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INTRODUCTION

Le projet en tant que réalité sociale existe depuis la nuit des temps. On peut même affirmer sans
risque de se tromper que l’apparition des projets est liée à la présence de l’homme sur la terre. En
effet, l’espèce humaine dispose de deux facultés qui le prédisposent à élaborer des projets. Il s’agit :
- d’abord de sa capacité à réfléchir avant d’agir, notamment, à se faire une représentation
mentale d’une situation souhaitée avant de l’avoir vécue ou bien d’un objet désiré sans en
disposer ;
- ensuite partout où il se trouve, il cherche en permanence à améliorer ses conditions
d’existence.
La conjonction de ces deux facultés le conduit à rêver, à espérer et à rechercher de meilleures
conditions d’existence. Pour concrétiser tout cela, il élabore des projets.

L’histoire de l’humanité est jalonnée de faits et récits mais surtout de réalisations d’ouvrages et
d’édifices ou de grandes expéditions démontrant l’existence de projets. Les pyramides d’Egypte, la
grande muraille de Chine, les Cathédrales, la Tour de Babel ou les grandes expéditions telles que les
croisades, la découverte de l’Amérique, la conquête de l’espace en constituent de parfaites
illustrations.
Si de nos jours on devait définir ces activités dans leur ensemble par un terme, on utiliserait sans
équivoque le mot « projet », car elles en représentent presque toutes les caractéristiques.
Cependant il faut reconnaître que les méthodes de conception et de gestion de projets de l’époque,
qui pour la plupart, relevaient davantage de l’art que de la science, sont sans commune mesure avec
les pratiques d’aujourd’hui. En effet, même si l’histoire nous enseigne que pour construire ces
ouvrages, certaines corporations s’organisèrent très tôt, il n’en demeure pas moins que les méthodes
mises en œuvre et les techniques et outils utilisés pour bien les concevoir et les gérer se sont depuis
considérablement multipliés et sophistiqués.
Les mutations en cours dans l’environnement des affaires et plus particulièrement celui des
entreprises et d’autres organisations expliquent cette situation. Pour réussir dans cet environnement
instable et assurer leur croissance durable, le défi qu’elles doivent relever aujourd’hui est de gagner
des parts de marché, de satisfaire des clients, de faire plus vite et mieux que des concurrents,
d’inventer des produits nouveaux, de changer leurs procédés et leurs méthodes de travail, etc. . A
cette fin, elles recourent de plus en plus à la formule projet qui s’est imposée comme un véritable
levier de la compétitivité. Les succès incontestables 1 des projets dans plusieurs domaines autant
publics que privés ont entrainé une prolifération de ce mode de fonctionnement dans les
organisations à tel enseigne qu’il est difficile d’en trouver une sans un portefeuille de projets
consistant.
Et pourtant, malgré la propagation des projets, force est de constater leur taux d’échec assez élevé.
Le manque de rigueur dans la conception des projets constitue, entre autres, un facteur déterminant
des résultats très modestes atteints.
Ainsi, les études sectorielles, les études de marché, les études techniques, financières et
économiques sont sinon surestimées pour répondre à des objectifs plus politiques qu'économiques,
du moins réalisées sans respecter toutes les étapes. De même, des méthodes d'analyse "standard"
sont souvent appliquées sans tenir compte de la spécificité du projet étudié.
Enfin, il s’y ajoute le déficit de compétences spécialisées en conception et conduite des projets
constaté auprès de leurs personnels.

Pour inverser ces tendances, l’amateurisme et l’improvisation doivent être bannis dans la
conception des projets. Au contraire, dans une perspective d’accroitre les performances des

1
Voir GIARD, Vincent et Alli., Ecosip, Dunod, 1993

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 1


organisations qui les abritent, ils doivent être bien conçus, rentables financièrement et
économiquement et répondre aux préoccupations des parties prenantes.

Le présent cours s’inscrit dans ce cadre et vise à apporter une contribution dans la conception des
projets productifs à travers une analyse de leurs processus.

QU'EST-CE QU'UN PROJET ?

Quoique très large, le champ d'application de la gestion de projet se distingue de celui de la gestion
traditionnelle en raison des caractéristiques particulières de cet ensemble intégré d'activités que
l'on appelle projet.
«Un projet est un ensemble d'activités interdépendantes menant à la livraison d'un
produit ou d'un service clairement identifié et généralement dans un contexte de temps
et de ressources limités».
Cette définition couvre une très large part des activités humaines. le produit ou service peut aussi
bien consister en un bâtiment ou un produit de consommation qu'en un rapport d'étude ou à la mise
sur pied d'un service de santé communautaire. Parmi les principaux domaines où le concept de
projet est aujourd'hui utilisé de façon courante, on retrouve en particulier :

- CONSTRUCTION / INFRASTRUCTURES: bâtiment; route; barrage


- INGÉNIERIE / HAUTE TECHNOLOGIE : aérospatiale ...
- INGÉNIERIE INDUSTRELLE : nouveau procédé
- TELECOMMUNICATION
- RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT: recherche ; nouveau produit,
- INFORMATIQUE: nouveau système; logiciel...
- SOCIAL: nouveau programme gouvernemental ...
- ORGANISATIONNEL : fusion; implantation qualité totale ...
- ÉTUDE : étude de faisabilité; audit
- ORGANISATION D'UN ÉVÉNEMENT: Jeux olympiques, festivals...

LES CARACTÉRISTIQUES PARTICULIERES DES PROJETS

Un projet est généralement caractérisé par une relation DEMANDEUR - RÉALISATEUR


concrétisée par un mandat ou un contrat.

Le demandeur, est l'acquéreur et/ou 1'utilisateur du produit ou service demandé ; il peut être un
CLIENT, un supérieur hiérarchique, ou même une personne qui se confie à elle-même la réalisation
d'un mandat.

Le RÉALISATEUR est le mandataire à qui le demandeur confie la responsabilité de réaliser le


projet. Nous appellerons ce mandataire le GESTIONNAIRE DE PROJET.

Outre le demandeur ou client et le gestionnaire de projet, on retrouve généralement dans un projet


de nombreux autres acteurs tels que l'équipe de projet, le bailleur de fonds, les fournisseurs de
produits ou de services professionnels et les représentants de divers secteurs de l'environnement
pertinent pour le projet.
Quelle que soit leur nature, les projets possèdent en commun des caractéristiques qui les distinguent
des autres types d'activités humaines. Dans ce qui suit nous présenteront un sommaire de ces
caractéristiques.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 2


LES CARACTERISTIQUES DES PROJETS

- La nouveauté ; l'unicité
- Une durée limitée

- L'assujettissement à des contraintes rigoureuses


de performance
de délais
de qualité
de coûts

Un cycle de vie dynamique

Une implication de nombreux intervenants


d'intérêts différents
d'organisations différentes
de disciplines différentes
de cultures différentes

Un contexte d'incertitude
incertitude de l'environnement
incertitude technologique
incertitude reliée aux ressources

LA NOUVEAUTÉ ; L'UNICITÉ

Un projet implique généralement de faire quelque chose de nouveau, quelque chose qui n'a pas été
fait exactement de la même façon ou dans le même contexte auparavant. Il est évident que le degré
de nouveauté ou d'unicité, peut varier considérablement d'un projet à un autre. Par exemple, le
projet Apollo, lequel avait comme objectif d'envoyer des humains sur la lune et de les ramener en
toute sécurité sur la terre, était tout – à - fait nouveau alors qu'un entrepreneur peut avoir construit
plusieurs édifices plus ou moins similaires, mais pour des clients différents, en des endroits
différents, etc. Ces deux cas représentent également des projets mais le premier est soumis à une
incertitude beaucoup plus élevée en raison de sa plus grande nouveauté.

Ce caractère de nouveauté distingue le projet de nombreuses autres activités de nature répétitive ou


continue et qui sont soumises à un programme détaillé et préétabli, par exemple la production par
chaîne de montage.

LA DURÉE LIMITÉE

La caractéristique de durée limitée signifie qu'un projet est par nature temporaire, qu'il est soumis à
une date de début et à une date de fin prédéterminées. La durée du projet peut être relativement
courte, soit quelques semaines, ou très longue, soit plusieurs années dans le cas des méga - projets.

Il est utile à ce point-ci de distinguer les concepts de projet et de programme. Un programme, par
exemple un programme de conquête de l'espace ou de développement urbain, est un concept
analogue à celui de projet mais il s'en distingue à certains égards :

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- un programme est généralement constitué d'un ensemble de projets visant un objectif global
commun ;

- un programme est davantage orienté vers l'atteinte d'un objectif que vers la réalisation d'un produit
spécifique ;

- un programme est de plus longue durée, et certains ont même un caractère quasi permanent.

L'ASSUJETTISSEMENT À DES CONTRAINTES RIGOUREUSES

La satisfaction du client suppose que le projet ait été réalisé suivant ses exigences. Or ces exigences
sont généralement formulées en termes de quatre types de contraintes :

- les normes de performance reliées au fonctionnement du produit ou du service ;


- les normes de qualité du produit ou service ;
- les échéances de livraison ;
- les coûts du projet.

La priorité relative de ces quatre types de contraintes varie considérablement d'un projet à l'autre
selon les impératifs du moment.

Contexte économique difficile Coûts

Orientation qualité totale Qualité; performance

Urgence de la situation
Importance des enjeux concurrentiels Echéances

Importance de la sécurité (aéronautique) Performance

De plus, certains milieux ont traditionnellement favorisé certaines contraintes plutôt que d'autres.
Ainsi, le domaine de la construction a-t-il tendance à privilégier les contraintes ÉCHÉANCES et
COÛTS, le domaine de l'informatique, les contraintes de PERFORMANCE et le domaine social
ainsi que celui de la recherche les contraintes de QUALITÉ.
Il est évident que la plupart des clients souhaitent au départ maximiser la plus - value de leur produit
ou service à l'égard de toutes les contraintes simultanément. Il est toutefois fréquent de constater en
cours de route qu'il faille adoucir l'une des contraintes pour assurer le respect des autres.

UN CYCLE DE VIE DYNAMIQUE

Tous les projets se caractérisent par un cycle de vie qui prend naissance dans l'émergence d'un désir
ou d'un besoin d'un demandeur et qui, si tout va bien, se termine après la livraison à ce demandeur
d'un produit/service perçu comme satisfaisant ce besoin.

Ce cycle de vie est généralement présenté comme étant constitué de quatre phases :

1. LA PHASE IDENTIFICATION: où la demande est clarifiée, les objectifs précisés et le projet


globalement identifié en termes de produit/service à livrer,
de contraintes à respecter et de stratégie de réalisation.

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2. LA PHASE DÉFINITION: où le contenu du projet est défini de façon plus précise, où
le planning détaillé du projet est établi en termes de durées,
d'échéances, de ressources et de coûts, et où les politiques
et procédures de gestion sont définies.

3. LA PHASE RÉALISATION: où le produit/service est effectivement réalisé suivant le


plan prévu et en conformité avec les exigences du
demandeur.

4. LA PHASE TERMINAISON où le produit/service est remis au demandeur, le projet


évalué, et la fermeture administrative du projet effectuée.

En plus des quatre phases identifiées précédemment, le schéma global illustre les caractéristiques
suivantes :
- le taux d'utilisation de ressources augmente progressivement pour atteindre son apogée à la phase
réalisation ; ce taux est généralement proportionnel aux coûts du projet ;
- les premières phases se terminent généralement par une décision du demandeur quant à
l'opportunité d'entreprendre la phase suivante compte tenu des résultats obtenus à ce point. Par
exemple, le demandeur peut refuser d'accepter tel quel le produit/service à la fin de la phase
réalisation si celui-ci ne correspond pas à ses exigences.
Ce cycle de vie est dit "dynamique" car pour un bon nombre de projets les 4 phases sont très
différentes l'une de l'autre. Elles se distinguent tant par la nature de leurs activités que par le
nombre et le type de ressources qu'elles requièrent. Par exemple, la phase Identification fait
généralement appel à un petit nombre de concepteurs (architectes, etc. ,) et de divers spécialistes qui
ont pour mandat de concevoir un projet pertinent et faisable. La phase Définition est surtout celle
des planificateurs et des spécialistes du contenu de détaillé qui doivent transformer le concept en un
plan détaillé de réalisation. Quant à la phase Réalisation, elle requiert souvent un grand nombre de
ressources de toute nature ; elle est en de nombreux cas confiée en totalité ou en partie à des sous-
traitants au moyen d'arrangements contractuels.
Chacune de ces quatre grandes phases peut à son tour être subdivisée en ses principales étapes.

L'IMPLICATION DE NOMBREUX INTERVENANTS D'ORIGINE DIVERSE

L'une des différences les plus importantes entre une unité organisationnelle traditionnelle
(département, service, division, ... ) et un projet est certes l'origine des intervenants. On retrouve en
effet très souvent parmi les intervenants d'un projet des personnes provenant de plusieurs unités
d'une même organisation ou d'organisations différentes. Dans plusieurs projets les intervenants sont
de disciplines professionnelles ou de spécialités variées, de nationalités et de cultures diverses.
Cette caractéristique des projets entraîne deux conséquences très importantes :

- on retrouve beaucoup moins facilement dans un projet une communauté d'intérêts,


d'orientations et d'objectifs parmi les intervenants ;

- la personne responsable d'un projet a généralement beaucoup moins d'autorité sur ses
ressources que le dirigeant d'une unité traditionnelle.

UN CONTEXTE D'INCERTITUDE
En raison de toutes les caractéristiques précédentes, tout projet est par définition soumis à un
contexte d'incertitude qui le transforme en une aventure risquée ; c'est cette caractéristique qui à la
fois, nous inquiète et nous attire.

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Tous les projets ne sont évidemment pas soumis au même degré d'incertitude. Celui-ci varie en
fonction :

- de la taille du projet ;
- de la nouveauté du projet, de la technologie utilisée ;
- de la rigueur des contraintes de performance, de qualité, de temps et de coûts
- de la complexité et de l'imprévisibilité de l'environnement du nombre et de la diversité
- des ressources.

· OU'EST-CE OUE LA GESTION DE PROJET?

La gestion de projet est aujourd'hui devenue un domaine professionnel et scientifique à part entière
et distinct de la gestion traditionnelle. Ce nouveau paradigme est fondé sur deux hypothèses :

- la gestion d'un projet est différente de la gestion d'activités continues en raison des caractéristiques
particulières des projets ;

- la même approche générale peut être utilisée pour tout projet quel que soit le domaine
d'application.

Le développement de ce nouveau paradigme est étroitement associé à la naissance en 1969 du


"Project Management Institute", association internationale regroupant les professionnels et
académiciens qui œuvrent dans le domaine de la gestion de projet.

Selon le PMI, la Gestion de projet se définit comme étant 1 :

"l'art de diriger et de coordonner les ressources humaines et matérielles tout au long du cycle de vie
d'un projet en utilisant des techniques de gestion modernes et appropriées pour atteindre des
objectifs prédéterminés :

- d'envergure du produit ou service


- de coûts
- de délais
- de qualité
- de satisfaction du client et des participants

C'est le degré d'atteinte de ces objectifs qui détermine le degré de succès de tout projet.

1
Traduction de la définiton publiée par le PMI dans sa publication Project Management Journal, Août 1986, page
21

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LES PRINCIPALES ETAPES
DU CYCLE DE VIE D’UN PROJET
========================

INTRODUCTION

Comme les projets sont les éléments les plus identifiés au processus de développement dans un
pays, nous croyons nécessaire d’aborder une définition générale de ce qui est un projet avant de le
décortiquer dans ses différentes étapes.

MM. B. CHADENET et John A. KING dans « Qu’entend-on par projet de la Banque


Mondiale ? »1 donnent la définition suivante :

« Un projet est un ensemble optimal d’actions à caractères d’investissement fondé sur une
planification sectorielle globale et cohérente grâce auquel une combinaison définie de ressources
humaines et matérielles engendre un développement économique et social d’une valeur déterminée.
Les éléments d’un projet doivent être définis avec précision quant à leur nature, leur emplacement
et leur déroulement. Les ressources nécessaires sous forme de fonds, de matières et de main-
d’œuvre, ainsi que les revenus escomptés tels que réduction de coûts, accroissement de production et
développement des institutions, sont estimés à l’avance. Les coûts, et revenus sont calculés en
termes financiers et économiques ou - s’il n’est pas possible de les quantifier - définis avec une
précision qui permette de formuler un jugement raisonné sur ce que doit être l’ensemble optimal de
ces actions ».

On peut conclure très facilement qu’un projet n’est donc pas seulement composé d’un élément
physique (construction d’une usine de contreplaqué, par exemple), mais de toute une série
d’éléments incorporels (institutionnel, financier, formation, etc.) qui sont d’importance tout aussi
grande et sans lesquels le projet ne peut vivre et être un succès. Ces éléments sont trop souvent
minimisés par les théoriciens du développement par la suite, ce sont ceux chargés de mettre en
œuvre les projets conçus par d’autres qui rencontrent des difficultés insurmontables parce que tous
ces éléments n’ont pas été suffisamment pris en compte. Certains projets de développement rural
intégré, à cause de leur complexité en sont de criants exemples.

Il est possible de voir un projet aussi sous une forme plus dynamique et plus près du gestionnaire.
Un projet dans cette optique :

1 - Permet la transformation d’un plan d’action

- Un plan sans projets bien définis et articulés n’est qu’une construction de l’esprit. A
l’autre extrême, une collection juxtaposée de projets n’est pas un plan.

2 - Contribue à l’intégration des marchés en faisant le lien entre les diverses activités
productives.

- C’est pourquoi l’aspect d’analyse microéconomique de l’industrie, souvent


minimisé, est d’une si grande importance pour analyser l’impact du projet dans un
secteur économique.

1
Finances et Développement N° 3, Septembre 1972.

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3 - Fournit l’organisation, l’entrepreneurship, et la technologie qui va permettre de faire la
transformation de matières en biens utiles.

- Le projet exige donc une capacité adéquate de gestion adaptée aux réalités du
milieu ainsi qu’une technologie appropriée.

4 - Est un véhicule par lequel on tente de faire un changement social.

- Il existe donc un objectif de modifier un certain « comportement » qui empêchait la


croissance économique de se réaliser.

On pourrait ainsi continuer et illustrer par des exemples de succès et d’insuccès de projets en
Afrique et dans d’autres pays, mais déjà on peut se faire une idée de la complexité du cycle d’un
projet, complexité qui engendre une multitude de blocages possibles et qui exige toute une série de
méthodes d’appréciation de projet, chacune basée sur la science concernée par l’angle sous lequel
on regarde le projet.

Même si un manuel d’appréciation économique de projet n’examine qu’une seule facette d’un projet
on se doit de la mettre à l’intérieur d’une perspective globale d’appréciation afin de mettre en
évidence son importance relative.

Il convient aussi de réfléchir sur les ressources mises à la disposition de ceux qui doivent faire
l’appréciation de projets. L’analyse du cycle de projet, telle que nous la présentons, exige un
montant appréciable de ressources. Si l’écart est trop grand, il est nécessaire, soit d’augmenter les
ressources, surtout pour les projets les plus critiques, soit de porter l’effort d’analyse sur les aspects
les plus importants et de permettre plus à l’aspect «chance de réussir ». Si par contre, le problème
est une mauvaise coordination de ressources, il est possible alors de porter plutôt son attention de ce
côté.

ANALYSE DES ETAPES DU CYCLE DE PROJET

L’analyse du projet permet d’appréhender la complexité d’un projet, mais surtout d’identifier les
différents organismes responsables, les tâches qui leur seront normalement assignées et d’indiquer à
chaque fois à l’analyse de projet les éléments sur lesquels il devrait normalement faire un jugement.

On pourrait considérer les principales étapes comme étant les suivantes :

I L’Identification
II La préparation
III L’Appréciation (évaluation ex-ante)
IV La sélection
V La réalisation
VI La fermeture ou suite au projet
VII L’évaluation ex-post
I IDENTIFICATION

La première étape consiste à tenter de trouver des projets qui doivent contribuer à l’effort de
développement du pays mais qui seront aussi autant que possible rentables financièrement et
économiquement. Il faut dans cette étape ne pas identifier des projets que l’on devra abandonner
plus tard, ni manquer d’identifier des projets qui auraient été des plus utiles à l’économie. Pour
obtenir une certaine efficacité, il convient de s’assurer autant que possible qu’un processus

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administratif existe, sinon les décideurs et leurs analystes ne font que réagir à des propositions qui
leur sont faites.

La méthode la plus facile est de trouver des projets reliés à un projet existant et de miser ainsi sur un
secteur qui est déjà en marche et qui a déjà été étudié en détail. Cette méthode n’est pas toujours
possible dans les pays en voie de développement où l’on tente à juste titre d’y effectuer une
transformation structurelle de l’économie. A ce moment, il s’agit de trouver des projets
complètement nouveaux.

L’étape « IDENTIFICATION » peut se diviser de la façon suivante 1 :

1 - Analyse macro-économique

Avant de chercher à identifier les projets, il est nécessaire de se faire une idée sur les
éléments nationaux et mondiaux de conjoncture économique. Dans les éléments nationaux,
l’on doit faire la distinction entre le national, le régional et le sectoriel. L’analyste doit
pouvoir y intégrer une analyse des politiques fiscales, monétaires, ou autres qui lui permette
de faire une meilleure analyse prévisionnelle. En pratique, ces études sont effectuées par des
personnes qui ne font pas l’analyse des projets : par contre ces derniers devront s’y référer.

2 - Analyse micro-économique

Souvent, à cause du manque d’information 2, cette analyse n’est pas toujours faite à un degré
de détail suffisant. Il faut avouer aussi que les théories micro-économiques d’organisation
industrielle ne se retrouvent pas encore dans la littérature et la pratique concernant
l’appréciation des projets.

Il s’agit donc non seulement de faire l’analyse des besoins et de la demande effective afin de
voir si la situation est une demande excédentaire ou de capacité excédentaire mais d’analyser
autant que possible toute la structure, le comportement et la performance de l’industrie dans
laquelle va s’insérer le projet. L’analyste doit se faire une idée préalable de la réaction du
secteur à l’implantation du projet et utiliser ces informations dans la phase de conception du
projet.

3 - Définir les liens du projet avec le «plan» de développement

Quelque soit le type ou l’efficacité du plan de développement, il faut établir la justification


du projet en fonction des objectifs réels (et non officiels) de l’administration. On doit porter
une attention particulière non pas à se fier à des énoncés d’objectifs généraux mais bien à
des objectifs opérationnels à l’intérieur de secteurs et de programmes établis. Si ceux-ci
n’existent pas, l’analyste ne peut que faire son possible mais l’effort de développement sera
probablement beaucoup plus désarticulé.

4 - Identifier les groupes à qui iront les avantages et les coûts

Ceci permet déjà d’avoir une idée de ceux qui favoriseront le projet dans la société et de
savoir si le projet rencontrent certains objectifs sociaux réels que s’est fixée l’administration.

1
Il est évident qu’en pratique, l’importance à accorder à chaque élément dans chaque étape dépend du type de projet
envisagé.
2
L’analyste doit alors utiliser les interviews avec les intervenants, ou des méthodes indirectes.

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5 - Chercher à identifier les appuis politiques, administratifs et privés.

Un projet arrive rarement à voir le jour s’il n’y a pas d’appuis à l’intérieur du système
économique. La phase d’identification doit permettre de se faire une idée d’où viendra cet
appui et si celui-ci peut-être considéré comme suffisant. Il faudra donc communiquer à ce
stade, l’idée de projet afin d’obtenir les réactions préalables de diverses catégories de
personnes et de juger de l’intensité probable de leurs réactions positives ou négatives.

6 - Se faire une idée générale de l’ordre de grandeur du coût et des recettes.

II PREPARATION

La préparation consiste à concevoir le projet dans toutes ses composantes et de permettre à


l’analyste de monter une analyse de fiabilité. Cette étape consiste normalement en les éléments
suivants :

1 - Conception

a) Déterminer les conditions, les besoins, les contraintes locales et les variables de
changement social qui affecteront la conception du projet.

Un projet est toujours du «sur mesure» parce qu’il doit s’implanter dans un
milieu donné : l’analyse de ce milieu ne peut être laissé au hasard lors de la
conception du projet car l’analyste doit prévoir ce qui se passera dans les étapes
ultérieures particulièrement l’étape de réalisation, sinon l’exercice risque de n’être
que théorique. Par exemple, si le milieu est caractérisé par des employés qui ont tous
au moins 2 emplois dans la journée et sont par conséquent absent de leur travail en
moyenne 50 % du temps, il faut en tenir compte au niveau de la conception, même si
officiellement ce sont des employés à plein temps, sinon le projet ne pourra pas être
géré correctement.

