Le développement régional
Mai 2006
Table des matières
1
La décentralisation et la déconcentration de l’activité économique constituent l’une
des approches privilégiées du développement, en raison de leurs effets induits sur une
distribution spatiale équitable des fruits de la croissance. A ce titre, le développement régional
continue de susciter l’intérêt des décideurs d’autant plus que l’on a adopté le concept du
développement durable dont la vertu est d’engendrer la croissance, d’en assurer une
répartition équitable et de préserver les ressources naturelles.
Le Maroc est parmi les pays en développement à avoir opté, très tôt, en faveur de la
décentralisation. Depuis 1976, ce processus a connu un développement sensible suite à la
révision de la charte communale régissant les collectivités locales. Les constitutions de 1992
et 1996 ont donné à la décentralisation une nouvelle dimension territoriale, cette dimension a
été renforcée par les Directives Royales contenu dans son discours du 12-10-1999 et la
promulgation de la nouvelle charte communale en octobre 2002.
Ces nouvelles donnes ainsi que le contexte économique international ont conféré aux
acteurs régionaux davantage de responsabilité en matière de développement économique et
social. L’engagement de notre pays dans son expérience de régionalisation répond à un
certain nombre de défis:
• La nécessité pour notre pays d'intégrer les dynamiques de changement qui, partout dans le
monde, affectent les rapports de l'Etat à l'espace et se traduisent par le désengagement de
l'administration centrale des fonctions qu'elle ne peut ni continuer à assumer avec efficacité
ni attribuer aux acteurs locaux.
2
1. Développement régional et système productif
3
Par ailleurs, la multiplication des terres à caractère familiale et le morcellement des
terres entravent l’introduction de technologies avancées dans la gestion d’eau et le traitement
des terres ainsi que l’encadrement techniques des agriculteurs. En plus, les activités
prédominantes sont relatives à des cultures de subsistance sans valorisation qui permettrait
d’en tirer de meilleurs profits pour la population locale.
Ainsi, l’analyse des grandeurs agricoles par région économique révèle une typologie
régionale qui obéit à la répartition spatiale et temporelle des précipitations, à l’état
d’avancement des projets de développement initiés depuis une décennie à travers les
différentes régions du Royaume en terme de financement et de restructuration foncière, à
l’importance de la nappe phréatique et à l'étendue des aménagements hydro-agricoles. Dans
ce sens, cette analyse donne lieu à une stratification, obéissant à un certain degré à la diversité
des écosystèmes caractérisant le Maroc, qui peut être déclinée en quatre zones distinctes.
100%
Zone 4
Zone 3
80%
60%
Zone 2
40%
20%
Zone 1
0%
1997-1998 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004
Cette zone, qui réalise les rendements les plus élevés au niveau national, couvre les
régions du Gharb-Chrarda-Benihssen, de Tadla-Azilal et du Grand Casablanca avec des
moyennes respectives de 23,9 qx/ha, 16,1 qx/ha et 15,6 qx/ha (des contributions de 12%,
4
9,5% et 0,9% de la production céréalière totale) sur les quatre dernières campagnes agricoles
(2000-2004).
Ce rendement élevé est imputable, d’une part, aux étendues de terres fertiles qui
caractérisent ces régions et, d’autre part, à l’importance des terres irrigables. En effet, les
régions du Gharb-Chrarda-Benihssen et du Tadla-Azilal regroupent respectivement 25,3% et
13,4% des terres irriguées. En plus, les périmètres, qui ne sont pas desservis par la grande
hydraulique, profitent d’une pluviométrie abondante et régulière. Par ailleurs, ces régions
introduisent de plus en plus des moyens techniques et mécaniques avancés dans la production
céréalière en terme de labour et de sélection de semences.
Cette zone, qui réalise un rendement moyen, couvre les régions de Fès-Boulmane,
Meknès-Tafilalet, Taza-Alhoceima-Taounate, Rabat-Sale-Zemmour-Zaer, Tanger-Tetouan,
Chaouia-Ouardigha avec des moyennes respectives de 14,9 qx/ha, 14,8 qx/ha, 13,7 qx/ha,
12,9 qx/ha, 12,5 qx/ha, et 12,4 qx/ha (des contributions respectives de 4,1%, 7,9%, 10,8%
5,3%, 3,6%, et 12,4% de la production céréalière nationale) sur les quatre dernières
campagnes agricoles (2000-2004).
