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Royaume du Maroc

Direction des Études


et des Prévisions Financières

Le développement régional

Mai 2006
Table des matières

1. Développement régional et système productif ................................. 3

1.1. Faible apport du secteur primaire au développement régional et vulnérabilité de


son appareil productif ...................................................................................................... 3
1.2. Disparités régionales dans les activités industrielles ......................................... 7
1.3. Diversités régionales du potentiel touristique .....................................................12

2. Développement régional et composantes sociales .................................... 14

2.1. Concentration de la population................................................................................15


2.2. Disparités régionales importantes sur le marché de l’emploi.............................16
2.3. Accès inégal aux services sociaux de base..........................................................19
2.4. Répartition inéquitable des fruits de croissance économique ............................24

3. Enjeux pour l’économie nationale ............................................................ 26

3.1. Enjeux du développement régional au Maroc....................................................... 26


3.2. L’action institutionnelle au sein de la région...................................................... 27
3.3. La région au centre du développement économique et social.............................. 28
3.4. Renforcement des ressources propres de la région ............................................. 28
3.5. Complémentarité et solidarité régionale................................................................ 29

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La décentralisation et la déconcentration de l’activité économique constituent l’une
des approches privilégiées du développement, en raison de leurs effets induits sur une
distribution spatiale équitable des fruits de la croissance. A ce titre, le développement régional
continue de susciter l’intérêt des décideurs d’autant plus que l’on a adopté le concept du
développement durable dont la vertu est d’engendrer la croissance, d’en assurer une
répartition équitable et de préserver les ressources naturelles.

Le Maroc est parmi les pays en développement à avoir opté, très tôt, en faveur de la
décentralisation. Depuis 1976, ce processus a connu un développement sensible suite à la
révision de la charte communale régissant les collectivités locales. Les constitutions de 1992
et 1996 ont donné à la décentralisation une nouvelle dimension territoriale, cette dimension a
été renforcée par les Directives Royales contenu dans son discours du 12-10-1999 et la
promulgation de la nouvelle charte communale en octobre 2002.

Ces nouvelles donnes ainsi que le contexte économique international ont conféré aux
acteurs régionaux davantage de responsabilité en matière de développement économique et
social. L’engagement de notre pays dans son expérience de régionalisation répond à un
certain nombre de défis:

• Le défi de la mondialisation et de l'ouverture qui impose la mise à niveau du tissu


économique national et la mobilisation des ressources et des avantages comparatifs des
différentes composantes du territoire. De telles réalisations nécessitent une gestion
alternative prenant appui sur la région en tant que cadre approprié au développement et sur
la régionalisation en tant que mode adapté au contexte tant national qu'international.

• La nécessité pour notre pays d'intégrer les dynamiques de changement qui, partout dans le
monde, affectent les rapports de l'Etat à l'espace et se traduisent par le désengagement de
l'administration centrale des fonctions qu'elle ne peut ni continuer à assumer avec efficacité
ni attribuer aux acteurs locaux.

• L'aggravation des déséquilibres entre les régions, l'amplification des phénomènes


d'exclusion sociale, les dérapages de la croissance urbaine et leur impact négatif sur la
compétitivité territoriale de la plupart des villes marocaines, ainsi que les atteintes sérieuses
portées à l'environnement, sont autant de facteurs qui rendent inopérante l'approche
sectorielle et centralisée de la gestion du développement de notre pays.

A la lumière de ces défis, le paradigme du développement régional consiste à créer un


équilibre territorial en fonction des potentialités et des richesses régionales et des solidarités
locales. Les options directrices pour réussir un tel projet s’appuient sur deux principes. Le
premier se décline en fonction de l’efficacité des systèmes productifs sis dans chaque espace,
notamment, les activités primaires, l’industrie et le tourisme. Le second est exprimé en
fonction des besoins sociaux, en l’occurrence, l’éducation et la formation, l’emploi et la santé.
L’analyse proposée, compte ainsi une évaluation d’un ensemble d’indicateurs socio-
démographiques et économiques considérés comme des outils reflétant le degré d’efficience
et d’efficacité des réalisations et des mesures sous-jacentes dans l’amélioration du cadre
générale de la région.

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1. Développement régional et système productif

Le développement économique régional constitue la pièce angulaire du développement


durable de la nation et un moyen équitable pour la répartition des richesses nationales et
l’agencement de la croissance économique globale entre les différentes franges
socioéconomiques et régionales du pays. En effet, le développement économique régional
forme l’ensemble des transformations économiques, sociologiques et politiques qui affectent
une région et qui accompagnent le processus de croissance qui lui sied afin de satisfaire les
besoins qu'ils lui sont fondamentaux.

Dans ce contexte, le développement économique régional permet de satisfaire les


besoins des régions les plus démunies, en tenant compte de leurs particularités, sans
compromettre celles des autres régions dans une stratégie intégrée pour la prospérité de la
nation toute entière. Cette approche implique une coopération et une solidarité entre les
régions notamment par l’instauration d’un système productif complémentaire entre les régions
et la circulation des flux d’investissement et des compétences humaines et techniques des
régions excédentaires vers les plus dépourvues.

Dans ce sens, la redynamisation de systèmes de péréquation volontariste, qui


prennent en compte l'ensemble des ressources et des charges des collectivités, s’impose afin
de garantir le transfert de moyens et de nouvelles compétences aux régions. Par ailleurs, ce
système permettrait de canaliser les effets de la décentralisation afin qu’elle n’entérine pas
les inégalités existantes et conduise à un aménagement du territoire équilibré et harmonieux.

A ce sujet, les politiques d'aménagement du territoire se sont basées sur le concept de


la croissance transposée d'une région centrale à la périphérie. L'activité motrice générée par ce
transfert est censée exercer des effets d'entraînement sur les autres régions, provoquer un
développement durable de ces dernières et créer par la suite un nouveau tissu économique
avec des relations intra et interrégionales importantes.

A cet effet, l’investissement régional doit être suffisamment important et complexe


pour provoquer les investissements induits qui sont indispensables pour le développement de
la région. Dans ce sens, l'amélioration des infrastructures (voies de communications,
télécommunications, adduction d'eau, ...) ne pourrait que servir l'objectif du développement de
ces régions en aménageant une base attractive des investissements interrégionaux. En outre,
ces investissements sont indispensables afin de garantir les besoins locaux en terme
d’amélioration de qualité de vie, de création des économies externes pour les entreprises et de
maintenir l’équilibre démographique.

1.1. Faible apport du secteur primaire au développement régional et vulnérabilité de son


appareil productif

Le secteur primaire constitue l’épine dorsale du tissu socioéconomique national de par


sa contribution importante dans l’emploi (40% au niveau national et 80% au niveau rural) et
de son appartenance presque intégrale à l'économie de subsistance. Cependant, l’importance
de ce secteur fluctue entre les régions avec la diversité climatologique qui caractérise le
Maroc étant donné que le bour occupe l’essentielle de la surface agricole arable (90%).

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Par ailleurs, la multiplication des terres à caractère familiale et le morcellement des
terres entravent l’introduction de technologies avancées dans la gestion d’eau et le traitement
des terres ainsi que l’encadrement techniques des agriculteurs. En plus, les activités
prédominantes sont relatives à des cultures de subsistance sans valorisation qui permettrait
d’en tirer de meilleurs profits pour la population locale.

En outre, l'élevage pratiqué au Maroc est très majoritairement de type extensif,


caractérisé par une alimentation sur parcours peu performante et une reproduction intra
troupeau entravant l’amélioration des races. En plus, le suivi sanitaire des troupeaux est très
insuffisant rendant ainsi les risques d’épidémie très fréquents notamment pour les régions
enclavées et à prédominance montagneuse qui constituent la majeure partie des circuits
pastoraux.

Ainsi, l’analyse des grandeurs agricoles par région économique révèle une typologie
régionale qui obéit à la répartition spatiale et temporelle des précipitations, à l’état
d’avancement des projets de développement initiés depuis une décennie à travers les
différentes régions du Royaume en terme de financement et de restructuration foncière, à
l’importance de la nappe phréatique et à l'étendue des aménagements hydro-agricoles. Dans
ce sens, cette analyse donne lieu à une stratification, obéissant à un certain degré à la diversité
des écosystèmes caractérisant le Maroc, qui peut être déclinée en quatre zones distinctes.

Evolution de la structure de la production céréalière par région

100%
Zone 4
Zone 3
80%

60%
Zone 2
40%

20%
Zone 1

0%
1997-1998 1998-1999 1999-2000 2000-2001 2001-2002 2002-2003 2003-2004

Zone 1 : Gharb-Chrarda-Benihssen, de Tadla-Azilal et du Grand Casablanca.


Zone 2 : Fès-Boulmane, Meknès-Tafilalet, Taza-Alhoceima-Taounate, Rabat-Sale-Zemmour-
Zaer, Tanger-Tetouan, Chaouia-Ouardigha.
Zone 3 : Doukala-Abda et de l’Oriental.
Zone 4 : Marrakech-Tensift-Alhaouz, Souss-Massa-Draa et Guelmim-Essemara.

• Zone agricole 1 : rendement agricole favorisé par le développement de l’irrigation

Cette zone, qui réalise les rendements les plus élevés au niveau national, couvre les
régions du Gharb-Chrarda-Benihssen, de Tadla-Azilal et du Grand Casablanca avec des
moyennes respectives de 23,9 qx/ha, 16,1 qx/ha et 15,6 qx/ha (des contributions de 12%,

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9,5% et 0,9% de la production céréalière totale) sur les quatre dernières campagnes agricoles
(2000-2004).

Ce rendement élevé est imputable, d’une part, aux étendues de terres fertiles qui
caractérisent ces régions et, d’autre part, à l’importance des terres irrigables. En effet, les
régions du Gharb-Chrarda-Benihssen et du Tadla-Azilal regroupent respectivement 25,3% et
13,4% des terres irriguées. En plus, les périmètres, qui ne sont pas desservis par la grande
hydraulique, profitent d’une pluviométrie abondante et régulière. Par ailleurs, ces régions
introduisent de plus en plus des moyens techniques et mécaniques avancés dans la production
céréalière en terme de labour et de sélection de semences.

