Vous êtes sur la page 1sur 38

Le vampire de Dusseldorf. (1932).

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la
BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :
*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.
*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits
élaborés ou de fourniture de service.

Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :

*des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans
l'autorisation préalable du titulaire des droits.
*des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur
de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non
respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter reutilisation@bnf.fr.


fp-jlïjf-
50
».v IVRENATIQNAl
*']
*sso •io:

publiée sous la direction de

Librairie du LIVRE NATIONAL, 75, rue Dareau, PARIS (XIV )


CRIMES ET CHÂTIMENTS

Collection dirigée par ARTHUR BERNÈDE

CATALOGUE DE
LA COLLECTION

N* 1, LANDRU
-2. L'ASSASSINAT DU COURRIER DE LYON
~ 3. MESTORINO
-4, L'AFFAIRE FUALDÉS
- 5. L'AFFAIRE BESSARABO
- 6, BONNOT. GARNIER et C*
- 7. L'AFFAIRE LAFARGE
(Le Mystère du Glandler)
- 8 GUYOT LÉTRANGLEUR
- 9 L'AFFAIRE BOUGRAT
- 10 MATA-HARI
-II, LE DRAME DÉS CHAUFFEURS
12 SEZNEC A-T-IL ASSASSINÉ?
- 13. L'AFFAIRE GOUFFÉ
- H, LA POMMERAIS
(Un Médecin empoisonneur)
- 15. LES SECRETS DE BOLÔ RÉVÉLÉS
- 16. UN GRAND SEIGNEUR ASSASSIN
-17 PRADO, LE TUEUR DÉ FILLES
f- 18 LACENAIRE, le Napoléon des bandits
- |9 L'ASSASSINAT DU MARQUIS DE MORES
- 20. L'introuvable assassin. L'AFFAIRE CADIOU
- 21, PEL, l'horloger empoisonneur
^22 LE DRAME DE LA RUE DE LA PÉPINIÈRE
- 23 LES MYSTÈRES DU BONNET ROUGE
- 24; L'AFFAIRE BRIERRE
' (Le massacre des innocents)
— 25, PRAN2INL l'assassin de la Rue Montaigne
- 26, ANASTAYV Un Officier assassin
- 27; LA FEMME WEBER
(L'Ogresse de la Goutte d'Or)
-28 LE DOCTEUR LAGET
(Le Drame du Poison)
"" :% L'ARCHEVÊQUE ASSASSINÉ
" y le tueur d'enfants
/ PAPAVOINE,
-30. LE VAMPIRE DE DUSSELDORF

Chaque volume, sous couverture illustrée en couleurs,


Nombreuses illustrations de Maurice T 0II S S AI M.T 1.50

Librairie du LIVRE NATIONAL; 75, KueDapeau, PARIS|i4»)


LE VAMPIRE

DE DUSSELDORF

I
ADUSSELDORF t 14TERREUR DANS LAVILLE. — MUTILÉE ET
TUÉE ACQUP3 —
DECISEAU.LEMEURTRIE» MYSTÉRIEUX.
*- L'OUVRIER MASSACRÉ. T- LB LASSO DU COW-BOY,-• DANS
LAFOREX —
— DB PAPPENDBLLE, LES. WHQNI8SES DEDUSSE!.»
DQRP. LESATTENTATS SE MULTIPLIENT. — OERTRUD ET
LUIBE. UNE~ ARMÉE DBPOLICIERS, «
-T I.E MASSENMOR*
» , —
DBR — COUP LE PBTÉLÉPHONE, ~- RIVALITÉS PROFESSION-
NELLBS. FAUSSES PISTES. ~ UNE N UÉE DB « REPQRIEBS »,
—UNE LETTRE ANONYME, .
puBseldorlest une des villes les plus importantesde belleset «Le Rhénan musarde et badaude. Ses filles sont
l'Allemagne. , . , , , ÈL . . ,,. il le sait. .,,,„., . C „ ertes,
V
«Malgré les hautes cheminées,qui, nuit et.jour (1). .«Dusseldorfest io boulevardde la Rhénanie.
enfumentson ptpl, malgré sonindustrie, qui lui fa» on y travaille ferme,maisl'on no s'y amusepas moins;
une cointurede béton,d'acier et de feu, Dusseldorfest «Des villes voisinos, do Cologne,de Dorlmund,de
toute parfuméede romantisme, c'est la que naquit Duisbourg,de Darmen, d'Essen, de Muhlheim,on
HenriHeineet il a toujoursgardé un souvenir atton- vient,entre deux trains ou entre deux autobUB,passer
drlde sa ville natale, qu'il aimait prosquoautant que la soiréea Dusseldorf. . , ,
PariB,son séjour d'élection. _ ; x , « Justementflore de ses parcs ot de ses avenues,la
«Des jardins dessinés avec coût mettent leur ville de Heine s'enorgueillit aussi d'ôtro un centre,
ombrageau coeurmôme do la ville. Des canaux, des artistique, d'avoir son écolede pointure...et des boîtes
étangs,des bassins,apportent leur fraîcheur Ma vie de nuit dignes d'uno capitale. . .I03 /' .
ardente'de Uvcitô, , , x tA. '. . « Donc, malgré la crise, le chômage, impôts et
« Des théoriesde cygnes s'unissentsans hâte parmi le plan Young,Dusseldorfvivait,heureuseet considé?
le bruissementdes fontaines monumentales.Innom- rée. »
brables, de beaux enfants, roses et blonds, s'ébattent• Dès le début de l'année 1929,une véritable vague
dans les alléesdu Hofgarten-•?le Jardin de la cour.. d'épouvante allait déferler sur cettecité. . . >
<cvLés grands magnats de l'indusMolourde tiennent Le 8 février de cette année, on découvrait a- Fljgern,
leurs assisesa Dusseldorfi sur la Koenigsatee,— l'al- au nord de Dusseldorf,le cadavred'une petite flllù

lée du ROi, une des plus bellesuvonuesd'Europe, — Âgée de dix ans qui semblait avoir été mutilé à coups
s'élèvent leurs demeures seigneuriales et les palais de de gros ciseaux.
louréconseilsd'administration. . . t '-. '. Onne tardait pas a identifierla victime; c'était uno
« Lé Rhin bordela ville à l'ouest, Un pont enjambe enfant de neuf ans, nomméeRosa Obliger,dont les
le vieuxfleuveet unit Dussoldoitf à Obertassel,le fau- parents habitaient 5ï, Langestrass, à quatre cents
bourg deTa rivé gaucho.£ur les deux on peut, métrésenviron.del'endroit où on avait trouvéle corpB
sous d'aimablestonnelles, boire un vin rives, roido, . de la petitevictime. ,. était ; attirée
,
«Dans la rue, les gens sont affables.Ils n'ont pas Tout do suite*l'attention do la polico
cette rigidité austère/de leurs frères brandebourgeois. par un événement qui s'était passé quoiquesjours,
CejBontdes Occidentauxévadés des rigueurs du ger- auparavant, dans un autre quartier do Dusseldorf,le
manisme. Joyeux compagnons, ils. itèrent le vin faubourgde Gerresheim. "/''
légerô, la bfore posante. Leur cuisfnes'inspire des des Un soir, a la nuit, une 0femmode cinquante-six ans,
meilleurestraditions et ils accommodentmieux la honorables, M* rentrant chez elle;
avaitplus Kuhn, de taille
truite et le saumonque le pore et ses charcuteries. été attaquée par un homme moyenne
«Leur langue est moins rude que celles des Prus- qui, après l'avoir suiviependantquelquetemps,s'était
siens orientaux; ils l'adoucissent, «
de maints galliT jeté sur elle, la tailladant littéralementa coups de
cismeaV Ils ont leur humour, leur GemtttliçhUeii », où couteau. . son ...
le sel attlquô le dispute heureusementa l'épaisseur Tandisque M»?Kuhn s'évanouissait, mystérieux,
teutonne,ce sont défà des Latins et ils goûtent avec meurtrier se fondait dans les ténèbres.Les passants
dilettantismela Joie.de vivre et de boire frais., m qui l'avaient recueilliequelquesinstantsaprès,fa:irons;
« Lé.Dértinôis, ne se promènepas : il s'imaginequ'il portaient dans un hôpital voisin.JbèfwM*èwiBiaHW*
n'a%Wleitemps,Il s'agite sans cesse/marched'un pas qu'elle était criblée de blessures.Ûw,-par un hasard
rapiae. ÏJBfront souoieùx, il va f.FtUsregarder les providentiel,oucunone sembla^nortel\e*yin|i iùxj
dépures ni Içs^jolies femmes.- Or, détail curieux et troubl fit entra AOT»,ntt»'»ïMt:
suresde la petiteQhligeret d fe KuWjôr^
(1)La vie monstrueusedu Vampiredo Dusseldorf. de telles analogies,quelles se bMitatf&vgjneté t&fif6
¥«»'Jean%Guignobert,'•;--" par le môme instrument. -*._ M w/. ,-, w
•Copyright fou»droittdetraduction, dereproduction H
#>/«/« T«ït<mditr d'adaptation réservé»pour touslespaysy coiit*
,."" *«S$:..'-.. prislaSuWeetlaNorvège.
«30 CRIMESET CHATIMENTS
QuelquosJours après, dans uno autre partie do la était découvertau coin désigné, BOUS uno couchodo
vUlo,appelé le quurtier do Fllngorgelstein,. on décou- terro d'environcinquante centimètresd'épaisseur.
vrait le corps d'un hommequi sommaitavoir dépassé Dionentondu,Il télégraphiait au Matin,son corres-
la cinquantaineet qui, lut aussi, était criblé do mul- pondant particulier,l'audace avec laquelle l'assassin
tiples blossures,mais le malheureuxétait mort, avait opéréjusqu'ici, ot sa lettre cynique, adresséeô,
La police ne tardait pas à établir son identité. Il un Journallocal, n'avait fait qu'augmenterla surexci-
se nommait Rudolf Scheor. C'était un ouvrlor tationdes esprits.
manoeuvroqui habitaittout près do la. « Tout Dusseldorf travaille la main dans la main,
La policecriminellese mettaitaussitôton campagne. avec la polico, afin do contribuera la découvertedo
La presso,qui n'avait apporté qu'uno attention dis- l'évontrour.
crète aux deux promlorsfaits, commençaita s'émou- « Lospatrouilleseffectuéesdo nuit, sousla direction
voir, ainsi quo l'opinionpublique,d'autant plus que les des détectiveslos plus habilesdu Relch, mobilisésa
enquêteurs,devant l'analoglo des blessures,otujent cet effet,sont renforcéespar los habitants,notamment
persuadésqu'ellesuvatontété faitestoutespar lo mémo dos étudiantsde bonnovolonté,
instrument et le môme individu, et tous se deman- « I) va do soi quo chaquo passant se trouve soumis
daient si ce n'était nus un nouveau Jack l'ôvontrour A uno singulièresurveillanceot quo les môprisos'ne
qui avait choisi la villeUo Dusseldorfpour théâtre do 80«comptentplus.
ses effroyablesexploits. Hior, on a arrêté ot fortementmalmenéun homme
Le 8 avril, nouvellemanifestationde celui que l'on qui était entré dans un magasinpour acheterdu cho-
commençaitdéjà a appolerle Vampire. colat a uno fillette,
Toujoursle soir, dans une rue désortedo la vieille « C'était un bravo hommed'oncloqui voulait faire
ville, uno domoisolloPennig était attaquéepar un plaisir Asa petitenlôco,
nomme aux allures des plus suspectes,qui lui jetait « Co voyant, les tireuses do cartes, les pythonisses
une corde autourdu cou et la renversaita terre. Mats de DusselflorfInondentla policodoleurs Interminables
la Jeune tlllo opposaitil son agrossourune telle résis- indications,
tance quo colut-clprônait la fuite « Il y a quatre-vingtmlllo francs a toucher: la
« Lo lendemain,noua raconte M. Jean Guignebert policenosait plus où donnerde la tôte,mais elle tient
dans lo livre si intéressant,si vivant qu'il a consacré comptedo touteslos lettres qu'elle reçoit.
au Vampirede Dusseldorf,uno dame Flako, de Rath, « U lui est arrivé, ces Jours derniers, do faire fi de
un faubourgdu nord de Dusseldorf,vit dans l'ombro certainesindications qui l'eussent mts sur une piste
un individuqui lut semblasuspect,Il tenait a la main sérieuse,si elle en eût tenu comptetout do suite.
une boutelllovide et elle eut l'impressionqu'il vou- « On comprendqu'ollecherchea recouvrerson pres-
lait l'en assommer.Kiloprit le large,
« cepondant l'homme réussit a la rattraper, Avec tige. « A l'heure actuollo,des recherchessont faites dan&
uno habiletédo cow-boy,il lui lança autour du cou los imprimeriesdo la ville et des environs, afin do
une sorte do lasso.M"»Flako tomba. repérer la rotatlvoayant « craché » le papier dont s'est
« Sauvagement,il se mit A la traîner sur lo sol sorvl l'assassin.Jusqu'Ici,il est établi que la rotative
jusque dans un terrain vaguo. Maisla jeune fommo est d'un type ancien.
s'était rossaisto. Sportive,elle acceptala lutte. « lo croquisdu mystérieuxcorrespondant
« Elle eut la force d'arracher le lien qui lui coupait ont Lalettreet
été soumisau graphologueallemandR. Buttkus,
le souffle.Cependant,elle allait succomberaux bru- qui a rolevôlos Indices d'un Instinctsexueltrès déve-
talités de son agrossour,lorsquedes passantsle mirent loppé, d'uno intelligencecalculée et aussi du goût
en fuito. la réclame, notammentpar la répétition du mot
« Le 13 avril, la police arrêtait un certain Johann de Wald.
Strausborg et se félicitait d'avoir promptementmis « M. R. DuttUusno pense pas quo l'auteur de la
un termeà lu carriôrod'un criminel dangereux.» lettresoit un «caractèrerenfermé» ot il exprimeTavis-
Malheureusement, bien que l'inculpé fût déclaré qu'une fols arrêté, l'Intéresséentrera rapidementdans
se
l'auteur des trois crimesprécédents,on ne tardait pas la voie dos aveux.En attendant,l'éventreurcourt tou-
û constater quo ce Jeune Johann Strausbergétait un jours. » .
de ces demi-fousqui ont pour manie de s'accuser do Nonseulomentil courait,mais il continuait.
crimes qu'ils n'ont pas commis. En effet, lo 21 août, une bonno d'enfant, nommée
Cependant,la policeallemandepersistait a Je consi- Anna Goldhausen, jeune fille de seize ans, et
dérer commecoupable,ou tout au moinscommedan- demeurantdans le faubourgde Eller, en revenant de
gereux,puisqu'ellene lo remettait pas en liberté,bien passer quolquesinstants auprès d'uno de ses amies,
qu'elle eût acquis la quasi-certitudequ'il n'était pour était attaquéeet ontralnôedans un terrain,vague par
rion dans la mort do la petite Obligeret dans les ten- un hommequi, après lui avoir porté plusieurs coups-
tatives d'assassinatdirigées controM»wKuhn, Rudolf de couteau a la poitrine et dans le ventre, prenait
Scheeret M««Pennig. la fuite.
D'ailleurs,lo vampireallait reprendrebientôtla série immédiatement
Bien qu'elleperdit abondammentson sang, la mal-
de ses forfaits. parvint a so ettraîner jusqu'à chez l'amie
Le 89 juillet, une flllo publique, nomméeEmma heureuse venaitde quitter, là, elle s'évanouit,épuisée,
Gross,et, le il août suivant, la femmeMaria Hahn qu'elle . . '. .
étalent trouvées toutes doux mortes et lardées de àdemlmorto.Quelquos instants après, à quatro cents w envi-
mètres ,
coups do couteau. plus loin, une dameManten,qui regagnaitle petit
La façon dont le meurtre do Maria Hahn avait été ron logementqu'elleoccupait, a Torgausstrase,était accos-
découvertétait des plus étranges. par un hommoqui lui murmurait a l'oreille dos
En effet,Maria Hahn, qui était employéecomme tée obscènes.
femmode chambrechezd'honorablesbourgeois,avait propositions Commeelle cherchaita se débarrasserdo lui, il la
été congédiéepar ses patrons parco qu'olle était do lardait de plusieurscoups de couteauet il disparais-
moeursplutôt légères. aussitôt. . . '
Aprèsson renvoi,étant démuniede toutosressources, sait Deux heures
.
un
plus tard, Chemin
,
négociant,
x ,.
M. .. . ••.'
Hoinrich
elle avait dû, pendant plusieurs nuits, passer la nuit 'Kurnblum, au lieu dit le Noir,voyait tout A
à la belle étoile, dans la forêt do Pappondolle,aux coupun hommese dresserdevantlui et esquisserdans
alentoursdo Dusseldorf. directionun gestemenaçant.
Or, mi Journalde cette ville rocevaituno lettre dont saImmédiatement, Kornblumchorchalt,grâce a uno
l'auteur, anonymo,déclarait qu'il avait assassinéuno fuite précipitée,àM. échapper a cet Individu dont les
femmodans la forêt. mais
A cetto lettre était joint un croquis assez grossier, intontlonsne pouvaientôtro que très suspectes;
sorte de plan, qui indiquait l'endroit où l'assassinat lui,le mystérieuxpersonnagese mettait a courir après
avait été commis. et, au momentoù l'Infortuné commerçants'effor-
Cottelettre était écrite sur du papier Journal qui çait do franchir une barrière, il lui portait un coup
avait déjà passé par une rotative. de couteaudans le dos.
Le directeurde la gazette en questionfaisait immé- Sans insister, il continuaitsa route.
diatement parvenir cet étrangemessagea la police,qui Les attentatsallaient se multiplier.
envoyait aussitôt des inspecteurs faire des recherches « Le24août,lisons-nousdans la Viemonstrueusedu
a,*l'endroit/désignéJur son plan par ce mystérieux Vampiresur de Dusseldorf,a Flehe,faubourg du sud^do
correspondant. . ï la ville, un lopin de terre tenant «viafois du ter-
Apresde brèvesrecherches,le corps de MariaHahn rain vagueet du pftturago,on découvritdouxcadavres,
m VAMPIREDE DUSSELDORF m
Et ce fut la le crime le plus atroce d'une sôrio qui, Zoo, tout près d'uno usine, on découvraitle corps
pourtant, n'était pas encoreachovée, do
d'uno petite ulle cinq uns, qui portait trente-sept
« Les victimes? Deux enfanta sauvagementfrap- coups de couteau.
Gortrud Harnacher, gamine de cinq ans, et Détailhorrible,la têtoétait' aux trois quarts séparée
uise Lenzen,fillettedo quatorzeans,
Eéest du corps.
« La petito Gortrudne portait qu'une blessure: elle Cetteenfant qui était en nourrteochez des gens très
avait lu gorge tranchéeot était décapitée, honorablesde Lackostrasse,s'appelait Gertrud Alber-
« Luise avait été frappée a plusieurs reprises dans munn. Des gens du quartier déclaraient:
la région du cou. Sans douteavalt-ellotenté de fuir, — l'avons aperçue Jeudi soir qui donnait la
cur elle portait aussi des blessures,colles-lamortelles, mainNous a un hommeftgéd'une trentaine d'années.
dans lo dos. » Or, apprenait,peu de tempsaprès, qu'au moment
on
A peine ce doublecrime si épouvantablevenait-ildo mémooù l'on découvraitle corps do la pauvre petite,
«ocouertoute la populationde Dusseldorfde la plus le dlrectourd'un journal de Dusseldorf,appelé.au
traglquo dos épouvantes,qu'on apprenait que, dans téléphone,entendaita l'autro bout du fil la voix d'un
la nuit du 85 août, uno servanto,nomméeGertrud• hommequi lui déclarait:
Sohulte,avait été accostéesur une des HVOB du Rhin —On vient do trouver, Graf-Recke-Strasso, lo corps
par un hommea la parole persuasive et aux façons d'une enfant disparue,
attirantes. Il lui avait déclaré qu'il s'appelait Fritz — Qui ôtes-vous? lui demandaitlo journaliste.
Uaungrad, —
Commo11était assezbionmis, qu'il s'exprimaitavec tant Pou est
vous importel répliquait l'individu,L'impor.
pour vous d'envoyer sur les lieux un «on
uno certaine douceur,GertrudSohulte,une Jolie fille, reporter,qui fassevite I
« pleine do vie et de jeunesse», se laissait conter fleu- QuelquesInstants après, lo directeur du Journal
rette par le promenour. était de nouveau appeléau téléphoneet le mêmeindi-
Tous deux se rendirent à une kermessovoisine,où vidu lui demandaiti
Us passèrent un assez long moment. Toujours a la — Avez-vous envoyéquelqu'un î
nuit, le prétendu Baungradréussissait A l'attirer sur —Enfin,voyons, l ut répllquait-on,donnez-moivotre
uno dos Bergesdu Rhin l alors il la prenait dans ses nom.
bras, et, commeelle cherchaità, se dégager, a vingt Eu guiso de réponse,l'extraordinairecorrespondant
et une reprises,il la frappait de coups dé couteausur se contentait de raccrocherl'appareil,
tout le corps. Dans tout Dusseldorf,et l'on peut dire dans toute
Attirés par ses cris, plusieurspassants accouraient, l'Allemagne,ce fut uno véritablepanique,
mais déjà l'assassinavait eu le tempsdo disparaître; Les femmosn'osaientplus sortir seules&partir do la
les survonantsno purent quotransporteren toutohâte tombéede la nuit,
GertrudSchuto à l'hôpital lo plus rapproché,où elle Los parents se refusaientA envoyerleurs enfants a
reçut los premiers soins quo nécessitaitla gravité de l'écoleet toutola populationétait unanlmoa s'écrier:
son état. Harol sur lo baudetqu'était la police...
Après cela, le vampirede Dussoldorfallait,,,souffler. Pourtant, Dieusait si tous les détectlvosallemande,
Ohi pas longtemps,cinq jours a peine... lancés nombrede plus de trois cents, non pas sur
au
Le 30 septembre,uno autre bonne,qui était placéo une piste, mais sur uno grande quantité de pistes, se
chez un médecin,Ida Router,était trouvéemortedans livraient aux recherchesles plus activeset aux expo»
uno prairlo qui s'étendaiten borduredu Rhin. rioncesles plus variées, afin de découvrirle vampire
La malheureuse portait huit blessures, mais, cel- de Dusseldorf ; mais nous devonsà la vérité do dirt
les-là, toutes a la tête. qu'un très réel malaisen'était pas sans paralyser les
On juge de tout l'émoide la populationet du véri- effortsdes mieuxrenseignés.
table concertd'imprécationsqui s'éleva a l'adressede Naturellement,los détectiveslocauxne s'entendaient
la police,impuissantea mettreune fin a cesmeurtres pas aveo coux quo Berlin avait envoyés à leur
épouvantables et mômea découvrirla piste du vam- aide,
pire qui semblaitse jouer d'elle avec une ironie que Les promlersdéclaraientque, si remarquableset si
l'on peut justementqualifierde sanglante. brillants fussontleurs collèguesde la capitale, Ils ne
Cependant,la police n'était pas restée inactive. pouvaient,vis-à-visd'eux-mêmes,quo se trouverdans
Berlins'était ému et avait déléguéa Dusseldorfses un état d'inférioritémanifeste, du fait même qu'ils
meilleursdétectives,qui avalentreçu la missiondocol- étalent appelés a « travailler » dans une région et au
laborer avec la police locale,qui était littéralement. milieu d'uno populationqu'ils no connaissaientpas,
Ceuxde Berlin,de leur côté,qui se targuaientdfôtre
sur leBdents. des as dans leur profession,considéraientleurs col-
Une véritable armée d'inspecteurs,de gendarmes, lègues
auxquels s'étalent Joints un certain nombred'indlca- et ils nedeseDusseldorf commede tous petits messieurs
gênaientnullementpour le leur faire com-
teurs professionnels,de policiers amateurs et de et mêmepour le leur dire en face.
citoyensbénévoles,fouillaientla ville dans tous ses prendre Tandis le mystérieuxet insaisissablevampire
coins et recoins, se livrant t d'incessantesperquisi- continuaitque la série de ses forfaits, pousséspar un
tions dans toutes los salles de bals et établissements esprit de mésintelligence des plus regrettables,les
plus ou moins louches, hôtelsmeublés,garnis, où l'on do e t
Dusseldorf ceux de Berlin s'ingéniaient
supposait que le vampirepouvait se cacher,Maison
' se
Souciera
jouer entre eux les tours les plus pendables,se
ne trouvaitrien, absolumentrien. de faux renseignements, se coupant
Le 13 octobre,celui qu'on appelait le « Massenmor- communiquant
l'herbe sous le pied chaque fols qu'ils en avaientl'oc*
'der » allait encore faire parler de lui. Dans un des casion, et allant
faubourgs de la ville, au lieu dit la Tourbière,on teurs et arrêter même jusqu'à se chiper leurs indica-
tous ceux qui étaient capablesde
découvrait,un matin, une jeune personneévanouie,et rendre de véritablesservicesà leurs rivaux.
qui portait huit blessures à la tête, dont une largo Inutile de dire qu'en haut Heu on commençait&
plaie a la tempe droite, de cet état de choses,beaucoupplus facile
Onla transportaita l'hôpital,où ellemouraitau bout as'inquiéter
constater qu'a faire cesser. Cependant,ce n'était
de deux jours, sans avoir repris l'usage des sens.Tout point les Informations ui manquaientaux enquêteurs,
ce que Ion put savoir, c'est que c'était une fille soit sous la formede qtémoignagesverbaux, soit sous
*
"publique,nommée Homma Doerrln, et qu'olle était cellede lettresanonymes.
arrivée quelquetempsauparavanta Dusseldorf, en pareil cas. l'immensemajorité
La liste allait s'allonger encore. Le 25 octobre, deComme toujours, «
ces prétendus tuyaux » étalent l'oeuvrede plai-
M*»Hubertln Meurer, en rentrant chez elle, tout santins ou de déments,ou encorede gens qui, désireux
auprès de l'endroit où RudolfScheeravait été assas- de jouor un rôle, de parler d'eux, trouvaientenfinune
siné, était accostée par un individuqui lui demandait occasion de se mettreen avant.
fort poliment la permissionde l'accompagnerjusque Hn'en unique est pas moinsvrai qu'il en était quelques-uns
d'êtreretenus.
Elle n'eut même pas le temps do lui répondre,car dignes Mais,malheureusement,soit que, pas plus que les
elle recevait en pleinvisage un coup violent, porté autres, ils ne reposassentsur des bases sérieuses,soit
avec « un instrumentdur »: commeelle tombait à qu'onn'apportât point h,la divulgationde la vérité tout
terre, l'homme do
s'empressait déguerpir, laissant la le zèle, toute la rapidité et toute l'intelligencenéces-
ylotime" i nanimée dans une mare de sang, saires, ces tuyaux élaguaienttous entre les mains des
Enfin, le 7 novembresuivant, dans le quartier du inspecteurs.
M»3 —
99» CRIMESET CHATIMENTS
Ainsi,on crut, a un moment,avaitdécouvrirlo marchand monde,s'étalent abattus sur ot Dusseldorf,entreprenant
auquel l'assassin mystérieux acheté le papier onquôtosur contre-enquêtea contribuantencore par leur
écrit a la polico; malheu- bourdonnementintempestif compliquer la
journal sur unlequel il avait tachedos détectivesprofessionnels.
reusement, examen minutieuxdes deux échantil- C'est ainsi qu'un rédacteur d'une feuille do Vienne
lons de papier démontrait péremptoirementqu'il n'en faisait urrôtor un certain Koch, vagabond inoffensit
ÀtftttWAII
Bientôtun bruit courait avec persistance; c'était qui n'était autre qu'un indicateur au servlcode la
que l'autour des crimes n'était autre quo lo directeur polico do Dussoldorf; celle-ci s'empressa do lo rola-
d'un ponslonnatdo jeunes fillesdes environs do Dus- chor. Lovampire,qui s'était tenu trunquillopendant quel-
seldorf. allait do nouveaufaire parlor de lui.
La personnequi l'avait dénoncé,prétendait l'avoir que temps,
découvertpar hasard en assemblantcertains mots mémode Le 81 novembre,vers vingt-douxuouros,sur le seuil
d'une lettre anonymeenvoyée i\ la police et publiée la maison do la f rosse, on plein coutro du
par la presse. Cette reconstitution, selon lo témoin, quartier dos affaires, on découvrait une chemisede
devait établir lo nom et l'adresse du vampire. fillettemaculéedo sang, ainsi qu'une petite chaussette
Après vérificationsfaites, on s'aperçut que cette déchirée.
dénonciationétait purement Imaginative Aussi les « D'après les dimensionsde ces vêtements,on pen-
esprits étalent-Usmontés do tous côtés a un point sait qu il s'agissait d'une flllottod'une huitaine d'an-
extrémo. nées. Sur lo sol, du sang était égalementrépandu.
Voici oe que, le 20 novembre,le 'correspondantdu «La polico crlmluellu se domandasi l'on était on
Malin télégraphiaita son Journal: présence d'un forfait nouveau ou d'un acte do simu-
«La policede Dusseldorf se trouve dans un état lation attribuablea la psychosoparticulièrequi s'était
d'affolementet do surexcitationqui dépasse encoro emparéodo la populationdo Dussoldorfet qui s'était
celui du public. déjà manifestéea plusieursreprises. à affluer
» La police locale do Dusseldorfvoit, on effet, do «Les lettres anonymes continuaient vers
plus en plus d'un mauvais oeilla présence des détec- lesLo enquêteurs.
20novembre,la mère adoptlvode la petits Ger-
tives berlinois.
« Hier, lo président do policos'est trouvé dans la trud Albermann,Agéede cinq ans, la dernièrevictime
nécessitéde convoquer les « frères ennemis » pour du vampire, rocevaltlo même jour deux lettres dons
essayerdo los réconcilier. lesquelleslo criminel racontaitavec force détails son
« Eu attendant,ce sont les journalistesqui semblent horribleattentat, ,
mener l'enquête.» Le contenude l'uno de ces lettres était si effrayant
C'était exact. Une véritablenuée do reportera, non quo la pauvre femmo en devint folle et qu'on était
seulomontd'Allemagno,-mais de tous les pays du obligé do l'Interner sur-le-champ.
II
UNARTICLE DEPIERRE HUMBOURG, DANSLE« MATIN ». — LA
SIGNATURE OU VAMPIRE.— LESOUVENIR DEJACK « L'ÉVEN-
TREUR. — ENCORE UNE FAUSSE —
PISTE. LAMOCHE ETLA

