Explorer les Livres électroniques
Catégories
Explorer les Livres audio
Catégories
Explorer les Magazines
Catégories
Explorer les Documents
Catégories
Responsabilité sociétale
D é velo ppe men t dur abl e
Resp on sa bi l i t é s o c i al e
Environnement
Sécurité
Qualité
E t hiq ue
Le management de la
sûreté et de la sécurité.
ISSN 0767-9432
page 6 page 18
SOMMAIRE
4 Edito
Sûreté et sécurité un enjeu de management
6
et une culture d'entreprise.
14 Actualités
Les élèves de l’IEQT en audit sur une activité de
l’ESAT de Creuzier-le-Neuf.
Rencontre avec...
Alliance entre Clarte et l’IRT Jules Verne. Rencontre avec Dominique Ciravegna,
Directeur de la Sûreté et de l’Audit Interne,
Groupe Kiloutou.
Stratégie et Management
15
Le management de la sûreté et de la
sécurité.
29 L’avocat et l’entreprise.
Le terme « risque » a fait une timide apparition dans les entreprises, dans le domaine
de la sécurité et de l’environnement. Mais culturellement, il reste souvent tabou et est
très peu employé pour évaluer la situation socio-économique de l’entreprise. Il est vrai
que la culture sécuritaire française a la volonté d’éradiquer tous types de risque. La
prise de risque volontaire semble devenir socialement inacceptable.
Dans le même temps les NTIC ont révolutionnées l’accès à l’information. Dans ce
contexte, l’émergence de l’intelligence économique accompagne donc la convergence
des situations nouvelles de guerre économique et d’explosion de l’information devenue
ressource stratégique pour les acteurs publics et privés ; la difficulté n’est plus de l’ob-
tenir mais de la gérer et de la protéger car ce sont ces deux dimensions qui en font un
avantage compétitif et qui font de l’intelligence économique un outil stratégique in-
dispensable.
L’omniprésence des systèmes d’information, qui sont au cœur de toute organisation,
implique la présence de risques qui trouvent leur origine dans le système d’information
ou se matérialisent à travers celui-ci ; ils supportent des activités vitales ainsi que les
fonctions de support indispensables à la performance. Ils sont à l’origine de risques
spécifiques ou contribuent à la manifestation de risques susceptibles d’affecter le fonc-
tionnement et les résultats de l’organisation. La maîtrise de ces risques est un élément
essentiel pour la bonne gouvernance des entreprises et leur performance. Ainsi, la gou-
vernance des risques liés aux systèmes d’information est un enjeu majeur pour toutes
les entreprises quelles que soient leurs activités ou leur taille.
A tout cela, s’ajoute le fait que toutes les entreprises sont confrontées à des risques réels
de déstabilisation : attaques au niveau des fournisseurs, fuites de cerveaux, fausses in-
formations, offres d’emploi fictives, tentatives d’intrusions dans le système d’informa-
tion...
Internet a multiplié les risques d’opérations malveillantes. Le processus d’intelligence
économique doit donc permettre à l’entreprise de veiller à la sécurité de son système
d’information sur lequel pèse des menaces tant accidentelles, catastrophes naturelles,
erreurs humaines..., qu’intentionnelles, espionnage, intrusions, sabotages...
Qualitique
D. Ciravegna
D. Ciravegna Qualitique
Nous sommes 3500 collaborateurs. On com- Est-ce le même service qui gère la prise en
mence donc à être une belle ETI (Entreprise de compte des risques liés aux réseaux sociaux de
taille intermédiaire). Pour autant, je pense que l’entreprise ?
la plupart des collaborateurs Kiloutou refusent
le vol. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de fraudeurs D. Ciravegna
chez nous, il y en a forcément. Mais pas plus
qu’ailleurs et même certainement moins. Il y a
un réel sentiment d’appartenance à l’entreprise, Effectivement, c’est ce service qui gère aussi ces
une véritable culture d’entreprise, c’est ce qui risques. Il s’informe de ce qui se dit sur les ré-
nous permet de gérer plus facilement de nom- seaux sociaux. La démocratisation des réseaux
breux problèmes. sociaux et le déploiement du web 2.0 ont vu naî-
tre ce que l’on appelle aujourd’hui, le commu-
nity management. Il s’agit d’une démarche qui
Qualitique consiste à surveiller, influencer, contrôler et dé-
fendre la réputation d’une marque ou d’une so-
Hormis l’implication du personnel, la straté- ciété sur Internet ou autres canaux ou médias à
gie de sécurité économique passe par quoi ? dimension communautaire. La fonction de
community management comprend une part
de veille et d’analyse et une part plus active qui
D. Ciravegna consiste à communiquer par la prise de parole
ou par des réponses aux critiques ou louanges
Cela passe aussi par la formation. Mais pour formulés à l’égard de la marque ou plus simple-
faire vivre des procédures ou des stratégies il ment pour répondre à un client mécontent…
est également nécessaire de les suivre et de les
contrôler. Je dirai donc que cela passe aussi par Qualitique
le contrôle. Celui-ci repose sur des mesures qui
permettent d’évaluer les progrès réalisés, d’ana-
lyser les écarts par rapport aux prévisions et Quels outils conseillez-vous à une entreprise
d’effectuer si nécessaire des corrections au ni- pour se protéger et gérer sa présence sur le
veau des opérations de base. C'est un processus web aujourd’hui ?
nécessaire pour assurer le bon fonctionnement
de la stratégie ou de l’organisation mise en D. Ciravegna
place. De plus, la mise en oeuvre d’un système
de management de la sécurité nécessite bien
évidemment de respecter les procédures et re- Dans un premier temps, il est impératif de met-
quiert de la pédagogie ainsi qu’une démarche tre un système de veille en place. Pour cela, il
participative et collaborative. convient d'être très au fait des canaux possibles
Il s’agit donc aussi d’une méthodologie de ges- d'information afin de les surveiller ou de savoir
tion de la performance de la sécurité au travail les utiliser les uns par rapport aux autres. De
basée sur des politiques de prévention, des pro- nombreux outils accessibles à tous et gratuits
cédures, des plans d’action, impliquant chaque pour la plupart existent. Il faut définir l'aire de
niveau de responsabilité. veille, soit le sujet ou le thème à surveiller et
Notons simplement que le non-respect des pro- sous quel angle le surveiller. Les principales
cédures peut mettre en danger un collaborateur, étapes de la mise en place d'un processus de
le matériel et l’entreprise elle-même. C’est pour veille sont d'abord la détermination des objec-
cela que nous avons mis en place des grilles de tifs de la veille à mettre en place, puis la mise
lecture qui permettent d’auditer, par exemple, en place du dispositif proprement dit. Si ce tra-
si les procédures de location de matériel sont vail préalable est mal défini, l’entreprise va se
bien appliquées, ou encore pour l’utilisation des retrouver face à une multitude de données et ne
Qualitique D. Ciravegna
Vous êtes également Vice-Président de l’Asso- Ah la Méditerranée, berceau de la civilisation...
ciation de Criminologie du Bassin Méditerra-
néen (ACBM). Pouvez-vous nous présenter Il y a beaucoup de choses à dire sur ce sujet.
cette association nouvellement créée il y a Que l’on parle de terrorisme en Syrie, en Irak,
moins d’un an ? Quels en sont ses objectifs ? en Egypte, et récemment en France ou en Tuni-
sie… ou encore, certains crimes de l’autre côté
D. Ciravegna de l’Atlantique, aux Etats-Unis ou au Canada,
sous couvert de pseudos-religions ou
croyances, on s’aperçoit souvent que ces pays
C’est une association récente basée dans le sud sont au cœur même de la Méditerranée. C’est
de la France. Elle rassemble des hommes et des aussi le cœur des trois plus grandes religions
femmes de cultures différentes avec un objectif monothéistes qui s’y retrouvent, l’accès très
commun celui de promouvoir, exprimer et dif- convoité aux mers chaudes…
fuser les connaissances de toutes les disciplines
liées à la criminologie en lien avec le bassin mé- Nous souhaitons également parler de la Médi-
diterranéen. terranée, celle-ci n’est d’ailleurs pas un secteur
Trop souvent, la méconnaissance de ces diffé- plus risqué qu’ailleurs, car simplement nous
rentes disciplines génèrent au mieux de l’igno- sommes profondément méditerranéen et heu-
rance au pire de la défiance. reux de l’être.
Souvent on a tendance à limiter la criminologie La Méditerranée, ce n’est pas que des personnes
au tueur en série ou aux crimes de sang. qui viennent s’échouer sur nos plages de façon
La criminologie est avant tout pluridiscipli- illégale ou des espaces de conflits ou d’actes cri-
naire; elle demande de la psychologie, de la so- minels. La Méditerranée, c’est bien plus que
ciologie, de l’économie, des connaissances en cela. Elle a autre chose à montrer et à raconter
droit, en législation. Pour une entreprise, s’in- de bien plus humain et merveilleux.
téresser à la criminologie est très enrichissant et
très pertinent.
C’est pourquoi nous avons eu l’idée d’organiser Qualitique
un colloque qui est le SECEM «Sécurité Econo-
mique et Compétitivité des Entreprises en Mé-
diterranée». A travers cette dimension méditerranéenne,
Une entreprise possède une image interne et ex- allez-vous parler de géopolitique ?
terne. Une entreprise est une unité économique,
juridiquement autonome dont la fonction prin-
cipale est de produire des biens ou des services D. Ciravegna
pour le marché. La part économique est impor-
tante. D’un autre coté, l’image qu’elle dégage va Bien évidemment. Pour moi, la géopolitique est
avoir un impact psychologique et sociologique au cœur même de la criminologie. Comment
non seulement sur son environnement proche pouvons-nous parler, ne serait-ce que de mafia,
mais aussi sur son environnement intérieur. si on ne parle pas de géopolitique ?
Elle peut aussi susciter des convoitises… Sans faire un cours sur la mafia italienne, com-
La criminologie va pouvoir anticiper certaines ment expliquer le pouvoir de la mafia en Sicile
typologies de risque. C’est la « culture de l’an- sans évoquer sa genèse ; la géopolitique permet
ticipation ». de connecter des faits apparemment isolés, de
C’est en cela que la criminologie est très intéres- les interpréter de manière rationnelle afin d’ob-
sante pour l’entreprise. tenir un cadre organique entre la politique, le
monde de l’entreprise et les associations crimi-
nelles…
Qualitique
Il faut savoir que la Sicile est la plus grosse île
de la Méditerranée. Creuset de la civilisation,
Et pourquoi la Méditerranée ? les dominations successives, au-delà de certains
aspects négatifs, ont laissé de riches héritages.