Cette zone, qui réalise un rendement au dessous de la moyenne nationale, couvre les
régions de Doukala-Abda et de l’Oriental avec une moyenne de 11 qx/ha (des contributions
respectives de 12,6% et 7,2% de la production céréalière nationale).
Cette zone semi aride du sud, qui réalise un rendement faible, couvre les régions de
Marrakech-Tensift-Alhaouz, Souss-Massa-Draa et Guelmim-Essemara avec des moyennes de
7 qx/ha, 5 qx/ha et 3 qx/ha (des contributions respectives de 9%, 3% et 0,04% de la
production céréalière nationale).
5
Ces régions ont un climat subdésertique handicapant toutes les cultures à air ouvert
telle la céréaliculture. En plus, la nappe phréatique est surexploitée par les cultures sous serres
notamment pour les régions du Souss-Massa-Draa et de Marrakech-Tensift-Alhaouz malgré
l’avancée technique dont bénéficient ces cultures en terme de forage, d’extraction, d’irrigation
et de gestion d’eau. Par ailleurs, les plaines intérieures de ces régions font face de plus en plus
à la désertification des sols et à l’invasion des criquets rendant, ainsi, difficile d’entretenir une
agriculture rentable et prospère.
Par ailleurs, l'élevage prend pour la majeure partie des régions un caractère de
subsistance et de substitution à la production des cultures ainsi qu’une assurance contre les
années à faible rendement céréalier. Ceci est d’autant plus remarquable pour les populations
rurales vivant dans les régions peu cultivables pour lesquelles la production animale
représente la grande part dans la formation du revenu monétaire et d’épargne.
Ainsi, l’apport du secteur primaire reste très limité pour la croissance économique et
ce constat ne pourrait que s’aggraver si des mesures ne sont pas prises pour dynamiser
l’implication des moyens technologiques dans la production agricole. Ces mesures devraient
notamment s’attelées sur la bonne gestion des ressources hydriques, la fertilisation des terres,
le choix de la semence et l’amélioration des races.
D’autre part, le secteur primaire ne pourrait être considéré comme une activité motrice
pour le développement socioéconomique des régions sans qu’il soit inscrit à l’amont de
l’industrie dans une optique globale de la valorisation de la production régionale. En effet,
l'industrie est le secteur moteur par excellence pour les activités qui lui sont complémentaires
au niveau local et permet d’assurer un plus grand essor régional.
6
Dans ce sens, l'amélioration des infrastructures et des services au niveau local
encourageraient la réalisation de nouveaux investissements et accéléreraient le flux des
capitaux provenant soit de l'extérieur de la région, soit de l'intérieur (les bénéfices dégagés de
l'activité agricole et préindustrielle). Ces investissements, qui bénéficieraient les économies
externes induites par le développement régional, enrichiraient le tissu économique local en
intensifiant les relations intersectorielles.
100%
80% Zone 3
Tanger-Tetouan
60%
40%
Grand Casablanca
20%
0%
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Zone 3 :Souss-Massa-Draa, Rabat-Sale-Zemmour-Zaer, Gharb-Chrarda-Benihssen, Chaouia-
Ouardigha, Marrakech-Tensift-Alhaouz, l'Oriental, Meknès-Tafilalet et Fès-Boulmane.
Zone 4 :Oued-ed-Dahab-Lagouira, Laayoune-Boujdour-SakiaHamra, Guelmim-Essemara,
Tadla-Azilal et Taza-Alhoceima-Taounate.
7
son statut de capitale économique depuis plusieurs années en tirant profit de son dynamisme
commercial et industriel et de ses atouts humains dominant, par la suite, l'espace industriel
national.
8
√ Essoufflement de l’appareil productif de la zone du Centre
9
Ainsi, cette région a répondu aux attentes escomptées par les pouvoirs publics en tant
que nouvelle porte d’ouverture du Royaume. En outre, la revitalisation de cette région installe
une base stable pour une mise en marche réussie des nouvelles plates formes logistiques qui
sont en cours d’établissement à savoir la zone franche et le port Tanger-Med. D’ailleurs, ce
dynamisme que connaît la région pourrait jouer en faveur de toutes les régions avoisinantes en
tant que force motrice à l’instar du rôle stimulateur que joue la région du Grand Casablanca
au centre.