PELLE. UNTYPE ÉTRANGE. — L'HOMME-FEMME. — ATMOS-
PHÈRE DELÉOENDE. — LE CROQUIB RÉVÉLATEUR.—— LES QUA-
RANTE COMMISSAIRES. — LA FEMME EN SOIE ROSE. LA
GUINGUETTE —
DUMOULIN.« NITCHS —
». —LAFEMME MYS-
TÉRIEUSE* — LEVAMPIRE ÉCRIT... ÉCRIT.., UN FOU OU UN
FARCEUR ?... ,,
Le Matin,toujours sourleux do ses informations, « Voicicommentle vampirea, si l'on peut dire, signé
répondaita la curiositéde sosloctourson envoyant a soscrimes.
Dusseldorfun de ses meilleurs rédacteurs, Pierre « Los neuf victimes portent toutes un coup do aou-
Humbourg. teau à la partie la plus sensibledo la boitecranioimè.
Notreconfrère,dans le numérodu 2i novembre1929, 11est un fait certain, c'est qu'il ne s'est trouvé jus-
nous communiquaitses impressions,faisant ainsi le qu'à ce jour aucun témoin pouvant dire qu'il avait
point sus*cette retentissanteaffaire. perçu un cri d'appel au secours.
« Le vnmplre de Dusseldorf,écrivait-Il,court tou- « Dos passants ont relevé dans la rue des cadavres
le mystère de cotte hallucinante affaire qui venaient de tomber: aucun criavait
jours et entier.Onne de détrosson'avait
demeure peut mieuxcaractériserla situa- été entendu; c'est quo le vampire rendu ses vic-
tion vraiment effarante qu'on disant ceci ! la police times muettes dès son premier coup de couteau.
suit bien un millier de pistes, mais sans tenir le « La police déclare se trouver en présence d'une
moindreindicesérieux concernantl'Introuvablemeur- manière quasiment sclentiflquo de tuer. Cettehabileté
trier. effrayantedo l'assassin,dont on parle maintenantdans
« Un Journal de Dusseldorfécrivait hier assez pltto- lo public, n'est pas faite pour calmer l'émotion géné-
resquement: rale.
« On ne possèdemême pas un poil de moustache « Cepoudant,je dois dire quo la vie quotidiennesuit
la
de l'assassint » son cours presque normal à,Dusseldorf.
« Encorefaudrait-il savoir si ce vampire est mous- « Lo président de police s'est fortement ému des
tachu. comptes rendus quelque peulofantaisistes publiés par
a En attendant, la police criminelle est toujours une feuille berlinoise,,dont reporter, trop Imagina-
représentéea Dusseldorf par les meilleurs détectives tif, a été rappelé par son directeur,
du Relch,opérant maintenant sous lo contrôle d'un * Uno femmede lettres anglaise, dont la spécialité
conseillersupérieurdu gouvernement,délégué spécia- consistea écrire dos romanBpoliciers,a annoncé eon
lementpar Berlin afin d'empêchertout désaccordnou- arrivéea Dusseldorf,
veau avec les servicoslocaux, « La pressa localecouvrela policoallemandeen rap-
« Los détectivesont procédé a une nécessairedis- pelant que les détectivesde Londresno ' découvrirent
crimination,établissant que neuf morts et-agressions jamais lo fameux JocU l'Eventreur, qui terrorisa la
au
sont sûrement imputables vampire. capitale anglaise en 1888.
« Dansson premier affolement,le public avait attri- « Nombred'habitants, de leur côté, continuentleurs
bué à ce dernier dix-neufassassinats et-disparitions procédés vraiment inqualifiables. Non satisfaits de
de personnessignaléesa Dusseldorfdepuis février de mystifierla police,ils abusentdo In crédulitéde leurs
cette année. .-.'> La nuit venue, les
compatriotes,et voici comment.subitementdans
« On a dû exagérer, appels téléphoniques retentissent les
« Nombrede crimes ont été écartés par les détec- demeures. Ce sont les mystificateursqui, d'une voix
tives, après un mûr examen do la situation, parce cavornonse,signalent aux familles affoléesqu'un des
qu'ils noonportaientpas la marque do l'hommesinistre lours vlout de passer do yio à trépas.
duquel a dit qu'il avait un regard mortel et une «Depuis quelquosjours, la policoirecherchait acti-
languequi frétille. vement une femme qui, le soir do l'assassinat de la
-.4-
LE VAMPIREDE DUSSELDORF •»

Sauvàgetnettt il se mit à la traîner sur le sol jusque dans un terrain vague. (Page a).

-5-
CRIMESET CHATIMENTS
élite Gertrud, la dernièrevictime du vampire, avait intorpoliôoB, abordéeset mêmemolestéoB, aux environs
Sté vue donnantdosbonbonsa uno fillette. do Mettmann,par un cycliste trop entreprenant. Les
• Dans les Journaux, on parlait do cette fomme enquêteursno pouvaientdonoÔtroqu'amenés, logique-
commede la « sorcièredo Dussoldorf», et des histoires mont,à se demandersi le cycliste n'était pas le vam-
abracadabrantescirculaientsur son compte.La « sor- pire qu'ils étalent chargÔBd'appréhender. t.
« Do plus, ils avalent appris quç Stelzerétait origi-
cière » vient de se présenter & la polico.C'est, tout
simplement,une bonnededame qui adoreles enfants et naire do Silésle, ot que lorsque so trouvait encore
a la doucemanie leur dlsMbuordes sucrorios dans co pays, c'est-à-diretrois ans auparavant, deux v
ans la rue. Encoreun échafaudagequi s'écroule.Ce enfants avaient été égorgésdans le village môme-,ou
Îul
n'est pas le derniort » il demeurait.
une mais , ;,l'on
M. pierre Humbourgne se trompait pas. Le jour Cela n'était pas évidemment preuve, o'ôtait
même, un sans-travail,nommé WaldemarStolzor,ori- uno pouvaitadmettre,Jusqu'à un certain point, que
de Silésle et domiciliéà Mettmann,non loin assez troublantecoïncidonco. .... il sa
e Dusseldorf,était arrêté.
Ïlnalro Des gons do Mottmann affirmaient que,parfois,
Cet individu,par ses allures étranges, et mémoanor- mettait sur ls nozdes lunettes en écalllo, .-
malos, était destiné a attirer sur lui l'attention do la Or, d'après plusieurs témoignages, d ont la bonnefol
police.au Il occupait uno petite chambretrès modeste, semblaitincontestable,il avait morto été établi qu'une dos
située dernier étage d'une maison ouvrière,place victimesquo l'on avait trouvéo dans un fourré
du Marché,et prochede l'église, des environs,« avait été vue, en août dernier, en com-
Ses moyens d'existence étalent des plus rudlmen- pagnied'un individu qui portait précisément des bosl-
taires. N'ayantpoint de professiondéfinie,11s'efforçait closd'écaillo.» , . „ .
do gagner sa vie, en effectuantdes journées de jar- En possessionde ces renseignements,la policos'em-
dinier. U recovalt,en outre, un léger secoursdu bureau pressaitdo so procurerlos lettres écrites par Stezleret
de bienfaisancede sa commune. tes romottaltà des experts, qui avalont pour mission
Il ne possédait,en réalité, a lui, que les vêtements de los compareravec celles que la police avait reçues
râpés, usés et mêmetroués, qu'il portait en tout temps tous ces tempsdorniers,et qui semblaientprovenirdu^
et en tout Heu, et une pello et une pioche,c'est-à-dire vampire. .
les deux outils avec lesquels 11^'efforçaitde gagner Après avoirlespassé toute uno nuit à examiner ces
la vie, et que, chaque soir, de crainte qu'on ne les lui documents, graphologues étaient unanimes à
volât, 11rapportait scrupuleusementdans sa chambre, déclarer qu'il n'existait aucune similitude d'écriture
Intrigués par les allures suspectes,ot parfois moine entre les lettres tracées par la main de Waldemar
Inquiétantes,de cet étrangeIndividu,et, partant do ce Stelzeret cellesattribuéesà l'assassin : ce qui n'empê-
principe que la pelle et la ploehe avalent très bien chait nullementla police d'aller cueillir, dès l'aube,
pu servir au vampireprésumépour enfouir,après ses le jardinior à sondomicileet de ramonerau bureaude
attentats, les cadavresde ses victimes,les enquêteurs police,où il était confrontéimmédiatementavec quel-
se préoccupaient de rechercher ses antécédents et ques femmeset jeunes filles,qui avaientété attaquées
d'établir autour de lui, en attendant qu'ils se fussent ot blesséespar lo vampiro. , .. . /
des présomptionsassez fortes pour procéder Aucune no reconnut en lui leur agresseur. Malgré
Ïrocurés
son arrestation, une filaturediscrèteet serrée. tout, avec uno obstinationqui prouvaitplus d'entête-
L'envoyéspécial du Matin recueillait, de la bouche ment que d'intelligence, les enquêteurssoumettaientle
de la propriétairede WaldeinarStelzer,les renseigne- prisonnierà un long interrogatoire. . . -,
ments suivants: Atoutesleurs questions,WaldemarStelzerrépondait
— stelzer est un solitaire, un maniaque, un « gra- invariablement ! , ,
;la fols,
». (LesAllemandsse serventdu mot kueru* — Par la volonté divine, Je personnifie, à
ant pour caractériser ce genre d'individu.) On a l'homme et la femmet mais je suis innocent des
i>homane
trouvé, dans la mansarde de stelzer, des copies de crimes. . ... ,
lettres extravagantesqu'il avait écrites au présidont Aprèsuno séancede près de six houres, où. pas sos un
Ilindenburg, à M. LloydGeorge,au présidentCooiidge, instant, cet étrange bonhommene varia criminelle dans ,
à feu Stresemann,et a Staline.Il avait élaborétout un déclarationset dans BOB la
réponses, police
projet des Etats-Unisd'Europe. de Dusseldorf,qui n'avait recueilli aucune charge
Au pape, il avait écrit, un jour, qu'il entendaitêtre réellecontre stelzer, décidaitde ne pas le remettreeu
son successeur.A ses heures perdues, Stelzer enfour- liberté, et nous verrons bientôt pourquoi,
chait égalementPégase, Quant au vampire,il courait toujours, et continuait
• Danssa mansardes,on a trouvédes inéditset aussi à narguer la police. 11.lui écrivaitqu'il était décidé à
des poésiesgraveleuses,notammentune pièce de vors se constituerprise inler dès qu'il aurait commisson
hardis, décrivant une nuit qu'il aurait passéeà la belle trentièmeassassinat. -, . , ....
étoile avecsa « Dulclnéo». Les enquêteursdécidaient alors dé reprenârp l'af-
« Celaest d'autant plus singulier,que Stelzerpasse, faire dès son début.Mesurequ'elle aurait dû prendre
aux yeux des habitants de Mettmann,pour être miso- beaucoupplus tôt. elle réunissaittous les imprimeurs
gyne. de la région,afin de leur soumettrele papierde journal
A«p'ailieurs, le personnage est vraiment déconcer* sur lequel l'assassin avait dessiné le croquis révé-
tant. lateur. , .
« On a trouvé chez lui, non seulementdo la prose Pendantco temps, le voile mystérieux,sanglant et
et de la poésie,mais aussi tout un lot de vêtements impénétrablederrière lequelse cachait l'effroyablecri-
féminins: chemises,corsets, pantalons A dentelle: on minel,contribuaità créerautour de co personnageune
a, de plus, établi (jueStelzer, l'an dernior,portait un atmosphèrede légende. ....
costumede bain fémininquand il se baignait dans los Les uns, voulaient,à tout prix, voir en lui une sorte
eaux du Rhin, et que, sous son maillot.Il glissait deux de réincarnationd'un de ces ogres,de ces géants,qui,
grosses moitiésde noixde cocopour faire croire qu'il suivant la tradition, désolaient le pays rhénan aux
avait des seins. slôclasdo l'ère chrétienne.
• Adeptedu nudisme,il lui arrivait aussi de circuler premiers D'autresprétendaient,que tel un personnagefameux
tout nu dans la mansardequ'il occupait. d'une vieilleballadeallemande,il possédaitTe pouvoir
Notre confrèredemandaità l'un des voisins: so rendre visible ou invisible, à son gré, et mi'il
~- Croyez-vousqu'il soit capable d'avoir commisles de ne projetait pas d'ombre,quand, pur le clair dé lune,
crimes atroces qui ont soulevétant d'émotions? il s'approchaitdo ses victimes, .
Son interlocuteurlui répondit: En attendant,l'instructioncriminellen'avançaitpas
~t~J? l\fl ,e P.onseP°d-stelzer était une sorte de fou. d'une semelle. A ...
de
plutôt digne compassion,et 11avait certainement L'après-midi du 24 novembre, les policiers repre-
des défautssur la nature desquelsil est impossibledo naient l'interrogatoirede WaldemarStelzer,qui conti-
se tromperj mais Je me résoudraitrès difficilementA nuait, en guise de réplique à toutes les questionsqui
^mettre, un seul instant, qu'il fût l'pnsasBihsi acti- lui étaient posées, à invoquer • tous les prophètes,et,
vementrecherché, en particulier.Moïse, AA
.#îJAelle
J?°"ce «'était ps» précisément de cet avis. En Ceoui empêchait la police de le remettreen liberté,
•fK avait appris que Stelzer entreprenaitde frê- c'était le fait que nous avons signaléplus haut, c'est-
Pfomenade» nocturnes A et que, à-direta mort tragiquedes deux enfantsde Breslau,où
9H,-nil8...
très souvent, Il ne rentrait chezluibicyclette trouvaità cette époque.
qu'au petit Jour. fi «seAlors
'
. Mettmunn
tJL?Il"W..2l°u,5 de8 mo18 Précédents, m certain nom- (Matin du 25novembre1929) q u'A
bre de Jeunes femmeset do jeunes filles avalent été on disait que Stelzerétait incapablede faire du mal A
-»—.
m CRIMESET CHATIMENTS
«IA policecriminellevient do faire passer u«o note avait été remarquée, alors qu'elle domandattA deux
dans les journaux, où elle rappellequo plustourstou- fillettesdo l'accompagnerot do lui aider à porter un
ristes qui se trouvaient lo 11 août apros-midiià la filet plein do provisions.
Atiiiiguotte du « Moulin», ont pris des instantanés. « Agéod'environ,cinquanteans, cottofomrnoavait,
« La policeinvite ces personnes,d'ailleurs inconnues, parait-il, uno voix grave, prosquomasculine
à lui faire savoir si, par hasard, elles n'ont pan pho- « Lolendemain,ellorevint...On la vit à Gor-
tographiéMaria Hahn et lo Jeuno hommeblond qui trudo et lui. donner quelquesptennings.parler L'enfant prit
l'accompagnait. l'urgent et s'en fut acheter quelquesfriandise».
«Hier, on signalait la disparitiond'une jeune bonne « Elle raconta qu'on lui avait donnéun thaler et que
de vingt ans, nommôoEliseWober. la damoavait promis tlo revenir.
« On apprend maintenant quo l'Intéresséen'en est « Effrayée,M <«»
Wleso,chezqui la potlteétait en Vil-
pas à sa première fugue, malâ qu'olle a, d'ailleurs, légiature,lut interdit de sortir,..Oertrudes'enfuit. Elle
quitté se» parents après
» avoir commis un important no devait plus revenir.
détournement, » « Losoir même, nous l'avons dit, on l'avait rencon-
Le représentant du Matin allait continuer son trée, tenant par la muin un hommod'uno trentaine
enquête,dqu'il menait d'ailleurs nvoo beaucoup do d'années.
logique, o prudenceet do « Onen concluait,quo lo vampirese déguisait,à l'oc-
Le 27 novombro,dans perspicacité,
l'après-midi, 11 obtenait de casion, ou femme, ou bion qu'il avult uno femme
M. lo conseillercriminel Oellat, de Berlin, l'autorisa- commernbatteuso.
tion de raccompagnerà la guinguettedu «Moulin»,où, « Losjournalistesqui, dans cette affaire, déployaient
le dimancheil août, Maria Hahn avait été aporçueen uno activité au moins aussi grando que colle (Je la
compagnie d'un ami occasionnel d ont les allurcB,pré- polico, se mirent en quête dos douxenfants à qui la
tendaientcertains témoins, étaient plutôt suspectes. dameavait demandéun coupde main pour porterson
Il commençaità intorrogorlonguementle personnel filet.Ils les trouvèrent,MarthaVlereg,cinq ans, et sa
de l'établissement,qui Hu donnait,d'ailleurs, los ren- cousine,MargaEscher,septans, racontèrentainsi iour
seignementsles Mus vagues, sauf un Bommelier,qui aventure! •
lui déclara que la compagnondo Maria Hahn était « — Nous sortions do chez le boulanger, où nous
revêtud'un costumebon marché. avionsachetédu pain, quandnousvîmes,devantnous,
C'était plutôt maigre. une fommequi nous regardait fixement.Ello s'appro-
Néanmoins,M. Collât s'efforçait do reconstituerles cha do nous, et nous demandasi nous novoulionspas
faits qui s'étaient déroulésil la guinguette; mais il ne porter son paquet... On lui répondit qu'il fallait que
put y parvenir,foutede renseignementssuffisions. nous rouirionsà la maison,qu'on nous attendait.,.Et
Ton», patron et personnel, semblaientuvoir perdu nous sommesparties...La fomrnoest restéeplantéelà i
complètement'lamémoire. ello nous faisait des signes do la main... NousnvloM
« Le conseiller criminel et ses inspecteurs oxplo- remarquéqu'elle n'avait pas de paquetdu tout. Aloisf
raientalors le bolsvoisindo l'étabtissementet, tout en on s'est méfié.,.Et puis, sa voix nous avait fait peur.
furetantbien inutilement,arrivaientA Patendellesans On aurait dit un hommo.»
avoir rien découvert. « Ces M. Jean Guignobert,
a Cette promenade,téléphonaitl'envoyé spécial du étaiont,déclarations,poursuivait
d'autre part, confirméespar le témoignage
n'a
Malin, apporté aucunenouvelle découverte.Chaque d'uno Jeuno ouvrière, M<»« Prlnz, qui vint spontané-
Jour, nous avons n
l'impression, pason d'assister Aun ment faire à la polico le récit suivant!
éternelrecommencement de mais à un éternel « — C'était la semaine dernière, mercredisoir... ça
essai de raccrochement. l'affaire, fait huit jours, jo sortaisde la fabriqueIluniel, où je
« Nombrede victimesdu Vampireont été dépouil- travaille,quand une femmehabilléedonoir s'approcha
lées; de modestes sacs à main, des manteaux, des de« mol. ,
jupes,dés corsagesont été emportéspar l'insaisissable J'eus tout do suite d'impressionque o'était un
vampire. homme déguisé. •;..
* Cesobjets ont-ilsété revendus? C'est co que tonte « L'individumo regardaitavocfixité. Puis, il sourit,
la
d'établir policede Dusseldorf. et Je vis qu'il avait une dent en or.
« Danslos Journaux, on publioune llstoet uno des- « — Il fait froid, me dit-il, lo vontsouffledu nord I »
criptiondétailléedes objetsot on invitoles brocanteurs « Je no répondis pas et Jo passai mon chemin; il
à vérifierleur bric-à-brac. Insista !
« Nousne surprendronsdonc personneen disant quo « — Vousêtes Jeuneet vous avozdo bonnesJambes,
les chercheursviennent do mettreau jour de superbes mais, mol aussi, Jo poux marcher vite, est-ce quo Je
tombeauxde l'époquedes Francs. vous accompagner? »
« J'ai demandé,ce soir, au conseillercriminel Mon- poux « Je pressai le pas sans répondre îl mo suivit...puis,
berg.si, de son côté,il avait découvertun fait nouveau, tout A coup, il disparut. »
Il a levéles yeux et les bras au ciel i puis, 11a poussé « Pressée de donner dCBdétails, M01»Prlnz ajouta
cette simpleexclanution: * Nichtsl », ce qui revientà quo l'inconnueou l'Inconnu,qui semblaitftgéod'une
dire : « Riendu tout. » d'années, portait un long manteau noir,
« La seule chance do la police serait que les tou- Suarantalnees bas clairs, qui semblaienttricotés.Sescheveuxdis-
ristes,qui se trouvaientà la le.
guinguette 11 août, lui paraissaientsous une clochetrès enfoncée.
fissent parvenir la photogràphlodu compagnon do «J'ai remarqué les pieds, déclarait M» 110Prlnz, ils
MariaHahn. étalent exceptionnellementgrands pour des pieds de
« On sera fixé sur cotte possibilitédemain soir. » fomme, au moins du quarante-trois...»
Il nofaud'ait pas s'imaglnorquo la policos'hypnoti- « Cosignalementcorrespondaità celuidonné par les
sait seulementsur l'assassinat do Marin Hahn ; elle petitosVlereg et Escher.On so lança cur cette piste
enquêtait, avec non moins d'activité, sur tous les sans succèsi Jamais on no retrouvala femmedégniséo
autres crimes.Les inspecteursrecevaientde très nom- en hommo,qui donnaitdes sousaux petits enfants,et
breusesdépositionssur tous loscas. Quevalaient-elles? qui faisait la couraux Joliesfemmes.Unofoisde plus,
En tout cas, elles nécessitaientdos contre-enquêtes,qui on avait perdu du temps, et lo vampire courait tou-
réclamaientbeaucoupdo temps ot exigeaientun nom- jours t »
breux personnel. Lovampire1Maisil no cessaitd'adresserdos lettrés
« Dons l'affaire Albermann,nous dit M. Jean Oui- anonymes, lettres dans lesquelles.nprêBs'être déBignô
gnebert (i), les témoignages no manquaient pas. La comme étant l'assassindo Dusseldorf,il déclaraitavoir
difficultéétait de discernerce qui valait la peine d'être transféréson activitédans la Snrre!
retenu. » — Jo mets en écrlvalt-il,les policiers qui
« En enquêtantdans le quartierde l'Arrkerstrasso,où auraientl'intentiongarde, me
de poursuivre,car ils subiraient
habitait l'enfant, en interrogeantles commerçants,les le sort de mes victimesde Dusseldorf.
apprirent que, la veilledu jour où la petite Cettecorrespondanceétait-ellel'oeuvred'un fou, d'un
Sollclers
«rtrude avait disparu, uno femme d'un certain Age farceur,ou bienétnit-olloauthentique?
En attendant, l'offroyabloassassinétait toujours en
0) LAVie monstrueusedu Vampiredo Dusseldorf, liberté.

