L’ECONOMIE ISLAMIQUE :
FONDEMENTS, PRATIQUES, ET PERSPECTIVES
* Nos parents qui ont toujours œuvré pour nos réussites, par leurs
amours, leurs soutiens, leurs précieux conseils, et tous les sacrifices
consentis.
2
Remerciement
Merci
*Rapporté par Al-bayhaqi et authentifier par Al-albani dans sahih Aljami n° 3014.
3
Sommaire
Dédicaces
Remerciements
Sommaire
Introduction
Objectif du sujet
Méthodologie
Droit de propriété
La monnaie
Les prix
L’offre et la demande
L’intervention de l’Etat
L’inflation par les coûts
Le commerce
La concurrence
4
CHAPITRE III : REMEDES ET DEFIS DE L’ECONOMIE ET LA FINANCE ISLAMIQUE
ET LES NOUVAUX MODELES DE FINANCEMENT.
2 . L’Assurance islamique
3 . La Micro-finance islamique
CONCLUSION GENERALE
Entretien
Extrait relative aux banques participatives
Bibliographie /webographie
Table des matières
5
Introduction
Il est à noter que plusieurs changements ont vu le jour sur le plan économique,
se manifestaient dans l’apparition de plusieurs entraves en ce qui concerne la vie
économique. Le présent rapport vise à déceler et à dénoncer les solutions efficaces
que l’économie islamique présente.
6
Objectif du sujet
Evidemment, l’Islam présente toujours sa thèse forte devant les chercheurs et offre
ses solutions primordiales aux problématiques qui renouvellent itérativement
et même dans toutes les sciences.
7
Méthodologie
* salafs : ceux qui ont sur Le chemin (Minhadj des Salaf), c'est le suivi du Coran et de la sounna du Messager
d'Allah صلى هللا عليه وسلمen se conformant à la voie sur laquelle il était : Lui, ses compagnons, ceux qui les ont
suivis à la perfection (2ème génération), ainsi que la génération suivante qui les ont également suivis à la
perfection (3ème génération).
8
CHAPITRE I : L’ECONOMIE ISLAMIQUE - GENERALITES ET CONCEPTS
9
SECTION 1 : Terminologie, Concepts
Les concepts de l’économie islamique n’ont presque jamais eu leurs places entre
les programmes d’éducations des théories économiques, malgré tous les efforts de
recherches académiques et toutes les réflexions positives soit par des musulmans ou
les non musulmans.
Islam :
Economie :
1
A. Belabes / Etudes en économie islamique, Janvier 2010 page 18
10
Chari'a :
Sens linguistique : Le mot Chari'a signifie méthode, c’est-à-dire une manière de faire
ou une forme particulière sous laquelle s'accomplit une action.
Sounna :
11
Zakat :
Riba :
Sens conventionnel : Le terme Ribâ signifie accroissement lié à certains biens utilisés
comme moyen d’échange (or, argent, monnaie …). Ainsi, dans le système
économique islamique, la monnaie est un moyen d’échange et ne se trouve pas
vénérée comme désirable en soi.
Ijtahid :
Il s’agit d’un effort de déduction d’un jugement légal en se basant sur les sources de
chari’a, le Coran et la Sonna.
Être mujtahid signifie être capable de déduire le jugement légal à partir des sources
originelles de la Loi Toute personne qui n’atteint pas le degré de Yljtihâd doit être ou
muqallid (imitant) ou muhtât (prudent).
Fiqh :
Haram :
Tous qui est illicite et interdit dans la chari’a, c’est le contraire du terme « Hallal »
La finance islamique :
Wakala :
Contrat d’agence qui permet à une banque islamique de gérer les fonds de ces clients
moyennant une commission.
12
2. Qu’est ce que l’économie islamique ?
En outre, L’économie islamique, la science qui a pour objet l’affectation des biens
en vue d’améliorer la qualité de vie, conformément aux principes (Usûl) et aux
finalités (Maqâsid) de la Chari'a, animée par la dynamique de construction (I'mâr)
dont la portée temporelle transcende le moment présent.8 Il est convenable de noter
que La finalité suprême de la Chari’a islamique, est d’attirer et maximiser les
avantages (Masâlih) et de repousser et minimiser les inconvénients (Mafâsid).
La Chari'a approuve ce qui renforce la justice et la stabilité et désapprouve ce qui
conduit à l’injustice et l’instabilité.
7
Muhammad Umar Chapra : « Qu’est-ce-que l’économie islamique? » Série de conférences d’éminents
érudits N°10. Publications de l’IRTI(BID) 1996.voir aussi : Ali Toussi : Qu’est-ce qu'une économie islamique?
Editions Albouraq 2002.
8
C'est le sens même de « As-siyyasa Al-char’iya » (Ibn al-Qayim, 3 : 635 ; Dadah Khalifa : 74-76) et du droit
public (Al-Tarabulsi : 207 ; Ibn Farhun, 2 : 137).
13
SECTION 2 : Traits identifiable du système économique islamique
pour baliser une troisième voie.
En effet, l’économie islamique, loin de baliser clairement les traits d’une troisième
voie clairement identifiable, s’est d’emblée polarisée entre une pensée libérale
et une autre approche plus socialisante.
Le système capitaliste peut exister indépendamment les unes des autres ??, et
chaque trait peut être plus ou moins prononcé. L’objectif qui se dresse en filigrane
n’est certes pas de mettre en place des instruments qui enrichiraient les plus riches,
mais qui offriraient aux plus démunis les biens dont seule une minorité pouvait au
préalable bénéficier, et ainsi, réduire le fossé économique qui séparait les deux
classes formant une population. Preuve à l’appui, au XXIème siècle, le raisonnement
des capitalistes n’est pas démenti : le sort des humbles s’est considérablement
amélioré, même si les classes supérieures de l’époque et celles de nos jours
demeurent sensiblement au même stade. Par ses résultats économiques et sociaux,
le système capitaliste paraissait le plus moral des systèmes en place et va tenir sa
réputation et son succès de sa bienveillance, fruit de l’éthique protestante et de
l’esprit du capitalisme 10. Confucianisme en Asie, Islam en Turquie, Catholicisme en
Espagne ou au Québec n’ont pas interdit l’universalisation d’un « capitalisme
éthiquement protestant ».
9
L’Union soviétique
10
Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme.
11
Source : Larousse 2000.
14
Dans l’approche marxiste12, le capitalisme serait un système politique, économique et
social dont le principe fondamental est la recherche systématique de plus-values
obtenues grâce à l'exploitation des travailleurs par les propriétaires des moyens de
production et de distribution. Leur but serait de transformer la plus grande partie
possible de ces plus-values en capital supplémentaire qui engendrerait à son tour
davantage de plus-values. Avec cette critique marxiste, le mot "capitalisme" a acquis
une connotation péjorative et ses condescendants parlent plutôt de "libre entreprise"
ou du plus communément admis "libéralisme". Pour le capitalisme, tout tend à
devenir marchandise et en premier lieu l'Homme (la santé, le sang, les organes, la
procréation…), l'éducation, la connaissance, la recherche scientifique, les œuvres
artistiques...etc.
"Le socialisme, tel que nous le concevons, implique que nous participons tous de
manière égale à la production, au travail et à la répartition des produits ... de sorte
que cette activité devienne une sorte de prière, et pour que les fruits du travail ne
restent pas le monopole d'une seule catégorie de personnes ..."
Alors que le mot 'socialisme' ... a été utilisé en Occident pour désigner l'appropriation
par la société des moyens de production, ce même mot en arabe signifie association
et travail en communauté".13
12
Courant politique qui se veut réclamer les idées de Karl Marx (et à moindre échelle celles de Friedrich
Engels). Le marxisme repose sur l’analyse de l’histoire et la participation au mouvement réel de la lutte des
classes, pour l’abolition du capitalisme. Karl Marx considérait en effet que « l’émancipation des travailleurs doit
être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
13
L’économie islamique au secours du capitalisme? MasNI 2 – 2008/2009.
MASTER DE NÉGOCIATION INTERNATIONALE - MONDE ARABE.
15
Le courant majoritaire de la pensée musulmane au 20ème siècle n'a été ni capitaliste,
ni socialiste, mais il ressemble à une tentative d'imiter les Etats-Providence
européens. La pensée islamique classique en matière d'économie politique confère
un rôle limité à l'Etat. Les dérives par rapport à ce modèle qui dominent le monde
musulman actuel sont motivées par un désir de développement industriel rapide par
les moyens que les décideurs politiques pensent efficaces. La renaissance islamique
actuelle est un phénomène qui s'oppose largement aux régimes socialistes. Les
tendances antioccidentales expriment principalement une opposition à ce qui est
perçu comme un impérialisme manifesté par des régimes autoritaires ou étrangers,
imposés ou défendus par les Etats occidentaux.
16
SECTION 3 : Historique de l’Economie Islamique
15 Califat : Un « califat » ou « khalifat » est par métonymie le territoire et la population musulmane qui y vit
reconnaissant l'autorité d'un calife, littéralement "un successeur" / Dictionnaire de l'Académie française.
17
Des juristes ont affirmé par le qiyas que cette restriction sur la privatisation peut être
étendue à toutes les ressources essentielles dont bénéficie la communauté entière.
Les concepts d'aide sociale et de pension existèrent très tôt dans la loi islamique
comme formes de la zakat, l'un des cinq piliers de l'islam, depuis l'époque du calife
Rashid Umar au XIIe siècle. Les taxes (dont la zakat et la Jizya) collectées pour le
trésor (Bayt al-mal) du gouvernement islamique étaient utilisées pour apporter des
revenus aux démunis : les pauvres, les personnes âgées, les orphelins, les veuves, et
les handicapés. Selon le juriste islamique Al Ghazali (Algazel 1058-1111), le
gouvernement avoir aussi la responsabilité de stocker des denrées alimentaires dans
toutes les provinces en cas de désastre ou de famine. Pour cette raison, le califat fut
considéré comme l'un des premiers États assumant l'aide sociale.
En moins d’un siècle, la plus part du monde musulman aura été confronté à deux
défis majeurs : la colonisation et la mondialisation. Les sociétés profondément
bouleversées par les protectorats ont connu, depuis les indépendances,
des évolutions politiques et sociales différentes. Si de grands progrès ont été
accomplis, de nombreuses faiblesses existent dangereusement accentuées par
la logique du libre-échange. L’exigence d’une redéfinition des rapports États-sociétés
est désormais posée aussi bien avec l’émergence de nouvelles couches urbaines
18
que par une mouvance islamiste voix des sans voix, refuge et recours
des laissés pour - compte du processus de mondialisation- mouvance avec laquelle
dialoguent les États-Unis.
