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AUTREMENT?
@ L'Harmattan, 2004
ISBN: 2-7475-6889-X
E~:9782747568890
Séverine Awenengo, Pascale Barthélémy,
Charles Tshimanga
(Eds)
1 La même année, J.-F. Baré publiait dans la revue L 'Homme (nO 143, 1997, p. 265) un
compte rendu critique assez ravageur de l'ouvrage de K. Gardner et D. Lewis,
Anthropology, Development and the Post-Modern Challenge (London, Pluto Press,
1996). Il Y regrette « que les auteurs ajoutent la moindre foi à la pertinence de la
catégorie 'postmodemisme' » dont à son avis la définition « ne veut strictement rien
dire». ..
2 A. Piriou et E. Sibeud (dir.), L'africanisme en questions, Paris, CEA-EHESS,
« Dossiers africains », 1997, 121 p.
« la » plutôt que d'« une» vérité historique, au nom d'une rigueur scientifique
un tantinet académique3. Ce qui faisait problème - et pourquoi ne pas
l'assumer puisque, au sein de ma propre communauté scientifique, c'est
essentiellement à moi que cela fit problème - c'est que les auteurs étaient tous
d'une nationalité occidentale, tandis que les quelques historiens africains
contactés, et non des moindres, s'étaient discrètement récusés. De là à
provoquer, sur un sujet passionnel, une scission involontaire entre savants
« Occidentaux rigoureux et érudits» d'un côté, face à des homologues
« Africains approximatifs démunis de savoir» de l'autre, au risque de ranimer
ce vieux poncif dénoncé ici même par Bogumil Jewsiewicki de « Blancs»
donneurs de leçons contre « Noirs» à éduquer, il y avait un danger qui me
semblait à éviter.
D'où une discussion au sein du laboratoire4, à laquelle participèrent
activement les doctorants du groupe Afrique. Là se détachèrent clairement les
jeunes historiens, docteurs et doctorants, qui estimèrent que le débat était mal
posé, et qui d'emblée formulèrent la question autrement: car peu leur souciait
de voir brandir les vieux poncifs « à la Française» ; ils exprimèrent poliment
mais fermement leur volonté de se démarquer des soucis, en partie d'un autre
âge, de maîtres à la fois respectés mais parfois déphasés, ne serait-ce qu'en
raison de leur histoire longue. Ils entendaient tous ensemble, et quelle que soit
leur origine qui pour eux ne fait plus problème - occidentale, européenne,
africaine ou autr,e - remettre à plat l'ensemble des questions à poser: non plus
celle d'un dialogue, d'un échange nord-sud nécessaire, ce que j'appelais
encore naguère le « regard croisé », dont un des articles souligne ici qu'il reste
encore parfois difficile dans la France d'aujourd'hui, mais celle, fondamentale,
de la construction, ensemble, d'un universel non univoque. Celui-ci est à
construire à partir de toutes les complexités, de tous les regards à la fois
convergents et divergents, de tous ceux qui, pour reprendre à nouveau les
propos de Bogumil Jewsiewicki, sont, partout et comme nous, ni plus ni
moins, à la fois nous et eux. Ils estiment cette ré-invention de l'histoire
africaine désormais non seulement possible, mais immédiatement nécessaire.
Bref, c'est l'histoire qu'ils veulent contribuer à écrire, une histoire critique et
réactive à tous les courants, qui sache, comme le suggère Sophie Dulucq,
« déprovincialiser » 1'historiographie francophone; il s'agit de concevoir
l'histoire africaine « comme les autres» en tenant compte des derniers acquis.
