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TD Droit Administratif L’arrêt Blanco est à la base du Droit administratif.

Le tribunal des conflits


deviendra alors notre Conseil d'Etat actuel. Le droit administratif est au droit public ce que le droit
pénal est au droit privé. L'arrêt Blanco est un arrêt à multiple portée. Il est utilisé pour la mise en
responsabilité de l'Etat et pour que la compétence du tribunal des conflits, Conseil d'Etat soit établie.
Un fiche d'arrêt de droit administratif est la clé de la réussite du droit...

TD Droit Administratif : Séance 3 Correction interrogation Droit Administratif Arrêt Blanco : les 5
apports. - fin de l'irresponsabilité de l'Etat - caractère autonome du droit administratif : la resp de
l'état ne doit pas se faire selon des règles de Droit privé - caractère prétorien : tout repose sur la
jurisprudence - la compétence du juge suit le fond - le critère La valeur du Préambule ? Le juge a
consacré une valeur constitutionnelle au Préambule. Le Préambule s'impose DEHAENE, + liberté...

l’arrêt CE, 13 décembre 1889, CADOT. L’article 52 de la Constitution du 22 frimaire an VIII qui institua
le Conseil d’État, celui-ci a surtout eu dans un premier temps un rôle consultatif mais aussi une
compétence d’attribution strictement encadrée par la loi en matière de contentieux administratif.
Cependant L’arrêt CADOT rendu par le conseil d’état le 13 décembre 1889 se consacre dans son
principe à changer l’approche du contentieux administratif. En l’espèce cet arrêt intervient sur une
affaire...

Arret Blanco, 8 fevrier 1873 : Faits : Le 3 novembre 1871 des agents de l’Etat renverse Mlle
Agnes Blanco alors qu’ils poussent un wagon lors d’une mission publique. Procédure : M
Blanco representant légal de la victime intente alors une action contre l’Etat devant un
tribunal civil (judiciaire). Le conflit est élevé au tribunal des conflit au motif que le tribunal
ordinaire n’a pas competence à traiter des affaires dans lesquelles l’Etat est concerné, que la
responsabilité pouvant incomber...

L’article 52 dela Constitution du 22 frimaire an VIII qui institua le Conseil d’État, celui-ci a
surtout eu dans un premier temps un rôle consultatif mais aussi une compétence d’attribution
strictement encadrée parla loi en matière de contentieux administratif. Cependant L’arrêt
CADOT rendu par le conseil d’état le 13 décembre 1889 se consacre dans son principe à
changer l’approche du contentieux administratif.
En l’espèce cet arrêt intervient sur une affaire posée par le sieur Cadot concernant une
décision du conseil municipal de Marseille ayant supprimé un poste d’ingénieur directeur de
la voirie et des eaux de la ville. Pour le sieur Cadot cette suppression du poste dont il est
titulaire représente un préjudice dommage pour lui. Cependant après une déclaration
d’incompétence d’abord des tribunaux judiciaire et ensuite du conseil de préfecture, c’est le
ministre qui est saisi pour en apprécier la demande, demande rejetée par ce dernier au motif
que si le conseil municipal n’avait pas accordée des dommages intérêts alors lui ne pouvait le
faire. Malgré cette décision le sieur Cadot déféra au Conseil d’état. Dans cette décision le
conseil d’état ne contredit pas le ministre mais il vient plutôt dire qu’il n’appartient ni au
ministre, ni à aucune autre juridiction administrative de régler le contentieux de ce type de
réclamation.

Afin de comprendre comment s’organise le contentieux administratif et la répartition des


compétences, il en revient de s’interroger sur le fondement et l’utilité de cette appropriation
du contentieux administratif par le conseil d’état en premier et dernier ressort.
Dans un premier temps c’est la disparition de la théorie du ministre juge, prédominante depuis
la constitution de l’an VIIII par son article 75 synonymes d’une volonté d’éviter une...
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Résumé du document
Léon Duguit le qualifiait de « pierre angulaire » du droit administratif, Marcel Waline de «
véritable révolution jurisprudentielle ». Pour un nombre important de juristes, la décision «
Blanco », rendue le 8 février 1873 par le Tribunal des Conflits, fait en effet office d'arrêt
fondateur du droit administratif.

Qui eût pu croire que les malheurs d'une innocente fillette bordelaise de cinq ans et demi
seraient un jour à l'origine de l'un des plus importants bouleversements juridiques du droit
français ? (...)

Sommaire
Introduction

I) Si l'arrêt « Blanco » rationnalise le droit administratif...

A. L'établissement du critère de compétence administratif


B. L'autonomisation du droit administratif

II) ... L'arrêt « Blanco » ne fonde pas le droit administratif pour autant

A. La systématisation de solutions antérieures : l'apport de l'arrêt « Rothschild »


B. L'arrêt « Blanco », victime d'une mythification doctrinaire

Extraits
[...] Le corollaire de l'existence de règles spéciales réside dans la compétence de la juridiction
administrative pour connaître de cette responsabilité, en application avec la loi des 16 et 24
août 1790 qui interdit aux tribunaux judiciaires de troubler, de quelque manière que ce soit,
les opérations du corps administratif Par cette décision, on reconnaît sans distinction le fait
que le droit administratif déroge certes aux règles du droit civil, mais qu'il constitue
également un système juridique propre, avec sa logique et ses solutions. Est ainsi posée de
manière claire, rationnelle, et définitive l'autonomie du droit administratif. [...]

[...] Sous la présidence du garde des Sceaux de l'époque Jules Dufaure, venu trancher le
partage des voix, le Tribunal des Conflits confirme l'arrêté en date du 8 février 1873, estimant
que l'autorité administrative est seule compétente pour juger l'affaire, au motif désormais
célèbre que la responsabilité qui peut incomber à l'Etat, pour les dommages causés aux
particuliers par le fait des personnes qu'il emploie dans le service public, ne peut être régie par
les principes qui sont établis dans le Code Civil pour les rapports de particulier à particulier
Cette décision Blanco du Tribunal des Conflits est à replacer dans son contexte : celui d'une
évolution et d'une autonomisation frappante de la justice administrative, spécialement avec la
loi Dufaure du 24 mai 1872 portant réorganisation du Conseil d'Etat. Elle-même va
intrinsèquement participer à l'autonomisation du droit de l'administration. Si aujourd'hui, la
doctrine moderne juge pour la plupart obsolètes voire périmées les conceptions défendues par
le Tribunal des Conflits dans cette décision, eu égard à l'évolution jurisprudentielle notable de
ces cent trente-cinq dernières années, l'arrêt Blanco n'a pour autant rien perdu de son prestige,
et conserve clairement le caractère mythique propre à sa réputation d'arrêt fondateur du droit
administratif. [...]