Evidemment, seul le système financier islamique s’est assez développé pour être
considéré comme un modèle distinct surtout dans ce contexte des conséquences
de la colonisation et les défis mondialisation actuelles. L’économie islamique apporte
des réponses aux défaillances des systèmes classiques existants. Afin de réduire
l’exclusion bancaire et de promouvoir le développement social des populations
les plus démunies, des institutions financières islamiques ont vu le jour, mais leur
périmètre est resté limité aux affaires locales.
Actuellement, la BID abrite 56 pays membres, mais les parts sont détenues
en majorité par une minorité des pays : Arabie Saoudite : 26,5%, Lybie : 10,6%,
Emirats Arabes : 7,5%;…
Par la suite des banques islamiques ont vu le jour dans la majorité des pays du Golfe :
la Dubaï Islamic Bank au Qatar (1975), la Kuwait Finance House et la Banque Fayçal
en Egypte, la Banque Islamique de Jordanie…,
19
Pour accompagner ce mouvement, structurer davantage les Institutions Financières
Islamiques (IFI) et raffiner et harmoniser leurs règles de fonctionnement,
l’Organisation de Comptabilité et d’Audit des Institutions Financières Islamiques
(AAOIFI) a vu le jour en 1991. Mais, ce n’est qu’au XXIème siècle que l’essor
de la finance islamique a commencé à attirer les intérêts et à marquer l’histoire
de la finance mondiale. En effet, le nombre des institutions financières a explosé pour
atteindre plus de 300 institutions opérant essentiellement dans 75 pays à travers
le monde.
Le dynamisme et l’évolution rapide de cette industrie jeune, surtout dans les centres
traditionnels, ont généré un grand intérêt de la part des acteurs mondiaux
de la Finance Conventionnelle (FC) particulièrement dans les pays développés
où les systèmes financiers classiques traversent des crises sans précédent.
Avec la libéralisation accrue, le système financier islamique est devenu plus diversifié
et a gagné de plus en plus de profondeur. Par conséquent, la finance islamique
semble être actuellement un des segments les plus dynamiques de l’industrie
internationale de services financiers.
20
La majorité, des banques internationales qui ont choisi de profiter de ce marché ont
opté pour l’ouverture de guichets islamiques.
En 2008, les actifs conformes à la Charia sont estimés à 951 milliards de dollars contre
758 milliards de dollars un auparavant, soit une hausse de 25%. Ce chiffre est estimé
à près de 1000 milliards de dollars d’actifs en 2011, pour confirmer la tendance
haussière des transactions conformes à la Charia.
Les produits bancaires représentent l’essentiel des actifs, le reste étant composé
des produits d’investissements, d’émission des Sukuks, des Fonds d’Investissements
(FI) et des produits Takaful.
21
CHAPITRE II : RACINES ET FONDEMENTS DE LA DOCTRINE
ECONOMIQUE ISLAMIQUE
22
SECTION 1 : Sources juridiques et fondements de l’économie
islamique.
Le Coran : Le livre saint de l'Islam qui rend compte du message de Dieu tel que
révélé au Prophète Mohammed -paix et bénédictions sur lui, il constitue la
première source en termes de loi. Tout élément tiré d'autres sources
juridiques doit impérativement être en totale conformité avec la parole de
Dieu dans le Coran.
17 BENLAHMAR, I. (2010), « La Finance Islamique est elle un rempart à la finance conventionnelle face à la
crise? ». Mémoire de Fin d’Etudes
23
Toutefois, la Charia reste ouverte à des interprétations et développements possibles.
En effet, nous pouvons rajouter deux autres sources de la Charia :
A. PRINCIPE DU « TAWHID » :
La pierre angulaire est que tout doit émaner de la croyance en Dieu en tant que
Créateur, Seigneur et Souverain de l’univers. Cela inclut la volonté de se soumettre
à la volonté de Dieu, d’accepter Ses révélations et d’être totalement soumis à Lui,
de façon inconditionnelle. Cela signifie que les musulmans – aux niveaux individuel
et collectif – ne doivent pas imiter ou prendre pour exemple un système
non-islamique s’il n’est pas conforme à leurs principes.
24
B. PRINCIPE DE GOLOBALITE DE L’ISLAM :
Le second principe de base est que l’islam, en tant que religion, est un mode de vie
complet, qui guide tous les aspects de la vie d’une personne (moral, social, éthique,
économique, politique… etc.) Tous ces aspects de la vie sont régis par la Loi
de Dieu.
« Et Nous t’avons révélé le Livre, qui explique toute chose de façon claire et qui
constitue un guide, une miséricorde et une bonne nouvelle pour les musulmans. »
(Coran 16:89)
C. PRINCIPE DE « L’ISTIKHLAF »
Le troisième principe est que Dieu a créé les êtres humains, sur terre, pour être
Ses administrateurs (Coran, 75 : 3), ce qui signifie que chaque personne est créée
pour remplir certaines responsabilités, sur cette terre. Dieu a doté les êtres humains
d’un libre-arbitre afin qu’ils basent leur vie sur les valeurs morales et éthiques
qu’Il a Lui-même révélées. De plus, l’islam fournit divers outils permettant un certain
bien-être matériel, lequel peut parfaitement exister en harmonie avec les aspects
social et moral de la vie.
D. PROHIBITION DE L’INTERET :
L’Islam interdit l’usure qui se définie comme un intérêt excessif (Riba) attach
a une somme d’argent faisant l’objet d’un prêt. La propagation de l’intérêt usuraire
suscite la disparition de la bonté entre les gens et la concentration de la richesse
entre les mains d’un groupe restreint, Dieu, exalté soit-il, (sens du verset) dit : « ceux
qui mangent (pratique) de l’intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du jugement
dernier) que comme se tien celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela,
parce qu’ils disent : " le commerce et tout à fait comme le comme l’intérêt" Alors
qu’Allah a rendu licite le commerce, et illicite l’intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que
lui est venue une exhortation de son seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis
auparavant, et son affaire dépend d’Allah. Mais quiconque récidive ; alors les voilà,
les gens du feu ! Ils y demeureront éternellement ». Coran (2/ 257).
Afin d’expliciter ces versets, un (propos) du prophète Mohammed-paix
et bénédictions sur lui - expose les règles du commerce légale. Il vise six produit
dits « Ribawiya » : (or, argent, blé, froment, dattes, sel.) tout échange de produit
identique (or contre or, blé contre blé…) avec un avantage pour une personne
constitue une opération usuraire, sauf en ce qui concerne les avantages résultant
de l’échange de produit de nature différente (or contre blé). En matière d’échanges
25
de monnaie (argent contre argent), tout surplus tiré d’une transaction non basé sur
des actifs réels et préalablement possédés par le vendeur est illicite. Entrent dans
cette catégorie les contrats de prêt. Concrètement, les crédits qu’ils s’agissent
des crédits à la consommation ou des crédits aux entreprise ne respect pas cette
exigence.
E. INTERDICTION DE l’INCERTITUDE :
F. INTERDICTION DE HASARD :
Le hasard (Mayssir) se définit comme toute forme de contrat dans lequel le droit
des parties contractantes dépend d’un événement aléatoire. C’est notamment
ce principe que l’on trouve dans les jeux da hasard (Qimar) et les pariages avec mise.
G. INTERDICTION DU MONOPOLE :
18
Mouslim ben Al hajjaj An-naysabouri né en 820 et mourut en 875, le plus célébre de ses ouvrages est « le
Sahih » où il a complié 12000 Hadiths en les rapportant durant une période de 15 ans.
26
H. PRINCIPE DE PARTAGE DES PERTES ET PROFITS (3P) :
J. INTERDICTION DE LA THESAURISATION :
L’islam a interdit de thésauriser les richesses sans y prélever les droits d’Allah
et sans les dépenser dans ce qui est rentable pour l’individu et la société ; l’argent
doit normalement circuler entre les gens pour stimuler l’économie, ce qui apporte
un profit à tous les membres de la société.
27
L. LA ZAKAT :
L’islam interdit la fraude sur la mesure et le poids parce c’est une sorte de vol,
de détournement de trahison et de tricherie. Allah exalté soit-il, dit : (sens
des versets) : « malheur aux fraudeurs qui, lorsqu’ils font mesures pour eux-mêmes
exigent la pleine mesure, et qui lorsqu’eux-mêmes mesurent ou présent ou présent
pour les autres, leur causent perte. » Coran (83/1-3)
N. INTERDICTION DE L’ACCAPAREMENT :
L’islam a interdit le fait qu’une personne ait la mainmise sur ce qui comporte
un intérêt public comme l’eau, les pâturages publics qui n’appartient à et d’empêcher
les gens d’en tirer profit, le prophète Mohammed -paix et bénédictions sur lui -a dit :
« il y a trois hommes à qui Allah n’adressera pas de parole au jour de la résurrection
et qu’il ne regardera même pas : l’homme qui jure sur sa marchandise qu’on lui
en a offert plus qu’on ne le lui en a offert et ment ainsi , l’homme qui fait u faux
serment après Al-asr pour s’approprier une partie du bien d’un musulman ,
et l’homme qui refuse le superflu de son eau.
28
A ce dernier, Allah dira : « aujourd’hui, je te refuse ma faveur comme y as refusé le
superflu d’une chose que tu n’avais pas faites toi-même » (rapporté par Al Boukhari)
le prophète Mohammed a dit : « les musulmans sont associés dans trois domaines :
le pâturage, l’eau et le feu » (rapporté par Ahmad ibn hanbal).19
O. AUTRE PRINCIPES ECONOMIQUE ET FINANCIERE ISLAMIQUE :
La spoliation : quelle qu’elle soit, parce que c’est une injustice pour ceux qui
en sont victimes et une menace pour la société.
en effet, le prophète a dit : « celui qui s’approprie une partie du dû d’un
homme musulman en faisant un faux serment, Allah lui impose le feu et lui
interdit le paradis. Ainsi, un homme s’écria : O messager d’Allah, et s’il s’agit
de quelque chose de négligeable ? (même si c’est un bâtonnet d’arak)
répondit-il. » (rapporté par mouslim).
