Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Introduction
1 Voir, par exemple, Fatima El-Tayeb, «’Gays who cannot properly be gay’: Queer Muslims in the
neoliberal European city», European Journal of Women's Studies, nº19 2012/1, 2012, p. 79-95.
2 Le terme trans*, avec astérisque, s’utilise dans ce contexte comme terme parapluie pour une multitude
de formes identitaires et expressions de genre que d’autres termes tels que transsexuel ou transgenre
ne peuvent pas inclure. Avery Tompkins, «Asterisk», Transgender Studies Quaterly, nª1 2014/1-2, 2014,
p. 26-27.
3 Fundamental Rights Agency, European Union lesbian, gay, bisexual and transgender survey, Vienne,
Fundamental Rights Agency, 2013.
4 ILGA-RIWI, Minorities Report 2017: attitudes to sexual and gender minorities around the world, 2017, Consulté
le 10 janvier 2018 dans http://ilga.org/downloads/ILGA_RIWI_Minorities_Report_2017_Attitudes_
to_sexual_and_gender_minorities.pdf).
affirment être à l’aise dans un espace social comprenant des personnes qui
s’habillent, agissent ou s’identifient à un genre différent de celui qui leur a
été assigné à la naissance. Au-delà des données statistiques, les expériences
vécues par les personnes LGBT prouvent que « la possibilité d’être l’objet
d’une agression verbale ou physique est omniprésente et, dans tous les cas,
très souvent déterminante sur la façon dont se construit leur identité
personnelle »5. Enfin, il existe un imaginaire collectif sur la diversité sexuelle
et de genre, fondé sur des perceptions stéréotypées qui représentent les
personnes LGBT, en particulier les homosexuels, comme des personnes aux
mœurs libertines, uniquement intéressées par les rencontres amoureuses et
sexuelles, les divertissements ou les soirées. Néanmoins, cet imaginaire ne
reflète pas les épisodes de la vie quotidienne marquée par des agressions,
des violences ou des stigmatisations associées à l’orientation sexuelle, à
l’identité ou bien à l’expression de genre6.
Depuis la seconde moitié du XXe siècle, une multitude d’organisations
sociales ont lutté pour la défense des droits des personnes LGBT et pour
une transformation sociale en faveur d’une société moins hétérosexiste et
cisgenriste qui respecterait leurs revendications, comme, en Espagne, le
Front d’Alliberament Gai de Catalunya7, créé en 1975 ou Trujillo, fondé en
20058. Quelques pays européens ont inclus, peu à peu, ces revendications
dans leurs politiques législatives et sociales en assumant, à des degrés
différents, des transformations légales cherchant à favoriser le bien-être des
personnes LGBT. Néanmoins, la FRA souligne que certaines questions
importantes relatives aux droits fondamentaux des personnes LGBT n’ont
pas encore été abordées par l’Union européenne, comme la discrimination à
l’emploi, l’éducation ou encore la protection sociale9. Dans le même esprit,
le rapport annuel de la section européenne de la International Lesbian, Gay,
Bisexual, Trans and Intersex Association10, se félicite de certains progrès en
matière législative dans plusieurs pays européens, tout en pointant l’hostilité
et la violence dont souffrent les personnes LGBT dans différents contextes
et souligne, spécifiquement, la vulnérabilité des personnes trans* face aux
attaques violentes.
Au-delà de ces considérations, la plupart des réformes légales qui ont
été adoptées reposent encore sur une vision individualisée de la
5 Didier Eribon, Réflexions sur la question gay, Paris, Flammarion, 2012, 1e ed. 1999.
6 Jose Antonio Langarita, En tu árbol o en el mío. Una aproximación etnográfica a la práctica del sexo anónimo entre
hombre, Barcelone, Bellaterra, 2015.
7 Front d’alliberament gay de Catalunya (1975-2018). Consulté le 10 janvier 2018, http://leopoldest.
blogspot.com.es/2015/10/front-dalliberament-gai-de-catalunya-40.html.