Si par exemple on fait un projet de pêche en haute mer et que les pêcheurs ne
laissent habituellement jamais leur famille pendant la nuit, il faut concevoir un projet
qui doit permettre au pêcheur de revenir ou qui assure un changement de
comportement social chez le pêcheur.

b) L’analyse des pré-conditions

Les pays en voie de développement sont souvent vus comme les pays de
multitudes de contraintes qu’il faut lever si l’on veut assurer le succès d’un projet, il
est nécessaire d’identifier des pré-conditions et par la suite d’établir un plan pour que
ces pré-conditions soient assurées. Il ne faut pas par contre multiplier les pré-
conditions sinon le projet ne verra jamais le jour : il faut au contraire qu’il y en ait le
minimum possible.

c) Analyse des variantes

On oublie, volontairement ou non, de considérer des variantes envisageables. Il ne


s’agit pas ici non plus de multiplier les variantes sinon on ne s’en sort plus, mais de

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s’assurer que l’on retienne au départ toutes les variantes que l’on juge sommairement
valables afin de ne pas se mettre à vouloir les analyser lorsqu’il sera trop tard dans le
processus de décision. C’est à ce stade que l’on détermine les dimensions et les
localisations du projet et où on approfondit la justification du projet en fonction des
variantes.

d) Analyse de faisabilité

Plusieurs seront faites, afin d’établir s’il est possible de monter le projet :
- Analyse Technique
- Analyse Commerciale
- Analyse Financière
- Analyse Economique
- Analyse Sociale
- Analyse Organisationnelle et Administrative
On fournit le détail sur les coûts, le marché, les recettes et le plan de
financement. On identifie les activités, fonctions et tâches pour ensuite les regrouper
en composantes et éléments du projet, ce qui permet de budgétiser et d’envisager un
système organisationnel et administratif. On peut même préparer un plan initial
d’opération et de spécifications assez précises pour l’équipement, l’infrastructure, le
personnel, etc.
C’est aussi dans l’étude de faisabilité que l’on prépare un plan d’acquisition et
d’adaptation de la technologie, d’acquisition et de formation du personnel. Ceci
permet de se faire une idée sur le temps nécessaire pour effectuer l’implantation du
projet.

Il est très important de se rappeler que l’analyse de faisabilité n’est pas une
analyse d’appréciations : les deux sont confondues très souvent en pratique.
Dans la phase que nous venons de décrire, c’est seulement de montage dont il est
question et malgré que celui qui fait le montage le fait au meilleur de ses
connaissances, il ne pose pas un jugement global d’appréciation.

e) Les plans de «deuxième ligne»

Les projets en voie de développement comportent souvent des risques d’insuccès


plus élevés que dans les pays industriels. C’est pourquoi il est nécessaire de prévoir
dès le début des solutions de rechange pour les éléments du projet qui peuvent mettre
en danger sa réalisation et tenir compte de cet aspect dans la phase de préparation du
projet.

f) Adhésion des intervenants

Dès la phase de préparation, il est nécessaire d’obtenir l’adhésion de ceux qui


auront à participer de près ou de loin au projet (gouvernement, organismes
d’exécution, organismes de financement, groupes de populations, fournisseurs
d’inputs, etc.) afin de vérifier leur intérêt et leur volonté de voir le projet réussir.

Il s’agit aussi de s’assurer qu’il y a entente entre les divers participants sur les
objectifs du projet. Ici encore, il arrive que les objectifs réels des participants ne
soient connus que trop tard dans le cycle de vie du projet.

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III APPRECIATION

Cette troisième étape est la plus critique au niveau de la planification : elle dépend évidemment de
la qualité du travail effectué dans les deux premières étapes mais c’est ici que l’analyste (et plus tard
le décideur) devra poser un jugement nécessairement qualitatif sur les objectifs visés par le projet et
la viabilité même du projet. On reprendra alors les mêmes éléments que dans la phase de
préparation et il s’agira alors en fonction de divers critères que l’on établira de poser un jugement
sur chaque élément, de faire une analyse de risque pour ce qui est de cet élément, et de poser un
jugement global sur le projet 1. Les éléments suivants sont des exemples de jugements qui doivent
être faits :

1 - Le projet contribue t-il de façon efficace au développement du pays ?

2 - Le projet est-il suffisamment rentable pour que les investisseurs y mettent leur argent ?

3 - Le projet est-il suffisamment rentable économiquement 2 pour la société ?

4 - Quelle est la validité des données utilisées dans la phase préparation ?

5 - La capacité administrative de l’organisation qui est chargée de la mise en œuvre est-elle


suffisante ?

6 - Est-ce que la conception du projet permettra de le réaliser administrativement et


politiquement ?

7 - L’analyse commerciale est-elle valable ?

8 - Dans le cas de projets privés, l’entreprise se trouve-t-elle dans une situation viable
financièrement ?

9 - Y a-t-il vraiment entente sur les objectifs du projet et ceux de tous les intervenants,
particulièrement ceux de l’organisme d’exécution ?

10 - De façon plus générale, ceux qui seront affectés par le projet se comporteront-ils vraiment
comme prévu ?

IV SELECTION

Au niveau de la sélection, ce sont les décideurs qui doivent jouer le rôle principal. Même s’il est
vrai qu’en pratique c’est souvent la sélection qui est la première étape et la préparation la deuxième,
nous ferons l’hypothèse que cette réalité ne joue pas pour tous les projets, sinon les autres phases ne
servent qu’à justifier ou tenter de vérifier que le projet est valable.

1) Sélection proprement dite

Le décideur choisit le projet ou une variante du projet, le refuse, demande des études

1
Si le jugement est négatif, on propose d’abandonner le projet ou on en modifie la conception.
2
C’est ici que se fait l’appréciation économique : la méthode d’analyse choisie peut affecter les résultats car il existe
plus d’une méthode d’analyse économique de projets, mais normalement on tente de savoir si les avantages
économiques dégagés sont supérieurs aux ressources rares qui seront utilisées.

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complémentaires ou exige que la conception même soit modifiée tout ceci en fonction du
rapport d’appréciation de projet. S’il y a plusieurs décideurs, il est nécessaire d’établir un
consensus entre eux. Le décideur peut être une instance politique ou administrative : tout
dépend de comment fonctionne le système institutionnel en place.

2) La négociation

Une fois le projet sélectionné par le décideur, il arrive souvent qu’une négociation soit
nécessaire avec un décideur de niveau plus élevé au niveau gouvernemental ou la bailleur de
fonds qui est choisi. La personne qui a sélectionné le projet doit alors choisir, préparer
l’équipe de négociation (s’il ne le fait pas lui-même), préparer la position de négociation et
clarifier les positions qui seront acceptables.

On négocie alors les prêts, subventions ou autres conditions nécessaires.

3 - L’approbation

Si c’est nécessaire, on obtient dans cette phase finale l’approbation officielle du


gouvernement et les conditions nécessaires au niveau juridique pour que le projet puisse se
faire.

V LA REALISATION

La réalisation d’un projet se fait sous quatre formes : la mise en œuvre, la réalisation de la
phase investissement, la réalisation de la phase production, le contrôle et ré-équilibre du
projet.

Il est préférable d’associer dans les étapes de préparation et d’appréciation ceux qui auront à
faire la réalisation, mais ceci est fait très rarement en pratique parce qu’on ne sait souvent
pas qui fera la réalisation : c’est pourquoi d’ailleurs le gestionnaire du projet doit souvent
tenter de gérer un projet qui est mal conçu parce que l’aspect gestion n’a pas été
suffisamment pris en compte.

1 - La mise en œuvre

Avant de commencer le projet, on doit refaire le concept du projet pour qu’il se conforme au
résultat de la négociation de l’étape IV.

La phase « mise en œuvre » du projet consiste à faire la mobilisation des ressources qui seront
utilisées, les amener à un niveau adéquat de qualité et créer les pré-conditions qui ont déjà été
identifiées pour que ces mêmes ressources soient utilisées efficacement. En fait, c’est la période
pendant laquelle on formalise l’engagement des intervenants en même temps que l’on obtient les
ressources nécessaires.

C’est alors que le plan d’opération se transforme en activités et où on met en place tout le
système administratif interne 1 ainsi que les liens avec les fournisseurs de produits et de

1
On néglige souvent cet aspect pour plutôt le créer à mesure que le temps avance et que les problèmes surgissent : ceci
comprend tout le système de communication, le système interne d’autorité, les processus de contrôle, le système de
collecte de données, etc.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 13


service. Si le projet a été mal apprécié, des problèmes existeront dès cette phase et la mise en
route se fera difficilement.

2) La réalisation de la phase d’investissement

La plupart des projets comporte une phase d’investissement avant qu’ils puissent produire ce
pour quoi ils ont été conçus. Il n’est pas certain que le même personnel et le même système
administratif soient valables pour la phase de production tout dépend de chaque cas
particulier. Si les coûts ont été mal appréciés ou si la mise en œuvre prend trop de temps par
rapport à ce qui a été prévu, il y a danger de mettre en péril toute la viabilité financière du
projet.

3) La réalisation de phase de production

On met en place les liens avec les acheteurs et le système de production : ce dernier exige
habituellement une montée en cadence graduelle.

Dans cette phase une attention particulière doit être accordée au système administratif
interne afin de le corriger au plus tôt s’il s’avère inadéquat pour aider à une gestion efficace
des ressources. On doit aussi continuer à maintenir les liens avec ceux qui ont comme
objectif de voir le projet réussir afin que les conditions favorables de réalisation soient
maintenues.

3) Les périodes de contrôle et de ré-équilibrage

A intervalles réguliers, le projet doit être contrôlé à l’aide du système qui a été mis en place :
le contrôle peut s’exercer par le chef de projet seulement ou par l’instance à laquelle se
rapporte le chef de projet : cela dépend ici encore des particularités du projet. Ceci exige un
système d’information adéquat et un système pré-établi pour régler les problèmes. Si ceux-
ci s’avèrent inopérants, on doit les modifier au plus tôt, sinon le projet risque de déraper.

Notons qu’un système d’inspection fait partie du système de contrôle, mais ce n’est pas suffisant
pour exercer un contrôle de gestion dans un projet.

Si le projet s’écarte des objectifs prévus, il ne faut pas automatiquement le ramener à son objectif
initial mais examiner la situation afin de prendre une décision à savoir si le dérapage est un
dérapage contrôlé et valable ou incontrôlé. On doit déterminer dès le début quelle sera la personne
qui aura la responsabilité finale de prendre la décision du ré-équilibrage, afin que les actions à
prendre soient décidées le plus rapidement possible.

VI FERMETURE OU SUITE DU PROJET 1

On peut fermer un projet pour deux raisons : la première, c’est que de par sa nature même le projet
est terminé ; la deuxième, c’est que le projet n’est pas un succès et que l’avis du décideur est qu’il
sera impossible d’obtenir une réussite.

Dans le premier cas, l’on doit examiner s’il devrait y avoir un élément de suite au projet afin de
mieux assurer la réalisation de l’objectif final pour lequel le projet avait été créé. Dans le deuxième
cas, si on vient à la conclusion que le projet sera un insuccès, on doit le fermer aussitôt et utiliser les

1
Cette étape n’existe pas dans le cycle de chaque projet

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 14


ressources à d’autres fins. En pratique ceci s’avère difficile car les bénéficiaires du projet acceptent
rarement la fermeture et font tout ce qui est possible pour l’empêcher.

VII L’EVALUATION EX-POST

Si on a préparé l’information nécessaire en cours de route, il est relativement facile d’effectuer


l’évaluation du projet. Il est important d’utiliser des évaluateurs externes afin de garantir une
certaine impartialité. L’objectif de l’évaluation est de vérifier l’efficacité dans l’atteinte des objectifs
et l’efficience dans l’utilisation des ressources. On peut aussi tenter de juger si les objectifs étaient
valables et réalisables.

L’important est de faire une analyse des forces et faiblesses internes au projet, en tenant compte des
situations qui étaient hors de contrôle du gestionnaire du projet afin de pouvoir tirer les leçons utiles
pour d’autres projets du même type ou pour faire des propositions d’investissement liées à ce projet
initial.

Notons que si le projet n’a pas été un succès, on n'utilise pas l’évaluation ex-post seulement pour
trouver ceux qui en sont responsables mais pour se garantir contre le même genre de problèmes.

L’évaluation porte sur les mêmes aspects que ceux envisagés dans les étapes de préparation et
d’appréciation.

CONCLUSION

Nous avons passé en revue les différentes étapes du cycle de vie d’un projet. On peut imaginer que
les analyses et les méthodes de gestion nécessaires puissent exiger une quantité et une qualité de
ressources qu’il peut être difficile de trouver dans un pays en voie de développement, surtout si on
tente de le faire pour tous les projets à la fois. On peut y suppléer en partie par des ressources
extérieures, mais la gestion de celles-ci doit être très bien conçue pour permettre à ces ressources
d’atteindre le niveau d’efficacité auquel on se doit d’attendre, sinon le potentiel n’est pas réalisé et
on peut en faire créer des effets pervers.

Ainsi, il ne sert à rien de tenter de mettre sur pied des façons de procéder qui tentent d’être
rationnelles si ceux qui oeuvrent à l’intérieur n’y donnent pas leur adhésion ou ne le peuvent pas à
cause du manque de ressources car les procédés se détruiront d’eux-mêmes.

C’est à l’examen de ces étapes que l’on voit le rôle relatif que joue l’analyse économique de projets
quelle que soit la méthode utilisée : l’objectif de renforcement de l’analyse économique est valable
en soi, mais il faut aussi se pencher sur les autres aspects car la chaîne que représente les diverses
étapes du cycle de projet et les éléments qui existent à l’intérieur de chaque étape est aussi forte que
son maillon le plus faible.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 15


LES ETAPES DE LA PREPARATION
Dans le cycle du projet, la préparation ou étude de faisabilité est la phase qui se situe
entre l’identification du projet et son évaluation. Elle consiste en un ensemble d’analyses
permettant de justifier la viabilité commerciale, technique et financière du projet d’une part
et de montrer que compte tenu des circonstances, le projet constitue la meilleure solution
au problème que l’on cherche à résoudre d’autre part.

Menée correctement, la préparation limite les risques de difficultés au cours de la mise en


œuvre du projet, puisqu’elle permet d’anticiper les problèmes éventuels et de concevoir
les solutions à y apporter.

La préparation d’un projet comporte un ensemble d’études, :

♦ Etude de marché et des besoins ;


♦ Etude sociale ;
♦ Etude technique ;
♦ Etude organisationnelle et institutionnelle ;
♦ Etude financière ;
♦ Etude économique ;
.

Elle passe également par différentes phases : l’identification du projet, la pré-faisabilité et


la faisabilité. Ces phases sont caractérisées par le degré croissant d’élaboration des
études qui les composent.

Pour chacune de ces études, on donnera à titre indicatif dans ce chapitre les principales
questions qui devront être traitées.

1. ETUDE DE MARCHE

Etape fondamentale au niveau de la préparation d’un projet, l’étude de marché se


propose d’appréhender à l’aide de méthodes et d’instruments précis, le milieu dans lequel
se meut ou va se mouvoir l’unité de production considérée en vue d’optimiser la
réalisation de ses objectifs.

Par marché on entend généralement « l’ensemble de personnes et organisations de


toutes sortes qui ont, ou peuvent avoir, une influence sur la consommation (ou utilisation)
et par conséquent sur les ventes du produit ou service considéré » (cf Mercator en
bibliographie).

Durant toute l’étude l’investisseur doit avoir présent à l’esprit un certain nombre de
caractéristiques inhérentes aux pays en voie de développement à savoir :

- l’étroitesse du marché ;

- l’insuffisance des statistiques ….

L’étude de marché qui permet à l’entrepreneur d’éclairer ses choix de production passe
par les étapes suivantes :

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- analyse de la demande passée et présente ;

- estimation de la demande future

1.1 Analyse de la demande passée et présente

La production d’un bien ou service par un projet suppose la connaissance au préalable


d’un certain nombre de caractéristiques quant à son évolution passée.

L’analyse de la demande passée exige la collecte de données statistiques relatives aux


produits permettant d’expliquer son évolution ; cette collecte nécessite donc une certaine
sélection au niveau des données et les choix d’une période de référence.

Par ailleurs, suivant qu’il s’agisse d’un bien de consommation finale, d’un bien
intermédiaire ou d’un bien d’équipement l’analyse sera différemment menée.

En tout état de cause, la collecte à faire se situe aux niveaux quantitatif et qualitatif :

a) Le niveau quantitatif : il concerne les quantités physiques et les prix ; le cadre de


collecte est l’équilibre comptable suivant :

Y + M = C + I + X + VS

Y = PRODUCTION
M = IMPORTATIONS
C = CONSOMMATION
I = INVESTISSEMENT
X = EXPORTATIONS
VS = VARIATIONS DE STOCKS

Cette égalité permet de déterminer la consommation effective


C = Y + M - I - X + VS

Suivant le produit considéré les statistiques doivent être éclatées :

- par gamme de produits


- par zone géographique
- par type de clients.

En plus des quantités physiques, la structure des prix à différents stades de la distribution
doit être saisie :

- prix FOB et prix CAF


- taxes et subventions
- marges commerciales aux différents niveaux (de gros, demi-gros, de détail)

Il est nécessaire de collecter les informations chiffrées qui ne se présentent pas sous
forme de séries chronologiques telles que les points de ventes, les tarifs de douane…
L’évolution du pouvoir d’achat doit être également prise en compte.

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b) Le niveau qualitatif

Les informations qualitatives sont très diverses, elles aident à l’interprétation des
tendances dégagées par exploitation des données quantitatives :

- modes de distribution et actions commerciales en faveur du produit


- attitude de la clientèle
- actions des pouvoirs publics à l’égard du produit
- etc..

1.2 Estimation de la demande future

En dehors des enquêtes de terrain, il existe une panoplie de méthodes statistiques


permettant d’avoir une estimation relativement correcte de la demande future :

- les projections de tendances : elles consistent, sur la base de séries


chronologiques, à projeter dans le temps les variables étudiées

- l’utilisation des coefficients techniques dans l’économie nationale : elle est


adaptée au cas de la prévision de la demande future de biens intermédiaires (cf
annexe 2 sur le T.E.S)

- les comparaisons internationales : cette méthode est valable pour les pays
présentant les mêmes caractéristiques socio économiques

- les méthodes économétriques : elles font appel à des tests, à la recherche de


variables explicatives de l’évolution passée et à la construction de modèles
mettant en liaison les variables étudiées

- les méthodes faisant appel à des résultats d’enquêtes sur les budgets de famille

L’estimation finale du marché est obtenue grâce aux résultats issus de ces méthodes
confrontés aux facteurs psychologiques et aux décisions des autorités politiques et
administratives.

Après avoir déterminé la demande du bien ou service considéré, il faut tenir compte des
incertitudes inéluctables qui découlent de toute estimation. Généralement elles
apparaissent à trois niveaux :

- au niveau des statistiques disponibles


- au niveau des limites inhérentes à chaque méthode
- au niveau de la demande future elle-même, en raison des facteurs
économiques ou extra économiques tels que les crises.

Au terme de cette étude de marché, il faut pouvoir répondre aux questions suivantes :

- quelle est la taille du marché et son évolution ?


- quelles sont les quantités à produire par le projet ?

- quelles sont les zones géographiques et secteurs d’activité dans lesquels le


projet va s’implanter ?

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 18


- quelles sont les conditions de commercialisation (prix, canaux de distribution,
concurrence, politique de vente) ?

Les principales insuffisances des études de marché généralement recensées sont :

- mauvaise prévision de la demande en général et intérieure en particulier


- négligence des comportements possibles de la clientèle
- mauvaise appréciation de la concurrence surtout de la concurrence indirecte
- surestimation des débouchés et / ou des prix de vente en particulier dans le cas
des projets d’exportation.

2. ETUDE TECHNIQUE

2.1 Processus de production

La détermination du processus de production constitue la première étape de toute étude


technique.

La production des biens ou services, définis au préalable par les études de marché, peut
généralement être obtenue selon des procédés techniques exclusifs les uns des autres :
le choix d’un procédé implique des investissements, des coûts de fonctionnement, des
besoins en main d’œuvre spécifique qu’il n’est pas possible d’utiliser dans un autre
contexte.

Doivent être notamment pris en considération :

a) la taille des équipements à acquérir, en relation avec les quantités à


produire. A ce niveau, il y a lieu de prendre en compte non seulement les
équipements directement productifs, mais aussi les installations de stockage
des matières premières, du carburant, des produits finis ainsi que les
investissements annexes telles que les ateliers d’entretien, les garages …

b) le niveau de technicité requis pour la mise en œuvre du procédé de


production : ainsi, le degré d’automatisation et d’informatisation ont des
conséquences directes sur les besoins en personnels et sur leurs
qualifications. Dans le domaine agricole, par exemple, les choix en matière
de mécanisation peuvent non seulement résulter d’une analyse technique au
sens strict, mais aussi intégrer des éléments socio-économiques.

c) le degré de dépendance par rapport à la disponibilité locale des


équipements : l’étude technique doit s’appuyer sur la connaissance des
unités déjà implantées dans le pays de façon à assurer l’intégration du projet
dans l’économie nationale ; en particulier, les conditions d’entretien et de
maintenance peuvent être déterminantes pour le choix des équipements.

d) les possibilités d’extension de l’unité, soit pour répondre à une nouvelle


demande locale ou extérieure, soit pour intégrer des activités
complémentaires au sein même de l’unité (intégration verticale).

Dans la pratique, le choix d’une technologie ne peut être fait qu’à partir de
considérations techniques prenant en compte le contexte commercial, économique,
sociologique, politique plus vaste.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 19


2.2 Besoins en inputs et autres moyens

L’étude des besoins en inputs doit faire l’objet d’une analyse détaillée pour assurer le
fonctionnement normal du projet :

a) au delà de la détermination des besoins quantitatifs par type de facteurs de


production pour chaque année, l’étude doit porter sur :

- les spécifications des biens à rechercher


- les possibilités d’approvisionnement locales ou étrangères
- les conditions d’approvisionnement : prix, quantités minimales, régularité,
transport, procédures …

Ces études concernent aussi bien les matières premières et les produits semi-finis
transformés par le projet que les autres consommations intermédiaires nécessaires au
bon déroulement du processus de production.

b) la disponibilité des utilités (eau, électricité, carburants …) doit faire l’objet


d’une attention particulière de façon à s’assurer que les besoins du projet
sont compatibles avec les capacités actuelles et que les raccordements aux
réseaux existants ne posent pas de problèmes particuliers. Il y a lieu de
comptabiliser dans les coûts du projet les investissements additionnels dans
ce domaine et d’en tenir compte au moment des études de rentabilité.

c) dans le même ordre d’idées, les problèmes de moyens de communication


doivent faire l’objet d’une étude spécifique : construction de pistes, de routes
pour l’écoulement d’une production, aménagements en vue de renforcer un
réseau existant, raccordement à une ligne de chemin de fer …

d) enfin, les besoins en main d’œuvre doivent être examinés de la façon la plus
large possible : besoins quantitatifs, mais aussi niveaux de qualification
nécessaires ; il faut prendre également en compte les possibilités de
recrutement locale ou régional, en étudier les répercussions sur les autres
activités économiques et déterminer les besoins en main d’œuvre expatriée.
Un plan de formation par catégorie de personnels doit être défini si besoin,
en même temps que les études techniques, de façon à en intégrer les coûts
dans le coût global du projet.

e) de façon générale, que ce soit pour la détermination du processus de


production ou l’étude des besoins en inputs, il sera indispensable de
disposer de référence qui pourront être issues de l’expérience de projets de
même nature ou de résultats de la recherche. Dans certains cas, il peut
s’avérer nécessaire de faire appel à un bureau d’études spécialisé.

2.3 Localisation

La localisation, lorsqu’elle n’est pas déterminée par la nature même du projet (exploitation
minière par exemple) doit faire l’objet d’une étude qui tient compte principalement :
- de la localisation des matières premières

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 20


- de la disponibilité en main d’œuvre
- de la disponibilité en terrains
- de la disponibilité en eau, électricité
- des conditions de transport des personnes et de biens
- des lieux de consommation

2.4 Calendrier des réalisations

Le calendrier des réalisations tient compte des résultats des différentes études techniques
et doit décrire :

- la phase d’équipement
- la phase de démarrage et de montée en production
- la période de croisière

Dans bien des cas, la production peut commencer alors même que les investissements
n’ont pas encore été mis totalement en place.

2.5 Variantes

La réalité de la préparation d’un projet n’est pas aussi linéaire que pourrait le laisser
penser la précédente présentation des études techniques. Il s’agit en réalité d’un
processus itératif où les différentes alternatives et leur incidence sont considérées. C’est
ainsi qu’en particulier l’étude des variantes s’applique :

- au processus de production
- aux types de produits
- à la taille du projet
- à la localisation
- au calendrier de réalisation
- au montage institutionnel.

Ainsi, les étapes d’évaluation exposées dans les chapitres suivants vont elles s’appliquer
aux diverses variantes identifiées au fur et à mesure que le projet va être précisé.

2.6 Evaluation des coûts

Sur la base de l’esquisse de projet qui ressort des études précédentes, il faut maintenant
procéder à une estimation des coûts. Cette étape dans la préparation du projet va servir
de support aux analyses financières et économiques ultérieures. L’étude doit porter
aussi bien sur les coûts d’investissement que sur les coûts d’exploitation du projet :

a) les coûts d’équipement

Le recours aux bureaux d’études spécialisés indépendants est une solution souvent
retenue pour déterminer les différents coûts du projet. Toutefois, cette démarche n’exclut
pas la prise en compte par les responsables du projet des coûts de projets similaires à
celui que l’on est en train d’étudier, tout en considérant les différences liées aux dates de
réalisation, aux conditions de production, aux modes d’organisation et aux économies
d’échelle qui peuvent apparaître lorsque la capacité de production augmente.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 21


b) Coûts d’exploitation

La prévision des coûts d’exploitation sur la durée du projet pose le problème de leur
détermination initiale et de leur évolution. Il y a lieu de se rapprocher de la réalité des prix
des facteurs auprès des fournisseurs de la place ou auprès d’unités de même nature. Les
services chargés de la préparation et de l’évaluation des projets ont tout intérêt à
constituer une base de données régulièrement actualisée où ils peuvent trouver les
informations nécessaires.

Quant à l’évolution des coûts, devant l’impossibilité quasi générale de l’estimer, la solution
la plus souvent retenue est de raisonner en prix constants et de procéder par la suite à
des tests selon différentes hypothèses de variation.