-8-
LE VAMPIREDE DUSSELDORF|

Nous sortions de che\ le boulanger%quand nous vîmes devant nous, uni femme
qui nous regardait fixement, (Page 8).
-9-
CRIMESET CHATIMENTS.

PITEUX RÉSULTAT. — LED0S8IBn DESCONSEILLEURS. — DIX-


HUITCENTS —
PISTES, EST-CE UNMILITAIRE —
î... UNPETIT
«ARÇON QUI ADE LA CHANCE. — «
US TRANSVESIIT ». — LES
LEÇONS —
DEJIU-J1T8U.LE0ARÇON DECAFÉ, — LEBOUDIN
DE8ABLE Et—LEFOULARD TACHE —
DESANO. ENCORE DES
INNOCENTS / UNE« MAISON DBTRAVAIL —
», TOUJOURS
DESDÉCEPTIONS, — ARMONDUS OU L'HERMAPHRODITE DE
BESANÇON. — UNE NOUVELLE LETTRE DU VAMPIRE. — LE
CHÉRIDESDAMES. — LAPOLICE INLASSABLE, — ENFIN,
ONTIENT LECOUPABLE 1
Devantle pitons résultatobtenupar ceuxqui avaient « —> Souvenez-vous de celui do Hanovre et aussi de
missiond'arrêter le vampire,l'opinionpubliques'éner- son prédécesseurde Berlin,Tous deux habitaientdans
vait de plus en plus, et la police qui avait reçu, ello dos cités ouvrièros.L'assassin de Dusseldorfest un
aussi, des lettres du vampire,semblablesà celles que individu choz qui éclate,;do temps A autre, l'instinct
celui-ciavait adresséesaux Journaux, et était, d'autro crimineldola bêteprimitive.
part, débordéepar uno avalanche do missives, natu- Il n'y avait pas, A mon avis, do relations anté-
rellementanonymes,et où on lui reprochaitson Inertie rieurementétablies entre lui et sos victimes.
et son incapacité,ce qui, hAtons-nousde le dire, était « C'est, fortuitement,que los rencontres
absolument immérité; cor si, au début do l'enquête, duites; et lo monstrea nappé, violenté etse sont pro-
tué aveo la
les détectivesallemandsavalent montré quelquelour- dernière sauvagerie
deur, quelque hésitation, saus l'impulsion de leurs « Rentré chez lui, il est devenu peut-êtrele meilleur
chefsde Berlin et do Dusseldorf,ils s'étalent prompte- garçon du monde.
ment ressaisis et l'on doit, en toute justico, déclarer Et notro confrèred'ajouter j
qu'ils avalent déployé,au coursde leurs recherches,un —.J'ai quitté le conseiller Gellat aveo l'impression
zèle et une obstinationremarquables. Je «venais de m'entrotoniravec Un homme qui
Maisleur impuissanceétait faite surtoutde l'éparpil- que pense; On l'aura 1 »
lementde leurs auteurs. En attendant, le soir mémo, on signalait la ,'dispa-
En effet,le vieux proverbea toujours rolâon: « Il ne rition d'uno Jeune fille de la banlieue de Dusseldorf,.
fout pas courir trop de lièvresAla fois. » nomméeWllholmineKraemer,Agéedo vingt ans. Le
La police germanique était en train do s'en aper- lendemain, aux
cevoirune fols de plus. Aussi,Ala suito d'une longue un garçonnetdeenvirons de cette ville, à Osterslenpon,
quatroans, était attaqué, violentépar
conférenceA laquelle assistaient les principaux chefs un inconnu qui, effrayépar les cris perçantsquopous-
do serviceet qui était présidée par le conseillercri- sait lo pauvre petit, s'empressait,
minel Gellat,do Berlin,qui était, en quelquesorte, lo pour sa victime,do prendrela fuite,fort heureusement
chef d'état-majordu Kripo,11avait été décidé quo les On apprenaitégalementque la policoavait arrêté un-
enquêteurs rétréciraient le
considérablement champ de it transvestit».c'est-à-direun hommequi avait l'habi-
leurs investigations. tude de s'habilleren femme.
Ausortir do cet importantconseil,notre confrèredu Détail plutôt curieux, ces « transvestit », étaient
Matindemandait AM.Gellat: assez nombreuxà Dusseldorf.
— Rien de nouveau,monsieurle conseiller? Or. Uexistaitmémoun règlementde policequi Inter-
M. Gellatrépondait: disait ce genro d'habillementà quiconquen'était pas
— Laissez-moid'abordterminerla lecturedos lettres muni d'uno carte spécialequi, en raison d'une attes-
que nous recevons d'astrologues, d e tireusesdo cartes tation médicalo, un certain point jus-
et de personnesfaisant parier les tables, c'est ce que tifiercette bizarrepouvaitJusqu'à
manie
le dossier des conseilleurs...
j'appelleavoir Or, le « tronsveBtit» qui avait été coffré,n'étant pas
Après co volumineux M.Gel- muni
lat reprenait :dépouillé courrier, do cettepièce,avait été maintenuen prison,
— Maintenantque le coup de feu est passé,je puis femmes, Enfin,sur los conseilsdes journaux de la ville, des
des jeunes filles, qui no comptaient plus
vousdire que nous sommessur plusieurspistOBImpor- guère sur la protection efficacede la Krtpo, s'étaient
tantes, après en avoir suivi quelques centaines qui décidéesà prendredes leçonsdo Jiu-jiteupour, au cas-
n'ont abouti A rien, mais que nos consciencesprofes- où elles seraient attaquées par le vampire, échapper
sionnellesno nous permettaientpas do négliger.
« Ce qui a été servi Jusqu'à ce Jour, au public et A victorieusement le
Asa mortelleétreinte
Or, lendemain,c'est-à-dirole 10 décembre,la nou-
la presse, n'était forcementquo les hors-a'oouvredu velle si lmpatlommentattendue so répandait dans la
repas substantiel qui suivra \ je vous y invite- vlllot le vampireest arrêté.
rai. » Il s'agissait d'un individu nommé George Ntstroy».
« L'optimismedu conseillercriminel éclatait, nous employé comme domestiquedans une forme, située
dit notre confrère. de Dusseldorf,
« L'inspecteur,qui entrait et sortait du bureau pen- près GeorgeNistroyavait disparu lo lendemainde l'assas-
dant notre entretien, avait une autre figure que ces sinat do MariaHahn. Il avait été découvertdans un
jours dorniors ; 11 avait dans la maison une sorto osilodo nuit, auprès de Berlin.
d'entrain quo nousyno lui connaissionsguère. Voici commentles soupçonss'étaient portés sur ce
« — Voyez-vous,poursuivait lo conseiller criminel, arçon; un hommo antipathique, grossier, brutal,,,
j'ai contribuéAtirer au clair cortainesaffairesreten- Soué d'uno force tout ce qu'il faut pour
tissantes qui H'étaientpassées A Berlin, il y a trois foire un meurtrierherculéenne, on série.
ans, et qui m'avaient obligé A suivre dix-huit cents Certains témoins prétendaient qu'ils l'avalent vu
pistes, qui, toutes, étaient fausses. Cependant,j'ai eu aveo Maria Hahn dans un établissementde danse,
l'assassin. le Moulindo Stlndor. Commelo
« Ici, ADusseldorf,j'ai affaire Aun Individu,dont la appelé formon'avait pas reparu depuis la mort dolagarçon
do
mnlheu*
manière d'opérer et dont los méthodesno sont pas do reuso jeune fille, la policeétait d'autant plus en droit
l'Inédit pour moi, encore qu'elles déroutentcomplète- de le suspecterquo les renseignementsrecueillissur
ment le public.
« Prenons, par exemple,l'affaire Hahn t elle montre son compteétaient loin.., très loin d'être favorables,,,
Au bout d'un mole de recherches, les Inspecteurs
qu'il a a fait preuve d'un indiscutable raffinement.La lancés Ases troussesfinissaientpar le retrouver dans
tombe été creusée,dans lo plus grand mystère,avec cet asile do nuit do Nowawes,Bltuéaux environs do
l'art absolu d'un fossoyeur,
t si une sorte de sadismen'avait pas pousséle cri- Berlin, Interrogé
.
longuement
...
par plusieurs inspecteursqui
minel A inscrireet Adessinerle croquisquo l'on sait. avaient pris part A l'enquête menée A DusseldorfAla
donc, au monde,aurait jamais su que le cadavre rochorchodu meurtrier mystérieux,il déclaraitt
Sut
leMariaHahn se trouvait1A? » — Je nosuis nullementgarçon do fermocommevous
•— Croyez-vous,demandait notre contrêro, quo le lq dites, mais menuisier, do mon état. J'ai bien, m
.vampire soit un solitaire7 » effet,.était employécommolimonadier,au Moulindo
M. Gellatréponditi Blinder,mais c'était par occasiont car Jo n'avais pas
-1(1-
MO CRIMESET CHATIMENTS
Jouis après,-M»*Mourerqui avait été blesséegriève- Le l«f mars, on télégraphiait de Berlin A VAgence
ment do coups de couteau lo 85 octobre dernior, par llavas :
Itëntgmatlquo bandit,affirmait la voille,elle s'était « Selonla Gazettede Voss,lo journal communiste
rencontréenez Anez avec sonquo, dans une des Frclhett,do Dussoldorf,aurait reçu du vampirede Dus-
tues des plus fréquentéesdo luagresseur
ville, soldorfuno nouvollolettre dans laquellele mystérieux
Elle ajoutaitqu'Asa vue le meurtrieravait immédia- assassin donneraitnotammentson signalementprécis,
tementpris la fuite et nv«,itdisparu en sautantduns un ainsi quo des détails sur son existence.
tramway en marche. Voici,d'après notre confrèreJean Guignobert,la tra-
Il n'était pas jusqu'à la Sûreté généralefrançalsoqui ductiondo la lettre adresséeau JournalVrelhelt.
ne fut convaincuequ'elle avait enfinmis la main sur
le vampire. « Me voici do nouveau, écrivait l'Inconnu, mol, le
Cettefois, c'étaitsur un personnagetout Afait extra- « Massomordor », do DusseldorfquoVoncherchedepuis
ordinaire quo les policiersde Besançonavaient mis la si lougtomps.Ma premièrevisitea été, samedi dernior,
main, un Individuaux allures étranges,qui prétendait pour le bal musquédu Zoo.C'étaittoutà fuit amusant.:
s'appoler ArmondusBalisky ot so trouvait en état do un tiers d'hommes,douxtiersdofommos,I^xplupart des
vagabondage, jounes femmesavalent emmenélours mèros pour los
Bien que so disant Agédo trente-neuf ans, 11 on protéger,Wonà faire...
paraissait vingt-cinqà peine. Commo11vivait depuis « Monpère était un haut fonctionnaire..J'ai fait mes
quelquesJours avec un homme, on lui supposa des études.Plus tard, alors quoj'étais employédo banque,
moeuntspécialesce qui n'était po3 fait pour le rendre j'ai fait un faux pas. On m'a renvoyé,J'ai aussi fré-
recommandnblc. quentél'Académiedo pointuredo Dusseldorf,mais sans
Mais s'il n'était pas l'assassin que l'on croyait, ce succès.J'ai ensuite, pendant un certain temps, fait la
n'en était pas moins ce quo l'on pourrait appeler un fôtoaux fraisde mes paronts.
type à surprise. « Mesétudes finies, Jo fus subitementatteint d'im-
En effet, lo parquet do Besançonqui avait ordonné puissanceet manifestaiuno certainetendanceà la pev-
d'enquêter sur ses antécédentsapprenait bientôt quo vorsité.
l'étmngo ArmondusBalisky, dont il avait été impos- « La vlo facilo quo jo menais fut pour mol un
sible, faute de papiers, do rétablir sa véritable natio coup fatal. Soixantepour cent dos étudiants étalent
nollté, était resté une quinzaine do Jours environ pervertis. « Los étudiantes elles-mêmes,pour une grande
enferméà la maisond'arrêt d'Alx-on-Provenco,
Arrêtéà Port-de-Boucle 11 décembre,toujours pour part, manifestaient,elles aussi, dos goûts anormaux.
vagabondage,Il avait été transféré trois jours plus D'oùcelavouait-il 7 C'est bien simplei los soinsot la
tard à la prison d'Aix où son arrivée. utn3l qu'on va bonno nourrlturoengendrentla précocité;
le voir, avait produitune émotionconsidérable « Un jour, mes parents on ourentassezde la vlo quo
« En effet (Matin,du 23Janvier 1930),lorsquelo gar- Jo menaiset jo me décidaià vivre raisonnablement.Ju
dien, respectueuxdu règlement, eut fait déshabiller fus tout d'abord inspecteurd'assurances,
Balisky, il so trouva dans un cruel embarras. « Aujourd'hui,Jo vis d'escroqueries.Jo danse beau-
« Nosachants'il so trouvaiten présenced'un homme coup.Je suisle chéridosdamesbien que je lesdéteste
ou d'une fomrno,il prévint lo directeur do.la maison Elles m'entretiennent, mo donnent de l'argent, ot on
qui appela trots médecinsen consultation. échange le leur promets le paradis. J'ai seulement
« Ceux-ci,après beaucoup d'hésitation, décidaient libérédo la misèredo pauvresâmes.
que Baliskyétait une fomme. « Aucunene m'a volontairementsuivi sur les che-
« Durant son Incarcération,11s'était montré d'une mins déscrls, mais l'ai joué de ruso.AvooMarioHahn,
conduiteirréprochable,se levant do bon matin, aidant nous «
rovonionsdo Neundortaal,
J'habite
A nettoyerle parquet,paraissant vivements'intéresser strasse. Un à la Journée suis
duns uno maisonde la Lien-
aux travaux de couture, qu'effectuaient ses co-déto- jour je parti avecun agent do police
nues. ' Ala recherchedu meurtrier...on a beaucoupécrit sur
« Le 2 janvier, Balisky étuit condamné,en correc- le papier Jo
dont Je mo suis sorvl autrefois.C'ost bien
l'ai trouvé par terre à la poste..
tionnelle,à huit Jours de prison. simple.
«
Dèsqu'il ou plutôtqu'elle eut fini sa peine, ello reprit do grandesIl y a aussi los meurtres d'enfants.J'en espérais
sa vie erranto, Jusqu'au momentoù elle fut urretêû « satisfactions,Je mo suis trompé.
A Besançonsous l'Inculpationque l'on sait, Samedi dernier, déguisé
1 on femmoJral dansé avec
Mais,hélast cet hermaphroditen'était pus encore lo un«haut fonctionnairedo la police,
Voicimon signalementi Jo mesureexactementun
vampire. mètre soixante-huit.Je ne porto presque Jamais do
Malgré tous ces déboires, les arrestations conti- lunettes, si co n'est do temps en tompBcommeorne-
nuaient inutilement d'ailleurs. C'est ainsi qu'on mont.Pour lo moment,Je porte un pardessusdt cou-
envoyaiten prison un roumuin qui prétendait s'appe- leur marongo, un complot à carreaux, un chapeau
ler Mlkaelet qui, sous ses apparencesdo mlsôroux, vert, dessouliersvernis à tlgo do drap.
était en réalité un fils de famille quelquepeu toqué, « JOdisposed'un pou d'argent, ce qui mo permot do
bohème dans l'Ame, vivant des subsides que lui profiter du carnaval. lorsque la polico sera près de
envoyaitsa famille finirai aveccotteexistencedo raté, car
On soupçonnaégalementun commisvoyageur hol- în'arrêtor, J'en
landais, nomméJan Hoeck,qui avait été arrêté pour loamonde A appartient
bientôt... »
aux grands escrocs.
uvoirlardé do coupsde poignarddans le dos une infir-
mièredu sanatoriumde Hora.
La policohollandaise,qui avait procédéAson arres- co11est évidentque pour tout esprit sain ot équilibré,
factumno pouvaitêtre que l'omvred'un slnlstrofor.
tation depuis déjà quelquetemps, n'eut aucune peine cour ou, tout au moins, d'un demi-fou,
à démontrerAla police allemande que co Jan Hocck Néanmoins,
ne pouvaitpas so trouver à Dusseldorfau momentoù lait demeurerla policoqui, sous aucun prétexteno vou«
l'objet des critiquesde lu prossoet de la.
le vampirepoursuivait BCS s inistres
- était surabondammentdémontré qu'à cette exploits, puisqu'il —
fotilo, priait le directeurdu Journal Vrclhctldo lui
époque il communiquer l'original do cettelettre. La directiondu
était en Hollande Prelhntts'y refusa et on remit simplementune photo
Le 10 février,nouvelincident.UnIndividuse présen- aux enquêteursqui, après examen,conclurentqu'elle
tait Ala >"olice do Dusseldorf,s'accusantd'avoir com- n'avait aucun caractère d'authenticité.
mis quatre assassinats. Encoreune pisto qui s'évanouissaitdans le néant,
CescrimesremontaientAplusieursannées et avaient Lo14mai,un boucherde Tech,nomméLéopoldPan-
été exécutés avec une sauvagerie inouïe. En effet, ser, soupçonné d'un triple assassinatcommisà lires-
toutes les victimesétaient de jounes apprentiesque lo lau, était arrêté à Batibor,
monstre attirait dans des lieux solitaires. LA,Il les Cettofols, la pisto semblaitsérieuse Un employédo
endormaitavecdu véroual,puis il les dépeçaitavec un chemindo for do la gare do Ratlbordéclarait avoir
couteau de boucher. mois auparavant, A la sortie de la
De 1AAconclurequ'il était le vampire,11n'y avait remarqué,quatre un
gare, voyageurvenant de Dussoldorf,qui se rensei-
qu'unpas... Maison apprenaitaussitôt,que non seule- gnait pour savoir où se trouvait lo frontière.Ml»en
ment celui qui se prétendaitl'autour do ces odieuxfor- présence do Pnuser cet employélo reconnaissaitfor-
faits n'était pas lo criminel do Dusseldorf,ni même mellement.
l'assassin dos jounes apprenties, c'était tout simple- Maiscon\ *H pas encorelo vampire
mentd'un fou. Pauser démontraitlo Jour mômequ'il n'avait Jamais
12
LE VAMPIREDE DUSSELDORF m
habitéDussoldorfet qu'il no e'étuitmémoJamaisrendu Lo 25 mai 1930,les Journaux publiaientl'entrefilet
dans cetterégion. suivant j
Lu police mettrait-ellejamalBla main sur le cou-
pable C'était à en désespérer, Pourtant, ello no so « Unofolsdo plus la policecroittenirle vampire.Elle
décourageait point, a arrêté
Avooune ténacité vraiment remarquable,los chefs on 1883à cet après-midiun certain Peter Kuorten,né
Mulhohn-sur-Rhln, qu'elle soupçonned'être le
continuaientà recueillirles plus amples renseigne- vampirerecherché si
depuis longtomps.
ments qu'infutigabloinentils faisaient contrôler
' par « L'arrestationa/ou Heudans dos conditionssi rapi-
leurs agents. des quoKuortena reconnutout d'abord,sans difficulté,
Do tous côtés, les inspecteurs so répandaientnon être l'auteur d'un récent assassinat d'une Jeune fille.
seulementA travers toute l'Allemagne,mais à tra- Au cours de l'interrogatoire,Il a fini par avouerêtre
vers tout l'étranger,cherchant,fouillant,Interrogeant, égalementl'autour de divors crimes commisl'année
« restant des somalnes entières sans dormir », et dernièreà Dusseldorf.
déployantvéritablementun zôlo quo ne cessaitd'acti- « La policos'efforcedo vérifierses déclarations.»
ver leur supérieur,tantôt par dos*promesses,et tantôt
par dos monacos. Cottofols,la policoteuuitle coupable.Pierre Kuerten
Or, lo vampireque l'on croyait si loin, était 1A,tout était bienlo vampire insaisissablequi, depuisle 29juil-
près, à Dusseldorfmôme,et seule uno Initlutlvoprlvéo let 1928,semaitla terreur dans la ville ot parmi ses
(lovaiton assurer lu capture, environs,

IV
L'AlUlKSTATION. — LASERVANTE SANS PLACE. —LECHEVALE-
RESQUE INCONNU.— DANSLA FORET DBORAFFENBERO. —CE
QU'ÉTAIT PIERRE KUERTEN. — LAFEMME DUVAMPIRE. —
AVEUX. — —
CYNIQUES
DÉTENTE OÉNÊRALE.— «IL FALLAIT
L'ESPRIT
QUEJE TUE
DEVENGEANCE...