• Zone agricole 2 : rendement agricole moyen

Cette zone, qui réalise un rendement moyen, couvre les régions de Fès-Boulmane,
Meknès-Tafilalet, Taza-Alhoceima-Taounate, Rabat-Sale-Zemmour-Zaer, Tanger-Tetouan,
Chaouia-Ouardigha avec des moyennes respectives de 14,9 qx/ha, 14,8 qx/ha, 13,7 qx/ha,
12,9 qx/ha, 12,5 qx/ha, et 12,4 qx/ha (des contributions respectives de 4,1%, 7,9%, 10,8%
5,3%, 3,6%, et 12,4% de la production céréalière nationale) sur les quatre dernières
campagnes agricoles (2000-2004).

Ce rendement moyen revient à la faible part des terres irrigables allouées à la


céréaliculture dans ces régions. D’autre part, la production de cette zone est fortement
corrélée à la pluviométrie ce qui la rend plus vulnérable aux années de pénurie. Par ailleurs,
ces régions ont un relief difficile dominé par les massifs du Moyen Atlas et du Rif rétrécissant
les surfaces arables.

• Zone agricole 3 : développement agricole faible

Cette zone, qui réalise un rendement au dessous de la moyenne nationale, couvre les
régions de Doukala-Abda et de l’Oriental avec une moyenne de 11 qx/ha (des contributions
respectives de 12,6% et 7,2% de la production céréalière nationale).

Ce rendement faible peut s’expliquer pour la région de l’Oriental par la prédominance


d’un climat aride et d’une terre peu fertile (90% du territoire). En outre, les périmètres
irrigables de la région de Doukala-Abda se sont tournés de plus en plus vers des cultures à
forte valeur ajoutée telle la betterave (36,9% de la production nationale). D’ailleurs, cette
région comprend 13% du cheptel bovin national qui est imputable à l’orientation pour
l’élevage sédentaire des vaches laitières avec des zones irrigables de plus en plus allouées aux
cultures fourragères et à l’utilisation de la pulpe de betterave après extraction de sucre.

• Zone agricole 4 : Prédominance de l’élevage et de la production halieutique

Cette zone semi aride du sud, qui réalise un rendement faible, couvre les régions de
Marrakech-Tensift-Alhaouz, Souss-Massa-Draa et Guelmim-Essemara avec des moyennes de
7 qx/ha, 5 qx/ha et 3 qx/ha (des contributions respectives de 9%, 3% et 0,04% de la
production céréalière nationale).

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Ces régions ont un climat subdésertique handicapant toutes les cultures à air ouvert
telle la céréaliculture. En plus, la nappe phréatique est surexploitée par les cultures sous serres
notamment pour les régions du Souss-Massa-Draa et de Marrakech-Tensift-Alhaouz malgré
l’avancée technique dont bénéficient ces cultures en terme de forage, d’extraction, d’irrigation
et de gestion d’eau. Par ailleurs, les plaines intérieures de ces régions font face de plus en plus
à la désertification des sols et à l’invasion des criquets rendant, ainsi, difficile d’entretenir une
agriculture rentable et prospère.

En outre, les régions de Marrakech-Tensift-Alhaouz et du Souss-Massa-Draa réalisent


les contributions les plus notables du cheptel national avec des parts respectives de 14,1% et
12,1% avec une contribution plus importante pour cette dernière concernant les caprins
(23,1%). Ces parts importantes dans l’élevage reviennent aux étendues pastorales dont
disposent ces régions d’autant plus que ces dernières réalisent les plus faibles rendements de
céréale au niveau national ce qui prouve le caractère substitutionnel de l’élevage par rapport à
l’agriculture.

Par ailleurs, les régions de Souss-Massa-Draa et de Oued-ed-Dahab-Lagouira ont


contribué respectivement à 10,1% et 10,5% de la production halieutique côtière en valeur
alors que leurs contributions moyennes respectives en volume ont été de 6% et 4,1% pendant
la période 2000-2004. En plus, la côte atlantique saharienne procure la part la plus importante
de la richesse halieutique avec des contributions respectives de 19%, et 7,6% de la production
en valeur pour les régions de Laayoune-Boujdour-Sakia hamra et Guelmim-Essemara.

L’analyse régionale du secteur primaire met en exergue la prédominance de la


céréaliculture illustrant ainsi l'orientation vivrière des exploitants agricoles. Par contre, les
régions desservies par la grande hydraulique ont plus d’alternatives notamment dans
l’arboriculture et les cultures industrielles.

Par ailleurs, l'élevage prend pour la majeure partie des régions un caractère de
subsistance et de substitution à la production des cultures ainsi qu’une assurance contre les
années à faible rendement céréalier. Ceci est d’autant plus remarquable pour les populations
rurales vivant dans les régions peu cultivables pour lesquelles la production animale
représente la grande part dans la formation du revenu monétaire et d’épargne.

Ainsi, l’apport du secteur primaire reste très limité pour la croissance économique et
ce constat ne pourrait que s’aggraver si des mesures ne sont pas prises pour dynamiser
l’implication des moyens technologiques dans la production agricole. Ces mesures devraient
notamment s’attelées sur la bonne gestion des ressources hydriques, la fertilisation des terres,
le choix de la semence et l’amélioration des races.

D’autre part, le secteur primaire ne pourrait être considéré comme une activité motrice
pour le développement socioéconomique des régions sans qu’il soit inscrit à l’amont de
l’industrie dans une optique globale de la valorisation de la production régionale. En effet,
l'industrie est le secteur moteur par excellence pour les activités qui lui sont complémentaires
au niveau local et permet d’assurer un plus grand essor régional.

6
Dans ce sens, l'amélioration des infrastructures et des services au niveau local
encourageraient la réalisation de nouveaux investissements et accéléreraient le flux des
capitaux provenant soit de l'extérieur de la région, soit de l'intérieur (les bénéfices dégagés de
l'activité agricole et préindustrielle). Ces investissements, qui bénéficieraient les économies
externes induites par le développement régional, enrichiraient le tissu économique local en
intensifiant les relations intersectorielles.

1.2. Disparités régionales dans les activités industrielles

L'analyse du tissu industriel par région économique met en exergue de grandes


disparités régionales qui reflètent les différences en potentialités et en contraintes qui
caractérisent chaque région (géographique, naturelle, économique, humaine, …). Ainsi, la
cartographie industrielle du Maroc peut être répartie en quatre zones distinctes.

Evolution de la structure de la production industrielle par région

100%

80% Zone 3

Tanger-Tetouan
60%

40%

Grand Casablanca
20%

0%
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Zone 3 :Souss-Massa-Draa, Rabat-Sale-Zemmour-Zaer, Gharb-Chrarda-Benihssen, Chaouia-
Ouardigha, Marrakech-Tensift-Alhaouz, l'Oriental, Meknès-Tafilalet et Fès-Boulmane.
Zone 4 :Oued-ed-Dahab-Lagouira, Laayoune-Boujdour-SakiaHamra, Guelmim-Essemara,
Tadla-Azilal et Taza-Alhoceima-Taounate.

• Zone industrielle 1 du centre : foyer du système productif national

Cette zone, couvrant les régions économiques du Grand Casablanca et Doukala-Abda,


constitue le noyau dur du système productif industriel national en s’accaparant de plus de
60% des résultats globaux (production, valeur ajoutée industrielle et exportation).

√ Grand Casablanca : premier pôle industriel du Maroc

Plaque tournante du système productif national, la région du Grand Casablanca


concentre la majorité de l’activité industrielle toutes branches confondues. La région a forgé

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son statut de capitale économique depuis plusieurs années en tirant profit de son dynamisme
commercial et industriel et de ses atouts humains dominant, par la suite, l'espace industriel
national.

La production industrielle de la région du Grand Casablanca (50,3% de la production


industrielle nationale) est principalement issue des industries chimiques-parachimiques (41%)
et des industries agroalimentaires (22,4%). Cependant, cette région, qui s’est spécialisée dans
des branches de qualification, a vu sa part baisser tel le cas des industries électriques et
électroniques avec une contribution qui est passée de 79% en 1999 à 57% en 2004.

En outre, la région du Grand Casablanca a réalisé un taux de valeur ajoutée nominale


moyen de 33,8% avec toutefois un taux meilleur pour les industries agroalimentaires (43,7%)
par rapport aux industries chimiques et parachimiques (26,9%).

Par ailleurs, la région du Grand Casablanca profite de ses infrastructures portuaires et


aéroportuaires ainsi que de son statut de métropole financière et commerciale pour réaliser
une part importante du volume des exportations industrielles (38,5% de l’ensemble national)
qui est principalement relative aux industries de textiles et de cuir (52,7%) et des industries
chimiques-parachimiques (21,5%) entre 1999 et 2004.

Cependant, compte tenu du potentiel productif de la région et du degré d’équipement


dont profite le Grand Casablanca, ces exportations restent insuffisantes (taux des exportations
par rapport à la production (20,6%) parmi les plus faibles au niveau national). Ceci revient
particulièrement au fait que la production industrielle de cette région soit essentiellement
destinée à la consommation finale locale notamment pour les industries agroalimentaires.

√ Doukala-Abda : exemple de réussite du redéploiement interrégionale

L’activité industrielle de la région de Doukala-Abda a profité de sa proximité de la


région du Grand Casablanca et du mouvement de desserrement industriel émanant de cette
dernière pour maintenir sa position de deuxième pôle industriel du Maroc (9,8% de la
production industrielle nationale).

La quasi-totalité de la production de la région de Doukala-Abda est assurée par les


industries chimiques-parachimiques (68%) qui se concentrent principalement autour de
l’activité de transformation de phosphates. Les industries agroalimentaires, qui ont réalisé en
moyenne 25,7% de la production industrielle de la région entre 1999 et 2004, se basent sur la
richesse de la région en produits halieutiques (notamment la mise en conserve des sardines) et
agricoles (transformation sucrière).

En outre, la région de Doukala-Abda profite de son complexe chimique localisé au


port de Jorf Lasfar pour réaliser un taux des exportations parmi les plus élevés au niveau
national (53,3%). Ainsi, cette région enregistre une part moyenne de 19,5% des exportations
industrielles nationales qui est principalement réalisée par les industries chimiques-
parachimiques dont la production est à vocation exportatrice (87,5%). Ces industries profitent
d’ailleurs de la majeure partie des investissements adressés à cette région (72,3%).