De là est née une rencontre qui a rassemblé, à l'initiative de ce noyau,
d'autres jeunes historiens de l'Afrique venus d'un peu partout, puis cet
ouvrage qui en est à la fois l'écho et un prolongement. Car depuis cette date la
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réflexion n'a cessé de s'enrichir, dans diverses universités francophones, en
France (notamment à Toulouse5 et à l'EHESS) comme au Québec6 et en
Afrique7. Le propos n'est ni anodin ni facile car, comme le constatent
plusieurs communications, d'un côté comme de l'autre les préjugés sont
tenaces et les paresses de réflexion pas toujours évitées, et ce constat demeure
en partie au moins indépendant du savoir accessible aux partenaires. Une él;utre
idée force de cet ouvrage parmi bien d'autres - est la nécessité,
parallèlement à l'histoire d'Afrique, d'une histoire coloniale française
repensée: celle-ci demeure encore souvent embourbée dans la mémoire,
entachée selon les cas de la nostalgie de l'homme blanc, ou au contraire de
celle de l'épopée coloniale et de la grandeur passée de l'Empire; les Français
ne savent encore porter sur la période qu'un jugement moral, alors qu'il s'agit
d'abord de dresser un inventaire et un constat: la culture française est une
culture coloniale, en ce qu'elle est imprégnée depuis plus de deux siècles au
moins de l'histoire de son Empire, qui n'en constitue ni un appendice ni une
parenthèse; I'histoire coloniale fait intrinsèquement partie de I'histoire de
France, elle EST histoire de France, autant que peut l'être l'histoire de ses
grandes banques ou de ses grands écrivains. Ne serait-ce que parce qu'ils
boivent chaque matin du café ou du chocolat et que, depuis 1917, le tirailleur
« sénégalais» de « Y'a bon Banania » a fait partie de leur vie courante; ne
serait-ce que parce qu'ils ont appris à apprécier le riz par celui du Cambodge
ou qu'on ne saurait plus concevoir de fête populaire sans vendeur de chiche-
kebab; ne serait-ce que parce que tant de voyageurs gravissent chaque jour
l'escalier monumental de la gare de Marseille toujours dédié, gravé dans la
pierre, à « nos colonies d'Afrique et d'Asie» ; ne serait-ce que parce que les
immigrés maghrébins et d'Afrique noire comptent aujourd'hui parmi les plus
mal accueillis, les Français jouissent d'une culture métisse, ce qui est le cas de
tous, mais d'un métissage en grande partie colonial, ce qui demeure à la fois
leur richesse et leur gêne. Car être de culture française, ce fut pendant plus
d'un siècle (même si parfois par intermittence) « être colonial et républicain ».
Ni plus ni moins que les historiens africains ont à faire face aux réalités
passées de l'esclavage, ou aux excès de beaucoup de leurs dirigeants depuis
les indépendances, les Français, de la même façon, ont à critiquer sans
8 Terme lancé par V. Mudimbe pour caractériser l'enseignement véhiculé par des
générations de maîtres, d'ouvrages de référence et de manuels issus des métropoles
impériales.
9 Ce type d'étude a été introduit du côté français par I'historien américain H. Lebovics
La Vraie France. Les enjeux de l'identité culturelle, 1900-1945, Paris, Belin, 1995,
237 p. ; le travail est aujourd'hui plus avancé à propos de la guerre d'Algérie (sur
laquelle sont sortis récemment trois thèses et un ouvrage de synthèse novateur franco-
algérien: M. Harbi et B. Stora (dir.), La guerre d'Algérie - 1954-2004, la fin de
l'amnésie, Paris, Robert Laffont, 2004, 728 p.) que de l'Afrique subsaharienne.
Néanmoins, pour celle-ci, il vient d'être abordé par deux publications davantage
« grand public» des Éditions Autrement: P. Blanchard et S. Lemaire (dir.), Culture
coloniale. 1. La France conquise par son Empire, 1871-1931, Paris, Autrement, série
Mémoires, 2003, 252 p. et 2. Culture impériale (1931-1961), Paris, Autrement, série
Mémoires, 2004, 276 p.