Le management de la sûreté et
de la sécurité.
Sécurité, sûreté et intelligence économique. Page 15
Sécurité, sûreté et intelligence économique.
Page 18
Pour faire face à la multiplication des risques et des malveil- L’entreprise face aux risques.
lances, les entreprises doivent désormais mettre en place une Page 29
véritable culture de sécurité/sûreté et d'intelligence écono- L’avocat et l’entreprise.
mique. Dans un monde politiquement instable, idéologique- Page 34
ment déboussolé et économiquement fragilisé, l’entreprise est Sensibiliser les TPE et les PME à la sécurité
devenue la cible de toutes les convoitises. Elle doit affronter, économique.
au quotidien, de nouvelles menaces, voire de nouveaux risques Page 37
susceptibles d’affecter son activité ou son développement. La La protection des personnes et des biens.
problématique de la sécurité des entreprises n’est pourtant pas Page 42
une préoccupation nouvelle pour les dirigeants de société. Mais L’intelligence économique au cœur de
elle est aujourd’hui indéniablement liée à la notion d’intelli- l’accompagnement des start-up innovantes.
gence économique, principalement autour de deux axes prin- Page 46
cipaux que sont la protection des personnes et la protection de La sécurité et la sûreté dans un métier à risques.
l’information où toute atteinte est de nature à impacter très Page 50
fortement l’activité des entreprises. Une collaboration exemplaire santé-sûreté.
Il s'agit donc à la fois d'identifier les besoins de sécurité/sûreté Page 53
et d'évaluer les menaces internes et externes, puis de développer Au cœur de la sécurité numérique…
des politiques, des plans, des procédures et des protections phy- Page 57
siques afin de pouvoir maîtriser ces menaces. Gestion des risques : un système de management de la
sûreté.
Page 62
L’entrepreneur, au cœur de la société.
Selon une enquête réalisée par le Club des Directeurs de adaptés et une attention mesurée peuvent contribuer à
Sécurité d'Entreprises (CDSE) sur les enjeux des direc- prévenir la plupart des atteintes à leur intégrité ou à celle
teurs de sécurité d'entreprise, la sécurité des salariés à de leurs proches.
l'étranger reste la principale préoccupation dans les
grands groupes (63% des DSE interrogés). En effet, la La mise en œuvre de l'intelligence économique, tant par
montée du terrorisme depuis les événements du 11 sep- les acteurs publics que par les entreprises et établissements
tembre 2001, l'instabilité politique grandissante de cer- de recherche, s'inscrit dans un contexte précis : celui de la
taines régions du globe, les obligations juridiques mondialisation et de l'interconnexion des économies. Face
découlant de la jurisprudence de 2004 dite « karachi » à ces nouveaux défis, toute entité économique doit désor-
sont autant d'explications. mais intégrer l’intelligence économique afin de compren-
dre, analyser et anticiper ces mutations et de protéger sa
Aujourd’hui, les entreprises ont bien compris que leur compétitivité et ses savoir-faire.
avenir était lié à de nouveaux objectifs éthiques qu’une
saine gestion des risques permet d’atteindre, ce qui les a Les entreprises occidentales, présentes sur les grands
conduit à une approche préventive des risques qui se tra- marchés internationaux, sont aujourd’hui soumises à des
duit en axes réalistes et mesurables. Elle s’applique à l’en- contraintes législatives et réglementaires croissantes et à
semble des activités et notamment à la conduite des un véritable « tsunami » de normes et de standards. Les
projets de réalisation ou de recherche. parties prenantes sont de plus en plus exigeantes et leurs
demandes sont grandissantes.
L’entreprise, en tant qu’activité humaine ne peut échap-
per à des questionnements d’ordre éthique, non seulement Dans ces grands marchés internationaux, si la confor-
parce que la vie de l’entreprise est collective, mais parce mité et l’intégrité sont respectées avec rigueur par les en-
que nos interrogations sur la finalité de nos actions et les treprises occidentales, certains concurrents ne sont pas
moyens d’agir y sont d’emblée présents. La conduite res- soumis à ces mêmes obligations ou parviennent à s’en af-
ponsable de l’entreprise est une impérieuse obligation. La franchir, bénéficiant ainsi d’un avantage compétitif évi-
gouvernance du risque est bien une réalité. Elle est basée dent. Les entreprises « responsables » doivent donc
sur le professionnalisme, la réactivité et la transparence. impérativement accroître leur leadership sur les marchés
Le rôle du management est fondamental pour le dé- export pour y maintenir leur présence. A cette fin, elles
ploiement, en simplifiant ce qui est complexe afin de le doivent développer et améliorer leur expertise afin de
rendre accessible aux opérationnels tout en soutenant le gérer et maîtriser leur environnement et approfondir
« terrain ». La chaîne opérationnelle doit s’impliquer en ainsi leur compréhension des attentes de leurs clients et
permanence et concrètement dans l’exécution et l’amélio- des stratégies de leurs concurrents.
ration de la sûreté et de la sécurité. Le risque est l’affaire Plus encore, confrontés aux ruptures majeures du monde
de tous. L’enjeu est donc bien de développer une culture des affaires et contraints de maintenir une compétitivité
du risque, un langage commun, et des façons de penser gravement menacée, les industriels doivent dorénavant
partageables quels que soient les métiers et les forma- passer d’une intelligence économique à une intelligence
tions… stratégique. Il ne s’agit plus seulement de recueillir des
Cette culture s’acquiert par imprégnation, par des atti- informations ou de protéger les données sensibles, mais
tudes acquises au cours du temps, par la communication de développer une agilité, des approches innovantes et de
et les relations quotidiennes entre les personnes. Il est tou- nouvelles compétences en matière d’influence et de gestion
jours étonnant et dommage de constater qu’en matière de de l’environnement international.
sécurité des personnels, bons nombres de dirigeants d’en- Par ailleurs, les entreprises sont soumises à de multiples
treprise, de collaborateurs et de « missionnaires » en dé- standards, normes ou règles de conduite, en bref des
placement à l’étranger se considèrent avant tout comme « soft laws » émanant d’organisations internationales
des « consommateurs » de sécurité. Il convient dès lors et non-gouvernementales ou même de l’opinion publique,
de leur rappeler qu’ils sont eux- mêmes leurs premiers qui se développent de façon exponentielle et qui condi-
« gardes du corps », et que quelques comportements tionnent profondément leur gouvernance. Les acteurs éco-
16 Qualitique n°260 - Avril 2015 - www.qualitique.com
DOSSIER
L
a prise de risque est inhérente à toute activité humaine. Certains risques, endogènes, sont
dans la nature même du business : développer un nouveau produit, choisir une stratégie de
prix, s'engager avec un partenaire. D'autres sont exogènes et ne sont que facteurs de per-
turbation pour le bon déroulement des affaires : panne d'un équipement, mauvaises conditions
météo, incendie, acte terroriste, cybercriminalité, etc. La gestion du risque s’attache à identifier les
risques c’est-à-dire les pertes potentielles et quantifiables, inhérentes à une situation ou une acti-
vité, associées à l’occurrence d’un événement. Avec la multiplication des risques et des malveil-
lances, les entreprises doivent désormais mettre en place une véritable culture de sécurité/sûreté et
d'intelligence économique.
une cohérence globale avec les autres dé- rection des ressources humaines et ou finan-
marches de management. cière et si nécessaire des acteurs extérieurs
Le service sûreté d’une entreprise participe à comme la médecine du travail, la Caisse Ré-
l’amélioration et au maintien de l'image de gionale d'Assurance Maladie (CRAM) ; les
l'entreprise. A contrario, cela peut entrainer forces de l’ordre dont la Police et la Gendar-
des effets indésirables si ce n’est pas fait dans merie Nationale etc. Communiquer régulière-
le respect de certaines valeurs et de la culture ment et savoir motiver le personnel. Renforcer
congruente à celle de l’entreprise : standardi- les formations. Accepter la transparence.
sation excessive des modes de gestion, rup- Choisir des indicateurs pertinents. Savoir réa-
ture du dialogue social, conformité́ à un gir aux dérives. Evaluer régulièrement la dé-
système sans réel progrès, contrôle excessif marche. Reconnaitre la contribution de
des comportements. chacun.
Le service sûreté va assurer la prévention et la
protection des salariés des entreprises, favori- LA PROTECTION DES
ser et pérenniser les bonnes pratiques, amélio- COLLABORATEURS DE L’ENTREPRISE
rer la motivation et sensibiliser le personnel À L’INTERNATIONAL.
sur le respect des procédures de travail et don-
ner un moyen de contrôle de la gestion en Accélérer son arrivée sur le marché internatio-
place. nal est l’ambition de toute entreprise au-
Pour cela, le service sûreté va devoir se don- jourd’hui. L’internationalisation d’une société
ner des objectifs accessibles et mesurables. est synonyme de prospérité, de développe-
C’est au travers de ce que l’on appelle un Sys- ment, de compétitivité.
tème de Management de la Sureté (SMS) que Mais le paysage international si attrayant soit-
cela va se traduire. En voici les quelques il, ne présente pas que des opportunités pour
points essentiels : une entreprise. S’y implanter ou y faire du bu-
Réussir son évaluation initiale des risques. As- siness, c’est aussi la prise en compte de
surer une veille règlementaire en permanence. risques. En effet, le champ des risques s’élargit
Trouver une synergie suffisante avec les au- à l’international.
tres domaines du management. Adopter une Crash aériens, crises, épidémies, risques d’at-
démarche projet et la piloter. Interagir avec tentats, émergence de réseaux djihadistes…
l’actualité est riche d’événe-
ments qui peuvent être ris-
qués pour les collaborateurs
de l’entreprise à l’internatio-
nal. C’est aussi la prise en
compte d’une Culture diffé-
rente avec son lot de mer-
veilles et de dangers. C’est
une culture nouvelle qui ac-
cueille l’entreprise et ses sala-
riés et pour laquelle ils sont
étrangers, avec tout ce que
cela implique.
Selon le baromètre du Club
des Directeurs de Sécurité Des
Entreprises (CDSE), « 74 %
d’autres acteurs internes tels que la direction des dirigeants interrogés considèrent l’insécu-
générale, les partenaires sociaux, les action- rité à l’international comme une menace. »
naires, le CHSCT, le médecin du travail, la di- Néanmoins, voir l’actualité internationale
comme une menace serait une erreur. Inévita- tégé et en sécurité dans son environnement
blement, une entreprise sera susceptible de professionnel tout comme l’entreprise a be-
connaître des crises qu’elles soient mineures soin de savoir ses collaborateurs en sûreté
ou majeures à l’international. dans l’exercice de leur activité.
