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DROIT BANCAIRE

SOMMAIRE
TITRE PREMIER : INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DU DROIT BANCAIRE
CHAPITRE 2 : LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE
CHAPITRE 3 : RAPPEL HISTORIQUE
TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE
CHAPITE PREMIER : ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A
CERTAINES DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE
CHAPITRE 2 : RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE
SUPERVISION ET DE REGLEMENTATION

CHAPITRE 3 : REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES


ETABLISSEMENTS DE CREDIT
CHAPITRE 4 : MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATIONENTRE BAM ET
LES AUTRES AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL
CHAPITRE 5 : MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE
TRAITEMENT DES DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
CHAPITRE 6 : RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA
CLIENTELE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
CHAPITRE 7 : LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE
CHAPITRE 8 : AUTRES DISPOSITIONS
TITRE 3 : LES OPERATIONS DE BANQUE
CHAPITRE PREMIER : LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC
CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS
DE PAIEMENT OU LEUR GESTION
TITRE 4 : LA RESPONSABILITE BANCAIRE
CHAPITRE PREMIER : LA RESPONSABILITE CIVILE
CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER

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INTRODUCTION
1. DEFINITION DU DROIT BANCAIRE
Le droit bancaire se définit par son objet ; c’est l’ensemble des règles concernant les opérations
de banque et ceux qui les accomplissent à titre professionnels. C’est un droit professionnel qui tire son
unité du fait qu’il concerne un certain milieu social centré autour d’une technique ou d’une activité
commerciale[1].
Le droit bancaire n’a pas choisi entre le système objectif et le système subjectif : il est, à la fois,
le droit des opérations de banque et celui des professionnels du commerce de banque.
1.1. LES OPERATIONS DE BANQUE
Il n’existe pas de définition de l’opération de banque. Ainsi, dans certaines hypothèses, il est
difficile de savoir si l’opération considérée est ou non une opération de banque. De cette qualification
dépend l’application du statut d’établissement de crédit défini par l’article 1 er de la loi du 14 février
2006 comme une personne morale qui effectue à titre de profession habituelle des opérations de
banque.
A défaut de définition la loi du 14 février 2006 donne une énumération des opérations de
banque. Selon l’article 1er : « les opérations de banque comprennent la réception de fonds du public,
les opérations de crédit ainsi que la mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou
leur gestion ». L’article 7 de la énumère, de façon non limitative, des opérations dites « connexes »
que peuvent accomplir les établissements de crédit : opérations de change, opérations sur l’or, les
métaux précieux et les pièces de monnaie ; le placement, la souscription, I achat, la gestion la garde
et la vente de valeurs mobilières, de titres de créances négociables ou de tout produit financier ; la
présentation au public des opérations d'assurance de personnelles, d'assistance et d'assurance-crédit
; I'intermédiation en matière de transfert de fonds ; le conseil et l'assistance en matière de gestion de
patrimoine ; le conseil et l'assistance en matière de gestion financière, I’ingénierie financière et, d'une
manière générale, tous les services destinés à faciliter la création et le développement des entreprises
; les opérations de location simple de biens mobiliers ou immobiliers, pour les établissements qui
effectuent, à titre habituel, des opérations de crédit-bail. Ces opérations ne sont pas des opérations de
banque ; elles leur sont seulement « connexes ». Si elles constituent l’unique objet de l’activité d’une
personne morale, elles ne peuvent lui conférer la qualité d’établissement de crédit.
De même l’article 8 mentionne pour les établissements de crédit la possibilité d’exercer, à
certaines conditions, des activités autres que l’accomplissement des opérations de banques. Ces
autres opérations ne sont pas des opérations de banque.
1.2. LES PROFESSIONNELS DU COMMERCE DE BANQUE
L’instauration de la nouvelle catégorie des établissements de crédit met fin à la distinction entre
les banques, qui accomplissent à titre de profession habituelle des opérations de banque avec leurs
ressources propres mais aussi avec les fonds reçus du public sous forme de dépôts ou autrement et
les établissements financiers qui accomplissent des opérations de banque similaires mais en
employant uniquement leurs ressources propres.
1.3. ORIGINE DU DROIT BANCAIRE
Traditionnellement, le droit bancaire relève du droit privé et est considéré comme une branche
du droit commercial. Les opérations de banque sont des actes de commerce (article xx du Code de
commerce) et les personnes, physiques ou morales, qui les accomplissent à titre professionnel, ont la
qualité de commerçant.
Il en est ainsi même pour les banques du secteur public : les opérations qu’elles accomplissent
demeurent soumises à la législation commerciale, et, bien que dotés de statuts particuliers les
établissements du secteur public ont pour la plupart la qualité de commerçant.

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Le droit civil trouve aussi à s’appliquer, notamment le droit des obligations, le droit des sûretés,
parce qu’il constitue la base du droit privé.
Comme le droit commercial auquel il appartient et comme tout droit professionnel prévoyant
une organisation professionnelle forte, le droit bancaire subit l’influence du droit public. L’importance
du rôle économique du secteur bancaire a conduit l’Etat à une intervention énergique. L’organisation
professionnelle est fortement structurée ; les professionnels sont soumis aux autorités monétaires.
Les décisions émanant de l’autorité de tutelle sont bien des décisions administratives de caractère
général ou individuel. La doctrine à même affirmé que les banques étaient chargées d’une « mission
de service public ».
Enfin, l’activité bancaire est soumise à des règles qui ressortissent d’une branche nouvelle de
droit et, qui semble être le droit de l’organisation économique par les pouvoirs publics. L’importance
de la distribution du crédit et la création de monnaie qui en résulte, le rôle des banques dans les
règlements, la nécessité de protéger les déposants… ont conduit l’Etat à un dirigisme économique de
l’activité bancaire.

2. LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE


Les fondements du droit bancaire, comme de tout droit, résident dans ses sources et dans ses
techniques.
2.1. LES SOURCES
Le droit bancaire ne diffère pas des autres branches du droit en ce qui concerne ses sources : il
faut tenir compte des textes législatifs, réglementaires et professionnels ainsi que la jurisprudence et
des usages sans oublier les sources internationales. La force obligatoire de ces diverses sources
varie selon l’autorité dont elles émanent et certaines d’entre elles ne constituent pas au sens strict du
terme des sources du droit. Cependant, elles doivent être toutes envisagées en raison de leur
importance pratique et de leur incidence sur le droit positif.
2.1.1. LES TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
Les textes de bases sont situés dans le Dahir n° 1-05-178 du 15 moharrem 1427 (14 février
2006), portant promulgation de la loi n° 34-03 relative aux établissements de crédit et
organismes assimilés.
La nouvelle loi bancaire du 14 février 2006 est subdivisée en 8 titres, à savoir :
 Titre 1 : Champ d’application et cadre institutionnel ;
 Titre 2 : Octroi de l’agrément, conditions d’exercice et retrait de l’agrément aux
établissements de crédit ;
 Titre 3 : Dispositions comptables et prudentielles ;
 Titre 4 : Contrôle des établissements de crédit ;
 Titre 5 : Administration provisoire et liquidation des établissements de crédit ;
 Titre 6 : Protection de la clientèle des établissements de crédit ;
 Titre 7 : Sanctions disciplinaires et pénales ;
 Titre 8 : Dispositions diverses et transitoires.
Les textes réglementaires émanent des autorités monétaire, notamment les décrets et les
circulaires, ne doit pas conduire à négliger les autres textes qui peuvent interférer sur leur
statut ou leurs opérations, tels que le DOC qui régit notamment le prêt ou le Code de
commerce qui comprend en particulier les règles applicables aux effets de commerce et les
contrats bancaires.