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√ Essoufflement de l’appareil productif de la zone du Centre

Malgré les contributions importantes qu’enregistre la zone du Centre, l’activité


industrielle de cette dernière connaît un début de récession qui se ressent dans la stagnation
aux niveaux de la majorité des indicateurs industriels pendant la période allant de 1999 à 2004
ce qui influence par la suite les résultats sur le plan national.

Par conséquent, il y a lieu de mener une réflexion pour redynamiser le système


productif de ces régions en activant le programme d’établissement des zones industrielles
pour une meilleure productivité. En plus, les problèmes fonciers doivent être résolus et des
fonds de financement doivent être renforcés pour la création et la mise à niveau des
entreprises. En outre, l’aménagement des espaces productifs doit s’orienter vers
l’établissement des plates formes multifonctionnelles qui engloberaient la production,
l’entreposage et la commercialisation des biens produits.

Par ailleurs, il y a lieu de faire un desserrement de certaines activités industrielles vers


les régions limitrophes, à savoir les régions de Chaouia-Ouardigha et Rabat-Sale-Zemmour-
Zaer. Cette décentralisation industrielle permettrait d’apaiser la pression que subit les
équipements et les infrastructures de la zone du centre et, par conséquent, d’affiner les
fonctions métropolitaines.

• Zone industrielle 2 du nord : essor important de l’activité industrielle

La zone septentrionale, représentée par la région de Tanger-Tetouan, réalise une


croissance soutenue reflétée par l’accroissement de ses principaux indicateurs industriels. Par
conséquent, elle devient de plus en plus un pôle attractif pour l’implantation d’unités
industrielles au dépens de la zone du centre et en se détachant des régions qui ont un
comportement moyen en terme de performance industrielle.

La contribution de la région de Tanger-Tetouan dans la production industrielle


nationale est passée de 5,7% en 1999 à 7,8% en 2004, soit un taux de croissance annuel
moyen de 9,7%. Cette production est réalisée à hauteur de 34% par les industries
agroalimentaires et 27% par les industries du textile. Quant aux industries électriques et
électroniques, malgré leur contribution moyenne au niveau de la région (15,9%), elles
réalisent une part de plus en plus importante au niveau national, passant de 10 ,6% en 1999 à
28,8% en 2004 de l’ensemble de la production de cette branche d’activité. En outre, cette
région enregistre le meilleur taux de valeur ajoutée nominal au niveau national (42,4%)
confirmant, ainsi, la performance du système productif de cette région.

Par ailleurs, la région de Tanger-Tetouan a profité de sa proximité de l’Europe et de


l’effort d’équipement déployé notamment en terme d’infrastructure portuaire et d’installation
logistique pour se positionner en tant que nouveau pôle exportateur du Maroc. En effet, les
exportations industrielles de la région de Tanger-Tetouan sont passées de 8,2% en 1999 à
15% en 2004 des exportations industrielles nationales soit un accroissement annuel moyen de
17,7%. Les exportations, qui constituent en moyenne 45,3% de la production de la région,
sont principalement relatives aux industries du textile et de cuir (46,8%) et aux industries
électriques et électroniques (31%).

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Ainsi, cette région a répondu aux attentes escomptées par les pouvoirs publics en tant
que nouvelle porte d’ouverture du Royaume. En outre, la revitalisation de cette région installe
une base stable pour une mise en marche réussie des nouvelles plates formes logistiques qui
sont en cours d’établissement à savoir la zone franche et le port Tanger-Med. D’ailleurs, ce
dynamisme que connaît la région pourrait jouer en faveur de toutes les régions avoisinantes en
tant que force motrice à l’instar du rôle stimulateur que joue la région du Grand Casablanca
au centre.

• Zone industrielle 3: activité industrielle moyenne à vocation locale et à dépendance


primaire

Cette zone englobe les régions du Souss-Massa-Draa, Rabat-Sale-Zemmour-Zaer,


Gharb-Chrarda-Benihssen, Chaouia-Ouardigha, Marrakech-Tensift-Alhaouz, l'Oriental,
Meknès-Tafilalet et Fès-Boulmane qui ont une activité industrielle moyenne reposant souvent
sur les ressources naturelles dont disposent la région (agriculture, pêche et mines). Mis à part
la région de Souss-Massa-Draa qui a enregistré une contribution à la hausse (croissance
annuelle moyenne de 6,5% entre 1999 et 2004), le reste des régions du groupe ont eu un
comportement globalement stable avec des contributions moyennes aux alentours de 4%.
Cette attitude stagnante du système productif de ce groupe de région revient en grande partie à
son orientation domestique et sa dépendance aux matières premières qui font de plus en plus
défaut notamment pour les industries agroalimentaires.

Ainsi, l’activité industrielle de la région de Souss-Massa-Draa, dont la contribution est


passée de 4,4% en 1999 à 5,3% en 2004 de la production industrielle nationale, gravite
principalement autour des industries agroalimentaires (75% de la production et 94,5% des
exportations). Cette concentration s’explique par la vocation maritime dont dispose cette
région ainsi que l’accroissement de l’arboriculture fruitière qui est devenue un créneau de
développement rural sur lequel la région de Souss-Massa-Draa s’est ancrée dans le cadre de
la mise en valeur agricole.

A l’inverse de la région de Doukala-Abda, la région de Chaouia-Ouardigha n’a pas pu


bénéficier de sa proximité de la région du Grand Casablanca pour assurer une expansion aussi
importante et ce, malgré le fait qu’elle est le premier pôle minier au niveau national et qu’elle
a des plaines intérieures à fort potentiel agricole. Ainsi, la contribution de la région de
Chaouia-Ouardigha est passée de 3,7% en 1999 à 4,7% en 2004 de la production industrielle
nationale qui se répartit principalement entre les industries chimiques et parachimiques
(33,6%) et les industries agroalimentaires (28,1%).

Par contre, la région de Chaouia-Ouardigha connaît un essor considérable en terme


d’exportations relatives aux industries électriques et électroniques et aux industries
métalliques et mécaniques en se positionnant à la troisième place au niveau national avec des
contributions respectives de 7,7% et 4,3%.

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En outre, l’activité industrielle de la région de l’Oriental a légèrement augmenté avec
une contribution qui est passée de 3,5% en 1999 à 3,7% en 2004 de la production industrielle
nationale. Par ailleurs, des efforts considérables ont été déployés afin de valoriser les
potentiels humains et naturels dont dispose la région de l’Oriental et ce, en s’attelant au
désenclavement de cette dernière par le lancement des travaux de renforcement et
d’élargissement des réseaux autoroutiers et ferroviaires ainsi que les infrastructures portuaires
et les équipements de base.

L’apport de ces mesures se reflète particulièrement dans le positionnement de la


région de l’Oriental en tant que deuxième pôle au niveau national sur le créneau des industries
métalliques et mécaniques en réalisant 23,2% des exportations relatives à cette branche
(18,9% de la production nationale).

Le reste des régions n’ont pas une activité industrielle particulière et leur système
productif est orienté vers une utilisation locale. Leurs productions, ne dépassant pas 4%, sont
fournies essentiellement par les industries de transformation des richesses de la région
(agroalimentaire, textile et cuir).

• Zone industrielle 4: activité industrielle embryonnaire à potentialité importante

Ce groupe, comptant les régions de Oued-ed-Dahab-Lagouira, Laayoune-Boujdour-


SakiaHamra, Guelmim-Essemara, Tadla-Azilal et Taza-Alhoceima-Taounate, a un poids très
faible dans l’activité industrielle nationale avec toutefois une croissance très élevée pour les
régions sahariennes. Cette croissance élevée met en relief l’importance des incitations dont
bénéficie la zone du Sud et la portée de ces subventions en terme de drainage des
investissements, d’accroissement de la production, du développement économique régional et
d’élargissement de l’assiette fiscale.

En particulier, la région de Laayoune-Boujdour-SakiaHamra connaît une activité


industrielle émergente qui se concentre autour des industries agroalimentaires (75,1% de la
production et 98,6% des exportations). En outre, cette région a profité des atouts fiscaux et
géographiques dont elle dispose pour réaliser un essor important avec un rythme de croissance
annuelle moyenne qui s’est élevé à 28,7% entre 1999 et 2004. Cette évolution revient au fait
que cette région draine une part de plus en plus importante d’investissement qui est passée de
0,3% en 1999 à 1,2% en 2004. Ces investissements sont exclusivement destinés à la
transformation et la valorisation des produits de la pêche qui constitue l'épine dorsale de
l'économie régionale.

En conclusion, l’analyse du comportement régional du système productif a révèle des


inégalités de développement économique entre les régions et des déséquilibres qui affectent la
croissance des régions les plus démunies. Ainsi, le développement reste localisé, pour
l'essentiel, au sein des régions du centre alors que la majeure partie des régions du Royaume
n’a pas accès aux richesses créées.

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Au-delà du déséquilibre socioéconomique interrégional induit par la concentration du
système productif et son expansion dans certaines régions, cette concentration aurait des
répercussions nocives sur la croissance intra-régionale. En effet, cette expansion drainerait la
main-d'œuvre non qualifiée grâce à l'offre des salaires plus élevés que dans les autres régions.
Par conséquent, ce flux migratoire contribuerait à la raréfaction des ressources disponibles, à
l'augmentation générale du coût de vie, à la surcharge des infrastructures et au développement
d’agglomération périurbaine.

Par ailleurs, l’analyse a révélé que des régions se sont attelées dans un processus de
spécialisation dans le cadre de projet de grandes envergures (transformation des phosphates,
raffinage de sucre, raffinage de pétrole, centrale thermique,…). Or, les grandes industries
constituent souvent une enclave du fait que ses liaisons en amont et en aval avec les rares
industries locales sont pratiquement inexistantes. Par conséquent, les effets d'entraînement
positifs qui découlent de cette industrie se font sentir à l'extérieur de la région d'implantation
plus que pour la population locale.

En plus, même si la spécialisation est bénéfique pour une région pendant la période
ascendante d’une certaine activité, elle est pénalisante pendant la phase du déclin.
L’expérience de la ville de Jrada constitue un exemple flagrant du coût économique et social
supporté à cause d’une expansion incontrôlable de l’activité liée à ses mines.