[...] L'arrêt Blanco victime d'une mythification doctrinaire Une trentaine d'années après sa
proclamation, l'arrêt Blanco est redécouvert par la doctrine qui le rendra victime d'une
véritable mythification, qui a indéniablement son rôle à jouer dans le fait qu'il soit aujourd'hui
considéré comme la décision fondatrice du droit administratif. Son aspect politiquement très
consensuel (II.B-1) va notamment lui permettre de devenir le porte étendard de la théorie du
service public fondée par l'ancien doyen de la Faculté de droit de Bordeaux Léon Duguit,
aujourd'hui très largement contestée par la doctrine (II.B-2). [...]

[...] Le rejet des dispositions du Code Civil L'apport considérable de l'arrêt Blanco ne vaut pas
que pour la compétence des juridictions administratives, elle prévaut également pour ce qui
est du fond du droit administratif. Par la courte phrase suivante, aux accents éminemment
laconiques : la responsabilité qui peut incomber à l'Etat pour les dommages causés aux
particuliers par le fait des personnes qu'il emploie dans le service public ne peut être régie par
les principes qui sont établis dans le Code Civil, pour les rapports de particuliers à particuliers
le Tribunal des Conflits rejette expressément la compétence du juge judiciaire et l'application
du droit civil, alors qu'il s'agit pourtant d'une manufacture de tabacs qui a une grande
ressemblance avec une industrie privée et que les ouvriers incriminés sont en dehors de toute
hiérarchie administrative La raison de ce rejet est double. [...]

[...] L'arrêt Blanco nous avons pu nous en rendre compte, a effectivement joué un grand rôle
pour ce qui fut de rationnaliser le droit administratif, en affirmant le critère de sa compétence
mais également en consacrant très distinctement sa spécificité. Toutefois, cette décision, aussi
importante qu'elle puisse être, ne fonde pas pour autant le droit administratif. II . l'arrêt Blanco
ne fonde pas le droit administratif pour autant L'arrêt Blanco ne fonde pas à lui seul le droit
administratif, construit très ancien qui le précède largement. Il se contente en effet de
systématiser des solutions antérieures, notamment celles présentées par le Conseil d'Etat dans
un arrêt Rothschild du 6 décembre 1855 (II.A). [...]
Résumé du document
Les faits à l'origine de l'arrêt « Blanco » du Tribunal des conflits du 8 février 1873 sont
relativement simples. Une enfant ayant été grièvement blessée par un wagonnet poussé par
des ouvriers travaillant pour le compte d'un service public de l'Etat, en l'occurrence une
manufacture de tabac, son père intente, sur le fondement des articles 1382 à 1384 du Code
civil, une action en dommages-intérêts contre l'Etat devant le juge judiciaire, qui s'estime
pleinement compétent pour connaître d'un tel recours en responsabilité extracontractuelle.
Considérant au contraire que seul le juge administratif peut condamner l'Etat au paiement
d'une somme d'argent, le préfet décide d'élever le conflit.

Sommaire
1. La détermination de la compétence juridictionnelle en matière de la responsabilité de
la puissance publique
1. La nécessité du recours au critère du service public
2. La portée du recours au critère du service public
2. La détermination des caractères structurels du régime de la responsabilité de la
puissance publique
1. L'affirmation du caractère autonome du régime de la responsabilité
administrative
2. L'affirmation du caractère dérogatoire du régime de la responsabilité
administrative

Extraits
[...] 211-10 du code de la sécurité intérieure, anciennement art. L. 2216-3 du code général des
collectivités territoriales). L'affirmation du caractère dérogatoire du régime de la
responsabilité administrative La légitimité du caractère dérogatoire de la responsabilité
administrative L'affirmation du caractère dérogatoire du régime de la responsabilité
administrative apparaît dans le troisième considérant de l'arrêt Blanco Le Tribunal des conflits
y affirme, à propos de la responsabilité extracontractuelle de l'Etat, qu'elle est régie par des
règles spéciales Le caractère dérogatoire de la responsabilité administrative a un double
fondement, à savoir les besoins du service et la nécessaire conciliation des droits de l'Etat
avec les droits privés Ainsi, à la différence de la responsabilité civile, la responsabilité de la
puissance publique n'est, selon la formule du Tribunal des conflits, ni générale, ni absolue
Non seulement les dommages causés par les activités de l'Etat n'ouvre pas toujours droit à
réparation ni générale mais encore la responsabilité de l'Etat, lorsqu'elle est admise, n'est pas
toujours engagée sur la base d'une faute simple, mais exige parfois la survenance d'une faute
caractérisée ou lourde ni absolue La portée du caractère dérogatoire de la responsabilité
administrative Il ne faut pas exagérer la portée du caractère dérogatoire du régime de la
responsabilité administrative, ainsi consacré par l'arrêt Blanco D'abord, il n'existe plus
aujourd'hui de domaines d'irresponsabilité de la puissance publique. [...]

[...] Il n'est pas inutile d'ajouter que la Conseil d'Etat, ainsi appelé à statuer sur l'action en
dommages-intérêts de M. Blanco, conclura à la responsabilité de l'Etat et accordera à la
victime une rente viagère (CE mai 1974, Blanco). L'arrêt Blanco du 8 février 1873 revêt une
importance considérable. Rendu moins d'un an après la loi du 24 mai 1872, qui instaure le
Tribunal des conflits et attribue au Conseil d'Etat la justice administrative déléguée il
constitue historiquement l'un des arrêts fondateurs du droit administratif moderne. [...]