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2.1.2. LES TEXTES PROFESSIONNELS
Les textes professionnels émanent d’un certain nombre d’autorités du secteur bancaire et
financier et concernent principalement les conditions de gestion et de fonctionnement des
établissements de crédit ainsi que le contrôle du crédit.
Toutefois, les textes professionnels sont très diverses et de portée différente. L’intérêt de
déterminer celle-ci réside dans les conditions d’application de ces textes et dans leurs sanctions qui
sont, soit disciplinaires, soit civiles.
2.1.3. LA JURISPRUDENCE
Le rôle de la jurisprudence ne doit pas être méconnu en droit bancaire. Celle-ci est importante,
non seulement pour interpréter les textes, mais également pour établir en dehors de tout texte le
régime juridique de certaines opérations effectuées par les banques.
2.1.4. USAGES BANCAIRES
En droit bancaire, les usages sont nombreux et peuvent régir aussi bien les rapports entre
établissements de crédit que les rapports de ces derniers avec leur clientèle.
Les usages bancaires ne suscitent aucune difficulté spécifique dans les rapports entre les
établissements de crédit : ils s’appliquent sans aucune restriction. En revanche, dans les rapports
entre ces derniers et leur clientèle, l’opposabilité des usages dépend principalement de leur
connaissance par la clientèle. Si le client en a été informé lors de la conclusion du contrat, l’usage lui
sera opposable ; dans le cas contraire, l’usage lui sera inopposable. Toutefois cette connaissance
sera supposée si le client est particulièrement averti des procédés bancaires.
2.1.5. SOURCES INTERNATIONALES
Les sources internationales sont diverses. Elles concernent à la fois la surveillance des
établissements de crédit et les opérations bancaires.
La surveillance des établissements de crédit fait l’objet d’études menées par le Comité de Bâle
sur le contrôle bancaire. Créé en 1974 par les gouverneurs des banques centrales des pays du
Groupe des dix – dit G10 – et fonctionnant sans aucun formalisme auprès de la Banque des
Règlements Internationaux (BRI), il regroupe les représentants des banques centrales et des autorités
de surveillance de douze Etats[2], à savoir les membres du groupe des dix ainsi que deux autres
Etat. Il constitue une instance permanente de coopération en matière de surveillance bancaire. En
particulier, il a examiné les modalités d’une coopération internationale propre à renforcer le contrôle
prudentiel et à améliorer, à l’échelle mondiale, la qualité de la surveillance des banques. Les travaux
du Comité de Bâle, qui n’est pas une autorité supranationale, n’entraînent cependant pas d’obligation
pour les Etats et n’ont pas force exécutoire. Il revient aux autorités nationales de mettre en œuvre,
selon le dispositif qu’elles jugent adéquat, les normes et les règles de caractère général édictées par
celui-ci.
Quant à l’activité bancaire, elle a fait l’objet d’un certain nombre de conventions internationales.
Certaines ont une portée qui dépasse l’activité bancaire telle que la convention de Rome du 19 juin
1980 sur la loi applicable aux obligations contractuelles. D’autres concernent des opérations
déterminées, comme les conventions d’Ottawa sur le crédit-bail international et l’affacturage
international.
A côté des conventions existent des pratiques internationales unifiées dont les plus connues
sont l’œuvre de la Chambre de Commerce Internationale (CCI), en particulier les règles et usances
relatives aux crédits documentaires.
2.2. LES TECHNIQUES
Le droit bancaire implique une diversité de disciplines juridiques, à savoir : régimes
matrimoniaux, incapacités, successions, droit des sûretés, droit des obligations, droit des contrats,
droit des sociétés. Ces disciplines mettent en œuvre des techniques différentes.

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2.2.1. QUALITE DES PARTIES
La qualité des parties se vérifie bien au regard de l’établissement de crédit qu’à celui du client.
Cette relation est fondée sur la confiance et est déterminée par l’intuitu personae.
Ainsi, lors de la réalisation de certaines opérations en matière de crédit, l’établissement de
crédit doit avoir confiance en son client. Parce que le premier a pris un risque en prêtant de l’argent au
second : le risque d’insolvabilité du client et du non remboursement du crédit.
Ceci dit, que certaines données de faits variées conduisent l’établissement de crédit à faire des
différences entre ses clients, en refusant ou en accordant les crédits. Elles se traduisent sur le plan
juridique par l’intuitu personae. Cet élément a notamment pour conséquence la faculté de ne pas
contracter et l’incessibilité des crédits sauf accord de l’établissement de crédit.
Le client doit avoir également confiance en son banquier. Cette confiance est nécessaire aussi
bien lorsque le client effectue des dépôts sur son compte bancaire que lorsqu’il confie la gestion de
son patrimoine à son banquier. Elle se traduit par les obligations imposées à ce dernier, même dans le
silence du contrat, notamment l’obligation d’information ou encore l’obligation au secret dont la
méconnaissance met en cause le caractère intuitu personae de la relation bancaire et entraîne la
responsabilité du banquier.

2.2.2. DIVERSITE ET REPETITION DES OPERATIONS BANCAIRES


Le droit bancaire recherche toujours de nouvelles techniques contractuelles permettant la
réalisation des opérations financières. Aussi, il laisse une large place à la liberté contractuelle et à
l’existence de contrats soumis au droit commun des obligations.
Les opérations bancaires trouvent leur origine dans la répétition qui altère la liberté
contractuelle impliquée par la diversité de celles-ci. A partir du moment où les opérations courantes se
répètent un très grand nombre de fois, il n’est plus possible de négocier l’intégralité de leurs
modalités. Cette impossibilité s’explique essentiellement par le coût des opérations bancaires. Aussi
les établissements de crédit ont-ils proposé à leur clientèle des contrats dont elles ont fixé le contenu.
Dès lors le domaine de discussion entre l’établissement de crédit et son client est relativement faible,
voir nul, sauf pour les clients importants : le client a seulement la liberté de conclure ou de ne pas
conclure le contrat, habituellement dénommé contrat d’adhésion.
Si cette standardisation des contrats porte atteinte à la liberté contractuelle, elle se traduit
également par un strict formalisme. Celui-ci présente d’ailleurs l’avantage de préserver la sécurité
juridique.
3. RAPPEL HISTORIQUE
L’ouverture des premiers guichets bancaires au Maroc date de la deuxième moitié du
19 ème siècle.
L’acte d’Algésiras, signé en 1906 par les délégués de douze pays européen, des Etats-Unis
d’Amérique et du Maroc, a institué la Banque d’Etat du Maroc qui sera effectivement créée, à
Tanger, en 1907 sous forme de société anonyme, dont le capital était réparti entre les pays
signataires, à l’exception des Etats-Unis. Outre les opérations à caractère commercial, la
Banque d’Etat du Maroc disposait du privilège de l’émission de la monnaie fiduciaire sur tout
le territoire du Royaume et assumait le rôle d’agent financier du Gouvernement marocain.
Avec l’avènement du protectorat français en 1912, de nombreuses filiales de grandes banques
commerciales européennes, notamment françaises, de banques d’affaires et de groupes
financiers étrangers se sont installées au Maroc. De même, ont vu le jour des institutions
financières marocaines remplissant des fonctions spécifiques et intervenant dans des
domaines particuliers. Il s’agit notamment de la Caisse des Prêts Immobiliers du Maroc
(CPIM), de certains caisses spécialisées dans le financement de l’agriculture, de la Caisse