Dans tous les cas (investissement ou exploitation), il y a lieu de distinguer l’origine des
biens nationaux ou importés, la répartition des coûts en monnaie locale et en devises et
de préciser le montant des taxes correspondantes.

2.7 Insuffisance des dossiers techniques

Les principales insuffisances que l’on rencontre souvent dans les dossiers techniques
sont :

- la sous-estimation des coûts d’investissement


- le surdimensionnement des équipements
- l’optimisme exagéré des calendriers de réalisation des investissements
- l’absence d’hypothèses sur les variations futures des coûts

La rectification à postériori des études techniques étant généralement très coûteuse et


difficile à réaliser, l’élaboration du dossier technique doit, dès son lancement, bénéficier
de la plus grande attention.

3. ETUDE SOCIALE

3.1. Objet :

- Etudier la comptabilité du projet avec les traditions, les valeurs et l’organisation


de la population d’accueil
- Proposer les stratégies à adopter pour implanter avec succès le projet, c’est à
dire sans grands risques de rejet.

3.2. Principaux éléments à prendre en compte :

a) Caractéristiques démographiques et socioculturelles de la zone :

- Démographiques : taille, structure, flux migratoires ….


- Socioculturelles : stratifications sociales, relations entre les différents groupes
(solidarités et dominations), normes, croyances …

b) Organisation de la production :

- Structures des ménages et des familles


- Disponibilité et division sociale du travail

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 22


- Rôle de la femme
- Disponibilité et mode d’utilisation des terres
- Régime foncier
- Accès et contrôle des autres ressources disponibles, particulièrement l’eau, les
terres…
- Types d’organisations locales de la production
- Relations avec les services administratifs de la zone

c) Intégration du projet dans le milieu d’accueil (système de valeurs,


coutumes ….)

d) Stratégie pour entraîner l’adhésion des populations à l’implantation,


l’exploitation et la maintenance du projet d’une part et de l’autre pour
renforcer les capacités locales de formulation et de promotion des intérêts
des populations tant du point de vue organisationnel que technique.

4. ETUDE ORGANISATIONNELLE ET INSTITUTIONNELLE

L’administration d’un projet peut conditionner sa réussite ou son échec. Une


programmation efficace des tâches et une bonne définition et délimitation des fonctions
minorent les risques de gaspillage des ressources imputables aux lenteurs et autres
goulots d’étranglement constatés dans le fonctionnement des différents services
administratifs, technique ou financiers du projet.

La prévention de ces difficultés réside dans l’adoption d’une gestion et d’une


administration rationnelles du projet. Pour ce faire, il importe, notamment dans le cas de
projet impliquant la puissance publique de :

- bien analyser le statut juridique du projet. De ce statut juridique découlent


souvent des procédures administratives pouvant alourdir la gestion financière
du projet ; par exemple les règles de la comptabilité publique, la procédure des
marchés publics, la mobilisation de la contrepartie nationale (le B.N.E) etc…

- procéder à une planification, une programmation, une exécution et un suivi


efficaces des activités du projet.

La planification et le suivi permettent de savoir à tout moment les performances de


l’opération et de procéder aux rectifications nécessaires selon l’évolution des choses.

L’exécution du projet doit aboutir à la clarification du rôle de chacune des parties


prenantes au projet : directeurs, responsables de services, d’ateliers, de bureau et même
des exécutants ; les fonctions étant définies à l’avance, de même que les problèmes
d’ordre hiérarchique, chaque agent doit être responsable d’une tâche identifiée et
mesurée :

- mener une gestion financière rationnelle notamment par une meilleure


budgétisation des ressources du projet. Cette budgétisation des ressources,
cohérente avec la planification des activités, minore les risques de rupture de
stocks ou plus généralement de crédits.

- mener une gestion efficiente du personnel en définissant au préalable :

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 23


• les postes de travail et leurs spécificités
• les profils souhaités pour les principaux postes à pourvoir dans le projet
• la formation complémentaire requise compte tenu des spécificités de
l’équipement ou des tâches
• les incitations à la productivité

Par ailleurs et d’une façon très générale, la préparation du projet doit tenir compte de
l’environnement institutionnel dans lequel il va se dérouler :

- les dispositions administratives et réglementaires en vigueur dans le secteur ou


les secteurs considérés : code des investissements, code foncier, codes des
douanes, fiscalité applicable au projet, procédures, de planification …

- la capacité des institutions à répondre aux besoins du projet, en particulier :


institutions de crédit, système éducatif …

5. EXEMPLE DE CADRE DE PRESENTATION D’UN DOSSIER DE PROJET

1. DONNEES GENERALES

1.1 Contexte économique et social


1.2 Le secteur : orientations, objectifs et politiques sectoriels

2. PRESENTATION DU PROJET
2.1 Définition du projet, finalité, principaux paramètres
2.2 Historique du projet
2.2.1 Evolution historique du projet
2.2.2 Etudes et recherches déjà effectuées
2.3 Zone du projet
2.3.1 Cadre physique : situation géographique, infrastructures (transport et réseau de
communication, eau et électricité, administration etc…)
2.3.2 Contexte économique (cette partie visera à justifier le choix du site retenu)
2.4 Structure du projet
2.4.1 Cadre juridique et fiscal
2.4.2 Organismes intéressés au projet.

3. ASPECTS COMMERCIAUX DU PROJET

3.1 Etudes de marché et des prix


3.1.1 Marché actuel : volume, composition
3.1.2 Concurrence directe et indirecte
3.1.3 Part probable de marché
3.1.4 Structure des prix actuels
3.2 Commercialisation
3.2.1 Structure et coût de la distribution actuelle
3.2.2 Programme de commercialisation des produits du projet (stratégie, frais, revenu
des vente etc…)
3.2.3 Perspectives du marché en rapport avec les stratégies de développement à long
terme du pays
3.3 Approvisionnement : modalités, sources, garanties, coûts, etc…

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 24


4. DESCRIPTION TECHNIQUE DU PROJET

4.1 Choix technique et justification


4.1.1. Procédé de production : description des différents procédés possibles, choix
d’un procédé en fonction de son adéquation aux conditions locales, de sa
compétitivité, de sa flexibilité, de ses références internationales.
4.1.2. Capacité de production (nominale, réelle, extensibilité) : préciser les
éléments qui déterminent la capacité réelle de production
4.2 Calendrier de mise en œuvre

La phase de mise en œuvre, qui va de la décision d’investir au début de la production


commerciale, doit être planifiée pour éviter certains dépassements de coûts très
préjudiciables à la rentabilité du projet.
Ce calendrier devra tenir compte des éléments suivants : études, ingénierie, construction,
essai et démarrage.
4.3 Description des investissements
4.3.1 Investissements spécifiques au projet
a- Génie civil
b- Equipement
c- Infrastructure
Il faudra préciser pour chaque type d’investissement les modalités de réalisation et de
passation des marchés.

4.3.2 Autres investissements


4.4 Personnel et formation
4.4.1 Besoins en personnel d’exécution
4.4.2 Besoins en personnel d’encadrement
4.4.3 Programme de formation et de relève de l’assistance technique.

Il serait souhaitable que l’organigramme du projet ainsi qu’une description détaillée des
postes soient présentés

4.5 Programme de production : volume de production annuel par type de produit en


fonction des conclusions de l’étude de marché et de la capacité de production.
4.6 Exploitation
4.6.1 Description technique de l’exploitation
4.6.2 Justification des normes techniques retenues
- principales consommations spécifiques
- rendements
- pertes
- entretien
- renouvellement de matériel
4.6.3 Evaluation technique du fonds de roulement et de son évolution dans le temps

5. COUT DU PROJET :
(voir liste détaillée des dépenses d’investissement et d’exploitation)
5.1 Les investissements
5.1.1 Evaluation des coûts du projet :
Ces coûts seront répartis en dépenses locales, dépenses en devises et taxes à l’aide d’un
tableau de la forme ci-après

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 25


RUBRIQUES DEPENSES EN DEPENSES
MONNAIES EN TAXES
LOCALES DEVISES
Génie Civil
Matériel
Etudes et ingénierie
Assistance technique
Formation
Dépenses de 1er établissement
Intérêts intercalaires
Fonds de roulement
Provisions pour imprévus techniques
Provisions pour hausse des prix etc…

TOTAL

5.1.3 Evaluation des amortissements techniques

Les amortissements pourront être présentés de la manière suivante :

Nombre Durée Année


Désignation d’unités Valeur de vie 0 1 2 …………..n
Frais et immobilisations incorporels
Immobilisations corporelles
* Construction
* Machines
* Véhicules
Etc…

5.2 Exploitation
5.2.1 Evaluation des coûts d’exploitation
5.2.2 Etude du prix de revient (par unité physique ou par produit).
6. LISTE DETAILLEE DES DEPENSES D’INVESTISSEMENT ET D’EXPLOITATION

I-/ INVESTISSEMENT

1. Frais et valeur des immobilisations incorporelles

1.1 Prospection
1.2 Etudes et recherches
1.3 Ingénierie
1.4 Brevets , licences, marques, procédés, modèles, dessin
1.5 Fonds de commerce et droit au bail
1.6 Frais d’acquisition et de mise en service des immobilisations
1.7 Concessions
1.8 Frais de constitution de société
1.9 Intérêts intercalaires
2. Terrains
2.1 Terrains de construction et chantiers

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 26


2.2 Terrains d’exploitation industrielle
2.3 Autres terrains

Les terrains seront évalués à leur coût de revient c’est à dire : prix d’achat + frais
notariaux + taxes et frais d’enregistrement + Frais de viabilisation.

3. Immobilisations corporelles

3.1 Constructions
3.1.1 Ouvrages d’infrastructure
3.1.2 Bâtiments
3.1.3 Logements du personnel
3.1.4 Autres bâtiments d’exploitation
3.1.5 Raccordements aux réseaux d’eau, d’électricité, de téléphone, d’égouts etc…
3.2 Machines et matériels d’exploitation
3.2.1 Matériel et outillage
3.2.2 Matériel d’emballage
3.2.3 Matériel d’entretien
3.2.4 Matériel de transport
3.2.5 Matériel de bureau
3.2.6 Pièces de rechange
3.2.7 Consignes

4. Assistance technique
5. Formation
6. Fonds de roulement
7. Provisions pour imprévus techniques et hausses de prix

II-/ EXPLOITATION

1. Matières et fournitures consommées


1.1 Matières premières
1.2 Matières consommables, fournitures et divers
1.2.1 Combustibles
1.2.2 Produits d’entretien
1.2.3 Fournitures (atelier, usine, magasin, bureau)
1.2.4 Electricité
1.2.5 Eau
1.2.6 Carburant et lubrifiants
1.2.7 Divers
1.3 Emballages commerciaux récupérables
2. Transport et déplacements
3. Autres services
3.1 Loyers et charges locatives
3.2 Honoraires et frais d’actes.
3.3 Services extérieurs (banques, publicité, P.T.T, Hôtels, etc…)
3.4 Commissions et courtages

4. Frais de personnel
4.1 Rémunération du personnel sénégalais ;
4.2 Rémunération du personnel expatrié
4.3 Indemnités du personnel

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 27


4.4 Charges sociales

5. Impôts et taxes
5.1 Impôts et taxes directs
5.1.1 Patentes, licences et taxes annexes
5.1.2 Taxes sur salaires
5.1.3 Taxes de développement
5.1.4 Autres impôts et taxes directs
5.2 Impôts et taxes indirects
5.2.1 Taxe sur le chiffre d’affaires
5.2.2 Taxes spécifiques
5.2.3 Autres impôts et taxes indirects
5.3 Impôts, taxe et droits d’enregistrement
5.4 Autres impôts et droits d’enregistrement
6. Dotations aux amortissements
6.1 Dotations aux amortissements des frais immobilisés
6.2 Dotations aux amortissements des immobilisations
7. Dotations aux provisions
7.1 Dotations aux provisions pour risques physiques
7.2 Dotations aux provisions pour risques financiers

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 28


ANALYSE FINANCIERE DE PROJET

1. INTRODUCTION

L'évaluation financière permet de se prononcer sur la viabilité financière du projet. Elle répond à
cinq types de préoccupations :

- déterminer le montant des ressources financières nécessaires à la réalisation et à


l'exploitation du projet ;

- déterminer le type de financement et la politique financière à adopter pour le projet


;

- analyser les variantes de projet en vue de choisir la meilleure ;

- calculer la rentabilité financière du projet ;

- calculer les risques financiers liés au projet ;

La réponse à toutes ces interrogations passe par la confection et l'utilisation d'outils comptables dont
les principaux procèdent des comptes d'investissement et d'exploitation.

L’analyse financière intervient dans la phase conception d’un projet à deux niveaux :

- au cours de l’étude de préfaisabilité ou d’identification avec comme méthode d’analyse,


l’analyse financière sommaire (AFS) ;

- durant l’étude de faisabilité où la technique préconisée est l’analyse financière détaillée


(AFD).

1.1. Distinction entre analyse financière sommaire et analyse financière détaillée.

Cette distinction se justifie pour les raisons suivantes :

- éviter l'apparition de projets difformes ou mal conçus ;

- permettre des modifications dès la maturation du projet ;

- faire intervenir l'étude financière le plus tôt possible, lors de la préparation des projets;

- éviter la difficulté de mener, dès le début, une analyse financière détaillée car elle a le défaut non
seulement d'être un travail important qu'il serait fastidieux et couteux de répéter pour chaque
variante mais aussi de s'inscrire dans un cadre comptable qui demande des éléments dont on ne
dispose pas toujours dans la phase de pré-faisabilité.

A cette fin, on procédera en premier lieu à l'étude financière sommaire, dès le début du processus
(étapes d’identification et de pré-faisabilité) alors que l'AFD sera effectuée en dernier lieu (étape
faisabilité et peut se poursuivre à l’étape évaluation proprement dite).

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 29


2. L’ANALYSE FINANCIERE SOMMAIRE

C’est une méthode extra comptable de calcul rapide de la rentabilité de variantes d’un projet. L’outil
qu’elle utilise à cet effet est l’Echéancier des Flux Financiers (EFF) constitué à partir des dépenses
d’investissement ainsi que des dépenses et recettes d’exploitation du projet.

2.1. But de l’AFS

Le but de l’AFS est de :


- déterminer le montant des investissements
- déterminer le type de financement
- procéder au choix de la meilleure variante
- déterminer la rentabilité du projet hors conditions fiscales et financières
- se prononcer sur les risques financiers liés au projet

2.2. les étapes de l’AFS

Pour effectuer une AFS il faut passer par les étapes suivantes :

− Élaboration du tableau des investissements et estimation de leurs coûts;


− Estimation du Fonds de roulement (FDR) ;
− Estimation des dépenses et recettes d’exploitation ;
− Elaboration de l’Echéancier des Flux Financiers (EFF) ;
− Détermination de la rentabilité du projet.

Les hypothèses sur lesquelles l’AFS se base sont les suivantes :

- 1°) l’analyse s’effectue hors conditions financières et fiscales. On suppose que le projet sera
non seulement réalisé sur fonds propres et sans recours à l’endettement, mais aussi exonéré
d’impôts. L’objet principal de l’AFS étant l’analyse de variantes, la meilleure variante choisie
hors conditions financières et fiscales sera toujours la meilleure lorsque ses conditions seront
introduites pour autant qu’elles appartiennent au même environnement.

− On ne tient pas compte de l’amortissement mais plutôt des renouvellements. Dans le tableau
de l’EFF, les dépenses et les recettes sont inscrites à la période où elles interviennent. Ainsi, un
véhicule d’une durée de vie économique de 5 ans et d’une valeur de 10 millions de um utilisée
à partir de l’année (1) sera renouvelé à l’année (6) pour le même montant. Inclure
l’amortissement reviendrait à compter 2 fois la valeur de cet investissement.

− Les flux financiers sont calculés en monnaie constante. En effet, tous les flux futurs sont
ramenés à leur valeur actuelle de l’année (0) afin de comparer des grandeurs comparables. Loin
d’ignorer l’inflation, cette simplification suppose que les prix des biens et services produits et
consommés par le projet évoluent parallèlement.

2.3. L’Echéancier des Flux Financiers (EFF)

C’est l’outil principal utilisé par l’AFS pour étudier la viabilité financière d’un projet ou de
variantes de projet.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 30


2.3.1. Définition de l’EFF

La somme algébrique du coût de l’investissement, des dépenses et des recettes d'exploitation,


représente par définition le flux financier net ou cash flow net (différent de la notion courante du cash
flow comptable).

On peut donc décrire un projet d'investissement par un échéancier de flux financiers nets, se présentant
de façon synthétique sous la forme d'un tableau récapitulant, année par année, l'ensemble des dépenses
d'investissement et de renouvellement, des dépenses d’exploitation et des recettes. Le solde cumulé en
fin d'échéancier donnera la valeur nette du projet qui, bien sûr, devra être positive pour que le projet,
ou la variante, soit retenue.

L’EFF est articulé autour de six rubriques principales :

-les investissements et renouvellements


-la dotation en fonds de roulement (FDR)
-les dépenses d’exploitation
-les recettes d’exploitation
- les flux nets annuels, différence entre d’une part le total des investissements et
renouvellements, de la dotation en FDR et des dépenses d’exploitation et d’autre part le total
des recettes, valeurs résiduelles et reprises de FDR
- les flux nets cumulés

L’EFF découle des informations fournies par les études techniques, commerciales,
organisationnelles et institutionnelles. Il permet de présenter les dépenses d'investissement et de
renouvellement, le fonds de roulement, les dépenses d'exploitation et les recettes attendues.

La rubrique recettes de ce tableau est constituée des éléments suivants :

- Chiffre d'affaires annuel


- Valeur résiduelle des investissements
- Reprise du fonds de roulement

Les valeurs résiduelles ainsi que la reprise du fonds de roulement sont comptabilisées à la dernière
année d'exploitation du projet.

Les dépenses d'exploitation sont comptabilisées en ne tenant pas compte des aspects financiers et
fiscaux du projet. En d'autres termes elles n'intègrent ni les amortissements, ni les provisions, ni les
intérêts et l'impôt sur le B.I.C.

La construction du tableau appelle les remarques suivantes :

1°) Choix de la durée de la période d’investissement et d’exploitation

Un projet est caractérisé par deux périodes essentielles :

- une période de réalisation des investissements ;


- une période de fonctionnement ou d’exploitation.

A chacune de ces périodes correspond une durée spécifique qu’il est indispensable de préciser lors
de l’analyse financière.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 31


Si généralement la période d’investissement ne pose pas de problèmes particuliers, par contre, en ce
qui concerne la durée de la période d’exploitation plusieurs cas de figure sont à envisager selon la
nature du projet. Ainsi pour :

- les projets industriels et commerciaux, la période de calcul doit correspondre à la durée de vie
économique, physique, technologique du matériel d’exploitation principal tels que machines
outils, chaîne de montage mécanique, autobus pour une société de transport, etc. ;
- les projets miniers ( cuivre, pétrole, marbre, etc.) la durée d’exploitation est fixée par rapport
au temps nécessaire pour épuiser le stock de matières premières ;
- pour les projets sociaux (alphabétisation, planning familiale, etc. .), la durée est déterminée par
le temps nécessaire pour toucher toute la population cible.

2°) Convention de notation des années

Certains analystes positionnent les années de la façon suivante :

- année 0 : année d'investissement (lorsque celui-ci dure un an). Elle correspond à l’année de
mobilisation des fonds et de réalisation des investissements.
- ou - n, . . . , - 2, - 1, 0 : années d'investissement (lorsque celui-ci dure plusieurs années).
- année 1, 2…. : première année d'exploitation,
- année 2 : deuxième année d’exploitation, etc.

L’objectif recherchée pour les deux premières méthodes est de faire coïncider l’année 1 à la première
année d’exploitation. La méthode ignore cette préoccupation en faisant coïncider l’année 1 au début
des investissements.

D'autres analystes positionnent en année 1 le début des investissements et ainsi de suite, les
investissements pouvant être réalisés les années 1, 2, 3, ...n. La première année d'exploitation sera alors
positionnée à l'année 1, 2, ..., etc. , selon la situation réelle.

Dans le premier cas, la première année de l'investissement, (année 0), est actualisée avec un coefficient
égal à 1, puis les années suivantes aux coefficients d'actualisation correspondant ce qui voudrait dire
que le montant total des investissements est versé, en une seule fois, au début de la première année
d'investissement (au cas où l'investissement est réalisé en 1 an).

Dans le second cas, la première année de l'investissement est actualisée à l'aide du coefficient
d'actualisation de la 1ère année donnée par les tables ce qui voudrait dire que la totalité des
investissements (s'ils sont réalisés en 1 an) serait réglée en une seule fois, à la fin de la 1ère année.

Qu'il s'agisse du premier ou du second cas, ces hypothèses sont irréalistes car en fait les
investissements seront échelonnés, et payés, pendant toute la durée de la réalisation. Ce qui est
important, en choisissant l'une ou l'autre convention, c'est de la suivre scrupuleusement tout au long du
raisonnement de façon à n'introduire ni distorsion ni erreur systématique dans le classement des projets
que l'on compare à l'aide de l'actualisation.
Le choix d'une convention n'aura donc pas d'incidence lorsqu'il y aura à classer plusieurs projets ou
investissements entre eux à condition d'adopter toujours la même convention pour l'ensemble de
l'étude.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 32


2.3.2. Présentation du tableau de l’EFF

Généralement l'EFF se présente sous la forme d’un tableau dont un exemple est indiqué ci-dessous
:

Echéancier des Flux Financiers


Années
Rubriques 0 1 ……………… n

A.Investissements et renouvellements

- Frais immobilisés
- Terrains
- Immobilisations corporelles
Etc.
B.Dotation en FDR

C.Dépenses d’exploitation
- Matières et fournitures consommées
- Transports et déplacements
- Autres services
- Frais de personnel
Etc.,
D.Recettes d’exploitation
- Chiffre d'affaires
- Valeur résiduelle x
- Reprise du fonds de roulement y
E.Flux nets annuels
(E = D -A - B - C)
F.Flux nets cumulés

Le solde de ce tableau permet de calculer la rentabilité intrinsèque du projet. Mais auparavant,


précisons le contenu des rubriques qu’il comprend.

1°) Etablissement des échéanciers d'investissement et de renouvellement

C’est un tableau qui retrace année par année et pour toute la durée de vie du projet, les coûts initiaux
et le renouvellement des investissements nécessaires au fonctionnement du projet.

D’un point de vue comptable, les investissements représentent les moyens de production dont
l’utilisation s’étale sur plusieurs exercices. Ce sont des mobilisations de ressources à long ou moyen
terme dans le but d’en tirer des avantages nets dans le futur. La mise en place des moyens de
production fait intervenir un ensemble de flux tels que ceux :

• liés à l’acte d’investissement : études préalables et recherches, achat de terrains,


constructions, génie civil, matériel d’exploitation, matériel roulant, mobiliers de bureau,
etc. ;
• résultant de la mise en route du projet : frais de premier établissement, frais de montage,
formation du personnel, besoins en fonds de roulement ;

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 33


• réalisés en cours d’exploitation afin de maintenir l’outil de production : renouvellements
d’équipements, réhabilitation ;
• réalisés en cours d’exploitation en vue d’accroître ou de diversifier la capacité de
production : nouveaux équipements, augmentation du FDR.
• Enfin des intérêts intercalaires viennent s’ajouter au montant des investissements. Il s’agit
des intérêts sur le capital emprunté payés durant la période d’investissement initial, avant
le début de l’exploitation.

Un exemple de tableau des échéanciers d’investissements et de renouvellement est présenté ci-


dessous.

RUBRIQUES 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Investissements et Renouvellements
Frais et immobilisations incorporelles y compris
les intérêts intercalaires 30
Terrain 50
Constructions (20 ans) 5 00
Machines et matériel d’exploitation ( 8ans) 9 60
Matériels et outillages etc.(5 ans) 60 60
Matériel roulant (4 ans) 50 50
Matériel et mobilier de bureau (8 ans) 15
Etc.

TOTAL 1665 50 60

- Le montant annuel des dépenses nécessaires est obtenu par addition pour chaque
année des coûts des investissements et des renouvellements. Les totaux obtenus,
ajoutés aux dotations en FDR constituent ainsi les dépenses en capital auxquelles le
projet doit faire face durant son existence.

2°) Estimation des besoins et de la dotation en FDR

Le fonds de roulement se définit comme la partie des capitaux circulants qui n'est pas financée par
les dettes à court terme, mais par des capitaux permanents ou inversement. C'est là une première
approche qui met l'accent sur l'équilibre des emplois et des dettes à court terme.
Une seconde approche définit le fonds de roulement comme la partie des capitaux permanents qui
n'est pas utilisée pour le financement des valeurs immobilisées.

Si le fonds de roulement est constaté sur simple exploitation des montants inscrits sur le bilan du
projet en tant qu'entité autonome, l'appréciation du besoin en fonds de roulement pose des
problèmes d'une autre nature car faisant appel à des données propres à l'exploitation du projet. Sa
mauvaise appréciation peut conduire à un gaspillage de ressources rares ou à des difficultés de
trésorerie.

Le fonds de roulement est une des formes de l’investissement ; il fait partie de l’outil de
production (« capital économique ») de la même façon que les constructions ou les équipements
engagés dans le projet. Il s’agit d’un facteur essentiel de la viabilité financière.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 34


Le besoin en fonds de roulement provient du « cycle d’exploitation ». Pour réaliser son objet, un
agent productif achète, transforme puis vend : c’est le cycle « Achat-Transformation-Vente". Au
début du cycle l’achat des matières premières, le paiement des salaires, la rémunération des agents
commerciaux, le stockage, etc… créent des besoins de financement avant que la vente du produit
transformé ne vienne (en fin de cycle ) rémunérer l’activité. Ces besoins de financement se
renouvellent à chaque cycle. Pour un même produit, ces cycles sont souvent continus, s’imbriquant
les uns dans les autres, sauf dans le cas des activités fortement saisonnières (agriculture, certaines
industries agro-alimentaires, tourisme, industries du jouet…)

Ce décalage dans le temps entre les flux monétaires sortants (achats d’intrants) et les flux
monétaires entrants (vente du produit) oblige l’agent à disposer de fonds pour faire face à l’excédent
de ce qui est dû sur les cycles engagés par rapport à ce qui a été récupéré (par la vente) sur les cycles
passés. Ce besoin évolue selon le volume de production notamment dans la période de montée en
puissance.