[...] La nécessité du recours au critère du service public Un critère jurisprudentiel pleinement


justifié A en juger par l'emploi de l'expression aux termes des lois ci-dessus visées qui figure
dans le dernier considérant de l'arrêt Blanco le recours par le Tribunal des conflits au critère
du service public, comme critère de détermination de la compétence du juge administratif en
matière de responsabilité de l'administration, constitue la conséquence logique du principe de
séparation des autorités administratives et judiciaires consacré par la loi du 16-24 août 1790 et
le décret législatif du 16 fructidor de l'an III. Mentionnés expressément dans les visas de
l'arrêt Blanco ces deux textes interdisent en substance aux tribunaux judiciaires, sous peine de
forfaiture, de connaître des actes d'administration, de troubler les opérations des corps
administratifs ou encore de citer des administrateurs en raison de leur fonction. Ils ont posé
immédiatement des difficultés d'interprétation. [...]

[...] Il ressort des motifs de l'arrêt Blanco que ce régime apparaît, par rapport au droit
commun, autonome et dérogatoire. L'affirmation du caractère autonome du régime de la
responsabilité administrative La signification du principe de l'autonomie de la responsabilité
L'affirmation du caractère autonome du régime de la responsabilité administrative se trouve
dans le deuxième considérant de l'arrêt Blanco Le Tribunal des conflits y affirme que la
responsabilité extracontractuelle de l'Etat ne saurait être régie par les principes qui sont établis
dans le Code civil, pour les rapports de particulier à particulier Ainsi, l'autonomie du régime
de la responsabilité administrative se traduit par l'exclusion des solutions offertes par le Code
civil. [...]

[...] Plusieurs critères ont ainsi été dégagés qui, jusqu'à l'arrêt Blanco se faisaient plus ou
moins concurrence. C'est le cas, au premier chef, du critère de l'Etat débiteur auquel se réfère
le préfet dans l'affaire Blanco Tiré notamment de la loi des 18 juillet-8 août 1790 et du décret
du 26 septembre 1793, ce critère interdit au juge judiciaire de condamner l'Etat au paiement
d'une somme d'argent et, plus particulièrement, au paiement de dommages-intérêts (CE
Rothschild). De même, le critère opposant les actes d'autorité et les actes de gestion de
l'administration a été vigoureusement défendu par des auteurs aussi éminents que Maurice
Hauriou, Léon Aucoc ou Edouard Laferrière (l' Ecole de la puissance publique Tandis que le
contentieux des actes de gestion de l'Administration doit être porté devant le juge judiciaire et
être réglé selon les règles du droit privé, les actes d'autorité, parce qu'ils traduisent la volonté
de commandement de l'autorité administrative (prescriptions, interdictions, ordres) et
impliquent l'exercice de prérogatives de puissance publique, relèvent de la compétence
exclusive du juge administratif et sont régies par les règles du droit administratif. [...]
Résumé du document
I) Retracez comment la responsabilité pour faute de l'administration peut être engagée

Il ne faut pas oublier que le droit administratif de la responsabilité est un corps autonome de
règles (depuis Blanco). Longtemps la faute lourde a prévalu dans la responsabilité
administrative, aujourd'hui son application n'est que ponctuelle. Le principe de la faute simple
domine le régime de responsabilité administrative.

- Le principe de la faute simple


Par faute simple, il faut entendre une faute dont on n'exige pas qu'elle soit d'une certaine
gravité.

Principe : la faute doit être prouvée :


Une faute "c'est un manquement à une obligation préexistante". La faute peut prendre la
forme d'une action ou d'une omission.
Normalement, il incombe à la victime de prouver l'existence d'une faute. La charge de cette
preuve est souvent délicate à assumer.

Exception : la faute est parfois présumée


Dans certains cas, la jurisprudence renverse la charge de la preuve. Il appartient à
l'administration de prouver qu'elle n'a pas commis de faute. Il y a alors présomption de faute à
la charge de l'administration. C'est le cas pour les dommages causés aux usagers d'un ouvrage
public, c'est-à-dire, par exemple d'une voie publique, d'une route - automobilistes, piétons...

- L'exigence ponctuelle de la faute lourde


Parfois, une faute simple ne suffit pas pour que la responsabilité de l'administration soit
retenue. La jurisprudence exige que la faute soit d'une certaine gravité. (...)

Sommaire
I) Retracez comment la responsabilité pour faute de l'administration peut être engagée
II) Définir la circulaire et la directive
III) Expliquez les faits, la procédure, le problème de droit et l'apport de l'arrêt Blanco

Extraits
[...] Le principe de la faute simple domine le régime de responsabilité administrative. Le
principe de la faute simple Par faute simple, il faut entendre une faute dont on n'exige pas
qu'elle soit d'une certaine gravité. - Principe : la faute doit être prouvée : Une faute c'est un
manquement à une obligation préexistante. La faute peut prendre la forme d'une action ou
d'une omission. Normalement, il incombe à la victime de prouver l'existence d'une faute. La
charge de cette preuve est souvent délicate à assumer. [...]

[...] Une circulaire impérative est une circulaire dont les instructions sont voulues obligatoires
pour ses destinataires. Elles sont - opposable aux administrés, donc invocable par
l'administration, à condition qu'elle soit légale, et - invocable par les administrés, donc
opposable à l'administration, à condition qu'elle soit légale, et susceptible de recours pour
excès de pouvoir. Les directives Comme les circulaires, ce sont des actes de portée générale
adressés par les chefs de service aux agents placés sous leur autorité. Leur objet diffère
cependant : elles indiquent aux agents, non pas la manière dont ils doivent décider, mais ce
qu'ils doivent décider en appliquant une réglementation : C.E., Sect décembre 1970, Crédit
foncier de France. [...]

[...] - Exception : la faute est parfois présumée Dans certains cas, la jurisprudence renverse la
charge de la preuve. Il appartient à l'administration de prouver qu'elle n'a pas commis de
faute. Il y a alors présomption de faute à la charge de l'administration. C'est le cas pour les
dommages causés aux usagers d'un ouvrage public, c'est-à- dire, par exemple d'une voie
publique, d'une route - automobilistes, piétons L'exigence ponctuelle de la faute lourde
Parfois, une faute simple ne suffit pas pour que la responsabilité de l'administration soit
retenue. [...]

[...] Ce dernier serait civilement responsable des fautes commises par les ouvriers de la
manufacture. De son côté, le préfet de la Gironde estime que les tribunaux judiciaires ne sont
pas compétents pour statuer sur cette action. Question de droit : Il appartient alors au Tribunal
des conflits de désigner la juridiction compétente : s'agit-il de la juridiction administrative ou
de la juridiction judiciaire ? La réponse du Tribunal des conflits La responsabilité qui peut
incomber à l'État pour les dommages causés aux particuliers par le fait des personnes qu'il
emploie dans le service public ne peut être régie par les principes qui sont établis dans le code
civil, pour les rapports de particulier à particulier ; (responsabilité SP). [...]