10
En outre, l’activité industrielle de la région de l’Oriental a légèrement augmenté avec
une contribution qui est passée de 3,5% en 1999 à 3,7% en 2004 de la production industrielle
nationale. Par ailleurs, des efforts considérables ont été déployés afin de valoriser les
potentiels humains et naturels dont dispose la région de l’Oriental et ce, en s’attelant au
désenclavement de cette dernière par le lancement des travaux de renforcement et
d’élargissement des réseaux autoroutiers et ferroviaires ainsi que les infrastructures portuaires
et les équipements de base.
Le reste des régions n’ont pas une activité industrielle particulière et leur système
productif est orienté vers une utilisation locale. Leurs productions, ne dépassant pas 4%, sont
fournies essentiellement par les industries de transformation des richesses de la région
(agroalimentaire, textile et cuir).
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Au-delà du déséquilibre socioéconomique interrégional induit par la concentration du
système productif et son expansion dans certaines régions, cette concentration aurait des
répercussions nocives sur la croissance intra-régionale. En effet, cette expansion drainerait la
main-d'œuvre non qualifiée grâce à l'offre des salaires plus élevés que dans les autres régions.
Par conséquent, ce flux migratoire contribuerait à la raréfaction des ressources disponibles, à
l'augmentation générale du coût de vie, à la surcharge des infrastructures et au développement
d’agglomération périurbaine.
Par ailleurs, l’analyse a révélé que des régions se sont attelées dans un processus de
spécialisation dans le cadre de projet de grandes envergures (transformation des phosphates,
raffinage de sucre, raffinage de pétrole, centrale thermique,…). Or, les grandes industries
constituent souvent une enclave du fait que ses liaisons en amont et en aval avec les rares
industries locales sont pratiquement inexistantes. Par conséquent, les effets d'entraînement
positifs qui découlent de cette industrie se font sentir à l'extérieur de la région d'implantation
plus que pour la population locale.
En plus, même si la spécialisation est bénéfique pour une région pendant la période
ascendante d’une certaine activité, elle est pénalisante pendant la phase du déclin.
L’expérience de la ville de Jrada constitue un exemple flagrant du coût économique et social
supporté à cause d’une expansion incontrôlable de l’activité liée à ses mines.
L’activité touristique est un secteur vital pour l’économie nationale tant au niveau de
l’emploi et de l’apport en devises qu’au niveau du développement régional. L’analyse du
comportement de ce secteur permet de distinguer entre plusieurs zones d’activités touristiques
selon la demande et l’offre touristiques.
12
L’étude des nuitées touristiques révèle que Souss-Massa-Draa et Marrakech-Tensift-
Al Haouz représentent la première destination touristique du pays puisqu’elles réalisent 70%
des nuitées dans les hôtels classés à l’échelle nationale (respectivement de 36,3% et 32,9% en
2004) supérieurs à celle de la moyenne nationale, suivies de loin par les régions du Grand
Casablanca, du Tanger-Tétouan (7,9% de nuitées chacune) et de Fès-Boulemane (4,8%). Les
nuitées touristiques des autres régions ne dépassent pas 3% au niveau national.
10,20%
4,80%
36,30%
7,90%
7,90%
32,90%
Le taux d’occupation des hôtels classés est largement supérieur à la moyenne nationale
(43% en 2004) dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz (56%), Grand-Casablanca
(50%) et Souss-Massa-Draa (46%). Le reste des régions réalise un taux d’occupation inférieur
à 40%.
13
La région de Tanger-Tétouan se distingue par ses sites historiques et archéologiques,
ses deux façades maritimes, ses sites balnéaires et ses ports. Néanmoins, elle se trouve
concurrencée par d’autres villes comme Fès et Marrakech, surtout en matière de tourisme
international ou encore par l’Espagne. La réalisation du grand projet stratégique Tanger-
Méditerranée et l'équipement des ports du bassin méditerranéen, permettront d'exploiter au
mieux les atouts touristiques prometteurs dont disposent les régions septentrionale et orientale
en vue de les ériger en un nouveau pôle économique interactif de par leur position avec les
pays européens.
Face à ce constat, les pouvoirs publics ont instauré une stratégie de développement du
secteur intégrant l’approche régionale et impliquant les différents opérateurs économiques et
locaux. Cette stratégie est axée particulièrement sur les plans de développement régionaux
(une sorte de déclinaison régionale d’infrastructures support à la vision 2010), sur la
promotion du tourisme interne et rural et sur le repositionnement du Maroc dans le balnéaire
à travers la création de six stations touristiques.