De plus : des délais de paiement sont souvent accordés par les fournisseurs, et, de l’autre côté, des
délais de paiement sont consentis aux clients…

Achats «Transformation Vente

(stockage) (stockage)

FLUX PHYSIQUES

Crédit FLUX MONETAIRES SORTANTS Crédit F.M


fournisseur client ENTRANTS

Temps

Période de « besoin de trésorerie »

Le décalage des flux

Financièrement, le cycle d’activité se traduit donc par une immobilisation de capitaux sous forme de
stocks (d’intrants et de produits), immobilisation qui est raccourcie par les délais de paiement aux
fournisseurs (dettes commerciales). En termes comptables, le besoin en fonds de roulement
d’exploitation (BFRE) est ainsi égal à :

BFRE = + Stocks produits + Stocks intrants + Sommes dues par clients


– Sommes dues aux fournisseurs

REMARQUE : Il faut généralement prévoir un fonds de roulement supérieur au BFR


d’exploitation du fait de la nécessité de financer également la trésorerie (besoins résultant du service
de la dette, par exemple)

L’accroissement d’activité durant les premières années (période de montée en puissance du projet),
ou à certaines phases du projet (nouvel investissement …) se traduit par des argumentations du

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 35


fonds de roulement servant à financer de manière stable l’augmentation des besoins. On inscrit ces
augmentations du fonds de roulement au fur et à mesure en investissements.

A la fin de la durée de vie du projet, le montant total du fonds de roulement constitue une valeur
résiduelle et doit donc, à ce titre, faire l’objet d’une « reprise » du fonds de roulement.
L'estimation du besoin en fonds de roulement du projet doit tenir compte au moins de quatre
éléments fondamentaux consécutifs à la phase d'exploitation du projet :

- les salaires et charges sociales


- les stocks qui comprennent les stocks de matières premières et fournitures, les stocks de
produits intermédiaires et enfin les stocks de pièces de rechange et de produits finis.
- les créances (clients et effets à recevoir)
- les crédits fournisseurs ou crédits à court terme (fournisseurs et effets à payer).

Des ratios significatifs peuvent être dégagés à partir de ces éléments et aider à la
détermination du montant optimum de ce besoin en fonds de roulement. On peut aussi se
référer aux usages des différents secteurs pour la détermination des ratios.

a°) Salaires et charges sociales

Il importe de retenir, surtout au tout début de l'activité du projet, qu'il y aura un décalage entre la
perception des recettes et le paiement des salaires soumis à la règle de la mensualité. C'est de
l'appréciation de ce décalage que doit découler l'estimation des sommes à réserver à ce poste de
charge.

b°) Stocks :

On doit analyser leur durée de rotation dans l'année. Ainsi, on obtient le nombre de mois nécessaires
pour que l'ensemble des stocks se transforme en chiffre d'affaires en procédant au calcul suivant :
Stock Global
vitesse de rotation = --------------------------------------------------- x 12
Prix de revient des ventes annuelles

Plus le résultat donné par ce ratio est élevé, plus le financement du stock est coûteux et plus le
besoin en fonds de roulement s'accroît et inversement.

c°) Créances :
On doit calculer la vitesse de rotation des créances et apprécier ainsi le délai moyen des
encaissements :
créances
délai moyen des créances = ---------------- x 12
ventes TTC

Pour les crédits à court terme:

On doit calculer la vitesse de rotation pour apprécier le délai moyen de règlement des fournisseurs
qui est égal à :
crédits fournisseurs
--------------------------------------------------------------------------------
stock début d'exercice +achats de la période - stock final

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 36


Le rapprochement des délais d'encaissement et de règlement permet l'estimation du montant du
besoin en fonds de roulement.

Une approche au cas par cas s'impose dès lors que le niveau du montant requis en matière de fonds
de roulement est très dépendant de la nature des activités menées au sein du projet dans sa phase de
fonctionnement.

d°) Exemple de calcul des besoins et de la dotation en FDR

Soit, pour un projet de production de jus de fruit les informations suivantes relatives au fonds de
roulement :

- Salaires : 3 mois

- Stocks :
Matières premières importées : 4 mois
Matières premières locales : 2 mois
- Crédit fournisseurs : les fournisseurs de matières premières locales accordent au projet un délai de
paiement de 1 mois (30 jours).
- Créances clients : il est accordé aux clients un délai de paiement de 1,5 mois
- l’usine travaillera à 60 % de sa capacité la première année, 85% la deuxième année et 100% la
troisième année (année de croisière).
- Extrait du compte de résultat (année de croisière) :
Coût annuel des matières premières importées : 210 millions
Coût annuel des matières premières locales : 120 millions
Charges salariales annuelles : 240 millions
Chiffre d’affaires annuel : 1000 millions
- Sur la base de ces informations, on peut déterminer la dotation en FDR dans le tableau présenté à
la page suivante :

CALCUL DE LA DOTATION EN FDR

Rubriques Année 1 Année 2 Année 3


Montée en croisière 60% 85% 100%
1. Besoins
Matières 1ères locales 20 x 0,6 = 12 20 x 0,85 = 17 120 x 2 = 20
12
Matières 1ères importées 70 x O,6 = 42 70 x 0,85 = 59,5 210 x 4 = 70
12
Salaires 60 x 0,6 = 36 60 x 0,85 = 51 240 x 3 = 60
12
Créances clients 125 x 0,6 = 75 125 x 0,85 = 106,25 1000 x 1,5 = 125
12
Total besoins 165 233,75 275
2. Facilités
crédit fournisseurs 10 x 0,6 = 6 10 x 0,85 = 8,5 120 x 1 = 10
12
3. Besoins nets 165 – 6 = 159 233,75 – 8,5 = 225 275 – 10 = 265
4. Dotation FDR 159 225 – 159 = 66 265 – 225 = 40

La dernière ligne du tableau sera inscrite dans l’EFF sur la ligne dotation FDR.
Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 37
3°) Calcul des Valeurs résiduelles

Sur le tableau des échéanciers d’investissements et de renouvellements présenté ci-dessous


déterminons les valeurs résiduelles sachant que le projet a une durée de 8 ans.

- les frais d’établissements, d’ingénierie, etc., n’ont pas de valeur résiduelle.


- le terrain servant à la construction de l’usine sera comptabilisé à sa valeur d’acquisition, car
il ne se déprécie pas.
- Les constructions auront une valeur résiduelle égale à : 500 x 12 = 300
20
- Les machines et matériels d’exploitation ainsi que les matériels et mobiliers de bureau ne
seront pas comptabilisés dans les valeurs résiduelles dans la mesure où leur durée est de 8
ans.
- Valeur résiduelle du petit matériel et outillage : 60 x 4 = 40
6
- Matériel roulant : valeur résiduelle = 0

Tableau des échéanciers d’investissements et de renouvellements

RUBRIQUES 0 1 2 3 4 5 6 7 8

Investissements et Renouvellements

Frais et immobilisations incorporelles y


compris les intérêts intercalaires 30
Terrain 50
Constructions (20 ans) 5 00
Machines et matériel exploitation(8ans) 9 60
Matériels et outillages etc.(6 ans) 60 60
Matériel roulant(4 ans) 50 50
Matériel et mobilier de bureau (8 ans) 15
Etc.

TOTAL 1665 50 60

Au total les valeurs résiduelles pour ce projet sont égales à :

Rubriques Valeurs
Résiduelles
Terrain 50
Constructions 3 00
Matériels et outillages 40
Total 3 90

4°) Détermination des flux nets annuels et flux nets cumulés

Le tableau de la page suivante présente un échéancier des flux financiers. Les flux nets annuels
sont déterminés à partir de l’expression suivante :

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 38


Total recettes – (total investissements + renouvellements + dotation FDR + dépenses
d’exploitation) = Flux nets annuels

Les flux nets cumulés sont calculés comme suit :


Flux cumulés de l’année 0 = flux annuel net de l’année 0 = - 960
Flux cumulés de l’année 1 = flux cumulé de l’année 0 + flux net annuel de l’année 1
= - 960 + 76,16 = - 883, 84 et ainsi de suite.

A partir de l’EFF on peut déterminer :

- le coût du projet qui est égal à : 960 + 298, 33 = 1258, 33


- type de financement : en effet, les flux cumulés sont négatifs pendant 4 années, et ce, hors
conditions fiscales et financières. Si l’on doit donc recourir à des emprunts pour financer le
projet, il faut négocier un prêt d’une durée > à 4 ans.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 39


ECHEANCIER DES FLUX FINANCIERS
années
Rubriques 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Investissements et renouv
non valeurs 10
Terrain 25
batimements et bureaux 200
matériel d'exploitation 560
équipements divers 90 90
Véhicule 50 50
mobilier de bureau 25
sous total invest et renouv 960 0 0 0 0 0 50 90 0
dotation FDR 208,83 89,50
Dépenses d'exploitation
Matières premières locales 140 200 200 200 200 200 200 200
Matières premières importées 84 120 120 120 120 120 120 120
Énergie 21 30 30 30 30 30 30 30
Entretien 25 25 25 25 25 25 25 25
frais généraux 40 40 40 40 40 40 40 40
Salaires 140 200 200 200 200 200 200 200
sous total dépenses 450 615 615 615 615 615 615 615
total invest + FDR + dépenses 960 658,83 704,5 615 615 615 665 705 615
recettes d'exploitation

ventes de jus 735 1 050 1 050 1 050 1 050 1 050 1 050 1 050
reprise FDR 298,33
valeurs résiduelles 225

total recettes 735 1 050 1 050 1 050 1 050 1 050 1 050 1573
flux nets annuels -960 76,16 345,5 435 435 435 385 345 958,33

flux nets cumulés -960 -883,83 -538,33 -103,33 331,67 766,67 1151,67 1496,67 2455
van ( 30 %) -0,00 F
van (20%) 22,71 F TRI 30,742%

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 40


2.4. Calcul de la rentabilité sommaire

La rentabilité intrinsèque est la rentabilité du projet du point de vue de l'ensemble de


l'investissement réalisé quelqu'en soient les modes de financement et d'imposition des
bénéfices. Les critères les plus utilisés sont classés en deux grandes catégories :

- ceux qui ne font pas recours à l’actualisation : le délai de récupération et le rendement


de l’unité monétaire investie.

- Ceux qui utilisent l’actualisation : la VAN ou bénéfice actualisé et le TRI

Les critères de rentabilité permettent de rapprocher des coûts et des avantages


quantifiés par une procédure de calcul dont le résultat est exprimé par un seul chiffre.
Ils s’appliquent aux différents stades du cycle de projet et pour les différents plans
d ‘analyse financière et économique.

Chaque critère a une signification propre, de sorte que l’application conjointe de plusieurs
d’entre eux permet de décrire la rentabilité sous différents angles. Cette diversité enrichit la
compréhension des enjeux et des risques, garantissant ainsi une meilleure décision.

Remarques :

1. Tous ces critères peuvent être calculés lors d’évaluation ex-ante ou ex-post dès lors que
l’on dispose des chroniques de données (coûts et avantages) nécessaires.

2. Pour l’analyse financière comme pour l’analyse économique, ce sont les flux
additionnels de coûts et d’avantages qui doivent servir au calcul de ces critères.

3. Tous les critères, à l’exception parfois du délai de récupération et du rendement de


l’unité monétaire investie, sont calculés à partir de données en prix constants

2.4. 1. Méthodes n’utilisant l’actualisation

Parmi ces méthodes nous trouvons le délai de récupération et le rendement de l’unité


monétaire investie.

1°) Le délai de récupération :

a) Définition

C'est le temps nécessaire pour que les recettes du projet déduction faite des dépenses
d’exploitation équilibrent le montant des dépenses d’investissement.
C’est également le délai nécessaire pour que le montant des flux financiers positifs équilibrent
le montant des flux financiers négatifs, pour que la somme algébrique des flux devienne
positive.
Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 41
Il est calculé à partir de la formule suivante :

d n
délai de récupération = d, tel que : ∑ (Rp – Dp) = ∑ Ip
p=0 p=0
ou bien :
d d
délai de récupération = d, tel que : ∑ Rp = ∑ (Dp + Ip)
p=0 p=0

Avec :
Rp = recettes ou avatanges bruts
Dp = dépenses ou coûts de fonctionnement
Ip = coûts d’investissement
d = délai de récupération
Exemple : soit l’EFF suivant :

Rubriques Année 0 Année 1 Année 2 Année 3 Année 4 Année 5


Investissements 30
Charges d'exploitation 4 4 4 4 4
Recettes d'exploitation 12 12 12 12 20
Flux nets annuels -30 8 8 8 8 16
Flux nets cumulés -30 -22 -14 -6 2 18

A partir de ce tableau on peut déterminer le délai de récupération qui est de 4 ans à partir du
début de la période d’exploitation.

En analyse financière, par exemple, le délai de récupération est donné par l’année au cours de
laquelle le solde cumulé de trésorerie (calculé sans inclure les capitaux propres en flux entrants)
devient positif.

b. Utilisation
Le délai calculé indique la période où les immobilisations consenties sont récupérées :
l’investissement « financier » pour l’agent ou les immobilisations « économique » du
point de vue de la collectivité.

c. Intérêt
• Signification claire
• Simple à calculer.
• Utile quand les contraintes de financement dominent : l’investisseur a alors besoin d’une
récupération rapide du capital investi.
• Critère particulièrement bien adapté pour l’analyse financière du point de vue des
investisseurs dans les projets à risque.
Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 42
d. Limites

- Ce critère n’indique pas quel est l’échelonnement dans le temps des


avantages. Pour un délai de récupération donné, le rythme de récupération
n’apparaît pas : la récupération peut s’effectuer au début ou à la fin de la
période en question ( ce qui influe sur la rentabilité pour l’investisseur).
- Il présente l'inconvénient de ne pas tenir compte des flux qui interviennent
avant et après le délai de récupération. Ainsi, deux projets ou peuvent avoir le
même délai de récupération et des échelonnements de recettes très différents.

- Ce critère est souvent estimé sur la base de séries en prix constants bien que
la véritable récupération ne puisse être calculée qu’en prix courants. Ce point
est particulièrement important en cas d’hyper inflation.

- Ce critère est surtout utilisé par un investisseur étranger qui cherche à


récupérer au plus tôt ses investissements dans un pays à risque politique.

e. Décision :

Entre deux projets ou variantes de projet, il faut choisir le projet ou la variante


qui a le délai de récupération le plus court.

2°) Le rendement de l’unité monétaire investie :

a) Définition

Il existe plusieurs formes de ratio avantage-coût que l’on construit en fonction des
besoins spécifiques d’information sur le projet. L’exemple ci-dessous relève des
formes les plus courantes .
Le critère de rendement de l’unité monétaire investie est calculé en divisant la somme
des avantages nets par le coût des investissements et renouvellement
d’investissement :
Il correspond au quotient du montant cumulé des recettes nettes des dépenses
d’exploitation par le montant des investissements et renouvellements.
Il est déterminé par la formule suivante :

n
∑ (Rp – Dp)
p=0
r=
n
∑ Ip
p=0

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 43


Avec : r = taux de rendement de l’unité monétaire investie

Rp = recettes de l’année p ou avantages


Dp = dépenses de l’année p ou coûts
Ip = investissements de l’année p

Exemple : calculons le taux ( r) de l’EFF ci-dessus :

r = 48 = 1,6
30

Interprétation : chaque franc investi rapporte 1,6 francs.

Entre deux projets ou variantes de projet, il faut choisir le projet ou la variante qui a le ( r) le
plus élevé.

b) Utilsation

- Pour que le projet soit intéressant du point de vue de ce critère, il faut que R soit
supérieur au coût total d’investissement divisé par i le nombre d’années de croisière
(N) : R >1
- Entre deux projets ou variantes de projet, il faut choisir le projet ou la variante qui a le (
r) le plus élevé.

c) Intéret

r peut être utile quand la contrainte de financement est forte.

d) Limites

- Ce critère, non actualisé, ne prend pas en compte l’étalement dans le temps des
avantages et des coûts, ni la durée de vie du projet. Cette limitation majeure réduit r à
un usage rapide « en première approximation ».
- L’utilisation de r à des fins de comparaison risque de favoriser les petits projets
nécessitant un faible investissement.
- L’inconvénient majeur de ce critère ( comme celui du délai de récupération) est qu’il
pondère de façon identique les flux de recettes et dépenses quelque soit la période où ils
surviennent. Par exemple 10 millions perçus immédiatement est équivalent à 10 millions
perçus dans 5 ans, ce qui est erroné.

La prise en compte de cette critique a permis la mise au point de la technique


d’actualisation.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 44


2.4.2. Méthodes utilisant l’actualisation

Nous examinons successivement les 3 principaux critères suivants:

- le critère de la somme des flux financiers actualisés, ou des bénéfices actualisés ou


de la valeur actuelle nette (V.A.N.)
- le critère du taux de rentabilité interne (T.R.I.)
- le critère des ratios coût/bénéfice actualisés.

1°) Le bénéfice total actualisé ou la VAN (valeur actuelle nette) :

a. Définition

La valeur actuelle nette, ou bénéfice total actualisé, est égal à la somme des flux
actualisés sur toute la durée de vie du projet : somme des avantages bruts annuels
actualisés diminuée de la somme des coûts annuels actualisés. Elle est donc égale à
la somme des avantages nets actualisés.

Pour un taux d'actualisation donné, le bénéfice actualisé (actualisation des flux


financiers) s'obtient par la formule suivante:

p=n
Rp – Dp – Ip
VAN = B =
(1 + i) p
p=0

Avec: Ip = Investissement de l'année p


Rp = Recettes de l'année p
Dp = Dépenses d'exploitation de l'année p
i =Taux d'actualisation

b. Utilisation

- Le projet est acceptable dès lors que :VAN >0.

- Entre deux variantes d'un même projet, ou deux projets, on considère que celle
ou celui qui présente le bénéfice total actualisé le plus élevé est la (le) plus
intéressant(e).
- Tout projet ayant une van > 0 peut être retenu.

c. Intérêt

En théorie, il s’agit du meilleur indicateur de la valeur réelle du projet.

d. Limites

- La contrainte majeure de l’utilisation de ce critère est la détermination du taux


d’actualisation i.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 45


- En estompant les avantages et les coûts éloignés, ce critère accorde moins
d’importance aux projets fournissant des bénéfices durant une longue période,
ou après une phase assez longue de « montée en puissance ».
- La valeur actuelle nette ne donne aucune indication sur les contraintes de
financement.
- Pour certaines chroniques de flux, le choix du taux d’actualisation peut inverser
le classement des projets selon leur VAN.

2°) Le taux de rentabilité interne (TRI ou TIR) :

a . Définition

Le taux de rentabilité interne est le taux d’actualisation i, qui annule la valeur actuelle
nette ou le bénéfice actualisé.

Le TRI est le taux tel que :

p=n
Rp – Dp – Ip
= 0
p
(1 + i)
p=0

Avec: Ip = Investissement de l'année p


Rp = Recettes de l'année p
Dp = Dépenses d'exploitation de l'année p
i =Taux d'actualisation = TRI

b. Utilisation

- La seule utilisation correcte de cet indicateur est de le comparer à la valeur


(ou à la fourchette de valeurs) du taux d’actualisation i : l’investissement est
acceptable si le TRI > i, et « à rejeter » dans le cas contraire.
- Afin d’éviter des interprétations erronées, il convient d’être attentif au mode de
calcul du TRI : à partir de données en monnaies constante ou courante. Dans
le cas d’une inflation annuelle constante, α, la relation existante entre le TRI
calculé en prix constant, ( TRI const), et le TRI calculé en prix courant,
(TRIcourant) est la suivante :
- TRIcourant = α + TRI constant ( 1 + α )
- Par exemple, soit la situation suivante :
− Le taux d’inflation moyen = α = 15%
− le taux d’intérêt = 18%
Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 46
− et si le TRI calculé en monnaie constante = 10%, doit-on rejeter le projet ou
non ?
− Pour cela il faut d’abord transformer le TRI const en TRIcourant, puis
comparer le TRIcourant au taux d’inflation d’intérêt.
− Si le TRIcourant > au taux d’intéret, le projet peut etre financé, sinon, il doit
etre rejeté.
− L’application de la formule donne :

TRIcourant = 0,15 + 0,10 ( 1 + 0,15) = 0,265


TRIcourant = 0,265 > 0,18
Donc le projet peut etre financé.

- Un TRI élevé ne signifie pas une rentabilité plus forte du projet, mais seulement
que si la préférence pour le présent augmentait beaucoup (donc i augmentant)
le projet continuerait à être acceptable.

- Il est donc également erroné (mais pourtant fréquemment constaté) de


comparer entre eux des projets sur la base du montant de leur TRI. Un TRI plus
élevé ne signifie en aucune façon une meilleure rentabilité.

c. Intérêt

- Le calcul du taux de rentabilité interne évite d’avoir à déterminer un taux


d’actualisation avec précision, car c’est une donnée « mathématiquement
interne » à la chronique de flux étudiée. L’ordre de grandeur du taux
d’actualisation doit cependant être connu pour apprécier la valeur du TRI.

- En analyse financière, le taux de rentabilité interne peut être interprété comme


le taux d’intérêt maximal que l’agent pourrait supporter en équilibrant ses
comptes si tous les investissements étaient couverts par un prêt.

- Le TRI est une mesure du « rendement » du capital investi. Cette donnée peut
être comparée au taux moyen du marché financier (si c’est le taux
d’actualisation retenu pour l’agent) dans le cas de l’analyse financière d’un
agent du « secteur moderne », ou bien au coût d’opportunité du capital (si c’est
le taux d’actualisation retenu pour la collectivité) dans le cas d’analyse
économique.
d. Limites

- Difficile à calculer sans une calculette financière ou un tableur.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 47


- Selon le type de chronique de flux, il est possible qu’il existe plusieurs TRI,
voire aucun. Cependant, toute série de données d’abord négatives puis
systématiquement positives n’admet qu’une seule solution de TRI.
- L’utilisation de cet indicateur tend à défavoriser les projets à investissement
initial important ou les projets qui n’atteignent leur régime de croisière qu’après
une longue phase de montée en puissance, même si ces projets fournissent
des avantages élevés durant une longue période ultérieure.
- On ne peut classer les projets selon leur TRI.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 48


2. L’ANALYSE FINANCIERE DETAILLEE (AFD)

2.1. Objet
L'analyse financière sommaire (AFS) intervient dans les phases d'identification et de
pré-faisabilité lorsqu'on peut encore modifier ses principales caractéristiques
techniques et économiques. Elle consiste essentiellement à comparer les variantes
d’un projet et doit aboutir au choix de la meilleure compte tenu des critères de
sélection fixés par le promoteur.

L’analyse Financière Détaillée (AFD), quant à elle, porte sur l’étude approfondie de la variante
choisie. L’AFD est en fait la technique d’analyse financière utilisée dans l'étude de faisabilité et
qui peut se prolonger dans la phase d’évaluation préalable.
Son but est de :

- mettre au point le plan de financement détaillé ;


- Vérifier la capacité de remboursement des emprunts et de renouvellement du matériel ;
- Vérifier l'équilibre de trésorerie du projet ;
- Calculer la rentabilité définitive du projet du point de vue des actionnaires et des
capitaux investis.

2.2. Différence entre AFD et AFS

La différence entre l’AFS et l’AFD porte sur les éléments suivants :

• Prise en compte de l’inflation

Dans l’AFS tous les calculs ont été effectués en monnaie constante. Dans l'AFD, l’étude est menée
en monnaie courante. Il est donc indispensable d’intégrer l’inflation, notamment, en tenant compte
des hausses de prix, poste par poste, tant pour les biens d'investissement que pour les charges
d'exploitation ou les recettes.
Des prévisions de hausse de prix doivent être prévues, ce qui est d'autant plus difficile lorsque l'on
a affaire à des projets avec de longues durées de vie.
En pratique, du fait de la difficulté de prévoir l’inflation sur une longue période, on
procèdera à une limitation de la période sur laquelle porteront les prévisions d'inflation
(entre 3 et 5 ans; maximum 8 ans).
Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 49
• Période de calcul plus courte
La période sur laquelle portera l'AFD est réduite par rapport à l’AFS (entre 8 et 15 années au
maximum). Cette simplification est basée sur l’hypothèse qu’un projet qui ne présente pas signes
de viabilité au durant cette période comporte des risques.

• Intégration des normes comptables dans les calculs


L'étude financière détaillée s’opère dans le cadre comptable classique, ce qui implique :
- le calcul des amortissements selon règles fiscales ;
- l’introduction des conditions financières et fiscales
L’utilisation des états financiers du SYSCOA, pour les pays de l’UEMOA.

2.3. Les étapes de l’AFD

En pratique, l’étude financière détaillée nécessite l’élaboration et l’examen des


éléments suivants :
le tableau d'amortissement des investissements ;
le schéma de financement ;
l’échéancier d'amortissement des emprunts ;
le compte de résultat prévisionnel ;
la capacité maximum d'autofinancement ;
le tableau d'équilibre des ressources et emplois de fonds ;
le calcul de rentabilité définitive du point de vue des actionnaires et des
capitaux investis ;
- les tests de sensibilité.