[...] Ce sont des actes de portée générale adressés par les chefs de service aux agents placés
sous leur autorité à l'effet de leur indiquer la manière d'interpréter et d'appliquer les
dispositions des lois et règlements. * Les circulaires interprétatives, actes réellement non
décisoires : ne circulaire purement interprétative est un acte non impératif de portée générale
par lequel une autorité administrative indique à ses subordonnés le sens de certaines
dispositions normatives. Ainsi, les circulaires qui ont pour objet de clarifier les textes
normatifs, de les expliciter, de les interpréter, sont des circulaires purement interprétatives.
[...]

Résumé du document
Le 8 février 1873, le Tribunal des conflits rend un arrêt fondateur du droit administratif, l'arrêt
Blanco, qui apparait alors, selon l'expression de Gaston Jeze, comme la « pierre angulaire »
du droit administratif. Depuis cette décision, les principes d'autonomie et de spécificité du
droit administratif ainsi que celui de responsabilité de l'État en matière de dommages causés
par des services publics sont entérinés.
En effet, quelques mois auparavant, une enfant avait été blessée « par le fait d'ouvriers
employés par l'administration des tabacs ». Son père avait alors porté l'affaire devant les
juridictions judiciaires afin que la responsabilité de l'État soit reconnue (les ouvriers en
question étant employés dans le service public) en application des articles 1382, 1383 et 1384
du Code civil. Le préfet du département de la Gironde, estimant que cela relevait du droit
administratif, a élevé l‘affaire devant le Tribunal des conflits afin que celui-ci tranche le litige
et le renvoie devant la juridiction compétente. Le Tribunal a alors estimé que l'affaire relevée
du droit administratif et non judiciaire.

Sommaire
1. De l'apparition d'une responsabilité de l'Etat à l'accroissement des compétences du
juge administratif
1. Le service public comme élément spécifique relevant du droit administratif
2. « L'extension relative» des compétences du juge administratif
2. De l'évolution du droit administratif à la relativité de sa portée
1. L'affirmation de l'autonomie et de la singularité du droit administratif
2. La portée limitée de l'arrêt

Extraits
[...] De l'apparition d'une responsabilité de l'Etat à l'accroissement des compétences du juge
administratif Les juges du Tribunal des conflits appuient leur décision sur l'existence d'une
responsabilité de l'Etat dans le cas où le personnel d'un service public commet des dommages
à un particulier et de ce fait, ils estiment qu'il revient au juge administratif de traiter l'affaire
A. Le service public comme élément spécifique relevant du droit administratif Lorsque sieur
Blanco père de l'enfant, saisit les juridictions judiciaires à la suite des blessures subies par sa
fille, il voulait que la responsabilité de l'Etat soit reconnue dans les faits et que le juge
condamne ce dernier au versement d'une indemnité. [...]

[...] Ces deux matières se rejoignent souvent et parfois, la loi répartit même certaines
compétences entre les deux juridictions. C'est par exemple ce que dispose la loi du 31
décembre 1957 qui transfère aux tribunaux judiciaires les affaires de dommages de toute
nature causés par des véhicules dont fait partie celui qui a blessé la fillette dans l'affaire
Blanco. Ainsi, il est donc devenu commun de voir les juridictions administratives se référer à
certains principes inhérents au droit civil ou encore de voir certaines affaires, qui jadis,
relevaient exclusivement de la compétence du juge administratif, être attribuées de nos jours à
celle du juge judiciaire. [...]

[...] Aucune ne peut s'immiscer dans les affaires, les compétences, de l'autre. Par la définition
d'une nouvelle responsabilité de l'Etat et la réaffirmation des compétences du juge
administratif, cet arrêt semble donc marquer un tournant majeur dans l'évolution du droit
administratif en posant le principe d'autonomie et de spécificité de ce droit. II. De l'évolution
du droit administratif à la relativité de sa portée L'arrêt Blanco marque une certaine révolution
jurisprudentielle et acquiert rapidement le titre d'arrêt fondateur du droit administratif. [...]
[...] L'affirmation de l'autonomie et de la singularité du droit administratif Vu les lois des 16-
24 août 1790 et du 16 fructidor an III : le Tribunal des conflits appuie sa décision sur des
textes législatifs emblématiques marquant la séparation entre le droit administratif et
judiciaire. En effet, les premières de ces trois lois, interdisent alors aux tribunaux judiciaires
de troubler de quelque manière que ce soit les opérations des corps administratifs tandis que la
dernière leur fait défense de connaître des actes administratifs Ces lois s'inscrivent
directement dans l'atmosphère traditionnelle de méfiance envers les juges depuis la révolte
des Parlements sous l'Ancien régime. [...]

[...] A partir de tout cela, il est donc nécessaire de se demander si, en réalité, ce n'est pas en
grande partie la doctrine qui a construit l'aspect fondateur de l'arrêt Blanco afin de consolider
cette matière qu'est le droit administratif. [...]

Résumé du document
Tribunal des conflits - 8 février 1873 : Sieur Blanco

Un enfant a été renversé et blessé par un wagonnet d'une manufacture de tabac, exploitée en
partie par l'État. Le père avait saisi les tribunaux judiciaires pour faire déclarer l'État
civilement responsable du dommage.
Le conflit fut élevé et le Tribunal des conflits attribua pour connaitre la compétence de ce
litige à la juridiction administrative.

Par l'arrêt Blanco, le tribunal des conflits consacre à la fois la responsabilité de l'État à raison
des dommages causés par des services publics et la compétence de la juridiction
administrative pour en juger.

Si l'arrêt Blanco peut être considéré comme fondateur du Droit administratif, l'évolution de la
jurisprudence doit conduire à nuancer les règles qu'il dégage en matière de répartition des
compétences.

Dans l'arrêt Blanco, le droit de la responsabilité administrative s'est construit sur un


fondement essentiellement jurisprudentiel, de façon autonome par rapport au Droit civil.

Tribunal des Conflits - 30 juillet 1873 : Pelletier

(...)

