FACULTÉ DE PHARMACIE
ANNÉE 2009 N° 8 .
THÈSE
pour le
DIPLÔME D’ÉTAT
DE DOCTEUR EN PHARMACIE
par
Julie BOURDAIS
---------------------------------------------
LES COSMÉTIQUES
ÉCOLOGIQUES ET BIOLOGIQUES
Président :
Mme GRIMAUD Nicole, Maître de Conférences de Pharmacologie,
Faculté de Pharmacie de Nantes
Membres du jury :
Mme COIFFARD Laurence, Professeur de Cosmétologie, Faculté
de Pharmacie de Nantes
Mme MOREAU Marie-Christine, Pharmacien
1
SOMMAIRE
INTRODUCTION ............................................................................................ 6
2
3.2.3.7 Le traitement des déchets ......................................................................................... 24
3.2.3.8 La sous-traitance ...................................................................................................... 24
3.2.3.9 Les réclamations et rappels ...................................................................................... 25
3.3 Les règles d’étiquetage des produits cosmétiques .......................................... 25
3.4 Les contrôles des produits cosmétiques .......................................................... 30
3.4.1 Les tests de tolérance .................................................................................. 30
3.4.1.1 Évaluation du potentiel irritant................................................................................ 30
3.4.1.2 Évaluation du potentiel comédogène ........................................................................ 31
3.4.1.3 Évaluation du potentiel phototoxique ...................................................................... 31
3.4.1.4 Évaluation du pouvoir allergisant ............................................................................ 31
3.4.2 Les tests d’efficacité ................................................................................... 32
3.4.2.1 Étude de l’efficacité anti-séborrhéique .................................................................... 33
3.4.2.2 Étude de l’efficacité hydratante ............................................................................... 33
3.4.2.3 Mesure du flux sanguin cutané ................................................................................ 34
3.4.2.4 Mesure de l’épaisseur de la peau.............................................................................. 34
3.4.2.5 Étude du microrelief cutané ..................................................................................... 34
3.4.2.6 Évaluation des propriétés mécaniques de la peau.................................................... 35
3.4.2.7 Autres tests d’efficacité............................................................................................. 35
3
2.2.5 Les éthers de glycol .................................................................................... 56
2.2.6 Le phénoxyéthanol ..................................................................................... 57
2.2.7 La paraffine liquide .................................................................................... 57
2.2.8 Les silicones et dérivés (diméticones, ciméticones) ..................................... 57
3 ANALYSE COMPARATIVE DES CARACTÉRISTIQUES DES
COSMÉTIQUES CLASSIQUES ET DES COSMÉTIQUES ÉCOLOGIQUES
ET BIOLOGIQUES ...................................................................................... 58
3.1 Analyse comparative des excipients ................................................................ 59
3.2 Analyse comparative des actifs ....................................................................... 60
3.3 Analyse comparative des additifs ................................................................... 61
4
2 LES GAMMES CLASSIQUES QUI TENDENT VERS LE
« BIO » .................................................................................................. 73
2.1 CAUDALIE ..................................................................................................... 73
2.2 BIO-BEAUTÉ BY NUXE ............................................................................... 74
CONCLUSION............................................................................................... 76
5
INTRODUCTION
Par la suite, la révolution industrielle ainsi que les découvertes de la chimie ont permis
aux hommes de s’affranchir progressivement des contraintes imposées par la nature.
Ainsi, la synthèse de nouvelles molécules a permis de faire évoluer les cosmétiques
afin qu’ils répondent de mieux en mieux aux attentes des consommateurs.
Effectivement, les cosmétiques ainsi créés se conservent plus longtemps, ont des
textures et des parfums plus agréables, et renferment des actifs plus efficaces.
Cependant, ces avancées ont leur contrepartie. En effet, ces nouvelles molécules
s’avèrent parfois nocives pour l’organisme et l’environnement : en quantité trop
importante dans le cosmétique, certaines molécules de synthèse s’avèrent
immédiatement nocives. De façon plus insidieuse, la toxicité de certains ingrédients
d’origine synthétique ne se révèle qu’à long terme, après accumulation dans le corps
humain.
6
peu transformées) permet d’écarter les risques sanitaires induits par l’usage de certains
ingrédients dont l’innocuité à long terme n’a pas encore été clairement démontrée.
Nous constaterons tout d’abord que les cosmétiques sont réglementés depuis moins
d’un demi-siècle et que cette réglementation évolue constamment pour protéger au
maximum les utilisateurs.
Nous montrerons ensuite qu’il existe, parmi les cosmétiques, deux familles de
cosmétiques qui répondent plus particulièrement à l’exigence de sécurité sanitaire : les
cosmétiques écologiques et les cosmétiques biologiques.
Enfin, nous ferons le point sur l’offre actuelle des cosmétiques écologiques et
biologiques proposés par les pharmacies d’officine.
7
PARTIE I - LES PRODUITS
COSMÉTIQUES : UN SECTEUR À LA
RÉGLEMENTATION CROISSANTE ET
ENCADRANTE
Jusqu’en 1975, il n’existait pas en France de législation précise pour les produits
cosmétiques. A cette époque, l’affaire du talc Morhange a incité les pouvoirs publics à
fixer un cadre réglementaire précis aux industriels. En effet, en 1972, une entreprise
chargée de conditionner le talc Morhange a mis sur le marché un lot de 3 000 boîtes de
talc contenant de l’hexachlorophène à une concentration excessive, soit 6,35%, ce qui
provoqua la mort de 36 bébés et des handicaps chez 145 enfants [3, 6].
Le 10 juillet 1975, la loi VEIL a fixé les bases de la législation relative aux produits
cosmétiques et a servi de fondement à la législation européenne qui a vu le jour le 27
juillet 1976 (Directive 76/768/CEE). Actuellement, en France, les institutions légales
en charge des produits cosmétiques sont les institutions européennes et les institutions
françaises.
8
La Commission Européenne est aidée de 2 comités.
9
- les services du Ministère des Finances : DGCCRF (Direction Générale de la
Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) ;
Les laboratoires cosmétiques français sont contrôlés par les institutions françaises. Les
inspections sont assurées par la DIE (Direction de l’Inspection et des Établissements)
de l’AFSSAPS, par les services déconcentrés de l’Inspection de la Pharmacie du
Ministère de la Santé, et par les services déconcentrés de la DGCCRF [1].
10
allégations marketing avec les dossiers d’efficacité et les résultats des tests pratiqués
sur le produit [1].
La Directive 76/768/CEE a déjà été modifiée sept fois depuis 1976. La dernière
modification date du 27 février 2003 [4, 11].
11
2.2 La liste des produits qui répondent et qui ne
répondent pas à cette définition
- les crèmes, émulsions, lotions, gels et huiles pour la peau (mains, visage, pieds) ;
- les poudres pour maquillage, poudres à appliquer après le bain, poudres pour
l’hygiène corporelle, etc. ;
- les préparations pour bains et douches (sels, mousses, huiles, gels, etc.) ;
- les dépilatoires ;
12
- les produits antirides.
- les produits alimentaires même si leur visée est cosmétique (produits destinés à
l’embellissement de la peau, des ongles, des cheveux, improprement appelés
"cosmétiques oraux") car par définition un cosmétique ne s’ingère pas. Cependant,
certains aliments comme l’huile d’olive ou le miel sont utilisés comme ingrédients
cosmétiques ;
- les solutions de lavage oculaire, auriculaire ou nasal qui sont des dispositifs
médicaux ;
- les lubrifiants qui sont, soit des médicaments, soit des dispositifs médicaux [3].
- sa formulation ;
- sa production ;
En effet, le produit cosmétique doit répondre à une attente. Il faut intégrer la notion de
rêve et de sensualité. Si le médicament peut se permettre d’engendrer quelques effets
indésirables, le cosmétique lui n’a pas le droit à l’erreur : il ne doit en aucun cas nuire
à la santé de la personne qui l’utilise. La conception du produit relève donc de
techniques marketing, de la recherche des ingrédients et de la galénique [6].
13
Le but est de mettre au point de nouveaux produits avec des actifs toujours innovants.
Quelques actifs présents dans les cosmétiques sont présentés dans le tableau I.
Actifs Propriétés
Glycoprotéines Anti-âge
Argile Absorbant
Procyanidol Vaso-tonique
Chlorexidine Antiseptique
Les différents ingrédients utilisés peuvent être d’origine végétale (lavande, amande
douce, etc.), animale (suif, stéarine, etc.), minérale (paraffine, argile, silicium , etc.) ou
encore de synthèse (silicone, parfum synthétique, etc.).