Le vol : Allah, exalté soit-il, dit (sens du verset) : « le voleur et la voleuse, a tout
deux coupez la main, en punition de ce qu’ils se sont acquis, et comme
châtiment de la part d’Allah. Allah est puissant et sage » coran (5/38)
Le prophète a dit : « le fornicateur n’est pas croyant au moment où il fornique
le voleur n’est pas croyant au moment où il vole ; le buveur de vin n’est pas
croyant au moment où il boit ; et le repentir est offert après cela » (rapporté
par mouslim)
L’escroquerie et la trahison : car le prophète Mohammed a dit : « celui qui
prend une arme contre nous n’est pas des nôtres et celui qui nous trompe n’est
pas des nôtres » (rapporté par mouslim)
La corruption : conformément à cette parole d’Allah exalté soit-il (sens
des versets) : « et ne dévorez pas mutuellement et illicitement vos biens,
et ne vous en servez pas pour corrompre des juges pour vous permettre
de dévorer une partie de bien des gens, injustement et sciemment. »
coran (2/188)
19 Ahmed Ibn Hanbal, né à Bagdad en 780 mort en 855, est un théologien juriconsulte et fondateur de
l’école juridique (madhab) connue Hanbalite, il est aussi à l’origine de la fondation de l’école théologique
islamique (Al‘Aquida ) L’école atharite.
29
et cette parole du prophète Mohammed a dit : «Allah maudit le corrupteur
et le corrompu dans le jugement » (ibn hibban) 20 dans une autre version,
on cite aussi l’intermédiaire entre les deux, le corrupteur est maudit parce
qu’il contribue à la propagation de ce phénomène néfaste dans la société.
S’il n’offrait pas de pot-de-vin, il n’y aurait pas de corrompu. Et le corrompu
est maudit parce qu’il a causé un préjudice au corrupteur en prenant
son argent injustement et parce qu’il a trahi la confiance placée en lui
en prenant une contrepartie pour un travail qui est normalement
une obligation pour lui, outre les préjudices que peuvent subir les adversaires
du corrupteur.
Le sur enchérissement : l’islam a interdit d’enchérir sur l’objet convoité par
son frère pour le supplanter tant que ce dernier ne l’a pas autorisé à le faire,
parce que la rivalité est l’une des causes de l’inimitié et de la haine entre
les membres de la société.
Le commerce :
Le commerce est normalement licite, parce qu’il s’agit d’un échange utile entre
le vendeur et l’acheteur. Toutefois, quand l’une de ces deux parties subit
un préjudice ou toutes les deux, le commerce passe de l’licéité à l’interdiction
car Allah exalté soit-il, dit (sens du verset). (o les croyants ! que les uns d’entre vous
ne mangent pas les biens des autres illégalement. mais qu’il y ait du négoce (légal)
entre vous, par consentement mutuel. Et ne vous tuez pas vous-mêmes. Allah,
en vérité, est miséricordieux envers vous). L’islam classe le gain résultant
du commerce parmi les meilleurs gains. On demanda au messager d’Allah Quel gain
était meilleur ? il dit : [ce que l’homme acquiert par le travail de ses mains et tout
commerce licite.) rapporté par al-Hakim dans son moustadrak. L’islam exhorte
les musulmans à faire preuve d’honnêteté dans le commerce ; le prophète a dit :
« le commerçantsincère et honnête sera avec les prophètes, les véridiques et les
martyrs » 21
20
Abu Hatim Mouhammad Ibn Hibban, né à Bouste en Sijstan. Savant, Faqih, et un des étudiants
de Ibn Kkouzayma, il était connu pourla grande souplesse de ses conditions et critères pour l’acceptation des
Hadiths, mort en 354 à Samarqand.
21 rapporté par at-tirmidhi et al-Hakim et qualifié d’authentique par al Albany dans sahih at-taghrib)
30
Les conditions (Shrout) pour la validité des transactions en commerce :
Les six conditions suivantes doivent être accomplies lors d'une transaction afin
de la valider selon les règles islamiques :
L'acheteur et le vendeur doivent volontairement être d'accord sur tous les détails de
la transaction, conformément aux dires du prophete -paix et bénédictions sur lui - :
Ainsi, quelqu'un qui est obligé d'acheter ou de vendre un bien, invalide la transaction,
toutefois il y a une exception " si quelqu'un était forcé a juste titre dans une vente,
alors cette transaction devient autorisée. Un exemple de ceci est quand un juge force
quelqu'un à vendre son bien pour payer sa dette."
Les deux parties dans la transaction doivent posséder la propriété qu'elles proposent
à la vente, conformément aux dires du prophète:
Cependant, une personne peut vendre quelque chose au nom d'une autre avec
sa permission. Dans ce cas, il est considéré comme propriétaire du bien par
délégation.
Une personne ne peut pas vendre quelque chose qu'il ne possède pas en prenant
l'argent au moment de la vente, puis en allant l'acheter et en la fournissant
ultérieurement.
31
Cependant, une personne peut prendre l'argent de quelqu'un pour acheter un bien
pour lui, car même s'il ne vend rien lui-même, il est dans ce cas simplement un
représentant.
[Les trois premières conditions concernent les participants à une vente. Maintenant
regardons les conditions concernant les échanges]
Ce qui est vendu doit être quelque chose de halal (permis) à la base.
Ainsi, il n'est pas permis de vendre ce qui est haram (interdit) tel que les stupéfiants,
le porc, les instruments de musique, maytah (la viande non abattue correctement),
conformément aux dires du prophète:
Ainsi il n'est pas permis d'employer l'huile ou la graisse qui sont (à l'origine) des najas
(impurs, issue d'un porc ou d'un maytah) ou sont devenues impures (en les
mélangeant à une najas), conformément à cette parole : .
24
Il a été rapporté par Aboo Daawood dans son Sunan (3503), et rendu saheeh par Al-Albaanee. Il a été
également rapporté par À -Tirmitdi, an-Nasaa'ee, et Ibn Maajah.
32
Et dans le Hadith qui est authentifié (par Al-Bukhaaree et mouslim) :
Le prophète a été questionné, "as tu vu que la graisse du maytah, fait un bon enduit
pour les bateaux, qu'elle aide au tannage des peaux, et qu'elle est utilisée dans les
lampes ? " Il a répondu : "non, ceci est haraam (interdit)." 27 .
Les marchandises doivent être des choses qui peuvent être remises au moment
de la vente.
Ainsi, il n'est pas permis de vendre un oiseau volant dans le ciel, même si on s'attend
à ce qu'il revienne ( comme un aigle dressé), à moins qu'il ne soit dans une grande
cage.
De même, il n'est pas permis de vendre un poisson en mer, à moins qu'il ne soit dans
un enclos duquel il ne peut pas s'échapper.
Le point important est que l'acheteur doit être certain qu'il pourra remettre
les marchandises au moment de la vente.
Il n'est également pas permis de vendre un article perdu, ou quelque chose
que le vendeur n'est pas certain d'avoir toujours en sa possession .
Si l'acheteur n'est pas totalement capable de remettre les marchandises, alors
c'est un genre de Gharar que le prophète a interdit.
Les marchandises et le prix doivent être clairement connus des deux participants
à une vente. .
La vente d'un article inconnu ou non spécifié, comme "un des moutons du troupeau"
ou "un des vêtements sur le portant," sans indiquer l'article réel, est un genre
de Gharar prohibé comme mentionné précédemment.
.
De même, il n'est pas permis de vendre un article pour "une liasse de billets," ou un
"sac des pièces de monnaie," puisque, dans ce cas-ci, le prix n'est pas spécifié.
Ainsi ni les marchandises ni le prix ne peuvent être majhool (inconnu), de meme que
les deux participants doivent clairement connaitre ce qu'ils reçoivent et ce qu'ils
donnent.
33
En s'appuyant sur cela, il n'est pas permis de vendre un bébé animal dans l'utérus
de sa mère, puisque l'on est pas en mesure de savoir si le bébé sera fort et en bonne
santé ou maladif, ni son sexe (ce qui influe sur le prix des animaux), ni même
s'il survivra à la naissance.
7- Résumé :
Une transaction valide en Islam est l'échange d'un bien (permis) connu , indiqué,
halal, basée sur l'accord mutuel des deux parties libres, raisonnables, adultes et qui
sont capables de remettre ce qu'elles commercent.
34
SECTION 2: Précurseurs de la doctrine économique islamique.
(Ibn Taymiya - Ibn Khaldoun – Al Ghazâlî – AL Maqrizi.)
Droit de propriété :
La loi islamique affirme la souveraineté relative de l'homme sur les ressources
naturelles. La propriété absolue est limitée à Dieu, principe du tawhid. Si le Coran
reconnaît bien le droit à la propriété privée, ce droit n'est pas absolu et tempéré.
Il est par l'obligation faite au détenteur de ressources naturelles par exemple de les
utiliser de façon productive. Ce principe de base vise à décourager la thésaurisation.
Le droit de propriété privée est donc essentiellement avant tout un droit de propriété
de jouissance et éventuellement de cession de cette propriété.
28 Ibn Khaldun : Historien, Economiste, homme politique, est une figure majeure de la pensée islamique
classique. Né à Tunis en 1332, mort au Caire en 1406, il a laissé une œuvre fondamentale, la seule
qu‘il mentionnera dans son autobiographie : le Kitab al-Ibar, le « Livre des enseignements et traité d‘histoire
ancienne et moderne sur la geste des Arabes, des Persans, des Berbères et des souverains de leur temps »,
plus connu sous le nom d‘ « Histoire Universelle ». Cette œuvre gigantesque, dont la seule introduction en trois
volume (la Muqaddima) compte près de 1500 pages, doit moins sa postérité à la masse considérable
des données recensées par son auteur, que par la méthodologie qui préside à leur recherche, leur sélection
et leur organisation. Cette méthode est ce qui vaudra à Ibn Khaldun d‘être parfois considéré comme
le « père de l‘histoire ».
35
L‘appropriation de la nature par l‘homme est le fait de la totalité des êtres humains :
nul n‘est exclu du partage universel des biens du monde ; mais la propriété reste,
pour Ibn Khaldûn, un acte individuel, de même que le droit qu‘elle confère
à l‘acquéreur.
« L‘homme étend sa main avec autorité sur le monde et sur tout ce qui s‘y trouve, par
suite de la déclaration par laquelle Dieu l‘établit dans cette terre comme son
lieutenant. Les mains de tous les hommes sont ouvertes (pour prendre), et, en cela
(seul), elles agissent de concert ; mais aucun individu ne peut se procurer ce qu‘un
autre a obtenu, à moins de lui donner quelque objet en échange »29
La formulation d’Ibn Khaldoun peut sembler surprenante. La notion de propriété
individuelle semble en effet impliquer qu‘autrui ne peut pas s‘approprier un bien
précédemment acquis, à moins que son propriétaire n‘accepte de lui transférer ses
droits ; les modalités de ce transfert devraient alors être laissées à la discrétion du
propriétaire, lequel pourrait fort bien décider de céder son bien sans contrepartie,
on doit donc admettre que, pour Ibn Khaldoun, l‘appropriation d‘un bien consiste
moins dans l‘obtention d‘un droit de jouissance de ce bien, que dans l‘acquisition
d‘une caractéristique de ce bien, le bien lui-même pouvant être remplacé par un
autre porteur de la même caractéristique. Autrui peut s’approprier mon bien,
à condition de m’en donner un autre en échange.