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2.1. Concentration de la population
Gharb
6,2% Oriental Tanger
Meknès Rabat 8,3%
6,4% 7,9%
7,2%
• Le premier groupe composé des régions dont le rythme de progression a été nettement
supérieur à la moyenne nationale. Il s’agit des régions de Souss-Massa-Draa (1,7%), de Fès-
Boulemane (1,8%), Rabat-Salé-Zemour-Zaer (1,8%), Guelmim-Essemara (1,8%), Tanger-
Tétouan (2%), Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (3,8%) et Oued Ed Dahab-Lagouira
(10,8%).
• Celles dont le taux d’accroissement annuel moyen est légèrement inférieur ou supérieur à la
moyenne nationale. C’est le cas de Marrakech-Tensift-Al Haouz (1,3%), Gharb-Chrarda-
BeniHssen (1,4%) et du Grand-Casablanca (1,5%).
• Celles ayant connu un taux d’accroissement annuel moyen inférieur à la moyenne nationale.
Il s’agit des régions de Taza-Al Hoceima-Taounate (0,4%), l’Oriental (0,8%), Tadla-Azilal
(0,9%), Chaouia-Ouardigua (0,9%), Doukkala-Abda (1%) et Meknès-Tafilalet (1,2%). Cette
dynamique démographique est expliquée par le caractère vulnérable de ces régions
provoquant des phénomènes migratoires.
15
2.2. Disparités régionales importantes sur le marché de l’emploi
Au Maroc, l’état des lieux nous révèle que le contexte socio-économique est très
contraignant, d’autant plus que le déploiement d’une politique de promotion de l’emploi par
région devient plus urgente. Il s’agit de caractériser l’espace national en déclinant des critères
pertinents (taux de chômage et taux d’activité par exemple), à travers lesquels se détachent de
grands ensembles, permettant d’établir des zones aux caractéristiques proches. La finalité
étant de cibler des mesures spécifiques en faveur des régions ayant des besoins particuliers
dans le domaine de l’emploi.
16
La troisième place est occupée par la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer avec 9,3%
des établissements économiques et 9,8% des emplois. L’atout de cette région réside dans le
poids de la branche à la plus forte croissance, l’administration : elle occupe d’ailleurs une
position originale, étant le principal centre à recrutement national. Le secteur tertiaire emploie
presque 60% de la population active occupée. Le secteur agricole est doté d’activités variées;
il est essentiellement structuré par les périmètres d’irrigation qui s’étendent sur de vastes
surfaces et des ressources forestières importantes. Le taux d’activité s’est stabilisé, en
moyenne durant la période 1999-2003, autour de 49,3%, soit 48,2% en milieu urbain contre
55,2% en milieu rural. Par sexe, ce taux est de l’ordre de 25,6% pour les femmes contre
73,2% pour les hommes. Néanmoins, elle est classée parmi les régions les plus touchées par le
chômage avec un taux de 17,8% en moyenne sur la période 1999-2003.
17
La région du Nord se caractérise aussi par un taux d’activité assez élevé. Il avoisine les
47% en moyenne sur la période 1999-2003, avec une prédominance masculine (77,7% contre
15,9% pour les femmes). Cette activité est le fruit d’un bon développement de l’industrie à
Tanger et d’un secteur des services assez dynamique à Tétouan. Néanmoins, cette activité est
en nette diminution : le taux d’activité est passé de 49,2% en 1999 à 45,1% en 2003 (soit une
diminution de 2,9 points dans l’urbain et de 5,3 points dans le rural. Le constat est le même
par sexe : le taux d’activité est passé de 18,3% en 1999 à 12,9% en 2003 pour les femmes et
de 79,6% à 76,1%, entre temps, pour les hommes. Ceci dit, la région fait aujourd’hui l’objet
d’une attention toute particulière dont le projet portuaire en est exemple. Elle peut tabler sur
un développement soutenu, compte tenu de sa position privilégiée proche de l’Europe et de
l’effort d’équipement dont elle fait l’objet.
Enfin, si au niveau national, le chômage touche autant les femmes que les hommes, la
situation se présente différemment selon les régions. Le taux de chômage féminin est
supérieur au taux masculin dans presque toutes les régions. Le taux de chômage féminin est
nettement supérieur au taux masculin dans les régions d’Oued-Ed-Edahab-Lagouira,
Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, Guelmim-Es-Semara, l’Oriental, le Grand Casablanca,
Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Doukkala-Abda et de Fès-Boulemane.