Quelle que soit leur forme, les cosmétiques sont toujours l’association de :
14
- un ou plusieurs excipients dont le rôle est le plus souvent d’accélérer la diffusion
de l’actif dans notre épiderme et de présenter le produit ;
- des additifs qui sont très variés (il peut s’agir de conservateurs, de colorants,
d’antioxydants, d’émulsifiants, de stabilisateurs de pH, d’agents de contrôle de la
viscosité, etc.) [3].
Un produit cosmétique est destiné à être appliqué sur une peau non pathologique. Il
doit respecter son intégrité et ne provoquer aucune réaction fâcheuse. L’article 2 de la
Directive 76/768/CEE fixe les limites des produits en termes de nocivité : « les
produits cosmétiques mis sur le marché à l’intérieur de la communauté ne doivent pas
nuire à la santé humaine lorsqu’ils sont appliqués dans les conditions normales ou
raisonnablement prévisibles d’utilisation », compte tenue de la présentation du
produit, des mentions portées sur l’étiquetage ainsi que toutes autres informations
destinées aux consommateurs. Compte tenu des enjeux sanitaires liés à l’utilisation des
produits cosmétiques, la Directive européenne fournit des listes d’ingrédients pouvant
entrer dans la composition des cosmétiques et une liste d’ingrédients interdits. Il existe
cinq listes officielles que l’on retrouve dans les différentes annexes de la Directive
76/768/CEE [4, 6, 10].
- les androgènes ;
- les antibiotiques ;
- des furocoumarines (méthoxy 8 psoralène) sauf teneurs normales dans les essences
naturelles utilisées) ;
- le mercure ;
- les oestrogènes ;
15
- les tissus et fluides bovins, ovins, et caprins provenant de l’encéphale, de la moelle
épinière et des yeux (ainsi que les ingrédients qui en dérivent) [4].
Une autre liste regroupe des matières premières autorisées dans des conditions
particulières avec des restrictions de concentration (Annexe III -Directive
76/768/CEE modifiée) [4].
Concentration
Substance maximale Conditions d’emploi
autorisée
16
3.1.3 La liste des colorants autorisés (Annexe IV de la
Directive 76/768/CEE modifiée)
Sont répertoriés dans cette liste, les colorants avec leur numéro de « Colour Index ».
Un astérisque accolé au numéro identifiant le colorant signifie que pour ce colorant,
ses laques, pigments ou sels de baryum, strontium ou zirconium insolubles, sont
également admis [4].
Selon la Directive, on entend par agent conservateur les substances qui sont ajoutées
comme ingrédients à des produits cosmétiques principalement dans le but d’inhiber le
développement de micro-organismes dans ces produits [4].
Concentration
Substance maximale Conditions d’emploi
autorisée
17
3.1.5 La liste des filtres solaires autorisés (Annexe VII
de la Directive 76/768/CEE modifiée)
Les filtres solaires sont définis dans la directive comme des substances qui, contenues
dans les cosmétiques de protection solaire, sont destinés spécifiquement à filtrer
certaines radiations pour protéger la peau contre certains effets nocifs de ces
radiations. Le tableau IV propose des exemples de filtres pouvant entrer dans la
composition des produits solaires [4].
Homosalate 10%
Oxybenzone 10%
Ethyhexylsalicylate 5%
18
Les qualifications exigées par le décret suscité sont entre autres :
Une qualification peut être reconnue, par décision conjointe du Ministre de la Santé et
du Ministre de l’Industrie, au titulaire d’un diplôme d’un niveau égal à la maîtrise, au
BTS (Brevet de Technicien Supérieur), ou au DUT (Diplôme Universitaire de
Technologie).
19
3.2.3 Une qualité des produits fabriqués garantie par
les Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF)
Tout laboratoire cosmétique doit garantir une parfaite innocuité des produits avant de
pouvoir les commercialiser. Ainsi, la fabrication des produits cosmétiques doit être
réalisée en conformité avec les Bonnes Pratiques de Fabrications (BPF). L'objectif
directeur des BPF est la sécurité du consommateur.
Il faut que les locaux soient maintenus dans des conditions de température, d’humidité
relative et de contamination particulaire optimales et identiques pendant toute la durée
de fabrication. Il faut également éviter tout risque de confusion entre des produits ou
des éléments de conditionnement. Le laboratoire doit posséder des locaux spéciaux
pour la mise en quarantaine des matières premières et des produits finis avant leur
contrôle. L’entretien des locaux doit faire l’objet de procédures précisant la fréquence
et les méthodes de nettoyage, ainsi que les fournitures à utiliser [6, 10, 25].
Le matériel doit être conçu de telle sorte que toutes les surfaces en contact avec les
produits fabriqués ne donnent lieu à aucune réaction susceptible de modifier
l’innocuité, l’activité, la qualité et l’intégrité du produit fini. Les pièces en contact
avec le produit doivent être entièrement démontables afin d’être nettoyées et
désinfectées ; toutes les pièces doivent être accessibles au nettoyage.
Les produits destinés à l’entretien du matériel ne doivent, en aucun cas, pouvoir venir
souiller les produits cosmétiques [6, 10, 25].
20
3.2.3.3 Le personnel et les BPF
Chaque matière première est répertoriée sur un document indiquant son fournisseur, sa
date de réception, d’analyse, d’acceptation par le responsable du contrôle qualité.
Chaque matière première se voit attribuer un numéro de lot distinctif permettant son
identification et la gestion des stocks. Elle suit un circuit précis [6, 10, 25] :
Les matières premières doivent être étiquetées en précisant le nom et le numéro de lot.
Ces mêmes mentions doivent figurer sur le matériel pendant la fabrication [6, 10, 25].
21
3.2.3.5 Le contrôle du produit fini
Pour chaque lot de fabrication, de nombreux contrôles sont réalisés : contrôles des
caractères organoleptiques, contrôles physico-chimiques (pH, viscosité, dosages) et
contrôles microbiologiques pour s’assurer de l’absence de germes pathogènes et de la
présence d’un nombre limité de germes banaux (103 UFC/g ou mL) [6, 10, 25].
Le produit fini va subir le même processus de contrôle que les matières premières :
22
(notamment aux médecins), et ce, uniquement en cas d’incident ou d’accident liés à
l’utilisation du produit [4, 6, 10].
Des documents relatifs aux opérations de fabrication doivent être établis pour chaque
produit sous le contrôle direct du responsable du laboratoire. Ces documents doivent
préciser :
- la description des épreuves et des analyses exigées par le contrôle de qualité lors
de chacune des étapes de la fabrication et désignation des services qui en ont la
responsabilité ;
Ce document est exigé, justifiant que le lot a été fabriqué et contrôlé conformément
aux instructions écrites. A chaque lot de fabrication correspond un document de
fabrication particulier donnant l’historique et le suivi en précisant :
- la date de fabrication ;
- le numéro de lot ;
23
- la formule complète du lot ;
- un spécimen de l’étiquette ;
- un compte rendu d’analyse indiquant si le lot est conforme aux exigences établies
pour le produit, daté et signé par le responsable du laboratoire de contrôle ;
Ce dossier est conservé pendant une période supérieure ou égale à la durée de validité
du lot concerné [6].
La gestion et l'évacuation des déchets doivent être réalisées de manière à ne pas altérer
la qualité du produit. Le laboratoire doit pour cela disposer d'installations appropriées
de collecte, de stockage et d'évacuation ainsi que de modes opératoires normalisés de
décontamination et de transport. Il faut tenir des registres relatifs à ces activités, de
façon à avoir une traçabilité en cas d’irrégularité [6, 10, 25].
3.2.3.8 La sous-traitance
24
lot. Le sous-traitant ne peut pas lui-même sous-traiter tout ou partie du travail qui lui a
été confié par contrat par le donneur d'ordre, sans avoir obtenu au préalable une
autorisation écrite par ce dernier. Le sous-traitant doit respecter les principes et lignes
directrices des bonnes pratiques de fabrication qui le concernent et se soumettre aux
inspections des autorités compétentes [6, 10, 25].
- l’indication du pays d’origine pour les produits fabriqués dans un État non membre
de la Communauté Européenne ou non partie à l'accord sur l'Espace économique
européen ;
25
- le contenu nominal au moment du conditionnement, indiqué en masse ou en volume,
(sauf pour les emballages contenant moins de cinq grammes ou moins de cinq
millilitres et pour les échantillons gratuits et les unidoses) ; pour les préemballages
comprenant un ensemble de pièces, le contenu peut ne pas être indiqué pour autant que
le nombre de pièces soit mentionné sur ce préemballage, sauf si ce nombre est facile à
déterminer de l'extérieur ;
26
monodoses, ni aux produits qui ne sont pas en contact avec l’environnement extérieur
(aérosols ou conditionnement airless).