Quelle est alors cette caractéristique du bien qui peut être sauvegardée
par substitution ? Dans la mesure, encore une fois, où il ne saurait s‘agir de la simple
propriété « d‘être un bien » — auquel cas l‘exigence de Ibn Khaldoun, se limiterait
à l‘élaboration d‘un contrat de transfert sans contrepartie véritable — il faut établir
ce qui constitue l‘équivalence formelle de deux biens au sein d‘un échange. Pour
Ibn Khaldoun, la mesure de cette équivalence, c’est la valeur du bien. S’approprier
un bien, c’est obtenir la possibilité de l‘échanger contre un bien dont la valeur
apparaît équivalente.
29De l’économie musulmane à l’économie islamique : les fondements doctrinaux d'une éthique religieuse en
économie - Travail réalisé dans le cadre du département d'Histoire des Théories Economiques et Managériales
de l'Université de Lyon II (2007)
36
On peut dire que L’économie comme telle se base sur une donnée première
de la nature des hommes : le besoin de se procurer les ressources de leur
subsistance de base. De cette donnée naturelle découle un droit, celui de l’homme à
prendre activement possession des choses de la nature, que Dieu a créée pour lui
et dont il lui a fait don. Il ne s’agit pas ici de choses passives ou inertes, mais
du produit d’un travail de la nature sur elle-même et de l’homme sur la nature,
incluant ce que le monde génère et ce que l’homme produit.
La monnaie :
Les savants musulmans ont repris l’analyse des fonctions de la monnaie de la pensée
grecque, et plus précisément de celle d’Aristote. Mais leur réflexion, nourrie
par l’observation des faits qu’ils cherchaient à comprendre, s’est très vite portée sur
les incidences économiques et sociales de la circulation monétaire.
Ibn Taymiya, ainsi qu’Al-Qayyim (1292-1406 jc), condamnent les pratiques répétées
de dégradation des monnaies, ainsi que leur frappe trop importante. Il en résulte que
la bonne monnaie fuit vers l’étranger, et il ne reste plus que de la mauvaise monnaie
dans le pays. Al-Tilimsani (XIVe-XVe) s’élève également violemment contre ce fléau
de l’époque, le faux monnayage et l’altération des monnaies.
37
Al-Maqrîzî (1363-1442 jc)
Al-Maqrîzî observe et note la disparition progressive des dirhams d’argent, puis celle
des dinars d’or, laissant bientôt la place à la seule monnaie de cuivre. Parmi
les raisons invoquées, outre la thésaurisation, il cite les raisons commerciales, mais,
la véritable cause qu’il met en avant, est la crise économique et sociale du pays
(l’Egypte), et la gestion calamiteuse des finances publiques.
Al-Maqrîzî se situe donc dans la lignée d’Aristophane, Oresme, sans oublier ses
devanciers musulmans, qui avaient déjà dénoncé ce phénomène. Il annonce, on ne
peut plus clairement, la future loi de T. Gresham (1519-1579 jc) « La mauvaise
monnaie chasse la bonne ». Toutefois, l’analyse d’Al-Maqrîzî est plus poussée que
celle de Gresham. Comme eux, il formule un comportement de substitution entre
bonne et mauvaise monnaie, mais il va en proposer une explication qui va au delà de
la simple reconnaissance d’un phénomène lié à la seule psychologie monétaire des
individus. La crise politico-économique et la mauvaise gestion des finances publiques
sont les vrais responsables de la fuite et de la disparition des métaux précieux,
remplacés par une prolifération de monnaies de cuivre de mauvais aloi que nul ne
désirait. L’explication d’Al-Maqrîzî dépasse donc la simple dimension monétaire.
« Ajoutons que Dieu a créé deux métaux, l‘or et l‘argent, pour représenter la valeur
de tout ce qui est richesse ».
La question est alors de savoir comment s‘établit la valeur monétaire (le prix) des
biens : si l‘on admet en effet que la valeur d‘échange est déterminée par le travail
«incorporé» dans l‘objet, alors le prix du bien doit rester indépendant des
fluctuations de l‘offre et de la demande sur le marché — ce qui pose problème. En
revanche, si l‘on admet que le prix du bien est fixé par la valeur d‘utilité que ce bien
représente aux yeux de ses acquéreurs potentiels, alors il faut admettre que le prix
38
doit être déconnecté de la valeur d‘échange, ce qui réduit ladite valeur à une sorte de
« prix juste » plus ou moins ésotérique. Ibn Khaldoun rencontre ici l‘un des défis
classiques lancés à toute théorie de la valeur-travail. L‘auteur de la Muqaddima ne
cherche pas à nier l‘influence de l‘offre et de la demande sur la fixation des prix ; au
contraire, il affirme explicitement que le fait de rechercher d‘autres biens que les
biens proprement monétaires à des fins commerciales s‘explique directement par le
jeu des fluctuations du marché :
« Aux yeux de la généralité des hommes, ce qui est trésor et gain consiste
uniquement en or et en argent ; si l‘on recherche d‘autres matières, c‘est
uniquement dans le dessein de profiter des fluctuations du marché pour les vendre
avantageusement, afin de se procurer de l‘or et de l‘argent ».
L'émission privée de monnaie, ce qui était en réalité la règle au début de l'ère
musulmane. Ibn Khaldoun commente que des problèmes de fraude ont poussé
Le Califat Abd-al-Malik à standardiser le dirham entre 695-696 jc.
"Il faut savoir qu'au début d'une dynastie, l'impôt engendre des recettes importantes
moyennant une petite assiette fiscale. A la fin d'une dynastie, l'impôt ramène
de petits revenus malgré une assiette large."
Les prix :
Ibn Taymiya(1263-1328 jc)
Ibn Taymiya30 n'est cependant pas prêt à effectuer un retour complet au marché
libre de l'époque du Prophète. Il exige une corporation pour chaque métier,
afin de protéger les marchands existants et pour empêcher des augmentations
aléatoires de l'offre.
30
Taqi din Ibn Taymiya : Parmi les premiers à parler pensée économique islamique au XIIIème siècle, qui est
né en 1263 à Harram en Turquie, mort en 1328 à Damas. Ayant laissé plus de 330 œuvres dans différents
disciplines, Ibn Taymiya fut le premier à Théorisér les finances publics de l’Etat musulmans dans son fameux
livre intitulé « Siyassa Shar’iyya » signifiant la politique ligitime en Islam.
39
Il s'oppose au contrôle des prix "lorsque la tendance à la hausse des prix s'explique
par une offre insuffisante ou une augmentation de la population locale", mais
y est favorable lorsqu'elle est due à "l'injustice" qu'il explique par "le gain personnel
arbitraire"
On pourrait donc dire que, selon Ibn Khaldoun, l‘analyse des prix doit s‘effectuer
en termes de facteurs, au sein desquels les variations de l‘offre et la demande
accompagnent la rémunération du travail nécessaire à la production.
31
De l’économie musulmane à l’économie islamique : les fondements doctrinaux d'une éthique religieuse en
économie - Travail réalisé dans le cadre du département d'Histoire des Théories Economiques et Managériales
de l'Université de Lyon II (2007)
40
En revanche, Ibn Khaldoun élabore bien une théorie de la valeur au sein de laquelle
la valeur d‘échange des biens se trouve dissociée de leur valeur d‘utilité, la première
étant en premier lieu déterminée par la quantité de travail nécessaire
à la production, y compris à la production des moyens de production que celle-ci met
en œuvre.
L’offre et la demande :
Ibn Khaldoun (1332- 1406 jc)
L’intervention de l’Etat :
Ibn Taymiya (1263-1328 jc)
Selon Ibn Taymiya, si Allah a mis à la disposition des hommes des bonnes choses,
c'est bien pour qu'il en use sans hésitation mais sans nuire à autrui, c'est-à-dire
à la communauté. La vie en société exige des règles. En effet, une liberté totale peut
déboucher sur des injustices, surtout en ces temps de crises caractérisés par
de grandes inégalités de répartition des revenus, et par un interventionnisme abusif
de l'État dans la vie économique. Ibn Taymiya ne pense pas qu'une grande
indépendance puisse être source d'utilité sociale. L'objectif est de concilier la liberté
individuelle avec l'intérêt de la collectivité, d'harmoniser l'intérêt du producteur avec
celui du consommateur dans le domaine économique. Des solutions de coopération,
de solidarité ou d'association sont préférables à la liberté individuelle lorsque cette
dernière ne permet pas de réaliser l'intérêt collectif.
Ibn Taymiya a dit dans son Traité de la Hisba:
« L'intérêt des hommes ne peut survenir, dans la vie d'ici-bas ou dans l'au-delà, que
par l'association, l'entraide et le soutien mutuel. L'entraide et le soutien mutuel c'est
pour leur ramener leur propre intérêt. Le soutien mutuel c'est aussi pour éloigner les
préjudices. C'est pour cette raison que l'on qualifie l'homme d'être civil par nature.
32 Muqaddimat Ibn Khaldoun, idition DAR SADER publishers – beirut 2000 page 270
33 Introduction
à la pensée économique de l'Islam du VIIIe au XVe siècle, Collection Histoire et perspectives
méditerranéennes, Ramón Verrier, Editions L'Harmattan, 2009, p. 142.
41
En effet, la raison pour laquelle les hommes s'associent est, soit pour entreprendre
des actes qui leur sont bénéfiques, soit pour éviter des agissements qui leur portent
préjudice. Ils doivent obéir à un chef qui leur ordonne les bons choix et leur interdit
les actes préjudiciables.