8 Gracia Trujillo, «Desde los márgenes. Prácticas y representaciones de los grupos queer en el Estado
español», Grupo de Trabajo Queer. El eje del mal es heterosexual. Figuraciones, movimientos y prácticas feministas
queer, Madrid, traficantes de sueños, 2012, p. 29-44.
9 Fundamental Rights Agency, Protection against discrimination on grounds of sexual orientation, gender identity and
sex characteristics in the EU, Vienna, Fundamental Rights Agency, 2015.
10 ILGA, Annual Report 2015. ILGA, 2015, Consulté le 28 janvier 2018 dans http://ilga.org/downloads/
ILGA_Annual_Report_2015_ENG.pdf.
11 Par « orientation sexuelle », nous comprenons la description de l'attirance sexuelle et/ou romantique
d’une personne envers d’autres personnes, par « identité de genre » nous comprenons la propre perception
du genre d’une personne et par « expression de genre », les manifestations externes du genre.
12 Loi Organique 10/1995, datant du 23 novembre, Code pénal, Art. 22, 314, 510, 511, 512, 515.4.
13 Décret Royal et Législatif 1/1995, du 24 mars, approuvant le texte révisé de la Loi sur le Statut des
Travailleurs. Art. 4.2, 17.2, 54.2 ; Décret Royal 5/2000 du 4 août approuvant le texte révisé de la Loi
sur les Infractions et les Sanctions dans l’Ordre Social, Art. 8.12, 8.13bis, 10bis et 16bis ; Loi 36/2011,
du 10 octobre, régulatrice de la juridiction sociale, Art. 96.
14 Loi 8/2013, du 9 décembre, pour améliorer la qualité de l'éducation. Cette loi utilise le terme
discrimination en générique, mais seul l'article 124 fait référence à l’identité sexuelle comme
circonstance aggravante de circonstances particulières. L’identité de genre n’est pas mentionnée dans le
texte en termes spécifiques mais doit être interprétée en termes génériques comme une discrimination.
15 Loi 14/1986 du 25 avril, Loi Générale de Santé, Art. 10 ; Loi 33/2011, du 4 octobre, Loi Générale de
Santé Publique, Art. 6.
16 Loi Organique 4/2015, du 30 mars, de protection de la sécurité des citoyens. Art. 16 ; Loi 19/2007, du
11 juillet contre la violence, le racisme, la xénophobie et l’intolérance dans le sport, Art. 6, 23, 24 y 35.
Décret Royal 203/2010, du 26 février, approuvant le Règlement relatif à la prévention de la violence,
du racisme, de la xénophobie et de l'intolérance dans le sport, Art. 20.
17 Convention sur la Cybercriminalité (2001), ratifiée en Espagne en 2010 ; Protocole additionnel à la
Convention sur la cybercriminalité relatif à la criminalisation d'actes de nature raciste et xénophobe
effectués par le biais de systèmes informatiques, publié en 2003 et ratifié en Espagne en 2014. Loi
25/2007 du 18 octobre sur la conservation des données relatives aux communications électroniques et
aux réseaux publics de communications ; Loi 34/2002, du 11 juillet, sur les services de la société de
l'information et le commerce électronique, Article 8.1.
espagnol pour dénoncer les actes de discrimination fondés sur leur choix
sexuel ou sur leur expression de genre.
Malgré les données statistiques montrant un taux élevé d’actes de
discrimination, et bien que la législation de l’État reconnaisse la discrimination
anti-LGBT comme un acte criminel en Espagne, les plaintes fondées sur ce
type d’actes restent peu nombreuses. En 2016, l’État espagnol a reçu un total
de 230 plaintes concernant des crimes de haine liés à l’orientation sexuelle
des victimes, et 22 plaintes en relation avec des discours de haine, également
liés à l’orientation sexuelle, à l’identité ou à l’expression de genre18.