C’est pourquoi, la politique de sûreté doit être
à la hauteur des défis actuels. Elle doit être en LA PROTECTION DU PATRIMOINE DE
perpétuel mouvement pour savoir s’adapter à L’ENTREPRISE.
chaque événement.
La protection des collaborateurs de l’entre- Avant toute chose, il est nécessaire de bien
prise est donc un enjeu majeur pour les diri- faire le distinguo entre patrimoine formel et
geants. informel de l’entreprise. Le patrimoine formel
C’est le devoir de tout directeur de sûreté de regroupe les informations, connaissances, sa-
veiller à ce que ses collaborateurs, ses salariés voir-faire emmagasinés et stockés sur des sup-
en déplacement ou ses expatriés et leurs fa- ports papiers ou numériques. A l’inverse le
milles soient en sûreté. patrimoine informel, c’est toutes les informa-
Il peut y avoir, comme nous l’avons vu, tout tions détenues par les membres de l’entre-
type de risque. Les identifier est donc indis- prise.
pensable avant d’y envoyer son personnel Il est donc d’une importance, presque irréfu-
comme il est nécessaire de reconnaitre un ter- table, de les protéger pour éviter tout vol, fuite
rain avant d’y aller. C’est cette identification ou perte d’information à caractère sensible,
des risques établie qui permettra par la suite stratégique et confidentiel.
de mettre en place des procédures de sûreté « 52 % des grandes entreprises pensent que le
adaptées au pays et à la situation sur place. manque d’attention et de vigilance de leurs sa-
Si on fait face à un risque sanitaire, le système lariés constitue une menace sérieuse pour la
de sûreté ne va pas s’organiser de la même sécurité de leurs données sensibles » selon une
façon que dans le cadre d’un risque de catas- enquête de la société informatique Kapersky,
trophe naturelle par exemple. réalisée en juin 2013.
Tout est une question de la typologie du La protection des données informelles de l’en-
risque que l’on a en face de soi et de la situa- treprise passe avant tout par la sensibilisation
tion du pays dans lequel on se trouve. des salariés à ces risques.
Protéger ses collaborateurs passe par la sécu- Cela passe souvent par des solutions de pré-
risation de leurs déplacements quel qu’ils vention simples auxquelles les salariés ne pen-
soient, de leur lieu de travail, de leur lieu de sent pas souvent par naïveté ou par simple
résidence. Mais cela passe aussi par une poli- omission.
tique de santé complète et rigoureuse. Faire attention à la nature de ces propos dans
Une bonne politique de sûreté se doit d’ac-
compagner tout salarié dans cette internatio-
nalisation et de l’y envoyer de manière
efficace, protégée et organisée.
La direction de la sûreté a en permanence
l’opportunité de joindre ses collaborateurs où
qu’ils se trouvent. Cela permet en cas de crise
majeur ou d’événement imprévu de s’assurer
qu’ils vont bien et de voir s’ils ont un éventuel
besoin.
Cela rassure l’entreprise, le collaborateur et sa
famille qui se sentent suivis, peu importe les
événements.
Il en va de l’intérêt du salarié de se sentir pro-
les transports en commun ou dans les lieux nataire. Combien de personnes sont présentes
publics par exemple. Pour cela, il est possible en embuscade dans des endroits publics tels
de mettre des filtres de confidentialité sur les que les aéroports, les gares ou les hôtels pour
téléphones, ordinateurs et tablettes profes- acquérir les informations qu’on veut bien,
sionnels des salariés. Ne pas évoquer des in- presque délibérément, leur donner…
formations sensibles, stratégiques ou pas Dans le contexte hyperconcurrentiel qui est le
encore officielles devant des collègues de tra- nôtre aujourd’hui, mettre en sûreté les don-
vail ou des « connaissances du milieu ». Les nées de l’entreprise apparait comme une évi-
réseaux wifi sont des nids privilégiés par les dence de préservation et de protection.
personnes malveillantes pour voler des infor- C’est là tout le rôle des Directions des Sys-
mations. C’est pourquoi, lors de déplace- tèmes d’Information (DSI) des entreprises de
ments, les ordinateurs doivent être vierges de sécuriser les données de l’entreprise.
toutes informations confidentielles et éviter Cela passe par des outils plus ou moins com-
d’être connecté à des réseaux wifi non proté- plexes, utilisés de plus en plus en entreprise
gés. Il en va de même pour les clés usb. Il faut aujourd’hui, notamment dans le cadre de la
n’utiliser que celles protégées et répertoriées lutte contre la cybercriminalité et tous les
par l’entreprise. risques qui en découlent. Mise en place de
C’est tout l’intérêt de ne pas devenir para- mots de passe sophistiqués sur les ordina-
noïaque mais d’être méfiant et de contrôler ces teurs, sécurisation des réseaux par l’installa-
propos en fonction de la situation et du desti- tion d’antivirus et de pare-feu, utilisation de
la cryptographie lors des communications té-
léphoniques…Tous ces outils ont pour seul et
même but de se protéger d’attaques externes
en augmentant la difficulté pour l’agresseur.
Néanmoins, la malveillance ne vient pas for-
cément toujours de l’extérieur. Un salarié peut
aussi vouloir voler à l’entreprise ses contacts
clients, ses secrets de fabrication etc. C’est
aussi souvent une erreur humaine. En effet,
entre le clavier et l’ordinateur, il y a bien un
homme. Lors d’un cas de phishing, par exem-
ple, c’est le salarié qui accepte d’ouvrir le fi-
chier douteux et malveillant. Faire confiance
à ses collaborateurs est un impératif de bon
fonctionnement interne. L’un n’empêchant
pas l’autre, un système de contrôle dit péda-
gogique peut être mis en place afin de veiller
au respect et à l’intégrité du salarié.
LA GESTION DE CRISE.
dans l’urgence et sous un stress permanent. légitimes d’inquiétude... On est entré dans la
Des conditions favorables donc aux erreurs de phase aiguë de la crise, celle où communiquer
décision et de communication ; erreurs qui avec récurrence et honnêteté est devenu né-
s’avèrent bien souvent irréparables pour l’en- cessaire ; mais cela devient en plus un exercice
treprise. de haute voltige.
En amont, il faut surveiller et anticiper les si- Venir sur les lieux est une chose primordiale.
tuations de crise ce qui suppose la mise en C’est le principal reproche fait aux managers
place d’un système de veille pertinent. et chefs d’entreprise. Souvent on voit dans des
Il va tout d’abord falloir surveiller les médias cas de crise, les dirigeants se clôturer dans une
grand public mais, c’est aussi guetter sur In- sorte de tour d’ivoire.
ternet toutes les informations relatives aux Une crise peut aussi parfois être virulente et
métiers de l’entreprise, les expertises, les entrainer des comportements violents.
branches d’activité et surveiller également de Lors d’une agression dans les médias comme
près ou de loin tout ce qui concerne les c’est souvent le cas, il faut choisir le bon canal
concurrents. de communication par rapport aux destina-
De plus, le pouvoir
est aujourd’hui entre
les mains des associa-
tions de victimes et de
consommateurs. Elles
disposent d’une li-
berté de ton et d’ex-
pression que les
entreprises ne se per-
mettent pas et surtout
elles ont l’écoute at-
tentive des médias à
qui elles racontent des
« histoires » au sens
des choses à écrire.
C’est la technique de
communication très
connue du « Storytel-
ling ».
Enfin, en interne, il est
indispensable dans
toute entreprise
d’écouter les salariés
et leurs familles. Un
mal-être, des doutes, des questionnements qui taires. Tous les outils de communication ne
restent sans réponse et c’est la suspicion qui sont pas bons pour toutes les structures et
s’installe, les rumeurs qui courent. Mettre en dans toutes les situations.
place des modes d’expression des salariés et L’important est de comprendre que la gestion
utiliser ensuite ces informations est essentiel. de crise n’est pas un processus figé. Il évolue
Lorsque la crise démarre, inutile de le nier, et s’adapte à la situation.
beaucoup de professionnels vont tenter une L’état de crise n’est donc pas linéaire... loin de
fuite en avant. Les syndicats posent des ques- là ! Connaître la phase aiguë de la crise avec
tions, les journalistes sont en bas de l’entre- la mobilisation nécessaire de tous les acteurs,
prise, les salariés inquiets donnent des signes c’est la possibilité de comprendre par la suite
beaucoup plus vite les signaux annonciateurs ger d'endroit avant que l'attaque ne se concré-
et la queue de crise. tise. De même, les cyberattaques peuvent pro-
venir de différents endroits en même temps et
LES NOUVEAUX RISQUES ÉMERGENTS. ne pas dévoiler leur provenance. Autre avan-
tage : le cyber terrorisme n'a pas besoin d'ac-
tions éclatantes pour être efficace, les cyber
Risques de cyber terrorisme. terroristes peuvent rester dans l'ombre et met-
tre sur pied des cyberattaques répétitives. Et
Les menaces asymétriques, menaces em- cela, sans compter sur le fait que les cyberat-
ployées par un acteur incapable d'affronter de taques n'exigent pas d'action suicide; un ter-
manière conventionnelle un adversaire trop roriste peut donc effectuer de nombreuses
fort pour lui mais capable de lui infliger des attaques.
chocs déstabilisateurs par des moyens non or- Depuis janvier 2015, les faits de cyberterro-
thodoxes, se retrouvent projetées au premier risme ne cessent d’augmenter en France.
plan. Avec la multiplication des réseaux infor- Plus de 25 000 sites internet français ont été
matiques et l'accessibilité toujours croissante victimes des hackers djihadistes.
d'Internet et des ordinateurs, certains spécia- Cette attaque consiste la plupart du temps à
listes voient désormais le cyber terrorisme remplacer la page d’accueil par des messages
comme une forme de menace qui pourrait haineux durant un laps de temps plus ou
émerger dans un avenir proche. moins long.
De plus, les cyberattaques peuvent être diffu- Le cyberterrorisme est donc devenu pour les
sées partout dans le monde et se faire de façon réseaux terroristes un moyen de diffuser leur
retardée, permettant aux terroristes de chan- propagande. Pour cela et dans le but de mon-
trer leur puissance en matière de cyber, ils em- ces attaques, lourdes de préjudices, sont effec-
ploient des moyens d’attaque de plus en plus tuées grâce à du matériel vétuste et ancien.
considérables. La cybercriminalité est l’une des criminalités
Très récemment, TV5 Monde a été victime les plus organisées et les plus transnationales
d’une attaque cyberterroriste sans précédent. au monde.