Il apparaît d’après cette analyse régionale qu’un nombre accru de régions


périphériques dépend directement ou indirectement des régions centrales et des prises de
décisions situées en dehors de la région. Cette structure de l'économie locale amplifie les
fuites économiques et financières vers les régions centrales vis-à-vis desquelles la région
devient entièrement dépendante tant pour son approvisionnement que pour l'écoulement de sa
production.

La réussite de l'intégration du tissu économique régional est tributaire de


l'intensification des relations interrégionales. L'objectif étant de diminuer au maximum les
fuites du circuit économique en créant un tissu économique vivant et dense qui profite des
complémentarités entre les activités des différentes localités. Dans ce contexte, les
entreprises flexibles, porteuses de nouveaux emplois et de nouvelles technologies ont un rôle
important à jouer dans la valorisation du potentiel local.

Par ailleurs, la décentralisation de la prise des décisions organisant les rapports


économiques, politiques et sociaux doit être effectuée en tenant compte des diversités
régionales. Dans ce contexte, les instances régionales conjointement avec les collectivités
locales ont un rôle primordial à jouer afin de sauvegarder un certain équilibre entre les
activités, de mettre en place les infrastructures nécessaires tout en préservant une certaine
cohérence entre la politique nationale et les aspirations locales.

1.3. Diversités régionales du potentiel touristique

L’activité touristique est un secteur vital pour l’économie nationale tant au niveau de
l’emploi et de l’apport en devises qu’au niveau du développement régional. L’analyse du
comportement de ce secteur permet de distinguer entre plusieurs zones d’activités touristiques
selon la demande et l’offre touristiques.

12
L’étude des nuitées touristiques révèle que Souss-Massa-Draa et Marrakech-Tensift-
Al Haouz représentent la première destination touristique du pays puisqu’elles réalisent 70%
des nuitées dans les hôtels classés à l’échelle nationale (respectivement de 36,3% et 32,9% en
2004) supérieurs à celle de la moyenne nationale, suivies de loin par les régions du Grand
Casablanca, du Tanger-Tétouan (7,9% de nuitées chacune) et de Fès-Boulemane (4,8%). Les
nuitées touristiques des autres régions ne dépassent pas 3% au niveau national.

Structure des nuitées par région économique (2004)

10,20%
4,80%
36,30%

7,90%

7,90%

32,90%

Le taux d’occupation des hôtels classés est largement supérieur à la moyenne nationale
(43% en 2004) dans les régions de Marrakech-Tensift-Al Haouz (56%), Grand-Casablanca
(50%) et Souss-Massa-Draa (46%). Le reste des régions réalise un taux d’occupation inférieur
à 40%.

Pour ce qui est de la répartition géographique de l’infrastructure d’hébergement


touristique, la région de Souss-Massa-Draa arrive largement en tête avec une part de 23,4%
d’hôtels classés et de 30,4% en termes de lits au niveau national en 2004. Celle de Marrakech-
Tensift-Al Haouz vient en deuxième position (15,5% d’hôtels et 22,5% de lits) suivie des
régions de Tanger-Tétouan (11,8% et 11,4%), du Grand-Casablanca (8,3% et 8,7%) et de
Meknès-Tafilalet (8,6% et 5,6%). Les autres régions ne dépassent pas 6% de capacités
hôtelière et litière.

Pour Souss-Massa-Draa, le tourisme constitue un pilier principal de l’économie de la


région compte tenu des énormes potentialités touristiques qu’elle recèle (climat ensoleillé,
longue façade atlantique, deux chaînes montagneuses, profusions florales, de belles vallées et
dunes de sables du désert) lui conférant une vocation touristique sans conteste et qui font
d’elle le premier pôle touristique national.

La région de Marrakech-Tensift-Al Haouz recèle des richesses et des potentialités et


possède des atouts majeurs pour le développement de ce secteur tels que l'infrastructure
d'hébergement et de transport, des sites touristiques et des monuments touristiques importants
ainsi qu'un patrimoine culturel diversifié.

13
La région de Tanger-Tétouan se distingue par ses sites historiques et archéologiques,
ses deux façades maritimes, ses sites balnéaires et ses ports. Néanmoins, elle se trouve
concurrencée par d’autres villes comme Fès et Marrakech, surtout en matière de tourisme
international ou encore par l’Espagne. La réalisation du grand projet stratégique Tanger-
Méditerranée et l'équipement des ports du bassin méditerranéen, permettront d'exploiter au
mieux les atouts touristiques prometteurs dont disposent les régions septentrionale et orientale
en vue de les ériger en un nouveau pôle économique interactif de par leur position avec les
pays européens.

Quant à la région de Fès-Boulemane, elle recèle des potentialités et des atouts


touristiques remarquables et diversifiés (tourismes culturel, de montagne et thermal) pouvant
jouer un rôle de premier choix dans la promotion de la vie économique et sociale. Cependant
son développement est entravé notamment par une faible capacité d’accueil (5,3% des hôtels
et 5,9% de lits au niveau national).

Les régions du Sud, en particulier pour la région de Guelmim-Essemara, enregistrent


un développement rapide de l’infrastructure hôtelière et de la capacité d’accueil. En effet, au
vu des potentialités naturelles immenses (le balnéaire, le thermalisme, le saharien, le culturel,
l’aventure, la découverte, …), cette région est le prolongement naturel du tourisme reconnu
aux grands pôles nationaux.

Face à ce constat, les pouvoirs publics ont instauré une stratégie de développement du
secteur intégrant l’approche régionale et impliquant les différents opérateurs économiques et
locaux. Cette stratégie est axée particulièrement sur les plans de développement régionaux
(une sorte de déclinaison régionale d’infrastructures support à la vision 2010), sur la
promotion du tourisme interne et rural et sur le repositionnement du Maroc dans le balnéaire
à travers la création de six stations touristiques.

La réalisation de ses sites touristiques (Taghazout à Agadir, Saîdia/Ras El maa à


Berkane/Nador, Khemis Sahel à Larache, El Haouzia à El Jadida, Diabet à Essaouira et Plage
Blanche à Guélmim) a pour objectif le développement intégré de nouvelles stations balnéaires
visant à accroître la compétitivité du pays sur cet important segment du marché et partant, à
maximiser les retombées économiques du secteur pour le pays notamment en matière
d’emploi.

2. Développement régional et composantes sociales

L’analyse du comportement régional du système productif a révélé des inégalités de


développement économique entre les régions et des déséquilibres spatiaux. Cette situation a
des répercussions nocives sur le développement social et la répartition des fruits de la
croissance par région. En effet, les régions, qui disposent de potentialités économiques
importantes ou émergentes, bénéficient de conditions sociales plus favorables que celles dont
l’activité économique est tributaire des conditions climatiques ou à vocation minière.

La lecture des indicateurs sociaux dénote la persistance d’un déséquilibre spatial et la


stabilité de la hiérarchisation des régions que ce soit pour le groupe à faible performance ou
pour celui à performance élevée et ce, en dépit des efforts fournis par les pouvoirs publics en
matière d’amélioration de l’accès aux équipements et aux services sociaux de base.

14
2.1. Concentration de la population

La répartition spatiale de la population et son évolution selon les régions économiques


du pays reflète un déséquilibre significatif. En effet, la distribution démographique régionale,
selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) de 2004, est
caractérisée par la concentration de près du tiers de la population dans trois régions: le Grand
Casablanca avec ses 3,6 millions d'habitants (12,1%), Souss- Massa -Draa et Marrakech-
Tensift-Al Haouz avec 3,1 millions chacune (10,4 %). Le reste est réparti selon des
proportions variant de 0,3% (Oued Ed Dahab-Lagouira) à 8,3 % (Tanger-Tétouan).

Structure de la population par région économique (2004)

autres régions Casablanca-Souss-


31,1% Marrakech
32,9%

Gharb
6,2% Oriental Tanger
Meknès Rabat 8,3%
6,4% 7,9%
7,2%

La dynamique démographique s’est faite vers un renforcement des régions à


potentialités économiques importantes ou émergentes. Ainsi, trois groupes de régions peuvent
être distingués, selon l’évolution de la population entre 1994 et 2004, en comparaison à
l’accroissement annuel moyen de la population au niveau national qui a atteint 1,4% par an.

• Le premier groupe composé des régions dont le rythme de progression a été nettement
supérieur à la moyenne nationale. Il s’agit des régions de Souss-Massa-Draa (1,7%), de Fès-
Boulemane (1,8%), Rabat-Salé-Zemour-Zaer (1,8%), Guelmim-Essemara (1,8%), Tanger-
Tétouan (2%), Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (3,8%) et Oued Ed Dahab-Lagouira
(10,8%).

• Celles dont le taux d’accroissement annuel moyen est légèrement inférieur ou supérieur à la
moyenne nationale. C’est le cas de Marrakech-Tensift-Al Haouz (1,3%), Gharb-Chrarda-
BeniHssen (1,4%) et du Grand-Casablanca (1,5%).

• Celles ayant connu un taux d’accroissement annuel moyen inférieur à la moyenne nationale.
Il s’agit des régions de Taza-Al Hoceima-Taounate (0,4%), l’Oriental (0,8%), Tadla-Azilal
(0,9%), Chaouia-Ouardigua (0,9%), Doukkala-Abda (1%) et Meknès-Tafilalet (1,2%). Cette
dynamique démographique est expliquée par le caractère vulnérable de ces régions
provoquant des phénomènes migratoires.

L’évolution prévisible de la dynamique démographique du Maroc, à moyen et long


termes, indique que la population continuera à augmenter sensiblement (1,6% en moyenne).
Cette croissance se traduira, du fait de la jeunesse de la population, par des besoins de plus en
plus importants en matière d’emploi. Sachant que les créations d’emploi demeurent
inférieures à l’accroissement de la population active (elles n’atteignent actuellement que les
deux tiers des besoins), les risques d’aggravation du chômage demeurent importants.

15
2.2. Disparités régionales importantes sur le marché de l’emploi

Au Maroc, l’état des lieux nous révèle que le contexte socio-économique est très
contraignant, d’autant plus que le déploiement d’une politique de promotion de l’emploi par
région devient plus urgente. Il s’agit de caractériser l’espace national en déclinant des critères
pertinents (taux de chômage et taux d’activité par exemple), à travers lesquels se détachent de
grands ensembles, permettant d’établir des zones aux caractéristiques proches. La finalité
étant de cibler des mesures spécifiques en faveur des régions ayant des besoins particuliers
dans le domaine de l’emploi.

