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Que reste-t-il des progrès accomplis en matière de cash quelques années après la première
initiative de réduction du BFR ? Pas grand-chose, semble-t-il, si l'on en croit les conclusions
d'un groupe de travail réunissant 13 grands groupes fortement mobilisés à l'occasion d'un
benchmark consacré aux bonnes pratiques d'optimisation permanente du BFR. Dans le cadre
d'une réflexion animée par l'Institut du Benchmarking, l'AFDCC et le cabinet ENODIA, de
grands groupes ont souhaité mettre en commun leurs expériences d'initiatives d'optimisation
du BFR, avec une préoccupation commune : comment éviter l'effet d'essoufflement constaté
peu de temps après les premières embellies de cash ?
Premiers constats :
Le principal écueil à éviter est bien l'effet d'essoufflement décrit par une majorité de groupes.
Avec un niveau de liquidités retrouvé et une pression devenue mécaniquement moins forte sur
le besoin de cash, les efforts se relâchent peu à peu, les progrès réalisés stagnent avant de
décliner et les bonnes pratiques, appliquées de manière moins systématique, n'apportent plus
l'efficacité escomptée. Le changement de priorités au sein de l'entreprise, le manque de
capitalisation entre les équipes en charge de la phase projet et celles qui prennent la suite, la
dispersion des compétences, liée à la mobilité des ressources, sont les trois
principales raisons identifiées comme étant à l'origine du retour aux habitudes du passé, et
qui accentuent l'effet d'essoufflement. Avec pour conséquence de devoir relancer les
initiatives BFR de manière cyclique, au fil des difficultés de trésorerie.
Le groupe de travail a identifié, au fil des travaux, deux démarches d'optimisation du BFR
relevant de contextes d'entreprises bien distincts.
La deuxième démarche, dite d'« optimisation » permanente, passe au contraire par la mise en
place d'un projet fédérateur de conduite du changement, centré sur la prise en compte du cash
dans les processus de l'entreprise au quotidien. Lancer une telle démarche est le signe d'une
volonté de développement d'une culture « cash » dans l'entreprise associant l'ensemble des
acteurs intervenant sur la variable BFR.
C'est cette dernière approche que le groupe de travail a choisi d'approfondir, avec pour
principale préoccupation la mise en commun des pratiques qui vont pérenniser et maintenir
sous tension la mécanique d'optimisation dans le temps, bien plus que les leviers de réduction
de BFR qui sont largement connus de tout groupe ayant mené une première initiative réussie
de réduction du BFR.
Pourquoi d'ailleurs s'intéresser au management du BFR lorsque l'on s'appelle Total, France
Télécom, Schneider Electric, Lafarge ou Sodexho, quelques-uns des grands noms participant
au groupe de travail ? Tout d'abord, parce que la communauté financière et les actionnaires
surveillent de près les performances des groupes cotés, y compris le niveau de cash dégagé,
signe d'une financiarisation progressive de l'économie. À côté de la croissance du chiffre
d'affaires, de la rentabilité, le niveau de cash dégagé s'est fait peu à peu une place parmi ces
indicateurs de tout premier plan. Également parce que les grands groupes réalisent en
permanence des opérations de croissance externe et que, pour saisir des opportunités, il est
préférable d'avoir des liquidités plutôt que de recourir systématiquement à l'emprunt, d'autant
que le taux d'endettement est également suivi de près par les marchés et analystes financiers.
Les travaux du groupe ont permis d'identifier les bonnes pratiques d'optimisation permanente
du BFR et de les ordonner selon trois registres : la mobilisation durable des acteurs, le
pilotage et les moyens pour agir. Dans le cadre de cet article, nous avons privilégié ci-après
quelques exemples de bonnes pratiques identifiées par les membres du groupe de travail pour
illustrer chacun de ces registres.