En effet, tous les supports ont été piratés en Attaques de réseaux, piratages, phishing, ha-
même temps que ce soit la chaine, le site inter- meçonnage, extorsion numérique, hacking, at-
net ou les comptes sur les réseaux sociaux. teintes aux droits d’auteurs et aux droits
Aujourd’hui, les entreprises comme les voisins, escroquerie en ligne, pratiques de ran-
agences de presse peuvent être ciblées par ces çonnage, arnaques sur les réseaux sociaux...
attaques criminelles sur le web. Sensibiliser les La cybercriminalité représente toutes les infra-
différents acteurs aux risques de ce genre d’at- ctions commises via les réseaux informa-
taques est donc indispensable. tiques.
Au travers des chefs d’entreprise, c’est toute Chaque jour un million de nouveaux logiciels
l’économie du pays qui va être fragilisée. malveillants sont détectés sur les ordinateurs
Quant aux journalistes, c’est la promesse français, représentant une hausse de 25 %.
d’une liberté d’expression qui peut être empê- La France est particulièrement vulnérable en
chée temporairement. Les criminels ne visent matière de cybercriminalité. Elle se place à la
plus seulement l’image de l’entreprise, 14ème position des pays où la cybercrimina-
puisqu’une agence de presse c’est aussi une lité est la plus active avec 1.9 % du nombre
entreprise. Ils visent également les contenus, d’attaques totales.
les données sensibles, les collaborateurs. Selon le cabinet d’étude Symantec, la cybercri-
Par crainte d’une cyberattaque massive, de minalité s’organise de plus en plus et précise
nouveaux moyens de lutte ont été mis en désormais ces attaques. Selon leur récent rap-
place afin de limiter au maximum les risques. port, 5 entreprises sur 6 ont été attaqués dans
L’Agence Nationale de la Sécurité des Sys- le Monde en 2014 soit une augmentation ful-
tèmes d’Information, de son côté, se dit prête gurante de 40 %.
à épauler les médias et entreprises victimes de La fraude aux faux ordres de virement a long-
ses attaques cyberterroristes. temps été de mode chez les cybercriminels.
Néanmoins, le but n’est pas de tomber dans la Désormais, c’est la pratique du rançonnage
paranoïa et une peur qui ne serait pas qui fait bon nombre de victimes en entreprise.
constructive. Prévenir des actes cyberterro- Les entreprises doivent impérativement anti-
ristes peut déjà être entrepris par des moyens ciper ses risques pour limiter au maximum
simples et efficaces. une possible attaque. Il faut savoir que pour
une attaque de rançonnage par exemple, une
Risques cybercriminels. entreprise française s’est vue « réclamer 90 000
euros pour 17 téraoctets de données » selon le
Internet est un vecteur d’informations in- cabinet Symantec.
croyable qui donne l’impression d’un espace La cybercriminalité s’attaque aux grands
infini d’expression et de savoir à portée de groupes comme aux petites PME/TPE. Sou-
main. Pour autant, est apparu avec lui de nou- vent, elles sont victimes sans s’en rendre
velles menaces. C’est en effet de toutes nou- compte ou vexées de s’être fait pillier leurs in-
velles formes de crimes et de délits jusque-là formations n’osent pas le dire aux autorités
inconnues qui se sont créées mais aussi des in- compétentes.
fractions traditionnelles qui ont trouvé dans « Plus de 1000 sociétés ont fermé leurs portes
l’informatique une source intéressante de dé- suite à une cyberattaque en 2013 » d’après
veloppement. Téodor Chabin, cofondateur de Trovolone, en-
Un cybercriminel peut agir en toute discrétion treprise de sécurité informatique.
de n’importe quel endroit du monde. Souvent, Prendre en compte ce facteur risque afin de
prévenir tout type d’attaque informatique en ces collaborateurs puis pour son image ?
entreprise apparaît comme un impératif de sé- Il va de soi qu’une entreprise doit intégrer
curité et de mise en sûreté aujourd’hui. dans sa stratégie la prise en compte de ces pos-
sibles risques. Le chef d’entreprise doit pour
Risques psychosociaux. cela mettre en place une véritable démarche de
prévention des risques psychosociaux. Former
les managers à être des meneurs d’homme
plus à l’écoute des sensibilités humaines, coo-
pérer avec la médecine du travail, améliorer la
politique de condition de vie au travail… sont
autant de mesures simples pouvant amoindrir
le risque.
Ces pratiques sont faciles à mettre en place et
permettent de limiter les risques pour le chef
d’entreprise qui se doit de sauvegarder son ac-
tivité et de permettre à ses collaborateurs
d’évoluer dans un climat le plus propice pos-
sible à l’épanouissement professionnel.
En effet, une entreprise a tout intérêt à recen-
En France, les risques psychosociaux ont pris trer son activité autour de la dimension hu-
de l’ampleur à tel point que les entreprises maine. L’Homme doit être au centre de toutes
prennent désormais en compte ces risques les préoccupations. Elle ne doit pas effrayer ses
dans leur stratégie d’entreprise. actionnaires ou ses clients qui par réaction em-
35 % des salariés déclarent subir au moins trois pathique avec la victime pourraient se détour-
contraintes de rythme de travail ; 27 % disent ner de l’entreprise par exemple.
être soumis à des contrôles ou surveillances Elle ne doit pas non plus abîmer son image par
permanents exercés par la hiérarchie ; 44 % des une publicité totalement contreproductive et
salariés déclarent que des tâches imprévues néfaste à long terme, et donc de ce fait diffuser
perturbent leurs travails et augmentent le une image négative au public. C’est souvent le
stress. problème de la médiatisation des cas de sui-
Stress, suicide, harcèlement moral, violence, cides dans des grands groupes par exemple.
dépression… Les risques psychosociaux, ce Il est essentiel de garder à l’esprit que l’antici-
n’est pas seulement ces aspects dont on parle pation et la prévention aide à l’acceptation du
beaucoup dans les médias aujourd’hui même risque, inévitable en soi et bel et bien présent.
s’il est vrai qu’ils en font partis. Les risques Le risque n’est pas l’apanage des autres entre-
psychosociaux peuvent aussi être causés par prises exclusivement. Toute entreprise quel
des changements organisationnels fréquents, que soit sa taille ou son domaine d’activité
une pression sur les résultats au vu des objec- peut être touchée et doit un jour ou l’autre
tifs fixés, une perte du collectif dans le travail gérer ses risques psychosociaux en étant à
ou bien encore un rythme de travail irrégulier; l’écoute de ses collaborateurs le plus efficace-
mais ce ne sont pas les seules causes bien d’au- ment et le plus adroitement possible. Il en va
tres éléments sont à prendre en considération. de l’activité même de l’entreprise.
Ce phénomène social n’est pas nouveau. La Les chefs d’entreprise ont bien compris l’im-
médiatisation de ces faits a sensiblement portance de cette dimension humaine. C’est
changé la donne. On a l’impression qu’ils sont pourquoi de nombreuses mesures sont mises
plus nombreux et pourtant les chiffres n’ont en place et des lignes de progrès voient le jour
guère augmenté depuis dix ans. progressivement.
Comment l’entreprise doit donc agir en fonc-
tion de ces nouveaux facteurs de risque pour
Risques sanitaires.
comme le risque stratégique le plus important l’opinion extraordinaire mais peut être aussi
pour l’entreprise. » un facteur de déformation de l’information
Ce n’est pas un risque palpable et pourtant… pour parler des dérives d’une mauvaise publi-
Les dégâts, qu’un problème réputationnel, cité.
peut causer sont considérables et peut mener Les entreprises ne sont pas égales face à ce
l’entreprise jusqu’à son dépôt de bilan. risque puisque c’est très subjectif. L’impact va
Le risque réputationnel, c’est associer le nom aussi être lié à la manière dont elles étaient per-
et l’image de l’entreprise à un fait négatif tel çues avant que le problème d’image ne sur-
qu’un incident, une crise, un accident, un man- vienne.
quement de la part d’un salarié, une erreur hu- Mais cela va varier en fonction de sa taille, de
maine… son étendue à l’international, de sa renommée
« Il est plus facile de s’arranger avec sa mau- initiale, de son domaine d’activité, de sa cul-
vaise conscience qu’avec sa mauvaise réputa- ture d’entreprise.
tion ». Ce propos du philosophe Friedrich Il faut donc comprendre qu’un problème
Nietzche, datant du XIXème siècle, n’a jamais d’image et de réputation est grave pour l’en-
été autant d’actualité. treprise. Cela peut entrainer des pertes finan-
Désormais, les chefs d’entreprise prennent en cières importantes, au travers d’une perte de
compte l’importance de leur image réputation- clients, d’actionnaires…
nel et e-reputationnel. C’est pourquoi, souvent, les entreprises refu-
Le risque réputationnel est partout. Il peut fra- sent de dévoiler aux forces de l’ordre l’attaque
giliser l’entreprise au travers d’une cyberat- éventuelle dont elles ont été victimes. Cette
taque, d’une arnaque, d’une crise sanitaire, peur de la médiatisation et de la dégradation
d’une mauvaise publicité sur les réseaux so- de l’image « corporate » de l’entreprise est une
ciaux, d’un accident sur une installation, d’une réalité pour les chefs d’entreprise.
mise en danger d’un salarié… Des moyens existent pour s’en prémunir et le
Les situations, pouvant mettre en péril le nom meilleur système de défense demeure toujours
et l’image de l’entreprise, sont si nombreuses l’anticipation. Vérifier le contenu mis en ligne
aujourd’hui. sur le site internet de l’entreprise et les
comptes sur les réseaux sociaux, faire une
veille rigoureuse pour savoir ce qui se dit de
nous, mettre en place une bonne politique de
sécurité et de sûreté en entreprise, avoir une
stratégie de communication adaptée à l’image
que l’on souhaite donner, savoir gérer une si-
tuation de crise lorsque cela arrive.
L’aspect délicat de la réputation est présent au
sein de tout risque et les techniques de préven-
tion se trouvent imbriquées dans de nombreux
outils de communication, de sécurité écono-
mique et de sûreté en entreprise.
L’avocat et l’entreprise.