Sommaire
1. Tribunal des conflits - 8 février 1873 : Sieur Blanco
2. Tribunal des Conflits - 30 juillet 1873 : Pelletier
3. Conseil d'État - 19 février 1875 : Prince Napoléon
4. Conseil d'État - 26 novembre 1875 : Pariset
5. Conseil d'État - 13 décembre 1889 : Sieur Cadot
6. Conseil d'État - 21 juin 1895 : Cames
7. Conseil d'État - 29 mars 1901 : Casanova
8. Conseil d'État - 10 janvier 1902 : Compagnie nouvelle du gaz de Deuville-lès-Rouen
9. Conseil d'État - 18 avril 1902 : Commune de Néris-les-Bains
10. Tribunal des Conflits - 20 décembre 1902 : Société Immobilière de Saint-Just
11. Conseil d'État - 6 février 1903 : Terrier
12. Conseil d'État - 8 juillet 1904 : Botta
13. Conseil d'État - 10 février 1905 : Tomaso Grecco
14. Conseil d'État - 04 août 1905 : Martin
15. Conseil d'État - 21 décembre 1906 : Syndicat des propriétaires et contribuables du
Quartier Croix de Seguey Tivoli
16. Conseil d'État - 6 décembre 1907 : Compagnie des chemins de fer et autres
17. Conseil d'État - 19 février 1909 : Abbé Ollivier
18. Conseil d'État ? 4 mars 1910 : Therond
19. Conseil d'État - 11 mars 1910 : Compagnie Générale Française des Tramways
20. Conseil d'État - 3 février 1911 : Anguet
21. Conseil d'État - 31 juillet 1912 : Granits porphyroïdes
22. Conseil d'État - 4 avril 1914 : Gomel
23. Conseil d'État - 14 janvier 1916 : Camino
24. Conseil d'État - 30 mars 1916 : Compagnie générale d'éclairage de Bordeaux
25. Conseil d'État - 28 juillet 1918 : Epoux Lemonnier
26. Conseil d'État - 28 février 1919 : Dames Dol et Laurent
27. Conseil d'État - 28 mars 1919 : Regnault - Desroziers
28. Conseil d'État - 8 août 1919 : Labonne
29. Tribunal des Conflits - 22 janvier 1921 : Société commerciale de l'Ouest africain
30. Conseil d'État - 3 novembre 1922 : Dame Cachet
31. Conseil d'État - 30 novembre 1923 : Couitéas
32. Conseil d'État - 26 décembre 1925 : Rodière
33. Conseil d'État - 10 janvier 1930 : Despujols
34. Conseil d'État - 30 mai 1930 : Chambre syndicale du commerce de détail de Nevers
35. Conseil d'État - 7 avril 1933 : Deberles
36. Conseil d'État - 19 mai 1933 : Benjamin
37. Tribunal des Conflits - 14 janvier 1935 : Thepaz
38. Tribunal des Conflits - 8 avril 1935 : Action Française
39. Conseil d'État - 7 février 1936 : Jamart
40. Conseil d'État - 14 janvier 1938 : SA des produits laitiers La Fleurette
41. Conseil d'État - 31 juillet 1942 : Monpeurt
42. Conseil d'État - 2 avril 1943 : Bouguen
43. Conseil d'État - 5 mai 1944 : Dame veuve Trompier - Gravier
44. Conseil d'État - 2 février 1945 : Moineau
45. Conseil d'État - 29 mars 1946 : Caisse départementale d'assurances sociale de Meurthe et
Moselle contre État
46. Conseil d'État - 22 décembre 1946 : Commune de Saint-Priest La Plaine
47. Conseil d'État - 7 février 1947 : D'aillières
48. Conseil d'État - 21 mars 1947 : Compagnie générale des Eaux
49. Conseil d'État - 25 juin 1948 : Société du journal L'Aurore
50. Conseil d'État - 24 juin 1949 : Consorts Lecomte
51. Conseil d'État - 17 février 1950 : Ministre de l'agriculture contre Dame Lamotte
52. Conseil d'État - 7 juillet 1950 : Arrêt Dehaene
53. Conseil d'État - 9 mars 1951 : Société des concerts du conservatoire
54. Conseil d'État - 28 juillet 1951 : Laruelle et Delville
55. Tribunal des Conflits - 27 novembre 1952 : Préfet de la Guyanne
56. Conseil d'État - 28 mai 1954 : Sieur Barrel
57. Conseil d'État - 20 avril 1956 : Époux Bertin
58. Cour de Cassation - Chambre civile - 23 novembre 1956 : Trésor public c/ Giry
59. Conseil d'État - 31 mai 1957 : Rosan Girard
60. Conseil d'État - 26 juin 1959 : Syndicat général des ingénieurs conseils
61. Conseil d'État - 18 décembre 1959 : Société « Les films Lutetia »
62. Conseil d'État - 24 novembre 1961 : Ministre des travaux publics
63. Conseil d'État - 2 mars 1962 : Ruben de Servens
64. Conseil d'État - 19 octobre 1962 : Canal - Robin et Godot
65. Tribunal des Conflits - 8 juillet 1963 : Société entreprise Peyrot
66. Conseil d'État - 30 mars 1966 : Compagnie générale d'énergie Radio-électrique
67. Tribunal des conflits - 15 janvier 1968 : Compagnie Air France c/ Époux Barbier
68. Conseil d'État - 11 décembre 1970 : Crédit Foncier de France
69. Conseil d'État - 28 mai 1971 : Ville nouvelle Est
70. Conseil d'État - 8 décembre 1978 : GISTI - CFDT - CGT
71. Conseil d'État - 22 décembre 1978 : Ministère de l'Intérieur c/ Cohn-Bendit
72. Conseil constitutionnel - 25 juillet 1979 : Droit de grève à la télévision et à la radio
73. Conseil Constitutionnel - 25 et 26 juin 1986 : Privatisations
74. Conseil constitutionnel - 23 janvier 1987 : Conseil de la concurrence
75. Conseil d'État - 3 février 1989 : Compagnie Alitalia
76. Conseil d'État - 20 octobre 1989 : Arrêt Nicolo
77. Conseil d'État - avis - 6 avril 1990 : Cofiroute
78. Conseil d'État - 29 juin 1990 : G.I.S.T.I
79. Conseil d'État - 10 avril 1992 : Époux V.
80. Conseil d'État - 17 février 1995 : Hardouin et Marie
81. Conseil d'État - 27 octobre 1995 : Commune de Morsang-sur-Orge
82. Conseil d'État - 3 juillet 1996 : Arrêt Koné
83. Conseil d'État - 3 novembre 1997 : Société Million et Marais
84. Conseil d'État - 30 octobre 1998 : Sarran, Levacher et Autres
85. Conseil d'État - 5 mars 1999 : Président de l'assemblée nationale
86. Conseil d'État - 3 décembre 1999
87. Conseil d'État - 18 janvier 2001 : Commune de Venelles + Conseil d'État - 5 mars 2001 :
Saez
88. CEDH ? 7 juin 2001 : Mme Kress c/ France
89. Conseil d'État - 26 octobre 2001 : Ternon
90. Conseil d'État - 30 novembre 2001 : Ministère de la défense c/ Diop
91. Conseil d'État - 12 avril 2002 : Papon
92. Conseil d'État - 18 décembre 2002 : Mme Duvignières