L'exploitation des données du recensement économique, réalisé au cours de la période


2001/2002, a permis de dresser une cartographie donnant un panorama exhaustif aux niveau
national, régional et local des établissements économiques au Maroc et de fournir par
conséquent une vision plus claire sur la structure de l’emploi par régions et par secteurs
d’activité.

L’analyse de la répartition régionale selon le taux d’activité de la population révèle


que les régions de Tadla-Azilal (54,6% sur la période 1999-2003), Doukala-Abda (55,4%),
Taza-Al Hoceima-Taounate (55,1%), Chaouia-Ourdigua (58,9%), Gharb-Chrarda-Béni Hssen
(61,1%) enregistrent des taux largement supérieurs à la moyenne nationale (52,2%). Ces
régions sont à dominance rurale jouissant d’un potentiel agricole important. L’activité est
essentiellement rurale (avec des taux moyens respectifs de 62%, 59,9%, 60,2%, 70,2% et
71,2%) et masculine (79,2%, 84,9%, 81,6%, 83,9% et 83,5% respectivement). Le taux de
chômage dans ces régions est largement inférieur à 10% en moyenne sur la période 1999-
2003.

Selon la structure d’établissements économiques, la région du Grand Casablanca


occupe une place de choix dans la configuration du tissu économique national avec 17,1% des
établissements économiques du pays et 29,5% des emplois. En effet, Casablanca est un grand
ensemble portuaire et industriel, complété par une fonction de place financière et commerciale
de premier ordre. Elle bénéficie d’une solide articulation avec le système de transport national
et international. Le taux d’activité, pour cette région, reste autour de 50% en moyenne durant
la période 1999-2003, que ça soit dans le milieu urbain (50%) ou rural (55,4%). L’activité
masculine est prédominante (74,1%, en moyenne sur la même période, contre 27,3% pour les
femmes). Néanmoins, le taux de chômage du Grand Casablanca a atteint le niveau le plus
élevé par rapport aux autres régions, soit 22,1% en moyenne durant la période 1999-2003.

Vient en deuxième place, la région du Souss-Massa-Drâa avec 10,5% des


établissements économiques et 8,3% des emplois. En effet, le profil économique de cette
région est caractérisé par des potentialités agricoles importantes dans le souss, une pêche
maritime dynamique et prospère, des richesses minières importantes, une prédominance de
l’industrie agro-alimentaire. L’activité dans cette région est plus dense dans le milieu rural
que dans l’urbain (56,4% contre 43,9% en 2003 et 62,8% contre 47,4% en 1999) et les
disparités par sexe aussi importantes (32,4% pour les femmes contre 72,3% pour les hommes
en 2003). Le taux de chômage de cette région est inférieur à 10% sur la période 1999-2003.

16
La troisième place est occupée par la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaer avec 9,3%
des établissements économiques et 9,8% des emplois. L’atout de cette région réside dans le
poids de la branche à la plus forte croissance, l’administration : elle occupe d’ailleurs une
position originale, étant le principal centre à recrutement national. Le secteur tertiaire emploie
presque 60% de la population active occupée. Le secteur agricole est doté d’activités variées;
il est essentiellement structuré par les périmètres d’irrigation qui s’étendent sur de vastes
surfaces et des ressources forestières importantes. Le taux d’activité s’est stabilisé, en
moyenne durant la période 1999-2003, autour de 49,3%, soit 48,2% en milieu urbain contre
55,2% en milieu rural. Par sexe, ce taux est de l’ordre de 25,6% pour les femmes contre
73,2% pour les hommes. Néanmoins, elle est classée parmi les régions les plus touchées par le
chômage avec un taux de 17,8% en moyenne sur la période 1999-2003.

Le Sud du Maroc comprenant les régions d'Oued-Ed-Dahab-Lagouira, Lâayoune-


Boujdour- Sakia El Hamra et Guelmim-Es-Semara, représente 3,3% des établissements
économiques du Royaume avec 2,2% de l'emploi permanent employé. S’agissant du profil
économique de ces régions, notons que malgré l’existence d’un secteur agricole handicapé par
les conditions climatiques très contraignantes, les potentialités touristiques, l’activité minière
et la pêche maritime, restent des secteurs porteurs offrant un potentiel prometteur pour la
région. Le taux d’activité, dans ces régions, est de l’ordre de 44,6%, en moyenne, sur la
période 1999-2003, (soit 44,7% en milieu urbain contre 44,5% en milieu rural). Par sexe, il
est de 20,9% pour les femmes contre 71,6% pour les hommes.

S’agissant de la région de Marrakech-Tensift-AL Haouz, son poids est prédominant


dans l’ensemble régional. Cette agglomération concentre à elle seule 274 unités industrielles
qui offrent 13 735 postes d’emploi, soit 3,25% du total employé. Néanmoins, cette industrie
reste dominée par l’agro-alimentaire qui se caractérise par un emploi saisonnier qui fait sa
fragilité. Le produit artistique spécifique et varié, la dominante commerce-artisanat et le
tourisme constituent des secteurs porteurs pour la région. En moyenne, le taux d’activité se
situe à 53,6% durant la période 1999-2003 (soit 44,8% en milieu urbain et 60,5% en milieu
rural). L’activité masculine est prédominante avec un taux moyen, sur la même période, de
l’ordre de 82,2% contre 26,6% pour les femmes. Alors que le taux de chômage ne dépasse pas
10% en moyenne sur la période 1999-2003.

La région de Fès-Boulemane, enregistre un taux d’activité moyen de l’ordre de 53,7%


en moyenne sur la période 1999-2003, mais cette activité est essentiellement rurale (71,7% en
moyenne contre 47,8% dans l’urbain). En effet, et même si la région présente un taux
d’urbanisation assez élevé, elle enregistre aussi un retard économique sensible en dehors de la
ville de Fès. Elle est surtout animée par l’agro-alimentaire, les industries de textile et de cuir,
et le commerce. L’artisanat joue un rôle moteur permettant le développement de petites
activités très dynamiques.

17
La région du Nord se caractérise aussi par un taux d’activité assez élevé. Il avoisine les
47% en moyenne sur la période 1999-2003, avec une prédominance masculine (77,7% contre
15,9% pour les femmes). Cette activité est le fruit d’un bon développement de l’industrie à
Tanger et d’un secteur des services assez dynamique à Tétouan. Néanmoins, cette activité est
en nette diminution : le taux d’activité est passé de 49,2% en 1999 à 45,1% en 2003 (soit une
diminution de 2,9 points dans l’urbain et de 5,3 points dans le rural. Le constat est le même
par sexe : le taux d’activité est passé de 18,3% en 1999 à 12,9% en 2003 pour les femmes et
de 79,6% à 76,1%, entre temps, pour les hommes. Ceci dit, la région fait aujourd’hui l’objet
d’une attention toute particulière dont le projet portuaire en est exemple. Elle peut tabler sur
un développement soutenu, compte tenu de sa position privilégiée proche de l’Europe et de
l’effort d’équipement dont elle fait l’objet.

L’analyse de la progression du chômage, entre 1999 et 2003, montre une diminution


qui est loin d’être totalement uniforme. Néanmoins, de grandes disparités inter-régionales
persistent. En moyenne annuelle, les régions les plus touchées relativement par le chômage
demeurent les mêmes sur toute la période 1999-2003: Grand Casablanca (22,1%), Oued-Ed-
Edahab-Lagouira, Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, Guelmim-Es-Semara (21,4%), Rabat-
Salé-Zemmour-Zaër (17,8%) et l’Oriental (18,3%). Les régions épargnées avec des taux de
chômage inférieurs à 10% : Marrakech-Tensift-Al Haouz, Tadla-Azilal, Taza-Al Hoceima-
Taounate et Souss-Massa-Draâ-. Elles ont été ralliées, à partir de 2001, par Chaouia-
Ouardigha, Fès-Boulemane et par Doukkala-Abda.

Enfin, si au niveau national, le chômage touche autant les femmes que les hommes, la
situation se présente différemment selon les régions. Le taux de chômage féminin est
supérieur au taux masculin dans presque toutes les régions. Le taux de chômage féminin est
nettement supérieur au taux masculin dans les régions d’Oued-Ed-Edahab-Lagouira,
Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra, Guelmim-Es-Semara, l’Oriental, le Grand Casablanca,
Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, Doukkala-Abda et de Fès-Boulemane.

Taux de chômage par sexe et par région économique (2003)

30%
Global
Masculin
25% Féminin

20%

15%

10%

5%

0%
Sud

Souss-

Gharb-

Fès-
Rabat-
Oriental

Tadla -

Meknès-

Taza-
Casablanca

Tanger -
Chaouia-

Doukala-
Marrakech-

18
La mise en œuvre d’une stratégie de promotion de l’emploi exige aussi une
implication des différents partenaires sociaux en vue d’apporter des solutions techniques et
des solutions d’ordre social aux problèmes de l’emploi.

Notons enfin, qu’une politique de l’emploi doit prendre en compte les spécifités des
régions. L’éventail des situations et des potentialités est très largement ouvert depuis les
grandes villes jusqu’aux campagnes, mais chaque milieu, aussi modeste soit-il, recèle des
capacités naturelles et surtout humaines, qu’il importe de valoriser. En plus, et bien que les
conditions de vie des femmes marocaines se soient considérablement développées, l’écart
entre hommes et femmes reste important et l’approche genre est à mettre en valeur.

2.3. Accès inégal aux services sociaux de base

La stratégie économique et sociale menée par les pouvoirs publics s’est focalisée, entre
autres, sur le renforcement de la politique de proximité en vue d’améliorer les conditions de
vie des citoyens et ce, en réduisant en particulier les déficits enregistrés dans les domaines de
l’habitat, de la santé et de l’éducation.

La lecture des indicateurs relatifs à l’accès aux services sociaux de base,


particulièrement la santé et l’éducation, montre une progression notable en matière
d'extension de l’accès au système éducatif et aux soins de santé. Néanmoins, de fortes
disparités sociales et géographiques persistent et l’évolution du classement par rapport à la
moyenne nationale montre que l’ensemble des régions restent stables dans la hiérarchisation
que ce soit pour le groupe à faible performance ou pour celui à performance élevée.