2.4. Le tableau des amortissements

Les amortissements représentent la perte annuelle de valeur des investissements.


Cette charge calculée – et non réelle n’apparaît que dans les comptes de production –
exploitation (où les dépenses d’investissements n’apparaissent pas en tant que telles),
et jamais dans les comptes de trésorerie ou de bilan des flux. Les amortissements
sont calculés sur la base de dépense passée.
Avant de présenter ce tableau, il convient d’expliciter les 3 acceptations du concept
d’amortissement.

L’amortissement technique ou économique


Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 50
Il repose sur une estimation aussi réaliste que possible de la « consommation » du capital fixe au
cours de la période considérée (en général, un an). Son estimation tient compte de la durée de
vie supposée, mais aussi du prix d’acquisition du bien. Par exemple, un bâtiment dont le coût
d’acquisition est de 24 millions d’UM et la durée de vie effective de 30 ans sera en général
linéairement amorti pour 800 000 UM par an.

L’amortissement fiscal
Il est calculé selon des règles établies par l’administration des impôts. Son calcul s’effectue de
deux manières différentes : amortissement linéaire (annuités constantes) ou amortissement
dégressif (annuités plus fortes les premières années, plus faibles ensuite). En général, les
amortissements qui apparaissent dans le compte de résultat des entreprises sont calculés suivant
la première méthode.

L’amortissement financier

On appelle parfois amortissement financier les annuités que doit effectivement rembourser
l’entreprise qui a eu recours à des emprunts pour financer une partie de ses investissements.

L'établissement du tableau d'amortissement nécessite :

- l'établissement d'un tableau des investissements et de leur renouvellement (sur 8 - 10 ou 12


ans), en monnaie courante. Ce passage d'un échéancier en monnaie constante à un
échéancier en monnaie courante se fera par le calcul et l'application de coefficients
multiplicateurs,

- le calcul des amortissements selon les règles fiscales imposées.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 51


Un exemple de tableau d’amortissement est présenté ci-dessous :

Le tableau d’amortissement des investissements


Désignation Nombre Durée de vie Année
d’unités Valeur unitaire 1 2 3 …n
Coefficient d’inflation 0,1 0,1 0,12
Frais et immobilisations
incorporels
Non valeurs
Immobilisations corporelles
Constructions
Machines
Véhicules
Autres
TOTAL annuités

Il fournit à la fois le récapitulatif et le détail des sommes à affecter à la dépréciation des


immobilisations. Ce sont les annuités d’amortissement, autrement dit les sommes allouées
annuellement à cette dépréciation, qui figurent dans les comptes de résultats prévisionnels
annuels du projet.

3. Les conditions de financement

Elles sont définies dans un schéma de financement qui permet de préciser l’origine et les
modalités de financement des capitaux devant servir à la réalisation du projet.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 52


Tableau Schéma de financement
Montant Taux Taux Différé Date de
Rubrique Devises FCFA intérêts commissions Durée de mobilisation
rembour- des ressources
sement

Capitaux
propres

Emprunts
Emprunt A
Emprunt B
Emprunt C
….

A partir de ce tableau, on calcule le coût moyen des ressources en utilisant la technique des
moyennes pondérées. Le coût moyen obtenu devra être comparé au TRI intrinsèque pour
déterminer si le schéma de financement prévisionnel est compatible avec la rentabilité
intrinsèque précédemment calculée.

2.5. Le tableau de remboursement des emprunts

Pour chaque emprunt, un tableau de remboursement retraçant année par année le service de la
dette du projet (intérêts et principal) devra être établi sous la forme suivante :
Année Année 1 Année 2 Année 3 Etc. . Année n
Capital restant

Intérêts
Remboursement
du principal
Annuités

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 53


Remarques

a) L’annuité ou service de la dette est égal à la somme des intérêts et du principal


b) La somme des remboursements annuels du capital (principal) est égale au montant de
l’emprunt.

2.6. Le compte de résultat

C’est un tableau qui présente année par année, les charges et les recettes d’exploitation du
projet. L’ensemble des comptes de résultats prévisionnels du projet permet de suivre l’évolution
sur plusieurs années ses résultats et de ses moyens financiers internes.
Il indique également les soldes caractéristiques de gestion permettant de procéder à une analyse
fine de la rentabilité et des risques du projet.
Etant donné que l’étude est effectuée en monnaie courante, il ne faut pas oublier d’intégrer
l’inflation dans les calculs. A cet effet, la démarche consiste à :
- chercher les prévisions d’inflation (taux) dans le pays auprès des institutions
économiques ( Ministère de l’économie, du plan et des finances, Direction de la
statistique, etc. .) ;
- à repérer dans le compte de résultat les postes susceptibles de faire l’objet d’une
variation de prix ;
- et d’appliquer les coefficients à ces postes.

Un exemple de compte de résultat préconisé par le SYSCOA est présenté ci-dessous.

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 54


COMPTE DE RESULTAT PREVISIONNEL
Rubriques année 0 année 1 année 2 année 3 année 4 année 5 année 6 année 7 année 8
Coefficient d’inflation 0,1 0,1 0,12 0,12 0,15 0,15 0,15 0,15
Activité d'exploitation
Ventes de produits (1) 800 1400 2000 2000 2000 2000 2000 2000
Achats fibre importée (2) 200 350 500 500 500 500 500 500
Marge brute sur matières (3) =( 1) - (2) 600 1050 1500 1500 1500 1500 1500 1500
Autres achats
Lubrifiants 32 56 80 80 80 80 80 80
Combustibles 4 7 10 10 10 10 10 10
Energie 40 70 100 100 100 100 100 100
Sous total Autres Achats (4) 76 133 190 190 190 190 190 190
Services extérieurs
entretien 30 52,5 75 75 75 75 75 75
frais généraux 30 30 30 30 30 30 30 30
Sous total services extérieurs (5) 60 82,5 105 105 105 105 105 105
Valeur Ajoutée (6) = (3) - (4) - (5) 464 834,5 1205 1205 1205 1205 1205 1205
Charge de personnel (salaires) (7) 210 210 210 210 210 210 210 210
EBE (8) = (6) - (7) 254 624,5 995 995 995 995 995 995
DAP (9) 239,541667 239,541667 239,541667 239,541667 234,541667 235,351667 237,601667 237,601
Résultat d'exploitation (10) = (8) - (9) 14,4583333 384,958333 755,458333 755,458333 760,458333 759,648333 757,398333 757,398
produits financiers (11) 0 0 0 0 0 0 0 0
Frais financiers (12) 209,75 209,75 175,393478 137,601305 96,0299135 50,3013833
Résultat financier (13) = (11) - (12) -209,75 -209,75 -175,393478 -137,601305 -96,0299135 -50,3013833
Résultats AO (14) = (10) + (13) -195,291667 175,208333 580,064855 617,857029 664,42842 709,34695 757,398333 757,398
Impots sur le résultat (15) 0 61,3229167 203,022699 216,24996 232,549947 248,271433 265,089417 265,089
Résultat net (16) = (14) - (15) -195,291667 113,885417 377,042156 401,607069 431,878473 461,075518 492,308917 492,308
CAF (17) = (16) + (9) 44,25 353,427083 616,583822 641,148735 666,42014 696,427184 729,910583 729,910

Elaboré par Ahmadou Traoré, Professeur Associé CESAG 55


Remarques

a) Les intérêts intercalaires (payés avant exploitation du projet), considérés comme


relevant des investissements, n’entrent pas dans la rubrique (intérêts) du compte de
résultat prévisionnel.
b) Par contre, les amortissements des investissements et les amortissements des intérêts
intercalaires sont pris en compte.
c) La capacité maximale d’autofinancement constitue l’avantage que le projet retire chaque
année de ses activités ; elle est égale à la somme du bénéfice net d’impôt et des
amortissements.

2.7. Le tableau des Ressources et empois de fonds

C’est un instrument de mesure des flux financiers pendant une année. Il permet de vérifier la
présence d’un solde net de trésorerie cumulé toujours positif, et à contrario de procéder à des
modifications du schéma de financement d’une part, et d’autre part de s’assurer que le besoin
en fonds de roulement est couvert par le solde de trésorerie cumulé :

0 1 ……… N
A. Capitaux propres
B. Emprunt
C. Capacité maximale d’autofinancement
D. Valeur résiduelle des investissements
E. Reprise du fonds de roulement
F. Total ressources
(F = A + B + C + D + E)
G. Investissement et renouvellements
H. Intérêts intercalaires
I. Fonds de roulement
J. Remboursement du principal
K. Dividendes
L. Total emploi
(L = G + H + I + J + K)
M. Solde de trésorerie
(M = F – L)
N. Cumul solde de trésorerie

56
N.B :
a) La valeur résiduelle d’un bien d’équipement est la valeur comptable du bien à la fin du
projet ; elle est égale à la valeur initiale du bien moins la somme des amortissements
annuels prélevés au titre de ce bien.

b) Reprise du fonds de roulement


Le fonds de roulement ne faisant pas l’objet d’un amortissement comptable, il est normal qu’il
soit récupéré à la fin du projet, autrement dit à la liquidation du projet.
c) les intérêt intercalaires

Ils sont comptabilisés de la même manière que les autres investissements.

2.8. Le calcul des différents niveaux de rentabilité du projet.

Comme dans le cas de la rentabilité intrinsèque, les critères utilisés pour apprécier la rentabilité
financière aux différents niveaux sont le délai de récupération, le bénéfice actualisé et le taux de
rentabilité interne.

a) La rentabilité financière du point de vue des actionnaires

• Le délai de récupération

C’est le temps nécessaire aux actionnaires pour récupérer les capitaux propres investis à partir
des avantages financiers qu’ils obtiennent du projet (dividendes et solde final cumulé de
trésorerie).
• Le bénéfice actualisé, ou valeur actuelle nette
Pour un taux d’actualisation donné, le bénéfice actualisé se calcule de la manière suivante :
P=n – K p + Div p Tn
B= ∑ ------------------ + -----------
P=0 (1 + i)p (1 + i)n

57
Avec : K p = capitaux propres investis à l’année p ;
Tn = solde final de trésorerie ;
Div p = dividendes reçus à l’année p ;
i = taux d’actualisation (en général, on utilise le taux d’intérêt auquel
l’actionnaire pourrait placer ses capitaux)

• Taux de rentabilité interne pour les actionnaires

Le TRI des capitaux propres est le taux d’actualisation qui égalise les capitaux propres (Kp) au
solde final de trésorerie (Tn) plus les dividendes (Divp). Il est donné par la formule suivante :

P=n Div p – K p Tn
∑ ------------------ + ------------ =0
P=0 (1 + i)p (1 + i)n

Avec : K p = capitaux propres investis à l’année p ;


Tn = solde final de trésorerie ;
Div p = dividendes reçus à l’année p ;
i = taux d’actualisation à rechercher
Ce critère permet d’évaluer la rentabilité de l’investissement pour les actionnaires au regard de
l’alternative que constitue le placement de leurs fonds.
N.B : Le solde final de trésorerie est reversé aux actionnaires à la fin du projet.

b) La rentabilité des fonds propres


En plus des dividendes perçus par les actionnaires, cette rentabilité fait intervenir au titre des
avantages les soldes annuels de trésorerie. Ces ressources disponibles dans le projet et non
distribuées aux actionnaires sont considérées comme des réserves.
• Bénéfice actualisé

58
Il est égal à
P=n Div p + T p – K p
B= ∑ ------------------
P=0 (1 + i)p
Avec : K p = capitaux propres investis à l’année p ;
T p = solde annuel de trésorerie de l’année p;
K p = capitaux propres investis à l’année p;
i = taux d’actualisation
Div p = dividendes reçus à l’année p ;

• Taux de rentabilité interne


C’est le taux tel que :
P=n Div p + T p – K p
∑ ------------------ = 0
P=0 (1 + i)p

i = taux d’actualisation, à chercher ; c’est le TRI

c) La rentabilité des capitaux investis

Pour le calcul de la rentabilité des capitaux investis (c’est à dire capitaux propres plus
emprunts), on tiendra compte des conditions particulières de financement du projet, des coûts et
avantages pour les actionnaires et des soldes annuels de trésorerie.

En pratique, la détermination de cette rentabilité peut se faire de deux manières différentes :


- l’utilisation de l’échéancier des recettes et dépenses ;
- l’utilisation d’un tableau retraçant année par année les flux des actionnaires,
ceux des bailleurs de fonds et le solde de trésorerie.

1. L’utilisation de l’échéancier des recettes et dépenses

59
• le bénéfice actualisé
Il est donné par la formule suivante :
P=n F p – Im p
B= ∑ ------------------
P=0 (1 + i)p
Avec : F p = flux financiers à l’année p = flux nets annuels de l’échéancier des flux *
financiers ;
Im p = impôt sur les BIC à l’année p.
• Taux de rentabilité interne
C’est le taux i tel que :
P=n F p – Im p
∑ ------------------ = 0
P=0 (1 + i)p
Avec F p = flux financiers à l’année ;
Im p = impôt sur les BIC à l’année p.
N.B : La chronique des impôts utilisée dans ce calcul provient des comptes de résultats
prévisionnels.

2. L’utilisation du tableau retraçant les flux annuels des actionnaires, ceux


des bailleurs de fonds et le solde annuel de trésorerie
• le bénéfice actualisé
Il est égal à :
P=n - K p + E p + Div p + A p + T p
B= ∑ -------------------------------
P=0 (1 + i)p
Avec K p = capitaux propres investis à l’année p ;
E p = emprunts à l’année p ;
Div p = dividendes perçus à l’année p ;
A p = service de la dette à l’année p ;
T p = solde annuel de trésorerie à l’année p ;
i = taux d’actualisation

60
• Taux de rentabilité interne
P=n K p + E p + Div p + A p + T p
∑ ------------------------------- = 0
P=0 (1 + i)p

a) On peut aussi calculer la rentabilité financière du projet pour l’Etat. Les procédures de
calcul étant les mêmes que celles étudiées précédemment, la difficulté réside au niveau
de la détermination précise des coûts et avantages qu’il tire de l’opération.
b) Dans un souci de réalisme, il est important de noter que la motivation de l’actionnaire
réside essentiellement dans l’importance des dividendes qu’il peut tirer du projet. La
récupération du fonds de roulement et de la valeur résiduelle des équipements
n’interviendrait qu’en cas de liquidation de l’entreprise ; par conséquent, l’avantage que
l’on pourrait tirer de cette récupération relève beaucoup plus d’une hypothèse d’école
que de la réalité. Ce réalisme affecte le calcul du bénéfice et du TRI, en ce sens que les
avantages sont uniquement constitués par les dividendes.

Test de sensibilité

Qu’il s’agisse de l’évaluation financière ou de l’évaluation économique (cf. chapitre 3), le


raisonnement est couramment mené sur des données supposées fiables.
Toutefois, du fait de l’incertitude nécessairement liée aux données utilisées dans l’étude des
projets, il est important de vérifier l’impact que peut avoir la variation de certains déterminants
de la rentabilité tant financière qu’économique tels que : investissements, quantités produites,
prix de vente, coûts d’exploitation, conditions commerciales, taux de change, etc…
Une des méthodes de vérification les plus courantes est le test de sensibilité, qui permet de
mesurer la sensibilité des résultats du projet aux erreurs d’appréciation des principales
variables. En pratique, on identifie d’abord des variables essentielles auxquelles on applique
ensuite des variations (généralement de l’ordre de + 10 %) pour voir l’effet produit sur les
résultats escomptés du projet.

61
METHODE DES EFFETS

I-/ ANALYSE DES PERTURBATIONS ENGENDREES PAR LE PROJET

Tout d’abord, un travail préliminaire de confection des dossiers des différentes


phases d’élaboration du projet devra être fait. Les résultats des travaux consignés
dans des dossiers correspondent, en fait, aux phases d’étude d’un projet (étude de
marché, étude technique, étude financière).

Le dossier ainsi constitué devra déboucher sur une transcription des données dans
des cadres de la comptabilité nationale afin de pouvoir articuler notre projet avec le
reste de l’économie. Il s’agira essentiellement de rapprocher les données du compte
d’exploitation du projet avec la nomenclature du T.E.S pour parvenir à distinguer les
éléments suivants :

- les achats de biens et services apparaissent sous des rubriques différentes


de la comptabilité privé en consommations intermédiaires

- les autres postes étant de la valeur ajoutée.

Si l’évaluation financière est le résultat de combinaison de coûts et d’avantages dans


la perspective d’éclairer l’intérêt du projet pour l’entrepreneur (niveau individuel ou
macroéconomique), l’évaluation économique procède de ce même souci, mais au
profit de la collectivité (approche macroéconomique). Le passage du niveau individuel
au niveau collectif implique le réaménagement des coûts et avantages par une autre
lecture des comptes financiers du projet (comptes d’exploitation prévisionnels).

La méthode des effets a été conçue comme un instrument de dialogue entre


planificateurs et responsables politiques, dans le cadre d’un processus itératif de
planification, pour juger et sélectionner des projets et pour mettre au point des
politiques sectorielles. Cette méthodologie est exposée en deux parties distinctes :

- outil dialogue, elle est d’abord une méthodologie de description de l’impact


(des effets) d’un projet sur l’économie considéré ;
- outils visant à juger des projets, cette méthodologie débouche sur des
propositions de calcul économique permettant de classer les projets les
uns par rapport aux autres et permettant de contribuer à la définition des
politiques sectorielles.

Dans une première étape, on va donc décrire et mesurer le plus complètement


possible les effets de chacun des projets sur les grandeurs caractéristiques de
l’économie nationale. Pour cela, on va successivement :

- analyser les perturbations entraînées dans l’économie nationale par chaque


projet, tant dans la phase de fonctionnement que dans sa phase initiale
d’équipement ;

62
- mesurer ces diverses perturbations soit par un processus progressif de
remontée des chaînes de production, soit en utilisant les tableaux
synthétiques de comptabilité nationale ;

- étudier la situation qui prévaudra, toutes choses gales par ailleurs, si le


projet n’est pas réalisé (définition et mesure de la situation de l’économie
sans projet ou situation de référence) ;

- la comparaison des deux situations avec ou sans projet et permet alors une
mesure précise et détaillée des divers effets du projet sur l’économie

Dans une seconde étape se pose le problème de combiner ces diverses mesures
d’effets pour rendre compte au mieux de l’impact des projets sur les objectifs
poursuivis :

- la contribution du projet aux objectifs s’exprime en termes d’avantages ;

- l’impact du projet sur les diverses contraintes s’exprime en terme de coûts.

On débouche ainsi sur les calculs économiques qui vont permettre d’établir des
programmations de projets, et par là même servir d’aide à la décision.

La réalisation du projet peut impliquer des relations en amont et en aval, pouvant se


traduire par la réalisation d’autres projets. Aussi est il nécessaire de prendre en
compte, en plus des changements dûs au projet, ceux occasionnés par l’ensemble
des projets impliqués.

Ainsi, l’accent devra être mis non pas sur le seul projets, mais compte tenu des types
de relations existantes, la grappe de projet.

Ayant défini le projet en l’articulant avec les projets qui lui sont proches par la
constitution éventuelle de grappe, il sera procédé à son rapprochement avec
l’économie durant la phase d’installation et de fonctionnement (le cours portera
principalement sur la seconde phase).

Le traitement des données consistera précisément à déterminer l’origine de chaque


consommation intermédiaire.

La réalisation et le fonctionnement d’un projet dans une économie vont entraîner, tant
dans la phase d’équipement que dans la phase de fonctionnement de multiples
perturbations qu’il faut tout d’abord décrire et classer puis mesurer.
Dans un but de simplification, l’exposé suivant est centré sur la phase de
fonctionnement du projet.

2.1 Grappe de projets

Tout d’abord il peut apparaître que la réalisation et le fonctionnement du projet étudié


entraînent nécessairement la réalisation et le fonctionnement d’un autre projet : on
dira que ces deux projets sont liés.

63
Le deuxième projet peut se situer en amont du projet étudié dans la filière de
production : par exemple la mise en exploitation d’une unité industrielle de jus de fruits
peut nécessiter des actions au niveau de la production de fruits.

Il peut se situer en aval du projet étudié : par exemple le développement de la


production rizicole peut nécessiter un projet de décorticage du paddy.

Dans la mesure où les deux projets sont liés c’est la grappe de projets qu’il va falloir
étudier, et non l’un et l’autre des projets séparément.

2.2 Grappe d’activités

Lors de son fonctionnement, chaque projet (ou chaque grappe de projet) va entraîner
un certain nombre de perturbations dans l’économie.
L’usine de jus de fruit par exemple va entraîner des importations de combustibles et
d’emballages nécessaires à la conservation, un développement de l’activité de
transport et de production de fruits qui elle même va nécessiter un développement
des activités des pépinières, un recrutement d’ouvriers, des importations des
pépinières, un recrutement d’ouvriers, des importations d’engrais qui supportent une
taxation douanière, etc…
On peut en le simplifiant, schématiser un tel processus (voir schéma 1) .

Engrais
Engrais
Production
Plants Outillage
de fruits

Salaires Impôts

Bénéfices
Bénéfices
Importations
de
Usine de jus combustibles
et emballages
fruits

Pièce détachées
Transport
Salaires

Salaires
versés
dans
l’usine

Effets directs Effets indirects

64
2.3 Définitions des effets

a) On appelle effets directs les effets directement recensés dans le compte


d’exploitation du projet.

Dans l’exemple précédent ils ont trait à l’achat de fruits, au transport, à l’importation
des produits chimiques, au versement de salaires dans l’usine… Ils sont présentés
dans la première colonne du schéma 1.

Ces effets portent sur :

- des achats de consommations intermédiaires qui peuvent être d’origine


locale (fruits, transport) ou être importées (produits chimiques),

- des versements de revenus, qui concourent à la valeur ajoutée (salaires,


impôts….)

Les consommations intermédiaires locales (par exemple, transport) produites


localement vont à leur tour donner lieu à des achats de nouvelles consommations
intermédiaires (locales ou importées) à des versements de salaires, etc..

b) On appelle effets indirects ces effets créées en amont des effets directs.

Si l’on remonte successivement les différentes chaînes de production amont des


consommation intermédiaires locales, ce poste va progressivement disparaître. La
valeur de la production de l’usine de jus de fruits est alors égale à la somme :

- des importations directement et indirectement entraînées par le


fonctionnement de l’usine ;

- et des revenus (valeurs ajoutées) directement et indirectement versés dans


les différentes processus de production.

c) On appelle effets primaires nets ou effets supplémentaires les effets


différentiels résultant de la comparaison des effets primaires bruts de la
situation avec projet et e ceux de la situation de référence (sans projet).

Les revenus versés en particulier aux salariés, vont à leur tour être dépensés, se
traduire par des achats de produits importés, des achats de produits locaux ; ces
derniers vont entraîner une hausse de production, donc des achats des versements
de revenus, etc..

d) On appelle effets secondaires les effets de dépense de revenus


(primaires) supplémentaires ainsi créés.

Dans les paragraphes suivants, on va mesurer ces différents effets pour la phase de
fonctionnement du projet en tenant compte des actions éventuelles à prévoir sur les
capacités de production existantes. La même procédure pourrait être utilisée pour
l’analyse de la phase d’équipement.

65
L’analyse des effets est ainsi fondée sur cette catégorisation de l’activité économique,
à savoir les flux économiques : tout ce qui n’est pas pris en compte au niveau de ces
flux se trouvera hors du domaine de l’analyse effectuée.

Il convient donc de compléter l’analyse des effets par la prise en compte séparée
d’autres effets non moins importants mais non quantifiés tels que les effets sur
l’environnement, l’écologie, …

II. METHODES DE MESURE DES EFFETS

A. Insertion du projet dans l’économie

Le principe de calcul est simple, trois méthodes peuvent être adoptées :

- la première consiste à appliquer les taux inclus calculés auparavant sur


l’ensemble de l’économie à l’aide du T.E.S au niveau des différentes
consommations intermédiaires locales (l’outil utilisé est le tableau à contenu
d’importation et de valeur ajoutée incluses).

- la deuxième méthode consiste à remonter les comptes de production


exploitation des consommations intermédiaires locales qui pourront elles
mêmes être décomposées en consommations intermédiaires importées et
en valeur ajoutée

- la troisième méthode consiste à combiner les deux premières méthodes


compte tenu de l’information disponible et du coût de la consommation
intermédiaire.

En définitive, quel que soit le mode de calcul adopté, on aboutit à la décomposition de


la production prévue (chiffre d’affaire) en ces différentes composantes :

- importations incluses

- valeur ajoutée incluse, elle même ventillée en ses principales composantes


selon la nomenclature du pays

- montant total des investissements

Tous ces calculs, caractérisent la situation de l’économie avec projet.

2.1 La remontée des Chaînes de Production

Cette procédure de calcul des effets s’appuie sur les données du compte de
production -exploitation des différentes branches et sous branches de l’économie et
sur les données de commercialisation des produits locaux et importés.

Ces différentes informations peuvent être stockées dans une banque de données.