30%
Global
Masculin
25% Féminin
20%
15%
10%
5%
0%
Sud
Souss-
Gharb-
Fès-
Rabat-
Oriental
Tadla -
Meknès-
Taza-
Casablanca
Tanger -
Chaouia-
Doukala-
Marrakech-
18
La mise en œuvre d’une stratégie de promotion de l’emploi exige aussi une
implication des différents partenaires sociaux en vue d’apporter des solutions techniques et
des solutions d’ordre social aux problèmes de l’emploi.
Notons enfin, qu’une politique de l’emploi doit prendre en compte les spécifités des
régions. L’éventail des situations et des potentialités est très largement ouvert depuis les
grandes villes jusqu’aux campagnes, mais chaque milieu, aussi modeste soit-il, recèle des
capacités naturelles et surtout humaines, qu’il importe de valoriser. En plus, et bien que les
conditions de vie des femmes marocaines se soient considérablement développées, l’écart
entre hommes et femmes reste important et l’approche genre est à mettre en valeur.
La stratégie économique et sociale menée par les pouvoirs publics s’est focalisée, entre
autres, sur le renforcement de la politique de proximité en vue d’améliorer les conditions de
vie des citoyens et ce, en réduisant en particulier les déficits enregistrés dans les domaines de
l’habitat, de la santé et de l’éducation.
L’encadrement sanitaire, mesuré par le nombre d’habitants par médecin s’est amélioré
considérablement pour atteindre 1882 au niveau national en 2003. Néanmoins, cet indicateur
présente des disparités spatiales par rapport à la moyenne nationale. C’est dans les régions de
Rabat-Salé-Zemour-Zaer (689 habitants par médecin), du Grand-Casablanca (876), Oued Ed
Dahab-Lagouira (1500), Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (1695) et Fès-Boulemane
(1779) que l’on observe les niveaux les plus performants. Les autres régions et en particulier
celles de Taza-Al Hoceima-Taounate (4456), Tadla-Azilal (4159), Doukkala-Abda (3832),
Souss-Massa-Draa (3422), Gharb-Chrarda-BeniHssen (3008) accusent un retard important et
enregistrent de faibles performances (nombres d’habitants par médecin largement supérieurs à
la moyenne nationale).
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Nombre d’habitants par médecin (2003)
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000
Le nombre d’habitants par infirmier du secteur public s’est caractérisé par une
tendance haussière pour l’ensemble des régions. Les ratios les plus performants ont été
enregistrés par Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (436 habitants par infirmier en 2003),
Oued Ed Dahab-Lagouira (462) et Rabat-Salé-Zemour-Zaer (600). Les régions du Gharb-
Chrarda-BeniHssen (1645), Taza-Al Hoceima-Taounate (1580), Souss-Massa-Draa (1526)
sont les plus défavorisées et enregistrent un niveau largement supérieur à la moyenne
nationale (1154 habitants par infirmier).
D’importants efforts ont été déployés pour étendre l’offre en soins de santé par région,
notamment à travers l’augmentation du nombre d’établissements et en particulier le nombre
de lits. Néanmoins, cette évolution est insuffisante, en témoigne le nombre d’habitants par lit
qui a augmenté pour l’ensemble des régions à l’exception de Guelmim-Essemara. Les régions
du Gharb-Chrarda-BeniHssen (1996 habitants par lit), Taza-Al Hoceima-Taounate (1954),
Tadla-Azilal (1814), Doukkala-Abda (1630), Souss-Massa-Draa (1385), Oriental (1323),
Marrakech-Tensift-Al Haouz (1196) enregistrent des niveaux supérieurs à la moyenne
nationale (1146).
1
C’est le taux de vaccination contre les six maladies principales (Tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche,
poliomyélite et rougeole) chez les enfants âgés de 12 à 23 mois.
20
Concernant l’utilisation de la contraception par région, toutes les régions enregistrent
actuellement un taux de prévalence dépassant 60% (variant de 61% à 68%) à l’exception des
trois régions de l’Oriental, Taza-Al Hoceima-Taounate et Tanger-Tétouan dont la prévalence
s’établit à 58 % et la région de Guelmim-Smara avec seulement 53%.