— UN
MONSTRE INTÉORAL,— PARALLELE AVEC L ANDHU.— C1N-
QUANTE-TH01S CRIMES. — SATVRË ET.,, (t PYROMANE ». —
KUERTEN ENPRISON, — LEBILAN DUVAMPIRE. — MEUR-
TRIER SEXUEL,.,
Maintenant,disonscommentla Krlpo avait fini par m'avait si biendéfendueot qui me parlait avec beau-
mettrela munisur co monstre. do douceuret de bonté,Jo lui déclaraique jo me
« Le 20 mai. révèle M. Jean Guignobert,une dame coup rendaisau dos Jeunesfillesoù, fautodo travail,
d'un certain Age.se présentant à la préfecture do J'avaisreçuFoyor
Police, demandaità parler h <tun do ces messieursqui « Alors,il l'hospitalité.
m'offrit,pour mo remettredo mon émo-
« s'occupaitdo l'affairedu vamplro». Undo ces mes- tion, de monterchezlui où 11m'offriraitune tasBede
sieurs? HS étalent toute une armée. On accueillitla thé,
visiteuse,ello expliquaqu'elle venait do recevoirpar Il ajouta mémo qu'il chorchàlt précisément une
erreur unolettredontlo contenului semblaitde nature bonnoet,qu'il était prêt à mo prendre à son service
à mettrela policosut*la trace du criminel,» « J'hésitaià raccompagner,mais il avaitde si belles
Cottolettre était signéeMarioBudlick. manières,il paraissaitsi respectableet si respectueux,
La signataire racontait A su il avait tant dobontédans lo regurdet do douceurdans
dans la nuit du 14mai, 11lut était correspondante
arrivéune CIIOBO quo,
1er- la voix quo Je finis par me laisserentraîneret, tout eh,
rlblo, en un mot, qu'elle avait failli perdre la vie continuant a m'adrosser des paroles affectueusoset
Unhommo,quino pouvait ôtre.quo lo vampire,avait réconfortantes,il m'emmenaJusqu'àson domicile.
cherché à l'éfranglor,Et Mario Budlick— uno jeuno — Oùcelaï
bonnoqui avait mis son adresseen tête do sa lettre — —Je sais quo c'était Meltmannerstrasso, mais Je ne
demandaitun rendez-vousd'urgenceà son amie, otln me rappellepas le numéro...Arrivéelà, Je BUIS envahie
qu'elle pût raconterà celle-cison aventuredans tous d'uno sorte de pressentiment qui m'avertissait que
ses cRHails. J'étaisen danger.Et jo priais co monsiourdo mo lais-
Sans perdre une seconde,on envoyaitchercherMarie ser partir. Il y consentitBOUS la moindre difficulté',
«
Budlickqui, servantesans place, avait été recueillie mais il mo dit :
pur le Foyor do la jeune fille ». Moins d'une houro « —Jo vais vous accompagnerJusquo-IA, car, ainsi
après, ello pénétrait,accompagnée d e douxInspecteurs, quo vousdevezlo savoir, Dusseldorfn'est pas Bûrdu
dans les locauxdo la préfecturedo Police; elle sem- tout, » •
blait tout èffaréo: son visage était des plus quelcon- « J'acceptaiet bientôtJe m'aperçusqu'il me condui-
ques{elle était vêtue pauvrementet n'avait vraiment sait dunsla forêtde Granenborg.
lien do bien captivant, mêmepour un satyre. « Do plus en plus effrayée,Je voulusm'enfuir, mais
On commençapar lui mettresous los yeux la lettre il so Jola sur mol, mo saisit par lo cou, mo jeta par
qui s'était trompéodo destinationi terre, et me violenta.Sans doute entendlt-ildu bruit,
— C'est bien moi qui l'ai écrite, déclarait-elle. car, au momentoù 1) allait m'étrangler,Je Bontlsdes-
Aussitôtle coinmissairo
— Pourquoi, uu Heu dolui demandait : serrer son étreinteot il s'enfuit précipitamment,me
prendre uno do vos amies laissantaux trois quarts évanoulosur lo sol. »
pour confidente,n'ôtos-vouspas vonueIci nous dire la Aucundouten'était plus possiblei cotte fols, enfin,
véritéf les policierstenaientle Matsenmorder,Maisil s'agis-
— J'avais peur. sait dono pasprécipiterles choseset do ne pas donner
— Donous? l'éveil au vampire,
— Jo no Balspas I
—Eh bienI maintenantquo vous nous connaissezet lesDeux inspecteurs choisis parmi les plus prudents ot
plus avisésso faisaientconduire par MarieBuldick
quo vous vous trouvez,pur le fait, placée sous notre jusqu'à la malBondo Mettmannestrasse, dont ello avait
protection,Je Supposequo vous n'allez pas hésiter un oublié le numéro.
seul Instant A nous donner tous los détails sur cette Aprèsbien des tâtonnementset bien des investiga-
affaire qui semblevous avoir tant effrayée... tions, ils finissaientpar découvrirque c'était le 71,uu
Encoretouto tremblante,MarieBudlick,reprenaitt quatrième,et ils apprenaienteue l'individu eh ques-
— Dansla Bolrêedu 14mai, Je mo rendaisau Foyer tion s'appelait Peter Kuerten.Mais il ne se trouvait
do la Jeune fille où vousêtes venu mo chercher,lors- pas chez lui. ,
qu'on route je fis la rencontred'un jeuno hommequi En attendantde lo découvrir, les policiers s'effor-
m'accompagnajusqu'au parc public, et voulut m'en' çaientdo so renseignersur son compte t
traîner dans un bosquet. C'eBtainsi qu'ils apprenaientque co Pierre Kuerten,
« commeJe lui résistais,je vis tout Acoupapparaître qui habitait ce quartier depuis quelque temps déjà,
un inconnu,très bien mis,qui intervintavec énergieot après avoirété ouvrier maçon,puismouleur, exerçait
demanda des explicationssur un tel ton Amon tigres- pour l'instant la professionde camionneur.
pour quo celui-cis'empressade prendre la fuite, U êtro assez sérieux, bien qu'un peu
•«Tout do suite en confianceaveo ce monsieurqui trop passait pour
amateurdu beausexe Hétait mariéAunofemmo
-13-
LE VAMPIREDE DUSSELDORF
plaisance exagéréequi était peut-êtredu sadisme. A zelprdsldlum,on avait fini cependantpar apprendre
la reconstitutionde l'assassinatde MarioHahn,..et du Ace qui se passait derrièreces murs Infranchissables.
meurtredo RosaObligerdont il avait brûlélo cadavre « Le cynismede cettebrutedu est aussisans précédent,
et— du meurtrodu nomméScheer,disant j téléphonaitl'envoyé Bpéctal Matin,Il ne regrette
Je'l'ai tué pour qu'il no me trahisse pas. il déplore; il dévorelo menu frugal de la prison,
Il avouait, avouait...avoir tué LoulsoLonzon,Gor- rien, il dort bion, il répond Atoutesles questionsaveo uno
îrude Harnacher,et GertrudAlbormunn. espèced'orgueil Imbécilequi déconcertolosplus endur-
Pour cettedernière,il déclarait: cis
— Jo no crois ait
pas qu'elle souffert, mais J'ai com- «'A telle enseignequo les policiersdo Berlindoutent
mis d'autrescrimesencore,alors que j'avais seizeans. du rôle de Kuortendans la série noiredes crimesqui
J'ai tué uno jeuno fille A Grafonborget un enfant de pesait sur Dusseldorf.
neuf ans AEisen, « A Berlin,la preuvedu crimede MariaHahnne suf-
« Quant à GortrudSchulto ot Htda Mourerquo J'ai fit pas, ni les coups de couteau reçus par Fraulen
manquées,jo voulaisles tuer commelos autres, Je no Schulto,ni les coups de marteauassénéssur le crâne
paBcomprendre,personnene peut comprendre, de Frau Meuror?
Eouvals
orsque los médecinsattribuent mes crimes à des « En prévisiond'unerétractationpossiblede Kuerten,
appels BOXUOIS, ils disent dos bêtises. C'est seulement les détectivesberlinois ont arrêté nier et aujourd'hui
l'esprit do vengeancequi m'a guidé.Je voulaisme ven- trois vampires éventuels.
ger de l'humanitéqui m'a trop fait souffrir,D'ailleurs, « Usemblequ'on assisteau duel jalouxdes policiers,
jo défiebien la^ustice de mo condamnerA mort, et maiscela ne fait aucundouteque Kuertenest celuiqui
mémoon prisorlne sais bion que j'irai finir mes jours Usigné les dix crimesdu fantôme
dans un asiled'aliénés. « LodonJuan tragiqueest fierde son oeuvré« venge-
Devant l'Indignation du public et les véritables resso », parce que, selon lui, elloa échappéAla pas-
remousde la foulo,qui se produisait sans cesse aux sion.
abordsdes locauxdo la policecriminelleoù était gardé « Les légistes allemands,entichésdo freudisme,ten-
Pierre,Kuerten,les autorités avaient dû prendre des tent sur la brute des psychanalyses.
mesuresdo prudencetrès sévères,En effet, un grand « Kuerten se défend d'être un meurtrier sexuel
nombredo gens surexcitésne parlaient pas moins que commeles autres. Il présenteavec L?ndru plus d'un
d'arracherPierre KuortenA sos gardië'nsot d'en falro point commun.
bonneet prompteJustice, 11avait la maniodo changerde nom.GertrudSchulto
Aussi lo Pollzelprastdium,situé A Mulhenstrasso, 10connut sous le nom de Baunegart,Commele sire
étalt-11 rendu Inabordable par plusieurs cordons do Gambais,il était volontierssentimentalau début.
d'agents qui ne badinaient pas avec la consigne et ot sos victimesconnurent en sa compagnie,au bord
bousculaientsans la moindre gêne tous ceux qui du Rhin, les foireslocalesaux orchestrestyroliens,la
témoignaientla moindre velléité,non pas de rompre banlieueombragéedo Dusseldorf.
les barrages,mais do se faufilerJusqu'auxmurs d'en- « CommeLandru, U « crâne » devantla commission
ceinte. « criminelle Aux médecinsqui seraient heureuxd'ou-
Lesjournalistesn'étaient pas exemptsde cesmesures vrir uno nouvellesérie dans la liste des cas patholo-
de rigueur et un de nos confrèresfrançais qui était giques,11imposeun dédain souriantet un sang-froid
arrivé, Aforcodo ruse et d'adresseAaborderlo plan- unique Ses instrumentsde travail,il les nomme ainsi.
ton de service et cherchait A lui arracher quelques étaient le marteuu, le lacet et le couteau. Gertrud
tuyauxqui lui permitde corserla dépêchequotidienne Schulto on garda la pointe entre les côtes près du
qu'il envoyaita son journal, so vit menacercoffré par cotto coeur.
vigilante sentinelle d'être immédiatement s'il « Pouruno do sespremièresvictimes,GertrudHamen-
n'opérait une promptoretraite, cher, il se servit d'une paire de ciseauxet l'atteignit
cela n'empêchaitnullementles journaux de Dussel- au coeur.
dorf de publierdo très nombreuxarticlessur le vam- « Nul personnagedu romande la pour —dont — pour-
' pire allemand. tant les Allemands sont friands, tel Mandragore ne
Les uns consacraientde longuescolonnesAsa bio- saurait égaler la réputation de garçon ce au regard
graphie, lo représentant comme un homme Jeune, calme qui parle de sa vie monstruouso d'une voix
presquo élégant, ou visago complètementrasé. Ces égale
« papiers » étaient illustrés par de nombreusespho- « Un des derniers témoins,un étudiantpauvre,gar-
tographiesqui ne Justifiaientpas précisémentles des- çon de' café Aoses souvientdo l'avoir vu,
heures, sode
criptions qui les encadraient. en août 1029, n compagnie Marie Hahn pour la
D'autres énuméralent la liste des victimes, dix dernière fois. Kuortonrevint quelquesInstants après
enfantsou femmes,s'apitoyant sur leur sort et plol- son crime accomplipour bolroun verre de vin rouge.
ainsi cotte pauvreMaria Schultoqui était restée Boiredu vin rouge est assezrare Ici, et l'étudiantno
rois mois entre la vlo et la mort et Frau Mourer, put s'empêcherde constaterle fait.
finant
vedettes éphémères et seules rescapées A pou près « Or,ce matin, tandis que l'on confrontaitKuertenet
Indemnesde cette monstrueuseaventure, le témoin, l'assassin se fit une joie de rafraîchir la
Ceux-ci,dans des « tartines » à prétentionspsycholo- mémoire —
défaillantede l'étudiant s
giques, s efforçaientd'expliquer les mobilos réels du Je n'ai pas seulementpris du vin, déclara-t-il,j'ai
crime. aussi demandé A manger; jo me suis fait apporterdu
Adoptantla thèse do l'inculpé,ils le montraientaigri poivre ot do la moutarde.
par B6snombreuxmois do détention, puis par son « Or, les enquêteurs,en consultantles souchesdu
bagne, et, une fois libéré, poussé
séjour audémon par uno carnet du restaurant, au jour du meurtre de Maria
sorte do intérieur, empoignépar un irrésistible Hahn, durent s'incliner, preuves en mains, dovant la
désir de vengeance,frappant A tort ou A travers les mémoiresi lucidedu monstre.»
êtreseansdéfensequ'il rencontraitsur son passage, Kuerten, d'ailleurs, ne so gênait pas pour déclarer
Ceux-làonfaisaientnu contraireun sadique intégral que,lorsqu'ilavait été arrêté,11préparait de nouveaux
et ils appuyaientleur théoriesur le fait que Kuerten, crimes.Il affirmaitmêmequepour 11 les exécuteril avait
fanfaron du vice, no s'était pas contenté do donner fait l'acquisitionde deuxmarteaux, et désignaitl'en-
libre cours A ses abominablespenchants mais avait droit où il les avait cachés, Les enquêteurs furent
encoreeu la sinistre audaced'écrire aux journaux, A envoyés A leur recherche,mais Ils ne les trouvèrent
la police désignant l'endroit où 11avait enterré ses pas t ils purent établir qu'Usavaientété emportéspar
victimes, dos enfants. , . ou . _ so vantait ,
N'avait-onpas appris qu'il était nu premier rang des Kuertenreconnaissait plutôt à encore
témoins Malin du 23 mai 1930).lorsqu'on découvrit, qu'on 1931,le Jour de l'Assomption, Koeln-Mulheim,
route de NOUZO, sous un tas do feuilles,le cadavre-de 11avait coupé la gorgo à une potito fillette pendant
l'uno de ses premièresvictimes,la jeuneMarioHahn, qu'olle dormait.
« Jamais, disait fort justementnotro confrère,dans Soupçonné d'être l'assassin, l'onclodo la victime
les annalesdu crime, un tel monstreno s'était ainsi avaitété arrêté puis acquitté,car onn'avait relevécon- -
manifesté.Landrutuait pour volerdé modiquespatri- tre lui aucunepreuve.
moinesi Kuertentuait pour tuer en artiste presque,car Pondant co temps, M«"> Kuertonavait été remise on
il sembleaujourd'huitrès satisfait de sa triste renom- liberté,son mari ayant été lo premierà déclarerqu'elle
mée. » no s'était jamais trouvée chez elle, lorsqu'il y avait
.S'il était impossibleAquiconqueno faisantpas partie commisquoiqueméfait, â. même M Acausede
«dola justice ou do la policode pénétrer dans lo poli- Malgrétous ses aveuxet peut-être
~16-
CRIMESET CHATIMENTS
tous ses aveux,la tache do la policoon était pus moins t « Pierre Kuerten a commis nouf meurtres, mala-
très difficile.Il fallait, en effet,contrôler et uvecquoi droitementraté-trente-six Jeunes fillosou-enfants et
soin.,toutesles déclarationsdu misérable,d'nutuhtplus allumé vingt-huit'-incendie»parfaitementvolontaires,
qu'une partie do la presse, adoptant l'attitude de lu « UnocouvreUUBSI abondantelui a conféréuno cer-
police berlinoise,mettait on doute la véracité do ses taine notoriétéot lui procure un inexplicableoubli,
dires. V « Au chauffeurdo taxi, je posai la mémo question
Cependant,chaque jour, les enquêtours,à ja suite qu'au portier; une omburtléomo prouva son étonne-
do témoignages dont l'authenticité ot la vérucité mont ; puis, penchéBur son volaut,il réponditi
n'étalent pus contestables,s'en venaient,par des rap- « —Il est ou prison.»
ports Solideset remarquablementcirconstanciés,con- « Toutmon espoirrésidaitdunslo Polizelpraesidlum,
firmer les déclarationsdo Kuorten,lo masstmmordcr, un bâtiment sôvèro,MUhlonstrusso, vis-à-visun tri-
ainsi que la foule l'appelait. bunal qui ressembloAuno gnro.
Aussi,à la terreur, l'indignation qu'il provoquait,se « Le schupodo serviceécouta polimentmos.explica-
mêlait une sorte d'admiration morbide, irréfléchie, tions et haussa les épaules.Pierre Kuerten? Il n'eu
pour*co vampire romantique,qui ressemblaitsi peu avaitpas ontonduparler étant depuispeu dans la ville
aux autres criminelset que sou mystérieuxétat d flmo Quant uu vampire,il m'assura quo nul no s'en inquié-
eiitouraitdéjà d'unoatmosphèredo légende. tait,—
Bref, à la datodu 3 juin, à la suite d'Incessantsinter- « Ici, me dit-Il,on no sait plus rlon.Le Juge d'ins-
rogatoiresqu'on lui faisait subir, Kuertonavait avoué, truction soûll.„ »
outre une vingtained'assassinatset do vols, une « Je décidaid'aller A lu 'prison. Depuis six mois,
laine d incendiesvolontairesduns la région do ving- Dus- Pierre Kuorteny mèneune vie cjuiùt^PèjC en apparence
seldorf. dénuéedo soucis,
. Quelquesjours après, la liste effroyableenregistrait « La prison localeest loin, qu'olquopart, A la limite
de nouveaux forfaits, d'un total de cinquante-trois do la banlieueUlmstrasse
vignes, dont vingt-troismeurtreset vingt incendies. o Un gardien m'a timidement ouvortuno énorme
« Une certaine inquiétude commençaità so faire porte de coffre-fortet Jo mo suis trouvéderrière uno
jour, écrit M.Jean Gulgnebort: Kueitenavouait trop, grille devantquelquosprisonniers.
il avouait sans relâche Chaquejour, il s'accusaitd'un « On me-pria do patienter quelquosminute»,le herr
nouveau crime, si bien que, si l'on avait pris pour direktorétant en conférenceJ'attendis en compagnie
urgent comptant toutes ses déclarations,il eût îallu do parents do prisonniers et bientôt jo fus eues le
le poursuivre pour uno cinquantainedo meurtres et directeur. .,
tentativesdo meurtres. « C'étaitun hommogrand, massif,au orôn'osoigneu-
« Sans compter los lncondiosvolontaires,Kuerton sementrasé, commeuu crAnedo prisonnierd'honnour
ruconiuqu'à plus do vingt reprises, 11avait, par plai- chargé do donnerle bon exemple,Il esquissaun sou-
sir, mis le feu à dés baraques, à des moules,à des rire, un très vague souriredo politesse,no me'laissa
boqueteaux,à des tus de bois mort. En fait, les rap- pas acheverma phrase ot mo mit à lu porto avec
ports de policosignalaientdes Incendiesaux endroits rudesse
et aux dates indiquéespar Kuerten,,.Ou fil venir des « Sur lo seuil, jo l'entendisrépéter sourdement:
témoins; ils reconnurent l'homme qu'ils avaient vu « —Je no dirai rlon,rien, rien I »
rôderautourdu brasier...Ils lo reconnurentmêmeavec « Le premier gardien mo recueillit, étourdi, et mo
tant d'assurance que l'on douta. confia!
* Cependant,U donnait des détails, 11 expliquait « .-*Je n'osais pas vous décourager, mais pour
commentil procédait, il décrivait l'installation ingé- Kuorten,c'est uu grand mystère; on no doit rien, rien,
nieuse grâce A laquelle 11mettait le fou: il prenait absolumentrlon dire, vous comprenez? »
une boite d'allumettes qu'il vidait à moitié, 11bour- « La rue était près de moi, le gurdiensouriaitcomme
rait l'espace libre avec un cordon d'uinadoiidont 11 un garçond'asconseur,je risquai un irlnkgeld (pour-
laissait dépasser une vingtulno de .centimètres. U boire qui est l'urmo la plus propre A ronipro les
ontlummaUuvec son cigare l'extrémité opposéeà la silencesles plus opaques).
boito d'allumettes,plaçait la petite machinelà où il « Alors,sansme rien dire, Jo sus que Pierre Kuerten
voulait bouterle feu.,, et allait s'asseoiren attendant Jouissait d'uno grande paix, quo chaque matin des
que Jaillissentles Ilummes.11précisaitquo,pour vingt docteurs,l'oxamlnuient,lo palpalont,l'observaient,le
centimètresd'amadou,11lallait uttumiruvingt minutes. flattaient,qu'il servaitdo cobayeà tous los psychiatres
<«Doncle vumpiroétult aussi pyromane,ce qui est on mal d'exception,
uno formedu sadisme... « Après cos visites qui lui causaient un vif plaisir.
Maintenant,à la suilo des enquêtesqui avalent été Kuertenlisait les journaux attentivement,il éprouvait
laites avec tant de consciencepar les détectivesulle- une joio très réelle à lire «enexploitset s'intéressait
muuds, tous les recoupemoulsopérés par la police ot uux électionsot à la politiqueextérieure.Je sus aussi,
1M déclarations de» témoins, il était impossibledo quo M.Kuertonmangeaitbien, dormaitsans rêves, et
prétendre que lo massenmorderbluffait, Il avait dit fumait un peu, et qu'ainsi il semblaittrès disposé A
lu. vérité. Aussi Dussoldorf en particulier et touto vivre, entreses gurdleiiB,le reslodo son Age
l'Allemagnepoussèrent-ilsun soupir do délivrance. « H no me restait qu'une chanceà tenteri lo Gerl-
Tandis que l'instruction continuait,.., Dusseldorf chtshof— lo tribunal—m le conseillerHertels'occu-
reprenait rapidement sa vie normale LOBjournaux pait du prisonnierPierreKuorten,
cessaient presque pour ainsi dire do s'occuper du « Douxplateauxd'une balance Indiquaient,Koenlgs-
vampire. C'està de
peînosi, temps A ii'M.v, une note platz, la porte du tribunal — do nonannoxeplutôt.
très brève annonçait au public que Kuerten n'avait « Je heurtaila premièreportoet fus accueillià peu
pas modifiénonattitude et qu'il continuaitA afficher près commeà la prison, lorsqu'un hommevint -vers
sos crimes; rlon do nouveau, rien d'Inédit, rien d'ori- mol et me demanda:
ginal, non de sensationnel,.. « — Vousêtes le Journalistefrançais du Malin? »
Cependant,uu de nos coufrèrosfrançais, M. Pierre > « C'estainsi queje sus qu'après mon départ,lo direc-
llumbourg,écrivaindotalent autant habilejournaliste, teur do la prison avait téléphonéà sos collèguesmu
en un magistral article publié par le Malin, faisait, présenceinsolite,
A la date du 30octobre1930,la mise au point de cette « Jo suis mou interlocuteur.Il s'assied devant moi
sensationnelleaffaire et• feuilletteuu cahier d'une cinquantainedo pago»
Voicice documentqui resteracommeune des pages Apeu près la valeurd'un roimiud'aujourd'hui,sur
les plus vivanteset les plus vraies qu'ait inspiré le la premièrepage,Jo lis ;
vampire de Dusseldorf,

