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Sessions sensibilisation :
Questionner la qualité de l’investissement d’un lien virtuel sur les réseaux sociaux et du rôle
joué dans le processus pubertaire. Quand signifie bonne capacité d’adaptation à
l’environnement VS quand utilisation illusoire ?
Dans un premier registre, le réseau social aurait une fonction d’espace transitionnel
(Winnicott), avec une prise en compte de l’altérité dans cette quête du double , équilibre
narcissico-objectal. L’investissement de cet espace virtuel ouvre à l’ouverture du champ des
possibles et de la créativité. Le néo-langage constitutif de l’utilisation des réseaux sociaux
soutiendrait alors le processus de subjectivation.
Dans un deuxième registre, celui d’une utilisation problématique, nous pouvons reprendre
les travaux de Tisseron. Afin de mieux comprendre les processus psychiques en jeu dans la
passion pour le virtuel et dans leur usage pathologique, Tisseron (2012c) propose d’appliquer
la distinction établie par Winnicott (2002) entre rêvasser, rêver et imaginer : La
rêvasserie contribuerait à la toute-puissance fantasmatique, sans lien avec la réalité, à visée de
satisfaction des désirs d’emprise et d’évasion de la réalité présente. La rêverie se trouve liée à
la vie réelle ; quant à l’imagination, elle favoriserait la transformation de la vie réelle
(Tisseron, 2012c). Si la rêverie prolonge le jeu chez l’enfant, elle permet de différer la
conquête de l’objet non incestueux chez l’adolescent (Houssier, Marty, 2010). L’imagination
que requiert l’utilisation de ce type d’objet « confère au monde virtuel un statut proche de
l’expérience transitionnelle (…) une rencontre avec la réalité externe où le petit enfant
éprouve le plaisir de créer un objet dont il a besoin dans l’illusion de cette capacité créatrice».
Pour le Moi adolescent, menacé par des angoisses d’intrusion et d’abandon, Internet et, plus
spécifiquement, les réseaux sociaux peuvent être particulièrement attrayants, car ils
constituent un espace transitionnel, qui permet d’aménager l’absence et la présence de l’autre
dans une dimension symbolique, autrement dit de favoriser l’accès à la position dépressive et
le traitement des angoisses dépressives. La virtualisation, permise par nos écrans, possède,
alors, des effets positifs, lorsqu’elle fait alterner l’investissement du pôle virtuel et du pôle
actuel de toute relation (Tisseron, 2012a, p. 6). Dans un second registre, le recours addictif
aux réseaux sociaux, s’apparenterait à une impasse psychique, où l’image, plus généralement
le virtuel, n’étayerait pas le projet identificatoire, mais produirait, au contraire, un leurre, en
rupture avec celui-ci (Houssier, Marty, 2010). Assimilant l’addiction au virtuel à une
pathologie de la transitionnalité, Marty et Missonnier (2010) font de la dépendance l’échec du
jeu à l’adolescence. Le sujet, branché, connecté en permanence, resterait alors collé à l’objet.
Comme nous le verrons, chez certains adolescents, le recours au virtuel est pris dans le conflit
ambivalentiel entre créativité et destructivité, entre jeu et conduite pathologique. Moyen de
satisfaire la pulsion voyeuriste en jeu à l’adolescence où tout l’enjeu est de se montrer, d’être
vu et de regarder tout en étant à l’abri chez soi, l’autre étant présent que virtuellement.
Dimension pathogène du surinvestissement des réseaux sociaux : possibilité de comprendre le
besoin d’être connecté sur les réseaux pour lutter contre problématique de perte associée à des
fantasmes abandonniques prégnants (lutter contre l’ennui). Source de revalorisation, s’inscrit
dans une dimension de séduction, de paraître, de l’apparence où il convient de s’y présenter
sous son meilleur jour mais parfois sous le pire comme nous le verrons.
La pulsionnalité à l’adolescence
Puberté = « orage hormonal et pulsionnel unique dans la vie de l’humain » (D. Lauru, 2009).
Apparition des transformations corporelles et des caractères sexuels secondaires. L’adolescent
a du mal à se reconnaitre et à se positionner à l’égard des autres. La resexualisation des
pulsions le pousse à aller vers l’autre dans une quête amoureuse et sexuelle d’un ou d’une
partenaire qui pourrait idéalement lui apporter la complétude qu’il recherche.
