1321. La stratigraphie séquentielle et son application aux corrélations chronostratigraphiques dans le Jurassique du bassin de Paris par Perer Root VAIL *, Jean-PauL COLIN **, Rocer JAN Du CHENE **, Jacques KUCHLY ***, Francis MEDIAVILLA *** et Viapiuig TRIFILIEFF *** Mots clés. — Stratigcaphie, Stratigraphie stquentielle, Chronostratiraphie, Discordance, Eustatsme, Sismostratigraphie, Séquence, Subsidence, Soulvement, Corrélation, Apports sédimentaires, CBne sous-macin, Infervalle vondensé, Facies, Transgression, Régression, Bio ratigraphie, Bassin ce’ Paris, Jorassique Résumé. — Cet article est une mise au point des progres rélisés dans Ia méthode d’établissement 4’un cadre chronostatigraphique depuis le mémoire AAPG n° 26 [1977]. Les progrés ont essentiellement porté sur 'application des concep dela sismostratigraphie aux observations de Cerrain et de forage ainsi que sur leur integration 2 un modele quantife. Cette genéralisation des concepts dela sismostratigraphie a pris le nom de stratigraphie séqueatiell. Le modele a maintenant un support théorique dont les principaux paramétres soot : lee variations du niveau marin, Ia subsidence et les apports sfdimentares. Les observations de teszain bien plus fines que celles issues de Ia sismique ont perms de préiser Ie sllagramme des eyeles estatiques cu Jurasique. Un bref exemple utilisation de ces concepts pour Ia definition des sequences de Apts et leur corrtlation sera ensuite exposb A 'aide d'une application alu Tassique du bassin de Paris. nin une traduction frangaise des termes anglais de Stratigraphie séquentelle sera proposée & la fin de cet article, Sequence stratigraphy and its application (o the chronostratigraphic correlation of the Paris basin Jurassic Abstract, — This report describes the progress that has been mad in defining a chronostratigraphic framework since AAPG Memoir 26, jn 1977. At that tine, discontinuty-bounded reflection packages that represent genetic depositional units were recognized on seismic. The shelf reflection packages were interpreted as sea lovelhighstand deposit, since they were widespread on the shelf and thinned by offlap rato the basin, ‘The basin reflection packages Were interpreted as sea Tovellowstand deposits since they were restricted to the basin seaward ofthe preceding shelf edge. The conclusion yas also made that seismic reflections represent geologic time lines atthe resolution of the seismic data and that reflection packages separated by sequence boundaries were chronostatigraphic units caused by cycles of relative changes of sea level that could be recognized land correlated globally on the basis of physically defined erieria and biostratigrapbie age dating, The coastal onlap charts summarized the ages Of the globally defined cycles. What has been learned is how to apply the slraigraphic concepts developed from seismic stratigraphy to wells and fouterops and quantitatively model them. This expanded application of seismic stratigraphy is called sequence stratigraphy. In addition, criteria have been developed to describe sequence stratigraphy in terms of eustatic changes of sea level, subsidence and sediment supply. From these criteria an idealized depositional model has been developed. This report presents an updated version of the Jurasic global cycle chart and how it has {evolved since Memoir 26. The report then reviews the procedure for defining and correlating depositional sequences from subsurface data and applies these procedures 10 the Jurassic of the Paris Basin. A glossary of terms is presented atthe end of the report, I. — Intropuctiox. manes qu'il serait bien plus difficile de percevoir autremer Un profil sismique de mer du Nord centrale (Gg. 2) déji La stratigraphie séquentielle est une méthode qui permet de définir un cadre chronostratigraphique a Wéchelle glo- bale (= planétaire) parce que basée sur des discordances- lignes temps d'origine eustatique encadrant des unités sénétiques de dépét. L'identification et la datation de ces discontinuités & travers le mionde ont permis ’établir un modéle de dépdt ainsi qu'un diagramme 4 valeur globale des cycles eustatiques au cours des temps séologiques, modale et diagramme qui accroissent considérablement notre capacité de prévision en stratigraphic. La stratigraphic séquentille est une discipline de syne thése qui, comme indiqué sur la figure 1, rapporte es informations obtenues par sismique, forage ou affleurement, & un modéle de dépot, Iequel est ensuite rattaché au dia- aramme des eyeles eustatiques par calage biostratigraphique. 