Quelques exemples vécus de techniques citées par les membres du groupe de travail pour
obtenir ce soutien :
- avoir une démarche chiffrée mettant en perspective les enjeux et les gains pour le groupe
grâce à la démarche d'optimisation ;
- réaliser des comparatifs (internes et externes) permettant de situer la performance du
groupe ;
Le pilotage
Une nouvelle instance de pilotage : le comité BFR - Selon la taille des groupes, la
composition et le rôle de ce comité sont variables. C'est avant tout une équipe
pluridisciplinaire, composée en général d'un représentant de la sphère commerciale, des
achats et de la production, mais aussi parfois d'un contrôleur de gestion. Ce comité est en
charge du pilotage du BFR. Il prépare les plans d'actions d'amélioration, conseille les unités
pour les aider à atteindre leurs objectifs et contrôle régulièrement l'état d'avancement des
plans d'actions. C'est notamment à travers le contrôle et le suivi des plans d'actions qu'il
contribue à la mobilisation durable des acteurs. Constitué aux différents niveaux de
l'entreprise, il vise également à développer une communication interne plus efficace, par
exemple entre les commerciaux et les financiers, de manière à définir les priorités de manière
collégiale. Le cas échéant, selon la culture des groupes, ce comité peut également procéder à
des arbitrages entre la direction commerciale, toujours fortement motivée par la croissance du
chiffre d'affaires, et la direction financière, plus prudente et sensible à l'analyse du risque
client.
Un reporting commun et partagé - Le reporting fait partie des moyens incontournables pour
mesurer, rendre compte et prévoir. Le BFR n'échappe pas à la règle, et le reporting du BFR
est largement répandu dans les entreprises représentées au sein du groupe de travail. Sur ce
thème, quelques conseils à retenir :
- intégrer le reporting BFR dans le reporting périodique, pour ne pas en faire un reporting à
part, susceptible de tomber aux oubliettes ;
- privilégier des indicateurs simples, rapides à déployer dans un premier temps plutôt que des
indicateurs sophistiqués, mais difficiles à mettre en place ou nécessitant des retraitements
laborieux au sein des unités pour garantir une homogénéité du reporting ;
- décliner les indicateurs BFR aux différents échelons du groupe, de manière à ce que
chaque unité dispose d'objectifs en matière de BFR, à décliner ensuite en objectifs
individuels pour les membres de la filière BFR.
Présidée par William Nahum, la vocation première de l'Académie des Sciences et Techniques
Comptables et Financières et de l'IPAO (Institut des Professionnels Associés à l'Ordre des
Experts Comptables) est de développer les compétences des professionnels par l'échange
d'expériences, la production doctrinale et technique ainsi que la diffusion de savoirs, en
France et à l'étranger. En rassemblant les talents des professionnels de la comptabilité, de
l'audit, de la gestion et de la finance, elle cherche également à élargir le champ
d'expérimentation et les thèmes de réflexion pour renforcer l'excellence de la filière et son
rayonnement à l'international. Lancée en septembre 2004 par Nicolas Sarkozy, alors ministre
de l'Économie et des Finances, l'Académie compte aujourd'hui près de 60 000 membres, dont
un tiers réparti dans 25 pays francophones (http://www.lacademie.info).
Créée en 1970, l'AFDCC est en France l'unique association professionnelle des Credit
Managers et le seul référentiel métier. Elle regroupe et anime un réseau de 1 000
Credit Managers, issus des plus grandes entreprises internationales ou de PME, dans tous les
secteurs et toutes les régions. Membre de la FECMA (Fédération Européenne des
Associations de Credit Managers), elle donne accès à un réseau de 20 000 Credit Managers en
Europe (http://www.afdcc.com).
Conseil privilégié de la direction financière, ENODIA apporte son expertise sur l'ensemble
des opérations de transformation de la fonction gestion-finance. ENODIA intervient sur un
plan opérationnel dans la conduite des projets liés au management de l'information financière,
à l'optimisation des flux financiers, au déploiement du contrôle interne et à l'évolution du
système d'information (http://www.enodia.fr).
Le groupe de travail « Optimisation permanente du BFR : les bonnes pratiques » a été animé
par André Foissey et Alain Ricateau-Pasquino de France Télécom, Jean-Philippe Perbost du
cabinet ENODIA, David Leclercq, vice-président de l'Institut du Benchmarking, avec le
soutien de Jean-Louis David, secrétaire général de l'AFDCC. Les membres du groupe de
travail : Arkema, Bayer, Carbone Lorraine, EDF, Eurocopter, Europcar, France Télécom, La
Poste, Lafarge, Schneider Electric, Sodexho France, Total, Veolia Eau.
En synthèse
-> Mode projet : c'est le constat fait par certains participants du groupe qui
ont mené la démarche d'optimisation avec succès ; mettre en place une
démarche d'optimisation permanente, c'est ancrer le mode projet dans les
pratiques au quotidien : pilotage d'objectifs, conduite de plans d'actions,
animation d'une démarche, points d'avancement réguliers sont autant
d'éléments caractéristiques du mode projet.
Autant de points d'ancrage qui doivent empêcher le retour aux habitudes du passé :
un cercle vertueux du BFR en quelque sorte.