27
nomenclature internationale des ingrédients cosmétiques a été conçue en 1973 par la
Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association (CTFA), association américaine
regroupant des fabricants de cosmétiques. En Europe, depuis 1998, tous les
cosmétiques doivent présenter sur leur emballage la liste complète des ingrédients
dans l'ordre décroissant de leur quantité et sous leur dénomination INCI. Les extraits
de plante sont désignés par le nom latin de la plante, dans la classification de LINNÉ
[4, 6].
28
Enfin, la Directive européenne 2003/15/CE impose l’étiquetage d’un certain nombre
d’allergènes. Une liste de 26 substances allergisantes a été établie (Tableau V).
N° Nom INCI
1 Amylcinnamal
2 Amylcinnamyl alcohol
3 Anisyl alcohol*
4 Benzyl alcohol*
5 Benzyl benzoate*
6 Benzyl cinnamate*
7 Benzyl salicylate*
8 Cinnamal*
9 Cinnamyl alcohol*
10 Citral*
11 Citronellol
12 Coumarin*
13 d-Limonene*
14 Eugenol*
15 Farnesol*
16 Geraniol*
17 Hexyl cinnamaldehyde
18 Hydroxycitronellal
19 Isoeugenol*
20 Lilial
21 Linalool*
22 Lyral
23 Methyl heptine carbonate
24 Methylionone
25 Oak moss and treemoss extract*
26 Treemoss extract*
* Produits présents dans la nature
29
On peut noter que la grande majorité de ces molécules est d’origine naturelle ; ces
substances sont donc susceptibles d’être incluses dans la composition des cosmétiques
biologiques et écologiques.
Les agents irritants sont des agents susceptibles de déclencher ce que l’on appelait
autrefois des réactions orthoergiques, des effets collectifs, car se produisant chez tous
les sujets en contact avec le produit. En fait, il existe des grandes variations
individuelles face à l’irritation et si, à certaines concentrations, tous les sujets
manifesteront leur intolérance à une préparation, certains sujets seront sensibles à des
concentrations beaucoup plus faibles, parfaitement supportées par la majorité des
sujets exposés. En cosmétologie, c’est l’absence totale d’irritation que l’on recherche.
Des tests ont été mis au point pour évaluer le pouvoir irritant d’un produit. Par le
passé, on pratiquait le test d’irritation oculaire et le test d’irritation cutanée chez le
lapin albinos. On appliquait sur le flan des lapins albinos préalablement rasés, le
produit à tester pendant 24 heures. Le produit était considéré comme non irritant
lorsqu’il n’était noté aucun érythème, ni œdème. Cependant, depuis l’arrêté du 15
janvier 2001, il est interdit de commercialiser des cosmétiques testés sur des animaux.
Désormais, les tests d’irritation sont pratiqués sur l’homme. Ces tests d’irritation
pratiqués chez l’homme sont très utiles pour les produits à faible pouvoir irritant. Ils
sont effectués chez des volontaires sains, informés et rémunérés, conformément à
l’arrêté du 20 décembre 1988. Il s’agit de tests unitaires sous patch occlusif ou de tests
répétés pendant 21 jours, avec lecture quotidienne des résultats, et arrêt de
l’expérience en cas d’érythème. Le relevé des résultats est réalisé en double insu par
deux observateurs. On observe rarement avec les cosmétiques le classique effet savon
ou shampooing (lorsque la peau est fripée et desséchée à l’endroit du test, réaction
souvent observée avec les détergents), mais on peut noter un érythème discret
accompagné d’une légère sensation de brûlure. Son importance, sa précocité, sa
fréquence, permettent d’apprécier l’effet irritant du produit [10].
30
3.4.1.2 Évaluation du potentiel comédogène
L’effet comédogène peut être observé avec un certain nombre de matières premières
contenues dans les produits cosmétiques tels que le soufre, le squalène, l’ichtyol, le
myristate d’isopropyle, le beurre de cacao, l’acide stéarique, l’acide oléique, les huiles
d’olive, de sésame, de germes de blé et de lin, les dérivés de la lanoline.
Ces corps gras, mis en contact avec la peau pendant un certain temps peuvent
provoquer une hyperkératose réactionnelle responsable de la formation de comédons,
phénomène qui est à l’origine de « boutons d’huile », et qui n’est pas souhaitable
lorsqu’il s’agit d’un produit à visée cosmétique. Le pouvoir comédogène d’un produit
est évalué à l’aide du test de KLIGMAN sur l’oreille de lapin. Après des applications
répétées pendant deux semaines sur l’un des conduits auditifs externes d’un lapin, on
compare l’intensité de la comédogenèse provoquée par rapport à l’oreille témoin par
examen au stéréomicroscope. La comédogénicité s’exprime sur une échelle de 0 à 3.
Le sébum très acnéigène a une activité de niveau 3 alors que la vaseline, et le PEG 200
ont un pouvoir nul. Un cosmétique qui ne dépasse pas le niveau 0 peut être qualifié de
« non comédogène » [34].
La phototoxicité est une réaction de type irritatif induite par l’exposition à la lumière
alors que l’on a appliqué un produit particulier. La substance photo-active potentialise
les effets du soleil et seule la zone exposée présente alors un érythème [34].
31
utilisée. Lorsqu’il s’agit d’une substance nouvelle, il convient de tenter dans un
premier temps d’induire une sensibilisation, puis, après une période de latence, de
contrôler l’absence de sensibilisation. Les tests ainsi pratiqués sont dits prédictifs (tests
de SCHWATZ et PECK, 1944). Ils peuvent être réalisés chez l’animal ou chez
l’homme, en attendant la prochaine diffusion des tests in vitro. Chez l’animal, le test le
plus utilisé est le test « maximalisé » de MAGNUSSON et KLIGMAN pratiqué sur le
cobaye. Il associe l’injection intradermique d’adjuvant de FREUND, l’application
locale de lauryl sulfate de sodium à 10%, puis au même endroit, celle de la substance à
tester. Deux semaines plus tard un test de révélation est pratiqué avec la substance.
L’épreuve est réalisée sur une vingtaine de cobayes et si aucun animal n’a été
sensibilisé, on peut considérer que le produit est peu susceptible de provoquer une
réaction chez l’homme. Les méthodes de tests prédictifs sont nombreuses chez
l’homme. Le nombre de sujets varie de 25 (test de KLIGMAN) à 200 (test de
MARZULLI et MAIBACH). Le rythme d’application peut être quotidien ou alternatif
(test de SCHELANSKI). Le nombre d’applications varie de 5 pour les uns à 10 à 15
pour les autres. La peau peut être préparée par application de lauryl sulfate de sodium
à 5% (test de KLIGMAN), par stripping (test de SPIER), par réfrigération ou
irradiation UV (test d’EPSTEIN). Les patch-tests sont mis en place sur le dos des
sujets, les avant-bras ou la face latérale du thorax et laissés en place 24 à 48 heures. La
révélation, pratiquée après une phase de repos de 10 à 15 jours, est effectuée comme
un patch test et lue après 48 heures, puis à nouveau les jours suivants. Ces tests sont
réalisés sur des sujets majeurs, volontaires, bien informés et rémunérés. Si le produit à
tester n’a provoqué aucune réaction, il est soumis à des essais d’utilisation dans des
conditions habituelles sur des volontaires et peut ensuite être mis sur le marché avec la
qualification de produit hypoallergénique [10, 33, 34].
Pour répondre à la législation et aux exigences des consommateurs et afin d’éviter les
publicités mensongères, tout produit cosmétique revendiquant une activité précise doit
en apporter la preuve. En règle générale, la preuve de l’efficacité du produit est
apportée par le laboratoire grâce à des enquêtes consommateurs (essais sur un petit
nombre de volontaires qui rendent leur verdict après quelque temps d’utilisation).
Cependant, afin d’éviter les fraudes, le Bureau de Vérification de la Publicité (BVP) a
32
été contraint de développer tout un ensemble d’évaluations cliniques (sous contrôle
d’un praticien) pour mettre en évidence les bénéfices apportés par ce nouveau produit.
Il s’agit de la biométrologie cutanée [6].
L’importance de la sécrétion de sébum peut être estimée par la méthode des lames de
verres (SCHAEFFER et KUHN-BUSSIUS) ou celle du papier à cigarette (STRAUS et
POCHI). Ces supports, appliqués sur la peau dans des conditions particulières,
absorbent les graisses cutanées, qui sont ensuite quantifiées par spectrophotométrie. La
quantité de graisse recueillie est calculée à l’aide d’un lipomètre ou sébumètre (Figure
3). A titre complémentaire peut être mise en œuvre une méthode mesurant le débit du
sébum ou une autre évaluant la répartition de la sécrétion sébacée [6].
Mesure de la séborrhée
sur une échelle de 0 à 300 µg/cm2 :
peau sèche < 99 µg/cm2,
peau normale = entre 100 et 179 µg/cm2
peau grasse > 180 µg/cm2.