1s’agit 1 d’une généralisation des concepts et techniques de base de la sismostratigeaphie tels qu’ils avaieat été Enoneés et publiés par les chercheurs dEXXON en 1977 [Vail et al} La sismique a Pavantage de rapidement visualiser des phénoménes géologiques I’échelle d'un bassin, phéno- publi en 1977 dans le mémoire AAPG n° 26 permet de reconnaitre divers ensembles de réflexions limités par des discontinuités. Ces ensembles étaient interprétés comme des séquences sismiques correspondant & des unités géné tiques de d&pot. Des séquences de plate-forme (non hachu- rées) étaient caractérisées par Ia présence d'un talus, de biseaux d’aggcadation (onlap) vers le continent et de figures de progradation (offlap) vers le bassin, Ces séquences se présentaient en alternance avec d'autres, restreintes au Dassin ow A ses marges (séquences hachurées) associées & des cOnes sous-marins et caractérisées par des biseaux aggradation vers le talus. © Rice University, Dept, Geology and Geophysics, POB 1892, Houston, Texas T7351, USA, *'ES8O Production Research European Laboratories, 213 cours Victor Hugo, 33321, Bésles, France. SH ESSO REP, 213 cours Vielor Mugo, 33321 egies, France. Note prétentée & la séanco du $ novembre 1985, déposée le 2 jan- vier 1986; manuserit defini? accopte Te 25 févricr 1987 Bul. Soe. géol. Fr, 1987, n® 7 1302 ‘OBSERVATIONS GEOLOGIOUES (ODELE DE pépor Sequenriet BIOSTRATAIGRAPHIE [Euone-cnnonosTRaTionapniauz] DIAGRAMME DES CYCLES EUSTATIOUES Fic. 1. — Prootdure dinterpeétation en stratigraphic sequent Fa. 1. — Sequence stratteraphy Interpretation procedure Ces observations maintes fois répétées dans de nombr bassins du monde, corrél clusions suivantes x set datées, amenaient aux con- Accaxoarion COTIERE isa 8 & WILLIONS o:annces FRU Teocene PGP wiocene 8 Sere anise sausst RELATIVE RELATIVE 10 ke ‘montrant la eéométrie des PLR, VAIL, J-P, COLIN, alle RJ. DU CHENE, ef al, — les réflexions sismiques représentent des lignes temps 5 — la mobilité des corps sédimentaires entre 1a plate- forme et fe bassin est causée non par une activité tectonique incessante en « yoyo » mais par des variations eustatiques coycliques du niveau marin qui seules peuvent expliquer Ie synchronisme de tels événements entre des bassins affectés de régimes tectoniques trés différents ; — les séquences de plate-forme sont interprétées comme des dépdts de haut niveau marin (highstand deposits), alors que les séquences de bassin sont interprétées comme des dépéts de bas niveau marin (lowstand deposits) puisque déposés au-dela du bord de talus de la séquence de haut niveau marin précédente. Aprés un travail d’analyse et do corrélation portant sur dde nombreux bassins dans le monde entier, les cycles d'ori- gine eustatique identfiés étaient alors répertoriés dans un diagramme synthétique tel que celui présenté sur la figure 2, comportant Tage des cycles ainsi que 'ampleur relative généralement observée des avances et reculs de la mer ar rapport aux continents Cet article est une mise au point des progrés réalisés depuis 1977. Dans ensemble, les observations faites alors se sont révélées correctes. Les progrés ont essentiellement ports sur 'application des concepts de la. sismostrati- graphic aux observations de terrain et de forage ainsi que sur leur intégration 4 un modéle quantifig. Cette générali- sation des concepts de Ia sismostratigraphie a pris le nom de stratigraphie séquentielle. Le modéle a maintenant un Seconoes 20 oS (1 crrors oF naur wiveau DeP6TS Oe 24s niveau — mites o€ sequences Fo, 2. — Exemple de profi sismigue dans le Tertiate de Ia mer du Nord ‘corps sédimentaires déposés en périodes de haut et bas niveau eustatique [apres Vail ef al, 1977) Fic. 2. — North Sea Tertiary selomle example of depositional patterns during highstands and lowstands of sea Tevet (alter Vail et al, 1879) Bull. Soc. géol. Fr, 1989, n° 7 LA STRATIGRAPHIE SEQUENTIELLE. support théorique dont les principaux paramétres sont : Jes variations du niveau marin, Ia subsidence et les