M
aître Sonia Angliviel de La Beaumelle est avocat au barreau de Paris en droit des
affaires, chargée d'enseignement au Conservatoire National des Arts et Métiers et dans
des écoles de commerce. Experte en protection des entreprises et en intelligence écono-
mique, elle a une activité de conseil et de gestion du contentieux auprès de petites et de grandes en-
treprises.
mondiale de la propriété intellectuelle du luxe mais ce n'est pas le cas. J’ai pu traiter
(OMPI). des litiges concernant des cartouches d’encre
par exemple. La contrefaçon touche aussi bien
Dans le cadre d'un rachat d'entreprise, le rôle les grands groupes que les PME/PMI.
de l’avocat est différent. Il va devoir étudier
tous les éléments qui composent le patrimoine Toute affaire pénale est sensible, quelles
de l’entreprise rachetée et vérifier s'ils sont en sont les répercussions pour une
suffisamment bien protégés car cela fait partie entreprise ?
de la valeur de l'entreprise. Il s'agit là encore
Tout litige, qu'il soit pénal ou civil a des réper-
de la dénomination sociale, du nom de do-
cussions pour l'entreprise concernée et les pré-
maine, des marques et des brevets, mais il faut
judices peuvent être considérables : perte du
également étudier les contrats en cours.
chiffre d’affaires, diminution de la clientèle
mais également atteinte à l'image et à la répu-
tation.
Pour quels types d’affaires êtes-vous le
plus souvent sollicitée ? En matière d'imitation par exemple, dans la
mesure où la contrefaçon ne rime pas avec
Je suis très souvent sollicitée pour des pro- qualité et sécurité des produits, la société vic-
blèmes de concurrence déloyale. C’est un do- time a très vite un préjudice financier mais
maine relativement vaste. également en terme d’image.
Cela concerne des problèmes d'imitation et de
contrefaçon mais également des actes de dé-
nigrement de la part d'un concurrent, de pa- Et lorsqu’une entreprise se fait voler ses
rasitisme, de divulgations confidentielles ou clients ou se fait usurper son nom ?
des infractions pénales comme les injures, la
C'est une problématique que l'on rencontre
diffamation ou la dénonciation calomnieuse,
souvent lorsqu'un salarié quitte l'entreprise
des détournements ou des vols.
qui l'emploie, soit pour s’installer à son
Je traite aussi souvent des litiges liés à des pra- compte et créer sa propre structure, soit pour
tiques illicites au regard des dispositions du rejoindre un concurrent.
Code du commerce, en cas de procédures
Dans ce cas, ce départ peut s'accompagner de
d'appel d'offres irrégulières, de ruptures de re-
détournement de fichiers de clients, de divul-
lations commerciales établies sans respect
gations d'informations confidentielles et
d'un préavis, de clauses contractuelles illé-
d'actes de malveillance.
gales…
Si le chef d’entreprise a simplement peur que
le salarié en partance le fasse, il y a des
Pouvez-vous nous donner un chiffre moyens pour anticiper de tels agissements.
concernant le nombre d’affaires de
Par contre si les faits sont avérés, il faut faire
contrefaçon que vous traitez dans votre
cesser les agissements sans délais.
cabinet ?
On favorise la recherche d'une solution à
C’est très difficile de vous donner un chiffre
l’amiable mais si celle-ci échoue une procé-
car, c’est très variable. Mais la contrefaçon re-
dure judiciaire sera engagée avec éventuelle-
présente 10 % du marché mondial c’est vous
ment une demande de dommages et intérêts
dire que le problème de la contrefaçon est un
pour l’entreprise.
problème réel pour les entreprises et dans tout
type d’activité. On croit souvent que la contre-
façon ne concerne que les grandes marques
Le salarié encourt des sanctions civiles et/ou Les risques en matière d’image et de
pénales en fonction des actes qu'il aura com- réputation se sont accrus considérable-
mis. ment avec les nouvelles technologies de
Il faut souligner qu’il n’y a pas que le salarié l’information et de la communication…
qui risque des sanctions. Oui en effet, l'atteinte à la réputation d’une en-
En effet, si le nouvel employeur a incité le sa- treprise avec le développement des technolo-
larié à commettre ces agissements malveil- gies de l’information et de la communication
lants ou s'il en a sciemment profité ou s'il a peut aller très vite aujourd’hui. Si une entre-
utilisé des informations qu’il savait détour- prise ne s’est pas protégée et n'a pas anticipé,
nées ou volées, il engage sa responsabilité et cela peut être lourd de conséquences. Quand
peut être sanctionné. on découvre après tout le monde ce que l’on
dit de nous sur Internet ou sur les réseaux so-
Débaucher un employé auprès de son concur- ciaux, c’est déjà trop tard, le mal est fait et le
rent n’est en rien interdit ou illégal en soi. préjudice existe.
Néanmoins, cela le devient si le débauchage
s'accompagne de pratiques déloyales et/ou il- Trop de chefs d'entreprises n'ont pas encore
licites. assez conscience de ces problématiques.
concurrence mais également ce qui se dit sur viennent me voir dans le cadre de problèmes
leur entreprise et être bien conseillés et épau- mettant en cause leur responsabilité civile ou
lés pour pouvoir réagir vite et bien si malheu- pénale. Il s'agit de litiges entre associés ou de
reusement ils deviennent victimes d'un acte problématiques liées à des délégations de
de malveillance. pouvoirs, de fautes de gestion ou d'abus de
biens sociaux.
Il faut aussi avoir à l'esprit qu'une bonne ré-
putation se travaille et que les atteintes à la ré- Il est donc important de bien comprendre que
putation viennent bien souvent des là, c’est la responsabilité du chef d’entreprise
concurrents mais pas unique-
ment.
Le développement de ces
technologies entraine également de nouveaux qui est engagée et non celle de l’entreprise. Il
types d'infractions dont il faut avoir faut donc bien distinguer les problèmes de
conscience et tenir compte, comme les «cyber- responsabilité des dirigeants et les problèmes
attaques» (pishing, mail bombing, cybersquat- de responsabilité de la société elle-même.
ting, etc.).
Les procédures à l’amiable sont plus confiden- Dans ce domaine, l'intuitu personae est la
tielles et permettent de ne pas faire de publi- réactivité son importants. Une relation de
cité sur le litige en question. Elles obtiennent confiance et de proximité doit se nouer avec
de très bons résultats et sont donc préférables. les clients.
Puisque vous parlez de smartphone, com- qu’il y a quand même une évolution. Il est évi-
ment sensibilisez-vous les entreprises aux dent que les entreprises de la défense et les en-
risques d’espionnage développés par les treprises de recherche avancée avaient déjà
nouvelles technologies du numérique, de pris leurs précautions. Mais pour les autres,
l’information et de la communication ? faire de la veille vous imaginez…
Nous discutons beaucoup avec eux. Nous leur Donc si j’ai bien compris, une des mis-
conseillons des choses simples relevant sou- sions des CCI de PACA en formation, c’est
vent du bon sens mais auxquels ils ne pensent former des conseillers en intelligence éco-
pas forcément. nomique afin de mieux sensibiliser les
Par exemple, faire attention à leurs données chefs d’entreprise à cette problématique.
dans les hôtels et aéroports, les transports en
commun... j’en ai parlé tout à l’heure. Si on Exactement, c’est tout à fait ça ! Nous avons
leur propose une réunion dans un petit salon, accéléré cette formation depuis une dizaine
il faut éviter d’y aller car souvent ces petites d’années maintenant.
salles sont mises sur écoute. On essaie de les J’ai oublié de préciser aussi en termes de for-
sensibiliser par toute une série de gestes sim- mation qu’au niveau de la CCIR PACA, on a
ples et de précautions. Ce qu’ils oublient sou- rassemblé toutes nos capacités en termes de
vent c’est que la menace peut aussi surgir d’un commerce international. Nous avons une
membre de l’entreprise au double visage ! équipe qui s’occupe d’aider et de former les
chefs d’entreprise qui travaillent à l’interna-
Arrivez-vous facilement à faire compren- tional. Nous avons des antennes à Nice, Tou-
dre aux chefs d’entreprises que toute lon et dans les Alpes. Les personnes de ces
entreprise peut être victime de cela ? antennes sont en permanence sensibilisés à
l’intelligence économique. Vous n’imaginez
Quand on leur en parle, ils nous prennent sou- pas toutes les occasions qui se présentent aux
vent pour des « James Bond ». J’exagère un personnes malveillantes quand on fait du
peu l’image mais c’est presque ça. Nous for- commerce à l’international : vol des idées, des
mons un maximum d’élus des Chambres de informations, des brevets, des savoir-faire…
Commerce car, eux sont écoutés et entendus
par leurs pairs. C’est une notion très impor- De toute façon, et ce sera le mot de la fin, je
tant à assimiler. Je pense que lorsque les dé- dirai que la sensibilisation passe forcément
marches de sensibilisation et d’information par la formation et l’accompagnement des
sont effectuées par les chefs d’entreprise eux chefs d’entreprise.
mêmes, cela a un impact plus important et ap-
porte une plus grande efficacité. Cela ne veut
pas dire que tout le monde va être sur le qui- www.paca.cci.fr
vive pour autant, il ne faut pas se faire d’illu- information@paca.cci.fr
sion. Mais cela aidera et fera avancer les
choses.
N
é de la fusion entre BSN et Gervais Danone en décembre 1972, Danone est surtout le
fruit de la rencontre entre deux personnalités, Daniel Carasso et Antoine Riboud. Les
principales activités de Danone, Groupe français leader mondial en agroalimentaire, se
répartissent dans les produits frais laitiers, les eaux, la nutrition infantile et la nutrition médicale.
La santé est au cœur de la stratégie du groupe. Entretien avec Bruno Cayzac, directeur sûreté du
Groupe Danone.
et à la sécurité de nos collaborateurs, voya-
En tant que directeur de la sûreté d’un tel
geurs d’affaires et expatriés. Cela constitue au-
groupe, quels sont vos principaux rôles et
jourd’hui un enjeu majeur pour l’entreprise et
missions ?
le cœur de mes préoccupations.