Les raisons pour lesquelles ces crimes ne sont pas dénoncés ont été
étudiées par différents organismes. Selon la FRA19, « la raison principale du
nombre peu élevé de plaintes est le manque de confiance des victimes
envers l’efficacité des autorités chargées de faire respecter les lois ». Dans ce
sens, elle considère que pour faire face à ce problème, la formation des
policiers est essentielle. Selon l’organisme européen, le manque de dénonciation
d’actes de discrimination rend difficile la collecte de données statistiques,
lesquelles permettraient de connaître de manière rigoureuse la dimension
réelle du problème. En dehors du manque de confiance envers les forces de
l’ordre, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe 20, met
pour sa part en lumière d’autres raisons pour lesquelles les victimes de
crimes de haine ne dénoncent pas ces situations. Parmi ces dernières, figurent
notamment la peur de représailles de la part de l’auteur de la discrimination,
le sentiment d’humiliation ou de honte, le fait de ne pas savoir comment
dénoncer, la méfiance envers les institutions qui doivent faire respecter la
loi, l’obligation d’exposer publiquement son orientation sexuelle, son identité
ou expression de genre, ou le fait de ne pas savoir qu’il s’agit d’un acte
criminel. Cependant, inclure des formations obligatoires n’est pas suffisant
pour faire disparaître la méfiance envers les forces de l’ordre. Si l’on
souhaite que la police soutienne de façon satisfaisante toutes les victimes
de violence LGBTphobe, il faudrait aborder les problèmes de fond,
comme le machisme, l’homophobie et le racisme, inhérents à la plupart de
ces corporations.
En Espagne, certaines organisations comme l’Observatoire contre
l’homophobie, ont collaboré avec les institutions publiques pour promouvoir
la dénonciation des crimes de haine envers les personnes LGBT afin de
mettre un frein à ces actes par l’action judiciaire et la condamnation des
auteurs. Néanmoins, cette tendance soulève d’autres questions qui méritent
d’être discutées. Bien que les crimes de haine envers les personnes LGBT
18 Ministère de l’Intérieur, Informe de la evolución de los incidentes relacionados con los delitos de odio en España,
2016. Consulté le 2 juillet dans : http://www.interior.gob.es/documents/10180/5791067/ESTUDIO
+INCIDENTES+DELITOS+DE+ODIO+2016.pdf.
19 Fundamental Rights Agency, op. cit., Protection against discrimination on grounds of sexual orientation, gender identity
and sex characteristics in the EU, Vienne, Fundamental Rights Agency, 2015, p. 64.
20 OSCE, Hate crime data-collection and monitoring mechanisms, Varsovie, OSCE, 2014. Consulté le 2 juillet
2017 dans : http://www.osce.org/odihr/datacollectionguide?download=true.
Aspects méthodologiques
Ce travail s’inscrit dans le projet de recherche-action Divercity : Prévention
et lutte contre l’homophobie et la transphobie dans les villes européennes
petites et moyennes (Preventing and combatting homo- and transphobia in
small and medium cities across Europe)21.
Les données qui sont présentées dans cet article correspondent aux
recherches menées à Gérone. Gérone est une ville située dans le nord-est de
la Catalogne et comprend, selon les données de 2017 de l’Institut de la
Statistique de Catalogne, une population de 99 013 habitants22. En tant que
capitale de la province, la plupart des services territoriaux y sont représentés.
La ville possède également une université qui permet aux jeunes de ne pas
avoir à se déplacer dans une autre ville pour continuer leurs études. La
présence de l’université transforme la ville en un centre névralgique pour les
étudiants d’autres agglomérations de la région. La ville dispose de très peu
d’organisations LGBT. En 2012, le Conseil municipal LGBT a été mis en
place par la mairie ; c’est un organisme consultatif composé de représentants
d’organisations LGBT, de membres de partis politiques de la mairie et de
représentants de certaines institutions de la ville, comme le Collège d’avocats
ou l’Université de Gérone.