33
3.4.2.3 Mesure du flux sanguin cutané
L’épaisseur de la peau se mesure avec un pied à coulisse enserrant le pli cutané entre
ses deux branches. On peut ainsi mettre en évidence les atrophies cutanées de la
sénescence et les éventuels progrès obtenus par des cosmétiques à visée correctrice [6,
33, 34].
Cette étude réalisée par profilométrie consiste le plus souvent en l’étude d’empreintes
de peau. On peut ainsi analyser le nombre, la largeur et l’amplitude des sillons qui
correspondent aux rides et aux ridules. De nouvelles techniques permettent une lecture
optique directe grâce à un faisceau lumineux qui balaie l’empreinte négative. Enfin,
une méthode plus récente permet d’analyser directement à l’aide d’une caméra de
télévision les zones d’ombres portées et les zones claires qui apparaissent après
éclairement de l’empreinte négative par un faisceau lumineux sous une incidence de
25° (Figure 4) [6, 33, 34]. Cette étude du microrelief cutané permet de mettre en
évidence l’efficacité d’un produit cosmétique à visée anti-âge.
34
3.4.2.6 Évaluation des propriétés mécaniques de la
peau
L’augmentation de poids d’un tampon absorbant placé sous les aisselles traduit
l’importance du flux sudoral et sert pour l’étude des anti-transpirants [6, 33, 34].
35
PARTIE II - LA COSMÉTIQUE
ÉCOLOGIQUE ET BIOLOGIQUE
Au début des années 1920, sous l’influence du philosophe Rudolf STEINER, des
mouvements nouveaux émergent en Allemagne et en Suisse. Il s’agit par exemple, de
l’agriculture biodynamique et de la cosmétique de soins à base de végétaux créée par
des laboratoires désormais très populaires comme WELEDA ou Dr HAUSHCKA qui
développent alors diverses méthodes pour conserver et transformer les plantes selon le
respect du « rythme qui porte la vie ». Plus tard, dans les années 1970, ce mouvement
européen va inspirer de nombreux laboratoires comme CATIER ou SANOFLORE qui
lancent eux aussi des produits à base de minéraux ou de végétaux. Peu à peu, ces
fabricants développent une cosmétique alternative naturelle, innovante, respectueuse
de l’homme et de son environnement : la cosmétique « bio ».
Actuellement, cette tendance connaît un nouvel essor confirmé par la parution du livre
de Rita STIENS qui nous dit « La vérité sur les cosmétiques » et qui pousse le
consommateur à s’interroger sur la composition des produits de beauté. En effet, on
note une progression de 40% des ventes de soins certifiés « bio » en un an, même si le
secteur ne représente encore que 2% du marché. Le cabinet allemand BBE évalue le
marché des produits biologiques à environ 770 millions d’euros. Le chiffre d’affaires
du marché français tournerait autour des 150 millions d’euros, ce qui reste bien peu
par rapport au marché des cosmétiques traditionnels qui approche les 200 milliards
d’euros. Même si pour l’instant la part de marché reste faible, les industriels estiment
que les cosmétiques « bio » représenteront bientôt 30% du marché des cosmétiques.
36
substances naturelles telles que huiles végétales, huiles essentielles, eaux florales, cires
et beurres [5, 37].
Afin d’éviter les fraudes de certains laboratoires qui revendiquaient les vertus
naturelles de leurs produits sans aucune certification réelle, la Commission de Santé
Publique du Conseil de l’Europe a mis en place une définition des « produits
cosmétiques naturels ».
Par « produit cosmétique naturel » on entend tout produit, qui, sous réserve des
paragraphes suivants, se compose de substances naturelles, telles qu’elles sont définies
plus loin et qui est produit (obtenu et traité) dans les conditions requises.
Dans le choix des composants de base d’origine végétale, minérale ou animale des
produits cosmétiques, on veille tout particulièrement à n’inclure aucun contaminant
qui puisse être dommageable pour la santé humaine. Les fabricants de produits
cosmétiques naturels doivent prendre spécialement en considération, dans l’évaluation
de l’innocuité pour la santé humaine, les effets allergènes possibles des substances
naturelles.
Les ingrédients naturels doivent être obtenus et traités exclusivement par des
méthodes physiques (par exemple extrusion, centrifugation, filtration, distillation,
37
extraction, percolation, adsorption, congélation, dessiccation), ou biotechnologiques.
Les micro-organismes et les enzymes doivent être utilisés exclusivement dans les
méthodes microbiologiques et les méthodes enzymatiques. Pour procéder à
l’extraction, on peut utiliser comme solvant, l’eau, l’alcool éthylique et d’autres
solvants dérivés naturels appropriés.
Ne peuvent être utilisés dans les produits cosmétiques naturels que les parfums
naturels dont le nom et la définition satisfont à la norme ISO 9235, ainsi que toute
substance, qui, dans cette classification, a été isolée par des méthodes physiques. Les
produits de synthèse, les parfums qui reproduisent les senteurs naturelles et les
matières premières modifiées chimiquement ne peuvent être utilisés dans des
compositions parfumées qui sont étiquetées comme étant naturelles.
Les conservateurs qui peuvent être utilisés sont les suivants : l’acide benzoïque et ses
sels, l’acide propionique et ses sels, l’acide salicylique et ses sels, l’acide 4
hydroxybenzoïque, ses sels et ses esters, l’acide formique, le 2 phénoxyéthanol,
l’alcool benzylique, l’acide sorbique.
Par la suite, nous verrons que ces conservateurs, hormis le 2 phénoxyéthanol, ont été
repris et autorisés par ECOCERT dans son référentiel.
Les émulsifiants obtenus à partir des substances naturelles (graisses et huiles, cires,
lécithines, lanoline, mono-, oligo- et polysaccharides, protéines, lipoprotéines) par
hydrolyse, estérification ou réestérification peuvent être utilisés pour la production de
produits cosmétiques naturels.
Les produits cosmétiques remplissant les conditions énoncées dans les présentes lignes
directrices peuvent afficher l’information complémentaire « produits cosmétiques
naturels » en caractère bien visibles et lisibles [8].
Outre cette définition légale d’un produit cosmétique naturel donnée par le Conseil de
l’Europe, les différents acteurs de la filière cosmétique se sont réunis pour réfléchir à
38
leur propre vision d’un produit cosmétique naturel : comment définir un « cosmétique
naturel » ? Quelle différence établir avec un « cosmétique bio » ? Jusqu’où aller dans
la technicité pour garantir des produits agréables à utiliser sans pour autant renoncer à
une cosmétique respectueuse du corps humain et de la nature ? Quels seuils fixer ?
Quels contrôles opérer ?
Cette réflexion commune a donné lieu à de nombreux débats qui ont permis aux
différents acteurs de se mettre d’accord sur des points unanimement partagés mais
également de mettre en évidence des divergences persistantes.
Les matières premières utilisées doivent être, autant que possible, naturelles ;
l’utilisation de produits de synthèse doit être très réduite ; les végétaux issus de
l’agriculture biologique ou biodynamique sont privilégiés ; les tests dermatologiques
doivent être effectués sur des personnes volontaires ou sur des cultures de cellules ; les
produits certifiés ne doivent contenir ni matières premières génétiquement modifiées,
ni colorants, pigments ou parfums de synthèse, ni huiles minérales issues de la
pétrochimie, ni silicones synthétiques.
39
En France, on rencontre principalement les cinq labels présentés figure 5.
Émis par la Émis par Émis par Émis par la Émis par
fédération l’association l’association fédération l’organisme
BDIH COSMEBIO COSMEBIO NATURE & certificateur
PROGRES ECOCERT
Les laboratoires qui se sont mis d’accord sur des seuils chiffrés se sont regroupés au
sein de fédérations ou d’associations qui ont chacune émis un document répertoriant
leurs propres exigences ; ce document portant indifféremment le nom de « directive »,
de « cahier des charges » ou de « charte ». Ainsi, BDIH, COSMEBIO et NATURE ET
PROGRES sont des entités issues de regroupements de laboratoires. Chacun de ces
groupements appose son propre label sur les produits cosmétiques ayant rempli avec
succès les conditions qu’il a imposées. Cette labellisation est toutefois soumise à
plusieurs conditions que nous développerons ci-dessous. Pour renforcer le poids de
leur label et le rendre crédible, toutes ces entités font appel à des organismes
indépendants chargés d’effectuer la vérification du respect des conditions imposées
par chacune d’entre elles [5, 26]
Outre les groupements de laboratoires, un autre type d’entité a lui aussi émis des
documents répertoriant ses propres exigences : l’organisme certificateur. Il s’agit
d’organismes agréés par les pouvoirs publics et dont la mission est de certifier que le
produit concerné répond aux conditions nécessaires pour recevoir le label émis par
l’organisme certificateur. Le plus connu d’entre eux est ECOCERT. Ce type
d’organisme est bien entendu très utile aux laboratoires qui n’ont rejoint aucun
groupement, mais aussi aux groupements de laboratoires émettant déjà leur propre
label puisque ce label de l’organisme certificateur, en se positionnant aux côtés du
label du groupement, lui donne encore plus de crédibilité [5, 26]
40
1.2.1 BDIH
- les cosmétiques sont formulés, autant que possible, à partir de matières premières
naturelles, issues du règne végétal ou minéral avec une priorité pour les végétaux ;
41
- les tests sur animaux sont interdits ;
Pour encourager les entreprises à s’engager dans une démarche globale et pour limiter
les certifications prétextes à redorer l’image de marque, 60% des produits d’un
fabricant doivent être conformes à la directive BDIH avant qu’un seul produit de sa
marque ne puisse porter le label [5, 13, 26].