Les missions essentielles d’un directeur de su-
De nombreuses autres missions viennent se
reté au quotidien aujourd’hui, je parle bien
greffer à cet aspect majeur qui sont par exem-
d’un directeur sureté en général, c’est, dans le
ple : le soutien au développement, l’aide à la
monde actuel, avant tout la protection des
gestion de crise, l’accompagnement aux situa-
personnes et des biens. La place accordée aux
tions de contentieux…
questions de sécurité et de sûreté des collabo-
rateurs en déplacement à l'international revêt J’ai un parcours d’Officier de Gendarmerie,
une grande importance. c’est pourquoi, mes interlocuteurs me sollici-
tent parfois pour ces problèmes de conten-
Je consacre aujourd’hui 70 à 80 % de mon
tieux. Dans ce cadre, je viens en appui à
temps à étudier les environnements des pays
d’autres directions comme la direction juri-
dans lesquels Danone est implanté ou en dé-
dique ou les ressources humaines.
veloppement, les pays où vivent nos familles
Vous avez dit, lors d’un petit déjeuner La principale fonction de la sûreté à
débat organisé par l’Association des sous- l’international est avant tout la protection
cripteurs internationaux de Paris, que des collaborateurs et d’anticiper, de gérer
Danone est une organisation pionnière un certain nombre de risques pour assu-
dans le milieu de la sûreté de l’entreprise. rer le développement des activités à
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ? l’étranger. La sûreté aide-t-elle au déve-
loppement international ? Rassure-t-elle
les clients potentiels, investisseurs et
actionnaires ?
En 2011, il y a eu un certain nombre de crises
dans le monde notamment en Tunisie, en
Egypte et au Japon. En parallèle, il y a eu aussi
des projets internes à l’entreprise notamment Je pense que c’est une mission finalement
des projets très importants de développement assez discrète par la nature même des per-
dans certains pays. Cela nous a conduit à sonnes qui assument ces fonctions dans l’en-
structurer de façon commune la direction mé- treprise. Je dis « discrète » au sens où elle
dicale et la direction de la sûreté pour créer un n’apparait pas forcément dans les projets de
département de la protection où le pilier mé- développement. C’est plus une mission de
dical est un des éléments de la protection des soutien, si vous voulez, qu’un catalyseur.
personnels. On a un pilier sûreté générale, un Après il est évident que cela rassure en pre-
pilier sûreté médicale et un troisième pilier, mier lieu les collaborateurs qui sont amenés à
celui de la sécurité des systèmes d’informa- travailler dans ces pays-là. Nous avons
tion. Je prends souvent l’exemple du tabouret constaté avec le médecin et le responsable de
à trois pieds pour illustrer cela. Si on n’a pas la sécurité des systèmes d’information que
les trois pieds du tabouret équilibrés, il ne cela contribuait aussi à rassurer les collabora-
tient pas. C’est une très bonne image dans le teurs nationaux dans les pays dans lesquels on
cas du Groupe Danone. Nous avons été des s’implante, pays qui peuvent être instables ou
pionniers en la matière parce que nous avons en crise. On a constaté, par exemple, quand on
su mutualiser et lier nos moyens de contribu- est allé au Japon en 2012, à quel point les japo-
tion. Pour cela, nous avons créé un poste nais avaient été sensibles et heureux de nous
d’analyste et de veille de l’information com- accueillir et de se dire qu’une grande entre-
mun, une assistante commune. Je peux dire prise internationale même basée en Europe ne
aussi pour finir sur ce point que nous avons se contentait pas simplement de son cœur
même hiérarchisé l’ensemble. C’est en ce sens d’activité mais qu’elle avait aussi une dé-
que ce système est novateur. La directrice mé- marche de proximité et de protection qui les
dicale, pour les missions internationales, de- concernaient également bien qu’ils soient dans
venait subordonnée à la direction de la sureté. leurs pays.
C’est ce qui est novateur chez Danone. Il y a plusieurs choses. On s’appuie sur un cer-
tain nombre de moyens humains et tech-
niques pour distiller et distribuer la
protection. Les moyens humains se sont ceux
dont l’entreprise s’est dotée. D’ailleurs on voit,
Vous avez donc dans le cadre de la veille Un des effets de la carrière et de la formation
des liens étroits avec les ministères, les militaire, c’est d’abord la mobilité profession-
ambassades et autres institutions éta- nelle. Nous changeons assez régulièrement de
tiques ? postures professionnelles et d’environnement.
Cela nous permet de développer des facultés
et une méthode d’analyse particulières que
l’on peut qualifier d’intelligences de situation.
Cela fait partie de mon travail. La ressource Si je reviens à un plan tactique, il est hors de
est très large et elle est multiforme. Grâce à In- question d’aller manœuvrer sur un terrain
ternet et aux blogs relativement nombreux, on sans l’avoir reconnu. Il en va de même en ma-
a un nombre très important de sources ou- tière de sureté. On développe tout au long de
www.danone.com
C
réé fin 1996, Marseille
Innovation, labellisé
« centre européen d’entre-
prise et d’innovation » (CEEI)
dispose de trois pépinières et hôtels
d'entreprises pour héberger et ac-
compagner des entreprises en phase
de démarrage dans les domaines
des Technologies de l’Information
et de la Communication (TIC), de
l’audiovisuel, du multimédia, de
l’optique, de la photonique et plus
généralement des sciences de l’in-
génieur et des services à l’entre-
prise. Interview de Christian Rey,
Directeur de Marseille Innovation.
«
an des réunions thématiques ainsi
Tout acteur économique doit com- que des séances de travail sur les
prendre et anticiper les mutations nouveaux problèmes aussi bien dé-
fensifs, qu’offensifs.
qui affectent un marché, d’autant - Enfin dernier point, comme je
plus dans un environnement de l’indiquais tout à l’heure, nous
concurrence exacerbée...» sommes organisme de formation et
donc nous sensibilisons et formons
le commercial ; Internet et les réseaux sociaux; à l’intelligence économique. Remarquons au
et bien sur en intelligence économique, sujet passage, que l’intelligence économique n’est
que nous jugeons important et que nous pla- toujours pas reconnue comme formation qua-
çons au centre de notre accompagnement. lifiée. Elle ne relève pas du contrat de forma-
Nous avons une expérience de plus de 15 ans tion à l’emploi prévu par le Gouvernement.
en intelligence compétitive (ou économique). C’est un vrai sujet qui nous intéresse particu-
Nous avons développé une cellule « Intelli- lièrement en ce moment ; nous aimerions le
gence Economique » où nous effectuons des faire évoluer…
formations. Il n’y a que très peu de forma-
tions en intelligence économique en région
PACA. C’est une aberration dans la mesure Outre la veille, quels autres moyens
où lorsque l’on innove, on est obligé de com- mettez-vous en place pour la partie défen-
prendre l’environnement dans lequel on évo- sive des entreprises ?
lue, de détecter les nouvelles opportunités du
marché et de surveiller la concurrence. On est J’ai envie de répondre que ce sont des aspects
obligé de faire un minimum de veille. Tout ac- que nous travaillons au quotidien avec les en-
teur économique doit comprendre et anticiper treprises que nous hébergeons. Nous tra-
les mutations qui affectent un marché, d’au- vaillons aussi bien sur la protection
tant plus dans un environnement de concur- d’information que sur la recherche d’opportu-
rence exacerbée. C’est notre rôle de nités technologiques ou d’idées (les brevets
pédagogue que d’éclairer ces entreprises sur déposés à l’aide de Wikipedia), mais aussi sur
ces enjeux pour qu’elles placent l’intelligence l’organisation de la veille concurrentielle, la
économique au cœur de leur stratégie de dé- sensibilisation à l’e-réputation, à la cybercri-
veloppement, de compétitivité et qu’elles pro- minalité, etc. … d’où la nécessité pour ces en-
tègent leur savoir-faire. Proposer des treprises d’adopter de bonnes pratiques, de
formations en intelligence économique, à la bons réflexes en matière de sécurité, de pro-
fois sur le plan défensif et offensif, est donc un
impératif et une évidence pour nos équipes.
D
epuis 22 ans, la société marseillaise Profil propose des réponses spécifiques et performantes
aux problématiques des secteurs du bâtiment, de l'industrie, du génie civil et des travaux de
protection contre la foudre. L’entreprise dispose d'une forte expertise et de moyens parfai-
tement adaptés à la sensibilité des travaux en hauteur. Interview de François Ranise, PDG de la So-
ciété Profil et Président de l’Association « Cap au Nord Entreprendre ».
«
nos systèmes documentaire liés à
Pour chaque chantier, nous devons l’ensemble de nos certifications.
revoir la méthodologie complète
Vous êtes aussi Président de
en fonction de la spécificité du tra- l’Association Cap au Nord Entre-
vail à effectuer. Chaque interve- prendre. C’est un réseau qui re-
nant possède au moins une double présente et regroupe tous les
compétence...» acteurs économiques du terri-
pour obligation de rédiger pour chaque chan- toire nord de Marseille. Pouvez-
tier des modes opératoires. Ce métier est com- vous nous en dire quelques mots ?
plexe, et je dis bien complexe et non pas
compliqué. Je dis cela car, pour chaque chan- L’Association Cap au Nord Entreprendre a été
tier, il faut envisager une nouvelle fois la mé- créée en 2008. Elle fusionne deux anciennes
thodologie complète liée à la problématique associations du territoire nord de Marseille :
spécifique du travail à effectuer. De plus, à Arnavant (créé en 1968) et Entrepreneurs en
Profil, nous avons des foreurs, des peintres, zone franche (créé en 1996). C’est plus de 200
des soudeurs, des couvreurs…Toutes ces per- adhérents composés d’entreprises de toute
sonnes ont des doubles compétences. Ce que taille et de tout secteur d’activité. On a des en-
je veux dire par là c’est qu’un CQP de cordiste treprises nationales comme la SNEF qui a son
est toujours associé à une seconde compétence siège à 150 mètres de nos locaux, ou bien en-
métier. Au métier de base, nous rajoutons la core Eiffage.
formation de cordiste et non l’inverse. Pour- Nous avons aussi beaucoup d’entreprises de
tant, au départ, la culture d’entreprise n’était taille intermédiaire que je considère comme le
que cordiste. Les formations représentent une poumon de notre économie. Nous comptons
grosse partie de notre budget et s’élève à 5.5 parmi nous notamment ETIC, Multi restaura-
% de la masse salariale. L’objectif est d’avoir tion, Grand littoral ou encore Verspiren, un
tous nos salariés au CQP 2 même si nous assureur local.
sommes déjà largement au-dessus de la Enfin, nous comptons aussi des PME et TPE
norme nationale. allant de 2 à 50 salariés. Voici pour la typolo-
gie des entreprises de l’Association Cap au
Vos équipes se déplacent-elles à l’interna- Nord Entreprendre.
tional ? Concernant les secteurs, nous avons des entre-
prises du bâtiment, du numérique, en passant
Non mais nous avons beaucoup de déplace- par les activités portuaires et la logistique.
ment au niveau national.
L
es directions doivent da-
vantage travailler en
transversal et ce concept
de protection alliant sûreté géné-
rale et sûreté médicale en est une
bonne illustration. Entretien avec
Hélène Kaspi, Directrice du pôle
médical, Groupe Danone.