L’adolescent tente de faire tout son possible pour être au plus près des autres. Toute pulsion
tend vers la satisfaction, l’adolescent est bien celui qui cherche à réduire (souvent dans
l’immédiateté, tolérant très mal la frustration) la distance entre son désir et la réalisation de ce
dernier. Les réseaux sociaux sont alors un lieu pour assouvir leurs pulsions. Les possibilités
d’internet s’expriment ainsi dans l’échange écrit : rapidité, immédiateté et abrasion des
distances. Lieu permettant de se soumettre aux exigences de l’adolescent, c’est-à-dire de
l’immédiateté de l’expression de ce qu’il ressent.
La rencontre avec l’autre est ici médiatisée, permettant une maîtrise de l’objet alors même
qu’il est menaçant à l’adolescence. Mise à distance du corps génital.
« Le mot est un instrument puissant, il est le moyen par lequel nous nous révélons les uns
aux autres nos sentiments, la voie par laquelle nous prenons de l’influence sur l’autre. Des
mots peuvent faire un bien indicible et infliger de terribles blessures. » (Freud, Malaise
dans la civilisation, Paris, Puf, 1978)
La façon dont les adolescents maltraitent leur corps est un signe parmi d’autres de leurs
difficultés narcissiques.
Nécessité de donner à voir leur souffrance (cf Amy partage scarifications sur réseaux),
plusieurs comptes, plusieurs facettes, exprimer différentes parties de son self, de soi (cf Elisa
qui a créé deux comptes sur les réseaux sociaux : un où elle crée faux-self et où elle accepte
tout le monde mais où elle cache des choses et un autre où c’est la « vraie elle » où elle peut
partager ses émotions du moment, peines, tristesse, joie avec un cercle restreint d’amis).
Quête d’une image satisfaisante de soi, image susceptible de leur apporter un soutien
narcissique (selfies et diverses modifications apportées pour qu’elle puisse refléter un idéal de
soi désiré par le sujet). Important pour les adolescents d’avoir retour de leurs pairs. Se servir
du groupe des pairs, de l’extérieur comme relais d’identification et de gratifications
narcissiques. Identification du moi aux paroles et regard de l’autre comme constitutif du
surmoi et de l’idéal du moi.
« L’enjeu du même est primordial pour l’adolescent, et souligne le désir inconscient d’une
indifférenciation, comme lutte contre l’individuation nécessaire au devenir adulte et par là-
même comme déni du deuil nécessaire de l’enfance. » (Golzman, 2013)
Au vu de cette définition, nous pouvons au premier abord dire que le dispositif Facebook est
un lieu d’a-conflictualité. Il y a un aplanissement du conflit, en ce sens que le pendant de
l’amour, la haine, est gommé du site. Tout est fait par les programmateurs pour qu’elle
n’apparaisse pas pour autant, sur Facebook, il est possible d’aimer ce qui promulgue de la
haine. L’injonction facebookienne de tous s’aimer, quelles que soient nos origines ou notre
culture, implique un véritable déni de l’individu dans sa constitution psychique faite de
conflictualité. La structure du site clive amour et haine. On aime ou on hait, mais jamais les
deux en même temps. Ces deux motions existent au sein même du site, mais ne se rencontrent
pas, ou alors dans des échanges qui tournent au règlement de compte.
Le cyberharcèlement
Sur les réseaux sociaux, il y a toujours la présence d’un Autre qui regarde et qui peut interagir
sur part d’intimité dévoilée. Il apparait très facilement sur les réseaux sociaux des
phénomènes de groupe tels que des phénomènes de suggestibilité, de contagion, de toute
puissance et d’exaltation des affects positifs ou négatif envers une personne ou une idée (A.
Gozlan, 2013).
L’actualité ne cesse d’évoquer des cas de jeunes qui se suicident suite au harcèlement virtuel.
Le retour de la haine a lieu au moment de la divulgation d’un signal pointant la différenciation
et l’altérité qui sort le sujet de sa torpeur indifférenciée. Exemple du cas d’Amandas Todd :
Âgée de douze ans, Amanda surfe sur le Net pour se faire des amis. Elle rencontre un jeune
homme sur un site et se laisse convaincre de lui montrer ses seins. À partir de là, cette image
d’une partie de son corps ne lui appartient plus. Commencent alors trois années de
harcèlement virtuel par cet inconnu sur les réseaux sociaux. La photographie est transmise à
tout son collège, suscitant une pluie d’insultes de ses camarades, allant jusqu’au harcèlement.