apports sSdimentaires. Les observations de terrain bien plus fines que celles issues de la sismique ont permis de préciser te diagramme des cycles custatiques du Jurassique qui sera présenté ici avec un rappel de son évolution depuis le mémoire AAPG n® 26, Un bref exemple d'utilisation de ees concepts pour In définition des séquences de dépat et de leur corrélation sera ensuite exposé a Taide d’une application au Jurassique du bassin de Paris. Enfin une traduction frangaise des termes anglais de stratigraphic séquentielle seta proposée & la fin de cet article. II, — STRUCTURE DES CORPS SEDIMENTAIRES ET NOTION D'ESPACE DISPONIBLE. |A) L*espace disponible fonction de trois facteurs principaux. La structure des corps sédimentaires est une réponse & Faceroissement (ou & la diminution) de lespace qui est potentiellement disponible, entre le fond du bassin et le niveau de la mer, pour accumulation des sédiments (basin accomodation). Trois facteurs régissent cet espace dispo- nible : Ia subsidence ou Ie soulévement du bassin, a posi tion du niveau marin et les apports sédimentaires (voir figure 3). Il est important de noter, dés & présent, que le facteur qui montrera les variations ies plus rapides tiendra le r6le prépondérant dans organisation des. sédiments. Sur les marges du bassin oit les apports sont en général suffisants pour combler tout espace disponible, la e6o- métrie des corps sédimentaires littoraux est alors essentiel- Tement due a Pinteraction entre subsidence et variations eustatiques Fig. 3. — Prineipaux facteurs affectant la gBométrie des corps sedimentaires, Ria. 3. — Major variables afeting stratal patterns B) Les apports sédimentaires. Les apports sédimentaires sont diffciles quantifier mais nous pensons qu’ils varient en général plus lentement que le niveau marin, Dés lors ils pourront bien sir, par eur volume, influencer Ia taille des corps sédimentaires mais pas leur géométrie. Nous estimons que les variations 1303 rapides du taux de sédimentation en un point sont dues & des déplacements des sites de dépdt en fonction des chan- gements eustatiques, plutot qu’d des variations da Volume des apports vers Ie bassin. ©) Subsidence/soulevement. Lranalyse de In subsidence — geohistory analysis. — [van Hinte, 1978] permet d'aceéder & V'histoire de la sub- sidence/soultvement d’un bassin au travers des temps géologiques. La subsidence totale doit étre corrigée des effets de Ia compaction des sédiments et du surcroit de charge isostatique apporté par leur accumulation, pour aboutir & une courbe de subsidence corrigée qui’ est Ic résultat des effets cumulés de la tectonique et des variations eustatiques. Sur les marges passives et dans les. bassins ea extension, la subsidence est créée essentiellement par tune contraction thermique de Ia crofite et du manteau, mais celle-ci opére & long terme, c'est-a-dire & Péchelle de Ja centaine de millions d’années. Les variations résiduelles plus court terme par rapport a des courbes théoriques de subsidence thermique peuvent étre attribuées aux varia- tions eustatiques [Hardenbol et al, 1981), L’application de ce type d’analyse & de nombreux bassins dans le monde montre que les vitesses de subsidence/sou- lévement sont extrémement lentes. Méme lors dune phase extension crustale, oi pendant une bréve période les vitesses de subsidence/soultvement s'accroissent consi- dérablement, ces. vitesses sont encore lentes par rapport celles des variations custatiques du niveau marin. Ce sont done ces dernigres qui vont fagonner les sédiments, La figure 4 distingue les figures d’érosion associées aux discordances formées en période de subsidence (A) de celles formées en périodes de soulévement (B). En pétiode de subsidence, les érosions sont surtout liges & des chutes rapides du niveau marin exondant Ia plate-forme. L’éro- sion se concentre alors au bord du talus avec creusement rétrograde de canyons. sous-marins et de. vallées._sub- aériennes. Les couches sont en général subparalléles de part et dautre de la discordance, CHUTE RAPIDE OU RIVEAU MARIN ET SUBSIDENCE A cis = ieee CHUTE RAPIOE OU NIVEAU MARIN ET TECTONIQUE B Fic, 4, — Erosion et discordance. Fic. 4 — Unconformity truncation patterns. Bull. Soe. géol, Fr. 987, 00 7

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