Cet outil de suivi des voyageurs, géré par Non je n’ai pas la possibilité de voir les fa-
notre collaboratrice « chargée de veille et milles avant le départ. Cependant, lors de l’en-
d’analyse » est relié aux agences de voyage tretien avec le collaborateur candidat à
avec lesquelles nous travaillons pour la réser- l’expatriation, j’évoque avec lui les problèmes
vation des différents déplacements. Il nous familiaux éventuels afin d’anticiper à nouveau
donne la possibilité de bien maîtriser les dé- sur les structures médicales sur lesquelles
placements de nos salariés. L’intérêt est dou- nous pourrons nous appuyer en cas de besoin
ble : en cas de nécessité nous pouvons joindre dans le pays d’expatriation. Mon rôle est de
rapidement les salariés en déplacement ; des conseiller, d’effectuer des recommandations
alertes via email ou sms peuvent leur être en- et de faire le lien avec notre assureur.
voyées. L’autre intérêt c’est que cette ap-
proche nous permet de générer des mémos Comment gérer vous toute la probléma-
voyages, c’est-à-dire des recommandations en tique du secret médical dans cette réuni-
fonction des destinations, qui sont adressées fication des deux pôles ?
à nos salariés au moment de la réservation des
billets. Nous n’avons pas ce problème avec Monsieur
www.danone.com
L
eader mondial de la sécurité numérique, l’entreprise Gemalto fournit aux entreprises et
aux gouvernements du monde entier des services numériques pratiques et sécurisés qui
concernent des milliards de personnes. Dans une société toujours plus connectée, Gemalto
facilite et fiabilise les interactions numériques personnelles. C’est plus de 2.5 milliards d’euros de
chiffre d’affaire, 14 000 collaborateurs, plus de 1,5 millions d’utilisateurs et plus de 110 innovations
déposées en 2014. Interview de Patrick Lacruche, Directeur sécurité et sûreté au sein du Groupe
Gemalto.
les cartes UICC ou SIM, les cartes bancaires,
Pouvez-vous nous préciser le cœur
les tokens, les passeports électroniques et les
d’activité du Groupe Gemalto ?
cartes d’identité électroniques. Nous person-
Nous maîtrisons la globalité du processus de nalisons ces objets et déployons des plate-
création de solutions de sécurité numérique formes et services pour gérer les données
pour nos clients et leurs utilisateurs finaux, confidentielles qu’ils contiennent sur l’ensem-
que ce soit pour communiquer, utiliser des ble de leur cycle de vie.
services bancaires, travailler en ligne, bénéfi-
Le Groupe Gemalto est organisé autour de
cier de services de e-gouvernement, accéder
différents pôles: le pôle produits (télécommu-
aux services du Cloud ou bâtir l’Internet des
nications, banques, etc.), le pôle produits gou-
objets, partout dans le monde et à tout ins-
vernementaux (passeports, cartes d’identité
tant…
électroniques) et le pôle solutions (transac-
Nous développons des logiciels et des sys- tions sur mobile par exemple) qui est en pleine
tèmes d’exploitation sécurisés que nous em- croissance.
barquons dans de nombreux objets, comme
C’est aussi une société très vivante. Elle se ren- Quel est votre rôle en tant que Directeur
force sur certains sujets en permanence et a de la sûreté ?
fait de multiples acquisitions à l’international.
Ces acquisitions s’orientent plus dans une Mon rôle principal est de protéger l’entreprise
stratégie de besoin business que dans une stra- vis-à-vis des risques en matière de sûreté et de
tégie de localisation géographique. En effet, sécurité. Cela se décompose par l’analyse des
certaines compétences étaient intéressantes risques auxquels l’entreprise peut être
pour nous et venaient renforcer l’activité gé- confrontée, supporter l’organisation pour les
nérale du Groupe. minimiser, vérifier l’efficacité des mesures
mises en place, former et sensibiliser à la sé-
Gemalto, c’est de la vente exclusivement en B curité et enfin gérer les crises quand il y en a
to B, aux organisations et entreprises qui ven- pour que l’organisation puisse y survivre. Au-
dent ensuite aux utilisateurs finaux. Nous jourd’hui, on sait très bien qu’on ne pourra
sommes leader de la sécurité digitale car nous pas éviter tous les problèmes. Donc on va de-
mettons à disposition de nos clients un envi- voir gérer un certain nombre de crises. Dans
ronnement très sécurisé lorsqu’ils utilisent nos ce cas mon travail est de faire en sorte que le
différents services digitaux. Les produits les Groupe Gemalto soit résiliant à ces crises.
plus connus de Gemalto sont les cartes Sim,
les cartes d’identité, les passeports et permis
de conduire, les outils de protection des trans-
actions bancaires. Lors des allégations de piratage de clés
d’encryptage de cartes SIM, vous avez
Voici un exemple concret à travers l’usage de mis en place une gestion de crise remar-
la communication mobile. Au Mexique, nous quable et efficace en interne. A quoi cela
avons mis en place pour une banque et un est-il dû selon vous ?
opérateur de télécommunication une plate-
forme qui permet de faire des virements finan-
ciers sécurisés sur un téléphone portable. Cela Oui en effet ! Je pense que c’est parce qu’en
permet de recevoir de l’argent ou de payer amont de la crise, des analyses de risques
avec son mobile. Certaines entreprises mexi- avaient été faites régulièrement et qu’un cer-
caines rémunèrent maintenant leurs employés tain nombre d’actions préventives avaient
de cette façon. Ce sont des services dématéria- déjà été mises en place. Le Groupe Gemalto a
lisés qui permettent de faire du paiement mo- su gérer cette crise correctement en interne.
bile. Nous mettons aussi en place des Nous n’avons pas perdu de clients, nous
systèmes d’accès ou plateformes sécurisées n’avons pas perdu de contrats et surtout nous
dans le but d’obtenir des documents adminis- avons su garder la confiance de nos clients et
tratifs. Cela permet d’identifier la personne même de la crédibilité face à cette gestion.
qui souhaite accéder à la plateforme d’une ad-
ministration donnée.
Pour résumé, Gemalto est le leader mondial Contre quel type de risque, le Groupe
de la sécurité numérique. Nous permettons Gemalto doit-il le plus se prémunir actuel-
aux entreprises et aux gouvernements du lement ?
monde entier d’offrir des services numériques
pratiques et de confiance à des milliards de
personnes, par la mise à disposition de sys- Le Groupe Gemalto est exposé aux mêmes
tèmes qui permettent de protéger l’identité du risques que les autres entreprises : fraudes,
porteur final et de l’identifier dans le système hacking, atteintes à la vie privée, risques liés
pour qu’il puisse faire une transaction sécuri- aux pays dans lesquels nous sommes implan-
sée. tés. Par contre, les conséquences de ces risques
Nous avons eu des cas en interne où, par re- sécurité et de sûreté.
groupement de ce que nous pouvions trouver
sur ces médias sociaux concernant tel ou tel
collaborateur, nous avions eu accès à tout un
J’ai lu que la Groupe Gemalto est au cœur
tas d’informations plutôt précises sur son ac-
de la convergence numérique. Pouvez-
tivité professionnelle. Cependant nous avons
vous nous dire pourquoi ?
une certaine ségrégation des tâches qui per-
met de réduire les risques. On fait en sorte
qu’un collaborateur ne puisse pas avoir plu-
sieurs droits d’accès importants. Aujourd’hui, de plus en plus de services sont
disponibles sur le web. De ce fait, de nouvelles
façons de consommer, de communiquer sont
apparues et cela se passe désormais de plus en
Cartes bancaires, passeports électro-
plus de manière digitale. On se rend compte
niques, cartes d’identité électroniques...
que la protection de la vie privée est un sujet
Faites-vous face au problème de la contre-
sensible qui interpelle l’ensemble des poli-
façon ? Comment empêcher ou limiter
tiques, des médias et des citoyens. Quand on
cela ?
regarde aussi les évolutions avec l’apparition
du Cloud ou du Big Data... on se rend bien
compte que de nouveaux risques émergent.
Cela concerne plutôt nos clients. C’est eux qui En ce sens, le Groupe Gemalto, très modeste-
vont devoir y faire face. Par contre, nos clients ment, a pour rôle de protéger ces identités nu-
nous demandent d’avoir des produits qui sont mériques au travers des multiples services
les plus difficiles possible à contrefaire . C’est que nous proposons.
une course permanente à l’innovation pour
avoir un temps d’avance sur
les personnes malveillantes
par le biais de dépôts de bre-
vets notamment. Prenons
aussi le cas de la carte ban-
caire, il y a une évolution
permanente qui n’est pas
forcément visible aux utilisa-
teurs finaux.
P
résent dans plus de 130 pays, Total est l’une des premières compagnies pétrolières mon-
diales, ainsi qu’un acteur majeur du gaz, du raffinage, de la pétrochimie et de la distribu-
tion de carburants et de lubrifiants. Forts d’une expertise mondialement reconnue, les
100 000 collaborateurs concourent à découvrir, produire, transformer et distribuer les hydrocarbures
pour fournir des produits et des services à leurs clients partout dans le monde. Interview de Pierre
Novaro, ancien chef du département Gouvernance de la Sûreté du Groupe Total, Président du
Pôle Expérience Sécurité, Président de la société Salix.
haute intensité, qu'il s'agisse de criminalité, de
Quel a été votre parcours professionnel au
crises socio-politiques, voire de situations
sein du Groupe Total ?
d'insurrection ou même de guerre. Mais, dans
Je suis arrivé au sein du Groupe Total il y a tous les cas, notre posture était réactive. Au-
une dizaine d’années en commençant par une jourd'hui, tous ces risques sont devenus inac-
fonction qui était celle de responsable de la sû- ceptables. Pourquoi ? Parce que l'opinion
reté pour la zone Europe / Asie Centrale. publique a évolué. Face à un événement qui
J'étais chargé des relations avec les différents provoque des victimes, quelle qu'en soit la
directeurs de filiale dans ma zone géogra- cause, les questions sont toujours les mêmes :
phique. Il s’agissait de les aider à organiser la «Comment cela a-t-il pu se produire ?»,
protection de leurs sociétés mais surtout de «Qu'est-ce qui a été fait pour l'empêcher ?», et
leur apporter une assistance en cas de besoin. bien entendu, «Qui est responsable ?». On
n'accepte plus qu'un salarié puisse subir un
Au niveau mondial, les acteurs de la sûreté dommage personnel à cause de son activité
étaient parfaitement crédibles, légitimes et ef- professionnelle. Une déficience dans l'organi-
ficaces sur des situations de plus ou moins sation de la sûreté et c'est toute la gouver-
nance de l'entreprise qui se trouve remise en reté, on ne dispose pas de levier sur la menace.