La diffusion de l’image donne lieu à un jeu pervers. Elle déménage trois fois. Puis, à quinze
ans, elle se suicide, après avoir raconté son histoire dans une vidéo sur Youtube.
A. Gozlan parle de « désintimité » et propose le terme d’« altérité virale » pour rendre compte
de l’impact destructeur des images. L’autre, comme un virus informatique, s’approprie les
données intimes du sujet, les contamine et les diffuse sans aucune limite jusqu’à
l’anéantissement du sujet. Voir histoire ci-dessous narré par Michel Franco.
Violence répétée qui peut être verbale (insultes, moqueries sur l’aspect physique, recours à un
surnom péjoratif, diffusion de fausses rumeurs, de photos prises à l’insu de la victime,
menaces, etc), physique, morale ou à caractère sexuel. Possibilité racket (souvent chez les
jeunes garçons). Elle est le fait d’une ou de plusieurs personnes à l’encontre d’une victime qui
ne parvient à se défendre. L’objectif étant de mettre l’autre en difficulté, de le blesser, de le
dominer sans qu’il puisse sortir de son rôle de victime. Difficulté pour les professeurs d’être
témoin de ce harcèlement. Pourquoi ? Les professeurs sont multiples, les classes éclatées, les
intercours comme les couloirs peu surveillés et les changements de locaux fréquents.
Ces relations, vécues à distance mais marquées par une certaine violence, placent le sujet
victime face à une foule anonyme et persécutrice. Ces phénomènes semblent avoir un fort
impact sur l’état psychologique du sujet victime. Dans certains cas, cette dynamique
relationnelle de groupe, dans laquelle le sujet se trouve pris, peut contribuer à entraîner chez
lui un état psychopathologique et aboutir à un passage à l’acte, souvent autoagressif, parfois
suicidaire.
Dans ces situations, la victime devient le support de projections négatives, le bouc émissaire
d’une violence amplifiée par le groupe en ligne, souvent anonyme. Dans les situations de
cyber-harcèlement, les relations digitales entre le sujet victime et le groupe en ligne ne
semblent pas marquées par une dimension intersubjective. Au contraire, elle semble
disparaître, dans des relations digitales non objectales, où le sujet est nié, la victime étant
devenue le support des projections groupales, en tant que mauvais objet.
1 élève sur 3 subit une situation de harcèlement. Les risques sont plus fréquents en fin d’école
primaire et au collège.
Et un élève sur cinq est confronté à la cyberviolence.
Nous voyons ici à quel point l’écran étant entré dans la vie des adolescents, comme un
prolongement de leur corps, on ne le voit pas en premier lieu. Alejandra ne réagit pas au
moment où José, tout en l’embrassant, allume son smartphone. La lumière aveuglante du flash
ne l’alerte pas. L’écran s’efface ici, ne laissant pas apparaître le danger. Ceci souligne
également le manque de conscience de son image de soi et de son corps.
Le deuxième temps est la découverte de la vidéo sur internet. L’écran, ici, fait sidération.
Explosion de l’intime à la vue. Effet internet oblige, la rapidité de l’information fait ravage.
En une nuit, des centaines de lycéens ont vu la vidéo et se sont rincés l’œil. Ce phénomène de
contagion est propre au virtuel. L’image ou la vidéo postée s’apparente à un virus, un
malware dont le but est de détruire. Le malware, en informatique, est « un programme ayant
pour but de nuire à un système informatique en prenant le contrôle sans le consentement de
son opérateur ou sans même qu’il s’en aperçoive : la gêne occasionnée est variable, et le
spectre d’action des malwares va de la gêne bénigne aux dommages irrécupérables » (Leroux,
2010).
Le corps à l’image ouvrant à la sexualité réveille les monstres enfouis chez les adolescents. La
scène d’accouplement rompt le pacte groupal de l’indifférenciation par cette mise en avant et
cette émergence du sexuel et ceci va à l’encontre du maintien du bon groupe puisque « la
libido qui maintient les foules (…) n’est pas différenciée selon les sexes et en particulier
ignore complètement les buts de l’organisation génitale de la libido » (Freud, 1921). Il y a
d’une certaine manière une transgression dans cet acte sexuel qui réveille les angoisses
adolescentes et fait ré-émerger les fantasmes originaires dont celui de la scène primitive.