8
anciens ou moins jeunes, tant ses membres sont convaincus que tous les inter-
échanges sont bons, y compris entre les diverses générations: preuve aussi s'il
en fallait, que l'accord sur l'objectif scientifique commun est aujourd'hui
transgénérationnel ! Je les remercie d'abord pour le dynamisme de leurs
innovations, pour l'intérêt et la qualité de leurs contributions, et à titre
personnel pour la confiance qu'ils ont manifestée en me proposant de préfacer
leur ouvrage. Je souhaite au lecteur de tirer de cette lecture autant de
satisfaction que j'en ai ressentie à enrichir ma réflexion à leur contact.
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Introduction 1
17 M. Michel considère, lui, que le problème ne se situe pas dans une historiographie
française qui ne se serait pas « décolonisée» mais dans le fait que la « fabrication de
l'histoire africaine risque toujours d'échapper aux Africains », qu'elle risque de se
faire en Europe et surtout aux États-Unis. Art. cit., p. 92.
18 Cf notamment M.-A. de Suremain, L'Afrique en revues: le discours africaniste
français, des sciences coloniales aux sciences sociales (anthropologie, ethnologie,
géographie humaine et sociologie) (1914-1964), thèse de doctorat d'histoire,
Université Paris 7, 2001 ; E. Sibeud, Une science impériale pour l'Afrique? La
construction des savoirs africanistes en France (1878-1930), Paris, EHESS, 2002,
357 p. ; A. Piriou et E. Sibeud (dir.), op. cit. ; S. Dulucq et C. Zytnicki (dir.), op. cit.
19 À ce titre, un pas a peut-être été franchi avec la mise en place à l'EHESS du
séminaire « Généalogie des Africanismes» qui, après s'être intéressé aux institutions
scientifiques de la période coloniale, a consacré ses travaux à « la sociologie des
acteurs et des pratiques de recherche après les indépendances».
20 E. Wamba-dia-Wamba, « L'autodétermination des peuples et le statut de
l'histoire », Politique Africaine, n° 46, juin 1992, p. 13. Ce texte est un extrait d'une
communication présentée en 1984 à une table-ronde sur l'élaboration de I'histoire en
Tanzanie qui s'intitulait « Histoire du néo-colonialisme ou histoire néo-coloniale ?
L'autodétermination et l'histoire en Afrique ».
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deux continents21 - dans lequel le pouvoir politique a aussi son rôle à jouer -
présente l'avantage de permettre aux historiens africains de travailler et de
diffuser leurs travaux mais rend aussi possible le fait qu'un historien africain
ne travaille pas forcément sur l'Afrique, sur son pays, sur sa propre région
d'origine.
L'objet de cette table ronde était aussi, en écho à une certaine
« ghettoïsation » des historiens africains, de prendre la mesure de la
marginalisation de l'histoire de l'Afrique au sein de la discipline historique
dans son ensemble22. Le constat est ainsi assez largement partagé du relatif
isolement des recherches francophones sur l'Afrique, aussi bien à l'égard des
travaux menés dans le reste du monde (notamment aux États-Unis, en Grande-
Bretagne mais aussi en Inde), qu'à l'égard des courants de l'historiographie
française23. Une meilleure intégration supposerait une circulation des savoirs
entre les différents lieux de production et une acclimatation réciproque des
concepts et des méthodes aux sociétés étudiées24. La diffusion des
connaissances scientifiques sur l'Afrique au-delà du seul champ des
spécialistes de la discipline comme l'adaptation des méthodes d'analyse
expérimentées ailleurs à l'histoire des sociétés africaines, ne pourraient
qu'enrichir mutuellement les travaux. L'organisation des « Rendez-vous de
l'histoire de Blois» sur le thème de l'Afrique à l'automne 2003 a contribué à
montrer l'intérêt du grand public pour une histoire qui, comme le rappelait
Michelle Perrot dans son allocution d'ouverture, est à la fois proche et
méconnue25.
21 Voir à ce sujet le constat amer de Ch. D. Gondola concernant la place réservée aux
étudiants africains en France, art. cil.