NATURE ET PROGRES est une fédération qui regroupe des producteurs agricoles,
des industriels, des médecins, des nutritionnistes et des consommateurs. Elle milite
depuis 1964 pour une agriculture respectueuse des hommes, des animaux, des plantes
et de la planète.
Ainsi, sont proposées des listes positives et négatives des matières premières utiles
lors de l’étape de formulation, en n’imposant aucun seuil chiffré. Les matières
premières végétales doivent provenir en priorité de l’agriculture biologique, du
commerce équitable et de la récolte de plantes sauvages (à l’exclusion des espèces en
voie de disparition). Les ingrédients animaux autorisés sont les produits de la ruche,
les produits lactés, les produits dérivés des œufs et la lanoline. Les ingrédients
d’origine marine doivent être prélevés dans des zones exemptes de pollution. Enfin,
les ingrédients d’origine pétrochimique et les organismes génétiquement modifiés sont
interdits.
42
d’origine du carbone organique. L’entretien des locaux doit être réalisé à l’aide de
détergents écologiques et une bonne gestion de l’énergie et des déchets (obligation de
tri sélectif) est indispensable, afin de sauvegarder l’environnement et la
biodégradabilité des produits cosmétiques et de leurs emballages.
Ici aussi les effets d’aubaine sont limités par l’obligation faite aux sociétés de valider
70% de leur gamme pour pouvoir entrer dans la démarche de certification [5, 12, 26].
1.2.3 COSMEBIO
Ce cahier des charges a établi deux niveaux de certification : le label « ECO » pour
les « cosmétiques écologiques » et le label « BIO » pour les « cosmétiques
écologiques et biologiques » [3] :
Le label « ECO » requiert trois conditions : 95% minimum des ingrédients doivent
être naturels ou d’origine naturelle (ce qui implique par symétrie que moins de 5% des
ingrédients soient d’origine synthétique), 5% minimum des ingrédients du produit fini
doivent être bio, enfin 50% minimum des ingrédients végétaux doivent être bio.
Le label « BIO » est encore plus exigeant que le label « ECO » puisqu’il fait appel aux
mêmes critères tout en augmentant le seuil requis pour les deux derniers. En effet, il
requiert que 95% minimum des ingrédients soient naturels ou d’origine naturelle (ce
qui implique par symétrie que moins de 5% des ingrédients soient d’origine
synthétique), que 10% minimum (et non plus 5%) des ingrédients du produit fini
soient bio, et enfin que 95% minimum (et non plus 50%) des ingrédients végétaux
soient bio.
43
Pour chacun de ces deux labels, le choix des ingrédients est exigeant puisque les
produits finis sont garantis sans OGM (Organismes Génétiquement Modifiés), sans
matière première issue de la pétrochimie et sans parfum, ni colorant de synthèse. Outre
leur nature, la provenance de ces ingrédients est également un critère de sélection
puisqu’ils sont issus, autant que possible, du commerce équitable et du développement
durable.
La mise sur le marché des produits se fait dans le respect des consommateurs puisque
ceux-ci disposent d’une information exhaustive et transparente sur l'ensemble de la
filière de la sélection des matières premières jusqu'au produit fini.
1.2.4 ECOCERT
ECOCERT est un organisme de contrôle agréé par l’État français, qui, depuis 2002,
propose de certifier les cosmétiques des fabricants qui le souhaitent. Les certifications
émises par ECOCERT sont « cosmétique écologique » et « cosmétique écologique et
biologique ».
Ce référentiel impose aux produits de respecter deux types de règles : les règles liées
aux ingrédients entrant dans la composition des produits finis et les règles liées à leur
production.
44
1.2.4.1 Règles liées aux ingrédients entrant dans la
composition du cosmétique
Les critères additionnels propres aux « cosmétiques écologiques » sont que 50% des
ingrédients végétaux incorporés et 5% du produit fini soient certifiés Bio.
Les matières premières doivent être physiquement isolées les unes des autres afin
d’empêcher tout mélange involontaire. De même, le laboratoire doit stocker
séparément les cosmétiques destinés à être certifiés et les autres.
Les procédés de fabrication doivent être simples et conserver les qualités premières
des ingrédients tout en réduisant l’impact sur l’environnement. Le recours à la chimie
du chlore est prohibé.
Les labels ainsi délivrés par ECOCERT ne s’adressent pas seulement aux laboratoires
45
indépendants. En effet, certains groupements de laboratoires qui émettent déjà leur
propre label font également certifier leurs produits par ECOCERT. Un produit peut
donc disposer sur son étiquette à la fois du label émis par le groupement et du label
ECOCERT. Ceci est notamment le cas de certains produits certifiés par COSMEBIO
[5, 8, 26].
L’origine des matières premières utilisables est soumise à des règles très strictes. La
récolte de toutes les matières premières végétales est soumise à deux conditions. Il faut
que la cueillette ne nuise pas à l’écosystème et qu’il ne s’agisse pas d’espèces
végétales protégées. De plus, les végétaux ne peuvent être transformés que par les
procédés vus plus loin.
Les matières premières extraites d’animaux morts ou vivants sont interdites dans les
cosmétiques certifiés.
46
Les matières premières produites naturellement par l’animal, mais non constitutives de
celui-ci sont autorisées, mais soumises à restriction. On retrouve dans cette liste des
substances dont le prélèvement ne nuit pas à l’animal, et pour lesquelles il n’existe pas
d’équivalents dans le monde végétal (tableau VI) [8].
Les matières minérales sont autorisées dans la mesure où elles sont utilisées pour leurs
propriétés intrinsèques, si leur extraction n’engendre pas de pollution ou de
dégradation du paysage, et si elles sont conformes aux critères de pureté exigés
(tableau VII). Elles ne doivent pas être polluées par des contaminants.
47
Matières premières minérales Fonction
Oxychlorure de bismuth Nacrant
Carbonate de Calcium Abrasif, tampon, opacifiant
Sulfate de Calcium (gypse) Abrasif, opacifiant
Oxydes de Chrome Colorant
Aluminium Colorant
Lazurite Colorant
Cuivre Colorant
Bleu de Prusse Colorant
Diphosphate d’ammonium et de manganèse Colorant
Bis orthophosphate de manganèse Colorant
Dioxyde de titane Colorant
Oxyde de zinc Colorant
Oxyde de cuivre Actif
Sulfate de cuivre Additif
Dicalcium phosphate dihydrate Agent abrasif
Silice Agent abrasif / absorbant
Hydroxyde de fer Additif
Oxyde de fer Additif
Sulfate de fer Additif
Carbonate de Magnésium Agent absorbant
Chlorure de Magnésium Additif
Oxyde de Magnésium Agent absorbant
Sulfate de Magnésium Additif
Sulfate de Manganèse Additif
Sulfate de Potassium Agent viscosant
Chlorure d’argent Colorant
Argent Colorant
Sulfate d’argent Colorant
Fluorure de Sodium Anticarie
Monofluorophosphate de Sodium Anticarie
Sulfate de Sodium Agent viscosant
Sulfate de Zinc Agent antimicrobien
Tableau VII: Liste des matières premières minérales admises dans le cahier des
charges ECOCERT [8]
48
Les matières premières marines sont autorisées conformément aux restrictions citées
précédemment, qu’il s’agisse de matières premières marines et végétales ou marines et
animales ou encore marines et minérales (tableau VIII) [8].
INCI Fonctions
Tableau VIII : Liste des matières premières marines admises dans le cahier des
charges ECOCERT [8]
L’eau ajoutée lors de la fabrication du produit fini est donc un ingrédient naturel.
49
cahier des charges et ne peut entrer dans la composition d’un produit cosmétique
certifié [8].