Extraits
[...] Le tribunal des conflits considère que la mesure incriminée constitue une voie de fait et
que les tribunaux judiciaires sont donc seuls compétents pour statuer sur cette affaire. A
travers la voie de fait, le tribunal des conflits donne raison au juge judiciaire en considérant
que l'autorité administrative a utilisé des pouvoirs dans un sens non prévu par les textes. Cet
arrêt reconnait donc le tribunal judiciaire compétent en cas de voie de fait. Conseil d'État 7
février 1936 : Jamart Mécontent de l'attitude de M. [...]

[...] Le tribunal administratif d'Orléans a déclaré non fondée l'exception d'illégalité. Le


Conseil d'État, qui reste compétent pour statuer en appel sur les recours en appréciation de
légalité, confirme ce jugement. Le Conseil d'État a considéré que les règles de l'ordonnance de
1986 ne pouvaient être opposées à l'acte de dévolution d'un service public. Ainsi, la réserve de
la compétence de la juridiction administrative pour connaître du contentieux des actes
administratifs paraissait édicter par l'ordonnance de 1986. Conseil d'État 30 octobre 1998 :
Sarran, Levacher et Autres S'il fait intervenir le Conseil d'État en sa qualité de juge de la
légalité d'un acte administratif, cet arrêt (par la solution qu'il consacre) déborde du cadre
administratif. [...]

[...] Selon le Conseil d'État, un maire peut interdire la projection d'un film dans sa commune
(même si elle n'est pas susceptible d'entraîner des troubles matériels) en se fondant sur le
caractère immoral du film, à condition que les circonstances locales justifient la mesure.
Conseil d'État 24 novembre 1961: Ministre des travaux publics Un camion des ponts et
chaussées entra en collision avec une motocyclette conduite par le Sieur Paul Letisserand. Les
deux passagers de la moto furent tués. Des demandes d'indemnisation furent adressées à
l'administration par les membres de la famille des victimes. Certaines demandes d'indemnités
ne sont pas sans difficultés : une indemnité peut-elle être accordée au titre de la douleur
morale? [...]

[...] Cadot était directeur de la voirie et des eaux de la ville de Marseille lorsque cet emploi fut
supprimé. Il réclama des dommages-intérêts et demanda au Conseil d'État d'annuler le refus
que la ville lui opposa. Alors qu'aucun texte n'attribuait au Conseil d'État la compétence pour
connaitre d'un tel recours, il se reconnu néanmoins compétent pour juger la requête de M.
Cadot. Il est clair que le Conseil d'État fut sensible au souci d'assurer que toute décision
administrative puisse être contestée devant un juge. [...]

[...] L'arrêt constitue une avancée dans le contrôle des actes parlementaires. Il reconnaît donc
la compétence de la juridiction administrative pour les contrôler. Conseil d'État 3 décembre
1999 Des associations de protection de la nature ont formé des requêtes visant à rendre
inapplicables des dispositions législatives intervenues en méconnaissance d'une directive
communautaire. Les décisions rendues illustrent l'efficacité des instruments de la procédure
administrative contentieuse. Ces instruments ont pour effet le respect de la hiérarchie des
normes découlant de l'article 55 de la constitution. [...]
Appelé arrêt Blanco, celui-ci a été rendu par le Tribunal des conflits, suivant la dénomination
des décisions de justice établie par la doctrine. En effet, les différents degrés de juridictions
rendent des décisions de justice portant un nom précis. Ainsi, en droit administratif, les
« arrêts » sont des décisions rendues par le Conseil d'État et les cours administratives d'appel,
les « jugements » sont des décisions juridictionnelles portant sur des faits rendus par les
tribunaux administratifs. Le Tribunal des conflits est un tribunal spécial, qui, en ce sens, rend,
à l'égal du Conseil d’État, des arrêts.

Circonstances en l'espèce
Agnès Blanco, âgée de cinq ans, est renversée et grièvement blessée par un wagonnet poussé
par quatre ouvriers. Le wagonnet appartient à la manufacture des tabacs de Bordeaux,
exploitée en régie par l'État. Le père de l'enfant saisit la juridiction judiciaire d'une action en
dommages-intérêts contre l'État, estimé civilement responsable de la faute commise par les
quatre ouvriers. Un conflit s'élève entre les juridictions judiciaire et administrative et le
Tribunal des conflits est chargé de trancher.

La question est de savoir« quelle est, des deux autorités administrative et judiciaire, celle qui a
compétence générale pour connaître des actions en dommages-intérêts contre l'État »1.

Le Conseil d'État, déclaré compétent par la décision Blanco, rendra un arrêt le 8 mai 1874,
octroyant une rente viagère à la victime.

Cette décision du Tribunal des conflits est l'une des onze rendues avec la voix déterminante
du Garde des Sceaux, ministre de la Justice (Jules Dufaure), pour cause de partage de voix
entre les membres2.

Considérant de principe
« Considérant que la responsabilité, qui peut incomber à l'État, pour les dommages causés aux
particuliers par le fait des personnes qu'il emploie dans le service public, ne peut être régie par
les principes qui sont établis dans le Code civil, pour les rapports de particulier à particulier ;
Que cette responsabilité n'est ni générale, ni absolue ; qu'elle a ses règles spéciales qui varient
suivant les besoins du service et la nécessité de concilier les droits de l'État avec les droits
privés ; »

— Arrêt Blanco du Tribunal des conflits3

Commentaire
L'arrêt Blanco fait figure, selon l'expression de Gaston Jèze, de « pierre angulaire » du droit
administratif français. En effet, il définit à la fois la compétence de la juridiction
administrative et le contenu du droit administratif. L'arrêt reconnaît le service public comme
le critère de la compétence de la juridiction administrative, affirme la spécificité des règles
applicables aux services publics et établit un lien entre le fond du droit applicable et la
compétence de la juridiction administrative. C'est ce que les juristes nomment le principe de
la liaison de la compétence et du fond.