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Centrale de Garantie (CCG), de la Caisse Marocaine des Marchés (CMM) et du Crédit
Populaire (CP).
L’exercice de l’activité bancaire, qui n’était régi par aucun texte particulier, a été organisé
pour la première fois en 1943, suite à la promulgation du dahir du 31 mars relatif à la
réglementation et à l’organisation de la profession bancaire. Les modalités d’application de ce
dahir on été fixées par l’arrêté du Directeur des Finances de la même date, puis modifiées et
complétées par les arrêtés du 15 janvier 1954, du 17 janvier et du 16 avril 1955.
Ces textes ont notamment dévolu au Directeur des finances une compétence générale en
matière de contrôle et de règlement des conditions d’exercice de l’activité bancaire, ainsi que
le pouvoir de sanction aux manquements constatés.
Pour l’accomplissement de sa mission, le Directeur des finances était assisté par le Comité du
Crédit et du Marché Financier (CCMF), organe consultatif habilité à donner son avis au
Directeur des finances, en particulier en ce qui concerne la politique générale de crédit et le
marché financier.
Le champ d’application des textes susvisés qui ne concernait, que la zone territoriale sous
protectorat français, a été étendu, par les arrêtés du 14 août 1958 et du 31 mars 1960,
respectivement à la zone sous occupation espagnole, puis à la province de Tanger qui
disposait d’un statut international particulier.
A partir de 1956, au lendemain de l’indépendance du Maroc, les bases d’un système bancaire
national on été mises en place. Ainsi, la Banque du Maroc a été instituée par le dahir n° 1-59-
233 du 30 juin 1959 pour se substituer à la Banqued’Etat du Maroc et assurer la fonction de
Banque Centrale. Créée sous forme d’établissement public doté de la personnalité civile et de
l’autonomie financière, cette institution s’est vue confier le privilège de l’émission de la
monnaie fiduciaire, ainsi que la mission de veiller à la stabilité de la monnaie et de s’assurer
du bon fonctionnement du système bancaire.
A partir de mars 1987, la dénomination de Bank Al-Maghrib a été substituée à celle de
Banque du Maroc. D’autre part, pour répondre aux objectifs de développement et aux besoins
de financement spécifiques à des secteurs économiques jugés prioritaires, l’Etat a procédé à la
création de nombreux organismes financiers spécialisés et à la restructuration de certaines
institutions existantes.
Ainsi furent créés, en 1959, la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG), le Fonds d’Equipement
Communal (FEC), la Caisse d’Epargne Nationale (CEN), la Banque Nationale pour le
Développement Economique (BNDE) et la Banque Marocaine du Commerce Extérieur
(BMCE).
L’année 1961 a vu la restructuration du Crédit Agricole et du Crédit Populaire ; le Crédit
Immobilier et Hôtelier, qui a succédé en 1967 à la Caisse de Prêts Immobiliers du Maroc, a
été réorganisé conformément aux dispositions du décret royal portant loi du 17 décembre
1968.
Cette première étape s’est caractérisée également par la réduction du nombre des banques qui
a été ramené de 69 à 26 entre 1954 et 1961, sous l’effet conjugué de la fusion et de la
disparition de certains établissements.
La seconde étape importante de la mise en place et de la consolidation du système bancaire
marocain a débuté avec la promulgation du décret royal n° 1-67-66 du 21 avril 1967 portant
loi relatif à la profession bancaire et au crédit, dont les principaux apports consistent en une
définition plus précise de l’activité des banques, la délimitation des attributions des autorités
de tutelle, de surveillance et l’institution d’une réglementation plus appropriée.
Les dispositions du décret susvisé furent étendues au Crédit Populaire en 1970. En 1986, les
prescriptions du titre II du décret portant loi susvisé, relatives au contrôle du crédit et des
banques, ont été étendues à la Banque Nationale pour le Développement Economique
(BNDE) et au Crédit Immobilier et Hôtelier (CIH) qui ont été, par ailleurs, autorisés à

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recueillir des dépôts auprès du public. La Caisse Nationale du Crédit Agricole (CNCA), quant
à elle, a été habilitée, en 1987, à financer d’autres secteurs d’activité liés notamment au milieu
rural.
Enfin pour promouvoir notamment les projets d’investissement initiés par les Ressortissants
Marocains à l’Etranger (RME), il a été procédé, en 1989, à la création de Bank Al-Amal,
chargée en particulier d’octroyer des prêts participatifs ou subordonnés, et de Dar Ad-Damane
qui a pour objet de garantir, entre autres, les prêts consentis par la première entité.
En 1993, le système bancaire marocain a fait l’objet d’une importante réforme avec la
promulgation du dahir portant loi n° 1-93-147 du 15 moharrem 1414 (6 juillet 1993) relatif à
l’exercice de l’activité des établissements de crédit et de leur contrôle. Ce texte a, en effet,
permis :
1. D’unifier le cadre juridique applicable aux établissements de crédit qui comprend
désormais les banques et les sociétés de financement. Les banques étant habilitées à effectuer
les principales opérations suivantes :
· La réception de fonds du public, quel que soit leur terme ;
· La distribution de crédits ;
· La mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou de gestion.
Les sociétés de financement, quant à elles, ne peuvent effectuer, parmi les opérations citées
ci-dessus, que celles précisées dans les décisions d’agrément qui les concernent. Par contre,
ces sociétés ne peuvent recevoir, du public, des fonds à vue ou d’un terme inférieur ou égal à
2 ans.
2. D’élargir les bases de la concertation entre les autorités monétaires et la profession et ce, à
travers notamment la mise en place des deux organes suivants :
· Le Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne (CNME) ; présidé par le Ministre des
Finances, le CNME est consulté sur toute question intéressant les orientations de la politique
monétaire et du crédit et les moyens de sa mise en œuvre. Il donne aussi son avis sur les
conditions générales de fonctionnement des établissements de crédit ;
· Le Comité des Etablissements de Crédit (CEC) ; présidé par le Gouverneur de Bank Al-
Maghrib, le CEC donne son avis conforme au Ministre des Finances sur les questions
relatives à l’activité des établissements de crédit. Il peut également être consulté par le
Gouverneur sur les aspects techniques de la politique monétaire et des règles prudentielles.
3. D’affermir le pouvoir de supervision de Bank Al-Maghrib, notamment par le renforcement
de ses attributions en matière prudentielle et l’extension de ses contrôles aux personnes
morales, liées aux établissements de crédit. Ce pouvoir a également été consolidé par
l’institution de l’obligation de l’audit externe des comptes pour les établissements qui
reçoivent des fonds du public ainsi que par la révision, dans un sens plus dissuasif, des
sanctions et la mise en place de la Commission de Discipline des Etablissements de Crédit
(CDEC).
4. D’améliorer la protection de la clientèle, en particulier les déposants en mettant en place un
Fonds Collectif de Garantie des Dépôts (FCGD) ainsi qu’un mécanisme de soutien aux
établissements de crédit en difficultés.
Le dahir portant loi du 6 juillet 1993 a, cependant, expressément exclu de son champ
d’application Bank Al-Maghrib, la Trésorerie Générale du Royaume (TGR), le service de
Comptes et de Chèques Postaux (CCP), le service de mandats postaux, la Caisse de Dépôt et
de Gestion (CDG), la Caisse Centrale de Garantie (CCG), les banques off-shore et les
compagnies d’assurances et de réassurances.
De plus, la Caisse d’Epargne Nationale n’est pas régie par les dispositions dudit dahir, en
vertu des prescriptions de la loi n° 24/96 relative à la poste et aux télécommunications,
promulguée par le dahir n° 1-97-162 du Rabii II 1418 (7 août 1997).
En 1996, suite à la réforme de son statut, le FEC a été agréé en qualité de banque.

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En outre, un processus de réforme du Crédit Populaire du Maroc (CPM) a été entamé avec
l’entrée en vigueur de la loi n° 12/96, promulguée par le dahir n° 1-00-70 du 19 Rajab 1421 (17
octobre 2000) qui prévoit notamment la transformation de la Banque Centrale Populaire (BCP) en
société anonyme à capital fixe et l’ouverture au privé de son capital, ainsi que le renforcement de
l’autonomie des Banques Populaires Régionales (BPR).
Il est à signaler, enfin que le dahir du 6 juillet 1993 ne traite pas l’ensemble des règles
juridiques relatif à l’organisation des opérations bancaires. Ses règles sont soumises aux
coutumes bancaires applicables sur le plan national et international.
Pour cela, le législateur marocain lors de la promulgation du nouveau Code de commerce de
1996 à consacré dans le 3e livre, intitulé les Contrats commerciaux, l’étude des contrats bancaires.
Comme ces contrats bancaires sont des actes de commerce, les litiges entre ces
établissements de crédit et leur clientèle sont traités par les tribunaux de commerce instauré en 1998.

TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE


LOI N° 34-03 DU 14 FÉVRIER 2006

Les nouvelles dispositions de la nouvelle loi bancaire s'inscrivent dans le cadre des
recommandations du comité de Bâle et tiennent compte des conclusions de la mission d'évaluation du
secteur financier effectuée conjointement par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale,
tout en tirant les enseignements de l'expérience accumulée depuis 1993.
La refonte de la loi actuelle s'articule autour des axes ci-après :
1. ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A CERTAINES DISPOSITIONS DE LA
LOI BANCAIRE
En vue d'une meilleure supervision consolidée, la nouvelle loi bancaire prévoit d'étendre le
contrôle de Bank Al-Maghrib aux banques offshore et aux associations de micro crédit et de renforcer
la surveillance des compagnies financières dont la définition a été réaménagée.
De même, certaines dispositions de la loi notamment en matière comptable, prudentielle et de
contrôle seront désormais applicables à la Caisse de Dépôt et de Gestion, à la Caisse Centrale de
Garantie et aux Services Financiers de Barid Al-Maghrib et ce, en vue notamment d'une meilleure
appréhension statistique des opérations monétaires et financières.
De plus, les entreprises qui effectuent à titre de profession habituelle le conseil et l'assistance
en matière de gestion de patrimoine et les intermédiaires en opérations de transfert de fonds feraient
l'objet de dispositions réglementaires visant l'organisation et le contrôle de leurs activités.
2. RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE SUPERVISION ET DE
REGLEMENTATION
Les réaménagements introduits portent aussi bien sur la répartition des compétences entre les
autorités monétaires que sur les attributions des organes consultatifs.
2.1. Répartition des compétences entre les autorités monétaires
La nouvelle loi prévoit de confier à la Banque Centrale l'essentiel des attributions qui relèvent
actuellement de la compétence du Ministre chargé des Finances, notamment en matière :
 D'octroi et de retrait d'agréments ;
 De fixation des règles comptables et prudentielles ;
 De traitement des difficultés des établissements de crédit (intervention du Fonds Collectif de Garantie
des Dépôts, administration provisoire, liquidation) ;

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 De sanction des infractions aux prescriptions légales et/ou réglementaires.
Les décisions relatives aux octrois et retraits d'agréments devraient être publiées au Bulletin
Officiel.
Il en serait de même pour les circulaires prises pour l'application des dispositions de la loi,
après leur homologation par arrêtés du Ministre chargé des Finances.
Le Ministre chargé des finances demeurerait, quant à lui, compétent en ce qui concerne
notamment les domaines suivants :
 I'octroi des autorisations pour l'exercice des opérations autres que celles prévues parla loi ;
 les modalités d'extension de certaines dispositions de la loi à la Caisse de Dépôt et de Gestion, à la
Caisse Centrale de Garantie, aux Services Financiers de Barid Al-Maghrib, aux associations de micro
crédit et aux banques offshore ;
 les conditions d'exercice de l'activité d'intermédiaire en opérations de transfert de fonds.
2.2. REAMENAGEMENT DES PREROGATIVES DES ORGANES CONSULTATIFS
Les domaines d'intervention des différents organes consultatifs ont fait l'objet d'un réexamen
afin d'éviter tout chevauchement de compétences.
Ainsi, le Comité des Etablissements de Crédit, dont la composition a été revue, devrait être
consulté, dans sa configuration élargie qui englobe, outre les représentants des autorités monétaires,
les représentants de la profession, sur toutes les questions se rapportant à l'activité des
établissements de crédit.
Quand il devra donner son avis sur les différentes demandes d'agrément, sa composition se
limitera aux représentants des autorités monétaires.
Le Conseil National du Crédit et de l'Epargne débâtera, quant à lui, de toute question
intéressant le développement de l'épargne ainsi que l'évolution de l'activité des établissements de
crédit. Il formulera des propositions à l'attention du gouvernement dans les domaines qui entrent dans
sa compétence.
D'autre part, I'avis de la Commission de Discipline devrait être requis sur toutes les sanctions, à
l'exclusion de celles à caractère pécuniaire, dont seraient passibles les établissements de crédit et
organismes assimilés.
Par ailleurs, tous les aspects intéressant la comptabilité des établissements de crédit devraient être
soumis à l'avis du Conseil National de la Comptabilité.
3. REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES ETABLISSEMENTS DE
CREDIT
Les changements intervenus dans ce domaine concernent aussi bien le contrôle effectué par
Bank Al-Maghrib que celui dévolu aux commissaires aux comptes.
3.1. CONTRÔLE PAR BANK AL-MAGHRIB
La loi bancaire de 2006 prévoit de nouvelles dispositions visant notamment à :
 expliciter la mission de Bank Al-Maghrib en matière de contrôle qui porterait sur le contrôle du
respect, par les établissements assujettis, des dispositions légales et réglementaires afférentes à leur
activité, la vérification de l'adéquation de leur système de contrôle interne et de la qualité de leur
situation financière ;
 renforcer les moyens juridiques dont dispose Bank Al-Maghrib pour l'exercice de sa mission de
contrôle comme le pouvoir d'interdire ou de limiter la distribution de dividendes ou la faculté de
s'opposer à la nomination d'une personne donnée au sein des instances de direction ou de gestion ou
le pouvoir d'appliquer, de manière différenciée, la réglementation prudentielle à l'effet notamment
d'imposer des règles plus contraignantes aux établissements qui présentent un profil de risque
particulier.
3.2. CONTRÔLE PAR LES COMMISSAIRES AUC COMPTES

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La nouvelle loi unifie les fonctions d'audit externe et de commissariat aux comptes et redéfinit
ces fonctions.
Ainsi, la mission des commissaires aux comptes engloberait, outre la certification des comptes,
la vérification du respect, par les établissements concernés, des dispositions comptables et
prudentielles, l'évaluation de l'adéquation de leur système de contrôle interne ainsi que la vérification
de la sincérité des informations destinées au public et leur concordance avec les comptes.
D'autre part, les commissaires aux comptes, dont la désignation doit être approuvée par Bank
Al-Maghrib, doivent présenter toutes les garanties d'indépendance à l'égard des établissements
contrôlés et de leurs dirigeants. Ils ne pourraient exercer plus de deux mandats consécutifs auprès du
même établissement. Le renouvellement de leur mandat auprès de ces derniers ne pourrait intervenir
qu'à l'expiration d'un délai de 3 ans.
La loi de 2006 autoriserait également les commissaires aux comptes à échanger des
informations avec Bank Al-Maghrib et les obligerait à porter à sa connaissance tout événement ou
décision de nature à mettre en péril la situation financière de l'établissement contrôlé ou de porter
atteinte au renom de la profession.
4. MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATION ENTRE BAM ET LES AUTRES
AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL
En perspective d'un meilleur contrôle consolidé des risques encourus, il est prévu l'institution
d'une « Commission de Coordination des Organes de Supervision du Secteur Financier » dont la
mission consiste à coordonner les actions de supervision de Bank Al-Maghrib, du Conseil
Déontologique des Valeurs Mobilières et de l'autorité chargée du contrôle des entreprises d'assurance
et à organiser l'échange d'informations relatives aux entités soumises à leurs contrôles respectifs.
D'autre part, Bank Al-Maghrib serait habilitée à échanger des informations et à organiser des
missions d'inspection conjointes avec ses homologues étrangers et ce, sans qu'il soit besoin, comme
c'est le cas actuellement, de conclure des conventions internationales dûment ratifiées et publiées au
Bulletin Officiel.
De même, l'avis des autorités prudentielles étrangères devrait être requis dans le cadre de
l'instruction des demandes d'agrément formulées par des établissements de crédit ayant leur siège
social à l'étranger.
5. MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE TRAITEMENT DES
DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
La nouvelle loi met en place une procédure spécifique de traitement des difficultés des
établissements de crédit qui déroge aux procédures prévues par le Code de commerce et permet à
Bank Al-Maghrib de superviser l'opération de redressement des établissements dont la situation
financière n'est pas irrémédiablement compromise ou de les mettre en liquidation, dans le cas
contraire.
Pour exécuter sa mission dans de bonnes conditions, l'administrateur provisoire, dont la
nomination est décidée par le Gouverneur de Bank Al-Maghrib et publiée dans un journal d'annonces
légales, dispose de tous les pouvoirs dévolus auparavant aux organes de direction et de gestion et
peut demander la suspension des droits de vote des dirigeants de l'établissement.
De plus et afin de ne pas compromettre les chances de redressement des établissements
concernés, leurs engagements contractuels ne peuvent être dénoncées par leurs co-contractants
avant leur terme.
De même, toute opération de paiement ou de transfert d'actifs intervenue au cours des 6 mois
précédant la date de mise sous administration provisoire pourrait être annulée, s'il est établi qu'elle
avait pour finalité la soustraction d'actifs.