* J'ai fait rire le portier de l'hôtel en lui deman- « Pierre Kuerton
dant des nouvellesdo Pierre Kuerten. Et, plus bas t
« U fit un geste poli et lointain. Il ne savait rien du
vampire. « J° Meurtres,
« Le Mlttagqui venait de paraître no consacrait « 8° Tentativesd'assassinat.
pas une ligne uu massenmorder[assassinen gros). 8»Incendiesvolontaires.
« Personnene parlait plus de la terreur de Dussel-
dorf. Son arrestation avait calmé toutes les inquié- « C'est,si J'osedire, le résumésuccinctet précis dos
tudes et désormaislés Jeunes filles pouvaientse pro- couvrescomplètesdu prisonnier mystérieux,
menersans crainte, dans Koenigsailce, par les soirs de « Monhôte parle d'aliondance,Et, pou A peu, J'ap-
brume bleue prends ceci i
~ 1A
-LE VAMPIREDE-DUSSELDORF 045-

Vu homme ivre m'a barra le chemin*J'ai senti qu'il fallait le tuer, (l'âge ao).
.316 CRIMESET CHATIMENTS
« —Kuerten s'est vanté de onze .assassinats.Mais Non,nous n'en avons pas... heureusementI
l'enquête n'en u établi que neuf. Et ces neuf crimes « Je sors, Je sens que Je n'en saurai pas davantage
suffirontà le faire condamnerneuf fois à mort. Bien dans ce « bûro ».
entendu, nous ne retiendronspus lo grief do l'incendie « Un rencontré me ,
Français
«t de tentativesde meurtre: il est bien inutile do don- connaîtreun membredo la procure l'occasion de
ner dix uns do prison A un hommedont, théorique- « A table, on est policedu Reich,
plus
ment, on tranchera neuf fois la tète et qui, en fuit, ennomlos,et le mystère no réslstolibre ; 11y a moins d'oreilles
sera guillotinéuno fois: la bonne. » nies de pas aux lèvres gar-
« —Jo croyais, dis-je, qu'en Allemagne,on décapi- dorées. inarmolado do pommes et de mirabelles
les condamnésAcoups de hache.«
tait — « Kuorten, me dit-on, souffre do grands maux de
« Pas dans touto l'AllemagneLAoù le code Napo- tête. 11fait une consommationénorme d'aspirine
léon a été en vigueur, la guillotineopère Kuerton a il sembletriste en co moment.Et H est bien moins
bénéficieradu codeNapoléon. Quantaux neuf condam- bavard depuis quo les journaux no parlent plus do
nations, elles sont nécessaires.On peut fort bien lo lui. »
gracier pour lo meurtre de Maria Hahn et ne pas le « — N'a-t-ilpas fait des réflexionsoriginales? Des
gracier pour celui do GortrudHarnacherou pour celui mots, commoceux de notre Landru? »
de Rosa Ohligor.» « Ici, jo reprends quelquo orgueil, nous avions un
« — Mais,demundai-jo,êtes-voussûr de tenir lo bon assassin si spirituel I
vampire,lo vrai massenmorder? Il y a six mois, vos —
« NonI il discute, il ergoto,il se vante bêtement
policiers so disputaient plusieurs vampires possibles, Il revient A su première explication,— si l'on peut
et Kuertenlui-mêmes'est rétracté plusieurs fois. — il uu juge ce qu'il disait A Gertrud
« —Oh1celui-là,c'est le meilleur(Derbeste),L'autre, dire,
Schultolors répète
do la
c'était un Idiot, 11s'appelait Straussberg.On l'avait « — premièreconfrontation:
Vous
arrêté à Rath, quelquesjours avant Kuerten,et il avait peut comprondro. ne pouvez pas comprendre,personne ne
»
gaillardementreconnu tout co qu'on avait voulu, et
le meurtre d'Ida Router, et ceux d'ElisabethDorrior et«ilIl essaye
sontle procès arriver — on févriersans doute•—
uo gagner du temps. Il né proteste plus
et de GertrudOEbermann. les médecins lo rangent dans la catégoriedes
« Straussbergétait d'un bon rondement,commovous quand « mourtriers sexuels » (.slttUchltctsvcrbrccher),
dites, mats Kuertenétait meilleur. « U est un peu abruti I »
« Quandon a arrêté Kuertonot qu'on lui a dit tout « ~
co qu'avait fait Staussborg,il entra dans uno vlolcnto « —Peut-être
On ne sait
est-il tout simplementfou? »
colère pas, mais on lo saura biontôt,L'Ins-
truction va ôtro close
« C'était de la concurrence déloyale Kuerten, lui, Kuerton ira faire un dans de quelquesjours et Pierre
donnait des détails, des précisions,tandis quo Stauss- d'aliénésdo Roveburgstage six semaines A l'asile
berg racontaitco qu'il avait lu dans le Mlttag, Il n'y « Hau. Les allénistesdécideront.»
Telle
avait qu'un vampire Et Kuerten dort bien tranquille fameux assassin. est aujourd'hui la situation modested'un
maintenant. « A Dusseldorf,personne no s'en inquiète,L'opinion
« 11a tué neuf personnes.Voilàson vrai bilan,
« Pensezqu'en uno nuit, lo 21août 1925,à Lieronfed, a «étouffélo vampirederrière Le public a d'autres soucis.
entre une heure ot deux heuresdu matin, il a essayé Kuerten silencieusement, les grilles d'Ulmstrasse,
de tuer successivement,dans l'ordre, Herr Kornblum, pout-êtrefume do
des cigarettes A goût do foin. Il rôvo
liberté, peut-êtrea-t-iidOBremordscommo
Frau Mantelet Frauleln Goldansen.Le 24 août 1929, tout lo monde ? Nulno le sait.
le jour où il a tué Gertrud Harnacher,il a'étranglé « Il ne dit plus :
LouiseLenzen,» « — Mon
• Moninterlocuteurétale son dossieravecun visible tête... » heure a sonné, je donnerai volontiersma
contentement, une pointe d'orgueil.Il a l'air
do me dire : peut-être « Quoiqueca têto de bruto soit douloureuseet pleine
« —HolnI vous n'en avez pas, chez vous, des d'un monstrueuxmystère,il préfèresuns doute la gar-
der que de la confier aux soins attentifs du bourreau
hommescommeça l » de Dussoldorf1 »

y,
LESMÉDECINS — LES«PONCE-PILATE
AL1ÉN18TE8. » DEL'EXPER-

TISE. VERTIUB — UN
EROTIQUE. DOSSIER OUIPESE CENT
—LEPROCES
KILOS. VA — CONFÉRENCE
COMMENCER. PRELI-
MINAIRE
ALA —PREMIÈRE-
PRESSE. AUDIENCE
! L'ACTEb'ACCU-
— UNEENFANCE
SATION. — LESMEULES
MALHEUREUSE.
— UNEVIEILLE
INCENDIÉES. — LE« COUP
MAITRESSE, DB
». —KUERTEN
BAMBOU RACONTE
SES —
CRIMES. « CELAM'A
». — LESCISEAUX
PRISSUBITEMENT ~ UNLABO-
DÉMOLIS.
RATOIREDENEUROLOOIE.— ILOTS
DE8A.N0ETFLOTS..,
D'ENCRE,.,
Le 5 novembre1930suivant, Pierre Kuerten était
transporté aux finy d'examen mental A l'asile d'alié- pesait près do cent kilos. On peut juger par là du
nés de BeveburgHau. Pendant de longues semaines, nombre do piôcosqu'il pouvaitcontenir,
GrAcoAco travail de...
il allait être examinépar les plus illustres spécialistes
allemandsdes maladiesmentales. moné avec cet esprit de Romain qu'il avait d'ailleurs
méthode si chère aux Alle-
L'expertisequi devaiten principedurer six semaines le
mands, docteurHertenon était arrivé Asélectionner
se prolongeapendant on quoiquesorte les crimes,meurtresou incendies,dont
plusieursmois, provoquantentre
les savants qui ne parvenaient s'était accuséle vampire,inscrivant sur une liste tous
des pas A so mettre d'ac- ceux pour lesquels il no pouvait exister l'ombre d'un
cord, discussions les plus ardentes ot
plus byzantines.Si bien que les uns et losaussi les douto, et cataloguant sur une autre tous ceux qui
demeurantsur leurs positions,no parvenaientautre», A
lui paraissaient
dans l'intérêt desujet
A caution, et dont il importait,
se mettre d'accord. Ils finiront cependant parpas s'en- lu
nettomentl'origine justice
et de la vérité, d'établir
tendre sur co point! c'cst-A-dlroquo, on bons Ponco- Dès le retour do Kuerten, le jugo recommençaitA
Pllate. ils no dirigeront en réalité aucune conclusion l'intorrogoravec autant de soin quo lors do sa pro-
formelleAleur rapport respectif. mire Instruction,MaisM,Hertenallait avoir deux sur-
Aussi,Kuerten, après cette sorte do faillite do la prises '. la première, de no plus retrouver on l'accusé
science,était-il renvoyé au Juge d'InstructionHerten, l'intarissablebavard qui, par moment,jadis, tout au
pour lequel il était uno vieille connaissance lyrisme de sos récits, courait au-devantde ses ques-
Lo docteurHerten était Un magistrat de premier tions otne lui laissait mêmepas lo temps do placer un
ordre, dont la haute ronsc'encoégalait la sagace opi- mot.
niâtreté. Durant l'absencede son client, il avait eu le En effet,KuertensemblaitdécidéAse renfermerdans
temps d'examiner son dossier avec toute la minutie un profondmutisme Et il fallut touto l'obstinationdti
qui lo caractérisait. magistrat, obstination inlassable et méritoire entre
En cela, il avait eu un rare mérite,car ledit dossier toutes, pour lui arracher, petit A petit, IOBaveux dont
LE VAMPIREDE DUSSELDORF 047
il avait besoin,non seulementpour établirles crimes appuyercettethèse, exhortantses collèguesAprendre
qu'il considéraitcomme acquis Alui l'infoimation,mais conscience'doleurs gravesresponsabilitéset a obser-
encore les désavouxde coux qui semblaientima- ver— une sage mesure,
« Et co, ajoutu-t-fl,dans l'Intérêtprofessionnel I»
Unefoisce tri opéré,M. Hertenallait éprouver son « Evidemment,concluait notio confrère, il s'agit
Lo
Bocondôtonnemont. vampiiequi, Jusqu'alois, avait d'éviter le buts clos. »
attribuéAla vengeancele mobilede ses crimes, pré- Le lendemain,A neuf heures du matin, les débats
tendait maintenant« uvolragi sous l'irrésistiblepous- s'ouvraientau milieu d'une assistance triée sur lo
sée du désir pervers». Tout en lui muait été dominé volet II avait été entendu qu'on ne laisserait péné-
par le vettige éiotlque, par le désir d'une aidante trer dans la salle de l'audienceque les personnesqui
manie, seulesavalentdes taisons de s'y tiouver,c'ost-à-dlre
Etait-cepour donnerun démentiaux alléntstesqui, les témoinset lu presse, auxquelsdes laissez-passor
entre temps,avalentfini par so mettie d'accordpour avalentété délivrés.
conclurea sa losponsabilltépénale? Dôslialt-11 ainsi Pour assuierconformémentAla loi la publicitédes
atténuer sa responsabilité,ce qui lui eût permis débats, uno cinquantaine do personnes,parmi les-
d'échapperau châtimentsa capital, qu'il commençait A quelleson comptaitune majoritéde policiersen civil,
sentir planer par-dessus tête ? Avait-il, a insi qu'il avalentété admisesdans la paitle îéseivéeau public.
l'avait déclaréau débutdo l'instruction,lo désir.d'al- Lo public, mis au courant de ces mesurespiéven-
ler finir ses jouis dans uno maison d'aliénés1 C'est tives,était lesté chezlut, ce qui n'avaitd'ailleursnul-
fort possible lementempêchéles autoritésde fairegarder lesabords
Toujoursest-Ilque l'annonce qu'il n'allait pas tar- do la salle par de nombieuxagentset inspecteursqui
der de comparattrodevantses Jugesavait de nouveau avaient icçu pour consignodo renvoyerou de coffrer
oxcltôl'opinionpublique tous ceux qui chercheraientà pônétierdans la zone
L'affaire du vampire sortait du sommeil dans intetdite.
lequel, pendantlongtemps, ello s'était endotmie. Les Lu courétait composéede M, le directeurRose,pré-
journaux étalentdo nouveauremplispar los rappels sident,,do MM. les conseillersWenderset Lenners,
des crimes du misérable,par les dissertations des nssesseuts.LodocteurWehnerétait assis au banc do
savants mobilisés..,Pierre Kuorten revouaitau pre- la défense.Septjurés auxquelsétaientadjointsdeux
mier plan dol'actualité. suppléants ullalontso piononcersur lo sort de l'in-
Le 13avril, c'est-à-direprès d'un an après son arres- culpé.
tation, il allait répondre de ses crimes. Kuoiten,qui, un quait d'heureavant l'ouverturede
La salledu palais de justice étant trop exiguë,il l'audience,était airivé on voltuie cellulaire,prenait
avait été décideque lo procès so déiouleraltduns la place dans une soite de boxcarré qui l'Isolaitde tout
grande sallede gymnastiquede l'ancienlalégiment d'in- le monde.Aucungarde ne so tenait près de lui. Nous
fanterie qui avait été aménagéepour circonstance devonsdlro qu'il produisit sur l'assistanceun effet
on prétoire d'étonnement,car 11 ne lessemblaltnullementaux
L'acte d'accusationrédigépar lo piocureur,le doc- photospubliées dans los Journaux.
teur Etch, avait îotonu contie l'inculnôneuf assassi- « Vêtud'un completbleu marine de bonne coupe,
nats, sept tentatives d'assassinat et tiente Incendies avecun pli impeccableau pantalon,remarquablement
volontaires. . .. , cravaté,soigneusementcoiffé,fiais, discret,long et
Les assassinats étalent ceux de s Chrlsllane,Kloln, glabre, il n évoquaiten lien l'Imagodont on s'était
neuf ans, AMulhelm,on 1913} HosaObliger,dix ans, fait Jusqu'alorsdu massenmorder ,•il lessemblaltplu-
A Fllngern,lo 8 février 1929j RudolphCheer,ouvrier tôt Aun expeit ou Aun membredu jury appartenant
de cinquanteans, lo 13février1929\ MariaHahn, dix- Ala bonnesociété.
huit ans, le lt août 1929 s LouiseLenzenot Gertrud « L'on comprenait maintenant pourquoi il était
ttemaohor.Ida Reuter,le 30 décembre1929i Elisabeth accueillipresque toujoms avec autant de confiance
Doerrler,le 11octobre 11)29} GortrudAlbermann,six par les tommeset les enfants sur lesquelsil avait
ans, le 7 novembre1929. jeté son effiéyabledévolu.
a C'esten arrivantA Dusseldorf,nous dit un de nos « Tous les spectateursétaientunanimespour déotaA
confrèresvenu pour assister A ces tragiquesdébats, rer qu'il semblaitbeaucoupplus Jeuneque son Age?
que l'on se rend compte du profondlefenttssement et qu'entoutcas il n'avait en rien lesalluresdu hideux
auquel est vouéecette extraordinaireaffaire. éi personnagequ'il incarnait. U ne parut, d'ailleurs,
« Je viens d'assister, ce soir, A uno sorte d'ayant- nullementgêné par la curiositéqu'il avait inspirée
du
première procès, destinée aux seuls membres de la et par les murmuresque son apparitionavait provo-
presse, dont une centaine d'ailleurs, pour lo moins, que
resterontAla porte, faute de place. Tranquillement, commeun qui vient d'ar-
« La sallede gymnastiquede la caséinedes sohupos. river A son bureau, 11s'assitemployé
sur une chaise, sortit
où se déroulerontles débats, a été méthodiquement un stylode la pochedo son vestonet se mit Agriffon-
aménagéeA cette occasion commepour un combat ner des notes sur des papiersqui s'étalaienteur unô
l'intérieur de la vraie boite cublqUô
International, table, placée A.
« Eoriteauxet flèchesindicatrices,guichetspour dis- dans laquelleil était commeencastré.
tributionde documents, b ureaude poste, cabines télé- Il se passa ainsi un assoz long moment,pendant
lequel,peu soucieuxdes regardsqui demeuraientbra-
« Visiblement,aveo cet esprit, de. généralisation qués sur lui, il continua A écrire, s'arrêtant seule-
caractéristique p our le pays, on chercheAdonnerau mentdo tempsen tempspourjeter un coup d'oeilsur
procèsde Kuertenladevaleur,d'un cours de sociologie, la tableen bolsblancoù s'étalentles piècesAconvic-
de psycho-analyse, criminologiedestiné Aetl'édifi- tion ou vers une sorte de bibliothèquequi renferme
dos
cationdes parents, éducateurs, juristes d es avant tous les dossiersde son affaire.
tout, sembie-t-il, des chroniqueuisjudiciaireset des Enfin, voicila cour, qui, immédiatement, fait prêter
rédacteursde faits divers. sermentau sans autre formalité,le président
« C'est le conseillerA la cour VonKolerlUquif pré- Rosedonne jury, lecture, on guise d'acte d'acousation,dô
sidait cetteséancepréparatoire.À# , la listesi éloquenteen son laconismedes seizecrimes
le
« Aprèsavoir insisté sur rôlô considérable, d éci- qui ontété retenusconttel'accusé.
sif même Ases yeux do la 11
presse. passa la —
parole —Vou.iêtes d'accoid1 demandele président.
au professeurSohafenburg,de Cologne.Venuspécia- Oui, parfaitement, réplique Kuerten, avec unô
lementA Dusseldorfpour exposer aux journalistes la attitude et un ton plein de déférence
théorie sur l'origine du crime. — Alors, nomsuivait le président,qui semblemener
«Pour les criminelsdu .genre de Kuerten, il faut rondementles choses,racontez-nous maintenantvotre
remonter,selon lui, Jusqu'à l'Age,compris entre six vie pourque l'on comprennecommentvous avez été
et dix ans, où la curiositésexuelleinassouviedétraque amenéAfaire ce que vous avezfait.
l'imagination alimentéepar des récits et des images. — L'avocatde Kuertense lève et dit «
« Le procès du vampire de Dusseldorfcommence Monsieurle président,je vousdemanded'aulori,*
donc par un plaidoyeren faveur de l'impressiondo sormonclientArester — assis.
la presse,des cinémas,de l'illustré, C'estentendu,acquiesceaussitôtlé président,
« C'esttoute unoconférencesur la valeur éducatrlce Kuertenprend alorsla parole,
doCÔS grands instruments de diffusion due nousavons D'unevoix morne,qui ajoute encoreAla mélancolie
entenduece soir, de ses traits, il commencet
« Le présidentdu syndicat des journalistesest venu —Nousétions dix enfants A la maison,Mon perô
-10
LE VAMPIREDE DUSSELDORF m
R. —Oui, parfaitement, —C'estdans votre tentatived'assassinat do Gortrud
L'accent trunquilloavec lequel s'exprimait le vam-- Schulto - quo vousavezbrisé votrostylet?
pire fit passer un frissondans l'assistance. Quelquos R, —Oui.
D, Aprèsquoi vousvous êtes sorvl d'un marteau,
rumeurs s'élevant, lo présldout, avec autorité, leur
Imposa silenco: R. ~—Oui.
— Parlez-nousdo MariaHahn. D. C'està coupsdomarteau quo vous avozfruppâ
•—Un Joudl, répliquait Kuerten, au Zoo,j'ai ren- Ida Router,
contré uiiu Jeune fille qui a bion voulu se promener R, ~ Oui, lin changeant d'arme, je comptaisquo.
avec moi. cela —me donneraitdes sensationsnouvelles,
« On a parlé de chosesot autres et 11no s'est rien D. Et KllsabothDorrlorï
passé. Je ellelui avais donné rendez-vouspour lo Jeudi ~-
R. Jo l'ai connueau restaurant, je l'ai entralnéo
suivant, est vonue Nous avons encore parlé dans lo parc d'Oberkasselot Jo l'ai tuée aussi à coups
longuement,jo lui ul proposédo la conduireau moulin doD. marteau.
—Et HubertinoMeurerot Clara Wanders?
de Stcnder,Elle a accepté,
« Commo,en chemin,nous passionssur la lisière du R. ~- Ellosaussi ; mais elles ne sont pas mortes, •
bols do Pnpendolle,mes penséesont chaviré A nou- D. -- Nousle savons,et c'est heureux pour elles,
veau..,Jo lral ontralnôevers le bois, mo suis Jeté sur Et tout en rangeant ses papiers, lo président Roso,
«lie,Jo l'ai renversée A terre, Jo l'ai prise,., et comme qui somblopressé d'en finir avec cot effroyableinter-
toujours, q uand cela a été fini,jo l'ai tuée... rogatoire, s'écrie :
a j'ai recouvortlo corps aveo des feuillesmortes. — Enfin, pour terminer, Gertrud Albormann,cette
Puis lo suis rontré choz mol. Alors,jo me suis sontl enfant Agéedo six ans.,, vous l'avez rencontréedans
apaisé etJo Je mo suis dit que co corpsdevait être .mis la ruo?
ou torro. suis revenuavec une polioet J'ai travaillé R. -—Oui.
uno partlo de la nuit, D. - Vousl'avez entraînée à Grufenberg,
D. — Vousvoullozd'-isiiiulor votre crime? R. Oui.
R, — Non! Puisque j'ui écrit Ala police D. —Et vous i'avoztuée à coups do ciseauxI
D. •— Pourquoi avez-vous écrit1 Sans mômeattendre la réponsedo l'accusé, lo pré-
R. —J'en ospérais certaines satisfactions. Et, on sident déclarait quo l'audience est lovée
effet... Reconnaissonsquo co magistrat avait rondement
Il s'arrête mené los choses et qu'il avait réussi A mettre en
D. —• Quolles satisfactions ? lumière la vérltablophysionomiedu monstre assis au
R. — C'estindéfinissable ! bancdes accusés.
1),— Et votre agressioncontreAnna Goldhausen? Le confondant du Malin téléphonaitainsi son
R. C'est commetoutos les uutres,Jo lui ai passé iuiprossin: son journal s
—•
un coup do poignard bavarois que J'avais acheté la « Dussoldorf,lo 14avril.
veille,cur mesciseauxétalenttout démolis.Maiscelle-
là n'est pas morte. « Co n'est plus un procès,mais bion plutôt un labo-

D. —Heureusementt Et Frau Muntel1
R. Ello aussi n'est pas morte Pas plus d'ailleurs ratolre do neurologie, une étudo clinlquo d'un cas
quo lo négociant Kornblum quo j'avais frappé, lui pathologiqueextraordinaire, d'un cas retors, quo les
aussi, do mon arme.' savants de tout poil, qui sont Ici lo public,s^eftorcent
D. — Pourquoi avez-vousvoulu tuer Frau Mantol? de rattacher à un systèmegénéral valablopour vous
R, —Parce qu'olle refusaitd'entrer on conversation et moi à leurs nouvellesthéories sur la criminalité,
avec mol; alors Jo l'ai frappéed'un coup de stylet, la puberté, l'initiation de l'enfance, voire mémole
D.— —Et Kornblumî, nudisme.
R, Lui, c'est parce qu'il me regardait de travers. « Evidemment,cela serait trop simplo de dire tout
J'ai cru qu'il me soupçonnait d'otro lo vampiro et bonnement que Kuertonest un monstre hors série ot
qu'il—- voulait mo faire arrêter. d'en finir aveclui en lui tranchant lo col.
D. Dites-nousmaintenant quelque chose sur le « Non, Keurtenne serait, pour les gens A la page,
double assassinat de Louise Lenzen et do Gertrud au'un très beau spécimenhypertrophlqued'un Instinct
Harnacher. es plus répandus.
R, —C'étaient deux petites filles qui rentraient de do« Je me suis nul
entretenuavec plusieursdo ces hommes
l'école J'ai dit à la plus grande d'aller me chercher science, suivent los débats d'un cellonflôvrô,
dés cigarettes. recouvrantue notesdes rames de papier.
« Pendant qu'elle était partie, Je me suis emparé do « A les entendre,il y a en chacun de nousun sadique
la plus petite, puis, jo l'ai tuée. qui sommeilleet si nous ne tuons pas, c'est par
D. — Avec lo etylet? manque d'esprit de réalisation et aussi, grâce au
R. —Oui...malheureusementla détenteno vint pas, milieu d'où nous sommesissus et aux péripétiespre^
la plus grande revint avec los cigarettes,elle mtôres do notre enfance.
ut subirle mêmesort.
anond « PAles civilisés,nous nous contentonsdeAtourmen-
N'est-cepas atroce? ter nos femmeset do décocherdes rosseries l'adresse
. «Dansla bouchede Kuerten,nousdit notreconfrère do«nos contemporains. E t notre confrère de s'écriert
du Matin qui assistait au procès, tout ceci semble — Quodo gros bouquins • en perspectivoengendrés
d'une extrêmesimplicité. par l'affaire KuertonI »
« A l'entendre, on pourrait croire que lo besoinde . Cotteprédilectionallait se réaliser.
tuer est un phénomèneparfaitementnormal ot cou? couler En effet, lo vampirode Dusseldorf,après avoir fait
rant. tant do sang, allait faire couler encore plus
a C'est toujours le mémorefrain: Une intense émo- d'encre.
tion,et l'assassinat suivi d'une bienfaisantedétente. mandaAleur Moisrevenons;>cprocèset laissonsles savantsallô*
Le présidentreprendi doctrineet à leur théorie.