50
2.1.3 Les ingrédients d’origine synthétique
Les agents de conservation utilisés doivent être autorisés par la législation européenne
(article R 5263.3 du CSP). Ceux admis dans les produits cosmétiques biologiques par
le référentiel ECOCERT sont très peu nombreux (tableau IX).
Les ingrédients chimiques sont quasiment tous interdits ; seuls ceux issus de synthèse
pure et réputés indispensables sont acceptés. Outre les conservateurs vus
précédemment, on trouve sur cette liste les agents ayant un rôle spécifique dans les
cosmétiques tels que les agents de protection solaire ou les agents tampons (tableau X)
[8].
51
INCI Fonction
Tableau X : Liste des ingrédients de synthèse autorisés dans le cahier des charges
ECOCERT
52
Le tableau XI fait le point des ingrédients autorisés.
Type
Particularités des ingrédients Exemples d’ingrédients
d’ingrédients
Eau florale
Ingrédient végétal ou issu de Huile végétale
production animale, conforme au
Cire
Ingrédient bio mode de production biologique.
Beurre de karité
Non transformé ou transformation
physique uniquement. Huiles essentielles
Extraits de plantes
Eau
Ingrédient végétal, issu de Extrait de plante
Ingrédient production animale, minéral,
Pigments
marin ou eau.
naturel Argile
Non transformé ou transformation
physique uniquement. Miel
Algues
Ingrédient Ingrédient végétal, issu de Alcool gras naturel
production animale, minéral ou
d’origine Acide gras naturel
marin.
naturelle Huiles végétales hydrogénées
Transformation chimique
Ingrédient non naturel, non Acide benzoïque
Ingrédient de polluant.
Acide ascorbique
synthèse Doit faire partie de la liste
positive. Magnésium hydroxyde
53
difficile d’évaluer les effets de ces produits sur notre peau après des années
d’application, ni même les conséquences sur l’environnement [2].
Les différentes chartes biologiques tiennent compte de deux critères pour dresser la
liste bien fournie des ingrédients ne pouvant en aucun cas figurer dans les produits
biologiques. Elles sont basées sur les principes suivants :
Tout d’abord, les cosmétiques biologiques et écologiques ne doivent pas être testés sur
des animaux et toute procédure qui pourrait leur porter atteinte est interdite.
Les parabens sont des molécules obtenues par synthèse, très largement utilisées dans
les cosmétiques mais aussi en alimentaire. Ces molécules sont des dérivés de l’acide
para-hydroxybenzoïque (figure 6). On peut trouver des parabens dans la nature
(méthylparaben dans la myrtille, par exemple) mais le plus souvent, ils sont
synthétisés à partir de l’acide benzoïque.
54
Figure 6 : Structure générale des parabens [28]
Ils ont pour propriété principale d’inhiber la croissance et le développement des micro-
organismes (bactéries et fongi) et sont de très bons conservateurs. De plus, leur faible
coût a facilité leur diffusion industrielle. Cependant, depuis quelques années,
l’utilisation des parabens fait l’objet d’une polémique sans frontière. Ces molécules
sont considérées comme de puissants cancérigènes chez le rat, mais le métabolisme du
rat est très éloigné de celui de l’homme. Lors d'une étude du Dr Philippa DARBRE
réalisée sur vingt échantillons issus de tumeurs cancéreuses du sein, il a été retrouvé
des traces de parabens dans 18 d’entre eux.
Aucun lien clair n'a été établi entre les parabens et le cancer du sein, et encore moins
entre l'utilisation de produits cosmétiques contenant des parabens et la cancérogenèse.
Il aurait fallu pour cela vérifier si les cellules saines contenaient ou non des traces de
parabens, et comprendre la provenance de ces parabens (ils pourraient par exemple
avoir été ingérés lors du traitement anti-cancéreux) pour pouvoir aboutir à une
conclusion scientifiquement valide. Notons enfin que cette étude portait sur très peu
d'échantillons, ce qui constitue un biais. On trouve aujourd’hui des parabens dans les
crèmes, les laits, les shampooings, les déodorants, les produits pour bébé de la
cosmétique classique. On en trouve également dans des produits alimentaires, en
particuliers la charcuterie sous vide.
Dans les cosmétiques « bio », l’emploi des parabens est prohibé afin de garantir une
parfaite innocuité des produits [1, 9, 28, 30, 31].
55
2.2.4 Les phtalates
On en trouve dans les parfums, les déodorants, les shampooings, les lotions
capillaires… L’inhalation est une voie d’exposition aux produits volatils non
négligeable pour l’homme. Cependant, l’absorption cutanée est encore mal
documentée. Les principaux effets des phtalates rapportés dans les études
expérimentales chez l’animal sont l’atrophie testiculaire, une atteinte hépatique, une
baisse de la fertilité, une diminution du poids fœtal, une augmentation de la masse des
reins, une activité anti-androgénique, ainsi que des effets tératogènes. Chez l’homme,
les effets endocriniens, ainsi que les effets sur la reproduction, notamment les
problèmes sur la fertilité et le développement des nouveaux-nés sont au centre des
préoccupations [1, 29, 30, 31].
Ce sont des solvants miscibles à l’eau et aux substances lipophiles qui permettent de
mélanger entre elles des substances non miscibles. Il existe de nombreux dérivés ; ils
sont peu volatils et odorants. On les classe en deux séries :
Ces substances sont présentes dans de nombreux produits, y compris les médicaments
et les cosmétiques. La toxicité des éthers de glycol est complexe et varie en fonction
56
du produit utilisé. Les aldéhydes et les acides donnent des métabolites qui seraient
responsables d’une toxicité sur la reproduction alors que d’autres dérivés sont plutôt
irritants [1, 30, 31].
2.2.6 Le phénoxyéthanol
Cette molécule est aussi appelée phénoxytol (figure 8). Présent à l’état naturel dans le
thé vert et la chicorée, ce conservateur de la famille des éthers de glycol sert aussi
souvent de solvant pour d’autres conservateurs, en particulier les parabens. Son noyau
benzénique lui confère également des propriétés parfumantes. Cette substance est un
allergène reconnu à très fort pouvoir allergisant. Il est réglementé dans les cosmétiques
classiques (concentration maximale fixée à 1%) et interdit dans les cosmétiques
biologiques [1, 24, 30, 31].
C’est une matière première lipophile bon marché et facile d’emploi. Les paraffines
dérivées du pétrole sont très avantageuses pour l’industrie cosmétique (facilité
d’obtention et faible coût). Elle forme un film hydrophobe sur la peau et favorise
l’hydratation. Cette substance a tendance à boucher les pores de la peau tout en
piégeant les toxines.
Agréables mais peu écologiques, les silicones sont appréciées des formulateurs de
cosmétiques. Par leur polyvalence, elles connaissent une utilisation universelle. Elles
sont largement utilisées et offrent aux produits cosmétiques des propriétés
57
particulières : toucher « velours », fini « poudré » et propriétés matifiantes. En effet,
ces matières premières sont « douces », faciles à étaler sur la peau et sont de loin
préférables aux « huiles minérales ».
Cependant, ces huiles de silicones sont très peu biodégradables et sont donc nocives
pour l’environnement. Bien que partant d'une ressource naturelle, le sable, les
traitements mis en oeuvre jusqu'à l'obtention du polymère sont décriés. Le cahier des
charges ECOCERT interdit l’utilisation des silicones dans les cosmétiques biologiques
à cause de leur origine synthétique et de leurs effets néfastes sur l’environnement.
58
3.1 Analyse comparative des excipients
Les excipients ont un rôle de support du ou des actifs et vont permettre de moduler la
pénétration de l’actif dans l’épiderme (Tableau XII).
59
3.2 Analyse comparative des actifs
Les actifs sont les composés responsables de l’activité d’un produit cosmétique précis.
Dans les cosmétiques classiques, les actifs sont souvent des molécules isolées par
extraction ou issues de la synthèse comme par exemple l’acide hyaluronique, le
rétinol, le collagène ou l’élastine. Dans les cosmétiques biologiques, les actifs utilisés
sont naturels : extraits huileux, hydroalcooliques, plantes, hydrolats, huiles essentielles
[5].
60
3.3 Analyse comparative des additifs
Les additifs sont indispensables. Ce sont les conservateurs, les émulsionnants, les
stabilisateurs mais aussi les parfums (Tableau XIII).
61
PARTIE III - LES COSMÉTIQUES
ÉCOLOGIQUES ET BIOLOGIQUES
PRÉSENTS À L’OFFICINE
1.1 WELEDA
1.1.1 Le laboratoire
Depuis 1921, les laboratoires WELEDA ont développé une gamme originale fondée
sur une éthique novatrice qui repose sur l’harmonie entre l’Être Humain et la nature.