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Par ailleurs et à titre de mesure conservatoire, les actions et parts sociales des dirigeants, qui
sont frappés d'incessibilité durant la période d'administration provisoire, devraient être bloqués dans
un compte spécial et pourraient, si l'intérêt des déposants l'exige, être vendues sur décision du
tribunal compétent saisi par Bank Al-Maghrib.
Dans le cas où la situation de l'établissement de crédit en question est considérée comme
irrémédiablement compromise, il est fait application des dispositions du Code de commerce relatives à
la liquidation judiciaire.
6. RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA
CLIENTELE DESETABLISSEMENTS DE CREDIT
Les principaux réaménagements prévus, dans ce domaine, par la nouvelle loi bancaire sont
exposés ci-après :
 le plafond d'indemnisation des dépôts, par le Fond de Garantie, sera fixé par voie de circulaire et ce,
pour une plus grande souplesse ;
 l'institution de l’obligation de signature d’une convention de compte précisant les conditions de
fonctionnement et de clôture des comptes de la clientèle ;
 La mise en place d’une procédure pour le traitement des comptes en déshérence ;
 l'exigence de l'information du public en cas de fermeture d'agences avec le droit de transfert ou de
clôture, sans frais pour les clients ;
 la possibilité pour les tiers intéressés d'accéder aux informations détenues par les services d'intérêt
commun, notamment le service central des incidents de paiement.
7. LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE
La nouvelle loi inclut des dispositions visant à améliorer la transparence des activités de la
Banque Centrale en matière de supervision.
Il est ainsi prévu que :
 Toutes les décisions de Bank Al-Maghrib comportant refus devraient être motivées ;
 Les résultats des vérifications sur place devraient être systématiquement transmis au conseil
d'administration ou de surveillance de l'établissement concerné ;
 Bank Al-Maghrib publierait chaque année un rapport relatif à ses activités de contrôle ainsi qu'une
situation comptable retraçant l'ensemble des opérations du Fonds Collectif de Garantie des Dépôts.
8. AUTRES DISPOSITIONS
Dans l'attente de la promulgation de la loi sur le blanchiment de fonds, la nouvelle loi exige des
établissements de crédit la mise en place de procédures de détection de toute opération dont la cause
économique ou le caractère licite ne sont pas apparents.
D'autre part et pour essayer de trouver une issue définitive au problème de l'Union Marocaine
des Banques sous administration provisoire depuis 1967, la loi bancaire de 2006 prévoit une
disposition qui stipule que si une solution n'est pas trouvée une année après l'entrée en vigueur de la
loi, la liquidation de la banque devrait être prononcée.

LES OPERATIONS DE BANQUE


La loi bancaire du 14 février 2006 définit les établissements de crédit par les opérations qu’ils
accomplissent. Aux termes de l’article 1er, « Sont considérés comme établissements de crédit les
personnes morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le lieu de leur siège social, la
nationalité des apporteurs de leur capital social ou de leur dotation ou celle de leurs dirigeants et qui
effectuent, à titre de profession habituelle ». De ce texte, il résulte que la qualité d’établissement de
crédit n’est octroyé qu’aux personnes morales qui ont obtenu l’agrément ; il ne suffit pas que des
personnes morales accomplissent à titre de profession habituelle des opérations de banque : à défaut
d’agrément, elles ne peuvent se parer de l’appellation d’établissement de crédit.

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La définition des établissements de crédit donnée à l’article 1 er de la loi du 14 février 2006 n’est
pas suffisamment large pour embrasser tous les professionnels des activités bancaires et financières ;
certains d’entre eux n’accomplissent pas des opérations de banque et, dès lors, ne sont pas des
établissements de crédit.
L’article 1 de la loi précitée énumère les différentes opérations de banque retenues comme
critères de la qualité d’établissement de crédit : « une ou plusieurs des activités suivantes :
 La réception de fonds du public ;
 Les opérations de crédit ;
 La mise à disposition de la clientèle de tous moyens de paiement ou leur gestion ».
1. LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC
1.1. DEFINITION
La notion de réception de fonds du public est définie à l’article 2 de la loi bancaire n° 34-03 du
14 février 2006. selon ce texte, « Sont considérés comme fonds reçus du public, les fonds qu’une
personne recueille de tiers sous forme de dépôt ou autrement, avec le droit d’en disposer pour son
propre compte, à charge pour elle de les restituer ».
De ce texte ressortent les quatre éléments caractéristiques de cette opération de banque, à
savoir la remise de fonds, les tiers, le droit de disposer pour son propre compte des sommes reçus et
l’obligation de restitution.

1.1.2. LA REMISE DE FONDS


La réception de fonds implique une remise de monnaie – dirhams ou devise – que celle-ci soit
spontanée de la part de la clientèle ou sollicitée par l’établissement de crédit.
Le moyen de la remise est également indifférent : il peut s’agir de la remise d’espèce ou d’une
remise effectuée au moyen d’un chèque ou d’un virement.
Est pareillement sans importance la durée de la remise : les remises peuvent concerner des
fonds restituables à terme comme des fonds constitutifs de dépôts à vue.
1.1.3. LE PUBLIC
Le public est défini à travers la notion de tiers pour indiquer que proviennent du public tous les
fonds recueillis de personnes dotées d’une personnalité juridique distincte de celle de la personne qui
reçoit les fonds.
1.2. LE DROIT DE DISPOSÉ DES FONDS POUR SON PROPRE COMPTE
Les établissements de crédit sont libre de disposer des fonds reçus du public comme ils
l’entendent, ce qui conduit souvent à dire qu’ils « travaillent avec l’argent des autres ».
1.3. L’OBLIGATION DE RESTITUTION
Les établissements de crédit ont l’obligation de restituer les fonds reçus du public. Il est certain
que la restitution ne se traduit pas forcément par la remise de pièces métalliques et billets de banque :
elle peut intervenir par voie d’émission de chèque ou de virement. Il n’en demeure pas moins que les
fonds doivent être restitués à leurs déposants, que ce soit directement, par voie de retrait, ou
indirectement comme en matière de chèque où le paiement du bénéficiaire réalise l’exécution de
l’obligation de restitution à la charge du banquier.
2. LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE PAIEMENT OU
LEUR GESTION
2.1. LES OPERATIONS DE CREDIT
Les opérations de crédit présentent deux caractéristiques générales : d’une part, elles sont
lucratives pour le banquier : elles ont donc un coût qui sera supporté par les emprunteurs. D’autre
part, elles sont très nombreuses.
2.1.1. LE CONCEPT D’OPERATION DE CREDIT