*tt'^
LE VAMPIREDE DUSSELDORF 95*
Alors,détail horrifiant ontro tous, Kuertonmartèle Lolondemain,dèsnouf houresdu matin,le président
avec force, cottofolst Rose déclarait ouvertola troisièmeséancedu procès
—Je no l'ai RUB lavé, je l'ai bu I du vampire,
Il ae tait, uu milieu d'un silencedo répulsionet do Cettefols, lo huis clos n'était pas prononcé,et on
.torreur. allait procéderpubliquementA l'auditiondes témoins.
Ce silencedut être quoiquechosed'effroyablet Ceux Tour Atour, les commissairesde policeet les inspec-
qui étalent là ont déclaré que, pour*la plupart, ils teurs principauxqui avulontété mêlésA l'affaire, les
avaient frémi,on proie a uno émotionqu'ils n'avalent médecinslégistes,los exportsen écrlturos,les gens qut
jamais ressentie l'avaient rencontré,et, enfin, les victimesqui avaient
L'accuséqui, seul, peut-être,avait consorvé sang- réussiAlui échapper,allaient se succéder
son à la barro,
froid, reprenait,au bout d'un moment : L'accusé,toujours enfermédans sa botte, les écou-
—Cette pauvro Maria Hahn, si gentille, si gaie, si tait aveo attention,mais sans manifesterla moindre
bonnefille; on se parlaitgentimenton so promenant. émotion,
« Je l'eusse volontiersôpuvgnée,ello avait l'air do Avant que lo défilé ne commençât,lo présidentlut
tant tenir Ala vie,, 5mais, la malhourouBo,,, Ah1 oui, avait — dit ;
lu malheurouson éprouvéune passionpour moi. Vousavez fait, hier, des aveuxles plus complets.
« Elle voulaitin'adoror{ ello voulait quo Je l'aime. « Parfois, dos détails futiles semblentvous causer
Pouvait-ellese douter? une vivo émotion.Mais, quand vous parles de VJDB-
Et le vampire a ce mot offroyablo ! horriblesméfaits, vous paraissezcalme.
—Commontpouvais-jol'aimer autrement qu'A ma « N'avez-vouspas eu do remordsde vos actes, ou?
manière? < n'avez-vous eu pitié do vosvictimes?
•—En lui onfongantuno paire do ciseaux dans la bien pas
Kuertenrépondait:
gorgo, s'exclamaM. Rose — Je ne saurais l'affirmer,Mais J'ai vraiment pris
—Oui, monsieurle président, en horreur les assassinats,surtout lorsqu'il s'est agi
Mats, sans avoir conscience de l'effet produit sur de petits enfants.
l'auditoire par son attitude son discours,Kuerten, « Aujourd'hui,J'ai touto ma tête, et je ne ressens
et
toujours aveolo mémoflegme,va continuersa confé- plus rien des émotionsque jo ressentaisautrefois.
« Je vousen prie, ne considérezpas colacommode
rence,
—Je dois vous diro aussi, messieurs,fit-Il,quelle l'indifférence,si, hior ot avant-hier,j'ai parlé sèche-
impressionétrange n toujours produit sur mol un ment do mes actes.
incendieet, par extension,tout Jaillissementdo flam- « Jo me suis efforcéde donnerdos précisionsclaires
mes. et nottos; et, soyez convaincuque jo no jouo pas la
« C'est un feu d'artiflcoqui est cause de la mort comédie.
Blmultanôe de LouiseLonzenet GortrudHarnacher, o Je dis réellementla vérité, et Jo regretteprofon-
— Expllquez;vous le
! invite président. dément tout co que j'ai fait,
— Voilà! fait Kuerten. —
D, Aujourd'hui,vous regrettezvos actes,Mais les-
« Lorsquojo rencontraices doux petitesfillessur la regrettiez-vousautrefois,quand vous aviez vos émo-
route, j'étais calmo,je ne pensais pas à ma), quand, tions?
soudain,au-dessusd'une fête foraine toute proche,un R. —Non,certespas.
superbefeu d'artiflcos'est élevé, frais et rose, dans lo Le docteurPlantelet lo professeurMcrdeck.de Colo-
ciel. gne, qui, tous deux, avaientété chargésde l'autopslo
« Alors,j'ai éprouvéune terrible secousseI II m'a du cadavrodo ChristineKlein, assasslnéopar Kuerten
fallu du sang,du sang tout do suite,,. en 1913,au cours do la fôto-DIeu,venaient déposer
a Tenez, quand jo rentrais chez mol, je voulais tou- successivement à la barro.
jours voir des flammes,et voilà pourquoije mettais Leurs dépositionset leurs conclusions étalent, d'ail-
lo feu aux maisons,Ades meulesde foin, do paille,., leurs, absolument identiques,et tous deux étaient
—•
D. Votrefemmene s'est jamais étonnéede vous d'accord pour déclarer que la pauvropetite victime
voir rentrerchezvousavec du sang sur vosvêtementsî avait succombéà la suite des nombreusesblessures
R, —Ma femmoest une très bonnenature, elle m'a que lo vampiro,qui s'était acharné sur elle, lui avait
toujoursété très attachéeI répliquait Kuerton,Elle me faites Acoupsde canif.
croyaitdu sur parole, quand Je lui disais quo J'avais On entendait ensuite lo commissaireObladel, de
saigné nez, elle l'admettait tout de suito, sans dis- Cologne,qui avait été chargéd'enquêtersur le meurtre
cussion,et jamais elle ne m'a posé aucunequestion. de— la petiteChristine.
Parlant alors do son passé, reprochant A son père, J'ai trouvél'enfantmortodans son lit, déclarait-il.
les mauvais exemplesquo celui-cilui avait Nousavonsd'abordcru que c'étaitson pôroqui l'avait
surtout, s'ôtendant
donnés, sur les coups qu'il avait reçus de assassinée.Et c'est onsulte,en découvrant,près du lit
lui, sur les scènes écoeurantesauxquellesil avait été lo de l'enfant, un mouchoirmarqué aux initiales P, K.,
témoin pendantsa Jeunesse,dans cettemaison pater- que nos soupçonsso sont dirigés sur Pierre Klein,
nelle,où régnaienttous les vices, faisantun tableau do -l'onclede la victime Nousl'avonsarrêté, mais il a été
toutes les tortures physiques et morales qu'il avait acquittépar le Jury.
endurées,soit aux en soit au il
prison, aussibagne, s'efforçait d e Lectureétait donnéede la déclarationde la mère do
donnerà penser Jurés, bien qu'aux savants ChristineKleinqui, malade,n'a pas pu répondreA la
qui l'ôcoutaient, q u'il n'était pas dénué de toute senti- convocationde la Justice,
mentalitéet que, s'il avait reçu uno meilleureéduca- .—Commechaquesoir,où écrivait-elle(1),J'avais fermé
tion, si on lui avait inculqué de meilleurs principes, la porte de la chambre dormaitma petite fille, et
U serait peut-êtrearrivé à dompter on lui la bête; et J'avais accrochéla clef dans la cuisine Commedeux
qui sait s'il ne fût pas devenu, lui aussi, un honnête heures aprèsJe revenaisvoir,si Christinedormait,J'at
homme. trouvéla porteouverto.Pressentantun malheur,Je me
« Il y a vingt ans, en prison, s'écriait-il,je m'étais suis précipitéet J'ai trouvé ma petite fille morte, au
fait donnerun Jour do cachot,pour revivremes rêves milieud'une flaque -- de sang.
dans l'obscurité,.. Le président. Kuerten,lorsquevousvousêtes Jeté
« j'étais enchaînéAuno barre de fer, sur cette malheureuseentant, s'est-elleréveillée?
«Un Jour, les religieux catholiquesvinrent visiter R. - Oui! D'ailleurs,Je l'ai déjà dit. ,
ma cellule; l'un d'entreeux, un jeune, très ému sans L'inspecteur général Nonberg, do Dusseldorf,venait
doutede mon agitation,tombaAgenouxet baissames ensuite expliqueraux jurés commentla police avait
chaînes, , fini
— par repéreret arrêter le vampire :
«De voir qu'il y avait des gens qui étaient bons, un jour, la policereçut la visited'une dame D...,
j'éclatai en sanglots. ellenous apportaitune lettre qui lui avait été adressée
Pour la premièrefois,depuisson arrestation,l'accusé par erreur.Celtelettre était écrite par une jeune fille,
allait manifesterune certaine sensibilité.En effet, qui racontaitA une deetses amies qu'un hommeavait
tandis que sa voix s'étranglait dans sa des gorge, des cherché A l'étrangler que, pour elle, cet homma
larmes se mirent A couler sur ses joues, larmes n'était autre que le vampirede Dusseldorf,
de vampire,et le présidentRoses'empressade leverla « Nousnous mimesaussitôt A la recherchede cette
séance, Jeunepersonne,qui s'appelait MarieBudlick,et nous
Tandis que Kuerten murmurait: ne tardâmes pas A la découvrir.Elle no fit aucune
— Tout cela, c'ost bien compliqué,et tous les
savants, tous les psyohi&tres de la terre no pourraient (1)Voirla Vie monstrueusedu Vampirodo Dussel-
rlon y comprendre dorf, par Jean Gulgnebert.
23-
LE VAMPIREDE DUSSELDORF

Il m'a frappé comme un fou, avec son stylet; j'ai perdu connaissance. (Page 26),

- ?5 -
m CRIMESET CHATIMENTS
Elle reconnaît qu'ello a fort bien accueilliKuorten, retire pourtcéder la place A une Jeune femmo qui,
<pits'était présentéchez elle on so faisant passer pour toute pAlo, oute tremblante,so dirige vers la barre s
un—hommenonmarié. c'est, paraît-Il, uno ancienne amie du vampire, que
Il m'avait inspiré tellement confiance,déclarait- celui-ciaurait tonte d'étrangler,
elle, que Je lui ul donné l'hospitalitéet quo jo lui ul Mais elle no dira rten i A peino a-t-elle aperçu
mémoconfiéla garde de mosonfant». Kuortenqui, do son perchoir, la dévisagefroidement,

Le président,à Kuerten, L'Idéevous est-ellevenue nue, poussant un crf do terreur, ello ^évanouit. On
d'assassinerFrau Koortzingeret sa famille? s'empresse do l'emporter,
Et la vampiredo répondre: « Enfin, nous dit M, Joan Gulgnobort,le docteur
— Oui,J'ai eu cetteIntontion. Sehnolkor,expert on écritures, sen vient affirmer
Tranquillement,et no paraissant nullement émuo, quo, parmi los monceaux de lettres parvenues A la
M««> Koortzinger,plantureuseet placide commère,quo police,Kuertenona écrit trois : douxdola main droite,
»
l'on dirait échapper A la figuration du deuxième et une do la main gaucho. a été relativementterne.
acte des fameuxMaîtres chanlcurs do Wognor, se Et l'audienceest lovée Ello

VII
UNSECOND HUISCLOS AUSSI FANTAISISTE QUE LEPIIEM1ER. —
« MEURS DONC, PUISQUE TULEVEUX —
I » FUNÈBRES ÈVOCA-
TIONS. —— UNPÈRE DEFAMILLE —
I L'ERREUR D'UN BRAVE
OUVRIER.CKQUE DISAIT M)*» KUERTEN. — ILAIMAIT LEB
OISEAUX ET LESROMANS POLICIERS. — LAPAROLE ESTAUX
SAVANTS, — MONOMANB ETMÉGALOMANE. — TROISIEME HUIS