21 Un total de douze institutions participe à ce projet (ONGs, universités et mairies) et des études ont été
menées dans 6 villes : Charleroi (Belgique), Gérone (Espagne), Nottingham (Royaume Uni), Sabadell
(Espagne), Thessalonique (Grèce), Wroclaw (Pologne). Ce projet a été cofinancé par le Programme
Droits, Égalité et Citoyenneté de la Commission européenne.
22 IDESCAT. El municipio en cifras, 2018. Consulté le 11 janvier 2018 dans : https://www.idescat.cat/
emex/?id=170792&lang=es.
23 Une personne est définie comme cisgenre quand son identité de genre coïncide avec celle assignée à la
naissance ; non trans*.
24 Gayle Rubin, « Penser le sexe », dans Gayle Rubin, Surveiller et jouir. Anthropologie politique du sexe, Paris,
EPEL, 2010, p. 135-209.
25 James G. Bell et Barbara Barbara. «Outside Looking In: The Community Impacts of Anti-Lesbian,
Gay, and Bisexual Hate Crime». Journal of Homosexuality, nº62, 2015/1, 2015, p. 98-120. doi: 10.1080/
00918369.2014.957133.
26 Kristen Schilt et Laurel Westbrook, «Doing Gender, Doing Heteronormativity. Gender Norms,
Transgender People and the Social Mantenance of Heterosexuality». Gender and Society, nº23, 2009/4,
2009, p. 440-464: doi: 10.1177/0891243209340034.
Marcos27 : Je dirais jamais... disons que l’intimidation n’était pas violente-violente. C’était
la situation typique où l’on te met de côté… mais dernièrement, heureusement non.
Touchons du bois !
Intervieweur : Des agressions ?
Marcos : Je n’ai jamais subi d’agressions.
Intervieweur : Une discrimination en lien avec ton orientation sexuelle ?
Marcos : Non. (Marcos, homosexuel, 32 ans)
Marcos a intégré le discours hétérosexualisant à tel point qu’il ne
reconnait pas la discrimination et la normalise dans le cadre de son propre
processus de socialisation. C’est pourquoi la violence doit être conceptualisée
à partir d’une perspective large opérant de manière globale dans différentes
sphères de la vie, et même intégrée dans la façon dont chacun voit le
monde. La violence est intrinsèque à la structure sexuelle dominante, et n’est
pas seulement le résultat de comportements de sujets déterminés. Le
processus d’individualisation que projettent les crimes de haine permet
d’isoler l’agresseur pour le considérer comme un déviant moral. Ainsi, bien
que, dans la conception juridique, les crimes de haine soient présentés
comme le produit d’une structure sociale, en réalité, l’action criminelle cesse
d’être la conséquence d’une structure sociale qui produit des inégalités, pour
devenir un produit isolé de sujets déviants28. La reconnaissance du crime de
haine peut permettre de mettre fin à des actions concrètes de discrimination,
mais ne remet pas en cause le tissu social qui structure le sentiment de haine.
Réduire ainsi la LGBTphobie aux crimes de haine pose au moins trois
problèmes qui méritent d’être discutés : le premier est le soutien des
structures socio-sexuelles dominantes, celles-ci ne remettant pas en cause les
changements de structures sociales nécessaires pour une société plus égalitaire
et diversifiée. Dans un deuxième temps, cela suppose de déléguer des fonctions
au domaine juridique, élargissant ainsi le pouvoir de la police. Enfin, cela
rend invisibles les nombreuses autres formes de violences motivées par
l’orientation sexuelle ou l’expression et l’identité de genre qui ne passent pas
par l’action d’un auteur de discrimination.