Le groupe, composé de l’axe Rabat-Salé-Zemour-Zaer et Grand-Casablanca et des


régions du Sud, enregistre les performances les plus élevées par rapport à la moyenne
nationale. Les autres régions, et en particulier Taza-Al Hoceima-Taounate et l’Oriental,
accusent un retard important en matière d’accès aux systèmes éducatif et sanitaire.

• Ecart significatif en encadrement sanitaire et accès aux soins de santé

L’encadrement sanitaire, mesuré par le nombre d’habitants par médecin s’est amélioré
considérablement pour atteindre 1882 au niveau national en 2003. Néanmoins, cet indicateur
présente des disparités spatiales par rapport à la moyenne nationale. C’est dans les régions de
Rabat-Salé-Zemour-Zaer (689 habitants par médecin), du Grand-Casablanca (876), Oued Ed
Dahab-Lagouira (1500), Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (1695) et Fès-Boulemane
(1779) que l’on observe les niveaux les plus performants. Les autres régions et en particulier
celles de Taza-Al Hoceima-Taounate (4456), Tadla-Azilal (4159), Doukkala-Abda (3832),
Souss-Massa-Draa (3422), Gharb-Chrarda-BeniHssen (3008) accusent un retard important et
enregistrent de faibles performances (nombres d’habitants par médecin largement supérieurs à
la moyenne nationale).

19
Nombre d’habitants par médecin (2003)

Rabat - Salé - Zemmour - Zaer


Grand Casablanca
Oued Ed-Dahab-Lagouira
Laâyoune-Boujdour
Fès - Boulemane
National
Oriental
Tanger - Tétouan
Meknès - Tafilalet
Marrakech - Tensift - Al Haouz
Guelmim - Es-Semara
Chaouia - Ouardigha
Gharb - Chrarda - Béni Hssen
Souss - Massa - Daraâ
Doukala - Abda
Tadla - Azilal
Taza - Al Hoceïma - Taounate

0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500 4000 4500 5000

Pour ce qui est du personnel paramédical du secteur public, l’axe Rabat-Salé-Zemour-


Zaer, Grand-Casablanca, Meknès-Tafilalet détient 36% du personnel pour 26% de la
population du pays.

Le nombre d’habitants par infirmier du secteur public s’est caractérisé par une
tendance haussière pour l’ensemble des régions. Les ratios les plus performants ont été
enregistrés par Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (436 habitants par infirmier en 2003),
Oued Ed Dahab-Lagouira (462) et Rabat-Salé-Zemour-Zaer (600). Les régions du Gharb-
Chrarda-BeniHssen (1645), Taza-Al Hoceima-Taounate (1580), Souss-Massa-Draa (1526)
sont les plus défavorisées et enregistrent un niveau largement supérieur à la moyenne
nationale (1154 habitants par infirmier).

D’importants efforts ont été déployés pour étendre l’offre en soins de santé par région,
notamment à travers l’augmentation du nombre d’établissements et en particulier le nombre
de lits. Néanmoins, cette évolution est insuffisante, en témoigne le nombre d’habitants par lit
qui a augmenté pour l’ensemble des régions à l’exception de Guelmim-Essemara. Les régions
du Gharb-Chrarda-BeniHssen (1996 habitants par lit), Taza-Al Hoceima-Taounate (1954),
Tadla-Azilal (1814), Doukkala-Abda (1630), Souss-Massa-Draa (1385), Oriental (1323),
Marrakech-Tensift-Al Haouz (1196) enregistrent des niveaux supérieurs à la moyenne
nationale (1146).

Dans le cadre de l’amélioration des conditions sanitaires de la population et à travers


de vastes campagnes publiques de vaccination, le taux de couverture vaccinale 1 , selon
l’enquête sur la population et la santé familiale de 2003/2004, a significativement progressé.
C’est dans les régions de Meknès-Tafilalet (95%) et de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (93%) que
l’on constate les proportions les plus élevées d’enfants complètement vaccinés.

1
C’est le taux de vaccination contre les six maladies principales (Tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche,
poliomyélite et rougeole) chez les enfants âgés de 12 à 23 mois.

20
Concernant l’utilisation de la contraception par région, toutes les régions enregistrent
actuellement un taux de prévalence dépassant 60% (variant de 61% à 68%) à l’exception des
trois régions de l’Oriental, Taza-Al Hoceima-Taounate et Tanger-Tétouan dont la prévalence
s’établit à 58 % et la région de Guelmim-Smara avec seulement 53%.

La proportion de femmes voulant limiter leur descendance enregistre quelques écarts


selon la région de résidence. C’est dans celle de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër que l’on observe
la proportion la plus élevée de femmes ne désirant plus d’enfants (60%) et dans celles de Fès-
Boulmane, Tanger-Tétouan et Marrakech-Tensift-Al Haouz que l’on enregistre la proportion
la plus faible (50%), les autres régions se dispersant de part et d’autre de la moyenne
nationale.

Il faut souligner que dans les régions du Grand-Casablanca (76%), Chaouia-Ouardigha


(76%) et Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (74%), environ les trois-quarts des femmes ayant 3
enfants ont déclaré ne plus vouloir d’enfants. Par milieu de résidence, on note que les femmes
rurales semblent désirer plus d’enfants que les femmes urbaines, quelque soit le groupe d’âge.

Ainsi, malgré les efforts enregistrés, la répartition de l’offre de santé n’a pas connu le
même rythme et les iniquités de l’accès aux soins subsistent. Dans ce sens, et dans le cadre de
la politique nationale de décentralisation et de déconcentration des services de soins, les
pouvoirs publics ont lancé le « projet d’appui à la gestion du secteur de la santé (PAGSS) ». Il
vise à corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres structurels de l’organisation
régionale notamment à travers la planification de l’offre de soins, la formation et la mise en
place de la région sanitaire accompagnée d’une restructuration du Département dans un
contexte de régionalisation et de redéfinition du rôle de l’administration centrale.

• Disparités spatiales du système éducatif

Le renforcement des capacités des ressources humaines constitue un outil


incontournable pour le développement économique et social du pays. A cet effet, plusieurs
politiques ont été poursuivies depuis l’indépendance en matière d’éducation avec pour
principaux objectifs d’élargir l’accès au système de formation et d’éducation et d’en
améliorer la qualité. Cependant, devant l’impact limité de ces actions, particulièrement en
milieu rural, les pouvoirs publics ont adopté dès le début des années 90 de nouvelles
approches dans le développement du système éducatif, basées essentiellement sur la
recherche de l’efficience, la rationalisation des moyens, la déconcentration et l’implication de
nouveaux partenaires.

L’effectif global des élèves scolarisés dans le cycle d’enseignement primaire public a
progressé pour l’ensemble des régions entre 1999/2000 et 2003/2004. Les performances les
plus importantes ont été réalisées par les régions de Oued Ed Dahab-Lagouira (9,7% l’an),
Marrakech-Tensift-Al Haouz (5,5%) et Doukkala-Abda (4,3%). Les scolarisés de Rabat-Salé-
Zemour-Zaer et du Grand-Casablanca ont pratiquement stagné au cours de la même période
en liaison avec le développement de l’enseignement privé dans ces régions.

La répartition des scolarisés du primaire public par région révèle que celles de Souss-
Massa-Draa (12,6%), Marrakech-Tensift-Al Haouz (10,7%), Grand-Casablanca (8,8%),
Tanger-Tétouan (8,4%), Meknès-Tafilalet (7,6%) enregistrent les parts moyennes les plus
élevées au niveau national entre 1999/2000 et 2003/2004. Le reste des régions ne dépasse pas
7% de l’effectif global des scolarisés dans le cycle primaire public.

21
La scolarisation des filles dans le cycle primaire public s’est améliorée pour
l’ensemble des régions sans dépasser 49% des scolarisés au niveau de chaque région. Le taux
de féminisation le plus important est enregistré par les régions du Grand-Casablanca et de
Tanger-Tétouan avec un niveau de 48,6% en 2003/2004. La région de Taza-Al Hoceima-
Taounate a réalisé le faible taux avec 43,9% de l’effectif scolarisé.

Par milieu de résidence, les parties rurales des régions du Sud, du Grand-Casablanca et
du Tanger-Tétouan enregistrent des taux de féminisation de l’effectif scolarisé du cycle
primaire public largement supérieurs à la moyenne nationale (44,7% en 2003/2004). La
région de Taza-Al Hoceima-Taounate vient en dernier avec un taux de 42,7% en 2003/2004.

Au niveau de l’encadrement de ce cycle, à l’exception de Guelmim-Essemara, les


régions du Sud enregistrent de faibles performances en termes de nombre d’élèves par
enseignant (34 élèves par enseignant en 2003/2004) suivies par le Grand-Casablanca, Tadla-
Azilal, Doukkala-Abda et Tanger-Tétouan (31). Les régions de Souss-Massa-Draa et de
Meknès-Tafilalet ont réalisé une bonne performance avec des niveaux d’encadrement
inférieurs à la moyenne nationale (28 élèves par enseignants).

Par région, les taux nets de préscolarisation pour la tranche d’âge de 4 à 6 ans les plus
élevés ont été enregistrés dans les régions de Grand-Casablanca, Rabat-Salé-Zemour-Zaer, le
Sud et Meknès-Tafilalet, soit des taux respectifs de 54,7%, 45,7%, 44,1% et 41,9%. Par
contre, les régions de l’Oriental (16,8%), Gharb-Chrarda-BeniHssen (16,8%) et Taza-Al
Hoceima-Taounate (17,8%) disposent de taux sensiblement inférieurs à la moyenne nationale
(29,7%).

Par milieu de résidence, et à l’exception de la région du Grand-Casablanca, les écarts


entre les villes et les campagnes sont manifestes et ont des répercussions négatives sur la
scolarisation au primaire.

Les disparités en scolarisation dans le cycle primaire sont notables. Les régions ayant
des taux de préscolarisation élevés enregistrent des taux de fréquentation nets au primaire
supérieurs à la moyenne nationale, particulièrement le Sud (90,7% en 1998/1999), le Grand-
Casablanca (83,8%) et Rabat-Salé-Zemour-Zaer (82,1%).

Par milieu de résidence, la partie rurale des régions de Taza-Al Hoceima-Taounate,


Tanger-Tétouan et Marrakech-Tensift-Al Haouz enregistrent des taux nets de scolarisation
des enfants âgés de 7 à 12 ans sensiblement inférieurs à la moyenne, soit respectivement
37,7%, 42,2% et 44,2%. En milieu urbain, la tendance à la généralisation se confirme,
particulièrement dans les régions du Sud (95,7%), Souss-Massa-Draa (88,3%), l’Oriental
(88,2%) et Chaouia-Ouardigua (86,6%).