66
2.1.1 Exemple de détermination des effets primaires :

Soit une entreprise «E» produisant du jus de fruit et ayant le compte d’exploitation
prévisionnel suivant :

EMPLOIS DETAIL MONTANT RESSOURCES MONTANT


TOTAL TOTAL
Mat. Premières et fournitures 45 PRODUCTION 100
- matières premières 20
- combustibles 6
- eau et électricité 14
- emballages 5

Transport et déplacement 7
- transport 7

Frais de personnel 11
- salaires et charges sociales 11

Dotation aux amortissements 5 5


Impôts et taxes 7 7
Bénéfice d’exploitation 25 25
TOTAL 100 100 TOTAL 100

Remarques

- les matières premières (20) sont fournies par des exploitants agricoles
locaux
- le combustible (6) est entièrement importé, la moitié de son prix est
constituée de droits de douane
- l’eau et l’électricité (14) sont fournies par une entreprise locale
- les emballages (5) sont entièrement importés. Les droits de douane qu’ils
supportent s’élèvent à 40 % de leur prix C.A.F
- le transport (7) est assuré par une entreprise locale
- les frais de personnel (11) sont constitués par des salaires versés aux
nationaux (7) et aux expatriés (4)
- les amortissements (5) constituent l’usure des équipements de l’entreprise
et restent dans la caisse de l’entreprise
- les impôts et taxes (7) reviennent à l’Etat
- le bénéfice d’exploitation (25) est le revenu de l’entrepreneur identifié à
l’entreprise.

NB : Dans cet exemple, on suppose que les capacités de production de toutes les
branches concernées sont sous utilisées, si bien qu’il n’y a pas lieu de prévoir des
investissements complémentaires d’extension des capacités.

Pour déterminer les effets inclus induits par le projet, l’on va s’intéresser à tous les
postes du compte d’exploitation et distinguer le montant des consommations
intermédiaires importées (C.I.I), des consommations intermédiaires locales (C.I.L) et
de la valeur ajoutée (V.A).

67
a) Les matières premières

Dans le cadre de notre entreprise « E », la matière première est considérée comme


un coût, c’est en fait une consommation intermédiaire ; elle est issue de la production
réalisée par une entreprise (fournisseur) située en amont de notre projet initial.

Le compte d’exploitation de l’entreprise fournisseur de mangues se présente comme


suit :

EMPLOIS RESSOURCES
Plants de mangue …………………. 6 Production …………………………………… 20
Engrais ……………………………… 4
Salaires …………………………….. 4
Bénéfice d’exploitation …………… 6
TOTAL …………………………….. 20 TOTAL ………………………………………. 20

Les engrais sont importés, leur valeur C.A.F est égale à la moitié de leur valeur T.T.C

La valeur ajoutée dégagée par l’entreprise est constituée des salaires versés (4) et du
bénéfice (6). Les salaires sont exclusivement versés à des nationaux.

b) Les plants de mangue

Les plants de mangue de la plantation sont fournis par des pépinières appartenant à
des paysans dont le compte d’exploitation est le suivant :

EMPLOIS RESSOURCES
Production …………………………………… 6
Engrais ……………………………….. 2
Outillage …………………………… .. 2
Bénéfice d’exploitation ……………… 2
TOTAL …………………………….. … 6 TOTAL ………………………………………. 6

Les engrais et l’outillage constituent des consommations intermédiaires.

Les engrais sont des consommations intermédiaires importées, leur valeur C.A.F, est
égale à la moitié de leur valeur T.T.C

c) L’outillage

Il est fourni par des forgerons de la place, leur compte d’exploitation est le suivant :

68
EMPLOIS RESSOURCES
Fer ………………………………….. 1 Production …………………………………… 2
Bénéfice d’exploitation …………… 1

TOTAL …………………………….. 2 TOTAL ………………………………………. 2

Le fer est totalement importé : sa valeur (1) étant faible, les droits de douane peuvent
être considérés comme nuls.

A ce stage nous avons les informations nécessaires sur la provenance et la structure


de l’essentiel des consommations intermédiaires (matières premières) utilisées par le
projet initial.
On note au passage que le montant de la consommation intermédiaire en valeur est
strictement égal à la production de l’entreprise fournisseur.
La remontée des chaînes en ce qui concerne la production de mangues est illustrée
par un schéma (voir page suivante).

Il nous reste à examiner le détail des postes suivants :

d) Eau et Electricité (14)

Pour produire 14 d’eau et d’électricité, l’examen du compte d’exploitation des


entreprises intéressées donne la répartition suivante :
- Importation du fuel = 6
- Droits de douane = 1
- Salaires nationaux = 1
- Salaires expatriés = 1
- Impôts = 2
- Intérêts et Assurances = 1
- Bénéfice d’exploitation = 2
-------------
TOTAL = 14

e) Transport et Déplacement (7)

Pour un chiffre d’affaires de 7, l’examen de compte d’exploitation fournit les


informations suivantes :
- Importation de pièces détachées = 2
- Droits de douane = 1
- Salaires nationaux = 1
- Impôts = 1
- Intérêts et Assurances = 1
- Bénéfice d’exploitation = 1
----------
TOTAL = 7

69
A ce stage nous avons entièrement ventilé la production locale due à l’existence du
projet ; il ne nous reste plus qu’à récapituler l’ensemble des effets dans un même
tableau.

3.1.2 Tableau récapitulatif des effets primaires :

Niveau production de Niveau production


Niveau Production de mangues plants de mangues d’outillage

Importations Importation
d’engrais (CAF)……2 d’engrais (CAF)……1 Importation de fer …..1

Production locale de Production locale Production locale …..0


Production de jus plants de mangues…6 d’outillage………..2
de fruits ……….20

Valeur Ajoutée (3) Valeur Ajoutée (1) dont :


dont : * bénéfice …………… 1
Valeur Ajoutée (12) dont :
* bénéfice …………2
* salariés nationaux ……4
* droits de douane …1
* salariés expatriés …….0
* bénéfice ……………...6
* droits de douane …….2

70
Décomposition de la Valeur Ajoutée
Rubriques Coûts Importat° V.A Salaire nat. Salaire exp. Intérêt et Etat Entreprise
incluses incluse inclus inclus ass.inclus
Mat.prem. 20 4 16 4 0 0 3 9
Combust. 6 3 3 0 0 0 3 0
Elect. - Eau 14 6 8 1 1 1 3 2
Emballage 5 3 2 0 0 0 2 0
Transport 7 2 5 1 0 1 2 1
Salaires 11 0 11 7 4 0 0 0
Amortiss. 5 0 5 0 0 0 0 5
Impôts&tax. 7 0 7 0 0 0 7 0
Bénéfice 25 0 25 0 0 0 0 25
TOTAL 100 18 82 13 5 2 20 42

En définitive l’exploitation du projet de jus de fruits (production de 100) entraîne des


importations incluses de 18 et une valeur ajoutée de 82, elle-même constituée de :

- 13 de salaires nationaux inclus


- 5 de salaires étrangers inclus
- 2 d’intérêts et assurances inclus
- 42 de R.B.E inclus

2.2 Utilisation du T.E.S

La méthode de calcul des effets par la remontée des chaînes repose sur une
croissance des donnée comptable de chaque entreprise en relation avec le projet.

A l’opposé, il est possible de déterminer le contenu en importations et en valeur


ajoutée incluses d’un projet en utilisant les données agrégées de la Comptabilité
Nationale. Les entreprises nationales produisant les mêmes biens et services sont
regroupées dans une même branche. Sur la base d’une nomenclature de biens et
services produits dans le pays, il est donc possible de relier une entreprise déterminée
à une branche donnée (voir fin de chapitre).
L’utilisation de la comptabilité nationale pour le calcul des effets repose donc sur une
connaissance des branches auxquelles appartiennent chacune des entreprises liées
au projet, plus précisément les entreprises fournisseurs de consommations
intermédiaires locales.

Le TES (tableau entrées – sorties) constitue le document comptable qui fournit les
comptes de production – exploitation des différentes branches.

Les calculs effectués à partir des données du T.E.S et présentés à l’annexe 2,


permettent de déterminer pour chaque branche de l’économie nationale les
coefficients d’importation et de valeur ajoutée inclus. Ces coefficients figurent
également en fin de chapitre.

71
2.2.1 Utilisation pratique du tableau des contenus en importations et valeur
ajoutée pour le calcul des effets :

a) Exemple schématique

Les coefficients du TES vont être utilisés pour ventiler la valeur des consommations
intermédiaires locales et déterminer ainsi les effets indirects du projet.

Soit par exemple, un CI locale d’électricité d’un montant de 350.000 UM. L’électricité
est rattachée à la branche Energie (N°21) du TES 1982 du Sénégal. Les coefficients
sont les suivants (pour 1000) :

Taux Taux de V.A Décomposition de la V.A incluse en


d’importat° inclus Sal. Nat. Sal. Exp. Impôt ind. Int & ass. RBE
inclus

375 625 249 39 55 126 156

La ventilation de la consommation d’électricité est la suivante :

Décomposition de la V.A incluse


Taux Taux de Salaire Salaire Etat Intérêt R.B.E
d’importat° valeur
incluse ajoutée nationale expatrié
inclus
Calcul 350000 350000 350000 350000 350000 350000 350000
x 0,375 x 0,625 x 0,249 x 0,039 x 0,055 x 0,126 x 0,156
Valeur 131250 218750 87150 13650 19250 44100 54600

72
2.2.2 Exemple de tableau de présentation des effets primaires :

Ventilation valeur ajoutée


Nature des C.I Valeur CI Branch. Impor- V.A Salaire Salaire Etat Institution RBE
tation national expatrié financière
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10)
- - - - - - - - - -
- - - - - - - - - -
TOTAL (11) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25)
Salaires des (12) (26)
nationaux
Salaire des (13) (27)
expatriés
Etat (14) (28)
Institutions (15) (29)
financières
R.B.E (16) (30)
Valeur Ajoutée (17) (31)
directe
Production (18) (19) (32) (33) (34) (35) (36) (37)

Des exemples d’utilisation de ce tableau sont fournis dans les études de cas.

Commentaires :

Colonne (3) : on précise qu’il s’agit de C.I.I ou de C.I.L dans ce dernier cas on indique
le n° de la branche à laquelle se rattache la CI locale.

Colonne (4) : valeur CAF dans le cas des importations ; les droits de douane et taxes
sont alors mentionnées dans la colonne (5) comme éléments de valeur ajoutée.

Colonne (4) à (10) : ventilation des CI locales en importations incluses et valeur


ajoutée incluses des CI locales selon la procédure présentée au a).

Les cases (12) à (16) donnent la répartition de la valeur ajoutée directe.

(17) : Total des lignes (12) à (16)


(18) : (11) + (17)
(19) : somme des importations directes et indirectes ou importations incluses.
(20) : somme des valeurs ajoutées indirectes (colonne 5).
(21) à (25) : Ventilation des valeurs ajoutées indirectes

73
(16) à (31) Retransmission des cases (12) à (17)
(32) : Valeur ajouté incluse = (20) + (31)

Les cases (26) à (31) sont ventilées ligne par ligne.


(33) à (37) : Ventilation de la valeur ajoutée incluse (32) obtenue par sommation dans
chacune des colonnes.

Une fois rempli le tableau doit faire apparaître les égalités :

(18) = (19) + (32)


(18) = (19) + (33) + (34) + (35) + (36) + (37)
Production = Import incluses + valeur ajoutée incluse.

SITUATION DE REFERENCE ET EFFETS NETS

Les effets nets primaires d’un projet, calculés selon la méthode de remontée de
chaînes ou en utilisant les coefficients du TES, indiquent la quantité d’importations,
directes ou indirectes, nécessaires au projet dans sa phase de fonctionnement et
donnent la répartition des revenus distribués au sein des différentes catégories
d’agents.

Mais ces grandeurs ne mesurent pas en réalité l’impact du projet sur l’économie en
ce sens que, en l’absence de projet, la couverture de la demande aurait dû être
satisfaite d’une autre manière ; cette situation est appelée situation de référence et
c’est la comparaison de ces deux situations, « avec projet » et « sans projet », qui va
permettre de dégager les effets nets du projet.

3.1 Situation de référence

L’évaluation économique des projets productifs est effectuée dans l’hypothèse de la


satisfaction d’une demande intérieure, la demande intérieure donnée par la production
du projet ; l’étude de marché est importante, non seulement pour la détermination des
caractéristiques du projet, notamment la taille, mais elle sert également de support à
la détermination de la situation de référence.

La situation de référence peut ainsi être définie comme une alternative au projet pour
la mise à disposition de la même quantité de biens dans l’économie.

Par exemple, dans le cas d’un projet agricole destiné à satisfaire une partie des besoins
alimentaires nationaux, la situation de référence est généralement l’importation du même
produit.

Dans tous les cas, il faut imaginer le fonctionnement du secteur économique en


l’absence du projet. Le projet peut entraîner par exemple la suppression d’activités,
des modifications de l’utilisation de l’espace qu’il ne faudra pas oublier d’insérer dans
la situation de référence. Par exemple l’utilisation de la terre par un projet
hydroélectrique entraîne une diminution de la production agricole.

Une attention particulière doit être portée sur le fait que la situation de référence (sans
projet) n’est pas équivalente à la situation avant projet.

74
Dans l’étude de cas qui présente une évaluation d’un projet agricole, la situation de
référence se présente comme suit :

SITUATION AVEC PROJET SITUATION DE REFERENCE


Production de riz PADDY en irrigué Production traditionnelle de céréales en
sec (équivalence en riz)
Décorticage du Paddy en Riz blanc (en IMPORTATION DE RIZ
zone de production consommation TRANSPORT DU RIZ du port à zone de
consommation

3.2 Les effets nets

La méthodologie de calcul des effets nets consiste donc à faire apparaître les
différences de contenu en importations et en valeur ajoutée entre la situation avec le
projet et la situation de référence. Les étapes sont dès lors les suivantes :

1. Décomposition de la valeur de la production de la situation de référence, selon


la même procédure que pour la situation avec projet.

2. Calcul des différences :

a) Importations incluses avec projet


Moins
Importation incluses sans projet.
(ce résultat est en général négatif : il y a diminution des importations avec le projet )

b) Valeur ajoutée incluse sans projet


(ce résultat est en général positif : il n’ a augmentation de valeur ajoutée avec le
projet)

- Si les productions des situations avec projet et sans projet sont valorisées
au même prix, la différence des valeurs ajoutées appelée généralement
valeur ajoutée nette ou valeur ajoutée supplémentaire (V.A.S) est égale au
gain d’importations. Cette valeur ajoutée supplémentaire est égale à la
somme algébrique des revenus supplémentaires des agents concernés par
le projet ou la grappe de projets.

- Si le prix du bien ou service produit par le projet est différent de celui de la


situation de référence, par exemple s’il est inférieur, le gain d’importations
est égal à la somme de cette valeur ajoutée supplémentaire et de
l’économie du consommateur résultant de la baisse du prix (économie
équivalente à un supplément de revenu pour le consommateur).

D’une façon générale, le gain d’importations est égal à la somme algébrique des
revenus supplémentaires y compris éventuellement les revenus des agents
consommateurs si le projet a un impact sur les prix de la marchandise.

Un exemple de traitement de ce point figure dans l’évaluation économique du cas


industriel. (chapitre 4).

75
3.3 Types de projets

La comparaison des deux alternatives « avec projet » et « sans projet » conduit à


dégager trois cas types de projets.

3.3.1 Projet de substitution d’importations

La solution alternative consiste dans ce cas à importer la marchandise, la demande


finale intérieure étant, par hypothèse, donnée par la production du projet.

L’importation de la marchandise correspond, en valeur, à la production du projet au


prix du marché et se décompose en une valeur CAF (Icaf), des droits et taxes de
douane, et autres marges éventuelles (V.A). Le différentiel entre les valeurs ajoutées
créées par le projet et la situation alternative est représenté par le schéma suivant :

Projet Importations

I i Iicaf

Vai èVAS
è
VA i

Les projets de substitution d’importations sont très fréquents dans les pays en voie de
développement (PVD), que ce soit dans le domaine agricole ou industriel.

3.3.2 Projet de modernisation de technique

A demande intérieure donnée, la solution alternative consiste à fournir la même


marchandise suivant la technique antérieure. Cette situation de préférence doit être
analysée de la même façon que le projet, en ventilant les importations et la valeur
ajoutée incluses.

Ce cas est celui des projets de modernisation de l’artisanat : huileries, minoteries


industrielles par exemple. Il couvre également les projets d’amélioration des
infrastructures de transport (routes, chemins de fer …)
Projet Technique
Ancienne

Ii I i

Vai èVAS
è
VA i

Remarque : Les projets de modernisation de technique vont en général permettre de


diminuer les importations (donc augmenter la valeur ajoutée)

76
- soit s’ils permettent d’obtenir le même bien ou service avec un prix
inférieur, et corrélativement avec des importations inférieures (cas des
améliorations de routes
- soit s’ils permettent une meilleure valorisation des produits bruts traités,
donc une diminution des importations des produits finis (ou une
augmentation d’exportations)

3.3.3 Projet d’exportation

Ces projets ne concernent pas la demande intérieure. La solution alternative consiste


à ne rien faire. La valeur ajoutée incluse dans la valeur de la production du projet est
alors égale à la valeur ajoutée supplémentaire. Cette VAS est toujours égale au gain
en devises (valeur de l’exportation moins importations incluses dans la production).

Projet Ne rien faire

Ii

VA i è VAS
è
è

3.3.4 Généralisation

Dans la réalité, on peut trouver des projets qui constituent des combinaisons des trois
cas décrits ci-dessus.

IV-/ MISE EN ŒUVRE PRATIQUE DES CALCULS D’EFFETS ET LIMITES DE


VALIDITE

4.1 Calcul des effets primaires

4.1.1 Deux approches ont été successivement présentées pour calculer les
effets : la remontée des chaînes et les calculs synthétiques à partir du TES ; il
convient maintenant de préciser dans quelle mesure on peut, en pratique, faire
appel à l’une ou l’autre de ces approches.

- La remontée des chaînes utilisées systématiquement lors de la constitution


de la grappe de projets, puis au niveau des diverses consommations
intermédiaires, permet théoriquement de déboucher sur des calculs d’effets
très précis puisque l’on travaille sur les comptes marginaux de produit.

De plus, on va pouvoir ainsi déterminer les investissements éventuels à prévoir pour


augmenter les capacités de production des branches amont fonctionnant à pleine
capacité. Ces investissements complémentaires doivent être ajoutés à ceux du projet.

77
Outre une information économique considérable, cette méthode de remontée des
chaînes va nécessiter de longs calculs puisqu’il va falloir remonter les consommations
intermédiaires de premier rang (directes) puis de second rang… Rapidement la
précision obtenue apparaît inutile.

- A l’opposé, les calculs effectués en appliquant les coefficients tirés du TES


aux diverses consommations intermédiaires du projet apparaissent simples
et rapides mais aussi approximatifs puisqu’ils consistent à appliquer des
taux moyens de branches à des productions marginale de produits ;
l’approximation est double (taux de branches au lieu du taux de produit,
taux moyens au lieu de taux marginaux) et peut conduire à des écarts
notables si la consommation intermédiaire est importante.

4.1.2 Une démarche mixte s’impose à l’évidence dans la réalité :

- si la consommation intermédiaire locale (CIL) est importante, on effectuera une


remontée de chaînes et on évaluera l’investissement complémentaire éventuel (c’est
en particulier ce qui est fait lorsqu’on consolide les comptes d’une grappe de projets
et qu’on détermine l’investissement de la grappe).

- si la consommation est moins importante, on appliquera les taux moyens


tirés du TES au compte de la sous branche à laquelle appartient le produit
considéré.

C’est cette démarche de bon sens qui est mise en œuvre, en particulier dans l’étude
de cas du projet Thieb (Chapitre 5).

4.1.3 Il convient également de noter que les ventilations en catégories d’agents


présentées précédemment (importations, salariés nationaux, salariés
étrangers, Etat …) l’ont été à titre d’exemple.

Théoriquement rien n’empêche de présenter de ventilations beaucoup plus détaillées


(importations par pays, salariés par catégorie …) : la limite est évidemment apportée
par la connaissance statistique de l’économie.

4.2 Calcul des effets primaires nets

Il convient également de rappeler les conditions de validité du calcul des effets


primaires nets.

Tout d’abord la comparaison situation avec projet – situation sans projet est faite
dans le cadre d’une demande intérieure donne, qui donc, en toute hypothèse est
satisfaite. Ceci exclut la prise en compte de projet dans la production influe sur la
demande du bien produit. En fait la limitation introduite ici apparaît plus théorique que
réelle.

Une deuxième condition de validité réside dans l’hypothèse sous jacente d’un sous
emploi généralisé de la main d’œuvre.

78
4.3 Calcul des effets secondaires

Bien entendu les chaînes d’effets ne s’arrêtent pas à la création des revenus
primaires : ces revenus vont être à leur tour dépensés, provoquer des achats de
produits importés, des achats de produits locaux , qui vont entraîner des hausses de
production, des versements de salaires, etc..

Comment calculer ces effets secondaires ? Faut-il les calculer ?

Plusieurs cas sont à distinguer.

Considérons tout d’abord les revenus supplémentaires de l’Etat et des entrepreneurs.


Ces revenus viennent, au moins pour partie, augmenter les capacités de financement
disponibles dans l’économie. Il n’apparaît pas logiquement possible d’attribuer à ces
revenus une structure de dépense puisque l’ensemble des calculs d’évaluation que
l’on mène sur les projets consiste justement à déterminer cette structure de dépense,
c’est à dire l’affectation des financement disponibles pour atteindre au mieux les
objectifs poursuivis.

Cette objection n’est pas valable pour les revenus supplémentaires créés auprès des
ménages, qu’ils proviennent de salaires ou de revenus d’entreprises. Les effets de
dépenses, ou effets secondaires peuvent être calculés dans le cas d’un sous emploi
généralisé des capacités de production : ils sont égaux aux revenus primaires
multipliés par un multiplicateur égal à l’inverse du taux de fuite de l’économie
(essentiellement propension marginale à épargner plus propension marginale à
consommer des produits importés ; voir annexe 3).

Ces calculs sont cependant très approximatifs, dans la mesure où l’on ne se trouve
pas dans une telle situation de sous utilisation des capacités, et dans la mesure où
vont se déclencher des mécanismes d’importations supplémentaires et d’inflation.

De tels calculs n’apparaissent pas, en définitive nécessaires si l’on s’en tient au


problème de l’évaluation des projets dans le but d’une sélection et d‘une
programmation ; les effets secondaires ne sont pas en effet caractéristiques des
projets mais de la structure économique dans laquelle les revenus primaires sont
dépensés. Seuls les revenus primaires sont véritablement caractéristiques des
projets, et c’est sur leur base que la sélection et la programmation des projets peuvent
être au mieux étudiés.

V- CALCUL ECONOMIQUE

Le calcul des effets nets (cf. § 3) aboutit à la détermination de la valeur ajoutée


supplémentaire du projet et sa répartition entre les différents agents concernés.

Pour interpréter ces résultats, il importe de dégager deux niveaux d’analyse :

- le niveau global : il concerne la Valeur Ajoutée Supplémentaire (VAS) qui


globalement constitue l’apport net du projet en terme de revenus (impact sur
le P.I.B)

79
- le niveau des agents : il concerne la répartition de la Valeur Supplémentaire
(VAS).

5.1 Les critères globaux

Ils constituent des outils d’analyse fondés sur la valeur ajoutée supplémentaire (VAS)
qui représente l’apport net du projet au P.I.B, donc les avantages. Il importe de
préciser le contenu de avantages et des coûts avant d’en venir aux formules
susceptibles de fonder l’appréciation de l’impact économique de l’opération.

5.1.1 La valeur ajoutée supplémentaire

Elle recouvre deux aspects qu’il convient de dissocier :

- l’aspect intérieur
- l’aspect national

a) La valeur ajoutée supplémentaire intérieure (VASI)

Elle correspond à la VAS que l’on obtient en procédant à la soustraction suivante :

Valeur ajoutée de la situation avec projet


moins
Valeur ajoutée de la situation sans projet

Elle définit comme la somme des revenus de tous les agents intérieurs, qu’ils soient
nationaux ou non ; cette définition ne tient pas compte des transferts à l’extérieur :

- transferts de bénéfices par des entreprises à capitaux étrangers installées


dans le pays

- transferts découlant du service de la dette consécutif à un emprunt


extérieur.

b) La valeur ajoutée supplémentaire nationale (VASN)

Elle se définit comme la somme des revenus de tous les agents nationaux : cette
définition exclut par conséquent tous les transferts effectués par les agents étrangers
exerçant une activité sur le territoire national et le règlement de la dette contractée
auprès d’organismes étrangers.

Ces deux composantes des avantages (VAS) élucidées, procédons à l’examen des
critères qui s’y apportent.

80
5.1.2 Les critères globaux fondés sur la VAS

L’objectif étant généralement le maximum de croissance (maximum de VAS) sous la


contrainte de financement, l’on comptabilise comme coût, la totalité des dépenses
d’investissement quelle que soit l’origine.

Dans la perspective de l’appréciation économique du projet, l’on est amené à


rapprocher la VAS ou avantage (a) en phase de fonctionnement, des dépenses
d’investissement (I).

Disposant pour chaque année de vie du projet de la VAS engendrée par le projet en
phase de fonctionnement, l’on peut envisager plusieurs critères d’évaluation
économique du projet :

- le taux de rendement
- le délai de récupération
- le bénéfice actualisé
- le taux de rentabilité interne.

a) Le taux de rendement :

C’est le rapport qui exprime en un pourcentage (a/I x 100) déterminé le rendement de


100 unités monétaires investies. On peut calculer un tel ratio lorsque la chronique de
production du projet est approximativement constante.

b) Le délai de récupération du capital :

C’est le rapport (I/a) qui exprime le temps nécessaire (en années) pour couvrir les
dépenses d’investissement engagées.

c) Le bénéfice actualisé

Il est déterminé par la formule suivante (cf annexe 1)

p = n ap - Ip
Soit B = ∑ ------------------------
P=0 (1 + i ) ^p

Le calcul de B suppose au préalable le choix d’un taux d’actualisation (i). Ce choix est
déterminant . A un taux élevé correspond une valeur actualisée d’autant plus réduite
qu’elle est éloignée dans le temps et inversement.