Tous les habitants de la Terre sont unanimes sur le fait que le prix de l'injustice sera
payé d'abord dans cette vie d'ici-bas. Ils ne se contredisent pas sur les conséquences
néfastes de l'injustice, ni à propos des bienfaits de la justice. C'est pour ceci qu'il a été
rapporté (des anciens!) qu'Allah donne la victoire à la nation juste même si elle est
impie, et la retire de la nation injuste même si elle est croyante ».34
Le commerce :
Ibn Taymiya (1263-1328 jc)
34
« Fatawa d'Ibn Taymiya », 28, p. 62
42
Pour l'exercice du commerce, Ibn Taymiya exige une grande probité dans les
transactions: « Seules sont autorisées à vendre et à acheter pour revendre ensuite :
des personnes désignées. Tous ceux qui cherchent à se livrer au commerce sans
autorisation spéciale en seront empêchés, soit en raison du tort qu'ils occasionnent
aux marchands établis, soit, d'une façon plus générale, en considération des
perturbations qu'entraineraient de semblables procédés... ». 35
La concurrence:
Ibn Taymiya (1263-1328 jc)
Selon Ibn Taymiya, Réglementation des prix en cas d'absence de concurrence sur
le marché par l’Etat est tenu de contraindre ceux qui détiennent des marchandises
plus que leur besoins, de les vendre en cas de pénurie. Et ce selon les prix
raisonnables du marché. Mais cette coercition ne doit pas porter préjudice
aux marchands, dans la mesure où les autorités les obligent à vendre selon des prix
inférieurs à la valeur réelle de leurs marchandises. 36
35 Le travail dans les cultures monothéistes: judaïsme, christianisme, islam de l'Antiquité au XVIIIe siècle,
Logiques sociales. Série Sociologie politique,Logiques sociales, Keltoum Touba, Editions L'Harmattan, 2006.
43
Les "difficultés financières et les pertes de profit" qui en résultent "éliminent toute
incitation au travail, ce qui détruit la (structure) fiscale". Lorsque les commerçants
et les agriculteurs auront fait faillite, les revenus fiscaux tarissent ; l'Etat a fini par tuer
la poule aux oeufs d'or.
D'après Ibn Khaldoun, il n'y a qu'une seule méthode efficace d'augmenter les revenus
de l'Etat, et elle passe "par le traitement équitable et le respect des gens
et de la propriété" pour qu' "ils soient incités à faire fructifier et accroître leurs
capitaux".
44
Section 3 : Approches contemporaine de l’économie islamique
(M.U. Chapra - Abderrzak Belabes)
45
La théorie « ZR » de Abderrzak Belabes :
Chercheur en finance et économie islamiques au Centre de Recherche en Economie
Islamique, Université du Roi Abdulaziz, Jeddah, Arabie Saoudite, La première version
de ce papier théorique a été présentée à la conférence inaugurale du diplôme
universitaire en finance islamique et du Programme de Recherche Banque et Finance
Islamiques, Ecole de management de Strasbourg, 21 janvier 2009.
Le modèle principiel "ZR" est de régir ce qui se situe autour de lui. Ce modèle repose
sur deux principes centraux invariants :
Z = Zakât
R = Ribâ
- Acquittement de la Zakâ t ;
- Adossement de tout financement à un actif tangible ;
- Partage des pertes et profits ;
- Prohibition du Ribâ , du Gharar (aléa majeur), du Maysir (jeux de hasard ou
paris avec mise) et de la spéculation dans les marchés financiers ;
- Liberté d’investir dans toute activité tant que celle-ci n'est pas prohibée.
46
- la nature de l'activité : on ne peut participer au financement d'une activité
illégale en elle-même (drogue, prostitution, pédophilie, casino, etc.).
- les effets sur la santé et l'environnement : on ne peut financer des projets
tels que l'élevage de vaches nourries avec des farines animales,
ou les organismes génétiquement modifiés qui présentent des risques
potentiels sur la santé et l'environnemen.
Produit :
47
Le produit ne doit pas être nuisible à la santé (hygiène physique et morale), a titre
d’exemple l’alcool et les cigarettes, la Shari’a et sonna interdit la consommation
de ce types de produits.
Prix :
L’Islam condamne l’obtention facile de quelque chose sans un dur labeur et donc
de la pratique de l’usure. Les techniques de prix doivent être basées sur l’intérêt
réciproque et non seulement sur le profit.
D’autre part, il est recommandé de faire des ajustements des prix par
l’autorégulation et la concurrence. Une entente entre les producteurs est autorisée
à condition de pratiquer des prix « justes » pour faire des profits « raisonnables ».
Il est interdit aux entreprises de monopoliser un marché ou de faire des
manipulations injustifiées des prix ou de pratiquer des prix bas visant l’élimination
de la concurrence.
48
Communication :
Distribution :
En terme logistique, le transport des produits doit respecter la sécurité des individus
et de l’environnement (Pras et Vaudour-Lagrace 2007).
49
L’islam se repositionne dans le monde entier, les produits proposés par
les producteurs islamiques touchent même les consommateurs non musulmans.
Sur le marché, l’innovation et les marques occupent une place importante, lancement
des gammes de produits destinées à répondre et satisfaire les besoins religieux,
extension de gammes de produits s’est lancer en profit de l’accroissement des modes
et circuits de distribution des produits Halal par les commerçants et détaillant
musulmans et non musulman « carrefour ».
La concurrence est accrue entre les entreprises musulmanes, le marché en Islam est
un segment porteur qui attire de plus en plus des nouvelles entrants (entreprises
occidentales).
50
CHAPITRE III : REMEDES ET DEFIS DE L’ECONOMIE ET LA FINANCE
ISLAMIQUE ET NOUVAUX MODELES DE FINANCEMENT
51
SECTION 1 : Remèdes aux problématiques économiques
et financières actuelles.
Néanmoins, des craintes demeurent, appréhendant le fait que cette crise aurait
plongé l’économie mondiale dans une longue période de ralentissement
économique. Il y a donc un « appel d’offre » pour une nouvelle architecture qui
pourrait aider à minimiser la fréquence et la sévérité d’une crise identique dans
le futur.
Cela dit, il n’est pas possible de concevoir une nouvelle architecture sans déterminer
au préalable les causes primaires de la crise. Ce qui est le plus communément
reconnu comme étant la cause commune à toutes les crises est le prêt excessif
et imprudent des banques sur une longue période. C’est ce qu’admet clairement
la Banque des Règlements Internationaux (BIS) dans son rapport annuel paru le 30
juin 2008. Cela soulève la question, pour les banques, de comprendre pourquoi elles
recourent à des pratiques malsaines qui ne déstabilisent pas seulement le système
économique mais ne sont pas non plus saines dans leur propre intérêt sur du long
terme. Somme toute, la fausse sensation d’immunité contre les pertes a introduit
une faille dans le système économique.
L’un des objectifs les plus importants en Islam est de réaliser une justice dans
les sociétés humaines.
52
D’après le Saint Coran, une société où il n’y a pas de justice va nécessairement
mener à un déclin et une destruction40. La justice requiert un certain nombre
de règles et de valeurs morales que tout le monde doit accepter et respecter
fidèlement. Un système économique doit pouvoir promouvoir une certaine justice
si, en plus d’être fort et stable, il satisfait au moins deux conditions basées sur des
valeurs morales41 :
1. Le financier doit partager le risque pour ne pas rejeter le fardeau des pertes
sur l’entrepreneur.
40
Saint Coran, Sourate 57 ; Verset 25.
41
New Horizon, Global Perspective on Islamic Banking and Insurance ; N°170 – Janv/Mars 2009.
53
1. L’intégration de la finance islamique à l'économie islamique :
Le rôle d'une finance du type islamique serait d’offrir une alternative crédible et non
de construire une finance en miroir de la finance conventionnelle comme
en témoigne certains termes en vogue : marché financier islamique, ingénierie
financière islamique, titrisation islamique, gestion islamique du risque, etc.
Il est question ici de conserver suffisamment de distance critique pour que la finance
conventionnelle donne du sens à la finance islamique ou, si l’on veut, pour que
la finance islamique ait quelque consistance et contribue à la redécouverte et la mise
en pratique des valeurs authentiques.
La crise financière offre une occasion inédite à une telle orientation en remettant
en cause les préjugés et en faisant voler en éclats les certitudes :
prise de conscience d’un éloignement des vraies valeurs, formulation de vraies
questions, reconsidération des fondamentaux, reformulation du calcul économique,
réorientation de la recherche au service des populations et des priorités mondiales.
Mais la finance islamique ne pourra pleinement remplir sa mission que si elle
s’adosse à son référent originel, à savoir le système économique islamique 42.
Habituellement, le lien entre finance et économie islamiques est abordé sur trois
registres :
42
Idée soutenue par l’économiste allemand Volker Nienhaus (2008) et par l'un des pères fondateurs de la
finance islamique l'émir Muhammad al-Faysal Al-Saoud (2009).
54
2. Solutions alternatives aux problématiques actuelles :
Aussi, la finance classique arrive à court d’idée et les nouveautés que propose
peuvent redynamiser l’activité des grandes banques. Les produits islamiques peuvent
constituer une alternative et un complément au système bancaire classique. Elle
permet la redistribution des flux entre les pays du Golfe qui disposent de surplus
financiers, et les autres pays arabe et les pays émergents et au-delà du monde arabe
dont les besoins en capitaux peuvent être dramatiques.
55
L’objectif des produits alternatifs est d’encourager les détenteurs de fond ainsi que
les investisseurs musulmans à opérer avec les banques et des branches d’activités
similaires par la création et la gestion des produits répondant à leurs besoins.
- il s’agit d’offrir à tous les musulmans des services financiers modernes leur
permettant de réaliser des transactions financières en conformité avec leurs
valeurs.
- ces produits vont permettre de diminuer le marché informel en matière
d’épargne et des opérations non bancarisés, qui se développent de plus
en plus laissant un manque à gagner énorme pour les banques classiques.
La Mourabaha :
56
La pratique de la mourabaha a été très controversée dans les premières années
de la finance islamique pour ces raisons. Ce qui rend convenable ce système aux yeux
de l'Islam est la prise en charge des risques par la banque lors de l'acquisition
de l'objet. Le risque (de perte, de casse etc.) est partagé entre le prêteur
et l'emprunteur à différents moments. Le problème est bien sûr quand ce « temps »
de partage des risques est très faible pour le prêteur. De nos jours, la mourabaha
consiste en un temps de détention de l'ordre de quelques minutes par la banque
du bien. Dans ce cas, le partage des risques est quasi inexistant et le mécanisme
se rapproche considérablement de celui de l'intérêt.
Le contrat Mourabaha
L’Ijara-wa-Iqtina :
L’Ijara est l’équivalent d’un contrat de bail ou le cas échéant d’un contrat
de location-vente. Il s’agit d’un instrument souvent utilisé pour financer les actifs
mobiliers et immobiliers ainsi que pour le financement des projets d’infrastructure
long termes. Le financier (la banque) demeure le propriétaire de l’actif et supporte
tous les risques qui y sont associés. Dans ce mode de financement, l’actif n’est pas
revendu au client mais est plutôt donné en location en contrepartie du versement
de loyers.
57
Quelques différences distinguent cet instrument d’un contrat de crédit bail classique :
Cette flexibilité rend cet instrument particulièrement utile dans le cas de financement
de projets, une activité où l'incertitude sur la rentabilité future d'un projet
d'investissement peut être importante.