Par région, les taux de scolarisation de la population âgée de 13 à 15 ans les plus
élevés par rapport à la moyenne nationale (31,9%), sont relevés dans les régions du Sud
(53,8%), le Grand-Casablanca (54,1%) et Rabat-Salé-Zemour-Zaer (51,1%).

22
Quant au taux d’analphabétisme de 10 ans et plus, il a régressé pour l’ensemble des
régions entre 1994 et 1998. Les bonnes performances ont été enregistrées par les régions de
Oued Ed Dahab-Lagouira et Laayoune Boujdour Sakia El Hamra avec une baisse de 14,8
points du taux d’analphabétisme, de Guelmim-Essemara (12,8 points) et Meknès-Tafilalet
(10,8 points).

Les régions les plus touchées par l’analphabétisme sont celles de Taza-Al Hoceima-
Taounate avec un niveau de 63,1% en 1998, Marrakech-Tensift-Al Haouz (58,5%),
Doukkala-Abda (56,1%), Tadla-Azilal (54,9%) et Souss-Massa-Draa (54,6%).

Les régions de Oued Ed Dahab-Lagouira-Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (25%),


Rabat-Salé-Zemour-Zaer (29,2%) et Grand-Casablanca (36,7%) enregistrent les niveaux
d’analphabétisme les moins élevés en 1998.

Evolution du taux d’analphabétisme par région (1994 et 1998)

National
Oued-Ed Dahab- et Laayoune-
Guelmim-Es-Semara
Grand Casablanca
Rabat-Salé-Zemmour-Zaer
Meknès-Tafilalet
Oriental
1998
Tanger-Tétouan
Fès- Boulemane 1994
Chaouia-Ouardigha
Gharb-Chrarda-Beni Hssen
Souss-Massa-Drâa
Tadla-Azilal
Doukkala-Abda
Marrakech-Tensift-Al Haouz
Taza-Al Houceima-Taounate

0 10 20 30 40 50 60 70 80
(en %)

Les données sur l’analphabétisme par région analysées précédemment ne reflètent


toutefois pas les efforts engagés au cours des dernières années tant par les pouvoirs publics
que par la société civile. En effet, une mobilisation importante s’est formée pour généraliser
l’enseignement fondamental et combattre l’analphabétisme et diverses actions d’envergure
ont été menées aussi bien dans les grandes villes que dans les campagnes. En outre, selon le
RGPH 2004, le taux d’analphabétisme au niveau national a baissé de 55% en 1994 à 43% en
2004, profitant aussi bien au monde urbain (29,5% en 2004 contre 37% en 1994) qu’au
monde rural (60,8% contre 75%).

Face à ce déséquilibre régional, l’amélioration de l’efficience du système éducatif


s’impose notamment à travers la poursuite de la mise en œuvre des mesures de la Charte
d’Education Formation et la consolidation de la décentralisation et de l’autonomie en matière
de gestion et de décision, notamment par le renforcement des capacités des académies
régionales en matière de gestion et de planification du système éducatif.

23
2.4. Répartition inéquitable des fruits de croissance économique

La connaissance de l’évolution du niveau de vie et de la pauvreté aux niveaux


territoriaux les plus fins est devenue une priorité permettant la visualisation et le suivi de
l’évolution des déficits sociaux et des disparités sociales et spatiales.

L’état des inégalités régionales en terme de développement économiquement se


répercute négativement sur la répartition des fruits de la croissance économique. Ainsi, l’axe
du Grand-Casablanca et Rabat-Salé-Zemour-Zaer et les régions du Sud, profitent du niveau de
vie le plus favorable. Les régions dont l’activité économique est dépendante des aléas
climatiques forme le groupe le plus défavorisé en terme de niveau de vie.

• Inégalités des niveaux de vie

En tant qu’indicateur de mesure de niveau de vie, la dépense de consommation


annuelle moyenne par personne (DAMP), exprimée en dirhams courants, est fortement
corrélée avec le niveau de développement de la région. En effet, la DAMP dépasse la
moyenne nationale dans les régions du Grand-Casablanca (14366 DH en 2004), Oued Ed
Dahab-Lagouira; Laâyoune Boujdour Sakia El Hamra, Guelmim-Essemara (10609 DH) et
Rabat-Salé-Zemour-Zaer (10162 DH). Par contre, les dépenses annuelles moyennes les plus
basses sont enregistrées dans les régions de l’Oriental (6883 DH), Meknès-Tafilalet (6740
DH), Gharb-Chrarda-Beni Hssen (6284 DH) et Marrakech-Tensift-AlHaouz (6228 DH).

La DAMP s’est accrue à prix constants dans la quasi-totalité des régions entre 1985 et
2001. La croissance de cette dépense est plus importante dans les régions de Oued Ed Dahab-
Lagouira, Laayoune Boujdour Sakia El Hamra (2,5% l’an) suivies du Grand-Casablanca
(2,2%), Souss-Massa-Draa (2,1%), Tadla-Azilal (1,7%), Tanger-Tétouan (1,6%), Taza-Al
Hoceima-Taounate (1,4%), Chaouia-Ourdigua (1%) et Doukkala-Abda (0,9%). Dans le reste
des régions, le taux d’accroissement annuel moyen de la dépense par habitant était inférieur à
0,5%.

Dans les zones urbaines, la croissance de la dépense par habitant à prix constants entre
1985 et 2001 est relativement élevée dans les zones urbaines du Grand Casablanca (2,1%),
Tadla-Azilal (1,9%), Taza-Al Hoceima-Taounate (1,8%), des régions du Sud (1,3%),
Doukala-Abda (1,3%) et de Tanger-Tétouan(1,1%). Cette croissance s’est effectuée à un taux
inférieur dans les zones urbaines de Chaouia-Oaurdigha (0,8%), Meknès-Tafilalet (0,8%) et
de Souss-Massa-Draâ (0,2%). Dans le reste des zones urbaines, la dépense par habitant à prix
constants a pratiquement stagné sauf dans la région de l’Oriental (-1,1%) où elle a
significativement régressé.

De 1985 à 2001, les zones rurales qui ont enregistré la plus grande croissance des
dépenses à prix constants relèvent de Tanger-Tétouan (1,5%), Souss-Massa-Drâa (1,3%),
Rabat-Salé-Zemmour Zaër (1,3%) et de Tadla-Azilal (0,9%). Inversement, les zones rurales
de Meknès-Tafilalet (-1,4%) suivies de celles de Fès-Boulemane (-0,4%) ont connu une
baisse de la dépense par habitant à prix constants, entre 1985 et 2001. Dans le reste des zones
rurales, la croissance des dépenses oscille entre une stagnation à Doukala-Abda et une
amélioration relativement modeste à Chaouia-Ouardigha (0,7%) et à Taza-Al Hoceima-
Taounate (0,7%).

24
En somme, la région de Fès-Boulemane se détache de l'ensemble des régions par une
baisse de la dépense par habitant à prix constants entre 1985 et 2001, à la fois, dans ses zones
urbaines et rurales. Cette baisse a été moins nette dans les zones urbaines du Gharb-Chrarda-
Beni Hssen, Marrakech-Tensift-Al Haouz et de Rabat-Salé-Zemmour Zaër. Le recul de la
dépense par habitant n'est relativement sensible que dans les zones rurales de Meknès-
Tafilalet et dans les zones urbaines de l'Oriental, régions formant avec Fès-Boulemane
l'espace le plus défavorisé par la croissance de la consommation des ménages en volume entre
1985 et 2001.

Mesuré par le rapport des parts dans le total des dépenses, l’écart entre les 10% les
plus aisé et les 10% les moins aisés révèle de fortes inégalités dans les dépenses sur le plan
régional. C'est la région de Meknès-Tafilalet qui détient l'écart le plus important (13,2 fois)
suivie par la région du Grand Casablanca (12,9 fois) et celle de Souss-Massa-Drâa (12,9 fois).
Ce sont d'ailleurs les seules régions où l’écart en question est supérieur à la moyenne
nationale (12,3 fois).

Les deux régions de Chaouia-Ouardigha et Tadla-Azilal enregistrent, quant à elles, les


écarts les plus faibles (respectivement 8,1 fois et 8,3 fois), ce qui laisserait entendre une
certaine équité dans la répartition des dépenses au niveau de ces deux régions.

• Poches régionales de pauvreté

La pauvreté a reculé au Maroc, passant de 16,5% en 1994 à 14,2% en 2004. Cette


baisse a été nettement plus accusée entre 2001 et 2004 qu’entre 1994 et 2001. C’est ainsi que
près de 50% de la baisse enregistrée durant la période intercensitaire s’est opérée durant les
trois dernières années de cette période de 10 ans.

Au delà de cette amélioration, les chiffres donnés par la cartographie de la pauvreté de


2004, élaborée en se basant sur les données du recensement de 2004 et de l’enquête nationale
sur la consommation et les dépenses des ménages 2000/01, cachent des disparités entre les
zones urbaines et rurales et entre les différentes régions.

Selon les données de cette cartographie, il y a une distribution inégale des richesses
entre les différentes régions du Royaume. La pauvreté touche les régions à dominance rurale
ayant peu bénéficié des infrastructures économiques et sociales, alors qu’en milieu urbain,
celle-ci reste relativement modérée.

La pauvreté est étroitement liée au chômage et au niveau d’activité économique. Au


Maroc, si des régions caractérisées par l’importance du taux de pauvreté (par exemple Gharb-
Chrarda-BeniHssen) enregistrent des taux de chômage moins élevé, ce phénomène est lié à
l’importance du sous-emploi dans ces régions à dominance agricole.

Ainsi, le taux de pauvreté passe de 3,5% dans la région du Grand-Casablanca à 20,5%


dans la région du Gharb-Chrarda-Béni Hssen. A noter également que 6 régions affichent des
taux de pauvreté inférieurs à la moyenne nationale parmi lesquelles Rabat-Salé-Zemmour-
Zaër (8%) et les trois régions du Sud (9,8%) et 9 régions connaissent des niveaux de pauvreté
supérieurs à cette moyenne parmi lesquelles Souss-Massa-Draa (18,9%), Marrakech-Tensift-
Al Haouz (19,2%) et Meknès-Tafilalet (19,5%).

