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1.1.

UN SITE CHARGÉ DE MÉMOIRE

«Le volume du musée ne se réfère donc pas seulement à son contenu muséographique mais il reflète
aussi dans une large mesure le patrimoine bâti légué au cours de l'histoire. »?

Le musée Kolumba s'est érigé à partr des


vestges de l'église Sainte-Colombe.

Cette dernière fût détruite lors des


bombardements de la seconde guerre
mondiale qui laissa Cologne à l'état de ruine.

En 1950, l'architecte Gottfried Böhm construisit


une chapelle orthogonale sur le site pour
abriter une statue d'une vierge Mairie qui a
miraculeusement échappé aux
bombardements.

Des fouilles archéologiques furent entreprises


dans les années 70, elles révélèrent l'existence
de murs de périodes romaine, carolingienne et
médiévale.

Le choix de ce site est donc hautement symbolique, puisqu'il met en avant l'existence d'un passé
aux bases solides, et qui prouve une certaine légitmé de part son ancienneté, à une ville qui est
anéante à la recherche d'un passé.
1.2. LES ENJEUX D'UN NOUVEL USAGE

«Un lieu aussi riche en histoire se devait d'être transformé en musée d'art. Cette tâche était à la fois
unique, tentatrice et difficile. Elle nous a occupé pendant dix ans.»?

, le site devient à son tour une partie de la


conséquente collection de l'archi diocèse de
Cologne. Il en est le reflet, puisqu'il retrace une
histoire lointaine à travers ses vestiges.

Nous pouvons dire que le musée englobe 2000 ans


d'architecture pour 2000 ans d'arts.

De plus, les reconstructions disparates du vieux Cologne entre les centres commerciaux et les
immeubles de bureaux ne laissent que peu de place à un lieu de mémoire.

Le nouvel usage du site et sa réhabilitation peuvent être également perçus comme une mise en avant
de ce lieu de mémoire dans un quartier restructuré du centre-ville.

L'objectif de l'ajout de ce projet nouveau peut être alors perçu comme redonner du silence et de la
sérénité à un lieu de commémoration à l'échelle
urbaine

1.3. RÉINTERPRÉTER POUR ALLER VERS UNE NOUVELLE HARMONIE

« Il s'agit ici plutôt d'unifier l'ancien et le neuf en une nouvelle totalité, chercher l'harmonie et non
le contraste.» ?

De manière générale les ruines sont les témoins


du passé, elles évoquent la mémoire d'un temps
révolu.

Dans le cas des vestiges nous pouvons dire qu'ils


ont une fonction contemplative et de
remémoration. Toutefois, ils ne sont plus du tout
dans le contexte dans lequel ils existaient, ce qui
est encore plus le cas dans le vieux centre de
Cologne marqué par les bombardements.

Dès lors, il n'apparaît pas inapproprié de réaliser


une extension contemporaine, afin d'instaurer
un dialogue entre l'ancien et le moderne en
créant un nouveau cadre. Il s'agit de
réinterpréter le lieu, dans le but de le mettre en
avant et l'adapter face à un
Environnement changeant.

Afin de sensibiliser la perception : nous désirons un musée vivant qui correspond à la réalité et
À la dignité de ce qui existe déjà ici, une architecture qui crée de l'espace mais qui fait preuve de
Retenue, utilise des matériaux durables, un minimum de technologie, fait preuve de simplicité et
De fonctionnalité dans les détails, qui soit méticuleusement exécuté en accord avec les matériaux

2.1. CRÉER UNE NOUVELLE UNITÉ

« Nous avons simplement continué le bâtiment.»

Plus de 160 candidatures ont été déposées, le


choix du projet de Peter Zumthor s'est basé sur
son approche respectueuse envers l'existant. Le
projet veut créer une unité. Il n'est plus
queston des vestges d'un côté et le musée de
l'autre, mais d'un nouvel ensemble.