La Moucharaka :
C’est un partenariat entre une institution financière et une entreprise sur la base
duquel l’institution financière comme l’entreprise investissent dans le projet.
Les bénéfices sont répartis selon des ratios prédéterminés alors que les pertes sont
supportées en fonction de l’apport initial de chacun.
58
la moucharaka est une association entre deux ou plusieurs parties dans le cadre
d'un projet spécifique (du type Joint-venture) en vue de partager les profits
et les pertes selon les règles dictées dans le contrat. On pourrait assimiler ce type
d’instrument à une sorte de société en participation pouvant prendre la forme d’une
société de personne ou de capitaux constitués par la banque et son client dans
le cadre d'un projet. La moucharaka tire sa validité de la parole divine de Dieu dans
le Coran « s’ils sont plus de deux, ils seront associés au tiers » 42 Ainsi « beaucoup
d’associés s’en veulent les uns aux autres, certes. Sauf ceux qui croient et font œuvre
bonne. Cependant, il y en a peu »43.
La Moudaraba :
C’est un contrat entre une institution financière et une entreprise, l’une agissant
comme bailleur de fonds « commanditaire » (rab al-mal) et l’autre agissant comme
manager « commandité » (moudarib), pour investir dans une activité ou une classe
d'actif prédéterminée qui donne à chacun une part du résultat déterminée lors
de la signature du contrat. Le moudarib ne partage pas les pertes, la perte financière
incombe au rab al-mal seulement ; la perte du moudarib étant le coût d’opportunité
de sa propre force de travail qui a échoué de générer un surplus de revenu.
42
Coran, Sourate « AL-Nissa » 4 verset 12.
43
Coran, Sourate « Sad » 38, verset 24
59
On distingue deux types de moudaraba : la moudaraba libre et la moudaraba limitée
(conditionnée).
La moudaraba est l’un des piliers de l’activité de l’économie islamique qui est un
contrat à long terme fondé sur une relation de solidarité entre le client et la banque
selon Kettel (2006). Cette relation a pour fondement le principe du partage des
pertes et des profits. Au lieu que la banque prête de l’argent à un taux de rendement
fixe, elle forme un partenariat avec l’emprunteur (entrepreneur) dans une opération
conforme au précepte de la chari’a.
Notons ici que nous utiliserons le terme Moudaraba parce qu’il est connu dans
les milieux intellectuels, particulièrement chez les économistes musulmans.
60
Qard Hassan:
Ces prêts sont encouragés par le Coran ont pour objectif de faire circuler la richesse
entre les acteurs dans la société et créer de la richesse.
Il s'agit d'un prêt gratuit exceptionnel accordé, en général, à un client fidèle qui
rencontre des difficultés. La banque ne prend pas de profits et le client ne rembourse,
par conséquent, que le principal qui lui a été accordé. Ce produit ne représente
qu'à peine 1% des emplois des banques islamiques.
Ce sont que des prêts gratuits qui s’inscrivent surtout dans le rôle social
que la banque joue dans la société. Généralement, ils sont accordés aux nécessiteux
et aux groupes socialement faibles. Le remboursement se fait sans paiement d’intérêt
au terme convenu ou sur demande du préteur. C’est ainsi que des crédits sont
octroyés aux petites coopératives pauvres en capitaux, cherchant à couvrir
des besoins financiers vitaux, aux petits paysans, aux étudiants issus de milieux
pauvres désirant poursuivre leur étude, etc….
61
Salam :
Il s’agit d’une vente à terme qui consiste à payer en avance des biens qui seront livrés
à terme. Le bien vendu à terme doit être conforme à la Charia mais il peut ne pas
exister au moment de la signature du contrat. Cependant, ce contrat ne pourrait en
aucun cas s’appliquer sur un bien qui a une durée de vie inférieure à l’échéance du
contrat.
Cet instrument est très utile dans le financement des activités agricoles mais
également dans certaines activités commerciales et industrielles lors des phases
antérieures à la production ou à l’exportation.
L’Istitnaa :
Il s’agit également d’un contrat à terme mais qui diffère du contrat Salam dans
les modalités de paiement. En effet, ce type d’instrument permet une flexibilité
de paiements qui pourraient s’effectuer à la signature du contrat en comptant,
graduellement ou même à terme. Les paiements peuvent même être effectués
en fonction de l’avancement du projet. Il est à noter que dans ce type de produit,
la date de la livraison du bien n’est pas déterminée à l’avance mais les modalités
de paiement doivent être spécifiées dans le contrat.
62
SECTION 2 : Défis de la finance islamique et le niveau d’intégration
dans la finance mondiale.
b. Un manque de transparence :
La lecture des comptes des banques islamiques est un exercice difficile tant
les concepts et les termes employés sont étrangers au jargon financier standard;
le contenu informationnel des états financiers est souvent pauvre.
63
c. Le manque d’un cadre juridique fiable :
Les places boursières leaders dans la région ont pris conscience depuis quelques
années de l’importance d’un cadre juridique capables de réguler les opérations
financières. Certains pays arabes font encore défaut de législations pour gérer leurs
marchés primaires et en particulier leurs marchés secondaires. Par ailleurs,
il n’y a pas de normes homogènes au niveau comptable islamique, elles sont
appliquées de manière très hétérogène selon les pays.
d. Le manque d’harmonisation :
e. Gouvernance:
Les banques islamiques sont souvent actives dans des régions émergentes
qui valorisent assez peu les bonnes pratiques de gouvernance.
g. Manque de liquidité :
64
2. Niveau d’intégration de la finance islamique à la finance
mondiale :
Malgré les défis qu’on a vus, selon un rapport récent du Sénat, 40% des actifs à
caractère islamique sont confiés aux banques traditionnelles. L’intégration de la
finance islamique dans la finance mondiale s’accélère. La HSBC ou la Lloyds TSB ont
ouvert le premier compte islamique pour les étudiants en 2006.
Concernant les banques françaises, BNP Paribas a ouvert une agence à Bahreïn en
2003, le Crédit Agricole en 2004 et la SOFINCO en 2007 se sont implantées dans le
Golfe. La Société Générale a créé une filiale spécialisée dans la finance islamique, la
SGAM AI qui émet des produits financiers indexés sur des actifs structurés. BNP
Paribas a récemment lancé une émission de 650 millions de dollars US de sukuk en
Arabie Saoudite.
Voici les pays les plus actifs en matière de finance islamique 19:
19
Revue The Banker 2007.
65
Ces chiffres montrent une avance de l’Arabie Saoudite qui s’explique par l’importance
de la population et l’islamisation de l’économie. La Malaisie est aussi en avance,
grâce notamment à la qualité de ses jurisconsultes. En effet, ces juristes sont
à l’origine des innovations les plus marquantes en matière de produits financiers
islamiques.
66
SECTION 3 : Modèles et institutions de financement islamique.
(Le financement des PME -Assurance islamique -Micro-finance islamique.)
La viabilité du marché des PME aussi pour les institutions financières islamiques sera
analysée en tenant compte des problèmes pouvant se poser au niveau:
• des investissements.
• de la rentabilité de ces PME.
• des risques que pose le financement des PME.
Les investissements :
La banque islamique exige de tout promoteur d'un projet la présentation d'une étude
de faisabilité qui lui permet de juger de l'importance du projet, de sa viabilité,
des risques à courir et, éventuellement, des garanties à offrir pour couvrir ces risques
(en cas de financement du type Morabaha). Cette appréciation ne peut se faire
qu'à travers une étude qui fait ressortir tous les aspects financier, économique,
commercial, technique et organisationnel. La plupart du temps les dossiers présentés
par ces PME ne renferment pas tous les éléments d'appréciation du fait de leur
manque de qualifications pour réaliser eux- mêmes ces études ou du manque
de moyens financiers pour s'adresser à des bureaux spécialisés.
Les banques islamiques, pour répondre à l'attente de leur clientèle, se sont dotées
de départements d'études de projets et de suivi pour aider les promoteurs
à présenter des projets répondant aux critères exigés. Il reste entendu que le niveau
très faible des coûts des investissements fait que la banque islamique est obligée
d'utiliser un modèle plus approprié pour l'évaluation du dossier, ce qui a l'avantage
de réduire les faux frais qui viennent s'ajouter au crédit accordé.
67
Ainsi, tout entrepreneur ne possédant que son projet d'investissement et son
expérience peut obtenir auprès de la banque islamique un financement,
conformément à la formule de Modaraba.
La rentabilité :
- le risque de surcoût des investissements (dont l'un des buts est de permettre
au promoteur de bénéficier de trésorerie auprès de son fournisseur pour
compléter son apport en capital).
- le risque de livraison de matériels et d'équipements non adaptés ou ne
répondant pas aux normes définies par le projet.
- le risque de défaillance du débiteur.
Ces risques sont difficiles à apprécier par une banque, qu'elle soit classique
ou islamique. En outre, l'indisponibilité des informations comptables nécessaires
à l'évaluation et au suivi de la PME constitue une autre source de difficultés pesant
dans l'appréciation du risque. Même quand ces documents existent la fiabilité n'est
pas toujours assurée, de peur de l'administration fiscale. C'est pourquoi la banque
islamique est obligée, comme d'ailleurs les autres banques classiques, de fonder
son jugement à travers les mouvements de son compte courant. Cette méthode
pénalise fortement les PME qui ne domicilient pas toutes leurs recettes auprès d'une
seule banque, et parfois même les recettes payées en espèces ne sont pas versées
mais réutilisées dans le cadre de l'exploitation.
Pour ce qui est de la faiblesse des moyens financiers, le niveau des capitaux apportés
par les promoteurs constitue un frein à l'intervention des bailleurs de fonds.
68
Cette faiblesse limite les possibilités de multiplication de crédit, car tout bailleur de
fonds extérieur à la PME accorde une attention particulière au ratio d'endettement
pour évaluer le risque encouru. Il revient ainsi au promoteur de trouver les fonds
nécessaires à chaque fois que l'équilibre financier de sa PME est jugé insatisfaisant.
Ainsi, la réticence des dirigeants de PME à procéder à des augmentations de capital
dans de pareils cas est aggravée par la faible couverture du capital de la PME,
car les dirigeants préfèrent toujours l'endettement à la prise de participation.
Le rôle de la Zakat :
69
La politique fiscale et réglementaire :
Le règlement des Taxes sur prestations de service (TPS) exigé par les banques devrait
être revu quand il s'agit surtout d'une PME ayant bénéficié des avantages du code
des investissements.