25
Taux de pauvreté selon les régions (2004)
Gharb-Chrarda-Beni Hssen
Meknès-Tafilalet
Marrakech-Tensift-Al Haouz
Sous-Massa-Drâa
Oriental
Doukala-Abda
Taza-Al Hoceima-Taounate
Tadla-Azilal
Fès-Boulemane
Chaouia-Ouardigha
Tanger-Tétouan
Régions de sud
Rabat-Salé-Zemmour-Zaer
Grand Casablanca

0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22
(en %)

La pauvreté rurale est plus répandue dans les régions de Meknès-Tafilalet (31,1% en
2004), Souss-Massa-Draa (26,8%), Gharb-Chrarda-BeniHssen (26,4%), Marrakech-Tensift-
Al Haouz (26,1%), l’Oriental (24,8%) et Fès-Boulemane (22,8%). Les zones rurales de ces
régions connaissent un taux de pauvreté supérieure à la moyenne rurale (22% en 2004). Les
régions où l’incidence de la pauvreté rurale se situe à un niveau intermédiaire (entre les
moyennes nationale et rurale) sont Doukkala-Abda (19,5%), le Sud (18,3%), Tanger-Tétouan
(17,6%), Tadla-Azilal (17%), Taza-Al Hoceima-Taounate (16,9%), Chaouia-Ouardigua et
Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (16,7%). La pauvreté rurale n’est relativement limitée que dans la
région du Grand-Casablanca (5,6%).

Dès lors, le Maroc s’est engagé dès le début de cette décennie dans une stratégie de
développement social visant l’amélioration des conditions de vie des populations favorisées et
la lutte contre la pauvreté. Cette stratégie a été axée particulièrement sur l’extension de l’accès
des populations pauvres aux services sociaux de base, le développement des filets sociaux et
la lutte contre le chômage. L'initiative Nationale pour le Développement Humain, lancée le 18
mai 2005, constitue un nouveau jalon dans le parachèvement de l'édifice social et sa
consolidation.

3. Enjeux pour l’économie nationale

3.1. Enjeux du développement régional au Maroc

L’évaluation de l’action au niveau régional révèle le manque d’une politique régionale


intégrée et exhaustive à moyen et long termes et l’aggravation des déséquilibres régionaux.
Cette situation trouve ses origines dans l’absence d’un cadre législatif et organisationnel
adéquat et la persistance d’un certain nombre d’entraves qui affectent la mise en œuvre d’une
politique régionale efficiente.

26
Le rééquilibrage des tendances actuelles nécessite la mise en place d’une politique
régionale exhaustive et intégrée basée non seulement sur une approche spatiale de la stratégie
nationale de développement économique et social mais, également, sur la création de
dynamiques de changement et d’impulsion des initiatives régionales. Il s’appuiera sur une
démarche de proximité territoriale privilégiant l’implication de l’ensemble des partenaires
économiques et sociaux dans le processus de développement régional.

3.2. L’action institutionnelle au sein de la région

La région conçue comme espace clef de planification économique et d’aménagement


territorial a besoin de partenaires administratifs et économiques responsables et compétents.
Sa viabilité est suspendue à la déconcentration et à la définition précise des tâches de chaque
acteur qu’il soit ministère, établissement public ou autorité déléguée d’un pouvoir
gouvernemental. Elle doit assurer la transition d’un Etat gérant des services publics à un Etat
garant des droits fondamentaux, animateur des collectivités locales et promoteur des
solidarités. Le découpage de la région doit surtout réunir les conditions objectives de
construction d’un projet de développement viable et partagé. Il est essentiel, en effet, que
l’identité de la région puisse émerger et qu’elle constitue un facteur de mobilisation pour les
opérateurs économiques, les collectivités locales, les élus et les groupements sociaux qui la
constituent.

La décentralisation devra aboutir à un allègement du poids de la tutelle. Encore faut-il


que les régions aient les moyens financiers d’assumer les tâches qui leur incombent. La
gestion locale du territoire résultera de la combinaison de deux niveaux complémentaires : les
communes décentralisées et les provinces qui resteront avant tout des échelons de
représentation de l’Etat. On aura d’un côté une assemblée élue, avec ses services propres, et
de l’autre des Directions régionales des ministères, organes déconcentrés de l’Etat coordonnés
par un Wali ou un Gouverneur.

Désormais, la gestion territoriale performante suppose la mobilisation des méthodes


du management public territorial. Toutefois, l’utilité de ce dernier n’a de sens que dans la
mesure où il se traduirait par une association harmonieuse entre les acteurs publics,
l’entreprise et la société civile. La logique partenariale est ainsi rendue nécessaire puisque
l’espace régional se trouve au point de confluence de l’ensemble des acteurs locaux.

Dans ce sens, les enjeux de la bonne gouvernance régionale militent en faveur d’une
nouvelle configuration régionale permettant de cultiver des pratiques de gestion managériale
et d’associer les destinataires à l’élaboration des choix collectifs. A ce titre, il est préconisé de
renforcer au sein des régions, des structures de proximité d’information, de débat, d’échanges
et de suivi sur les projets concernant la population. De même, il est nécessaire de reconnaître
le rôle institutionnel des instances participatives pour leur permettre de mieux s’investir dans
la vie locale.

27
3.3. La région au centre du développement économique et social

Considérée comme un domaine fécond pour le développement économique, la région


a été au centre des préoccupations des pouvoirs publics à travers l’élaboration des plans
régionaux et locaux. Ces plans visent la mise en relief d’un projet de développement régional
cohérent et ce, par le biais de la définition d’une vision prospective globale et la recherche de
la coordination nécessaire entre les programmes de développement, notamment les
équipements qui ont un caractère local, initiés dans chaque région, en vue de consolider leurs
effets conjugués.

Ainsi a été introduite la dimension spatiale dans la stratégie de développement


nationale. Les retombées d’une telle démarche ont été ressenties à travers l’émergence d’un
certain nombre de centres et de métropoles dans les différentes régions du Royaume qui sont
devenus des foyers de rayonnement et de promotion de l’activité économique, sociale et
culturelle, grâce aux équipements de base, aux zones industrielles et économiques et au tissu
industriel, commercial et de services existants.

Cette démarche a cherché aussi la réduction des disparités régionales à travers une
approche systémique qui part de l’exécution d’un certain nombre de projets physiques (mise
en valeur agricole, zones industrielles et touristiques) et de la promulgation d’un cadre
législatif et réglementaire incitatif et rejoint des actions entreprises par les institutions
décentralisés, la société civile et le secteur privé.

Les centres régionaux d’investissement et les agences régionales de développement


constituent une pierre angulaire dans la promotion du développement socio-économique dans
la région, à cet égard, seize centres régionaux ont été crées et trois agences ont vu le jour
depuis 1996, avec la création de l’Agence de Développement du Nord, puis celle du Sud et
récemment celle de l’Oriental.
Néanmoins, les déficiences en matière de planification, malgré l’entrée en fonction des
Conseils Régionaux, persistent. Au niveau national, le fonctionnement du système
institutionnel reste caractérisé par une concentration des pouvoirs et des compétences dans les
sphères des administrations centrales. Les activités d’études et de planification relèvent
essentiellement des services centraux des ministères. La planification régionale, dans
l’absence d’un système d’information efficient et l’insuffisance d’études socio-économiques
pour une meilleure connaissance des potentialités et des insuffisances de ces espaces, a été
souvent assimilée à la régionalisation du plan, les structures déconcentrées ont été considérées
comme des instruments de mise en œuvre. Sans un réel pouvoir de décision et de négociation
avec les partenaires régionaux, ces entités n’ont pas pu accomplir leur mission de
planification territoriale dans les conditions requises.

3.4. Renforcement des ressources propres de la région

L'administration régionale continue de souffrir de plusieurs insuffisances dont l'attrait


limité de la carrière communale, la répartition déséquilibrée du personnel existant avec une
forte concentration au niveau de l’Air Métropolitaine Centrale (30% de l’effectif total, ce qui
crée une disparité dans la distribution des effectifs, avec des régions en insuffisance et
d’autres en sureffectif) et un sex-ratio en faveur des hommes qui représente 65% de l’effectif
total du personnel en 2003 et l'insuffisance des qualifications et de la compétence de ce
personnel ce qui le rend moins habile à être redéployé là ou il y a un manque.

28
La commune, dans le cadre de la décentralisation, est devenue une véritable
« entreprise », elle prend désormais en charge la réalisation de divers projets
d’investissements de la simple adduction à la création d’équipements industriels. A ce titre, de
telles actions d’importance demandent un système rigoureux de gestion, en s’attelant de
moyens qui auraient la pleine capacité d’assurer une efficacité de l’intervention communale
en optimisant les ressources financières. Cependant, les moyens mis à la disposition des
conseils régionaux demeurent trop limités pour leur permettre des projets structurants.

3.5. Complémentarité et solidarité régionale

Le développement régional doit être basé sur les valeurs d’entente, de la coopération et
de la concertation entre les opérateurs locaux, le secteur privé et la société civile et ce, dans le
cadre d’une stratégie visant le développement humain et la réduction des disparités spatiales
et sociales.

L’Etat devrait également veiller, dans le cadre d’une politique de lutte contre les
disparités sociales et régionales, à instaurer des mécanismes de solidarité entre les régions,
entre les milieux urbain et rural et entre les couches sociales.

En effet, le développement territorial aujourd’hui ne devrait pas se limiter à


l’aménagement des régions défavorisées. Sa tâche principale est d’éviter la formation de telles
régions ainsi que de garantir le rattrapage des régions sous-développées et l’irradiation du
potentiel de développement des régions plus développées sur celles moins riches. Le but de la
politique de développement territorial est fondamentalement l’aide du développement
économique basé sur le partenariat des régions.

Par ailleurs, le désenclavement de certaines régions et leur desserte en matière


d’infrastructure routière seraient de nature à encourager les échanges et à promouvoir les
complémentarités inter et intra-régionaux.

En plus, le sentiment national et humain de solidarité doit inciter les citoyens à


participer à tout ce qui concerne la vie publique de l’espace territorial de leur région et à
améliorer leur situation économique, sociale et culturelle.

29

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