cause. C'est l'existence du contrat de travail Elle est subie. Par contre, face à l'action agres-
qui responsabilise l'entreprise au plan média- sive, il faut avoir préalablement mis en place
tique et au plan juridique. Chacun a en tête le toute une série de dispositifs qui sont destinés
saut jurisprudentiel qui s’est produit après le à en minimiser l'impact. Parmi ces dispositifs,
procès de l'attentat de Karachi. Un attentat ter- on peut retenir le suivi des personnels en en-
roriste était auparavant considéré comme une vironnement à risque, la capacité à diffuser
situation de force majeure. Or, lorsque, en des informations, le régime d'autorisation des
2003, les ayants-droits des victimes attaquent missions. Il est fondamental d'élaborer et de
la DCN devant le tribunal des affaires de sé- mettre à la disposition des collaborateurs de
curité sociale de la Manche, ce dernier se dé- l'entreprise des règles de comportement pour
clare compétent. C’est là que se situe le leur éviter de se mettre en situation à risque.
tournant majeur. On considère désormais un
Il était important aussi de définir les rôles et
attentat comme un accident du travail. Le
responsabilités. Il ne faut pas, face à la crise,
cadre juridique n'est plus le même. Dès lors,
s'interroger sur ce qu'il faut faire, qui doit le
une entreprise doit anticiper l'exposition au
faire et comment. L'idée directrice a donc été
risque de ses salariés, comme de son patri-
de faire coïncider les responsabilités en ma-
moine et de ses activités et organiser sa sûreté
tière de sûreté avec les délégations de pouvoir
plutôt que de la gérer de façon réactive.
normalement organisées dans l'entreprise, à
C'est en ce sens que mon expérience de terrain tous les niveaux de la hiérarchie. Ainsi la
m'a incité à proposer au groupe Total la mise gouvernance de la sûreté est totalement inté-
en place d’un véritable système de manage- grée à la gouvernance de l’entreprise. Le véri-
ment de la sûreté. table responsable de la sûreté, à chaque
niveau, c’est le responsable business.
teurs publics et acteurs privés mais la compré- Je faisais allusion à toutes les menaces qui
hension mutuelle ne peut que favoriser une existent de nos jours en matière de terrorisme,
synergie au profit de la sécurité économique, une évolution du monde qui interdit aux en-
objectif également partagé. treprises de se contenter d'une réponse au
coup par coup. J’encourage donc toutes les en-
treprises à mettre en place un système de ma-
Croyez-vous en la nécessité d’une conver- nagement de la sûreté pour se préparer à
gence entre les acteurs du secteur privé affronter les événements. Tout est désormais
et du secteur public pour une maîtrise des dans l'anticipation.
risques plus efficaces ? Trop d'entreprises encore n'ont pas pris la me-
Oui, bien entendu. Mon objectif est de faire sure des enjeux ou, pire, acceptent le risque.
rencontrer ces populations. Vous savez, il est L'impact peut être destructeur que ce soit
impératif que les entreprises comprennent ce pour la protection des collaborateurs, en
que les administrations peuvent faire et ne termes financiers, en termes d’image, ou en
peuvent pas faire. A l’inverse, il faut aussi que termes juridiques. Il est question de la survie
le secteur public comprenne mieux les préoc- même d'une entreprise.
cupations de l’entreprise. Il y a depuis C'est la raison pour laquelle, fort de mon ex-
quelques années une évolution que je salue, périence, j'ai décidé de créer la société Salix
de la part des services de l’État, qui consiste à qui propose un accompagnement à la mise en
ne pas s'enfermer dans le secret de leurs bu- place de systèmes de management de la sûreté
reaux mais bien d’organiser des échanges avec adaptés à chaque entreprise en fonction de
les entreprises. son activité, de son implantation géogra-
phique, de son exposition au risque et de sa
culture.
J’ai lu dans votre édito sur le
site de Pôle Expérience Sécurité que
l’année 2014 exige une structuration www.experience-securite.fr
forte de la sûreté dans les entreprises.
Pouvez-vous m’en dire un peu plus ? contact@experience-securite.fr
Qu’organisez-vous pour sensibiliser à ces
questions de sûreté et de sécurité ?
Pouvez-vous nous présenter le rôle et les mis- L’entrepreneur tient une place importante
sions du GEPA ? pour vous. Pourquoi ?
Le GEPA a près de 50 ans. C’est une association L’entrepreneur est le « sel de la Terre ». De l’entre-
d’entrepreneurs et non pas d’entreprises. Notre vo- preneur dépend l’entreprise, l’emploi et le déve-
cation, aujourd’hui, est de promouvoir et défendre loppement de richesses . Sans entreprise, il n’y a
l’Entrepreneur ainsi que les valeurs qu’il repré- pas d’emploi. Sans entrepreneur, il n’y a ni entre-
sente : courage, travail, persévérance, résilience, es- prise, ni création de richesses.
prit d’équipe… C’est en quelque sorte toutes les Voilà ce qui me tient particulièrement à cœur.
valeurs humaines qui caractérisent ou doivent ca- C’est, dit autrement, la prise en compte de
ractériser l’entrepreneuriat. Pour nous, qu’un en- l’Homme, de la dimension humaine dans l’entre-
trepreneur ait 2000 collaborateurs ou qu’il soit tout prise, donc dans la société.
seul, il représente les mêmes valeurs. On ne se li-
mite pas au secteur marchand ou industriel. Je Quelle est la vocation du GEPA par rapport à
prends un exemple, un sportif de haut niveau a des cela ?
qualités d’entrepreneur. Il a un projet, il travaille,
il a un esprit d’équipe. Un responsable de la cul-
ture , un artiste, ... ont un esprit entrepreneurial. Le GEPA a deux vocations principales. Première-
ment l’animation du territoire au travers de l’or-
Ce n’est donc pas seulement les entreprises ? ganisation de manifestations, de réunions
d’information et de formation. Notre agenda vous
C’est surtout des personnes qui représentent des en montre la richesse, avec au moins un événement
entreprises. Entreprendre n’est pas seulement par semaine. Et cela va d’une conférence sur l’au-
avoir un bureau, des outils, du matériel informa- tisme, en passant par la nouvelle loi de finances,
tique, des collaborateurs. C’est avant tout un état un club œnologique, la cyber-criminalité, ou en-
d’esprit ; notre société en a un besoin vital. Une so- core le financement des PME. L’économie, l’entre-
ciété, sans entrepreneur, c’est une société qui prise, sont indissociables de la culture, de l’art du
meurt. Le système soviétique qui a tenu 50 ans sport ou de la… politique.
mais qui a explosé un beau jour car, en l’absence Au GEPA, nous pensons globalement mais nous
de libre entreprise et de reconnaissance de l’entre- agissons localement. C’est aussi une des convic-
preneur, le système s’est stérilisé en est un exem- tions que nous partageons. Le monde ne changera
ple. La notion de liberté est essentielle. qu’à la condition que chacun agisse à son niveau.
Ce sentiment est parfaitement illustré par la fable
du colibri que raconte Pierre Rabhi : « un sanglier
est couché au bord d’un étang. Sur l’autre rive en face,
LIVRES
De la grande Guerre à la crise permanente.
Les marchés financiers et les grandes banques ont atteint une taille, une complexité et un degré d’opacité
particulièrement inquiétants, qui leur permet d’accroître encore plus leur pouvoir. Au niveau international,
les dirigeants élus, qu’ils soient de gauche ou de droite, n’appliquent le plus souvent qu’une seule et
même politique économique, celle qui répond aux intérêts de l’aristocratie financière, et qui ne fait qu’ac-
centuer la crise et assombrir les perspectives d’avenir : il est paradoxal qu’une petite minorité de la po-
pulation mondiale soit en situation d’imposer sa volonté à l’ensemble de la société. Aujourd’hui, c’est au
nom de la satisfaction de marchés financiers, qui par nature demeurent insatisfaits, que les générations
actuelles souffrent. En 1914, au nom de la nation, la jeunesse européenne fut sacrifiée dans les charniers
d’une longue et cruelle guerre. Hier comme aujourd’hui, la démocratie est mise en échec, puisque les
politiques suivies ne correspondent ni aux intérêts ni aux aspirations du plus grand nombre. Résoudre
cette crise, soigner ce cancer qui ronge la société requiert essentiellement le respect de principes de
base, plutôt que l’utilisation de recettes au goût amer : d’une part, il faut réanimer la démocratie, la sortir
de son coma, d’autre part, il s’agit de remettre la sphère financière à sa place, c’est-à-dire au service de
l’économie et de la société. C’est ce à quoi s’intéresse Marc Chesney dans cet essai implacable, dans lequel il montre comment
les lobbies du secteur financier s’activent pour bloquer tout type
d’avancées dans ce domaine.
Les entreprises les plus performantes seront-elles celles qui, mieux que les autres, auront été
capables de développer avec succès des « innovations responsables » ?
Cet ouvrage offre des pistes de réflexion et apporte des éléments de réponse à cette question.
Il propose au lecteur des schémas et des méthodes d’analyse orientés vers la prise de décision
en matière d’innovations responsables.
A côté d'ouvrages sur le thème de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise et du « management
vert », l'auteur traite ici plus particulièrement des «innovations responsables » et plus spécifi-
quement encore du management stratégique de ces innovations. Or, un nombre croissant d‘ac-
teurs publics et privés - dont bien sûr les entreprises - s’accordent à reconnaître le rôle essentiel
de ces innovations dans la réalisation des objectifs et performances économiques, environne-
mentales et sociales.
L’originalité de l'ouvrage tient aussi au fait qu’il présente une « synthèse » de la littérature aca-
démique sur ce thème, permettant d’intégrer les travaux dans une perspective de management stratégique. Enfin, il faut
souligner l'originalité de la perspective adoptée : équilibre entre réflexions basées sur la littérature « académique » la plus
récente et la présentation de méthodes permettant de développer et mettre en œuvre de véritables stratégies d’innovations
responsables. De nombreux exemples et des « mini cas » complètent l'ensemble.
Alain Desroches, Alain Leroy, Frédérique Vallée - Editions La- Pierre Lascoumes, Carla Nagels - Editions Armand
voisier - www.lavoisier.fr Colin – www.armand-colin.com
312 pages – 65 euros. 304 pages – 29 euros.
Fiber Futures.