François Aubay
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D'autre part, alors que l'évidence qui a été décrite comme élé-
ment de l'idée de science véritable est cette évidence nommée « adé-
quate» où la chose se présente elle-même, s'offre en original, ceUe
qui sera « trouvée» comme fondement d'une philosophie radicale
- l'évidence du je suis - sera un autre type d'évidence, l'évidence
apodictique. Bien qu'elle revête « une dignité plus haute» que l'évi-
dence adéquate, celle-ci n'englobe pas seulement cette dernière:
« L'apodicticité peut, selon le cas, appartenir à des évidences inadéquates»
(MC, p. 13). Cela signifie que dans cette évidence, bien que je sois
absolument certain de l'existence de la chose, celle-ci ne m'est pas
donnée en présence.
Cette «différenciation du sens de l'évidence» - l'élaboration d'un
sens de l'évidence qui n'implique pas la présence - au moment de
trouver dans la vie réelle de la conscience une évidence susceptible
de fonder la philosophie comme science rigoureuse en dit long sur
le statut de la présence dans la vie de la conscience.
Après ces remarques préalables, analysons le statut, la place que
Husserl donne à la présence (et à la non-présence) dans ses descrip-
tions phénoménologiques de la conscience; le paragraphe 19 des Médi-
tations car.tésiennes (MC, p. 39) est clair sur ce point: « La multiplicité
inhérente à r intentionnalité de tout cogito [' .. J n'est pas épuisée par la
description des cogitata actuels. Au contraire, chaque actualité implique
ses potentialités propres. Chaque état de conscience possède un "hori-
zan".» (Ibid.); cela signifie qu'il appartient à la conscience de se
rapporter à son «objet» comme présent et comme non-présent
(non-présence sous l'espèce des horizons d'indétermination). « Cela
désigne un nouveau trait essentiel de l'intentionnalité» (Ibid.). Cette
affirmation capitale selon laquelle la relation à ce qui est présent
n'épuise pas la «relation à» qui caractérise la conscience, et que
partant, la conscience se rapporte aussi à ce qui lui est non-présent,
nous la trouvons d'ailleurs déjà dans les Ideen I: «Mais l'ensemble
de ces objets co-présents à l'intuition de façon claire ou obscure, distincte
ou confuse et cernant constamment le champ actuel de la perception n'é-
puise même pas le champ qui pour moi est "là de façon consciente à
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la réalisation duquel tend toute intention pour tout ce qui est ou pourrait
être son objet ». Par conséquent « tou.te conscience en général est ou
bien elle-même évidence, c'est-à-dire que l'objet intentionnel y est lui-
même donné", ou bien est, de par son essence, ordonné à des évidences
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Textes de Husserl
Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoméno-
logique pures (Ideen 1), trad. française par P. Ricœur, Paris, Galli-
mard, 1950.
Méditations cartésiennes (MC), trad. française par E. Lévinas et G. Pfeif-
fer (1930), Paris, Vrin, 1947.
Autres textes
Derrida J., « Violence et Inétaphysique, Essais sur la pensée d'E. Lé-
vinas 1>, l'Écriture et la différence, Paris, Le Seuil, 1967, p. 117-220.
Lyotard J.-P., la Pllénoménologie, Paris, PUF, coll. «Que sais-je?»,
1954.
NOTES
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bles. Cette façon de lire les philosophes (ce sont toujours des philosophes
que lit Lévinas, non des philosophies) qui consiste à les assigner à choisir
une thèse à l'exclusion de son contraire semble pouvoir être ainsi comprise:
elle serait une ({ variation imaginaire}) qui consiste à transplanter le penseur
du champ de la théorie dans lequel se déroule la philosophie au champ de
l'éthique à l'intérieur duquel comme le dit Kant dans «Qu'est-ce que
s'orienter dans la pensée? }), on ne peut pas ne pas juger.
(3) Par « autre », nous entendons aussi bien l'objet transcendant qu'autrui.
L'apprésentation est donc déjà une dimension constitutive de mon expé-
rience de la chose transcendante et étendue, mais dans l'expérience d'autrui,
elle acquiert une certaine radicalité: il m'est absolument impossible d'ac-
céder, par un processus de vérifications confirmantes, au vécu d'autrui tel
qu'il le vit lui-même.
(4) Cette conception de l'expérience, insistant d'une part sur le fait que la
conscience se rapporte toujours à un objet comme présenté et apprésenté,
d'autre part sur l'ouverture de nouveaux horizons dans le processus de rem-
plissement présente une nette et paradoxale analogie avec ceUe que déve-
loppe Hegel dans l'Introduction à la Phénoménologie de l'esprit: la conscience
se rapporte à l'objet comme elle le sait et comme « posé à ['extérieur de ce
rapport)} (p. 75, trad. Hipolyte). « A elle quelque chose est l'en-soi, et le savoir
ou l'être de l'objet pour la conscience est un autre moment. » (O.C, p. 74) D'autre
part, le progrès du savoir n'est pas le progrès vers une vérité déjà là depuis
les commencements, car « dans le changement du savoir, se change en fait, aussi
l'objet même») (D.C, p. 75). <Ici suivent les deux pages sur l'écriture et le
Livre que nous mentionnons dans la présentation de ce texte, et que nous
n'avons pas conservées (NdE».
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