Il convient toutefois de souligner que l'importance donnée à l'arrêt Blanco résulte d'une
reconstruction mythologique du droit administratif, opérée au début du XXe siècle sous
l'influence du Commissaire du gouvernement Jean Romieu. Avant cette date, en effet, l'arrêt
Blanco n'était pratiquement pas cité, ni dans les œuvres de doctrine, ni dans les conclusions de
commissaires du gouvernement. De surcroît, cette approche est extrêmement discutée. En
effet deux écoles doctrinales s'affrontent à ce sujet : l'école du service public (Duguit) et celle
de la puissance publique (Hauriou). La principale différence entre ces deux courants réside
dans le critère de l'application du droit administratif.

Il est également important de souligner que l'arrêt Blanco reprend en grande partie les termes
d'un arrêt antérieur, l'arrêt Rothschild du 6 décembre 1855.

Compétence

En référence à la loi des 16-24 août 1790 et du décret du 16 fructidor an III qui proscrivent
aux tribunaux judiciaires de « troubler, de quelque manière que ce soit, les opérations des
corps administratifs », l'arrêt retient le critère de service public comme fondement de la
compétence administrative. Ainsi, le commissaire du gouvernement déclare1 :

« Les tribunaux judiciaires sont radicalement incompétents pour connaître de toutes les
demandes formées contre l'administration à raison des services publics, quel que soit leur
objet, et alors même qu'elles tendraient, non pas à faire annuler, réformer ou interpréter par
l'autorité judiciaire les actes de l'administration, mais simplement faire prononcer contre elle
des dommages pécuniaires en réparation des dommages causés par ses opérations. »

Ce faisant, est retenu comme fondement de la compétence du juge administratif un texte


visant en réalité à exclure la compétence judiciaire mais ne visant nullement un quelconque
autre ordre de juridiction, ordre qui n'existait d'ailleurs pas en 1790.

Responsabilité

Le Tribunal des conflits rejette par cet arrêt des principes du Code civil français, pourtant
établis par le législateur, en revendiquant des « règles spéciales », justifiées par les « besoins
du service ». Mais cette mise à l'écart de la règle générale permet de consacrer le principe de
la responsabilité de l'État à raison des services publics en lieu et place d'un principe
d'irresponsabilité qui ne trouvait d'exceptions qu'en cas de responsabilité contractuelle ou
d'intervention législative, telle la loi du 28 pluviôse an VIII pour les dommages de travaux
publics.

La distinction des règles applicables n'est cependant pas absolue. À bien des égards, le Code
civil resta un guide interprétatif pour le juge administratif et les parallèles entre sa
jurisprudence et le droit civil de la responsabilité sont nombreux. De même, loin de signifier
que la règle administrative serait moins protectrice, la distinction établie a pu conduire le juge
du Palais-Royal à se montrer plus protecteur que le juge judiciaire (par exemple en matière de
responsabilité médicale : l'arrêt d'Assemblée du 9 avril 1993, Bianchi).
Limites de l'arrêt
La loi et la jurisprudence postérieure ont précisé ou remis en cause les solutions apportées par
l'arrêt Blanco :

 Le service public n'est pas le seul critère de compétence du juge administratif. On peut
invoquer par exemple le simple exercice de la puissance publique4.
 Le triptyque originel de l'arrêt Blanco (coïncidence de l'intérêt général, action d'une
personne publique et règles exorbitantes du droit commun) a été largement remis en cause
par la jurisprudence postérieure.
 Le service public n'entraîne pas toujours la compétence administrative, par exemple en cas
de gestion privée d'un service public5.
 Un service public peut en effet être géré par une personne privée6. La puissance publique est
alors le critère de la compétence administrative7.
 Un service public peut être soumis au droit privé quand il s'agit d'un service public industriel
et commercial, et non administratif8. En outre les contrats passés par un service public ne
sont administratifs que s'ils contiennent une clause exorbitante du droit commun9 ou lié à
l'exécution même du service10.
 La loi du 31 décembre 1957 a transféré à la juridiction judiciaire le contentieux des
« dommages de toute nature causés par un véhicule quelconque ». Contrairement à une
interprétation erronée, le wagonnet ayant blessé Agnès Blanco ne relèverait plus aujourd'hui
de la juridiction administrative. (GAJA).
 L'autonomie du droit administratif est moins claire, les juridictions administratives
appliquant parfois le code civil11.

Par cette décision, le Conseil d'État a affirmé qu'il était compétent pour connaître de tout
recours en annulation dirigé contre une décision administrative, sauf si un texte en dispose
autrement de façon expresse. Jusqu'alors le Conseil d'État n'était compétent pour connaître
d'un recours en annulation que dans la mesure où un texte l'avait expressément prévu. A
défaut, c'étaient les ministres qui disposaient de la compétence générale pour se prononcer sur
les recours dirigés contre les décisions administratives.

M. Cadot était directeur de la voirie et des eaux de la ville de Marseille, lorsque cet emploi fut
supprimé. Il réclama des dommages-intérêts et demanda au Conseil d'État d'annuler le refus
que la ville lui opposa. Alors qu'aucun texte n'attribuait expressément au Conseil d'État la
compétence pour connaître d'un tel recours, il se reconnut néanmoins compétent pour juger la
requête de M. Cadot. Sans que l'arrêt ne précise sur quel raisonnement le Conseil d'État
fondait sa compétence, il est clair qu'il fut sensible au souci d'assurer que toute décision
administrative puisse être contestée devant un juge. A défaut d'un texte précisant quel est le
juge compétent pour connaître d'un litige, il estima que la compétence lui revenait, les
conseils de préfecture, ancêtres des actuels tribunaux administratifs, n'ayant alors qu'une
compétence réduite. Cette décision marquait l'aboutissement d'un processus historique de
renforcement constant de la juridiction administrative.