Témoin d’une incapacité à intégrer la génitalité. Alejandra devient objet de désir et de terreur
qu’il faut rabaisser. Pour maîtriser cette terreur angoissante face à la génitalité agie, les
adolescents détruisent Alejandra, celle qui leur a jeté en pleine face, via l’écran et sans
retenue, leur angoisse de l’autre sexe, leur angoisse de castration et de l’accomplissement de
leur sexualité génitale avec tous les conflits œdipiens sous-jacents. La perversion à l’œil, avec
le voyeurisme induit par l’écran trouve son équivalence dans la réalité par le sadisme. L’enjeu
du voir, trop excitant se réveille dans la cruauté des adolescents. La pulsion fait retour sur le
sujet après avoir tapé l’écran. De passifs à actifs, du voyeurisme au sadisme, les adolescents
se déchargent sur Alejandra, devenue l’objet de satisfaction immédiate, objet sexuel qu’ils
cherchent à maîtriser.
« Utilisation de média électronique ou numérique par des personnes ou des groupes dans
l’objectif d’atteindre, de nuire et/ou de blesser autrui et ce par le biais d’usage répété de
messages agressifs ou hostiles. » (TOKUNAGA).
Le harcèlement en ligne est défini comme un acte agressif, intentionnel et accompli par une
personne ou un groupe de personne, avec des moyens de communication électroniques, répété
dans le temps contre une victime qui ne peut pas se défendre facilement (SMITH et al.).
Dès leur plus jeune âge, les enfants expérimentent les relations sociales. Le harcèlement est
une dérive de cette expérimentation et peut se produire partout. L’âge et le sexe ne
semblent pas être des facteurs prédictifs de la victimisation en ligne.
Un lien a été trouvé entre les agresseurs, le désengagement moral et des croyances envers
l’agression. Du côté des victimes, les relations les plus évidentes trouvées avec le harcèlement
en ligne sont l’utilisation fréquente de l’internet, la tendance à prendre des risques en ligne et
la colère.
Comparativement au harcèlement, le cyberharcèlement est « plus » psychologique que
physique. L’anonymat y joue un rôle important, ainsi que l’absence de surveillance et la
facilité d’accès. En effet, en ligne, il est possible d’accéder de manière instantanée à la
victime sur son téléphone, son adresse e-mail ou ses comptes sociaux. En un clic le
mouvement haineux est lancé. L’anonymat réduit le risque d’être réprimandé. Il en va de
même pour l’absence de surveillance qui aurait permis de réguler les comportements et les
agressions.
Le cyberhacèlement laisse des traces numériques sur l’ensemble de la toile et ce sur une
longue durée. Moqueries, injures, insultes, etc, se propagent sur les réseaux sociaux. Il devient
plus que nécessaire de travailler avec les jeunes sur le sens des mots employés.
L’adolescence invite le sujet à sortir de l’enfance pour entrer dans une période
d’aménagement et de construction de soi vers une future identité adulte. Cette construction de
soi l’amène à désinvestir progressivement les objets parentaux pour se tourner vers d’autres
personnes que son environnement familial. C’est ici qu’ils trouvent un fort intérêt pour les
réseaux sociaux permettant de rencontrer l’autre à son rythme, avec une juste distance et
d’entrer progressivement dans une vie relationnelle comprenant l’expression amoureuse et
sexuelle. Toutefois, la numérisation de la vie sociale, émotionnelle et cognitive des
adolescents suscite du stress et parfois des inquiétudes de la part de leurs parents. Que faire ?
- Se tenir informés : connaitre les espaces fréquentés par les jeunes, discuter des
activités en ligne.
- Ne pas interdire l’utilisation des applications
- Ne pas espionner son enfant
- Donner l’exemple : l’enfant apprend en observant + partager ses expériences en ligne
- Rester conscient de ce que fait l’ado sur internet, faire de l’internet un sujet de
conversation. Lui demander quelles applications il utilise.
- Respecter la vie privée des ados : ne pas lui demander ses mots de passes et ne pas lui
donner les votre
- Reprenez avec lui les paramètres de confidentialités, le mot de passe doit venir de
votre enfant. lui apprendre à en avoir un suffisamment sûr (lettre, chiffre, critères
spéciaux, majuscule, minuscule)
- Apprenez à votre enfant à naviguer discrètement. Certaines enquêtes montrent que la
plupart des adolescents postent des images d’eux-mêmes sur Internet, utilisent leur
vrai non, donne le nom de leur établissement scolaire et même parfois leur numéro de
téléphone ou leur date de naissance. Voir avec eux ce qu’il faut poster, renseigner et
ne pas renseigner.