CLOS. LEPERE DEL'ACCUSÉ. — UNE Q UESTION DÉLICATE. —
LADERNIBRB PROSE BUVAMPIRE. —LAMORT DUCYGNE.
Les débatsdu lendemainallaient être beaucoupplus chaussuresme nous faisait très mal, jo me suis assise pour
émouvants. l'enlever,puis avons oontlnuénotre promenade.
Kuerten,.décidément t oujours en voined'aveux, com- Mais,bientôt, il m'a dit 5
mençait déclarer: —
« Je ne veux pas que vous marchiezainsi, ipied
— On para paru mettre en doute mes déclarationsau nu, assoyons-nous. »
sujet du meurtrequo j'aurais commissur deuxdo mes « Il s'est installé près de moi, il m'a embrasséeet,
camarades,lorsque J'avais huit laans. Je le répète, j'ai tout doucement,U a commencéa me déshabillor. il
dit la vérité, n'est-cepas, toute vérité. Ce n'est pas « Jo croyais qu'il voulait plaisanter, mais non,
deux enfants que J'ai jetés A l'eau, c'ost quatre. Insistait toujours, écartant inos mains, devenant de
L'avocatgénéral,interrompantl'accusé,s'écriait! plus on plus brutal.,.
— Kuertenne ment pasi « J'ai commoncô à m'affolor,j'ai crié ; il m'a dit que
Et si ce crinio si précoco,lo premier de tous ceux c'était inutile, quo personne no m'entendrait, que
do me
-qu'il a commis,n'a pas été sur retenu par l'accusation, j'étais A lui, bien A lui.., que c'était inutile
ne figurepas avec les autres, la liste effroyablode défendre,, Alors,perdant complètementla tête, je lui
ses forfaits,c'est quo : ni dit
— :
1»Il y a prescriptionlôgaloÎ « Faites-molplutôt mourirI »
Si»Acette époque,Kuertenétait beaucouptrop jeune « Il m'a répondu!
pour être pônalement responsable. u ~ Meursdono,puisquetu le veux!»
L'avocatde l'Inculpé,le docteur Wehner, s'en vient « Il m'a frappéecommeun fou avecson stylet 5 j'ai
A— la rescousse,appuyant les dires de son client. . perdu connaissance \ lorsque, un momentaprès, deux
J'ai eu l'occasionde m'entretenir avec Kuerten passants m'ont trouvée là, couverte de sang, mon
sur cocriinoqu'il vousrévèle Al'audlenco.U m'a dit, ussasstns'était déjA— enfui.
conformémentA ce qu'il vient de vous dire, qu'après diso L'avocatgénéral, Jo voudrais que le témoin nous
son premier et double assassinat, il avait précipité commentl'accusé se comportaaprès son arresta-
dans le Rhin deux enfants qui jouaient sur le bord tion et au moment où U fut confrontéaveoMu»Schulte.
du fleuveII a mêmeajouté, détail effroyable,que l'une M»«Sohulte,—H m'a exprimétous sos regrets et il
de ses victimes avait été broyée par la rouo d'un m'a mômeoffertde m'indemnlser.
bateau Avapeur. Le présidentdéclarealors lever le huis olos qui, A
Cet incident terminé, le défilé des témoins recom- vrai dire, ne s'imposaitguère,
mençait de M«»Schulte, témoin impor-
par l'auditiondonné On entend alors les passants qui avalent recueilli
tant entre tout. Etant la nature des renseigne- GertrudSchulte.L'un déclare que, lorsqu'il l'aperçut,
ments qu'elleétait appeléeAfournir, le présidentRose elle —gémissait: »
ordonnaitle huis clos,mais, bienentendu,un huis clos « Je meurs...
aussi conditionnelet peut-êtreencore plus relatif que « L'autre,confirmales déclarationsde son camarade,
le premier,puisquenous allons pouvoirvouf en don- ajoutant seulementqu'il n'avait pu retrouverles tra-
ner un compterendu exact. cesdu vampire,
Très Intimidée,les yeux pleinsde larmes, M*>«Schulto « - C'est regrettable,ajouta-t-il,car nouslui aurions
débutait ainsi : passé l'enviede recommencer. »
— je suis Agéede vingt-huit ans. Jo n'habite que Lereste de l'audienceétait consacréA l'évocationde
temps Dusseldorf.Je venais
depuis très peuendecherchant d'y l'assassinat d'Ida Router, ensuite les débats étalent
arriver lorsque, une situation,Je fis. dans renvoyés au lendemain pour l'audition des derniers
la rue, la connaissancede Kuerten.Il mo dit qu'il me témoins.
trouvait très belle, me fit toute sorte de compliments, C'étaitd'abord la reconstitutiondu meurtre d'Elisa-
et il me parla si gentimentque Je consentisAie suivre beth Doerriei.
la kermessede Neuss,où nous passâmes une Cettemalheureuseavait été assomméepar Kuerten
iusqu'A
onne soirée. A coups de marteau, le 22 octobre 1929,près de
« Hétaittrès doux,très affectueuxÎ je le pris pour un Gerresheim.
galant hommefus qui a l'habitude de falro la cour aux Elle vivait encore lorsqu'on la découvrit,les vête-
femmes,et Je tout à fait rassurée lorsqu'il m'eut ments déchirés,dans un état lamentable,On la trans-
raconté qu'il était employédes postes, qu'il avait eu porta aussitôtAl'hôpital, où elle mourutpeu de temps
autrefois une fiancéea laquelle 11était très attachée, après.
m'affirma que je lui ressemblaisybeaucoup,qu'il en A cotte évocation funèbre, qui ne rappelait plus
avait été tout de sulto frappé et que c'était la raison que le une souvenir d'une morte, succédaitune vivante,
pour laquelloil s'était permis do m'aborder. encore
—- rescapée,M»*Meurer.
ses
Avecbeaucoupde réticences,tout en cherchant ou contrai Kuerten,Il C efut le 85octobre1929,déposait-elle,que je ren-
mots, commesi elle récitaituno leçonmal apprise, m'offrit do m'accompagner. Je
«i elle redoutaitd'évoqueren présencedu vampiro les refusai.
détails du drame si tragique qui avait failli lui coûter très « Alors,il mo dit que l'endroit,pourtant, n'était pas
la vie, elle poursuivait: sûr, puisque, quelques temps auparavant, un
— Après,Kuertenm'a emmenéedans un jardin qui hommoy avait été assassiné,
«e trouve sur les bords du Rhin, Commeune de mes « Cetnomme,c'était Scheer.
LE VAMPIREDE DUSSELDORF m
f le ne lui répondispas, mais il s'obstina A m'em- « U mo réponditsimplement:
bottor lo pas. Tout A coup, il so précipita sur mol et , _ c'est vrai, tu as raison. »
mo porta un violent coup A la tète il est probablo « Et cela sur le ton lo plus naturel du mondo.
qu'il me crut morte, car il s'enfuit aussitôt. « Jamais, mêmequand il rentrait très tard dans la
« Jo repris bientôt connaissance,et je me roloval; nuit, jo n'ai remarqué en lui lo moindre trouble
j'avais du sang sur loAvisage,ot jocherchai m'aperçus quo Jo capable d'évoillermes soupçons,H mo disait bonsoir,
portais une blessure la tête, Je A rentrer se couchait et s'endormaittranquillement,
chez moi, mais je retombaipresqueaussitôtévanouie M»»» Kuortenracontaitensuitecommentson mari, A
sur le sol, où dos gonsmotrouvèrentet meramenèrent la suitedo la descentede policeopéréeAson domicile,
chezmol. lui avait fait l'avou de tous ses crimes,Terminantson
Le présidentau témoin: récit par ses menaces;
-~ Reconnaissez-vous l'accusépour votre agresseur? — J'ai ou tort do to racontertout cela, j'aurais bien
M*»» Mourerfixait longuementlo vampire,puis ello mieux fait do mo taire ; c'était plus fort quo moi, il
disait ; fallait que jo narlo,après tout, tant pis pour toi, car
—Oui, c'eBtbionlui I jo te prévibnsque si tu mo dénonces,jo te tuerai, toi'
D. ~— Vous êtesbionsûr de ne pas voustromper? aussicommolesautres,
R. Oui, car au momentoù 11a commencéde mo « J'étais tellementbouleverséo,poursuivaitla fomrno
parler, son visogoétait éclairépar lo feu dos phares du vampireet aussitellementterroriséequoje lui pro-
d'une automobilequi s'approchaitde nous, mis, que je lui jurai que je garderais pour mol le
Encore uno rescapée,M»»» Wanders, qui01» avait été secretde sesterriblesconfidences.
attaquée et blessée lo même Jour que M Meurer. « Et comme,dans mon désespoir,jo parlais do mo
Mais,elle, à l'oncontredu témoinpréeédont,ne recon- tuer, il mofit Jurer quo Je n'en ferais rien, affirmant
naissait pas son assassin, qu'il lui seraitImpossiblede vivreavocla penséequ'il
Celui-ci déclarait: avait causé ma mort,
—Mol,je vous roconnals très bien ; c'est dans le Aprèsavoir rappeléles circonstancesdans lesquelles
Hofgortenque J'ai vouluvous tuer, ello9 avait cru devoirdénoncerson mari A la police,
1»Keurtonterminaitsa dépositionpar cesmois:
Ensuite, l'on s'occupaitdu meurtrede la petite Ger M—
trud Albermaun,uno fillettedo cinq ans. On dirait qu'il y a deux hommeson lui. L'un,
Entre plustourstémoignages,nous retiendronscolui, plein dobontéel de sentiments,et, l'autre, brutul,sau-
très émouvant,d'un bravonomme,qui déclarait: vage Mais,le plussouvent,c'était lo premierqui domi-
« Dansla ruo Suns-Sachs,nous dit M.Jean Guigne- nait en lui.
bort,Je rencontraiun hommoqui tenait par la main « En général, Pierre était un bravo hommo, il
une— avait boncoeur,il s'attendrissaitsur meschagrins,sur
o gamine,
Tiens,que Je dis à un copainqui était avec moi, les souffrancosdo ses amis ; quand il recovaitdu
voilàle vampireI » mondochez lui, il se serait privé au besoin,pour que
« Je me retourne, l'enfant souriait, l'hommo avait tout le mondefût bien servi,
bon— air : « Il aimait les oiseaux,les fleurs, il s'intéressaitA
« Jo suis fou, dlsals-jeoncoreau copain,c'est un la nature, il lisait aussi beaucoupde romanspoliciers,
père dofamilleavecsa petitemômo.» mais il n était guèrereligieux,il s'irritait contre Dieu,
« Nousles vîmes alors dlsparaltro derrière le mur qui. disait-11, s'était retiréde lui.
d'uno fabrique: peu do tempsaprès, on découvraitle M»»Kuertenterminaitsa dépositionan adjurant les
corpsdo la petite,dont le coeuravait été transpercéA jurés d'avoir pitié de son mari. Ello le considérait
coups de couteau. » commoun malade,bienplusquo commeun criminel,
Et lo témoind'ajouter,en serrant les poings:
— Cettelecture terminée,lo président Rose renvoyait
AhI malheur,dire que si Jon'avais pas été si bête, les débatsau lundi21avril.
cotte pauvropetite serait encorevivante. Aucoursde cotteaudience,toutola partie Juridique
Et, en quittantle prétoire,il essuya une grosselarme de l'affaireayant été traitée A fond, le présidentdéci-
avec le reversdosa manche. dait de la transportermaintenantsur lo terrain psy-
Venaitensuitela lectured'une très longuedéposition
de M»1»Kuerten, car on n'avait pas jugé -utile de la chologique. On allait donc entendre,tour A tour, les magistrats,
. faire comparaltroAl'audicin•«-.. les experts ot les parents de l'accusé, qui étaient A
Mw»Kuertencommençaitpar raconter que c'était en mômo d'apporterquelquo lumièresur l'effroyablemen-
1920qu'elle avait fait la connaissancede Kuerten,qui talité du monstre.
lui avait Inspiréplus de craintoque d'affection,Il lui Tout d'abord, la parole était donnée au docteur
avait demandé do l'épouser; elle avait d'abord refusé, Hertel,directeurdu tribunal régional, qui avait été
mais 11avait tellementinsistéqu'slle avait Unipar so chargé de l'instruction.
rendre, non pas Ases menaces,mais, au contraire,A Aprèsavoir fait un exposégénéral de l'enquêteà
ses de la rendre heureuse. il s'était livré, lo docteurHertol déclarait:
—promesses laquelle
Sur certainspoints,disait-elle,il a tenu parole,En —Dèsma premièreentrevueavec l'accusé,J'ai été
effet, il travaillait bien régulièrement,et mo et donnait tout do suiteconvaincuque je me trouvaisdevantun
suffisammentd'argent pour tenir le ménage pour criminel d'exception, et son cas m'est apparu comme
que je ne manquassejamais •'-
de rien. Maisil était d'un un \,>'èmeindéchiffrable.
caractère volage; je n'osaiBtrop lui reprocher ses " t'antu'. je me disais que Kuorten, atteint d'une
infidélités,car, alors, il entrait dans de violentes r.ji'lomanii du mensonge,n'avait pas commis les
colèreset il me brutalisait. at >cesfor;-Usdont il s'accusait; tantôt, je songeais
« C'est, en 1925,que nous vînmes nous installer A qii;. s'il 1P':avait commis,ce n'était pas possiblequ'il
Dusseldorf.Noustrouvâmesdu travailchacunde notre eno >>tv.oponsable.
cote.' pourtant, au fur et à mesure que so déroulaient
« J'étais employéedans uno brassoriode la ville, les Interrogatoires,sans pénétrer jusqu'au fond do
ce qui.fait que je ne rentraispas chezmoi avant trois cette Ameténébreuseentre toutes, J'en arrivais à mo
heuresdu matin,et il pouvait,tout Ason aise, se livrer convaincreque j'avais dovantmol un homme,qui, on
Ason
- « Unpenchant pour les femmes. avait du dehors de ses instants de furlo, redevenaitnormal,
jour (1),je remarquaiqu'il sang sur sa intelligent,équilibré,et incapabled'accomplirA frôla)
chemisei je lui demandaid'où cela venait, Il me les crimesdont il s'accusait.
répondit qu'il avait saignédu nez, etchose je le crus. C'est Et le docteurHertelajoutait:
d'anormal. —Toutesces considérationsne sauraient empêcher
la seulefols que je constataiquelquo
Il étaittrès soignéet devaitse nettoyerminutieusement la justice de suivreson cours et de châtier durement
avant de rentrerAla maison. le coupable
« Quandnousallionsnouspromener,il emportaitun « Il le faut, non seulementà cause du fait ou plutôt
petit chiffon pour pouvoir essuyer ses souliers en des faitsen eux-mêmes, pour ne pasleurs
encouragerpar un
cours de route. excès d'indulgenceceux qui, par tendanceset
« Unjour, nous parlions
• tousdeuxduMassenmOrder { leurs appétits sexuels,pourraient se laisser entraîner,
dansune voieaussi abominable.
—dis
Je«lui :
la
Si Je connaissaisl'hommej'irais A policeet je Le procureurgénéralErich demandaitau témoint
gagneraisla la récompense. Je n'aurais plus besoind'aller — vous expliquez-vous pourquoi l'accuséa exagéré
travailler nuit, » les déclarationsqu'il avait faites A la policeau cours
do son premiorinterrogatoire î
La
(1) Vie monstrueuse du Vampire de Dusseldorf. Letémoin, — Kuertena peut-êtrevoulubénéficierdu
-87^
t»e CRIMESET CHATIMENTS
paragraphe 51, qui prévoltquo los individus n'ayant des années ; Usemblaitmémotout A fait indifférentà
point usage de fours facultés mentalessont irrespon- tout co qui l'entourait. Sans douto, n'uvatt-il ni
sables,
•*En outre, Kuerten, nul ost atteint dos folios do ciuiBcleucu dos crimes quo son fils avait commis,ni de
la responsabilitéqu'il avait encourueon élovant son
Urondeur, a l'ambition d être un grand assassin. beaucoup plus A coups do triques qu'en bons
« Le père do Kuerten,alcooliqueinvétéré,était éga- fils,
lementatteint do la foliedes grandeurs et a été Inca- conseils. Physiquement,il était bion consorvôpour un homme
pable d'éleverconvenablementses nombreuxenfants, qui passait, A Juste tltro, pour avoir singulièrement
* Uienqu'il prétendeavoir toujoursété un bon père, abusé de la boisson; intellectuellement, il semblaitnon
avoir toujours donné lo bon exempleaux siens, et no pas précisément
s'être Jamaisélevécontrelus idées religieusesqu'avait blementralenti etretomberon enfance mais considéra-
son front ressemblaitquelquopeu A
alors son fils, je crois, néanmoins,d'après les témoi- un mur derrièrolequel il no so passait plus rien,
gnages nomlmjux que j'ai recueillisau cours do mon Après lui avoir posé plusieurs questions qu'il no
enquête,quo Kuertennu pas menti on affirmantqu'il parut pointcomprendre,le présldontlui disait:
avait été très souventvictime,de la part de son père, — Vous passez pour avoir bu pas mal, autrefois;
des plus mauvais traitements, vous étiez souvent on état d'ivresso?
Sommetoute, lu dépositiondu dlrcctourdu tribunal —Jo no m'en suis Jamais aperçu, répondit lo vieil-
régional,sans être favorableau vampiro, n'avait pas lard,
moins tendanceà diminuerquelquepeu sa responsa- — Voyons,voyons,observaitM,Rose Vousétiez for-
bilité. geron.
Cependant ollo no parut avoir produit aucune R. — Fondeur en métaux.
influencesur les Jurés,qui, bion qu'avant entenduco 1),— C'est un métierqui donno soif.
magistrat avec la plus grande attention, no laissaient Kuerten,haussant los épaules,répliquait d'uno voix
apparaître, A aucun momentde sa véritable confé- do—rogomme:
rence, la moiudro tiaco d'émotion,encore moins do Il y en a qu'on dit quo c'est des ivrognos,ot puis,
pitié. c'estles autres qui boivont.
On allait maintenant étaler la vio privée du vam- Et commo,pour la première fois depuis ces longs
pire, en écoutantun certain nombredo femmeset do débats, une légère hilarité s'élevait dans l'asslstanco,
filles, servantes, bonnes d'enfants, prostituées, qui le père Kuertens'écriait d'un air offensé:
avaient été eu rapport avec lui, et qui avaient eu la — N'est-cepas toujours ceux qui versent lo vin qui
bonno fortuned'en sortir à pou prés indemnes.Pour lu boivent?
ces dépositionsd'un genre plutôt scabreux,le procu- Maislo do ramener ht dépo-
reur généraldemandaità la cour de prononcerlo huis sition du présidents'empressait
témoin sur un terrain un petit pou plus
clos; il en était ainsi décidé,exceptionfaite pour la sérieux:
presse,qui était autoriséeA rester tout entièreà son —Votro fils, demandait-il,vous lo battiez quand il
banc. était enfant 7
l o
itecidément, président Roseméritait d'avoir uno R. — Quandil lo méritait,
bonnepresseinternationale.11l'a eue, ot ce n'est point —Et il le méritaitsouvent?
D. —
nous qui apporterons une note discordanteà ce R, —Il était insupportable.
concertd'élogesque lui avait valu, non seulementsa 1), Vous n'avez pas cherchéA lo corriger do ses
parfaite courtoisie envers nos confrères,et, surtout, défautsnutromentquopar des coups?
l'habileté et la conscienceavec lesquelles11dirigeait Cette fois, lo pèro du vampire demeurebouohobée.
les difficilesdébats. I! ost évident quo, pour lui, 11no devait pas exister
Ceuxqui assistèrentà cette séancefurent unanimes d'autre moyend'éducationque los talochesot los coups
à déclarer quo, somme toute, co qui y fut raconté de bAton.
n'était pas,., aussi corsé qu'on le prévoyait. Mais, cependant, après avoir longuementhésité, 11
L'audiencese terminait par l'audition du médecin vu so déciderà formulercettoréponse:
légleto,le professeurHerg,qui avait été chargé d'exa- — Sa mero ne lui disait jamais rien ; alors, moi, il
minerl'accuséau point do vue mental. fallait bion que jo cogne!
Après avoir longuementdissertésur lo cas qui lui Et lo présidentallait lui poser une dernièrequestion.
avait été soumis ot s'être lancé dans des explications Questionindiscrète,mais plutôt délicate,qu'il exprime,
scientifiques et A coup sûr Inutiles,lo professeurHerg d'ailleurs, on termes des plus cu.dsls:
concluaitainsi — pas, pour uno do vos filles, un
—L'accuséest: un individuabsolumentInférieur,un sentiment N'ôprouvlez-vous
très différentet mêmeparticulièrementcou-
dégénéré dans toute l'acceptationdu mot. Il a par- pablo?
couru le stade habituel à cette espèced'individus.11 no nouveau, lo pèro Kuorten écarquille les yeux,
a débutépar martyriser des bêtes,puis 11s'est-réjoui ouvre la bouche,et, sans dire un mot, fait domi-tour
en mettantle feu Ades maisons,à des meulesdo foin, et so dirige vers la sortlo,
do paille., et, enfin,11a tué. Le présidentne Jugepas utile de le rappeler,Coqu'on
« Le mobiledo tous ses crimesest lo sadisme,mal* a vu co qu'on a entendu,suffitamplementpour éclairer
un sadismeassez conscientpour qu'il n'ait pas eu lo tout le mondo,ot les magistratsdoivent, en leur for
moyen de le maîtriser. intérieur, regretter d'avoir fait sortir do son hospteo,
« Légalement,pénalement,ainsi qu'il lo reconnaît où U achôvode vivre sans se préparer à mourir, ce
lui-même,U conservetoutesa responsabilité,J'affirme, triste échantillond'une faute lamentable,ce spécimen
en effet, qu'il pout être à la fois, un sadique dan- do la misère moralodans laquellocroupissentencore
gereux entre tous, et un hommeon possessiondo sa hélas! un peu partout, certaines familles do travail-
pleine raison. leurs, chez lesquellesle vlcoa étouffé tout principe et
Cettethèse, qui allait certainement A l'encontrodo fait périr touto vortu.
colledu défenseur,lo docteurllorg tenta do la Justifier Et voici encore do nouvellesvictimes,do nouvelles
par de nombreux exemples,Intarissable,i! parlerait rescapées,personnes d'ailleurs fort pou intéressantes,
peut-être encore,si le présidentn'avait pas Jugéquo lo qu'une chance inouïeou que dos circonstancestout A
momentétait venu de lever la séance. Entouréd'un fait imprévuesont, seules, empêchéd'être étranglées,
grouped'experts et de Journalistes,11s'en fut dans les poignardéesou assomméesà coupsdo marteau,
couloirs,puis sur la place,et, enfin,dans un café, con- 11s'en trouve même pour déclarer quo Kuortenétait
tinuer son interminableconférencej Adeux hourosdu très gentil, qu'il parlait bien, qu'il était peut-êtreun
matin,il pérorait encore. pou brutal, mais qu'enfin il n'avait pas l'air plus
Le lendemain,le présidentannonçaitque lo père de méchantqu'un autre
Kuerten allait être entendu. Toutes, ou presque toutes,lui pardonnent; on jure-
Aussitôt,l'accusé demandaità no pas assister à sa rait mémoquo sino le vampiroétait acquitté et mis en
déposition. faisait droit à sa liberté, peut-être refusoralent-olleB pas do l'accom-
Le présldont requête,et ce fut une pagner au Moulinde Spinder,au Hoffgarden,ou dans
minutevraiment tragique,celleoù se rencontrèrentlo la forêt de Graffonberg.
père, un vieillarddo quatre-vingtsans, appuyésur son Pour clore cet Interminabledéfilé,on entend Maria
bâton et gagnant la le
barre et, l'accusé, fils, s'en Rudllcfc,la dernière proie du vampire, c'est-à-direcelle
allant, encadréde ses deux gardiens,sans que ni l'un qui, grâce à la lettre adresséepar ello Xvl'une de ses
ni l'autre n'échangeassentmémoun fnrtlf regard. amiesot fort heureusementenvoyéepar la poste Aune
Lopère Kuorten,qui avait été recueillidans un hos- • dame A qui ello n'était pas destinée,a provoquél'ar-
pîcode Dusseldorf,semblaitporter Amerveillele poids restationdu massenmorder.
-88-.
LE VAMPIREDE DUSSELDORF 057
L'apparitiondo Maria Ala barro va donner quelque non moinsexact.Il n'était pas prudentpour une Jeuno
animationAcottofin d'audience, , . personne soulodo s'aventurerdans ces parages.
VoiciMariaRudlicH,debout, au milieu,prêtant ser- « J'accoptaldonc qu'il vint avec moi, Durant tout
ment,un aux hommeset » six ADiou», c'est d'une lo trajet, il so montraenversmoi d'une correctionpar-
Kilosomblointimidésplus qu'effrayée,ot faite, Co fut seulement lorsquo nous atteignîmesla
voix plutôtfaibleet monocordequ'olleraconteau Jury forât qu'il mo demanda :
son extraordinaireuvonturo. « — Est-ceque vousvous rappelezmonadresse? »
Sa déposition.est entièrementconformeAcellequ'elle un« Jo lui répondisquo non, car il m'avaitdit cela sur
ton tollomontétrange que Jo commençaisA avoir
avait doJAfaiteAla policoot au Juged'Instruction. très peur mémo.
Après avoir rappolôcommentello s'était rencontrée pour, « mosaisissantpar lo bras, il s'écria :
avec Kuerton,ellos'écriait: Alors,

— Commentauruis-jepu supposer un seul Instant, «« Et mo Maintenanttu vas être gentilleavec mol, » •
bion mis, aux alluros d'honnêto « —Tu mettantsa main Hurla bouche,il ajouta s
que ce monsieur poux crlor vu, appolor; ici personnene peut
hommoot qui avait forcé un individuA me lâcher, t'entendre. »
était lo vampirodoDussoldorf.Jo lo crus, ou contraire, « Alors,il m'empoignapar lo cou, mo Jotaà terre,.
pour un hommotrès comme11faut, ot online do très à moitié morte do frayeur,.,Quand il se fut
bons sentiments à mon égard; Ace moment,J'étais J'étais il me plaignit, mo demanda pardon, et mo
sans place; Jo n'avais mémopas do domicile; si je apaisé, reconduisitjusqu'au tramwayoù 11mofit monter,et il
n'avais pas trouvé un asllo au Foyor,j'aurais été s'en quojo n'eus pas la
obligéedo coucherAla belle étoile,ou Ame prostituer forcefut,J'étaistellementterrorisée
de lo dénoncer,Je tombalsaffaléesur la ban-
dans la rue Je formatles yeux, ot je mo retrouvai vrai-
« AussJ,quand il mo demanda très poliment,très quette mentvivanteque lorsquojo fus arrlvéoau bout do la
doucement,sl'jo voulaisAbion l'accompagnerJusquo ligne
chezlui, jo n'hésitaispas accepterBOII offre. Et MariaRudllckterminait'on disant;
« Quandon ost toutoseuleau monde,on no doit pas — Jo suis sûro que si jo lui avais réponduquoJo me
se montrertrès difficile,surtout quand celui .,</.vous rappelais son adresse,il m'aurait tuée, commeil on a
vient en aide a tomes les apparencesde la '.;' »té, tant d'autres. C'estco mensongequi l'a perdu et
« Et puis, il ne m'avait pas fait de propositionsmal- tué m'a sauvé.
honnêtes.Il m'avaitdit qu'il y avait unonlacodans sa qui Lederniortémoinentendufut un gardiendu Hoffgar-
maison, clioz lui ; co fut seulement lorsque j'eus don.
pénétréAsa suite dans son logement,qu'il se montra — Vu matin de novembre 1929,déposait-il, j'ai
trop entreprenant,qu'il m'attira dans sos bras, cher- trouvé, nu bord d'uno pièce d'eau, un do nos plus
chant A m'embrasser...
« CommeJo.mo débattais,il mo lAchoaussitôtet il beaux c'est...
cygnesqui avait la tôto coupée.Il parait que
no fit aucunedifficulté,jo doislo dlro,pour 1110 laisser Kuorten,'trèsénervé, l'Interrompait:
partir. , — Oui, oui, c'est mol qui l'ai tué, votrocygne,pour
« Il Insista seulomentbeaucoup pour m'accompa- boireson sang.
gner jusqu'auFoyer do la Jeuneflllo,me faisantobser- L'audlonceétait levéesur cesmotsqui n'étaientpas
ver quo co Foyorso trouvaiten plein bois,ce qui était faits.précisémentau vampiropour valoir l'indulgence
vrai, et qu'Auno,puroilleheure do la nuit, co qui était du jury.
VIII
LESEXPERTS: CRIMESDEMALADE, MAIS DEMALADE RESPON-

SABLE.UNARBRE GÉNÉALOGIQUE. — UNE Q DELA
—CONFÉRENCES-8UR
DÉFENSE. CONFÉRENCES. ~UESTION
LE VAMPIHE
S'ENDO.RT.— «C'ESTUNSADIQUE ! », AFFIRME L'AVOCAT
GÉNÉRAL.— NEUF FOISLAPEINE DEMORT I— UNE DÉFENSE

DIFFICILE. KUERTEN PLAIDE ASON TOUR, — SINGULIERS
ARGUMENTS. —L'ARRÊT, —LEVAMPIRE MORALISATEUR. —
SNOB ETPOSEUR, —L'EXÉCUTION,
La prochaineséanceallait ôtro celledes experts. « Qu'on no dise pas davantageque c'est un incons-
On s'attendaitque quelques-unsd'entreeux assimile- cientI sa mémoireest trop lucide,trop Instantanée
raient lo cas du vampire à l'article51 du code pénal pour qu'on parle d'inconscience-ou de subconscience.
allemandqui déclare quo si l'auteur d'un crime, au « Alors,son hérédité?
momentoù il lo commettait,se trouvaitdans un état « Certes,elle n'est pas fameuse.
d'inconscience ou d'état maladifdo l'activitécérébrale, Et tout en déroulant devant la cour, un immense
excluantsonlibrearbitre il perdaittoutoresponsabilité tableausur lequel il a dessinél'arbre généalogiquedo
et cessaitd'être punissable II n'en fut rlon; tour à Kuerton,
tour ils s'en vinrent affirmerque PiorreKuertenétait — Il y lae docteurSiolls'écrie:
1Acent cinquantepersonnes,trois généra-
absolumentresponsable. tions, qui, j'en ^conviens,ont préparé A l'accusé un
Tout d'abord,on entendit professeurSioll, direc- solide héritage do orimtnollté.C'est surtout du côté
lo
teur de l'asiled'aliénésde la Province. paternel que l'héridlté du vampire ost chargée ; les
, Dès lé commencementde sa conférence,car c'est alcooliques,les psychopathess'y épousentet s'y multi-
encoreà uno véritableconférenceque l'on va assister, plient.
il déclare qu'il avait espéré que.les crimesdu vam- « MaisJe n'hésite-pasAaffirmerque l'Inculpépou-
pire étaientdeccrimesde malade,Mais,hélasl après vait s'évaderde cettehérédité.Et qu'elleno suffitpas,
l'étude minutieuseA laquelleil s'est livré et sur la on tout cas, Aatténuer sa responsabilité.
personnalitéde l'accuséot sur les circonstancesdans Le
—- procureur général :
lesquellesil a accomplises actes, il en est arrivé A la Aumomentdo ces crimes,le vampireétait-ilvrai-
conviotioncertaine,qu'il n'était atteintd'aucunedocos mentmaladed'esprit?
affectionsmentalesprévuespar l'Article51, L'expertrépond :

-T-Qnne saurait considérer(1),dit-il, commepierre Je répèteque sa mémoireest beaucouptrop par-
de toucho,dans un cas commecelui-ci,des actescom- faite pour qu'on puissemettreen doute'l'excellentétaS
mis par le sujet,ot seulementdes résultatsmentauxet do sa santé,mêmequandil tuait.
lés examensphysiques.Or, physiquement,Kuertenest Le docteurWehner,avocatdu vampiro,so levait et
parfaitementsain i je n'ai relevé en lui aucune tare, posait la questionsuivantenu témoin:
pas mômeIntellectuelle. C'estun mégalomano,c'est un — Avez-vous connaissance,monsieurl'expert,de cas
sadique; U a nlôn/eparfois des visions,son imagina- où les médecinsaient égalementnié l'affectionmen-
tion l'emportevert les rêvos les plus chimériques.Il tale, Or, A l'autopsie, après l'exécution on s'os.t.
va jusqu'à projeter'detuer des gens on nombreconsi- aperçuqu'Uss'étalent trompés.
dérable:ot cela, -uniquement,pour qu'on l'appelle lo —- Le docteurSloli répond :
roi.du-crime Je croisqu'en effet,il existede cos cas, mais seul
l'examen microscopiqueot non pas l'autopsie peut
(1)D'aprèsM, Jean Gulgnebert, révélerce genrede paralysie
20
m CRIMESET CHATIMENTS
M»Wehnor. — Avez-vousconnaissance,monsieur Maisil sogardabiendodire pourquoi,Et lo président
l'expert, du cas do cet hommequi, on 190-i,commoon lovantl'audience,lo publicso rôtira quoiquepou aba-
le conduisaitAl'échafaud.fut pris de crisoépileptique sourdi par los conférencessuccessivesqu 11venait do
On révisa son-procèset il fut condamnéà mort une subir et qui, sommatouto, n'avalent rlon apporté de
secondefois. — nouveaua l'accusationni Ala défonso.
Lo témoin, Les crises ôpileptoïquos,si ollos no LesdébatstouchaientAlour fin.
s'accompagnentpas d'autres n o
symptômes, permettent L'audiencodu lendemain,consacréeau réquisitoire
pas do coucluro Al'existence d'une affectionmentale ot aux plaidoiries,allait êtreenfinla dernière.
~
M«Wehnor. LorsquoKuortenentrait on criso do L'avocatgénéral,après avoir évoquésucooBslvemont
sadisme, so rendait-ilcomptejusqu'où cotto criso pou- tous los crimesdu vampireet chorché A excuser la
vait le nioner,c'ost-A-diro au mourtro. polico prussionno qui, lancéesur un nombrede pistes
Le docteur Sioll. — Aussitôt après son promlor Incalculable,avait mis si longtoinpsA interromprela
meurtre,». Kuortena dû se rendro comptode sos « pos- sérto dos forfaitsdont Kuerten avait dû répondre
sibilités dovant la Justice, s'efforçait ensuite d'exprimer au

Lo procureurgénéral. C'estdoncquo son instinct jury que le coupablen'avait pas obéi Auno impulsion
n'était pas Insurmontable aussi subito qu'irrésistibleon vlolontont,on martyri-

Le professourSloli, En effet. Mais, cependant,il sant et en supprimantsos victimes,qu'au contraire,H
existedos cas où un sadique,mômemenaced'arresta- avait froidementpréméditésos actes.
tion ou do mort, n'a pas.pu s'arrêter dans l'exécution S'appuyant sur les dépositionsdes experts et en
de son acte même tempssur les faits qui avalent accompagnéles

