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LECTURE ANALYTIQUE BAC Français

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La Peste
« Rieux montait déjà l’escalier… jusqu’à la fin, cinquième partie, dernier chapitre

Introduction :

Albert Camus est né en 1913 et mort en 1960.C’était un romancier, philosophe et journaliste. Il est
né en Algérie dans une famille très pauvre mais est parvenu à faire des études grâce à l’aide de son
instituteur Mr Germain qui lui fit décrocher une bourse. Il étudia la philosophie qu’il abandonna
ensuite pour devenir journaliste. A partir de 1942, il milita dans un mouvement contre la résistance,
commença à écrire dans « Combat » et publia la même année l’Etranger et le Mythe de Sisyphe à
portée philosophique. En 1944, il fit la rencontre de Jean Paul Sartre puis un an plus tard, il écrivit
Caligula pièce de théâtre relatant du tyran romain du même nom, qui apporte une réflexion sur la
peur et le tyrannisme. En 1947, il sortit La Peste et l’Homme Révolté en 1951. Il rompit alors ses
relations avec Sartre. Pendant la guerre d’Algérie, il prit position pour la réconciliation et se créa de
ce fait beaucoup d’ennemis. En 1957, il reçut le prix Nobel et dédia son discours à Mr Germain, son
maître d’école qui lui avait permit de décrocher une bourse et à tous les individus qui pour faute
d’argent ne sont pas parvenu à faire des études. Il mourut trois ans plus tard dans un accident de
voiture.

Ce roman d'Albert Camus paru en 1947 se passe à Oran et met en scène une ville confrontée à
un fléau majeur : la Peste. Le personnage Rieux, un médecin, aidé par ses amis se consacrent à aider
les populations atteintes. La peste, maladie terrible et redoutée sert ici à illustrer la condition
humaine, prisonnière du destin.

Au cours de cet extrait, qui est l’excipit de ce roman, Rieux contemple la ville, qui est délivrée de la
Peste.

Quelles sont les caractéristiques qui semblent ressortir de cet excipit ?

Nous montrerons au cours de cette analyse que c’est une scène chargée d’émotion, au cours de
laquelle Camus fait passer son idéologie, à travers Rieux.

Axe 1 : Une scène entre liesse et deuil

Rieux est seul, isolé, tout le 1er paragraphe montre sa solitude par rapport au reste de la ville. Dans le
2e paragraphe, on trouve « la foule », « la ville », « les hommes », ils sont indifférenciés, ils sont
considérés comme un groupe, Rieux est en opposition à cela. Il est en hauteur, le fait de regarder de
haut fait penser à une évaluation de la situation, à un bilan.

Rieux donne l’impression d’être isolé dans l’univers, il est en contact avec les éléments dans tout le
1er paragraphe : « l’air », « le ciel », « les étoiles », « la nuit », « la mer », il est à l’écoute de ce
monde, les éléments sont décrits, qualifiés par des adjectifs qualificatifs : « le ciel froid », « l’air
immobile et léger ».

La position de Rieux donne l’impression d’une certaine obscurité, d’un certain calme, qui s’oppose à
la lumière de la ville, au bruit : « rougeoiement », « places illuminés », « gerbes multicolores »,

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« réjouissances », « rumeurs », « grondements », « exclamations » et « cri d’allégresse ». Ce lexique
s’accorde avec celui de la libération de la ville : « délivrance », « délivrée », « libérée », « désir sans
entrave ».

C’est l’occasion pour Rieux de rapper le constat amer du vieux : « le vieux avait raison, les hommes
étaient toujours les mêmes ». Il lui vient alors le souvenir des morts et des oubliés : « Cotard »,
« Taroux », et « tous ceux et celles », tout le monde, et sa femme. Rieux observe la joie de la ville, et
en même temps il est habité par le deuil, c’est un moment de recueillement, il fait ce que les autres
ne font pas.

Ce moment de recueillement est propice à une réflexion philosophique.

Axe 2 : Le message humaniste de Rieux-Camus

Il termine sa chronique à la 3e personne, bien qu’il ait dévoilé qu’il en était l’auteur, il reste un
personnage de cette histoire commune, il est toujours en lien avec ses compatriotes. Il se désigne
comme leur porte-parole : « témoigner », « laisser un souvenir », « dire », et un parti pris moral sous
une formule à l’infinitif : « ne pas être de ceux qui se taisent ».

Ce parti pris le place du côté de ceux qui souffrent, ils sont désignés par « pestiférés ». Ce terme
peut avoir un sens métaphorique plus large, il parle également de « violence » et d’ « injustice ». Ça
dépasse le cadre médicale de cette peste, on trouve ici la justification du roman et la justification du
rôle de l’écrivain. On retrouve ici les choix philosophiques et politiques de Camus.

Le choix d’un personnage médecin rejoint ici une définition de l’écrivain : l’écrivain est un médecin,
c’est-à-dire quelqu’un qui sait ce que les autres ignorent, et qui peut apporter quelque chose à la
souffrance humaine.

Il a un regard bien veillant pour les hommes, il les qualifie au présent de vérité générale : « il y a dans
les hommes plus de chose à admirer que de choses à mépriser ». Mais c’est aussi un rôle de
guetteur, on le voit dans l’antithèse : « il savait ce que cette foule ignorait », et il va d’ailleurs
consacrer la fin du roman à un avertissement : « victoire définitive » est employé au sens négatif.

Il énonce au présent de vérité générale, comme une vérité avérée, scientifique : « le basile de la
peste ne meurt ni ne disparait jamais ». Il est personnifié ici comme un ennemi présent dans
l’intimité des hommes, comme le montre l’énumération : « dans les meubles et le linge, les caves, les
mâles, les mouchoirs et les paperasses ». L’emploi du futur du passé (le conditionnel) : « le jour
viendrait où, […] la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse », cela
rend très crédible, presque sûr, le retour de la peste.

Conclusion

Rieux est à la fois un personnage du roman, et son auteur. C’est un personnage mélancolique, à
travers ses deuils, mais aussi humaniste, on peut reconnaître ici la figure de Camus lui-même.

Ouverture sur le message de l’œuvre.

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