- Parler des problèmes que l’on peut rencontrer en ligne
- Demander aux adolescents s’ils ont déjà vu quelqu’un en difficulté sur internet. Quels
type de problèmes leur(s) ami(s) ont rencontré ? Quelle est leur opinion sur la
question ?
- Education à l’esprit critique et à l’empathie : prise de distance concernant les
publications ; éducation à l’empathie. Il s’agit d’apprendre à se mettre à la place des
autres dont le visage n’est pas visible et dont les émotions sont inaccessibles en
contexte numérique ; être capable d’imaginer l’impact que la publication de tel ou tel
contenu aura sur eux. Favoriser développement de l’estime de soi (= évaluation
positive de soi-même) chez les plus jeunes afin de lutter par exemple contre
l’automutilation digitale. Impacte alors sur confiance en soi et sur affirmation de soi
(capacité à exprimer ses besoins et désirs tout en respectants ceux des autres.)
- Leur demander s’ils ont eu une expérience négative avec les média. Si c’est le cas leur
demander s’ils savent où et comment chercher de l’aide.
- Garder un œil sur certaines applications (Tinder, Chatroulette, let’s date, whisper,
secret)
Il est important de pouvoir parler de l’école, de l’ambiance, du climat, des moments passés
dans la cours, etc, d’échanger sur le climat de l’établissement. Lorsqu’on réalise que son
enfant est victime d’harcèlement il convient de le rassurer. Puis de commencer à agir, faire
des captures d’écran afin de conserver des preuves et signaler les contenus inappropriés. Ne
pas minimiser les effets du harcèlement quand ça commence en disant par exemple que ce
n’est pas grave, que cela va passer.
Il est important que les adultes puissent se positionner rapidement et ce afin de permettre aux
enfants qu’ils gardent confiance en eux, garder confiance dans la capacité des adultes à les
protéger. Le dialogue peut permettre d’éviter le recours à la violence pour se défendre.
Fixer des règles (absence ordinateur dans la chambre et à table). Rappel des grands principes
(âge minimum, confidentialité, respect de la vie privée).
Article de Paris et Robert STROM donne des conseils pour lutter contre les
intimidations en ligne :
- Les adultes doivent s’assurer que les élèves réalisent que les identités en ligne peuvent
être fictives.
- Les adolescents ne doivent pas rencontrer une personne avec laquelle ils ont discuté en
ligne sans en avoir parlé avec leurs parents.
- Eviter d’envoyer des messages lorsque l’on est en colère.
- La police doit être avertie des situations de harcèlement en ligne.
- Nécessité de conserver les messages comme preuve et de s’abstenir de répondre aux
agressions.
Quelques recommandations d’utilisation selon la règle des 3-6-9-12 (S. Tisseron, 2013)
- Moins de 3 ans : Le parent reste le meilleur écran. Un enfant, à cet âge, seul devant un
écran, est un enfant qui perd son temps et ses opportunités de développement.
- 3 à 6 ans : Entre trois et six ans, l’enfant s’approprie le monde par des jeux
symboliques et psychodramatique. Jeux en faire-semblant où l’enfant explore par les
gestes et l’imagination quantité de situations. Ces jeux sont essentiels au
développement de l’enfant. Le service qu’ils rendent ne peut en aucun cas être
remplacé par un jeu vidéo ou une application éducative. Possibilité d’introduire des
objets numériques à condition que les parents accompagnent l’enfant dans leur
découverte de leurs pratiques numériques : jouer avec l’enfant, choisir les applications,
apprendre l’enfant à structurer son temps.
- 6-12 ans : L’enfant entre ici dans une période où il s’approprie les codes sociaux de
son groupe d’appartenance. Sur le plan cognitif, il comprend le monde avec plus de
complexité. Affectivement, il apprend peu à peu à se décentrer. Période où les écrans
peuvent être plus largement utilisés pour les apprentissages, la vie sociale et les loisirs.
