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Jurisprudence Assemblée plénière 96-80.088Arrêt n° 499 du 14 février 2003Cour de cassation - Assemblée plénière
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96-80.088
Arrêt n° 499 du 14 février 2003
Cour de cassation - Assemblée plénière Derniers arrêts de la chambre
sur le même sujet (Agressions
sexuelles)
AGRESSIONS SEXUELLES
96-80.088
Rejet Arrêt n° 499 du 14 février 2003
Cour de cassation - Assemblée
Demandeur(s) à la cassation : M. Faouzi X... plénière

Par arrêt en date du 24 septembre 1996, la chambre criminelle de la Cour de cassation a déclaré M. X..., qui ne s’était pas mis en
état et n’avait pas obtenu dispense de se soumettre à cette obligation, déchu de son pourvoi ;

M. X... a saisi la Cour européenne des droits de l’homme qui, par arrêt du 14 décembre 1999 a constaté qu’il y avait eu violation
de l’article 6, paragraphe 1, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ;

A la suite de cet arrêt M. X... a présenté, devant la Commission de réexamen d’une décision pénale, une requête tendant au
réexamen du pourvoi formé contre l’arrêt de la cour d’appel de Besançon, cette commission a renvoyé l’examen de ce pourvoi
devant l’Assemblée plénière ;

(...)

Vu l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme du 14 décembre 1999 ayant dit qu’il y a eu violation de l’article 6,
paragraphe 1, de la Convention européenne des droits de l’homme en ce que la Cour de cassation, chambre criminelle, a déclaré
M. X... déchu de son pourvoi contre l’arrêt de la cour d’appel de Besançon, chambre correctionnelle, en date du
21 novembre 1995, qui, pour agressions sexuelles aggravées, l’a condamné à 4 ans d’emprisonnement dont 2 ans avec sursis, et
a prononcé sur les intérêts civils ;

Vu les articles 626-1 à 626-7 du Code de procédure pénale ;

Vu la décision de la Commission de réexamen d’une décision pénale du 26 septembre 2002, saisissant l’Assemblée plénière de la
Cour de cassation du réexamen de ce pourvoi ;

Attendu qu’il y a donc lieu de déclarer recevable le pourvoi du 27 novembre 1995 ;

Vu le mémoire produit par Me Bouthors ;

Sur le moyen unique, pris en ses trois branches :

Attendu que, selon l’arrêt attaqué (Besançon, 21 novembre 1995), M. X..., interne du service d’oto-rhino-laryngologie de l’hôpital
de Montbéliard, s’est rendu coupable, lors d’une consultation dans ce service, d’agressions sexuelles sur la personne d’une
patiente, en abusant de l’autorité conférée par ses fonctions ;

Attendu que le prévenu reproche à la cour d’appel d’avoir retenu sa culpabilité, alors, selon le moyen, que l’exploration pelvienne
et rectale de la patiente, dès lors que ce geste n’était pas dénué de justification médicale, ne pouvait constituer une agression
sexuelle, que l’arrêt ne s’est pas expliqué sur la circonstance de violence, contrainte ou surprise, que la déclaration de culpabilité,
essentiellement déduite du sentiment, voire de la sensation de la plaignante, aurait méconnu les exigences du procès équitable et
de la présomption d’innocence ;

Mais attendu que, pour condamner le prévenu, l’arrêt retient, en se fondant sur les conclusions des quatre experts désignés par le
juge d’instruction et les dépositions de deux médecins de l’hôpital, que les touchers génital et rectal auxquels il a procédé, ne
pouvaient être médicalement justifiés dans le cadre d’une telle consultation ; que ces actes, que M. X... n’a pas inscrits sur la fiche
d’examens, avaient été effectués hâtivement, sans qu’il ait recueilli le consentement de la patiente ni respecté les précautions
exigées par la pratique médicale ; que les juges tiennent également pour établi, à partir des aveux circonstanciés du prévenu
recueillis au cours de sa garde à vue, de la cohérence des déclarations de la victime, de la présence, constatée par un témoin,
d’une tache sur les vêtements de celle-ci, qu’il a éjaculé sur elle à son insu ;

Attendu qu’en l’état de ces constatations et énonciations procédant d’une appréciation souveraine des faits de la cause, d’où il
résulte que le prévenu a commis, par surprise, les atteintes sexuelles qui lui sont reprochées, sous le prétexte fallacieux de
réaliser des examens cliniques, la cour d’appel a, sans méconnaître l’article 6, paragraphes 1 et 2, de la Convention européenne
des droits de l’homme, caractérisé en tous ses éléments, tant matériels qu’intentionnel, le délit d’agression sexuelle aggravée dont
elle a déclaré le prévenu coupable et a ainsi légalement justifié sa décision ;

D’où il suit que le moyen n’est pas fondé ;

PAR CES MOTIFS :

DECLARE RECEVABLE le pourvoi ;

LE REJETTE ;

MOYEN ANNEXE

Moyen produit par Me Bouthors, avocat aux Conseils pour M. X...