22 C. Coquery- Vidrovitch, « Plaidoyer pour I'histoire du monde », Vingtième siècle,
revue d'histoire, n° 61, 1999, p. 111-125
23 Nous remercions ici Gérard Noiriel d'avoir accepté de contribuer à la réflexion dans
une postface à ce volume.
24 F. Bernault, art. cit. C. Coquery- Vidrovitch a de son côté souligné à plusieurs
reprises l'apport des travaux portant sur la France ou sur d'autres régions du monde
pour ses propres recherches sur l'Afrique, Politique africaine, n° 66, juin 1997, p. 91.
25 L'article de J.-P. Chrétien, J. Frémigacci, J. Gahama et S. Thénault,
« L'anticolonialisme (cinquante ans après). Autour du Livre noir du colonialisme »,
Afrique et Histoire, n° 1, septembre 2003, pose le problème du rapport entre demande
sociale, projet éditorial et rigueur scientifique à partir de la publication sous la
direction de M. Ferro du Livre Noir du Colonialisme. xvt-xx! siècle: de
l'extermination à la repentance, Paris, Laffont, 2003, 843 p.
16
Ces débats et pistes de réflexion prolongent la démarche de
déconstruction de l'histoire de l'Afrique et traversent l'ensemble des travaux
rassemblés dans cet ouvrage organisé en trois parties26.
Les textes rassemblés dans la première partie (Relectures) montrent
l'importance du moment colonial tout en réfléchissant sur d'autres
perspectives d'écriture de 1'histoire africaine.
À partir de l'analyse de la traite et de la résistance à la colonisation,
Pierre Boilley et Ibrahima Thioub s'interrogent sur la relation entre histoire,
mémoire et politique et montrent comment une partie de l'historiographie
africaine s'est focalisée sur le « paradigme victimaire ». Ils plaident pour une
analyse critique, « déchromatisée », qui, en rétablissant la complexité du
processus historique, devient une arme beaucoup plus efficace que l'histoire
- mémoire recomposée.
Armelle Cressent examine les conditions d'une prise de parole des
intellectuels africains et la place accordée à cette parole dans le champ
africaniste français à partir des figures et des écrits de romanciers et
d'historiens comme Aimé Césaire, Mongo Beti ou Achille Mbembe. Elle
suggère ainsi de sortir de ce qu'elle appelle « l'ordre qui régente l'histoire
africaniste» afin d'instaurer un réel dialogue scientifique avec les historiens
africains.
La contribution d'Emmanuelle Sibeud et de Marie-Albane de
Suremain propose une réflexion sur les résistances françaises à « l'histoire
coloniale» telle qu'elle fut définie dans les travaux publiés sous la direction de
Frederick Cooper et Ann L. Stoler27. Loin des oppositions entre condamnation
morale et apologie de la colonisation et de l'analyse réductrice en termes de
résistance et collaboration, les auteurs soulignent la nécessité de faire une
histoire sociale et culturelle des « groupes et des réseaux qui constituent le
tissu social particulier des sociétés coloniales» et plaident pour une histoire
entrelacée qui participe de la compréhension des processus impérialistes
comme fondement de la modernité.
18
Sophie Dulucq analyse les raisons de la frilosité de la majorité des
chercheurs francophones vis-à-vis des théories post-modernes et post-
coloniales, produites d'abord en Inde dans le cadre des Subaltern Studies. Elle
souligne les apports de ces théories en terme de redéfmition des relations entre
monde occidental et non-occidental et revient sur le projet de « provincialiser
l'Europe ». Dépassant le cadre théorique, elle évalue la façon dont ces
courants ont trouvé une traduction institutionnelle par le recrutement de
chercheurs venus du Sud dans les universités américaines et montre l'intérêt
qu'il peut y avoir, pour les spécialistes de l'Afrique, à réfléchir sur leurs
propres pratiques à l'aune de ces débats dont elle mentionne également les
limites.