« L'enjeu essentiel était de permettre une unité


architectonique dans un environnement
hétéroclite, en intégrant des éléments aussi
divers que les ruines de l'église gothique de
Sainte-Colombe, des découvertes
archéologiques des périodes romaine,
carolingienne et médiévale, ainsi que la chapelle
de « la Madone des ruines >> construite en 1950
par Gottfried Böhm », résume Rainer Weitschies,
architecte et collaborateur de Peter Zumthor.
En effet, l'emprise volumétrique de la nouvelle construction s'est basée sur les murs de fondation de
l'église Sainte-Colombe sur une partie et l'autre
remplace un monastère Franciscain datant des
années 50. Ainsi le bâtiment comporte deux
ailes en formant un L, qui délimite une cour
située à l'emplacement de l'ancien cimetière de
l'église.
L'harmonie recherchée passe par une continuité
des vestiges en plan. Il semble que le bâtiment
s'est élevé à partir de ce qui existait déjà.
Le bâtiment enveloppe également la chapelle de
Goetffried Böhm, tout en lui laissant son
indépendance avec une entrée directe et
autonome de puis la rue, même si l'architecte
s'est opposé à l'intégration de son travail dans le
musée.

Les murs de musée se basent donc sur une


partie des fouilles. Ils se dessinent comme une
réelle continuité de l'existant à la manière d'un
prolongement, en étant en liaison directe avec
les anciennes pierres.
2.2. RESPECT DE L'EXISTANT PRÉSERVÉ ET LISIBLE

<< Nous avons construit le nouvel édifice sans ôter une seule pierre des ruines. »

À travers sa volumétrie, le musée ne dissimule


rien des constructions précédentes, il les intègre.
Le bâtiment se veut la continuité entre le passé
et le présent en instaurant un dialogue entre les
différentes temporalités présentes sur le site.
Nous retrouvons toutes les époques dans ce
lieu, un chemin en bois a été aménagé en
serpentant par-dessus les vestiges ce qui permet
de totalement les découvrir. Cet espace fait
partie intégrante du parcours muséal, en se
présentant lui aussi en tant qu'une salle
d'exposition des architectures de différentes
époques.
De cette manière, les façades qui donnent sur la
rue affichent clairement les parties appartenant
aux vestiges, et celles qui sont de l'ordre de la
construction neuve. Le bâtiment ne se veut pas
comme une masse qui enveloppe tout le reste,
mais davantage dans le respect de ce qui était
présent avant en le laissant lisible.
Dans les étages supérieurs du musée la
connexion avec les vestiges est moins présente.
L'ambiance est traitée de manière très épurée,
les murs sont recouverts d'un enduit blanc.
Tandis qu'au RDC on retrouve les pierres
caractéristiques du bâtiment également à
l'intérieur.
Ainsi, nous pouvons voir la nouvelle construction
comme une addition à l'existant, il y a certes un
prolongement en plan, mais il ne s'agit pas ici de
reproduire ce qui était présent mais faire une
nouvelle harmonie en laissant chacune des
parties
s'exprimer sur son histoire. Le nouveau volume
issu de la forme du plan de l'église gothique, se
déconstruit en prenant de la hauteur mais aussi
de la dis tance par rapport aux vestiges. Nous
retrouvons des volumes semblables à des tours
dans les angles du bâtiment, le langage est donc
bien différent.

Il y a une salle en rez-de-chaussée, dédiée aux


fouilles archéologiques. Le visiteur peut alors se
promener et observer les Vestiges dans un vaste
espace avec une grande hauteur sous plafond
de 12 mètres. Cette pièce peut donc totalement
accueillir la chapelle de Böhm et elle est
délimitée par les murs de l'ancienne église, tan
dis que son sol est marqué par les fouilles avec
les vestiges des églises précédentes.
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3.1. LA BRIQUE COMME EXPRESSION DE LA MASSE

La brique utilisée par Zumthor dans le musée, a été


créée spécifiquement pour le bâtiment, elle
porte désormais le nom de brique Kolumba. Ces
dimensions particulières permettent de réaliser
avec grande précision la jonction avec les murs
subsistants et de construire ainsi en s'appuyant
sur les murs anciens. Elle fait également
références aux briques déjà utilisées dans les
arches gothiques pour consolidés les murs
endommagés à l'après-guerre.