Ainsi, malgré les efforts enregistrés, la répartition de l’offre de santé n’a pas connu le
même rythme et les iniquités de l’accès aux soins subsistent. Dans ce sens, et dans le cadre de
la politique nationale de décentralisation et de déconcentration des services de soins, les
pouvoirs publics ont lancé le « projet d’appui à la gestion du secteur de la santé (PAGSS) ». Il
vise à corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres structurels de l’organisation
régionale notamment à travers la planification de l’offre de soins, la formation et la mise en
place de la région sanitaire accompagnée d’une restructuration du Département dans un
contexte de régionalisation et de redéfinition du rôle de l’administration centrale.
L’effectif global des élèves scolarisés dans le cycle d’enseignement primaire public a
progressé pour l’ensemble des régions entre 1999/2000 et 2003/2004. Les performances les
plus importantes ont été réalisées par les régions de Oued Ed Dahab-Lagouira (9,7% l’an),
Marrakech-Tensift-Al Haouz (5,5%) et Doukkala-Abda (4,3%). Les scolarisés de Rabat-Salé-
Zemour-Zaer et du Grand-Casablanca ont pratiquement stagné au cours de la même période
en liaison avec le développement de l’enseignement privé dans ces régions.
La répartition des scolarisés du primaire public par région révèle que celles de Souss-
Massa-Draa (12,6%), Marrakech-Tensift-Al Haouz (10,7%), Grand-Casablanca (8,8%),
Tanger-Tétouan (8,4%), Meknès-Tafilalet (7,6%) enregistrent les parts moyennes les plus
élevées au niveau national entre 1999/2000 et 2003/2004. Le reste des régions ne dépasse pas
7% de l’effectif global des scolarisés dans le cycle primaire public.
21
La scolarisation des filles dans le cycle primaire public s’est améliorée pour
l’ensemble des régions sans dépasser 49% des scolarisés au niveau de chaque région. Le taux
de féminisation le plus important est enregistré par les régions du Grand-Casablanca et de
Tanger-Tétouan avec un niveau de 48,6% en 2003/2004. La région de Taza-Al Hoceima-
Taounate a réalisé le faible taux avec 43,9% de l’effectif scolarisé.
Par milieu de résidence, les parties rurales des régions du Sud, du Grand-Casablanca et
du Tanger-Tétouan enregistrent des taux de féminisation de l’effectif scolarisé du cycle
primaire public largement supérieurs à la moyenne nationale (44,7% en 2003/2004). La
région de Taza-Al Hoceima-Taounate vient en dernier avec un taux de 42,7% en 2003/2004.
Par région, les taux nets de préscolarisation pour la tranche d’âge de 4 à 6 ans les plus
élevés ont été enregistrés dans les régions de Grand-Casablanca, Rabat-Salé-Zemour-Zaer, le
Sud et Meknès-Tafilalet, soit des taux respectifs de 54,7%, 45,7%, 44,1% et 41,9%. Par
contre, les régions de l’Oriental (16,8%), Gharb-Chrarda-BeniHssen (16,8%) et Taza-Al
Hoceima-Taounate (17,8%) disposent de taux sensiblement inférieurs à la moyenne nationale
(29,7%).
Les disparités en scolarisation dans le cycle primaire sont notables. Les régions ayant
des taux de préscolarisation élevés enregistrent des taux de fréquentation nets au primaire
supérieurs à la moyenne nationale, particulièrement le Sud (90,7% en 1998/1999), le Grand-
Casablanca (83,8%) et Rabat-Salé-Zemour-Zaer (82,1%).
Par région, les taux de scolarisation de la population âgée de 13 à 15 ans les plus
élevés par rapport à la moyenne nationale (31,9%), sont relevés dans les régions du Sud
(53,8%), le Grand-Casablanca (54,1%) et Rabat-Salé-Zemour-Zaer (51,1%).
22
Quant au taux d’analphabétisme de 10 ans et plus, il a régressé pour l’ensemble des
régions entre 1994 et 1998. Les bonnes performances ont été enregistrées par les régions de
Oued Ed Dahab-Lagouira et Laayoune Boujdour Sakia El Hamra avec une baisse de 14,8
points du taux d’analphabétisme, de Guelmim-Essemara (12,8 points) et Meknès-Tafilalet
(10,8 points).
Les régions les plus touchées par l’analphabétisme sont celles de Taza-Al Hoceima-
Taounate avec un niveau de 63,1% en 1998, Marrakech-Tensift-Al Haouz (58,5%),
Doukkala-Abda (56,1%), Tadla-Azilal (54,9%) et Souss-Massa-Draa (54,6%).