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Selon l’article 3 de la loi n° 34-03 relative aux établissements de crédit et organismes
assimilés : « Constitue une opération de crédit tout acte, à titre onéreux, par lequel une personne :
 Met ou s’oblige à mettre des fonds à la disposition d’une autre personne, à charge pour celle-ci de les
rembourser ;
 Où prend, dans l’intérêt d’une autre personne, un engagement par signature sous forme d’aval, de
cautionnement ou de toute autre garantie.
Sont assimilées à des opérations de crédit :
 Les opérations de crédit-bail et de location avec option d’achat et assimilées ;
 Les opérations d’affacturage ;
 Les opérations de vente à réméré d’effets et de valeurs mobilières et les opérations de pension telles
que prévues par la législation en vigueur ».
De ce texte, il ressort que plusieurs opérations apparemment très différentes sont qualifiées
d’opérations de crédit. Si par exemple, une avance de fonds qu’un prêteur accorde à un emprunteur à
charge pour ce dernier de rembourser ladite avance est une opération de crédit. Il y a opération de
crédit même dans l’hypothèse où la caution n’aura effectué aucune avance de fonds, le débiteur
n’ayant pas été défaillant.
De cette présentation des opérations de crédit, on peut observer que l’article 3 de la nouvelle loi
bancaire semble distinguer deux types d’opérations :
 Les avances de fonds et les promesses les concernant ;
 Les engagements par signature.
La notion d’opération de crédit repose sur deux éléments, à savoir la rémunération et la mise à
disposition de fonds.
2.1.2. LA REMUNERATION
La rémunération constitue la condition de l’engagement du banquier. Celle-ci est remplie
lorsque l’opération de crédit est faite moyennant le versement d’un intérêt ou d’une commission.
2.1.3. MISE À DISPOSITION DE FONDS
La mise à disposition de fonds repose sur le motif suivant : celui qui la demande souhaite
obtenir immédiatement un avantage qu’il pourrait obtenir plus tard ou moins facilement. Il peut
également consister dans l’obtention d’un crédit ou d’une promesse de crédit, ou encore dans une
garantie accordée par le banquier afin de faciliter la réalisation d’une opération.
La mise à disposition de fonds repose sur trois facteurs : un facteur avantage, un facteur temps
et un facteur risque. Ainsi comprise, la mise à disposition de fonds peut être immédiate, futur ou
éventuelle.
La mise à disposition immédiate de fonds caractérise le crédit de décaissement et illustrée
classiquement par le prêt d’argent. On peut citer l’exemple du crédit de compagne qui est le crédit
consenti par le banquier pour permettre à une entreprise de faire face à des besoins de trésorerie qui
résulte de son activité saisonnière. La mise à disposition immédiate de fonds résulte également des
opérations permettant la mobilisation des créanciers, telles que l’escompte ou l’affacturage.
L’ouverture de crédit, comme l’indique l’article 525 du Code de commerce, est une simple
promesse de crédit qui constitue une opération de crédit. Dans cette hypothèse, le banquier s’engage
à accorder à un client un crédit d’un certain montant, dont il usera à sa guise. L’ouverture de crédit
n’entraîne pas une mise à disposition immédiate de fonds : celle-ci ne sera consommée qu’à partir du
moment où le client utilisera l’ouverture dont il bénéficie. L’ouverture de crédit réalise une mise à
disposition future de fonds.
A côté de ces hypothèses, il reste celles où la mise à disposition n’est qu’éventuelle. Celle-ci
présente ce caractère lorsqu’elle ne devient effective qu’en raison de la défaillance du client. Il en est
ainsi dans le cadre du cautionnement et de l’aval

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2.1.4. CLASSIFICATION DES OPERATIONS DE CREDIT
Selon que la mise à disposition des fonds est immédiate, futur ou éventuelle, on distingue les
crédits de décaissement, les promesses de crédit et les crédits par signature. Ces éléments ne sont
pas les seuls à servir au classement des opérations de crédit. Il est traditionnel de tenir compte de la
personnalité du crédité, de la durée du crédit, des garanties y afférant, de la destination des fonds et
du caractère transfrontière de l’opération.
2.1.4.1. DUREE DU CREDIT
Il est classique de distinguer les crédits à court, moyen et long terme. Les premiers sont d’une
durée généralement inférieure à deux ans, tandis que les seconds ont une durée qui varie entre deux
et sept ans. Quant aux crédits à long terme, ils ont une durée supérieure à sept ans.
2.1.4.2. DESTINATION DES FONDS
Les entreprises ont de multiples besoins qui gouvernent le choix de l’opération de crédit. Si
elles veulent faire face à une insuffisance momentanée de trésorerie, elles recourront à des
opérations de crédit à court terme. Si elles souhaitent au contraire financer des équipements ou des
immeubles, la solution la plus adéquate consistera en des crédits à moyen et à long terme.
2.1.4.3. FINANCEMENT DU COMMERCE EXTERIEUR
Le développement du commerce extérieur a été assuré notamment par des financements
bancaires à savoir, le crédit documentaire et les crédits à l’exportation.
2.1.4.4. INTERÊTS DES ELEMENTS DE CLASSIFICATION
La classification des opérations de crédit présente un double intérêts, à la fois économique et
juridique.
Du point de vue économique, cette classification permet au banquier d’apprécier le risque
encouru par lui. Ce risque sera plus au moins important selon la personnalité du crédité dont on
appréciera la surface financière et selon l’opération envisagée et réalisée à l’aide de l’opération de
crédit. Il le sera aussi selon que le crédit intéresse le commerce interne ou le commerce international.
D’un point de vue juridique, ces éléments ne sont pas sans incidence sur les règles applicables
à l’opération projetée. Ainsi, la personnalité du crédité entraîne l’application des réglementation
particulières (personne physique ou morale). Il en est de même de la destination des fonds
(affectation de fonds) qui, en outre, n’est pas non plus sans incidence sur le choix des garanties.
Quant au caractère international du crédit, il conduira à s’interroger sur la loi applicable sauf en cas de
conventions internationales prévoyants des dispositions substantielles ou d’usages issus de la
pratique du commerce international.
2.1.4. COÛT DU CREDIT
Le coût du crédit représente les frais et la rémunération du banquier. Cette rémunération est
librement déterminée par les parties, qu’il s’agisse de la commission ou du taux d’intérêt. Cette liberté
n’est cependant pas totale en fait puisqu’il faudra tenir compte du prix de l’argent sur les divers
marchés, qu’il s’agisse du marché monétaire ou du marché financier.
2.2. LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE PAIEMENT OU LEUR GESTION
L’objectif de classer parmi les opérations de banque la mise à la disposition de la clientèle ou la
gestion des moyens de paiement, c’est afin de permettre aux autorités monétaires de maîtriser le
développement et le contrôle des nouveaux moyens de paiement faisant appel à la technologie
électronique.

2.2.1. DEFINITION
Selon l’article 6 de la loi n° 34-03, « Sont considérés comme moyens de paiement tous les
instruments qui, quel que soit le support ou le procédé technique utilisé, permettent à toute personne

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de transférer des fonds ». de ce texte, il résulte que les moyens de paiement sont des moyens de
transferts de fonds, des instruments « permettant de faire circuler la monnaie scripturale ».
2.2.2. MISE À DISPOSITION DES MOYENS DE PAIEMENT
La notion de mise à disposition est liée à l’émission du moyen de paiement : il y a mise à
disposition si l’établissement de crédit émet ou crée le moyen de paiement. Cette mise à disposition
peut être obligatoire ou facultative. Elle est obligatoire, par exemple, pour les cartes bancaires. En
revanche, elle est facultative en matière de chèque.

2.2.3. GESTION DES MOYENS DE PAIEMENT


La notion de gestion des moyens de paiement couvre le service de caisse : les encaissements
et les paiements. L’activité de gestion des moyens de paiement est logique puisque ceux-ci
permettent de faire circuler la monnaie scripturale.

LA RESPONSABILITE BANCAIRE
La responsabilité d’une personne est engagée lorsque, par son action, elle lèse les droits ou les
intérêts d’une autre personne. En matière de responsabilité civile, deux cas sont envisagés :
 Les personnes concernées ont préalablement conclu entre elles un contrat (acte juridique) ;
 Les personnes n’ont conclu aucun accord préalable, elles sont alors les acteurs d’un événement (fait
juridique)
La situation de la banque n’échappe pas à cette classification : la responsabilité civile bancaire
n’a, en effet, rien de spécifique, elle n’est qu’une illustration du régime général de la responsabilité
civile.
En revanche la responsabilité pénale du banquier prend souvent sa source dans des textes
spécifiques visant l’activité bancaire.
Du fait que les banques gèrent des moyens de paiement, collectent des dépôts, consentent des
crédits et enfin vendent des services. Elles sont partenaire indispensable de tous les agents
économiques. Cette position particulière est précisément source de risques et souvent cause de
responsabilité.
1. LA RESPONSABILITE CIVILE
La responsabilité civile de la banque ne peut être engagée que dans la mesure où le client, ou
un tiers, démontre la réunion des trois conditions classiques :
 L’existence d’une faute commise par le banquier ;
 L’existence d’un préjudice souffert ;
 Un lien de causalité entre la faute et le préjudice
1.1. LA RESPONSABILITE CIVILE CONTRACTUELLE
1.1.1. LA QUALITE DE CLIENT D’UNE BANQUE
En pratique, il existe deux catégories de situations qui permettent de qualifier des personnes de
« clients » d’une banque.
Il y a tout d’abord des opérations ponctuelles qui font l’objet d’un contrat, mais qui ne se situent
pas dans le cadre de relations continues et habituelles.
Exemple : une personne physique qui effectue une opération de change manuel dans une agence
bancaire, sachant que cette personne n’est titulaire d’aucun compte dans cet établissement.
Il s’agit alors de clients occasionnels.
Il y a également les personnes qui choisissent une banque pour effectuer chez elle toutes les
opérations de banque. Dans ce cas, le compte bancaire matérialise les relations d’affaires entre la
banque et le client.