Les actes de discrimination envers les personnes LGBT inclus dans la
loi ou dans la jurisprudence nationale ne représentent qu’une petite partie de
la violence exercée envers ceux qui ne rejoignent pas le projet hétérosexualisant
et cisgénérique. En Espagne, il existe une règlementation concernant la
discrimination utilisée pour l’interprétation des crimes de haine. Cependant,
de nombreux actes de discrimination se produisent au sein même de la
sphère privée et personnelle, de manière si subtile qu’on pourrait difficilement
les qualifier de crimes motivés par la haine ou d’actes de discrimination
devant un tribunal : est-ce un crime qu’un ami ne veuille plus vous parler
parce que vous êtes gay, comme le relate Pablo (gay, 25 ans) ? Est-ce un
27 Tous les noms des personnes interrogées sont fictifs afin de préserver leur anonymat.
28 Loïc Wacquant, Prisons of poverty, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2009.
crime que des parents n’approuvent pas que leur fille lesbienne vienne en
couple à un événement familial, comme cela a été le cas pour Raquel
(lesbienne, 31 ans) ? Ou encore, est-ce un crime qu’un homosexuel ne
puisse dire à sa famille qu’il est gay par peur de leur réaction, comme c’est le
cas pour Oscar (gay, 48 ans) ? Aucun tribunal n’accepterait de qualifier de
telles actions de délictuelles, et il serait difficile pour les victimes de déposer
une plainte fondée sur de tels événements.
Néanmoins, le fait que ces violences soient produites par un modèle
social hétérosexualisant et cisgénérique ne fait pas de doute. La solution à
ces situations ne passe pas par une régulation plus importante ou une
augmentation du nombre d’articles de loi, toujours insuffisants ; il convient
plutôt de miser sur une nouvelle conception de la sexualité et du genre qui
permettrait de construire des sociétés plus diversifiées et inclusives. Une
bonne partie des exemples de LGBTphobie échappent aux réponses
juridiques de la discrimination, sans pour autant qu’ils ne cessent d’être
douloureux ou qu’ils ne soient moins graves. C’est pourquoi, comme le
déclarent Buist et Lenning29, l’abus de pouvoir peut se manifester de
manière très différente au-delà des conceptions juridiques des crimes.
Pour un auteur comme Barbara Perry30, les conceptions juridiques
des crimes de haine encouragent l’idée que les actes discriminatoires sont
statiques et anormaux. Cependant, comme ils font partie de la structure
sociale, ils ont en réalité un caractère dynamique, adaptable et changeant qui
persiste et se présente de différentes manières, en fonction du contexte. Les
actes de discrimination sont constants et très variés, mais ils ne sont pas
toujours à la portée du regard juridique, empreint lui-même de logique
hétérosexuelle. Un nombre important d’expériences de discrimination ne
peut être résolu par des décisions judiciaires ; il est nécessaire à cette fin de
développer une nouvelle conception des relations afin de construire d’autres
cadres conceptuels plus intégrateurs et diversifiés.
La dénonciation
L’ensemble des personnes LGBT interrogées dans le cadre de cette
recherche ont souffert tout au long de leur vie d’un certain type de violence
physique, psychologique, de menaces ou d’intimidations en raison de leur
orientation sexuelle, de leur identité ou de leur expression de genre. Aucune
d’entre elles n’a déposé plainte pour ces faits, même celles qui ont directement
souffert d’agressions physiques. Lors des entretiens, un seul des participants
avait porté plainte, en tant que représentant des entités LGBT, pour
dénoncer des graffitis homophobes apparus dans sa ville. En d’autres
termes, cela signifie que les données obtenues à travers cette enquête
29 Carrie L. Buist et Emily Lenning, Queer Criminology, New York, Routledge, 2016.
30 Barbara Perry, In name of hate. Understanding hate crime, New York-London, Routledge, 2001.
31 Fundamental Rights Agency, op. cit., European Union lesbian, gay, bisexual and transgender survey, Vienne,
Fundamental Rights Agency, 2013.
32 Gregory Herek, M., J. Roy Gillis et Jeanine C. Cogan, «Psychological Sequelae of Hate Crime
Victimization among Lesbian, Gay and Bisexual Adults». Journal of Consulting and Clinical Psychology, nº67,
1999/6, 1999, p. 945–951.