Ces briques minces ont des longueurs inégales


allant jusqu'à 520 mm, et comportent des
tonalités différentes entre le gris clair et le beige;
ces changements créant une certaine sensibilité
sont permis grâce à une fabrication artisanale
danoise.

La hauteur de la brique Kolumba est de seulement


36 mm, tandis le mortier appliqué entre chaque
strate est assez épais, avec 15 mm environ.
Ces proportions spécifiques au musée, lui confère cet aspect de massivité, à l'opposé cela lui
Permet un travail tout en finesse et en respect avec l'existant.

Les murs ont une épaisseur de 600 mm ce qui rend possible l'absence d'isola tion. Le musée Kolumba
prend l'initiative d'employer des matériaux nouveaux pour sa construction, ce qui induit parfois de
prendre des risques à longs termes sur la pérennité du bâtiment. Ainsi, ma déception fût assez grande
aux premiers abords quand je me suis rendue sur place pour le visiter.

En effet, la façade principale du musée était entièrement recouverte de bâches en plastique, toute la
partie ouest n'était donc pas visible. Il semble les murs rencontrent des problèmes d'infiltration d'eau,
probablement à cause de la proportion de mortier rendant la matière poreuse. Ces protections contre
la pluie ont donc été placées dans le but de laisser sécher les murs épais. D'après les employés, il n'y a
malheureusement pas d'autres solutions qui ont été trouvées pour le moment pour lutter contre ce
problème.
3.2. ATMOSPHÈRE, LUMIÈRE ET TECHNIQUE

<< Peu à peu, les fenêtres apparaissent, la lumière du jour confère un rayonnement chaud à l'enduit
argileux des parois, on regarde dehors vers la ville ?

Avec le travail de la matière, découle ce lui de la lumière qui est mise en scène au Kolumba. La
lumière mais aussi les vues apparaissent peu à peu lorsqu'on monte dans les étages. De cette
manière, on part tout d'abord de l'espace des fouilles qui est plongé dans une pénombre avec une
lumière filtrée, le premier niveau est entièrement dans l'obscurité, tandis que le niveau supérieur
est très lumineux grâce à de larges ouvertures. Les volumes semblables à des tours dans les angles
de l'édifice, viennent chercher de la lumière en hauteur.
Les murs ajourés de l'espace des vestiges permettent de répondre à plusieurs en jeux. Ces murs
totalement perméables à l'extérieur, se composent de doubles parois ajourées, laissant passer l'air
mais aussi la lumière. Cela était tout d'abord un impératif technique, les vestiges ne devaient pas trop
subir de variation concernant l'humidité et la température pour bien se conserver. En enfermant ces
ruines dans la pénombre, ils les isolent également de l'atmosphère urbaine à l'extérieur, de plus, les
tâches de lumière créent une ambiance particulière. Enfin, ces percements en den telle, mettent en
avant la fragilité de la masse du musée qui repose en réalité sur de fines colonnes cachées dans la
double paroi, c'est un travail en finesse.

Le soin porté au détail et à la technique est très


présent dans l'architecture de Peter Zumthor.
Lorsque nous sommes face à une situation
technique complexe, cela nous apparaît exécuté
comme un geste simple, de ce fait le bâtiment
dégage une certaine sérénité. C'est la cas pour
les baies du dernier étage, ces larges ouvertures
n'ont pas de menuiseries visibles et permet de
dé gager la vue sans aucun élément superflu.

Le soin est porté sur les transitions entre chaque salle. L'espace des fouilles est isolé par un rideau en
cuir, tandis que les boites servant de salle d'exposition possèdent un emmarchement de quelques
centimètres qui montre que l'on passe d'un espace à un autre. On retrouve également les mêmes
matériaux nobles, le cuir que ce soit avec des rideaux ou bien les assises reparties dans le musée. Mais
aussi l'acajou qui compose le parcours sillonnant entre les fouilles, et avec une salle de lecture
entièrement recouverte de ce bois.

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