Les lois des 16-24 août 1790 et 16 fructidor an III avaient prévu que les contestations dirigées
contre les décisions administratives devaient être adressées au ministre compétent, à charge
pour lui et ses services de se prononcer sur ces contestations : c'était la théorie du "ministre-
juge". Le Conseil d'État fut institué quelques années plus tard, par la Constitution de l'an VIII
; il se vit attribuer une compétence pour se prononcer, dans certains domaines, sur les recours
en annulation formés par les requérants contre les décisions administratives. Cette
compétence restait limitée mais son champ s'étendit progressivement tout au long du XIXème
siècle. Par ailleurs, jusqu'en 1870, le Conseil d'État fonctionnait selon le principe de la "justice
retenue" : ses décisions n'étaient pas exécutoires tant qu'elles n'avaient pas été signées par le
chef de l'État. Il est vrai que cette signature fut presque toujours donnée. La loi du 24 mai
1872 permit au Conseil d'État de passer de la justice retenue à la justice déléguée, c'est-à-dire
que ses décisions devenaient exécutoires dès leur lecture, le chef de l'État, ni aucune autre
personne extérieure à la juridiction, n'étant plus appelé à les signer.

L'arrêt Cadot parachève cette évolution en reconnaissant au juge administratif la compétence


générale pour connaître des recours dirigés contre les décisions administratives. Le principe
qu'il pose suivant lequelle toute décision d'une autorité administrative doit pouvoir être
contestée devant un juge demeure à la base du droit administratif. Toutefois, depuis 1889,
l'organisation au sein de la juridiction administrative a connu d'importants aménagements.
Depuis 1953, la compétence de premier ressort de droit commun a été transférée du Conseil
d'État vers les tribunaux administratifs, qui ont remplacé les anciens conseils de préfecture, le
Conseil d'État ne conservant qu'une compétence de premier ressort limité à certaines matières.
A partir de 1987, la compétence d'appel de droit commun a été progressivement transférée du
Conseil d'État vers les Cours administratives d'appel, le Conseil d'État ne gardant, outre sa
compétence de premier ressort, qu'une compétence d'appel très restreinte, devenant le juge de
cassation de l'ensemble de la juridiction administrative.

13 décembre 1889 - Cadot - Rec. Lebon p. 1148

La théorie du ministre-juge

Après 1872, la juridiction administrative va encore évoluer. Pendant quelques années, on va


encore soutenir que les textes de l'an VIII restaient valables et que les ministres étaient juges
de droit commun en premier ressort. Les recours au Conseil d'État étaient en vérité un appel
contre la décision du ministre.

Le Conseil d'État éliminera la théorie du ministre-juge en 1889 dans l'arrêt Cadot Conseil
d'État 13 décembre 1889 :

« du refus du maire et du conseil municipal de Marseille de faire droit à la réclamation du


sieur Cadot, il est né entre les parties un litige dont il appartient au Conseil d'État de
connaître ».

Le Conseil d'État se proclame juge administratif de droit commun. Aujourd'hui, après les
célèbres décisions du Conseil constitutionnel du 22 juillet 1980 loi de validation et du 23
janvier 1987 Conseil de la concurrence, le juge administratif est, quant à son indépendance et
à son existence, constitutionnalisé.
Les raisons d'être du principe de séparation des autorités
administrative et judiciaire

On s'accorde à reconnaître actuellement que cette dualité ne se justifie plus sur la base des
principes formulés par le législateur révolutionnaire. Aux raisons primitives (raisons
politiques, haine des parlements), se sont substituées d'autres raisons qui expliquent le
maintien, et même le développement, de la jurisprudence administrative. La raison actuelle en
France n'est plus politique, mais technique et tient à la nature même des litiges.

La plupart des litiges dans lesquels l'administration est partie n'est absolument pas de même
nature que ceux qui existent entre les particuliers entre eux. Le juge qui en connaît, doit tenir
compte de l'intérêt général et de la psychologie de l'administration. Il doit appliquer un droit
spécial. Il est donc normal qu'il soit spécialisé dans cette fonction. Depuis l'an VIII, le juge
administratif a, sans guide, avec peu de textes, construit un véritable système de droit. Il a
fondé un droit administratif et, aujourd'hui, c'est précisément l'existence de ce droit qui justifie
l'existence d'un juge administratif. L'organe a créé la fonction.

Actuellement, le juge administratif est nécessaire dans l'intérêt même des administrés.
L'expérience montre en effet que la jurisprudence administrative a été souvent beaucoup plus
protectrice des libertés des administrés que le juge judiciaire. Le Conseil d'État, notamment en
raison de son prestige dû à la qualité de ses membres, s'est senti très libre vis-à-vis de l'État et
de l'administration. C'est lui qui a créé un recours, le recours en excès de pouvoir pour
apprécier le légalité des actes administratifs. Chaque administré peut donc aller devant le juge
administratif. C'est lui aussi qui a élaboré et enrichi le principe de légalité avec la création des
principes généraux du droit. Tous les États nouvellement indépendants consacrent ce système.

Ceci dit, ce changement de fondement du principe de séparation porte en lui la nécessité d'un
partage de compétence car il n'est plus nécessaire de soustraire au juge judiciaire absolument
tout litige mettant en cause l'administration.

La valeur du principe du principe de séparation des autorités


administrative et judiciaire

Le système français aurait pu être dangereux pour les libertés des particuliers. Cette crainte a
été vaine. Le juge administratif a sauvegardé son indépendance et la réaffirme chaque fois
qu'il en a l'occasion. Il a conçu son rôle de manière telle que les particuliers ont été protégés.
Cependant, la solution française soulève au moins deux critiques.

La dualité des juridictions pose le problème du partage des


compétences
Le problème de la dualité des juridictions est devenu de plus en plus complexe et, très
souvent, le plaideur ne sait pas devant quelle juridiction aller. Cette situation est parfois
déplorée.
Cette dualité entraîne souvent des incohérences et des
contradictions sur le fond même de certains litiges
Ainsi, en matière de légalité, on verra que le juge judiciaire et le juge administratif peuvent
être appelés à apprécier tous les deux la légalité d'un même règlement. Et il leur arrive de se
contredire[5].

Ceci dit, seuls quelques rares auteurs condamnent la dualité de juridiction. La majorité de la
doctrine ne va pas jusque là, mais appelle une simplification. La détermination des
compétences est le préalable de tout procès.

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