Durant cette période, le rôle des parents devient encore plus important. Limiter accès
aux applications numériques. Les activités numériques ne doivent jamais se faire au
détriment du sommeil, de l’alimentation des interactions sociales ou du travail
scolaire. Il est important pour le parent de connaitre les jeux et applications utilisées
par leur enfant, de discuter avec lui de ses objets de culture, jouer avec son enfant, lui
apprendre à créer des comptes en ligne en toute sécurité, en lui montrant certaines
règles de sécurité à respecter lorsqu’on est en ligne (ne pas parler à des étranger, ne
pas partager des informations personnelles, rapporter aux parents certaines situations
où il s’est senti mis à mal et en difficulté), respecter toutefois intimité (ne jamais
figurer parmi ses amis).
- Possibilité pour tout internaute de signaler tout contenu suspect ou illicite par le biais
de la plate-forme Pharos mise à disposition par l’Office central de lutte contre la
criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication
(OCLCTIC).
- n°vert 0800200000,
- La plateforme netecoute.fr. Assistance gratuire et anonyme en ligne ou par téléphone
au numéro 0800200000 du lundi au vendredi de 9H à 19H
- L’association Jamais Sans Elles propose une aide gratuite aux victimes sur son
site ou par message privé
Lois françaises contre le harcèlement (la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les
hommes de 2014 et la loi du 8 août 2018 qui modifie l’article 222-33-2-2 du Code pénal
sur le harcèlement moral
Attention aux délais de prescription qui vont de trois mois pour une injure publique à
six ans pour des menaces en ligne et du harcèlement moral ou sexuel.
Les mineurs de moins de 13 ans ne peuvent en aucun cas aller en prison ou payer une amande.
La pornographie
La pornographie n’a rien de nouveau. En revanche ce qui l’est concerne la facilité pour y
accéder. Près d’un enfant sur deux auraient été confronté à des contenus pornographiques
(streaming, sites divers, etc).
Il est évalué qu’un collégien sur 2 a déjà vu des images pornographiques en ligne et que le
chiffre monte à 9 adolescent sur 10 à la fin du lycée.
C’est un fait, de plus en plus d’adolescents sont confrontés qu’il s’agisse de manière active ou
passive à la pornographie. [Voir si l’enfant/l’ado est « tombé » sur l’image par hasard, s’il y a
entre guillemet été confronté de force ou bien si c’est une démarche personnelle.] Il y a donc
nécessité d’accompagner les adolescents dans leur découverte de la sexualité. Il est important
de pouvoir parler de la sexualité avec l’adolescent, de trouver un moyen d’aborder le sujet.
Leur expliquer qu’il y a d’autre moyen pour rencontrer la sexualité, explications, ex Fil santé
jeune. Il convient de ne pas s'alarmer mais de protéger les jeunes car cela peut générer des
conséquences sur le moment où en après-coup.
Contenu sexuellement explicite (sexto : texto à caractère érotique ou sexuel ; sextape : réaliser
avec son partenaire une vidéo intime) qui est publiquement partagé en ligne sans le
consentement de la ou des personnes apparaissant sur le contenu dans le but d’en faire une
revanche avec une nécessité d’exposer et de couvrir de honte les victimes.
Citons aussi le cas de l’« extorqueur » qui s’adonne à la sextorsion (encore appelé grooming):
stratégie de sollicitation d’un mineur par un adulte, qui s’efforce d’affaiblir la résistance et les
inhibitions du jeune à des fins sexuelles. Après avoir gagné sa confiance, le groomer demande
d’envoyer des photos de lui (partiellement) nu et s’en sert ensuite pour tenter de le manipuler
et de l’abuser sexuellement. L’abus sexuel peut aussi bien se dérouler en ligne (via une
webcam, une session de chat, un mail) que hors ligne (lors d’une rencontre réelle). On pense
ici à la tragique histoire d’Amanda Todd ou à une affaire, plus récente, jugée par le tribunal
d’Ajaccio.
Les insultes sexistes et les rumeurs ciblant les filles participent souvent d’un phénomène
nommé le slut shaming et peuvent être la conséquence d’un acte de revenge porn.
Le flaming
Le flaming est une pratique qui consiste à envoyer, au sein d’un forum de discussion ou de la
zone de commentaires d’un blog ou d’un site, une série de messages insultants, voire haineux,
dans le seul but de provoquer un conflit ouvert. Discours de haine sur internet. Des forums,
des blogs, des espaces de commentaires de sites web, des comptes ouverts sur réseaux sociaux
numériques regorgent en effet de propos racistes, antisémites, sexistes, homophobes,
transphobes qui échappent parfois à la modération et dont la visibilité est accentuée par la
magie des algorithmes (plus un contenu est liké ou commenté, plus il sera visible).