Par ailleurs, il y a lieu d'examiner le statut fiscal des banques islamiques, la situation
des banques islamiques ne correspond pas nécessairement à la législation. La banque
islamique ne peut ni verser ni recevoir des intérêts; il s'ensuit que sur le plan fiscal
ni la banque islamique, ni la clientèle ne peuvent être imposées au titre de l'impôt sur
les revenus des créances. Il convient d'éviter que les banques islamiques soient
imposées au titre de certains impôts qui sont contraires, dans leurs principes, à ceux
en vigueur dans la Charia, d'une part, et que les clients qui traitent avec ces banques
dans le cadre des comptes de participation se trouvent désavantagés par une
imposition en cascade par rapport à ceux qui traitent avec les banques islamiques,
d'autre part.
La politique monétaire :
Les banques centrales des pays islamiques appliquant la Charia devraient également
encourager la mise au point d'instruments financiers non assortis d'intérêts afin de
permettre aux banques islamiques de répondre avec satisfaction à leurs prescriptions
statutaires en matière de liquidités, en plaçant leurs liquidités excédentaires dans
des opérations rentables.
70
2 .L’Assurance islamique :
L’assurance, le produit islamique s’appelle « Takaful »44 et consiste à faire des assurés
de véritables sociétaires mutualistes, à qui revient l’excédent éventuel des opérations
d’assurance. Sur les marchés financiers, il existe des fonds communs de placement
(FCP) compatibles avec la charia.
Le transfert des risques d’un agent économiques par les techniques d’assurances,
donné (l’assuré) vers l’agent (l’assureur) qui accepte, dans le cadre d’un contrat
spécifique (la police d’assurance)45 et échange d’une commission (prime),
d’indemniser l’assuré en cas de réalisation du risque. Financièrement, il y a un
échange de l’incertitude de la perte, qui peut être élevée, contre l’assurance
du versement de la prime, qui est modeste.
En droit musulman, la plus part des jurisconsultes estiment que le fait de prendre des
précautions ne modifie pas en rien dépendance de l’homme à l’égard d’Allah. Par
contre, certains estiment, que la vie de l’homme étant entièrement entre les mains
d’Allah donc elle doit être entièrement acceptée et l’assurance n’a pas lieu d’être.
Mais la Chari’a a porté trois principales prohibitions :
44 Selon Abderrahmane Lahlou, fondateur-directeur d’ABWAB Consultants, expert agréé auprès de la Banque
islamique de développement.
45
preuves sur un support papier qui atteste du contrat entre l’assureur et l’assuré et qui contient les
conditions générales et particulières du contrat d’assurance.
46
CJLMM : le Conseil des Juristes de la Ligue Musulmane mondiale.
71
b. Les produits d’assurance (Takaful) en économie islamique :
Deux types principales de Takaful existent selon la nature des diverses composant de
gestion du fonds et selon ses objectifs :
L’assurance associative :
L’assurance commerciale:
Wakala-based model :
Le gestionnaire de Takaful opère comme agent (Wakil) des assurés qui le rémunèrent
en tant que tel. Cette forme se déroule comme suit :
47 Wakala : contrat d’agence incluant généralement, des frais d’expertise ; les banques l’utilisent souvent pour
les grands comptes de dépôt : le client possède les capitaux, il nomme une banque islamique comme agent et
paye une commission d’expertise pour rémunérer la gestion des fonds par la banque, voir :
http://www.lesechos.fr/finance-marchés/vernimmen/définition wakala.html
72
Les dépenses afférentes aux opérations d’investissement sont imputées au
fonds mutuel de garantie des assurés.
Moudaraba-based Takaful :
Les participants payent leurs contributions qui seront versées dans le Fonds
des Participants.
Les actionnaires ou opérateurs takaful assument le rôle de Wakil (mandataire)
des participants. Ils libèrent leur capital dans un Fonds des Actionnaires qui
est distinct du fonds des participants.
L’opérateur takaful place le Fonds des participants dans des instruments
conformes aux principes de la Finance Islamique en tant que Wakil et les
revenus générés sont crédités au Fonds des participants.
L’opérateur takaful reçoit une somme appelée « wakala » sous forme d’un un
pourcentage de la contribution.
Les prestations takaful sont payées aux bénéficiaires ayant subi des pertes ou
des dommages ;
Après arrêt des comptes et en cas de constatation d’un surplus du Fonds celui-
ci est affecté au remboursement du Qard Hassan (un prêt sans intérêt) et à la
constitution des provisions pour risques.
73
Dans le cas où ces provisions dépassent 100% des contributions relatives à l’année
comptable, l’Assemblée Générale examine, sur proposition du Conseil
d’Administration, soit la possibilité de réduire le montant de la contribution takaful
ou la distribution du restant du surplus en espèces.
L’Islam porte aussi comme objectif social de soutenir les plus vulnérables, ce qui est
en ligne avec la mission sociale des institutions de micro-finance. .
A l’heure actuelle, la micro-finance islamique est très concentrée dans quelques pays.
L’Indonésie, le Bangladesh et l’Afghanistan représentent à eux seuls 80% de la
population touchée par la finance islamique.
Selon l’étude du CGAP, 300 000 clients sont touchés par la micro-finance Islamique à
travers 126 institutions opérant dans 14 pays et approximativement 80 000
clients touchés à travers un réseau de coopératives indonésiennes. Dans les
pays islamiques, la micro-finance islamique représente encore une part infime de
la micro-finance. .
48 http://www.microfinancegateway.org/fr/library/finance-et-microfinance-islamiques.
74
Les produits de la microfinance islamique :
Micro-épargne :
Les dépôts des clients sont à considérer comme des investissements dans
une institution financière. L’institution micro-finance (IMF) va investir le dépôt
en respectant les principes de l’Islam. Si le produit de dépôt est sous forme
d’un moudaraba, les pertes et profits sont partagés par le client et l’IMF.
Les dépôts peuvent aussi être organisés sous la forme de moucharaka ou de
takaful.
Micro-crédit :
Micro-leasing:
L’IMF permet à son client d’utiliser un actif qui lui appartient. Les risques
restent au sein de l’IMF, contrairement à un leasing conventionnel (tous
les dommages causés par voie non volontaire ou force majeure du client sont
pris en charge par l’IMF, pour éviter que le leasing ne puisse être considéré
comme une vente camouflée avec intérêt). Les flux de trésorerie sont ajustés
de façon à ce que les coûts et les risques de l’IMF soient couverts.
Les modalités du leasing sont déterminées à l’avance pour éviter toute
spéculation.
75
CHAPITRE IV : l’ECONOMIE ET LA FINANCE ISLAMIQUE AU MAROC
ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT.
76
SECTION 1 : Le développement de l’économie et la finance
islamique au Maroc, vision sur le cadre réglementaire
des banques participatives et défis à relever.
77
Et ce n’est qu’en septembre 2007, que Bank Al-Maghrib a publié la première
directive49 relative aux produits islamiques officiellement nommés « alternatifs ».
En vertu de cette directive trois nouveaux produits bancaires se sont autorisés à être
commercialisés par les banques marocaines. Ces produits alternatifs sont parmi les
plus répandus de la finance islamique : Mourabaha pour le financement du
commerce, Moucharaka et crédit-bail Ijara pour les entreprises.
L’adoption des produits alternatifs par le public a, cependant, été plus lente que
prévu, pratiquement parce que les banques commerciales marocaines n’ont pas fait
la promotion suffisante des services bancaires islamiques et les produits proposés
sont onéreux.
Les produits autorisés ont permis, pourtant, l’élargissement de l’assiette des produits
bancaires proposés par les banques marocaines et ont contribué à une meilleure
bancarisation de l’économie nationale.
Au Maroc, nous ne trouvons que la BID qui a pour finalité de financer (conformément
aux préceptes de la Charia) les grands projets publics. Notre pays est le principal
bénéficiaire de projets et du commerce de la BID, bien qu’il soit un bailleur de fonds
relativement modeste en le comparant à d’autres Etats membres. Cela s’explique par
le fait que le financement repose naturellement sur la pertinence de la demande
de financement de membres.
50 L’économiste, (19/10/2011). « Finance islamique: Le Maroc a une place à prendre ». Edition n° 3640
78
L’une des raisons de la réussite du Maroc tient à sa capacité à soumettre
des demandes de financement cohérentes fondées sur des plans d’affaires de qualité
et assorties de projections réalistes de coûts et de recettes.51
Outre ces activités réservées aux établissements de crédit, les banques participatives
sont également habilitées à réaliser les opérations commerciales, financières
et d’investissement, à l’exclusion de toute opération impliquant la perception
et le versement d’intérêt.
51
Banque Africaine de développement, (2010). « Services Bancaires et finance islamiques en Afrique du Nord :
évolution et perspectives d’avenir ». Rapport.
79
Deux éléments retiennent l’attention dans les dispositions de ce projet de loi :
Mourabaha, définie comme étant tout contrat par lequel une banque
participative acquiert un bien meuble ou immeuble en vue de le revendre
à son client à son coût d’acquisition plus une marge bénéficiaire convenue
d’avance.
80
Le règlement par le client est effectué selon les modalités convenues entre
les parties :
Ijara : définie comme étant tout contrat selon lequel une banque participative
met, à titre locatif, un bien meuble ou immeuble déterminé, identifié
et propriété de cette banque, à la disposition d’un client pour un usage
autorisé par la loi.
81
Ce comité est tenu, selon l’article 89, de publier un rapport annuel faisant ressortir
les avis prononcés au cours de l’exercice écoulé ainsi que son appréciation/évaluation
quant à la conformité des banques participatives aux préceptes de la Charia.
Ce contrôle externe est doublé d’un contrôle interne via un Comité d’audit
(article 87), chargé:
82
La finance islamique représente aussi une opportunité idéale pour encourager les
flux d’investissements notamment en provenance des régions du Golfe Persique ce
qui pousserait vers une croissance rapide de plusieurs secteurs. Conjugué à des
facteurs comme la faiblesse des revenus ou la part élevée de personnes
analphabètes, le facteur culturel, dominé par l’aspect religieux, explique l’existence
d’une demande pour ce mode de financement. C’est la raison pour laquelle, les
produits alternatifs peuvent constituer un levier puissant de mobilisation et
d’affectation de l’épargne, avec le renforcement de la concurrence dans le secteur
financier et l’allégement des contraintes réglementaires. Comme toute industrie
naissante, la finance alternative au Maroc devrait relever plusieurs défis afin de
pouvoir prendre de l’ampleur. Pour affirmer sa place en tant qu’un mode de
financement capable de concurrencer les moyens de financement conventionnels,
plusieurs pistes de réflexion se présentent :
83
SECTION 2 : Le Maroc et le marché potentiel de la finance islamique,
guide des perspectives marocaines.