Pour ce faire, tous les intervenants travaillent ensemble de façon solidaire (médecins,
pharmaciens, collaborateurs…) dans le but de formuler les meilleurs cosmétiques
possibles.
Dans la culture celtique, santé et maladie étaient étroitement liées aux relations de
l’Homme avec la nature. On appelait « Weleda » (ou « Velleda ») les femmes qui
connaissaient les vertus curatives des plantes et savaient trouver les bons remèdes. Ce
sont ces femmes qui ont donné leur nom à la gamme.
62
1.1.2 La gamme
La rose musquée du Chili est une rose sauvage qui pousse dans les Andes chiliennes.
WELEDA a choisi cette fleur pour la précieuse huile de ces graines, aux vertus
raffermissantes et revitalisantes qui préserve la jeunesse de la peau (figure 9).
L’iris est une plante capable de conserver l’eau contenue dans son rhizome pendant de
longs mois. WELEDA utilise cette plante pour ses propriétés régulatrices de
l’hydratation. Ainsi la peau garde sa souplesse et son élasticité (figure 10).
L’amande, en particulier l’huile d’amande douce, est naturellement riche en acide gras
insaturés et en vitamine E. L’huile d’amande douce offre également une tolérance
cutanée exceptionnelle et c’est pourquoi le laboratoire utilise l’amande dans sa gamme
de soins spécifiques pour les peaux réactives. WELEDA a également développé des
soins barrières contre le froid pour les peaux sèches (figure 11).
63
A base d’aloe vera, de beurre de karité et d’extrait de myrte, la gamme « homme » a
été conçue pour des hommes qui désirent prendre soins de leur peau mais en
n’utilisant que des produits naturels et en respectant l’écologie, mais également dans
un souci de bien-être et de santé (figure 12).
WELEDA a développé toute une gamme bébé à base de calendula utilisé pour ses
vertus apaisantes et anti-irritations. On y trouve une crème pour le change, une crème
visage, un lait de toilette et une eau nettoyante (figure 13).
64
1.2 Dr HAUSCHKA
1.2.1 Le laboratoire
1.2.2 La gamme
Pour plus de détente, on peut utiliser les bains odorants aux différentes senteurs (pin,
citron, romarin, lavande et sauge).
La gamme corps se compose de l’huile de soin pour le corps à base d’huile essentielle
de citron qui tonifie, hydrate et raffermit la peau. Le lait pour le corps apporte plutôt la
65
douceur et se décline en deux senteurs (le lait à la rose pour plus de douceur et le lait
au coing plus nourrissant).
La soie se lie au romarin pour créer un soin spécifiques pour les pieds des sportifs : la
soie absorbe l’excès de transpiration et le romarin antibactérien assainit les pieds.
Pour les pieds et les jambes fatigués, mieux vaut utiliser la crème fitness pour les pieds
et la lotion au romarin qui stimulent la circulation et rafraîchissent.
1.3 SANOFLORE
1.3.1 Le laboratoire
Les cosmétiques de la gamme sont certifiés par le label ECOCERT dans le respect de
l’environnement.
Pour les chercheurs des laboratoires SANOFLORE, les actifs végétaux bio permettent
de rétablir l’équilibre de la peau souvent mise à rude épreuve par les agents
intrinsèques et/ou extrinsèques : le stress, la pollution, l’hygiène excessive et
l’utilisation de produits de soins aux ingrédients de synthèse. Les produits
SANOFLORE sont formulés avec une concentration exceptionnelle en actifs naturels
et bio. Eaux florales, huiles essentielles et autres extraits de plantes sont utilisés en
synergie [20, 21].
66
1.3.2 La gamme
L’eau florale de fleurs d’oranger, l’huile d’amande douce et le miel de tilleul, aux
propriétés adoucissantes et apaisantes, sont associés aux huiles essentielles de romarin
et de genièvre qui permettent d’assainir et de purifier la peau, dans le lait
démaquillant.
On retrouve dans le gel nettoyant des eaux florales de lavande et de verveine aux
propriétés apaisantes. Les huiles essentielles de citron, de cèdre et de menthe vont
purifier en profondeur la peau grâce à leurs vertus antiseptiques.
Chaque eau florale a ses propres propriétés et sera adaptée à un problème de peau bien
précis. Elle peut être appliquée le matin sous la crème ou le soir sur peau propre.
On trouve ainsi l’eau florale de lavande pour purifier les peaux grasses, l’eau de fleurs
d’oranger pour apaiser les peaux réactives, l’eau florale de rose pour resserrer les
pores et renforcer l’éclat du teint, l’eau d’hamamélis pour tonifier la peau, l’eau florale
de camomille pour calmer les peaux irritées et l’eau florale de bleuet en compresse
pour dégonfler les yeux fatigués.
Le fluide hydra-matifiant a pour but d’assainir et de purifier la peau et ce, grâce aux
huiles essentielles de citron, de menthe poivrée et de romarin. Les extraits de lin et les
microbilles de silice permettent de réguler la production de sébum. L’huile de jojoba
bio va nourrir la peau.
67
Le stick SOS anti-imperfection permet d’assécher et d’assainir une zone particulière.
On y trouve des huiles essentielles au pouvoir antiseptique et anti-inflammatoire :
citron, géranium rosat, sauge, menthe poivrée et hélichryse.
Le baume végétal est quant à lui composé de miel de tilleul apaisant, d’huiles de rose,
d’argan et d’avocat aux propriétés nourrissantes et anti-rides et de beurre de karité
pour nourrir la peau et la protéger des agressions extérieures.
La crème de jour contient les mêmes ingrédients. Cependant, on trouve en plus dans la
formulation des huiles essentielles d’orange, de néroli et de bigaradier pour calmer les
tiraillements des peaux sèches.
Pour le laboratoire SANOFLORE, l’huile essentielle d’une plante est l’âme de cette
plante. Lorsque l’on respire une fleur, que l’on épluche un agrume ou lorsque l’on
froisse une feuille, c’est l’huile essentielle volatile qui nous renseigne sur l’identité de
cette plante [20, 21].
1.4.1 KIBIO
L’idée de fonder KIBIO est née dans la nature au sein des montagnes. Pierre
CABANE et Laurent POTIER, les fondateurs de KIBIO sont tous les deux passionnés
par le sport et par la nature. Ils ont décidé de mettre en place un nouveau concept : une
cosmétique différente, naturelle, efficace et sûre. C’est ainsi que naît « une cosmétique
gorgée de principes actifs totalement naturels (…) respectueuse de l’environnement,
de la peau et des femmes. »
68
« Ki » est un mot japonais qui signifie « énergie vitale universelle ». Quand l’énergie
circule harmonieusement, la peau trouve son équilibre et respire la santé. Une telle
technique, fondée sur l’énergie transmet un caractère unique. La plante bio se construit
seule sans pesticide et est donc plus résistante qu’une plante classique : elle transmet
alors plus d’énergie au produit de soin.
1.4.1.1 Nettoyer
La mousse pureté fraîcheur contient de l’eau florale de menthe poivrée, des huiles
essentielles de cèdre et de citron, et permet de nettoyer et de purifier la peau en
profondeur.
La gelée démaquillante pour les yeux contient un dérivé d’huile de coco qui nettoie
efficacement les yeux, des eaux florales de bleuet et de camomille qui apaisent et
décongestionnent les paupières et de l’extrait de gombo qui hydrate et adoucit.
La mousse tendre gommage gomme en finesse les cellules mortes et les impuretés,
grâce aux noyaux d’abricots pulvérisées qui exfolient en douceur. Ensuite l’eau florale
de verveine apaise la peau et l’huile d’amande amère la nourrit et la protège.
Le masque pureté éclat est plutôt consacré aux peaux à tendance grasses car le kaolin
qu’il contient va permettre d’absorber l’excès de sébum. Les huiles essentielles de
poivre noir et de lavandin stimulent la peau et assainissent les pores en profondeur.
1.4.1.2 Hydrater
69
La crème hydratation intense possède en plus de l’huile de bourrache et des extraits
d’huile d’olive et peut donc hydrater les peaux sèches à très sèches.
L’huile hydratation intense est une huile sèche qui pénètre instantanément dans la
peau ; l’huile de dattier du désert nourrit et assouplit les peaux rugueuses et
desquamées et l’huile de jojoba maintient le niveau d’hydratation idéale.
1.4.1.3 Optimiser
L’huile apaisante hydratante est le soin SOS des peaux irritées et l’huile d’amande
douce mêlée à l’extrait naturel de lin et à la fève de tonka procure du réconfort à la
peau.
La brume florale de soin apaise, calme et réconforte les peaux sensibles par l’action de
l’alœ vera, de l’eau de fleur d’oranger et de camomille romaine.