Bogumil Jewsiewicky consacre sa réflexion à l'analyse du rapport
entre Soi et l'Autre, à la notion de distance qui se trouve au cœur du travail de
l'historien et plus largement du chercheur en sciences sociales. Il identifie une
première période au cours de laquelle « que ce soit dans l'espace ou dans le
temps, l'ethnologue, l'historien viennent d'ailleurs et y repartiront afin de
construire dans un autre espace-temps le savoir pour eux-mêmes », période
durant laquelle les différentes disciplines « s'acharnaient à chercher le soi de
jadis dans l'autre d'ailleurs ». Il se prononce pour un retour de l'objet au
centre de la démarche scientifique et donc pour un pluralisme disciplinaire
mais aussi épistémologique.
Jean-Hervé Jezequel montre la fécondité de l'utilisation des pratiques
employées par l'histoire sociale européenne (constructivisme et micro-
histoire) pour étudier les sociétés africaines. Il propose des pistes pour une
acclimatation des concepts et méthodes d'analyse en rappelant la richesse des
travaux des historiens anglophones qui ont, depuis longtemps, intégré ce genre
de démarche.
24
et les contours dans les traditions religieuses juives, chrétiennes et
musulmanes. Sans adopter une posture militante qui contribuerait
éventuellement à ruiner sa démarche, il les déconstruit par l'analyse de leur
élaboration historique. Il montre que c'est au Moyen-Âge que la malédiction
de Cham se transforme dans les esprits en déchéance de la « race» noire, mais
que cette vision négative est reprise et ne trouve sa justification qu'au moment
où les découvertes géographiques des Européens permettent le début de la
traite esclavagiste. Ainsi, « dans sa chronique, Gomes Eannes de Zurara
surmonte sa stupéfaction de voir en 1444 l'antique coutume de l'esclavage des
Noirs répandue aussi parmi les Maures blancs en se référant à la malédiction
de Noé lancée sur Cham, en vertu de laquelle « la race noire devait être
soumise à toutes les races du monde ». Les Noirs vivent sans foi et dans une
« bestiale oisiveté» que seulement la foi chrétienne et une existence civilisée
peuvent pour autant hausser à un niveau supérieur à de nombreux chrétiens. La
bonne conscience sert à oublier « la dureté de cœur» à l'égard de l'esclavage
des Noirs »3.
Plus tard, cette vision négative sert de nouveau de justification à la
domination sur l'Afrique, dans le contexte des colonisations en cours: « les
négriers de l'époque moderne, et leurs défenseurs, afin de répondre aux raisons
humanitaires des abolitionnistes, trouvent dans la religion, comme dit le
catholique H. Wallon, « les titres de reconnaissance de l'esclavage ». Ils
reprennent cette thèse en l'améliorant: puisque le patriarche Noé, comme
l'affirme Saint Augustin, a établi en tant que dépositaire de la volonté divine
l'asservissement d'une race - la noire par définition courante - aux Blancs, les
maîtres ont l'obligation de la guider dans ce « passage inévitable» de la
barbarie à la « vie policée ». La colonisation et sa justification morale sont de
cette façon clairement annoncées »4.
Inversement, entretenir la confusion des genres, en assimilant tout
individu noir à un Africain, ou à un Africain en puissance, n'éclaire pas le
débat. En ce sens, la notion d'Afro-Américain adoptée aux USA ne simplifie
pas la réflexion. Il est vrai que dans le même temps, les « Blancs» y sont
dénommés « caucasiens» rappelant les pires moments des idéologies
totalitaires nazies, ce qui ne semble guère d'ailleurs émouvoir outre mesure les
Américains! Dans ce contexte, le racisme d'Etat qui a sévi contre les Noirs
Américains juste sortis de l'esclavage, et qui commence à peine à s'estomper
après la somme toute très récente lutte pour les droits civiques, a largement
contribué à vicier pour longtemps les débats. Néanmoins, une interrogation
légitime, et qui pouvait paraître pourtant provocatrice, a été exprimée à
25