On observe aujourd’hui, une démarche mondiale, que l’on appelle finance éthique,
pour qui les facteurs de production doivent découler de valeurs supérieures,
humanistes et sociales. La finance islamique s’inscrit tout à fait dans ce mouvement.
C’est, notamment, à ces questions que se propose. Il a pour objectif d’identifier
les enjeux de l’intégration de la finance islamique dans le système financier global
pour le Maroc, et d’autre part, de déterminer le marché potentiel pouvant
encourager le développement de la finance islamique sur le territoire national.
84
du Golfe, où les actifs conformes à la charia représentent près du quart du secteur
financier dans les pays tels que le Qatar et l’Arabie Saoudite, mais le secteur pourrait
engendrer de nombreux bénéfices pour le Maroc.
En outre, l’entrée sur le marché des sukuk et des produits associés pourraient aider le
Maroc, à l’heure où il s’attache à renforcer ses liens financiers avec l’Afrique de
l’Ouest et l’Afrique Centrale par des initiatives telles que Casablanca Finance City, en
offrant des outils supplémentaires aux investisseurs potentiels qui s’intéressent plus
largement à la région.
85
2. Quelles perspectives marocaines ?
Le Maroc a tout à gagner en intégrant la finance islamique. La finance islamique peut
apporter des ressources fraiches au Maroc. Des ressources estimées entre 3 et 7
milliards de dollars venant des pays du Golfe, de la Malaisie, de l’Indonésie mais,
aussi, des communautés musulmanes vivant en Europe. L’arrivée de la finance
islamique permettra, également, d’augmenter le taux de bancarisation en répondant
à une frange de la population marocaine en attente de ce type de produit financier
conforme à la « charia ». D’après certains pronostics, le taux de bancarisation
passerait ainsi de 69% à 55% avec l’implantation de la banque islamique. Autre
aspect positif, l’arrivée des banques islamiques va favoriser la «culture
entrepreneuriale», actuellement en perte de vitesse, ainsi que le climat de confiance
dont a cruellement besoin l’environnement des affaires dans notre pays.
En effet, avec l’arrivée de la banque islamique, les banques conventionnelles qui sont
confortablement installées, seront amenées à financer davantage les PME/PMI,
à financer la croissance et à améliorer leurs services, au- delà de la situation
de monopole qui pénalise le client marocain.
86
Conclusion Générale
L’économie islamique devra adopter une approche pluridisciplinaire. Bien qu’elle soit
plus difficile, cette approche permettra des économistes d’effectuer une analyse plus
utile de toutes les variables économiques importantes, y compris la consommation,
l’épargne, l’investissement, le travail, la production et l’emploi, et de proposer
des mesures de politiques générales tache que l’économie générale n’est pas
actuellement n’est en mesure d’accomplir efficacement à cause déficience
de ses instruments de filtrage de motivation et de restructuration. L’approche
pluridisciplinaire invitera à l’économie islamique de s’éloigner de la réalité comme
cela s’est produit dans le cas de l’économie conventionnelle.
87
Ces normes doivent guider le comportement du musulman et la loi, en tant que
dispositif coercitif, interviendrait qu’en dernier ressort, au cas où ces normes
échoueraient à réaliser le résultat escompté.
Il s’ensuit que le parfait musulman ne doit pas dépenser ses ressources dans le jeu,
les boissons alcoolisées, la fornication ni dans toute consommation ostentatoire et
extravagante. Il respectera de bon gré l’obligation qui lui est faite de s’acquitter de la
Zakat et sera encourager à faire des dons volontaires (Sadaqa) et des actions
charitables.
88
Entretien
La société a une expérience de 25 ans, et elle a fait beaucoup des projets dans les cités de
Khouribga, Casablanca, Marrakech, Ben Slimane…ect
L’objectif de l’entretien : expliquer les caractéristiques des affaires traités selon les contrats
des Banque Participatives et les avantages y afférents.
Dans le cadre d’un projet de fin d’étude sur le thème de l’économie islamique, nous
espérons que vous partagiez avec nous toutes les informations sur banques participatives
et vos points de vue dans cet entretien.
Premièrement, est ce que vous avez déjà traité avec une banque participative ?
Donc, s’il vous plait, quel sont les contrats et les engagements que vous avez signé ?
Très bien. Actuellement La finance islamique se développe à grande vitesse mais selon
vous qu’elles sont les risques à ne pas ignorer ?
Oui bien sûr, mais il est risqué de mélanger la croyance et le business, Il ne faut pas faire
quelque chose qu’on ne maîtrise pas.
Il y a des risques mais pas comme les autres contrats classiques. Et J’ai utilisé ce type
de contrat à l’acquisition d’une machine avec avantage de versements répartis et sans
intérêts.Pour les risques ils sont partagés entre l’institution financière et son client.
89
Et pour les risques liés à l’actif sous-jacent du Mourabaha?
Les supports tangibles qui permettent de valider la transaction de Mourabaha comme étant
islamique sont des matières premières, et la manière dont le Mourabaha peut être
structuré, permet d'éviter que la valeur de marché de ces matières premières n'influe sur le
profit du Mourabaha.
Pas mal ! J’ai fait une affaire avec la banque via le Moudaraba car j’avais besoin de
financement d’un projet de construction, en contre partie d’un part du résultat versée à la
banque à la fin. L’avantage de Ce contrat est de déterminer les limites de chacun des parties,
car normalement, le financier intervient dans les choix du manager du projet ce qui pose
parfois des problèmes.
Oui, mais d’après mes connaissances c’est une sorte de fidélisation des clients privilégiés…,
et même s’il y a une telle offre Qard hassan au bénéfice de tous les clients, on la rate à cause
d’un manque d’information et de publicité.
Quel est le conseil que vous voudriez présenter à la banque participative et aux
entrepreneurs comme vous ?
Pour les entrepreneurs, je les conseille d’anticiper à leurs opérations Halal et leurs
affaires avec les banques participatives et de chercher ce genre des offres.
Merci beaucoup Mr. Abdelkebir de votre patience et votre temps précieux que vous nous
avez accordé.
90
Loi N° 103.12 relative aux établissements
de crédit et organismes assimilés
Article 54
Sont considérer comme banques participatives les personnes morales régies par
les dispositions du présent titre habilitées à exercer, à titre de profession habituelle,
les activités visées aux articles premier, 55 et 58 de la présente loi, ainsi que les opérations
commerciales, financières et d’investissement après avis conforme du conseil supérieur des
oulémas, conformément aux dispositions de l’article 62 ci-dessous, les activités
et les opérations visées ci-dessous ne doivent pas donner lieu à la perceptions et/ou au
versements d’intérêt.
Article 55
Les banques participatives sont habilites à recevoir des public des dépôts d’investissement
dont la rémunération liées au produit des investissements convenus avec la clientèle.
Article 56
On entend par dépôts d’investissement les fondes recueillis par les banques participatives
auprès de leurs clientèles en vue de leur placement dans des projets d’investissements
et les modalités, convenus entre les parties.
Les conditions et les modalités de collecte et de placement de ces dépôts sont fixées par
circulaire de Wali BanK Al-Maghrib, après avis du comité des établissements de crédits
et avis conforme du conseil supérieur de ouléma, conformément aux dispositions de l’article
62 ci-dessous.
Article 57
Les banques participatives peuvent exercer, sous réserve de respect des dispositions
législatives et réglementaire applicable en la matière et dans les mêmes conditions prévues
en l’article 54 ci-dessus.
91
Article 59
Outre les règles régissant les produits de financements prévus par le présent titre, toute
banque participative peut également offrir à sa clientèle tout autre produit, sous réserve de
l’avis conforme du conseil supérieur des ouléma, conformément aux dispositions de l’article
62 ci-dessous.
Article 62
Le conseil supérieur des ouléma prévus au Dahir n° 1-03-300 Rabii I 1425 (22 avril 2004)
portant la réorganisation des conseils des ouléma émet les avis conformes prévu au présent
titre.
Article 63
Les banques participatives adressent à la fin de chaque exercice, au conseil supérieur des
ouléma visé à l’article 62 ci-dessus, un rapport d’évaluation sur la conformité de leurs
opérations et activités aux avis conformes le conseil supérieurs des oulémas.
Article 70
Les conditions et modalités d’application de ces dispositions sont fixés par circulaire de wali
banque AL-Maghrib, après avis de comité des établissements de crédits.
92
Bibliographie / webographie
Les Ouvrages :
علي بن محمد العران: وتحقيق، شيخ اإلسالم بن تيمية: السياسة الشرعية في إصالح الراعي و الرعية تأليف-
1999 حقيقة الدينار و الدرهم والصاع والمد ( أبو العباس احمد السبتي) تخريخ-
- L’ECONOMIE ISLAMIQUE: UNE APPROCHE CORANIQUE (MAME BAMBA DIAGNE) Juin 2013.
93
Les Rapports :
- LA STRUCTURATION DES STRATEGIES AU SEIN DE CHAMPS EN VOIE D’INSTITUTIONNALISATION: LE
CAS DES BANQUES ISLAMIQUES AU LIBAN. (Abdel-Maoula CHAAR) novembre 2011.
- La finance islamique et la croissance économique : Quelles interactions dans les pays de MENA ?
(Elmehdi MAJIDI) janvier 2016
islammedia.free.fr
mémoireonline.com
fourtune.com
lesechos.fr/finance-marchés
microfinancegateway.org
fr.wikipédia.org
94
Table des matières
Dédicaces …………………………………………………………………………………………………………… 2
Remerciements ………………………………………………………………………………………………….. 3
Sommaire ………………………………………………………………………………………………………….. 4
Introduction ………………………………………………………………………………………………………. 6
Objectif du sujet ………………………………………………………………………………………………… 7
Méthodologie ……………………………………………………………………………………………………. 8
95
SECTION 3 : Approches contemporaine de l’économie islamique.
(M.U. Chapra - Abderrzak Belabes)……………………………………………………………………………………………….…. 45
Le Mourabaha …………………………………………………………………………….……….……….. 56
L’Ijara-wa-iqtina …………………………………………………………………………..………….……57
Le Moucharaka ………………………………………………………………………………………..…… 58
Le Moudaraba …………………………………………………………………………………………...…. 59
Qard hassan ………………………………………………………………………………………………….. 60
Salam ……………………………………………………………………………………………………….…... 61
L’Istitnaa ………………………………………………………………………………………………………. 62
96
c . exemple d’un produit « Takaful » ……..………………………………………………..……………………………… 72
Entretien………………………………………………………………………………………..………….………….….. 89
Extrait relative aux banques participatives ………………………………...............…………..…… 91
Bibliographie /webographie …………………………………………………………………………………. 93
Table des matières ……..…………………………………………………………………………….……… 95
97