Le fluide pureté matifiant est dédié aux peaux à tendance grasse. Les eaux florales de
cyprès et de menthe poivrée vont resserrer les pores et purifier en profondeur. La
poudre de riz est absorbante et matifiante.
La crème intemporelle nuit est plus nourrissante, grâce au beurre de karité et à l’huile
de baobab.
L’huile intemporelle intense peut être utilisée mélangée à la crème et laisse la peau
lisse et veloutée. L’huile végétale de shiso va protéger la peau des agressions
extérieures. On y trouve aussi les huiles végétales de rose et d’avocat qui régénèrent la
peau.
70
1.4.1.4 Soin du corps
L’huile de soin corps Ki-relax et l’huile de soin corps Ki-tonic nourrissent le corps et
permettent de se relaxer ou de « revitaliser l’esprit » par des huiles essentielles
particulièrement bien sélectionnées : shisandra, petit grain pour le Ki-relax et, ginseng,
eucalyptus et cèdre pour le Ki-tonic.
On trouve également dans la gamme le gel soin douche et le gommage exfoliant corps,
la crème pour les mains, le baume pour les lèvres, le baume velouté corps, le lait
soyeux, le gel fermeté, et le gel relaxant pour les jambes [18, 19].
1.4.2 THEMIS
Pour ses formules innovantes, Thémis sélectionne des ingrédients naturels issus des
filières contrôlées du commerce équitable : beurre de cacao du Pérou, huile de sésame
du Nicaragua ou riz de Thaïlande. En effet, cette gamme est la seule à avoir deux
labels : le label Cosmébio et le label Max Havelaar. Le label Max Havelaar est
contrôlé par Flocert, organisme d’audit de l’association FLO (Fairtrade Labelling
Organizations International) qui fixe les standards internationaux du commerce
équitable. Le but des laboratoires Thémis est de soutenir les producteurs du Sud [22].
71
1.4.3 Elysambre Natural make-up
1.4.3.1 Le laboratoire
1.4.3.2 La gamme
Les ombres à paupière sont composées de tournesol, de beurre de karité et d’olive qui
hydratent et restructurent la paupière. Les pépins de raisin, le soja, le thé rouge et la
vitamine A protègent durablement la peau.
La terre cuite (effet bronzé) et le fard à joue (effet bonne mine) permettent de modeler
le visage, en insistant sur certains reliefs du visage. On y trouve les mêmes agents
hydratants et protecteurs que dans la poudre compacte : huile de tournesol, beurre de
karité, huile de pépins de raisins, mais aussi de l’huile d’abricot, de l’huile de jojoba et
de l’huile de karanja.
Le mascara et l’eyeliner sont formulés avec une « base eau » sans solvant et sont de
véritables soins pour le yeux. L’eyeliner se compose de résine d’acacia apaisante, de
72
beurre de karité et de vitamine E. Le mascara est également composé de résine
d’acacia et de beurre de karité, associés à la cire de carnauba et à la cire de candelilla.
Les différents crayons (yeux, lèvres, sourcils) permettent un tracé fin et précis, de
longue durée. Ils sont formulés à partir de cire d’abeille et de beurre de karité associés
aux pigments.
Le fond de teint crème est composé d’huile d’amande douce, de melon du kalahari, de
prêle des champs, d’huile de jojoba, d’eau de bleuet, d’huiles de baobab et d’olive. Il
unifie le teint avec un fini naturel.
Le fond de teint fluide a une texture plus légère pour un fini plus transparent. Dans ce
cosmétique sont associés l’huile de baobab, l’huile d’amande douce, l’huile de jojoba,
les eaux de bleuet et de prêle des champs [17].
2.1 CAUDALIE
Caudalie est une gamme née en 1993 de l’association d’un jeune couple, Mathilde et
Bertrand THOMAS, avec un professeur de la faculté de Bordeaux, le Professeur
VERCAUTEREN. L’idée de réaliser ces cosmétiques est née sur les terres du château
Smith Haut Lafitte, de la connaissance des bienfaits du raisin sur la peau. En effet, les
pépins de raisins contiennent des polyphénols qui sont de puissants piégeurs de
radicaux libres. Ils seraient dix mille fois plus puissants que la vitamine E. De plus, la
pulpe du raisin est très riche en oligoéléments et les sarments et rafles du raisin
renferment du resveratrol qui stimule le renouvellement cellulaire et de la viniférine,
anti-tâche qui améliore l’éclat de la peau. « Tout est donc bon dans le raisin ». En
septembre 1995, les trois premiers produits de la gamme sortent. Aujourd’hui, la
gamme compte 35 produits et 7 huiles.
73
Avant 2006, la gamme CAUDALIE était une gamme cosmétique classique répondant
à la législation de base des cosmétiques. Cependant, suite à la sortie du livre de Mme
Stein et craignant probablement des répercussions sur les ventes, le laboratoire a
décidé de modifier la formulation en s’affranchissant des molécules non naturelles [15,
37].
Aliza JABES, présidente du laboratoire Nuxe, est « passionnée depuis toujours par le
pouvoir des plantes » et a toujours développé ses produits à partir d’actifs végétaux.
Cependant, elle a voulu aller plus loin et utiliser les plantes « dans leur forme la plus
originelle. De cette volonté, est née la gamme Bio-beauté by Nuxe, une nouvelle
génération de soins cosmétiques alliant le savoir-faire de Nuxe ».
Les cosmétiques de cette gamme doivent répondre aux trois principes fondateurs
d’Aliza JABES :
- la performance car le cosmétique doit être efficace tout en assurant une tolérance
parfaite ;
- la modernité c'est-à-dire une texture innovante, agréable qui permet une meilleure
action des actifs.
Les produits de cette gamme sont arrivés sur le marché des cosmétiques en deux
temps.
74
Dans un second temps, la gamme s’est développée et on a pu découvrir dans les
pharmacies de nouveaux soins : crèmes pour le visage, lait pour le corps, gommage
doux [14, 37].
75
CONCLUSION
C’est pourquoi les consommateurs sont, depuis peu, demandeurs d’une sécurité
sanitaire accrue. C’est au législateur que revient prioritairement cette tâche grâce à la
rédaction et à l’entrée en vigueur de textes règlementaires protecteurs.
Le domaine des cosmétiques n’y fait pas exception. En effet, une réglementation
propre aux cosmétique a été créée il y a près de trente ans suite à un drame sanitaire
qui a marqué les esprits, l’affaire du talc Morhange. Cette réglementation n’a depuis
cessé de se renforcer afin de toujours mieux protéger les utilisateurs.
Les consommateurs ont bien saisi l’enjeu d’une telle protection mais rares sont ceux
qui ont l’expertise requise pour identifier les ingrédients potentiellement nocifs. En
effet, malgré une transparence rendue obligatoire par la loi, la lecture et la
compréhension des étiquettes par le consommateur ne sont pas aisées. Les labels sont
donc présents pour encadrer l’activité des laboratoires et rassurer le consommateur
quant à la qualité et à l’innocuité du produit qu’il utilise. Pour asseoir la crédibilité de
ces labels, ceux-ci sont pour la plupart certifiés par des organismes indépendants.
76
Liste des tableaux
Page
Tableau I : Exemples d’actifs courants 13
Tableau VII : Liste des matières premières minérales admises dans le cahier 47
des charges ECOCERT
Tableau VIII : Liste des matières premières marines admises dans le cahier 48
des charges ECOCERT
77
Liste des figures
Page
Figure 3: Sébumètre 32
78
BIBLIOGRAPHIE
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Les cosmétiques écologiques et biologiques
Thèse de docteur en pharmacie, Université de Nancy, 2007
81
UNIVERSITÉ DE NANTES Année de la soutenance
FACULTÉ DE PHARMACIE 2009
Résumé de la thèse :
Suite à la survenue de problèmes sanitaires liés à certains cosmétiques au XXème siècle, ces
derniers font désormais l’objet d’une réglementation protectrice de la santé de l’utilisateur.
Bien que ce cadre juridique soit de plus en plus strict, il ne permet pas, à ce jour, d’écarter
tous les risques induits par l’usage de certains ingrédients dont l’innocuité à long terme n’a
pas encore été clairement démontrée. Pour répondre à ce souhait de protection accrue émis par
les consommateurs, les laboratoires cosmétiques se sont regroupés en labels certifiés
écologiques et biologiques qui permettent d’instaurer la confiance.
MOTS CLÉS :
JURY :
PRÉSIDENT : Mme Nicole GRIMAUD, Maître de Conférences de Pharmacologie
Faculté de Pharmacie de Nantes
ASSESSEURS : Mme Laurence COIFFARD, Professeur de cosmétologie
Faculté de Pharmacie de Nantes
Mme Marie-Christine MOREAU, Pharmacien
13 rue de Budapest, 44000 Nantes
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