National
Oued-Ed Dahab- et Laayoune-
Guelmim-Es-Semara
Grand Casablanca
Rabat-Salé-Zemmour-Zaer
Meknès-Tafilalet
Oriental
1998
Tanger-Tétouan
Fès- Boulemane 1994
Chaouia-Ouardigha
Gharb-Chrarda-Beni Hssen
Souss-Massa-Drâa
Tadla-Azilal
Doukkala-Abda
Marrakech-Tensift-Al Haouz
Taza-Al Houceima-Taounate
0 10 20 30 40 50 60 70 80
(en %)
23
2.4. Répartition inéquitable des fruits de croissance économique
La DAMP s’est accrue à prix constants dans la quasi-totalité des régions entre 1985 et
2001. La croissance de cette dépense est plus importante dans les régions de Oued Ed Dahab-
Lagouira, Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (2,5% l’an) suivies du Grand-Casablanca
(2,2%), Souss-Massa-Draa (2,1%), Tadla-Azilal (1,7%), Tanger-Tétouan (1,6%), Taza-Al
Hoceima-Taounate (1,4%), Chaouia-Ourdigua (1%) et Doukkala-Abda (0,9%). Dans le reste
des régions, le taux d’accroissement annuel moyen de la dépense par habitant était inférieur à
0,5%.
Dans les zones urbaines, la croissance de la dépense par habitant à prix constants entre
1985 et 2001 est relativement élevée dans les zones urbaines du Grand Casablanca (2,1%),
Tadla-Azilal (1,9%), Taza-Al Hoceima-Taounate (1,8%), des régions du Sud (1,3%),
Doukala-Abda (1,3%) et de Tanger-Tétouan(1,1%). Cette croissance s’est effectuée à un taux
inférieur dans les zones urbaines de Chaouia-Oaurdigha (0,8%), Meknès-Tafilalet (0,8%) et
de Souss-Massa-Draâ (0,2%). Dans le reste des zones urbaines, la dépense par habitant à prix
constants a pratiquement stagné sauf dans la région de l’Oriental (-1,1%) où elle a
significativement régressé.
De 1985 à 2001, les zones rurales qui ont enregistré la plus grande croissance des
dépenses à prix constants relèvent de Tanger-Tétouan (1,5%), Souss-Massa-Drâa (1,3%),
Rabat-Salé-Zemmour Zaër (1,3%) et de Tadla-Azilal (0,9%). Inversement, les zones rurales
de Meknès-Tafilalet (-1,4%) suivies de celles de Fès-Boulemane (-0,4%) ont connu une
baisse de la dépense par habitant à prix constants, entre 1985 et 2001. Dans le reste des zones
rurales, la croissance des dépenses oscille entre une stagnation à Doukala-Abda et une
amélioration relativement modeste à Chaouia-Ouardigha (0,7%) et à Taza-Al Hoceima-
Taounate (0,7%).
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En somme, la région de Fès-Boulemane se détache de l'ensemble des régions par une
baisse de la dépense par habitant à prix constants entre 1985 et 2001, à la fois, dans ses zones
urbaines et rurales. Cette baisse a été moins nette dans les zones urbaines du Gharb-Chrarda-
Beni Hssen, Marrakech-Tensift-Al Haouz et de Rabat-Salé-Zemmour Zaër. Le recul de la
dépense par habitant n'est relativement sensible que dans les zones rurales de Meknès-
Tafilalet et dans les zones urbaines de l'Oriental, régions formant avec Fès-Boulemane
l'espace le plus défavorisé par la croissance de la consommation des ménages en volume entre
1985 et 2001.
Mesuré par le rapport des parts dans le total des dépenses, l’écart entre les 10% les
plus aisé et les 10% les moins aisés révèle de fortes inégalités dans les dépenses sur le plan
régional. C'est la région de Meknès-Tafilalet qui détient l'écart le plus important (13,2 fois)
suivie par la région du Grand Casablanca (12,9 fois) et celle de Souss-Massa-Drâa (12,9 fois).
Ce sont d'ailleurs les seules régions où l’écart en question est supérieur à la moyenne
nationale (12,3 fois).
Selon les données de cette cartographie, il y a une distribution inégale des richesses
entre les différentes régions du Royaume. La pauvreté touche les régions à dominance rurale
ayant peu bénéficié des infrastructures économiques et sociales, alors qu’en milieu urbain,
celle-ci reste relativement modérée.