Violation des articles 3, 6, 7 et 14 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales, 333 du Code pénal ancien, 222-22, 222-27 et 222-28 du Code pénal nouveau, 1382 du Code civil, 2, 10, 427, 591
à 593 du Code de procédure pénale ;

EN CE QUE l’arrêt confirmatif attaqué a condamné l’exposant du chef d’agression sexuelle commise par une personne ayant
abusé de l’autorité que lui conféraient ses fonctions à 4 ans d’emprisonnement dont 2 avec sursis et à 40 000 francs de
dommages-intérêts au profit de la plaignante outre à 10 000 francs au titre de l’article 475-1 du Code de procédure pénale et aux
dépens de l’action civile ;

AUX MOTIFS QUE dans le cadre d’une consultation interservice au CHR de Montbéliard où Mme Y..., âgée de soixante-
douze ans et présentant un syndrome fébrile, avait été adressée par son médecin traitant, le docteur X... a pratiqué le 11 juin 1993
sur la patiente un examen ORL suivi d’un examen vaginal et rectal ; que ces deux derniers examens n’étaient cependant pas
justifiés dans le cadre d’une consultation ORL et qu’il appartenait au docteur X... d’orienter Mme Y... vers un spécialiste en
gynécologie ; que ces examens n’ont pas été pratiqués dans les règles de l’art et n’ont pas donné lieu préalablement à un
consentement exprès de Mme Y... dont l’absence de refus aurait dû être regardé comme insuffisante pour le praticien qui, en
outre, a manqué de tact ; que, de retour dans sa chambre, la patiente a marqué un sentiment de malaise dont elle s’est ouverte à
sa voisine puis à des médecins et infirmières ; qu’elle a nettoyé son peignoir et sa cuisse sur lesquels se trouvait une substance
laiteuse qu’elle n’a pas immédiatement identifiée comme étant du sperme ; que Mme Y... a toujours prétendu que lors de l’examen
rectal, le docteur X... lui avait fortement comprimé les fesses et qu’elle avait eu une sensation de chaud avant de sentir quelque
chose s’écouler sur celles-ci ; qu’en vain le docteur X... a prétendu qu’il s’agissait de vaseline ; qu’en vain également il a soutenu
que les faits articulés contre lui eussent été matériellement impossibles ; que mis en garde à vue, il a déclaré le 19 juin à 23h20
qu’après avoir pratiqué le toucher rectal, il avait ressenti une érection qu’il qualifiait de rapide ; qu’il déboutonna un ou deux
boutons de son pantalon, que sa verge sortit toute seule et qu’il se mit à éjaculer sans se masturber ; qu’il a rétracté ensuite ces
déclarations dictées, selon lui, par les enquêteurs et a évoqué une machination diabolique montée par la police et l’hôpital en
insistant sur le caractère raciste de la procédure ; que toutefois ses premiers aveux demeurent vraisemblables ; que le dossier de
garde à vue ne révèle pas de mauvais procédé reprochable aux enquêteurs ; que la plaignante n’a pas varié dans ses propos et
qu’elle est crédible ; que les faits reprochés au docteur X... sont donc établis et graves ; qu’il y a lieu de tenir compte dans
l’évaluation de la sanction des bonnes appréciations émises par les médecins ayant travaillé avec lui ; qu’il y a lieu également
d’indemniser et de défrayer la plaignante (arrêt, analyse) ;

1°) ALORS QUE, D’UNE PART, un examen clinique portant sur l’intimité de la personne, même maladroit voire dénué de tact, ne
constitue pas une agression sexuelle reprochable au praticien dès lors que son geste n’est pas dénué de justification médicale ;
qu’en incriminant dès lors l’exploration pelvienne et rectale du patient, motif essentiellement pris du sentiment de gêne et
d’incompréhension par lui éprouvé a posteriori, la Cour a privé son arrêt de base légale ;

2°) ALORS QUE, D’AUTRE PART, l’absence formelle de refus du patient qui s’est prêté à l’examen litigieux est exclusive de la
circonstance de "violence, contrainte, menace ou surprise" nécessaire pour caractériser un délit d’agression sexuelle ; qu’à défaut
de s’être autrement expliquée sur la défaillance de cette dernière condition, la Cour a encore privé sa décision de base légale ;

3°) ALORS QUE, ENFIN, méconnaît les exigences du procès équitable et de la présomption d’innocence la déclaration de
culpabilité du prévenu essentiellement déduite non de faits ou d’indices sujets à controverse utile mais du seul sentiment voire de
la sensation du plaignant relativement à des faits simplement supposés.

Président : M. Canivet, premier président


Rapporteur : M. Pometan, conseiller, assisté de Mme Lazerges, auditeur
Avocat général : M. Finielz
Avocat(s) : Me Bouthors

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