De l’anglais roast (se moquer, ridiculiser), consiste à demander à être ridiculisé publiquement.
Concrètement, il s’agit de poster une photo de soi-même sur laquelle on n’est pas à son
avantage, de la hashtagger #roastme et, donc, d’inviter ses contacts à la commenter
négativement. Sur Twitter, le hashtag est parfois suivi de mention comme « show no mercy »
(« ne montrez aucune pitié »), « feel free to roast me mercilessly » (« sentez-vous libre de me
ridiculiser sans aucune pitié »), « trash talk me » (dites-moi des saloperies ») ou encore « put
me on blast » (démolissez-moi »). Cette pratique semble avant tout viser à faire rire. Pour
certains, il s’agit d’imiter les roasts télévisés américains dans lesquels un humoriste se moque
ouvertement d’une célébrité présente sur le plateau, laquelle doit se soumettre au jeu et
encaisser les « coups » sans rien dire. Pour d’autres, il s’agit de s’engager dans une « joute
verbale » inspirée des battles entre rappeurs : « Who up for a epic roast battle ? » (« Qui est
partant pour un combat d’insultes épique ? »), demande par exemple un twittos à ses
followers.
L’automutilation digitale
L’automutilation digitale a été révélée en 2013 suite au suicide de la jeune Hannah Smith
(cyberharcèlement). Mais l’enquête a révélé que les insultes et incitations au suicide qu’elle
recevait en ligne émanaient principalement d’elle-même. La jeune fille postait des questions
sur le réseau social Ask.fm (ex : « Que pensez-vous de moi ? ») et y répondait elle-même via
un compte anonyme qu’elle avait ouvert : « Va mourir », « attrape un cancer », « bois de l’eau
de Javel »… Une étude réalisée en 2017 auprès de 6 000 élèves américains âgés de 12 à 17
ans a révélé que 6 % d’entre eux avaient déjà publié anonymement en ligne des propos
blessants à leur propre encontre. Parmi ces 360 élèves à s’être adonnés à cette pratique, 51 %
ont déclaré ne l’avoir fait qu’une seule fois, 36 % ont déclaré l’avoir fait à plusieurs reprises
et 13 % ont reconnu le faire régulièrement (Patchin, Hinduja, 2017).
Besoin de rester en permanence connexion, maintenir le lien, savoir ce que font leurs amis.
Peur de rater, louper une information. Cette hyperconnexion peut devenir envahissante dans
leur vie quotidienne et dans leur psychisme. Peut générer fatigue mentale et psychique.
On parle de relation d’objet virtuelle (et non relation d’objet virtuel) : mode de relation
pathologique qui appauvrit le monde du sujet et le laisse dans l’incapacité d’établir un lien
créateur avec son entourage (repli, retrait). Elle échouerait à obtenir un statut d’objet
transitionnel pour s’apparenter à un fétiche. Prenant appui sur les travaux de Winnicott et,
notamment, sur l’omnipotence ou l’illusion parfaite de créer un monde (Lehmann, 2009),
Tisseron (2012a) rappelle l’importance de la désillusion, laquelle favoriserait la distinction
entre soi et le monde et l’investissement du champ de l’imaginaire, permettant de survivre aux
nécessaires frustrations imposées par la réalité et l’environnement. Pour l’auteur, la tendance
à privilégier une relation virtuelle au monde, au-delà de la période des premiers mois de
l’enfant, équivaudrait à une forme de repli auto érotique, afin de contre-investir l’abandon de
tout espoir dans la relation d’objet. Une relation d’objet virtuelle pourrait s’établir en cas de
faillite de l’un de ces deux moments structurants : celui de la satisfaction du désir
d’omnipotence ou celui de la frustration progressive de ce même désir. Dans la relation
d’objet virtuel, a contrario, le sujet ne refuserait pas l’actualisation de la relation avec la
personne réelle. Permet soutient processus adolescence. Permet passer progressivement mode
narcissique à un mode véritablement objectal (vers un autre différencié), en passant par un
entre-deux à mi-chemin entre l’objet interne et l’objet externe.