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Taux de pauvreté selon les régions (2004)
Gharb-Chrarda-Beni Hssen
Meknès-Tafilalet
Marrakech-Tensift-Al Haouz
Sous-Massa-Drâa
Oriental
Doukala-Abda
Taza-Al Hoceima-Taounate
Tadla-Azilal
Fès-Boulemane
Chaouia-Ouardigha
Tanger-Tétouan
Régions de sud
Rabat-Salé-Zemmour-Zaer
Grand Casablanca
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22
(en %)
La pauvreté rurale est plus répandue dans les régions de Meknès-Tafilalet (31,1% en
2004), Souss-Massa-Draa (26,8%), Gharb-Chrarda-BeniHssen (26,4%), Marrakech-Tensift-
Al Haouz (26,1%), l’Oriental (24,8%) et Fès-Boulemane (22,8%). Les zones rurales de ces
régions connaissent un taux de pauvreté supérieure à la moyenne rurale (22% en 2004). Les
régions où l’incidence de la pauvreté rurale se situe à un niveau intermédiaire (entre les
moyennes nationale et rurale) sont Doukkala-Abda (19,5%), le Sud (18,3%), Tanger-Tétouan
(17,6%), Tadla-Azilal (17%), Taza-Al Hoceima-Taounate (16,9%), Chaouia-Ouardigua et
Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (16,7%). La pauvreté rurale n’est relativement limitée que dans la
région du Grand-Casablanca (5,6%).
Dès lors, le Maroc s’est engagé dès le début de cette décennie dans une stratégie de
développement social visant l’amélioration des conditions de vie des populations favorisées et
la lutte contre la pauvreté. Cette stratégie a été axée particulièrement sur l’extension de l’accès
des populations pauvres aux services sociaux de base, le développement des filets sociaux et
la lutte contre le chômage. L'initiative Nationale pour le Développement Humain, lancée le 18
mai 2005, constitue un nouveau jalon dans le parachèvement de l'édifice social et sa
consolidation.
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Le rééquilibrage des tendances actuelles nécessite la mise en place d’une politique
régionale exhaustive et intégrée basée non seulement sur une approche spatiale de la stratégie
nationale de développement économique et social mais, également, sur la création de
dynamiques de changement et d’impulsion des initiatives régionales. Il s’appuiera sur une
démarche de proximité territoriale privilégiant l’implication de l’ensemble des partenaires
économiques et sociaux dans le processus de développement régional.
Dans ce sens, les enjeux de la bonne gouvernance régionale militent en faveur d’une
nouvelle configuration régionale permettant de cultiver des pratiques de gestion managériale
et d’associer les destinataires à l’élaboration des choix collectifs. A ce titre, il est préconisé de
renforcer au sein des régions, des structures de proximité d’information, de débat, d’échanges
et de suivi sur les projets concernant la population. De même, il est nécessaire de reconnaître
le rôle institutionnel des instances participatives pour leur permettre de mieux s’investir dans
la vie locale.
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3.3. La région au centre du développement économique et social
Cette démarche a cherché aussi la réduction des disparités régionales à travers une
approche systémique qui part de l’exécution d’un certain nombre de projets physiques (mise
en valeur agricole, zones industrielles et touristiques) et de la promulgation d’un cadre
législatif et réglementaire incitatif et rejoint des actions entreprises par les institutions
décentralisés, la société civile et le secteur privé.
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La commune, dans le cadre de la décentralisation, est devenue une véritable
« entreprise », elle prend désormais en charge la réalisation de divers projets
d’investissements de la simple adduction à la création d’équipements industriels. A ce titre, de
telles actions d’importance demandent un système rigoureux de gestion, en s’attelant de
moyens qui auraient la pleine capacité d’assurer une efficacité de l’intervention communale
en optimisant les ressources financières. Cependant, les moyens mis à la disposition des
conseils régionaux demeurent trop limités pour leur permettre des projets structurants.
Le développement régional doit être basé sur les valeurs d’entente, de la coopération et
de la concertation entre les opérateurs locaux, le secteur privé et la société civile et ce, dans le
cadre d’une stratégie visant le développement humain et la réduction des disparités spatiales
et sociales.
L’Etat devrait également veiller, dans le cadre d’une politique de lutte contre les
disparités sociales et régionales, à instaurer des mécanismes de solidarité entre les régions,
entre les milieux urbain et rural et entre les couches sociales.
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