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En dehors de ces situations existent des circonstances où la personne est potentielle, c’est en
fait un « prospect ». Dans ce cas, il est considéré juridiquement comme un tiers.
Exemple : les personnes qui demandent l’ouverture d’un compte (avant la confirmation par la
banque).
En conclusion, seul le « client » d’une banque, c’est-à-dire la personne qui a conclu un contrat
avec une banque peut engager la responsabilité contractuelle de la banque à l’occasion de l’exécution
du contrat.
Dans le cas de l’opération de change manuel (contrat ponctuel), le champ de la responsabilité
contractuelle est limitée à l’exécution de ce contrat.
En revanche, lorsqu’il y a des relations d’affaires permanente et continue entre un
établissement de crédit et son client, le champ de la responsabilité contractuelle de la banque peut
être élargi.
1.1.2. L’INEXECUTION OU LA MAUVAISE EXECUTION D’UN CONTRAT
Deux cas sont à envisager :
 Celui où il s’agit de l’inexécution, ou de la mauvaise exécution, d’une opération courante ;
 Celui où l’inexécution ou la mauvaise exécution concerne une opération de crédit.
1.1.2.1. L’INEXECUTION OU LA MAUVAISE EXECUTION D’UNE OPERATION COURANTE
Lorsqu’un client donne un ordre à sa banque : ordre de paiement, ordre d’encaissement, ordre
de transfert, la banque est tenue d’exécuter cet ordre dans les conditions et délais indiqués.
Si la banque commet une faute dans l’exécution d’un ordre, elle répond de sa faute vis-à-vis de
son client pour autant que la force majeur ne puisse être invoquée et que le client lui-même n’ait pas
commis de faute.
1.1.2.2. L’INEXECUTION OU LA MAUVAISE EXECUTION D’UNE OUVERTURE DE CREDIT
Deux situations sont à distinguer :
 Le refus d’exécution par la banque d’une ouverture de crédit ;
 La rupture brusque d’un crédit.

Le refus d’exécution d’une ouverture de crédit


Si la banque a donné son accord à un client pour lui consentir un crédit et que, sans motif
valable, elle n’exécute pas la convention, il est admis que sa responsabilité contractuelle puisse être
engagée pour non exécution du contrat.
La rupture brusque d’un crédit
L’article 525 du Code de commerce a fixé des règles précises en la matière : « L’ouverture de
crédit est consentie pour une durée limitée, renouvelable ou non, ou illimitée.
L’ouverture de crédit à durée illimitée, expresse ou tacite, ne peut être résiliée ou réduite que
sur notification écrite et à l’expiration d’un délai fixé lors de l’ouverture de crédit, ce délai ne peut être
inférieur à 60 jours.
L’ouverture de crédit à durée limitée prend fin de plein droit au terme fixé sans que la banque
ait l’obligation d’en avertir le bénéficiaire.
Qu’elle soit à durée limitée ou illimitée, l’établissement bancaire peut y mettre fin sans délai en
cas de cessation notoire de paiement du bénéficiaire ou de faute lourde commise à l’égard dudit
établissement ou dans l’utilisation du crédit.
Le non respect de ces dispositions par l’établissement bancaire peut engager sa responsabilité
pécuniaire ».
De ce texte, il résulte deux obligations à la charge des établissements bancaires, si celles-ci
veulent éviter de voir leur responsabilité mise en jeu à l’occasion de la rupture d’un crédit :
 Obligation d’informer le client des délais de préavis, lors de l’octroi du concours ;

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 Notification par écrit de la réduction ou de l’interruption du crédit.
A défaut de respecter les conditions fixées par la loi, la banque qui rompt un crédit prend le
risque de voir mettre en cause sa responsabilité contractuelle.
1.1.3. LES MOYENS LIMITANT LA RESPONSABILITE DES BANQUES
Pour un client, il est toujours tentant, en cas de litige, de chercher à faire condamner son
banquier à verser des dommages et intérêts au titre de la responsabilité contractuelle.
Les établissements bancaires se préservent contre de telles initiatives. Elles incluent dans les
contrats passés avec la clientèle des clauses limitant leur responsabilité.
La forme de ces clauses est loin d’être générale. En effet, la jurisprudence considère que les
clauses limitant la responsabilité d’une banque dans un contrat passé avec un client ne sont efficaces
qu’en cas de faute légère de la banque.
En revanche lorsque le banquier commet une faute lourde dans l’exécution du contrat, la
responsabilité de la banque est reconnue et la clause limitative de responsabilité n’a pas d’effet.
1.2. LA RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE
Dans le cas d’une entreprise en difficulté, les créanciers apparaissent comme les victimes du
comportement de la banque. En conséquence, ils cherchent a faire reconnaître la faute commise par
celle-ci en vue d’obtenir le paiement de dommages intérêts.
En dehors de cette situation spécifique, la responsabilité délictuelle des établissements
bancaires est engagée de façon classique, au même titre que pour les autres entreprises.
1.2.1. LA RESPONSABILITE DELICTUELLE CLASSIQUE
La responsabilité délictuelle d’une personne est engagée sur le fondement de l’article 77 du
DOC. : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer ».
Quant aux conditions de fond de cette responsabilité, elles doivent réunir :
 Un préjudice ;
 Un fait générateur de responsabilité ;
 Un lien de causalité entre le préjudice et le fait générateur.

1.2.2. LE MAINTIEN ARTIFICIEL DU CREDIT A UNE ENTREPRISE


Les banques doivent être très vigilantes lorsqu’elles maintiennent ou augmentent des concours
à une entreprise dont elles savent qu’elle est en situation irrémédiablement compromise.
Vis-à-vis des créanciers de son client, le banquier risque de donner une image fausse de celui-
ci.
Pour retenir la faute de la banque, les tribunaux prennent en compte :
 L’existence de crédits disproportionnés par rapport à l’activité de l’entreprise ou par rapport à ses
capitaux permanents ;
 Le caractère irrémédiable des difficultés de l’entreprise.
Les fautes commises par l’entreprise elle-même ainsi que les manœuvres qu’elle a pu opérer
sont autant d’éléments susceptibles d’écarter ou de limiter la responsabilité éventuelle de la banque.
2. LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER
Toute activité économique peut toujours donner lieu à des comportements répréhensibles qui
sont sanctionnés par des dispositions pénal.
Cependant, la responsabilité de la banque n’est pas celle de l’auteur directe des infractions,
c’est plutôt sous l’angle de la complicité que la faute pénale de la banque est envisagée.
2.1. LE SECRET PROFESSIONNEL OU BANCAIRE

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La banque est notamment un partenaire essentiel de l’entreprise, elle est également un
prestataire indispensable pour les particuliers.
Dans l’exercice de son activité, le banquier est appelé à connaître et à détenir des informations
sur ses clients. Une bonne part de ces informations est soumise au secret professionnel.
L’article 79 de la loi bancaire du 14 février 2006 dispose : « Toutes les personnes qui, à un
titre quelconque, participent à l'administration, à la direction ou à la gestion d'un
établissement de crédit, ou qui sont employées par celui-ci, les membres du Conseil national
du crédit et de l'épargne, du Comité des établissements de crédit, de la Commission de
discipline des établissements de crédit, de la Commission de coordination des organes de
supervision du secteur financier prévue à l'article 81 ci-dessous, les personnes chargées,
même exceptionnellement, de travaux se rapportant au contrôle des établissements soumis à la
surveillance de Bank Al-Maghrib en vertu de la présente loi et, plus généralement, toute
personne appelée, à un titre quelconque, à connaître ou à exploiter des informations se
rapportant à ces établissements, sont strictement tenus au secret professionnel pour toutes les
affaires dont ils ont à connaître, à quelque titre que ce soit, dans les termes et sous peine des
sanctions prévues à l'article 446 du code pénal ».
Le secret professionnel ne peut être opposé à certaines autorités, à savoir :
 L’autorité judiciaire ;
 L’autorité monétaire (BAM) ;
 L’autorité administrative.