Ainsi un taux d’actualisation bas permet de retenir les projets à fort investissement et
à rentabilité différée dans le temps, alors qu’un taux d’actualisation élevé favorise les
projets engendrant, des avantages rapidement disponibles. Le choix d’un taux n’est
donc pas neutre et peut conduire à des décisions opposées d’acceptation ou de rejet.

81
En système de planification, le taux d’actualisation du Plan est parfois utilisé. Si les
objectifs du Plan privilégient les grands travaux d’infrastructure et d’investissement, le
taux est bas et son utilisation permet la sélection de certains projets qui ne peuvent
être éligibles pour un taux d’actualisation élevé favorise les projets engendrant des
avantages rapidement disponibles. Le choix d’un taux n’est donc pas neutre et peut
conduire à des décisions opposées d’acceptation ou de rejet.

En système de planification, le taux d’actualisation du Plan est parfois utilisé. Si les


objectifs du Plan privilégient les grands travaux d’infrastructure et d’investissement, le
taux est bs et son utilisation permet la sélection de certains projets qui ne peuvent être
éligibles pour un taux d’actualisation élevé.

d) Le taux de rentabilité interne économique (T.R.I.E) ou r)

Devant les difficultés d’estimation du taux d’actualisation, on a en pratique recours à


un autre critère qui tout en utilisant les procédures de l’actualisation en évite les
écueils. Ce critère est le taux de rentabilité interne économique (T.R.I.E) tel que :

p = n ap - Ip
∑ ------------------------ = 0
P=0 (1 + r ) ^p

Le T.R.I.E exprime, pour la collectivité, la rémunération en termes d’avantages du


capital engagé dans la réalisation de l’investissement.

5.2 Les critères par catégorie d’agents

Quoi qu’intéressants car permettant d’avoir un jugement général sur le projet, les
critères globaux privilégient l’objectif de croissance et la contrainte exclusive du
financement. Le Plan peut contenir d’autres objectifs et contraintes, notamment
l’objectif de répartition des revenus, d’équilibre budgétaire etc… D’où l’intérêt de
critères partiels qui ont pour rôle d’expliciter l’impact du projet sur t el ou tel objectif ou
contrainte.

Retenons deux contraintes et un objectif essentiels du plan pour mesurer leur impact :

- les contraintes d’équilibre de la balance des paiements et d’équilibre des


paiements et d’équilibre budgétaire

a) L’équilibre de la balance des paiements ou du compte Extérieur :

Le compte extérieur retrace toutes les opérations financières et économiques d’un


pays avec l’extérieur. Ce compte constitue globalement la balance des paiements.

La balance commerciale représente la somme algébrique de la valeur des


importations et des exportations de marchandises d’un pays. Dans l’optique impact
du projet sur la balance commerciale, il faut procéder au calcul suivant pour chaque
année :

82
Exportations supplémentaires Importations importations
induites par le projet directes et + directes et indi-
Indirectes sup- rectes supplé-
- Plémentaires in- mentaires indui-
duites par le projet tes par le projet
et/ou dans la phase de dans la phase
fonctionnement (ou d’investissement
diminution d’expor-
tation

Diminution des importations induites


par le projet

Ce résultat peut être :

- supérieur à zéro : dans ce cas le projet contribue positivement à l’équilibre


du commerce extérieur

- inférieur à zéro : dans ce cas le projet a un impact négatif sur l’équilibre du


commerce extérieur

- ou enfin égal à zéro : dans ce cas, le projet n’a aucun impact sur l’équilibre
du commerce extérieur.

La balance des paiements courants :

En plus de la balance commerciale, elle inclut les services ou invisibles (assurances,


transport, tourisme, transferts de revenus effectués par les nationaux travaillant à
l’étranger, transferts de revenus effectués par les travailleurs étrangers, etc…)

Les transferts supplémentaires représentent des coûts en devises et les économiques


de transferts s’analysent comme des avantages.

La balance globale des paiements :

Elle englobe toutes les opérations précédentes et inclut les mouvements de capitaux
entre un pays et l’extérieur. En plus de la balance des paiements courants, elle inclut
donc les financements et investissements extérieurs et le service de la dette
consécutif à un emprunt étranger ou de la créance consécutive à un emprunt accordé
à l’extérieur.

Sont considérés comme des avantages l’économie de devises consécutive à une


réduction des sorties de devises ou l’accroissement supplémentaire des rentrées de
devises. Sont considérés comme des coûts l’accroissement supplémentaire des
sorties de devises ou la diminution des rentrées de devises.

Si l’on soustrait la somme des coûts de la somme des avantages l’on obtient un
résultat supérieur, inférieur ou égal à zéro qui fournit l’impact du projet sur la balance
des paiements globale.

83
En reprenant année par année l’ensemble de ces avantages et coûts dans un tableau
de rentrées et sorties de devises du point de vue du projet, l’on peut dégager un cash-
flow en devises :

ENTREES SORTIES

Emprunt Extérieur *

Exportations supplémentaires
(ou diminution d’importations) *

Importations incluses supplémentaires


de la phase d’équipement *

Importations incluses supplémentaires


de la phase de fonctionnement *

Service de la dette extérieure *

Transferts supplémentaires de revenus


des salariés expatriés *

Transferts de Bénéfices des partenaires


étrangers impliqués dans le projet *
___________________________
TOTAL E S

ENTREES - SORTIES = CASH-FLOW du projet en devises

b) L’équilibre budgétaire ou le compte du secteur public :

A l’occasion de la réalisation et du fonctionnement d’un projet, la puissance publique


peut intervenir comme investisseur et / ou partenaire de l’investisseur en procédant à
des prises de participation, comme percepteur d’impôts et de taxes et enfin comme un
agent qui accorde des avantages, de nature fiscale ou non (subventio).

Si l’on veut saisir l’impact du projet sur les finances publiques, l’on a :

Comme avantages :

- ceux de la phase d’équipement :


les droits de douane et taxes supplémentaires sur biens d’équipement (déduction faite
des exonérations fiscales consenties)

- ceux de la phase de fonctionnement :

. Les impôts (directs, indirects et sur les revenus)


. Les droits de douane et taxes supplémentaires sur biens de consommation
(déduction faite des exonérations fiscales consenties)

84
. L’économie de charges récurrentes
. La rémunération supplémentaire du capital (si l’Etat est actionnaire).

Comme coûts

- Ceux de la phase d’équipement :

. La contrepartie nationale (apport en capital, investissements)


. Les subventions d’équipement supplémentaires
. Les investissements supplémentaires supportés par l’Etat.

- Ceux de la phase de fonctionnement :

. Les subventions supplémentaires d’exploitation


. Les charges récurrentes supplémentaires (ces charges étant composées de
frais de fonctionnement non supportés par le projet)
. La contrepartie nationale servant au financement de l’exploitation

5.2.2 L’objectif de répartition des revenus

Cet objectif concerne principalement les salariés nationaux, les paysans et les
entrepreneurs nationaux. Ces comptes ne comportent en général que des avantages
sur lesquels des indicateurs peuvent être bâtis pour expliciter l’impact du projet sur les
revenus, sur l’emploi et sur leur répartition spatiale.

Toutefois en cas de hausse du prix du produit le projet va se traduire par un


supplément de dépenses pour les ménages (équivalent à une baisse de revenus).

PRISE EN COMPTE DES AUTRES EFFETS

L’évaluation devant permettre d’aboutir à une décision de rejet, de reformulation ou de


réalisation d’un projet, il s’avère nécessaire dans ce cadre de présenter les avantages
et inconvénients quantifiables ou non, liés à la réalisation et au fonctionnement du
projet étudié.

Les principaux effets dont la prise en compte est souvent nécessaire sont :

- création d’institutions ou amélioration du fonctionnement d’institutions


existantes ;
- formation de la main d’œuvre ;
- indépendance économique ;
- sécurité d’approvisionnement ;
- amélioration de la qualité de la vie : nutrition, santé, habitat, éducation…
- migrations internes de population ;
- promotion humaine en général et condition de la femme en particulier ;
- aménagement du territoire, etc…

85
CONCLUSION : LES OUTILS D’AIDE A LA DECISION

La méthode des effets étant un outil de dialogue entre techniciens et décideurs, il est
important qu’au terme de l’évaluation, les points critiques du projet (risques,
avantages et inconvénients) soient présentés au décideur, afin qu’il puisse se
prononcer de manière motivée sur la suite à réserver à l’opération.

Cette synthèse s’articulera autour de deux grands types de critères : les critères
technico-financiers et les critères économiques.

a) Critères technico-financiers

- adéquation de l’offre à la demande ou aux besoins


- jugement qualitatif sur les études techniques
- jugement de la capacité de la maîtrise d’œuvre
- jugement de la capacité du gestionnaire
- éléments de la rentabilité financière : TRI en fonction des tests de sensibilité
- appréciation des risques pouvant gêner la réalisation et / ou le
fonctionnement du projet

b) Critères d’appréciation

- croissance : TRIE en fonction des tests de sensibilité


- économie en devises
- réduction des charges budgétaires (Etat)
- création d’emploi (nombre d’emplois créés et coût de l’emploi)
- impact du projet sur les ménages (répartition des revenus, pouvoir d’achat)
- autres objectifs

* aménagement du territoire
* formation de la main d’œuvre
* sécurité d’approvisionnement
* préservation de l’environnement
• etc…

86
L'ANALYSE ECONOMIQUE PAR LA METHODE DES PRIX DE REFERENCE

INTRODUCTION

L'objectif de l'analyse économique est d'estimer la rentabilité des projets


d'investissement au niveau de la collectivité nationale.

Cette estimation est beaucoup plus délicate et complexe à conduire que celle de la
rentabilité financière au niveau de l'entreprise et ceci pour des raisons qui tiennent
aux difficultés rencontrées pour évaluer certains paramètres techniques ou
économiques.

Evaluer économiquement un projet, c'est tenter d'apprécier sa contribution aux


différents objectifs poursuivis par un gouvernement dans sa politique de
développement économique. Ces objectifs peuvent être d'au moins cinq natures :

a. L'objectif de croissance économique qui est un objectif de croissance du


revenu national et la contribution d'un projet à cet objectif pourra être appréciée
en termes monétaires, au moins dans le cas de projets produisant des biens ou
services commercialisés.

b. L'objectif d'une meilleure répartition des revenus qui nécessite un jugement sur
le caractère plus ou moins satisfaisant de la répartition des revenus existants et
sur les modifications que la réalisation du projet y introduirait.

c. L'objectif de la recherche de la sécurité qui peut se traduire par au moins deux


analyses dans la sélection des projets :

.la première relève des techniques classiques d'analyse de risque déjà


évoquées;

.la deuxième consiste à examiner dans quelle mesure il est légitime d'accepter
un projet non rentable économiquement au sens strict parce que ce projet
contribue d'une manière ou d'une autre à la sécurité et à l'indépendance
économique ou politique du pays.

d. l'objectif de l'amélioration de l'environnement (ou de limitation de sa


dégradation).

e. l'objectif de maintien ou de modification des relations de pouvoir dans la


société. Tout projet a un impact sur la structure sociale dans laquelle il
s'insère. Il renforcera les relations de pouvoir qui existent au sein d'une
société ou, au contraire, les distendra pour mettre en place de nouveaux
rapports entre classes sociales

En définitive, le jugement sur un projet ne sera jamais d'ordre strictement économique


mais résultera de l'appréciation de la contribution de ce projet aux différents objectifs
du gouvernement. L'économie se trouve à la frontière entre le politique et
l'économique.

87
Trop souvent d'ailleurs, l'économiste fera abstraction, et on peut le lui reprocher, de
ces aspects d'ordre politique, en conduisant ses calculs avec des hypothèses
simplificatrices qui tendent à masquer une partie des réalités et des rapports de force
qui existent effectivement dans le monde réel.
Nous aurons l'occasion de vérifier que chaque méthode d'évaluation des projets
s'inscrit, implicitement ou explicitement, dans une conception précise des rapports
sociaux nationaux et internationaux.

1. EVALUATION FINANCIERE ET EVALUATION ECONOMIQUE : PRINCIPES


GENERAUX

1.1. Evaluation économique et évaluation financière : deux approches bien


distinctes

Il est important de bien saisir la différence entre ces deux types d’évaluation,
principalement parce que l'impact d'un projet, au niveau d'une entreprise ou de l'agent
économique qui le met en oeuvre, ne coïncide que rarement avec ses effets sur
l'économie nationale:

Tout d'abord, le vieux dicton américain qui affirme que : "ce qui est bon pour la
Général Motors est bon pour le pays" n'est pas toujours vérifié. Supposons ainsi qu'un
pays subventionne une entreprise et lui permette de dégager d'importants bénéfices
comptables exportés ensuite à l'étranger. Le montant de ces bénéfices est un
indicateur fort médiocre de l'intérêt économique de l'activité de l'entreprise pour la
collectivité nationale.

D'autre part, toute activité nouvelle au sein d'une entreprise provoque un


développement d'activités en amont et en aval de cette entreprise : auprès de ses
sous-traitants, des transporteurs, des entreprises de construction, puis des
sous-traitants des entreprises de construction et de transport, etc..

C'est pourquoi, alors que le but de l'évaluation financière est de veiller à la rentabilité
des capitaux investis par les entreprises privées, à l'équilibre financier des services
publics chargés de gérer les projets, etc.. l'évaluation économique vise à aider à
préparer et sélectionner les projets apportant la plus grande contribution au
développement économique du pays.

La rentabilité financière d'un projet apparaît ainsi comme une condition nécessaire à
la réalisation et à la bonne gestion du projet par les agents concernés. Mais, dans le
cas d'un projet public où à participation publique, elle n'est pas suffisante. Ce qui
importe véritablement, c'est que le projet soit économiquement satisfaisant pour la
collectivité nationale : le "nécessaire" équilibre financier peut toujours être
ultérieurement obtenu à l'aide de subventions, de crédits à taux préférentiels ou de
prix garantis...

1.2. Il existe de multiples méthodes d'évaluation économique de projets


Le point fondamental est que les techniques d'analyse financière sont codifiées.
Quelle que soit, en effet, leur présentation, les "manuels" d'analyse financière diffèrent
fort peu et donnent rarement lieu, entre spécialistes, à d'ardentes polémiques.

88
Le cas est bien différent en ce qui concerne les évaluations économiques pour
lesquels chaque pays, et souvent chaque organisme responsable, a établi avec plus
ou moins de précision sa propre méthodologie. Chaque évaluation économique doit
être ainsi "taillée sur mesure" selon les pays et l'organisme de décision, car il n'existe
nulle part de manuel universellement accepté d'évaluation économique de projet.

On trouve ainsi un manuel - guide de l'OCDE, un de l'ONUDI, un du FED, deux


inspirés par la BIRD, ainsi qu'une série d'ouvrages émanant de la Coopération
Française.

Le but de cette note n'est donc pas de définir une méthodologie valable en tous temps
et en tous lieux, de l'évaluation économique. Il vise plutôt à présenter, après définition
des concepts de base, une démarche pratique permettant de déterminer la rentabilité
économique d'un projet par la méthode des prix de référence. Rappelons que cette
démarche s'inspire de l'approche de la Banque Mondiale qui est l’une des méthodes
les plus utilisées.

1.3. Définition de la Méthode des Prix de Référence

L'emploi de prix de référence ( ou prix théorique, prix comptable, shadows


prices, accounting prices, theory price) consiste à modifier le système de prix du
marché par un système de prix théoriques qui est supposé exprimer de façon plus
rigoureuse la valeur pour la collectivité des facteurs de production affectés au projet
ainsi que les biens et services qu'il produit.

1.4. Justification de la Méthode des Prix de Référence

Le moyen le plus fréquemment utilisé pour apprécier les coûts et les avantages d'un
projet consiste à les comparer en termes monétaires. A ce titre, les études financières
sont effectuées en utilisant le système des prix du marché. Cependant, si ces prix
observés peuvent constituer une approximation satisfaisante de la valeur économique
des produits et services échangés dans les conditions de concurrence parfaite 1, il n'en
est pas de même dans la réalité. En effet, de nombreuses causes de distorsion
apparaissent : existence de monopoles, économies ou déséconomies externes,
pression fiscale et aides de l'Etat, etc. .

Aussi est-il apparu que les prix du marché ne représentaient pas le plus souvent la
"vraie valeur" des biens et services pour l'économie nationale dans son ensemble.
Ainsi, dans le cadre de l'analyse économique de projets, la méthode des prix de
référence s'efforce de leur substituer un système de prix cohérent plus représentatif.

En plus de ces considérations théoriques (recherche de la "vraie valeur"), d'autres


raisons pratiques ont motivé la mise au point de cette méthode. Notons tout de suite
que ces raisons pratiques nous semblent plus convaincantes que les justifications
théoriques évoquées ci-dessus.

1
le prix de chaque article s'établit alors à sa valeur marginale (l'allocation des ressources étant
optimale, aucun transfert de ressources ne peut permettre une production supérieure)

89
Raisons pratiques des prix de référence :

Plutôt que d'essayer de mesurer un ensemble d'effets liés au projet et survenant dans
l'ensemble de l'économie (effets directs, indirects, induits; économies en devises,
création d'emplois, etc.), il peut paraître séduisant d'essayer d'agréger et de pondérer
ces effets dans un système de prix modifiant les prix du marché et permettant de
calculer le bénéfice économique (somme algébrique des coûts et avantages
économiques) du projet.
Un système de prix de référence peut ainsi se substituer à un système de prix du
marché afin de répondre à quatre principaux types de préoccupations.

a. le souci de répartir les ressources nationales entre dépenses d'investissement


(dont les bénéfices peuvent apparaître à long terme seulement) et
consommation immédiate : le prix de référence s'appliquera au choix d'un taux
d'actualisation économique,

b. le souci de prendre en compte la valeur économique pour le pays des biens et


services produits ou consommés par le projet : un prix de référence sera établi
pour les principaux d'entre-eux en tenant compte des prix existant sur les
marchés mondiaux,

c. le souci d'améliorer la balance des paiements en économisant ou en gagnant


des devises étrangères rares : la fixation d'un prix de référence des devises
permettra également de faire intervenir des phénomènes de surévaluation
éventuelle de la monnaie nationale.

d. le souci de tenir compte du chômage ou de la pénurie de main d'oeuvre par


l'emploi d'un prix de référence de la main d'oeuvre.

Ainsi, voit-on se dégager, au-delà de ces raisons pratiques, un aspect non négligeable
de l'élaboration d'un système de prix de référence : c'est aussi un moyen de prendre
en compte une politique gouvernementale visant à favoriser ou au contraire à limiter
l'emploi de certaines ressources ou certains biens.

L'économie ou le gain de devises est-il prioritaire ? Cette priorité pourra s'exprimer


dans les calculs en donnant aux devises étrangères un prix de référence supérieur au
prix du marché.

Le chômage est-il important ? Le gouvernement entend-il le résorber ? Les projets à


forte utilisation de main-d'oeuvre nationale pourront alors être favorisés en
introduisant dans les calculs un prix de référence (donc un coût économique) du
travail inférieur à son prix du marché.

1.5. Simplicité de la mise en oeuvre des prix de référence

Le principal intérêt de cette méthode d'évaluation est donc la simplicité du calcul,


puisqu'on passe de l'étude financière à l'étude économique en remplaçant simplement
les prix utilisés lors de l'étude financière par des prix de référence, dont certains

90
peuvent être obtenus - en première approximation - par application d'un coefficient
correcteur.
Si l'on considère, par exemple, pour tenir compte du sous-emploi de la main-d'oeuvre,
que le coût pour l'économie nationale de l'emploi de main-d'oeuvre non qualifiée n'est
que la moitié de son coût financier, l'emploi d'un prix de référence se limitera à
multiplier tous les coûts de main-d'oeuvre non qualifiée du projet par 0,5. La simplicité
de la mise en oeuvre pratique, outre la facilité du calcul, provient du fait que cette
technique dispense de la tâche délicate de l'estimation des effets indirects et induits.

Les prix de référence sont en effet calculés en fonction de la situation économique


générale extérieure au projet. Leur emploi intègre la situation de l'environnement
économique et de l'impact du projet sur cet environnement.

En situation de chômage, les effets de la création d'emplois - directs et indirects - sont


ainsi pris en compte par une minoration des coûts de main-d'oeuvre du projet. De
même, l'impact direct et indirect sur une balance des paiements déficitaire est pris en
compte par la majoration des coûts en devises du projet et des bénéfices en devises
(ou des économies de devises) liés au projet.

Le principal inconvénient de cette méthode est, en revanche, la difficulté de choisir et


justifier des prix de référence. En effet, cette méthode d'évaluation étant basée sur le
modèle économique néoclassique, le commerce international est censé produire les
"vrais" prix, prix d'équilibre résultant des échanges sur un marché libre alors qu'on
peut se demander dans quelle mesure les prix internationaux ne font pas l'objet, eux -
aussi, de "manipulations", de distorsions dues à l'imperfection générale des marchés.

De plus, il sera toujours difficile d'obtenir un consensus pour fixer par exemple, le prix
de référence de la main-d'oeuvre ou des devises étrangères. C'est pourquoi chaque
organisme de financement a tendance à établir son propre système de prix de
référence.

2. PRINCIPES GENERAUX DE LA METHODE DES PRIX DE REFERENCE

Dans cette partie nous aborderons successivement les notions de coûts et avantages
économiques ainsi que les étapes de la Méthode des Prix de Référence (MPR.)

2.1. notions de coûts et avantages

2.1.1 Coûts économiques :

On parlera de coûts économiques lorsque, pour affecter un bien limité à un usage


déterminé, on doit renoncer à d'autres usages alternatifs (coût d'opportunité).

2.1.2 avantages économiques :

Lorsqu'il y a accroissement des disponibilités en biens et services au niveau de


l'économie, du fait de l'existence du projet, on dira qu'il y a avantages économiques.

2.2. Etapes de la MPR

91
Les principales étapes à suivre dans le cadre d'une évaluation par la méthode des
prix de référence sont les suivantes :

. Identification des perturbations


. classement des perturbations
. mesure des coûts et avantages
. calcul de la rentabilité économique

Nous analyserons en détail ces différents points dans ce qui suit.

2.2.1. L'identification des perturbations engendrées par le projet

La réalisation et le fonctionnement d'un projet engendrent un certain nombre de


perturbations. Ces perturbations affectent l'appareil productif, la balance des
paiements, les finances publiques, l'emploi, les prix intérieurs ainsi que les structures
d'échange et de revenu. C'est pourquoi, avant même de vouloir quantifier ces
perturbations ou de vouloir les qualifier de coûts ou avantages, il apparaît primordial
de bien les identifier.
Prenons l'exemple d'un projet portant sur la culture et l'égrenage du coton. Les
perturbations dans ce cas peuvent se présenter comme suit : mobilisation de fonds
publics et privés, importation de matériels, développement d'une industrie mécanique
locale, transport et montage, mobilisation de main d'oeuvre, défrichement de
nouvelles terres, substitution de spéculations agricoles, formation du personnel,
exportation de coton, importations d'intrants et de pièces détachées, accroissement
de l'activité économique locale, etc. .

A coté de ces effets plus ou moins directs du projet sur son environnement, il peut en
exister d'autres : amélioration du savoir faire de la population locale, liquidation d'un
artisanat traditionnel (forgeron), nouvelle répartition des revenus.

2.2.2. Le classement des perturbations en éléments de coûts et avantages


économiques

Coûts et avantages économiques, en effet, diffèrent des coûts et bénéfices financiers.


Ces différences sont particulièrement visibles dans deux cas, ainsi :

- les taxes et subventions sont considérées dans l'évaluation économique


comme des paiements de transferts : les taxes (coût pour l'analyse financière)
sont un bénéfice pour l'agent Etat. Les subventions (bénéfices sur le plan
financier) sont un coût supporté par l'agent Etat afin d'assurer l'exécution du
projet;

- les intérêts sur le capital emprunté sont assimilés à un coût dans l'analyse
financière. Dans l'analyse économique, ils sont assimilés à des transferts tant
qu'ils sont perçus par des agents de la collectivité nationale (banque locale,
etc.).

92
Pour toutes ces raisons, lors du passage de l'analyse financière à l'étude économique
il faut éliminer des avantages et des coûts tous les éléments correspondant à des
transferts d'un agent national à un autre agent national. Il s'agit notamment des
impôts, des taxes et des subventions d'équilibre.

Néanmoins, le classement des perturbations d'un projet en éléments de coûts et


avantages économiques est parfois malaisé. Ce classement doit en effet être effectué
en fonction des objectifs poursuivis par les autorités politiques centrales et des
contraintes de rareté sur certains facteurs.
Or, objectifs et contraintes sont loin d'être toujours parfaitement explicités ou
identifiés. Si l'on reprend ainsi l'exemple précédent des intérêts des emprunts perçus
par des organismes financiers locaux, certes ces intérêts ne sont pas un élément de
coût pour une analyse au niveau de la collectivité globale. Décider néanmoins qu'il
s'agit d'un élément d'avantage économique pour le projet présuppose peut-être qu'il
est indifférent que ces flux monétaires reviennent à des banques, à des entreprises
ou à des agriculteurs.

Les transferts ne sont donc pas des mécanismes financiers "neutres" : ils influent
directement sur la répartition des revenus entre les différents agents économiques, ce
que la méthode des effets permettra tout particulièrement d'illustrer.

2.2.3. La mesure des coûts et des avantages économiques :

Cette étape conduira également à différencier les coûts et avantages économiques


des coûts et bénéfices financiers. En effet :

. les prix retenus pour l'analyse économique peuvent très largement différer des prix
retenus pour l'analyse financière: c'est là tout le problème controversé de l'évaluation
et de l'emploi des "prix reflets" ou "prix de référence".
. enfin, une même technique, par exemple l'actualisation, peut-être mise en oeuvre de
façon
différente dans l’évaluation économique et dans l’évaluation financière (les taux seront
différents).