33 Suzanna M. Rose et Mindy B. «Mechanic, Psychological Distress, crime features and help-Seeking
behaviors related to homophobic bias incidents», The American Behavioral Scientist, nº46, 2002/1, 2002,
p. 14-26.
34 Meyer Doug, «Evaluating the severity of hate-motivated violence. Intersectional differences among
LGBT hate crime victims», Sociology, nº44, 2010/5, 2010, p. 980-995. doi: 10.1177/0038038510375737.
35 Edward Dunbar, «Race, Gender and Sexual Orientation in Hate Crime Victimization: Identity Politics
or Identity Risk?», Violence and Victims, nº21, 2006/3, 2006, p. 323–37.
36 Gregory M. Herek, Jeanine C. Cogan, et J. Roy Gillis, p. 336, «Victim experiences in hate crimes based
on sexual orientation», Journal of Social Issues, nº58, 2002/2, 2002, p. 319–339.
37 James G. Bell & Barbara Barbara, op. cit., «Outside Looking In: The Community Impacts of Anti-
Lesbian, Gay, and Bisexual Hate Crime». Journal of Homosexuality, nº62, 2015/1, 2015, p. 98-120. doi:
10.1080/00918369.2014.957133.
38 Ministère de l’Intérieur, op. cit., Informe de la evolución de los incidentes relacionados con los delitos de odio en
España, 2016. Consulté le 2 juillet 2017 dans : http://www.interior.gob.es/documents/10180/5791067/
ESTUDIO+INCIDENTES+DELITOS+DE+ODIO+2016.pdf.
39 Fundamental Rights Agency, op. cit. European Union lesbian, gay, bisexual and transgender survey, Vienne,
Fundamental Rights Agency, 2013.
40 OSCE, op. cit., Hate crime data-collection and monitoring mechanisms, Warsaw, OSCE, 2014. Consulté le
2 juillet 2017 dans: http://www.osce.org/odihr/datacollectionguide?download=true.
Conclusion
Si les réponses aux crimes de haine restent seulement individuelles et
individualisantes, si elles ne prennent en compte ni la structure sociale qui
les motive, ni le rôle de la culture dans l’organisation sociale du sexe, elles
pourront difficilement se convertir en un objet de transformation sociale.
Dès lors, si nous acceptons que l’organisation sociale de la sexualité est
mesurée culturellement, pourquoi attribuerions-nous des causes spécifiques
à la LGBTphobie ? Les mesures juridiques peuvent atténuer quelques-uns
des aspects de la discrimination, et/ou peuvent permettre la reconnaissance
du statut de victime. Cependant, l’individualisation d’un problème structurel,
rapporté à l’action des auteurs de violence, favorise l’augmentation des états
répressifs et ne garantit ni la transformation sociale ni le bien-être des
personnes LGBT. La transformation sociale en matière de diversité sexuelle
et de genre ne passe pas par la persécution des sujets individualisés, mais par
la construction de nouveaux modèles sociaux directement anti-hétéro-
patriarcaux.
Il ne faut pas par ailleurs négliger le fait que bon nombre des violences
anti-LGBT se produisent dans la sphère privée, au sein du foyer et dans
l’entourage. Et les mécanismes juridiques associés aux crimes de haine
peuvent difficilement poursuivre les discriminations quotidiennes survenant
au sein du foyer ; ils sont encore plus impuissants face aux discriminations
émanant de notre structure sociale fondée sur le paradigme de l’hétérosexualité
obligatoire.
C’est pourquoi la LGBTphobie ne peut être réduite aux crimes de
haine, car il s’agirait d’une simplification qui légitimerait les structures sexuelles
et de genre qui relèvent elles-mêmes de l’oppression. Ce n’est que grâce à
une approche exhaustive, prenant en compte tous les domaines de la vie,
que nous pourrons réellement améliorer le bien-être des personnes LGBT,
combattre la violence et rendre les vies quotidiennes plus vivables.