2.2. LA COMPLICITE POUR BANQUEROUTE


2.2.1. LA BANQUEROUTE
La banqueroute est une infraction qui vient apporter des sanctions pénales dans le cadre des
difficultés de l’entreprise. Elle peut être définie comme un délit commis par un débiteur commerçant
(personne physique ou morale) qui se trouve en état de cessation des paiements à la suite de certains
agissements.
La banqueroute est une infraction ancienne qui existait déjà dans la législation napoléonienne.
Le législateur marocain, dans l’ancien Code de commerce, distinguait deux cas assimilés de
banqueroute, il s’agit de :
 La banqueroute simple ;
 La banqueroute frauduleuse.
Ce n’est qu’en 1996 que le législateur a transformé l’infraction de banqueroute frauduleuse en
délit de banqueroute.
2.2.1.1. LE REGIME JURIDIQUE DE LA BANQUEROUTE
Sous l’empire du Code pénal de 1962, la définition de la banqueroute n’était pas contenue dans
ce code.
Pour connaître les cas de banqueroute, il fallait se reporter à la loi n° 15-95 formant Code de
commerce.
Désormais, de la lecture de la loi précitée, on observe que l’infraction de banqueroute n’est pas
définie par une phrase générale.
Cependant, les articles 721 et 722 de cette loi permettent de définir le contenu de cette
infraction.
Plus précisément, l’article 721 définit le cadre dans lequel l’infraction peut être commise.
L’article 722, quant à lui, il précise les différents cas de banqueroute.
De ces deux articles, il résulte que l’on peut distinguer deux conditions préalables dans le cadre
de la banqueroute ; une tenant aux personnes pouvant commettre l’infraction et l’autre consistant
dans l’ouverture d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.

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2.2.1.2. LE CADRE HUMAIN DE COMMISSION DE L’INFRACTION
Il découle de l’énumération retenue par l’article 702 de la loi n° 15-95 que deux types de
personnes peuvent se voir appliquer les dispositions relatives à la banqueroute : les dirigeants, de
droit ou de fait, de l’entreprise individuelle el les dirigeants de l’entreprise à forme sociale.
2.2.2. LA COMPLICITE DU BANQUIER
La complicité en matière de banqueroute est envisagée par l’article 722 du Code de commerce.
Aux termes de l’article 722 alinéa 2 : « Encourent les mêmes peines, les complices de
banqueroute, même s’ils n’ont pas la qualité de dirigeants d’entreprise ».
L’article 722 alinéa 3 de la loi précitée dispose que : « La peine prévue au premier alinéa est
portée au double lorsque le banqueroutier est dirigeant, de droit ou de fait, d’une société dont les
actions sont côtés à la bourse des valeurs.
Pour connaître les conditions de la complicité, il convient de faire application des articles 128 et
129 du Code pénal.
La complicité suppose, selon ces articles, la réunion de conditions cumulatives :
 L’existence d’un fait principal punissable, c’est-à-dire d’une banqueroute ;
 Un acte de complicité : il s’agit soit d’une aide ou assistance, soit d’une complicité par instigation ;
 La conscience de l’associé à la commission de l’infraction.
Lorsque ces conditions sont réunies, le complice encourent les mêmes peines que s’il avait été
lui-même auteur principal de l’infraction.
En conséquence, l’infraction de complicité pour banqueroute vise au premier chef les
établissements bancaires.

TABLE DES MATIERS


TITRE PREMIER : INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DU DROIT BANCAIRE
SECTION 1 : Les opérations de banque
SECTION 2 : Les professionnels du commerce de banque
SECTION 3 : Origine du droit bancaire
CHAPITRE 2 : LES FONDEMENTS DU DROIT BANCAIRE
SECTION 1 : LES SOURCES
§ 1 : Les textes législatifs et réglementaires
§ 2 : Les textes professionnels
§ 3 : La jurisprudence
§ 4 : Usages bancaires
§ 5 : Sources internationales
SECTION 2 : LES TECHNIQUES
§ 1 : QUALITE DES PARTIES
§ 2 : DIVERSITE ET REPETITION DES OPERATIONS BANCAIRES
CHAPITRE 3 : RAPPEL HISTORIQUE

TITRE 2 : PRESENTATION DE LA NOUVELLE LOI BANCAIRE


CHAPITE PREMIER : ASSUJETTISSEMENT DE NOUVEAUX ORGANISMES A CERTAINES
DISPOSITIONS DE LA LOI BANCAIRE

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CHAPITRE 2 : RÔLE DES INSTANCES INTERVENANT DANS LE PROCESSUS DE SUPERVISION
ET DE REGLEMENTATION
SECTION 1 : Répartition des compétences entre les autorités monétaires
SECTION 2 : Réaménagement des prérogatives des organes consultatifs
CHAPITRE 3 : REDEFINITION DU PROCESSUS DE CÔNTROLE EXTERNE DES
ETABLISSEMENTS DE CREDIT
SECTION 1 : CONTRÔLE PAR BANK AL-MAGHRIB
SECTION 2 : CONTRÔLE PAR LES COMMISSAIRES AUC COMPTES
CHAPITRE 4 : MISE EN PLACE D’UN CADRE POUR LA COOPERATION ENTRE BAM ET LES
AUTRES AUTORITES DE CONTRÔLE PRUDENTIEL
CHAPITRE 5 : MISE EN PLACE D’UN NOUVEAU CADRE APPROPRIE POUR LE TRAITEMENT
DES DIFFICULTES DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
CHAPITRE 6 : RENFORCEMENT DE LA PROTECTION DES INTERÊTS DE LA
CLIENTELE DES ETABLISSEMENTS DE CREDIT
CHAPITRE 7 : LE RENFORCEMENT DES REGLES DE BONNE GOUVERNANCE
CHAPITRE 8 : AUTRES DISPOSITIONS

TITRE 3 : LES OPERATIONS DE BANQUE


INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER : LA RECEPTION DE FONDS DU PUBLIC
SECTION 1 : Définition
§ 1 : La remise de fonds
§ 2 : Le public
SECTION 2 : Le droit de disposé des fonds pour son propre compte
SECTION 3 : L’obligation de restitution
CHAPITRE 2 : LES OPERATIONS DE CREDIT ET LA MISE A DISPOSITION DE MOYENS DE
PAIEMENT OU LEUR GESTION
SECTION 1 : Les opérations de crédit
§ 1 : le concept d’opération de crédit
§ 2 : la rémunération
§ 3 : mise à disposition de fonds
§ 4 : classification des opérations de crédit
a. Durée du crédit
b. Destination des fonds
c. Financement du commerce extérieur
d. Intérêts des éléments de classification
§ 5 : COÛT DU CREDIT
SECTION 2 : La mise a disposition de moyens de paiement ou leur gestion
§ 1 : DEFINITION
§ 2 : MISE À DISPOSITION DES MOYENS DE PAIEMENT
§ 3 : GESTION DES MOYENS DE PAIEMENT

TITRE4 : LA RESPONSABILITE BANCAIRE


CHAPITRE PREMIER : LA RESPONSABILITE CIVILE
SECTION 1 : LA RESPONSABILITE CIVILE CONTRACTUELLE
§ 1 : La qualité de client d’une banque
§ 2 : L’inexécution ou la mauvaise exécution d’un contrat

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a. l’inexécution ou la mauvaise exécution d’une opération courante
b. l’inexécution ou la mauvaise exécution d’une ouverture de crédit
§ 3 : Les moyens limitant la responsabilité des banques
SECTION 2 : LA RESPONSABILITE CIVILE DELICTUELLE
§ 1 : LA RESPONSABILITE DELICTUELLE CLASSIQUE
§ 2 : LE MAINTIEN ARTIFICIEL DU CREDIT A UNE ENTREPRISE
CHAPITRE 2 : LA RESPONSABILITE PENALE DU BANQUIER
SECTION 1 : LE SECRET PROFESSIONNEL OU BANCAIRE
SECTION 2 : LA COMPLICITE POUR BANQUEROUTE
§ 1 : La banqueroute
a. le régime juridique de la banqueroute
b. le cadre humain de commission de l’infraction
§ 2 : La complicité du banquier

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