M»Wehnor. La psychlAtrlonctuolloest-elleon état attentats ot dont il avait fuit chacunun exposé
d'établir nettementet sans erointo d'orrourla respon- aussi lumineuxque complet,pour lo magistrat faisait du
sabilitédo monclient? Et no pensez-vouspas que, par vampiro un portrait aussi saisissantquo rigoureux.
suite de l'évolutionincessantede la science,de nou- — C'estun sadlquoA coup sûr, s'écrlalt-tl.Maisun
vellesdécouvertesso produisentot modifientlos théo- sadiquequi gardotoutson sang-froid,tout son contrôle
ries au nom desquelles, aujourd'hui, vous réclamez de lui-même.11n'oublieJamaisde veillerAsa propre
d'une façon si péremptolre la responsabilitédo Kuor- sécurité,c'est une sorte d'animal férocoqui part Ala
ten? chasso, A la recherched'une prolo que, parfois, U a
Cette quostlon semblait ombarrasserquoique peu déjà déplstéoot sur laquelle,d'avanco, il a jeté le
l'honorabloprofesseur,car, tout d'abord,11hésitait A dévoludo son atrocobarbarie
répondre.Maisbientôt,il se lançait dans do nouvolles Aprèslui, lo procureurHoichprônait A son tour la
explications,très savantesA coup sûr, mais passable- parolo.
ment brumeusos,et qui arrachait cettoexclamationau Tout d'abord,il commençaitpar déclarerque, selon
défenseurdu vampire : lui, l'héréditéplus quo farineusedont 11était chargé,
— Convenez quo tout cela est bion énlgmatlquoI n'était pas une circonstanceatténuantosuffisantepour
On entendait ensuite lo docteur Rulitorqui dirige lui valoir la pitié dosos Juges.
l'asile d'aliénés où l'accusé a été mis en observation Un grand coup de citations empruntéesdans des
pendantplusieurssemaines, ouvragesscientifiques,dans des traités médicaux,il
Le docteurRotherdéclarait: s'efforçaitd'étayerson accusationsur dos basesd'une
~- Avecl'assistanco de mes collaborateurs,j'ai exa- solidité indiscutable.
miné Kuertenavec lo plus grand soin et on m'aldnnt Et il terminaitsa haranguo démonstrative ces
des meilleursprincipeset dès méthodesles plus nou- mots dans lequelil se retrouvaituniquementpar le justi-
cier qui parle au nom do la sociétéqui réclameven-
Et, avec force,il scandait : losvictimes:
— Et d'accordavec mes assistants,j'nl concluqu'il geancepour
— Jo requiers contreKuorten(1) neuf fois la peine
était parfaitementsain d'esprit et qu'il n'était attoint do mort.Pour chaounode sos sept tentativesde meur-
d'aucunomaladiementale.Il a uno imaginationoxces- tre qui s'accompagnaient de tentativesde viol, et d'at-
Blveet un tempéramentdovoleur.Il est égalementtrès tentat A la pudeur,je requlors uno punitionparticu-
vindicatifet la preuvoqu'il garde nu momentoù il lière, soit en tout, soixanteans do travaux forcés,qui
commetses crimes,lo plein contrôledo lui-même,c'est seront abaissésAla plus longuedétentionprévuepar
que chaque fois qu'il a entendudes gens accourirou la loi : qulnzoans de travaux forcés.
simplementun bruit suspectqui semblaitrévéler la « Jo requiers,on outre, qu'il soit prononcé contre
présence d'un tiers, 11s'est ompressôde prendre la Kuortenlu déchéanceAvie dosesdroits civiques,qu'il
fuite. soit placé sousla surveillancedo la policoet qu'il soit
RépondantA la questionque M«Wohnoravait déjA saisi des armesdu crime.»
posée: au témoin précédent,lo docteur Rather affir- Onvoit qu'onAllemagno,les magistrats ne sont pas
mait seulementrespectueuxdes principes do la loi qu'ils
—J'ai la convictionquo la sciencede l'avenir me ont pour missiond'appliquer,mais aussi do sa forme.
donnera raison, Asavoir quo Kuertonest ploinement Maisvousavouerezquo c'est un pou de la chinoiserie,
responsable. d'aller réclameruno pelnode qutnzoannéesot surtout
Ainsien jugeait le professourHûbnerqui lui succé- la surveillancede la police,pour un bandit, un vam-
dait Ala barre Maisrérudit porsonuagene se conten- pire, une bêtoen folle,dont on a déjApar neuf fols et
tait pas seulementdo cettoaffirmationqui n'était pas fort Justementd'ailleursréclaméla tête,
seulementdestinéeà faire plaisir à la dôfonso,il so Maintenant, la partie était Al'avocat. ,;
livraitAun véritablecourssur le sndlsmoAtravers les Il avait A plaider une cause qui n'était pas précisé-
Ages, ment facile,disonsmômoqu'elleétait perdued'avance.
Cet exposéparut si long et si fastidieuxau prin- HAtons-nous le docteurWehnerallait,
d'ajouterque entre
cipal Intéresse,c'est-A-dlroau vAmpiro,que celui-ci dans cettotftcheredoutable toutes,déployerun
60laissa bientôtaller Auno doucesomnolence,d'où il très grand talent. , A „Kuerten
n'en ressortitque lorsquele professeurHûbner,en arri- — cos accusateurs,disait-il, représentaient
vant enfinAsa péroraison,se rappelaqu'il existaittout commoun mégalomane,uu w-iom-atun satyre; il Se
près"de lui un accusé aue son éloquonceprolifique, peut I Mais,on tout cas, i, ost slr.oore, .
avait si bien invitéau sommeil,avecuno grondeaction « Il ostun fait certain,c'et' qu'ondehorsde quelques
do convictiondans lequel entrait certainementun cer- hésitationsqu'ila manlfeBtéeijou débat de l'instruction,
tain dépit que lui causaitlo manquedotact de l'accusé, au momentoù il était encoresou>le coupd'uno arres-
il se livra a uno chargeà fond contrelui, achevantdo tatlon A laquelleil ne s'attendait pas, Kuortena tou-
l'assommerbienmoinssouslo poids de son argument jours dit la vérité.
que sousl'avalanche doses paroles. « Pourquoino la dirait-il pas encore,quand il pré-
L'avocat Kuerten qui, pourtant, avait cité co tend qu'il était incitéau crlmo par une sorte do force
de
témoin et ne devaitguère s'en féliciter,allait toutefois mystérieusequt était on lui, par un do cos Instincts,
lui—poser une questionplutôt embarrassante contre lesquelson ne peut pas se défendre.
Commentconciliez-vous, lui demandait-il,votre « Rien d'ailleurs,dansdémontre
les argumentsqu'on apporté
thèse du sadismeacquis,avecl'assassinatde ces doux ici les'experts, no nous qu'il n'est pas
' irres-
'
enfants quo Kuertena jeté à l'eau quand il n'avait ponsable. . .«
mêmepas dixans. « Ces arguments,on offot,ne sont quo des affirma-
D'unton doctoralet tranchant qui ne semblaitpoint
—-Toutdo
.admettre réplique,le professeurHûbners'écriait : (1)D'après la Vie monstruousedu vampirode Dus-
ne
cela s'accordeen rien. soldorf.
LE VAMPIREDE DUSSELDORF 059
tions. Et quoiqu'onaltmt l'air d'en penser los savants au boutdotrentesocondesau plus, ellesavaientperdu
se sont succédésAcottobarro,qui nous prouvequo connaissance
quisciencesoit
la à la limite do sonprogrès,qui pourrait Et s'adressantAla couret aux jurés, Kuertenconti-
affirmeron son Amoet consciencequo tôt ou tard un nuait — :
corveau,un psychtAtro do gônlo,no détormlnora pas Jo crois,messieurs,quo personned'entre vous no
dos lois nouvollosau sujet dos responsabilitéshumai- serait resté un hommo honorable,s'il avait vécudans
nes, et gràco auxquelles los
il sera épargné nu Jury de sa«jeunessodans mêmesconditions nue moi.
n so montrantImplacabledovont
l'avenir, l'angolsso,ecolut ceuxqui n'ajoutentpas folAmesparolesn'ont qu'A
un accusé,toi quo que vous voyezici,lad'avoir mo « Jotor la pierre.
envoyéuudo fou A la mort, ot quello mort, Je suis prêt à expier. Certes, jo no peux être
plus oxécutô
effroyable toutes,celleque donnele bourreau, en l'oxôcutlon qu'uno fois. Mais les heures qui précèdent
« Voilà pourquoi, messlourslos Jurés, jo vous sont épouvantables.En pensée, l'ai déjà,
supplie,envoyezcet hommeau bagno, mais non A plus d'uno fols subi mais la polno do mort... Faites-mot
l'échafaud. expier. Punissez-moi, lorsquo j'aurai oxpiô,no
o Le retrancherdo la société,c'est votro droit,J'irai morefusezpas la réconciliation.
plus loin, c'est votro devoir, Moisno lo faites pas « Puisse ma mort avoir raison des sentimentsdo
mourir.Et tenant compteainsi docodoutequi ne peut vengeancoet do représailles!
manquer dô s'être glissé dans vos esprits, en raison LesJurés so rôtiraientpour délibérer.Au bout d'uno
d'uno héréditédont il serait cruoldo lui faire payor à heure et domlo,ils revenaientavoc un verdict impi-
lui seul toutes los conséquences,punlssez-loselon lo toyable.
droit et la loi, mais ne Jetez pas, dans vos attendus, Ainsique l'avaitdemandélo ministèrepublic,il était
la pierre du mépris à cet accusé qui lui aussi revêt condamnéneuf fois Amort et,.. A quinze ans de tra'
une apparencehùmaino. vaux forcés,
Apresune répliquedu procureurd'Empiro,qui adju- Voicil'arrêt que prononça le présidentRosedans la>
rait unofols de plus les Jurés de so montrer impla- traductionque nous on donnél'historiendu massen*
a
cables,Kuorten3e lovait ot demandaitla parole...quo morder a
:
lui accordaitle présldont. L'accuséPierreKuertenostcondamnépour meurtre
Toujours très calmo, mais d'une voix forte ot qui dans neufcas. Dans un cas, il y a concomitanced'at-
porte dans toutola il s'écriait ! tentat Ala pudeur.Dansdeux cas, il y a concomitance
—Je commence,isalle, nosslours,par vous diro, quo jo de«viol,
rogrette très sincèromentd'avoir commisdos assassi- Pour les neuf meurtres, l'accusé Piorro Kuerten
nats aussi horribles. ost condamnéAla peinede mort, Il est donc neuffols
« Je n'ai nullementl'Intentiondo in'oxcuserou do condamnéAla peinedomort.Pour sept autres cas do
chercherun prétextepour atténuerla monstruositéde tentativedo meurtre,l'accuséest condamnéau maxi-
mes crimes. mum de la polnoprévuepar la loi, soit quinzeans do
« Copendant,quand Jo mets en parallèle mes actes travauxforcés.Il est privéAvie do ses droits civiques.
avec ceux du docteur Wolf, do Stutgart, qu'on a 11sera placé sous la surveillancede la police. Les
porté aux nues, commol'apôtrede l'avortement,et qui armes utilisées pour les meurtres ot tentatives de
aurait cinq cents vies humainessur la conscience,Je meurtre, deux paires do cisoaux, un marteau et un
ho puis nrempôchorde pensorqu'il n'y a pas qu'uno poignardbrisé, seront confisquées.L'accusé suppor-
soulojustice en Allemagno, tera los frais du procès.»
Do plus on plus agrosslf,le vampiropoursuivait! — J'accepte ce jugement,se contentado dire Kuerten'
—Los exports n'ont pas comprismon cas. Notam- qui n'avait pas bronché.
ment lo docteurSioll,qui s'estmontrési dur, si impla- Mais, le lendemain,on apprenait quo le président
cableà mon égard, qui n'a pas voulu admettreque les Rose,qui avait dirigéles débats,était mort subitement
conditionsdans lesquellesse sontpasséesmononfanco dans la nuit,
et ma jeunessen'ont pas exercéuno grosse influence Quelquesjours après,les journauxpubliaientla note
sur lo restant do ma vie. suivante i
« La vie d'un hommedépenduniquementdol'éduca- — Oncroit savoirque Pierre Kuerten,lo vampirode
tion reçueau soin dola famille,Et moi jo n'en ai reçu Dusseldorf,no sera pas gracié.
aucune: J'ai toujours ou la paresso,l'Ivrognerieet lo « Los partis politiquesprussiens seraient on effet
vice étalésdevant mes yeux.,.Croyez-vousnue, dans d'accordpour considérerqu'il s'agit là d'un cas tout
tout cela,les actionnairesde brasserloot de distillerie, à fait exceptionnelet quo, pour uno telle série de
d'hommessans religion,qui font tant do mal à la crimes, il ne saurait être question d'uno mesure do
société,n'aiont pas, eux aussi, leur part do responsabi- clémence.
liténon pas seulementdans les crimesquoj'ai commis « En conséquence,on s'attondAco que Kuortensera
mais dans un grand nombred'autres... très prochainementoxécutô,peut-êtremômoau cours
« Vousqui êtes ici, qui avezmon Ageet qui l'avez de cettesemaine
dépassé,vous pouvezévoquer lo jour qui fut le plus « Malgrécela, lo Journall'OEuvre,dans son numéro
beau de votrovlo,.. moi je ne l'ai jamais connu. Dès 'du 29avril 1931,donnaituno note discordante.
quo l'ai eu la sensationde la vlo,ça été pour souffrir, Sous le titre quelquopeu paradoxal : Le vampire
souffrirdans mon corps,dansmonAmo. moralisateur,co Journaldemandait: « Kuertonsera-t-il
0 Tonez,lo jour do ma promièrocommunion,Jourqui
ontretous, devraitêtre respectépar tous, savez-vousco « On ne le croit pas, lui téléphonaitson correspon-
qu'a fait mon pèro, mon misérablepèro ivro, comme dant particulierde Berlin.Depuis1927,dos condamna-
de coutume: il s'est Jeté sur moi,., ot m'a déchiréles tions a mort ont été, dans lo territoire prussien,régu-
vêtementsneufsquo m'avaitoffertun prêtre (1). lièrementpermutéesen travauxforcésa perpétuité.
en
« Et vous, monsieurle procureur, acceptant les « La décision suprêmeau sujet do Kuortenréside
conclusionsdosexports,en les appuyant,en les renfor- auprès de M.Braun,présidentdu conseilprussien.
«
çant, ah I croyez-moi,combienvous vous êtes trompé de Lorsquo,il ayssassind'uno a trois ans, on lui a demandéla grAce
sur mon compte Boattcher, jeuno aristocrate alle-
« Et vous,messieursles journalistes,laissez-moivous mande, il refusa et l'exécutioneut Heu. Et, depuisla
dire que c'esten lisant certainesfeuillesAscandaleque réformedu code pénal allemand a beaucoup pro-
je. suis devenule sadiqueque l'on prétend, le triste gressé.
individuqui comparaîtdevant ses juges. « SI la peine de mort, en théorie,oxistotoujours,on
« Enfin, croyez-moi,plusieurs de mes victimeson,t est tacitemontd'accordpour no plus l'appliquer,puis-
facilité mon travail, qu'elle a été abolie,il y a longtemps,en Autricheet-
« Elles ont répondu A ma premièreproposition,cor qu'elleva l'être on Allemagno, afin d'acheverl'assimi-
elles espéraient peut-êtretrouver en moi un sérieux lationdu codopénal allemandavec celuidu pays voi-
prétendant, lo flanoô,l'époux de leur rêvo, sin.
« La chassoau mari a pris aujourd'huides propor- « Kuorten,ayant la vlo sauve,sera l'un des premiers'
tions Inquiétantes-jfatalement,il faut que colafinisse bénéficiairesdo l'Anschluss.»
mal." Les pronostics du correspondantde l'OEuvrene
« Cependant,du fonddomon coeur,Jo demandepar- devaientse réaliserni sur l'Anschlussni pour le vam-
don aux parents do-mosvictimes.Cependant,Jo tiens pire
Asoullgnorquo jo n'ai jamais torturécesvictimes,Car Notreconfrèrofaisaitsuivre cos lignes d'information,
par les très intéressantscommentairesque nous repro-
(1)D'aprèsJean Gulgnebort, duisons ici, car, mieux quo tout, il donne le réel:
«.81-
CRIMESET CHATIMENTS
aspect du procès et la véritablepsychologiedo son parvint A lui faire stgnor un nrooês-vbrbftl déclarant
odieuxhéros. qu'elle avait pu eo tromper, et elle fut condamnée
—L'ussussin,poursuivaitle correspondantparticu- pour fausse dénonciation,A deux semainesde prison,
lier do l'OEuvre,en prononçantson propre plaidoyer, siuis que la policoeût consentiA aucune vérification.
3'estélevécontre la moralitédo notre temps. Les policiers de Dusseldorffurent dons touto cette
« Mes victimes,disait-il. étaient trop faciles. Elles affaired'une criminelleimbécillité,»
acceptaienttout do suite de venir aveomol et se prê- Voicimaintenant lo récit de l'exécutiondo Plorio
taient sans hésiter A tout,,, espérant peut-être avoir Kuortenpar lo correspondantparticulierdu M«Un.i
trouvéen moi un fiancé. La ohassoA niommo,prati-
quéepar liesfemmes,a pris des proportionsinvraisem- sous « Pierre Kuerten,connu dans los annales judiciaires
blablesot s'avère de reflet le plus lamentable sur le nom do « vampire de Dusseldorf», reconnu
l'homme. coupable do neuf meurtres ot do sept tentatives de
• Si l'onavait vouluaccorderAKuortendes circons- meurtre,et qui avait été condamné,le 88avril derrilpr,
tancesatténuantes,eut-ildoncfallu lostrouverdans la Alu. peine do mort, a été guillotinéco matin dans la
légèretédes jeunes filles qui, abordéesle soir par un cour do la prison do Cologne.
inconnudans un quartierdésert,s'empressèrentde lui « Dans le courantde l'après-midide mercredi,Kuer-
prodiguer les marques d'une confiance démesurée? ten, détenuA Dussoldorf,apprit qu'il allait,eîre trans-
Kuerten reprocheA ses victimesde ne pas lui avoir porté IncessammentA la prison do Cologne.Kuorten,
assezrésistéet d'avoir fait naîtreon lui, par l'abandon qui, espérait encoreêtre gracié, s'Inquiétaet posa de
tropprompt, le désirde les tuer. nombreusesquestionsA ses gardiens ' qui ' refuserontde
« H est curieux de l'entendro protester contre la répondre
•déchéancedes moeursd'aujourd'hui, 11 aurait dû se « Le monstre comprit alors quo la fin était proche.
dire quolu loidol'offreet dola demandoayant changé Uno frayour horrible s'empara do lui et il parvint A
d'aspect,cos malheureuseson subissaientlo contre grand'poino Acacher son angoisse
coup etun que leur destin leur échappait.Il y a en Alle- « Ason arrivéeACologne, le procureurgénéralElQli,
magne excédentde deux millionsdo tommes sur au
de Dusseldorf,annonça vampire quele gouverne-
les nommes. ment prussienavait rejeté son pourvoien gréée et quo
« Pendant les débatsdo son procès,Kuertena sou- l'exécutionaurait Heu jeudi A six heures du matin.
vent changé d'attltudoet de tactique, Il était visible Kuerten demanda alors l'autorisation d'écrire aux
pourtant quoso savoir en butteAla curiositégénérale parentsde sesvictimes - pourimplorer une dernière r fols
lui procurait une dernière ot suprême satisfaction leur pardon.
«l'amour-propre. 11lisait tous les matins les Journaux « Aprèsavoir terminé cottetragique correspondance,
relatant son procès,ot 11lui arrivait do reprocher. A il pria l'aumônierde la prison,l'abbé Fassebender,«'
. l'ouverturede la séance, aux Journalistesassemblés, son confesseur,l'abbé Albreoht,de no pas le priver des
leur manqued'exuetitude,ou de louerlour soucid'Im- dernierssecoursde la religion,U se confessaet reçut
partialité. l'absolution,
i II y a eu,heureusoment,les événementsd'Espagne; « Entre temps, l'exécuteurdes hautes oeuvresavait
nousaurionsété, sans cola,noyésdans du « ».
Kuorten montéio guillotinequi date encoredu tompsde l'occu-
le
Mais vampiro lui-môme était fort irrité do cettocon- pation napoléonlonneon Rhénanie.
currenceIntempestiveet il eut, pour qualifierla con- « Verscinq heures trente, la petitecour do lu prison
duite du roi Alphonse,des parolestrès dures que son commençaA se remplir de personnes appartenant
avocatse fit un devoirde rapporteraux journalistes. toutosAla magistratureou aux servicespénitentiaires.
« Par moments,Kuortenapparut snob et poseur, Il Caron sait qu'en Allemagnele publicot fa pressen'as?
avouaêtre très ambitieuxet avoir toujourseu lo désir slstent pas aux exécutions.
de faire parler de lui. « H fallait, du resto, quo ce fût un personnage
« Cequ'il y a de certain, c'est qu'il est plein dp lui- commoKuertenpour déranger de si grand matin uno
môme,et son objectionne fut qu'apparente pour"faire trentaine de fonctionnaires.
davantagecontrasterla sécheressedes débats aveola « Kuertonqui s'était remis de son premier effroi,
monstruositédesfaits. Cetassassinavait, par moment, avait passé une soiréecalme,aprèsun dîner sommaire
quelquoetchose de bureaucratique; il lo sentait lui- Parmi les nombreuseslettres qu'il remit plus tard A
même, c'est alors qu'il essaya d'ennoblirson lan- son défenseur,il n'y on avait aucune adresséeà sa
«
gage, pour vouslivrer la clefde mon Ame», disait-il femme, ,
auxjournollstes. « Le condamnén'avait pas dormide la nuit et il était
« Pour expliquersos moindresfaits et gestes, il eut rostô en conversationavec l'aumônjer de la prison rit
recours Ala psychanalyse.Quand il s'y empêtrait,il son défenseur,1QdocteurWohnor,auquel il exprimait
coupait courtaux questionsdes expertsen répétant t sa reconnaissanceet déclara notamment!
—Je suis incompréhensible,jamais vous ne me « -r Jo vous remerciéde tout coeurpour tout ce que
comprendrez. vous avez fait pour moi.
« Il aurait voulu être, dit-il, le plus grand bandit de « Quelquesminutes avant six heures, les aides du
tous les temps ot faire sauter, A la dynamite, des bourreaupénètrentdans la celluleot conduisentKuer-
grands magasins. Or, du premier au dernier Jour de ten dans la cour de la prison. Los fonctionnairesqui
ses assassinats,Kuertens'est attaquéaux êtres les plus assistentAl'exécutionsont on redingotenoire ot por-
faibles, les plus désemparés.Il ment en disant que sa tent le chapeauhaùt-de-forme. Vis-à-visdesbolsde jus-
carrière de malfaiteurredoutablea été brisée par une tice, se trouve un petit autel dovant lequel.Kuerten
arrestation prématurée, Mais il lui a coûté d'avouer s'agenouille.
qu'il n'a fait autre chose qu'assouvir des instinctsbas « Le procureurgénéral, docteurEich, Utle Jugement
et brutaux,accumulésdans " trente années de solitude et annonceque le pourvoien grâce a été rejeté. Les
cellulaire.Il aurait tant voulu. rester inconcevable, parolesdu magistrat retentissentlugubrementdans la
indéfinissableJusqu'au bout, petite cour. Kuertenest livide; il chancelleet a perdu
« On s'est demandépourquoiKuerten,ayant fait des foutecontenance. •'•;-;rt-'-
aveux complets, pas n 'a été simplement e nfermé daiis « U est six heures.La clochede chapelle la pri-
la de
une maisonde fous,ce procèsa été of'eneantpour les son sonne lo glas. Les aides du;bourreau soutiennent
parents des victimes,ne fut-ce que parce que leurs Kuortenqui fait plusieurs mouvementsdo résistance
dépositionsachevaient de composerAl'accusésa redou- puisvoyantqu'ils sont inutiles,-! il se résigneet se lalsjS
table Physionomie.A voir les rescapéesprises d'un entraîner
«
vers 1Aguillotine
tremblementnerveux,il fut Anouveauconscient de la Dès qu'il est assujettidans la positionvoulue,l'exé-
terreur qu'il avait répandueautour de lui, et il en res- cuteur des hautes oeuvresdonnelp slgneL
sentit un suprêmeplaisir. « Le couperettombe,pierre Kuertena expié : ses hor-
« Ceprocèsnoueaura, en tout A
cas,appris quoinous riblesméfaits. •.-.''- ;;. - ,.;;,
le
en tenir sur compte de la police,Si les dirigeantsde « Lo corps est remis A des savants spécialistesdés
la policede Dusseldorfavaienteu tant soit peu d'intel- universitésde Cologneet de Berlin, chargés de taira
ligence,Kuerten aurait été arrêté après son premier l'autopsie et d'étudier particulièrementlo cerveau de
assassinat.Il avait été reconnupar une femmequi le l'hommequi, pendant plusieursunnées,était parvenu'
dénonçaAla lapolice A terroriser toute une proyûiiMrrnllemondepar ses
«Celle-ci, cuisinant pendant quatorze'heures, crimes épouvantables.".», v^^V4wv
/FIN

Vous aimerez peut-être aussi