Eviter d’être confronté à l’absence. L’adolescent ne se situe pas ici dans le trouver-créer
winnicottien de l’espace transitionnel mais dans le trouver uniquement avec, comme seule
perspective, l’agrippement à un objet qui ne peut être ni créé, ni intériorisé, et que l’on craint
dès lors de ne plus retrouver. Problématique d’agrippement à la relation virtualisée (relation
d’objet virtuelle) se font souvent au détriment des relations réelles. Témoin vulnérabilité à
l’investissement de l’objet et à la perte. Difficulté à supporter l’absence, le délai et la
frustration.
La cyberaddiction
L’idée d’une addiction aux espaces virtuels a été lancée en 1998 comme une plaisanterie sur
un forum fréquenté principalement par des psychiatres (S. Tisseron, 2012). Kimberley Young
(1998) alerte alors la communauté scientifique sur l’émergence d’un nouveau trouble qu’elle
appelle l’addiction à l’internet. Afin de démontrer la rigidité du Diagnostic Standard Manual
of Mental Disorders (DSM), le Docteur Ivan Goldberg décida d’en copier la construction pour
inventer une Internet Addiction Disorder. A sa grande surprise, quelques internautes se
reconnurent dans le portrait qu’il en donnait. Le mouvement était lancé. On se mit à parler
d’ « addiction à Internet »… On lui attribua les mêmes caractéristiques qu’aux autres
addictions : un comportement compulsif, une accoutumance (se traduisant par une
augmentation des doses pour un effet similaire, soit par un effet nettement diminué si es doses
sont maintenues à leur état initial), le fait de placer l’objet de l’addiction au centre de son
existence (on parle de centration ou saillance comportementale), une association avec d’autres
dépendances, et enfin des symptômes mentaux et physiques lors des tentatives d’arrêt
assimilés à un syndrome de sevrage.
La question est de savoir comment distinguer entre un usage excessif qui révèle d’une passion
enthousiaste qui enrichie la vie de l’adolescent et un usage pathologique qui l’appauvrie. (S.
Tisseron, 2012)
« Est-ce que le recours, notamment quand il s’avère excessif, aux mondes virtuels, serait lié à
une tentative de maintenir la virtualité du processus adolescent face à la pression de
l’actualisation du devenir adulte et les conflits intenses mobilisés ? » (181-182) L’adolescent
chercherait dans le monde virtuel à élaborer des problématiques qui ne peuvent l’être dans le
réel. « En restant connectés pour mieux retarder le partir, signe d’une dépendance aux objets
internes : c’est ainsi que le virtuel risque de figer la virtualité adolescente. » (p182). (X.
Vlachopolou et F. Houssier, 2013)
Des sujets blessés tentent parfois de trouver refuge dans des sortes de rêveries éveillées qui ne
sont pas à proprement parler des rêveries car elles n’entretiennent aucun rapport avec le
monde concret. Elles ont pour premier but de se soustraire à une réalité vécue comme
menaçante. D. W. Winnicott utilise pour parler de ces productions psychiques le mot de
fantasmatisation que J.-B. Pontalis a proposé de traduire par « rêvasserie ». Il s’agit d’un non
accomplissement. La fantasmatisation fait écran à un traumatisme que non seulement le sujet
n’approche pas à travers son fantasme, mais qu’il fuit même dans une activité mentale
compulsive. Elle satisfait un désir de toute-puissance irréaliste pour faire écran à une réalité
amère que le sujet a renoncé à accueillir dans sa vie psychique, qu’il a renoncé à introjecter.
Quels risques ? Impact sur les activités personnelles, familiales, sociales, éducatives et
professionnelles.
- Quels sont les effets à long terme du harcèlement en ligne pour les harceleurs ?
- Fonctionnement psychologique des harceleurs en lignes ?
- Quel est la traduction psychique chez les jeunes exposés aux contenus
pornographiques ?
Tokunaga R. Following you home from school: A critical review and synthesis of research on
cyberbullying victimization. Computers in Human Behavior. 2010;26(3):277–287.
http://www.mediateur.bornybuzz.fr/2018/06/08/jeux-de-plateau-pour-intervenir-sur-le-
numerique-work-in-progress/
https://www.filsantejeunes.com/
http://www.psyetgeek.com/laddiction-au-smartphone-nest-pas-une-addiction
https://actiward.net/dossiers/addiction-jeux-video-un-psychologue-repond-a-nos-questions