2.2.3.1. La mesure des avantages économiques :

Le principal avantage est en général l'accroissement de production ou l'accroissement


de valeur ajoutée qui est lié au projet.
Il faut ici prendre garde à ne pas confondre la comparaison avant et après le projet, et
la comparaison avec et sans le projet.
Pour estimer l'accroissement de production ou de valeur ajoutée lié au projet, il est en
effet nécessaire de choisir et justifier une situation de référence, c'est à dire une
situation "sans le projet", cette situation pouvant différer largement de la situation
"avant" le projet. Il est donc indispensable de toujours se poser la question : « sans le
projet, quelle aurait été la production ? ». Si une évolution naturelle en absence du
projet était déjà prévisible, il est nécessaire d'en tenir compte.
Le graphique ci-après met en évidence ce dernier point. Ainsi, les bénéfices issus de
l'accroissement de la production liée au projet correspondent à l'aire (3) et non à la
somme des aires (2) et (3), et encore moins à la somme des aires (1) + (2) +(3).

93
Production avec le projet

Début du projet
(3)
(2)
Production sans

le projet
(1)

1990 1995 2005

Cette illustration suppose que, sans le projet, la production de paddy de la zone aurait
continué à s'accroître au même rythme que durant les 5 années précédentes. Dans
ce cas, l'augmentation de production due au projet est représentée par la surface (3).
Au contraire, si la production stagne entre 1990 et 2005 en l'absence de projet, alors
l'accroissement dû au projet serait représenté par les surfaces (2) et (3).
Pour apprécier de façon précise l’ensemble des effets du projet agricole, il faut en
plus tenir compte du volume de la demande. Supposons, par exemple, le cas suivant :
- la demande de riz dans un pays est de 200 000 tonnes.
- la production sans le projet est de 80 000 tonnes.
- l’accroissement de production dû au projet est de 50 000 tonnes.
La comparaison complète situation de référence et situation avec projet donne :

situation sans projet situation avec projet


production 80 000 t 130 000 t
importation 120 000 t 70 000 t
Il ressort de cette analyse que la demande globale est exogène, en ce sens que son
niveau ne dépend pas de la réalisation ou non du projet. La comparaison des
situations avec ou sans projet revient donc à faire une projection de la situation avant
projet en évaluant les conséquences des mesures à prendre pour satisfaire une
même demande. Ainsi, dans cet exemple, la production du projet se substitue à des
importations de riz pour une même quantité (50 000 t).
A ces avantages, qui sont généralement qualifiés de "directs", doivent être ajoutés les
avantages indirects qui proviennent de l'accroissement d'activité générale de
l'économie provoquée par le projet, soit en amont, soit en aval de celui-ci
(sous-traitants, transporteurs, etc.). Les avantages indirects peuvent en certains cas
(activités industrialisantes) s'avérer très supérieurs aux avantages directs. A la limite,
la présence d'un tissu économique dense ou la volonté politique de "noircir le tableau
d'échanges interindustriels" peut conduire à prendre en compte en priorité les
avantages indirects d'une opération.
En outre, la distribution de revenus liés au projet et à ses effets indirects provoque
elle-même un surcroît d'activités qui font apparaître des avantages économiques
induits.

94
Enfin, il ne faut pas oublier les avantages non quantifiables en unités monétaires
(formation, amélioration de la condition sanitaire, réduction de la pollution), les
avantages totalement non quantifiables (prestige, indépendance accrue, etc.), ainsi
que l'incidence du projet sur les structures de production.

2.2.3.2. La mesure des coûts économiques :

Ces coûts économiques peuvent être tout d'abord regroupés en coûts


d'investissement et coûts d'exploitation.
Mais il est souvent plus utile de faire apparaître séparément :

- les coûts correspondant à des biens et services consommés par le projet dont
la mesure pose des problèmes techniques (chiffrage des quantités
nécessaires) et économiques (choix de prix adéquats),

- les coûts de main-d'oeuvre souvent omis (c'est en particulier le cas du travail


paysan dans les projets agricoles) qui correspondent parfois en fait, selon
l'optique de l'analyse, à un avantage économique (méthode des effets).
En outre, pour faciliter l'analyse financière détaillée (établissement du plan de
financement) et l'analyse économique, il est recommandé de présenter les données
de base du projet en distinguant les dépenses en devises étrangères, les taxes et les
dépenses en monnaie nationale. Une présentation de ces données est faite dans le
tableau ci-dessous.

2.2.3.3. Exemple de présentation des coûts d'un projet

rubriques année total part en part en part de


d’implantation devises dépense de taxes
s
locales
Terrain et V.R.D.
Etudes préalables
Constructions
Equipements, matériel
Véhicules
Augmentation de fonds de
roulement
Assistance technique
Formation professionnelle
Recherche
d'accompagnement
Dépenses de démarrage

Sous total
Imprévus physiques
Total en monnaie constante
Provision pour hausse des
prix
Total en monnaie courante
Intérêts intercalaires
Grand total

95
a/ Exprimés en monnaie constante 1, ces coûts figureront -à l'exception des intérêts
intercalaires - dans le tableau de cash flow du projet permettant de calculer le taux de
rendement interne (financier ou économique) de l'opération 2

Remarque importante :

On ne pourra pas, par conséquent, comparer directement le taux de rendement interne


ainsi obtenu au coût des capitaux utilisés pour financer le projet, ces derniers incluant
un montant d'inflation estimé.

Il conviendra, si l'on veut comparer des grandeurs comparables, d'ajouter au TRI calculé
en monnaie constante, le taux moyen d'inflation supposé sur tous les postes du cas
flow.

b/ Exprimés en monnaie courante, les coûts ci-dessus - y compris les intérêts


intercalaires - permettront d'établir le plan de financement du projet.

2.2.3.4. Remarques

a) Coûts correspondant à des productions perdues du fait du projet


(production artisanale dont le projet provoque la disparition, par exemple). Ces coûts
sont souvent oubliés et nombre de projets n'auraient jamais vu le jour si ces
phénomènes n'avaient pas été omis. Un concept peut être introduit ici : celui de coût
d'option ou coût d'opportunité. Ainsi, lorsque la mise en oeuvre d'une action 1 implique
la non-réalisation d'une action 2 susceptible de produire un bénéfice B2, le coût
d'opportunité C1 de l'action 1 est égal à la perte de bénéfice B2.

Cette notion s'applique particulièrement au cas où la mise en place d'une opération


entraîne la suppression de productions agricoles qui existaient antérieurement (par suite
de l'occupation des terres cultivées ou de la mobilisation de la main-d'oeuvre rurale), ou
celle d'activités artisanales
subissant la concurrence des produits du projet.

b) Dépenses déjà engagées :

Les dépenses déjà engagées sont en général de deux ordres :


- dépenses de recherches et d'expérimentation,
- et dépenses d'infrastructure (route, barrage, etc.).

Il est ici nécessaire de savoir si l'analyste se trouve dans une situation postérieure ("ex
post") ou bien dans une situation antérieure au projet ("ex ante").

Dans une évaluation rétrospective, où l'on cherche à juger a posteriori de la rentabilité


générale d'une opération, il est souhaitable de prendre en considération l'ensemble de

1
Monnaie constante de l’année 0.
2
On trouvera en annexe les tables d'actualisation utilisées

96
ces dépenses dans la mesure où elles sont bien liées au projet considéré. Encore faut-il
procéder intelligemment et ne pas imputer le barrage de 100 millions aux 50 hectares
du projet.

Dans une analyse antérieure au projet, par contre, où le but de l'analyse est d'éclairer
un choix, seuls les revenus futurs et les dépenses futures sont à retenir. Les dépenses
engagées dans le passé ne doivent aucunement influer sur le choix à venir autrement
que par les bénéfices futurs que l'on en attend. Un exemple clarifiera ce point.
Supposons qu'un programme de recherche agronomique ait coûté 50 millions de francs.
Les résultats ne permettant pas de lancer un projet agricole, les chercheurs considèrent
qu'avec 5 millions de francs supplémentaires, ils obtiendront des résultats décisifs. Il
faut ici retenir, pour prendre une décision, les 5 millions de francs qu'il faut engager et
les additionner au coût du projet, pour les comparer aux bénéfices que l'on peut
attendre. Les 50 millions déjà dépensés n'interviennent aucunement et ne sauraient
justifier une poursuite de l'expérimentation. Ce principe général se heurte toutefois dans
la réalité à de sérieuses contraintes dans la mesure où un organisme ou un programme
existant recèle en lui-même une forte "propension à continuer".

2.2.4. Détermination de la rentabilité économique

Les prix économiques des biens et services étant établis, on peut, comme cela se fait
pour l'analyse financière, reconstituer les flux annuels des avantages et coûts du projet
et procéder au calcul de la rentabilité économique.

Les principaux critères utilisés sont :

- la valeur actualisée nette économique (VAN)


- le taux de rentabilité interne économique (TRI ECO)

Remarque : L'analyse économique concernant l'ensemble de la collectivité, il n'est pas


nécessaire que l'on descende au niveau des agents ; autrement dit le calcul de la
rentabilité économique se fera sur la base du tableau des recettes et dépenses ajustées
en prix de référence du projet.

2.2.4.1 La V.A.N

Elle est donnée par la formule générale suivante :

p = n (Ap - Cp - Ip)
VAN = Σ --------------------------------
p =0 (1 + i) p

Avec i = coût de renoncement du capital = prix de référence du capital

Le projet est rentable si la VAN est supérieure à 0. Si on prend en compte les risques
liés au projet, un projet dont la VAN est égal à 0 ne sera pas retenu.

97
2.2.4.2. Le TRI Economique

Le TRI est égal à i tel que :

p = n ( Ap - Cp - Ip)
VAN = Σ --------------------- = 0
p=0 (1+i)p

Avec i = le TRI économique que l’on souhaite calculer.

- Si le TRI économique est supérieur ou égal au coût de renoncement du capital, le


projet est rentable.
- Si le TRI économique est inférieur au coût de renoncement du capital, le projet n'est
pas rentable.

2.2.4.3. Les Tests de sensibilité

En analysant le projet, on utilise des prix projetés ce qui implique une certaine part
d'incertitude. Aussi, afin de mieux connaître les risques d'un projet, est-il opportun de
soumettre les différentes variables à un test de sensibilité.

En pratique, il s'agira de faire varier les coûts et avantages économiques en ampleur et


dans le temps afin d'évaluer l'incidence de ces variations sur le prix économique.

L'accent devra être mis sur les rubriques dont on pense que les hypothèses de fixation
ne sont pas très satisfaisantes :

- les prix
- les délais
- les coûts des biens intermédiaires, surtout ceux importés.
- le coût des équipements et du matériel.

Remarque : S'il existe des différences notables entre le TRI économique et celui
financier, l'analyste essaiera d'en déterminer la raison.
. Si le TRI financier est supérieur au TRI économique : on a, en général, une situation
globale de l'économie qui est telle que les taxes et les marges bénéficiaires sont très
élevées et/ou les prix intérieurs des biens produits sont élevés par rapport aux prix
internationaux.
. Si le TRI financier est inférieur au TRI économique : il s'agit souvent de cas où les
biens intermédiaires sont fortement taxés.
Afin de corriger les distorsions de prix, il est nécessaire de voir à l'aide de tests de
sensibilité sur un grand nombre de projets, la meilleure politique de prix et de taxation
que l'on peut mettre en oeuvre dans le pays pour avoir un TRI économique proche du
TRI financier.

2.2.4.4. Cas spécifique des projets d'expansion

Il existe deux méthodes pour calculer la rentabilité du projet :

98
2.2.4.4.1. Méthode de la Rentabilité Globale

On utilise la formule suivante :


n - (I 2 - I 1 ) + (R t - D t )
Σ ---------------------------- = VAN
t
t=0 (1 + i)
Avec :
I 1 = Investissement du projet sans extension
I 2 = Investissement d'extension
Rt = Recette totale après expansion
Dt = Dépense totale après expansion

Cette méthode n'est pas très pertinente car ne tenant pas compte de l'apport exact du
nouvel investissement ceci étant entendu que l'investissement initial constitue un coût
irréversible.
2.2.4.4.2. Méthode de la Rentabilité différentielle

On applique la formule de calcul sur les effets additionnels engendrés par l'extension :

I2 - I1 = I ; R2t - R1t = R ; D2t - D1t = D

VAN = t = n R-I-D
VAN = Σ -----------------
t=0 (1 + i) p

Avec :
I = Investissement supplémentaire
R = Recettes supplémentaires
D = Dépenses supplémentaires.

Cette méthode est meilleure car on apprécie ainsi l'apport de chaque unité
supplémentaire d'investissement.

3. DEMARCHE PRATIQUE POUR LE CALCUL DE PRIX DE REFERENCE

Notre objectif est, à ce niveau, de montrer que l'emploi de prix de référence ne fait
appel, pour une approche simplifiée, qu'à des informations fort accessibles et qu'elle est
susceptible de faire intervenir des éléments qui, autrement, n'auraient pas été pris en
compte, en particulier au stade des études d'identification et de factibilité.

Ainsi, il est souvent plus utile d'utiliser une approche simplifiée, à l'aide de prix de
référence employés comme paramètres dès l'identification, lorsque les grandes
orientations du projet peuvent encore être modifiées, qu'une approche raffinée lors de
l’évaluation, lorsque les choix essentiels sont déjà effectués.

Nous étudierons à présent les principales règles pratiques permettant d'établir un


système de prix de référence lors d'une approche économique sommaire, et notamment
de choisir :

99
- un taux d'actualisation économique,
- un prix de référence des biens et services consommés et produits par le projet.
- un prix de référence de la main-d'oeuvre,
- un prix de référence des devises étrangères,

Nous utiliserons pour ce faire l'approche de la Banque Mondiale la plus utilisée et la plus
récente de toutes les méthodes. Elle a été publiée en 1974 par L. SQUIRE et H. VAN
DER TAK. Elle est utilisée à quelques variantes près par toutes les banques
régionales de développement : Banque Africaine de Développement, Banque
Ouest Africaine de Développement, Asian Bank of Development, Banque
Américaine de Développement, Banque Européenne d'Investissement etc. .

3.1. Le choix d'un taux d'actualisation économique ou prix de référence du capital

Nous avons précédemment remarqué que le choix d'un prix de référence doit être lié à
deux éléments : la plus ou moins grande rareté d'un bien ou facteur de production et la
volonté politique gouvernementale. Ces deux contraintes sont particulièrement nettes au
niveau du choix d'un taux d'actualisation économique. Il doit refléter à la fois la rareté ou
l'abondance réelle des capitaux, et les préférences de la collectivité entre
consommation présente et consommation future, donc en définitive entre
consommation immédiate et investissement.

Principe du choix :

Si le modèle de croissance retenu privilégie l'épargne et l'investissement (donc un


éventuel accroissement de la consommation future), ce modèle définira implicitement
un taux d'actualisation économique assez bas (4 à 8%) favorisant de grands
programmes d'investissements au profit des générations futures. Si, au contraire, le
modèle de croissance retenu privilégie l'emploi, la redistribution des revenus, le
développement rapide de la demande de biens de consommation immédiate, le taux
d'actualisation économique sera beaucoup plus élevé (10 à 15%), favorisant ainsi des
projets à maturation rapide.

- Par exemple si : i = 4%, le taux d'actualisation économique n'élimine pas les projets
dont les bénéfices sont lointains.
- Egalement si : i = 15%, le taux d'actualisation économique favorisera les projets dont
les bénéfices sont proches.
Il s'agit donc là, comme on le voit, de choix politiques et dans la pratique une
présentation détaillée de ces modèles n'est pas disponible. La réalité des choix
politiques observés devrait le plus souvent permettre de déterminer les plages de
variation possibles du taux d'actualisation économique : de 10 à 14%, de 8 à 6%, etc. .
En revanche, le choix d'un taux d'actualisation économique précis devrait relever,
lorsqu'il ne s'appuie pas sur un illusionnisme économétrique, des autorités politiques
nationales.

Ces difficultés de détermination d'un taux d'actualisation économique ont conduit bien
souvent à formuler le problème à l'envers : quel serait le taux d'actualisation qui
annulerait la somme des cash flow actualisés (exprimés ici en valeur économique).

100
La résolution de ce problème amène à trouver le taux de rentabilité interne économique
de l'opération sans avoir à se prononcer, a priori, sur un taux d'actualisation général
pour le pays.

Il serait illusoire de penser que la difficulté du choix est ainsi évitée, car il convient alors
de déterminer à partir de quel taux de rentabilité interne économique une opération peut
être considérée comme profitable pour l'économie nationale dans son ensemble. Cette
question ne peut être résolue, en général, sans comparer le taux obtenu avec celui de
projets similaires étudiés ou réalisés ailleurs.

En pratique, deux démarches sont employées pour déterminer le coût économique du


capital, à savoir la méthode du modèle de croissance et celle empirique.

. modèle de croissance

Calculé par le Service National de la Planification, le coût économique du capital appelé


coût de renoncement du capital ou taux d'actualisation de référence est souvent
compris entre 10 et 15 %.

On tient compte pour sa détermination de la préférence de la collectivité pour le présent


ou le futur mais aussi des contraintes réelles qui s'exercent sur les ressources en capital
du pays.

. la méthode empirique

Une première démarche consisterait à ce niveau à utiliser le taux moyen de rendement


des investissements réalisés durant les dernières années comme taux d'actualisation de
référence.
La difficulté consistera pour ce type d'exercice à trouver une base commune de calcul
de la rentabilité moyenne des projets privés et des projets publics.

En effet, pour les projets publics la rentabilité financière n'est pas très fondamentale
alors qu'elle est indispensable pour les projets privés.

Une seconde voie serait définir le prix de référence à partir des contraintes financières
rencontrées par les Pouvoirs publics et à ce titre 3 cas de figure peuvent se présenter :

a) les pouvoirs publics sont en mesure d'autofinancer le projet, auquel cas le taux de
placement moyen de leurs fonds peut constituer une mesure acceptable du prix de
référence.

b) les pouvoirs publics doivent emprunter pour financer le projet. Dans ce cas le taux
d'intérêt moyen sur les emprunts de l'Etat serait une mesure acceptable du prix de
référence.

c) les pouvoirs publics financent les projets à partir de fonds disponibles et d'emprunts.
Dans ce cas on peut choisir un taux moyen pondéré comme prix de référence du
capital.

101
3.2. Impôts, Taxes et Subventions

Ces éléments qui n'exercent pas d'influence sur la richesse générale de l'économie qui
reçoit le projet sont appelés transferts internes et leur prix de référence est égal à 0.

Les incidences des transferts devront donc être annulées pour établir le prix réel des
biens et services auxquels ils sont liés.
Le même raisonnement est valable pour les intérêts intérieurs.

Exemple 1 :Quand, à l'occasion d'une transaction, le projet paye une taxe de 1000 F à
l'Etat, cela n'entraîne pas une augmentation de la richesse du pays et consiste
essentiellement en un transfert de propriété de ces 1000 F du projet au profit de l'Etat.

Exemple 2 : Si le prix CAF ( Coût, Assurance et Fret) du riz importé au port de Dakar est
de 150 F/kg et que les droits de douane applicables au riz est de 40 % du prix CAF.

Droits de douanes = 60 (40 % du prix CAF)

Prix au marché de Dakar : 150 + 60 = 210 F

Si en outre, pour des raisons particulières l'Etat décide de subventionner le riz à raison
de 70 F par KG.

Prix du marché sera de = 210 - 70 = 140 F

Prix économique du riz = Prix CAF - Droits Douanes + Subvention.

Prix économique = 150 - 60 + 70 = 160 F.

3.3. Prix de référence des biens et services

Nous avons déjà souligné que les prix du marché intérieur ne constituent pas
nécessairement des indicateurs satisfaisants pour exprimer la valeur pour la collectivité
de certains biens et services. Ainsi, par exemple, quelle est la valeur pour l'économie
nationale, d'une tonne de mil produite dans le cadre d'un projet si le prix du marché
intérieur est de l'ordre de 30.000 FCFA la tonne habituellement, mais si, en cas de
pénurie, il est nécessaire d'acheminer par avion des céréales achetées sur le marché
mondial à un coût proche de 100.000 FCFA la tonne ?

Dans tous les cas, il conviendra de retenir le prix hors taxes des produits puisque,
rappelons-le, les taxes constituent un simple transfert à l'intérieur du pays, et non un
coût.
Mais avant de rentrer dans le détail des calculs, nous procéderons à la définition et à la
typologie des biens.

3.3.1. généralités

Les biens et services sont classés en différentes catégories selon qu'ils sont utilisés ou
produits par le projet ou bien qu'ils sont échangés ou échangeables ou non
internationalement. Ainsi :

102
. les facteurs de production : sont des biens ou des services consommés par le projet.

. les produits : sont les biens et services produits par le projet.

. les biens et services internationaux : sont les biens et services effectivement importés
ou exportés ou susceptibles de l'être si le pays suivait une politique permettant un
développement optimum selon la théorie économique néoclassique. Ils peuvent être
des produits ou des facteurs de production. Leur consommation ou production a des
répercussions sur le niveau des importations ou des exportations du pays.

. les biens ou services nationaux : Ils ne font pas l'objet de transactions internationales.
Ce sont des produits ou des facteurs de production tels que électricité, eau, services de
transport intérieur, construction, les frais de réparation et d'entretien, assurances,
publicité etc. .

Après avoir effectué la typologie des biens et services, nous procéderons dans ce qui
suit à leur détermination, ce qui nous amènera à considérer plusieurs cas de figure,
notamment :
a) les biens et services échangés internationalement,
b) les biens et services produits ou achetés sur le marché local

3.3.2. Biens et services échangés internationalement

1°) Prix de référence des biens et services importés (ou susceptibles d’être
importés) :

Les facteurs de production importés ainsi que les produits qui se substituent
(remplacent les) aux importations ont un prix de référence équivalant à :

PR = Prix CIF + CA (Coût Ajusté de mise à Disposition)


avec PR = prix de référence des produits ou facteurs de production
Prix CIF = prix Cost Insurance and Freight ou prix frontière (ou CAF: Coût, Assurance
et Fret en Français)
CA = Coût ajusté de mise à disposition ou coût d'approche

Ces coûts sont constitués principalement par les frais de débarquement, de stockage,
d'assurance au port, les commissions de courtage, les frais de transport et de montage
sur le site.
Enfin, dans le cas où un prix de référence des devises serait retenu comme on l'a vu
précédemment, il interviendrait bien évidemment dans le calcul pour la part en devises
des équipements importés.

Remarque : Pour les biens de substitution qui ne font pas l'objet de commerce
international, on prendra pour calculer leur prix de référence, le prix CIF des biens
auxquels ils se substituent et qui eux font l'objet de commerce international.

2°) Prix de référence des biens et services exportés :

103
Ce sont des facteurs de production qui réduisent le volume disponible des exportations
nettes du pays ou des produits exportés.
La valeur pour la collectivité de ces biens et services sera exprimée par son prix
frontière FOB 1, déduction faite du coût économique de son acheminement à la frontière
et éventuellement de sa transformation (cas du coton). Ainsi, on aura :

PR = Prix FOB - CA
avec FOB = Free On Board
et CA = Coût d’Approche

Remarque : Pour chaque bien ou service qui se substitue aux importations ou qui réduit
les exportations du pays, il est nécessaire, afin d'en établir le prix de référence, de bien
connaître les mécanismes de son commerce avec l'extérieur.
Par exemple, pour chaque bien utilisé ou produit par le projet, il faudra déterminer les
coûts à supporter s'il fallait les acheminer entre le lieu d'implantation du projet, la
frontière et/ou le marché de vente. Trois cas de figure sont généralement constatés :

- CAS A : Facteurs de production dont l'emploi provoque directement ou indirectement


un relèvement du niveau des importations du pays :
Dans ce cas, le prix de référence est calculé, en ajoutant au prix CAF à l'importation du
bien, les frais de transport entre le port/aéroport et le site du projet.

- CAS B : Facteur de production dont l'utilisation entraîne un détournement d'exportation


du pays vers un emploi national :
Le prix de référence est évalué en soustrayant le coût de transfert entre le port/Aéroport
et le producteur national de son prix FOB ajouté de son coût de mise à disposition au
lieu du projet.

- CAS C : Produit d'un projet qui remplace des importations :


Pour calculer le prix économique, il faut ajouter au prix CAF le coût de transfert entre le
port d'importation et le marché et soustraire ensuite le coût de transfert entre le marché
et le projet.
Des exercices pratiques nous permettrons d’illustrer ces cas.

3.3.3. Biens et services produits pour ou achetés sur le marché local

On examinera à ce niveau deux cas de figure, à savoir :


. le cas des biens et services produits pour le marché local mais précédemment
importés.
. le cas des biens et services achetés sur le marché local.

1°) Biens et services produits pour le marché local, mais précédemment importés
:

C'est le cas où la production d'un projet se substitue à des importations, par exemple,
un projet de production de sucre. La fraction de la production de sucre vendue sur le

1
sous réserve de l'utilisation d'un prix de référence des devises comme nous venons de le voir

104
marché local va permettre d'économiser des importations immédiates ou potentielles
(liées à un développement de la demande). Le prix de référence de ce sucre sera donc
exprimé par sa valeur CIF (ou CAF) modifiée des coûts d'approche jusqu'au point de
consommation finale du produit. Ainsi :

PR = Prix CIF + CA1 - CA2

avec CA1 = coût d'acheminement entre le port d'importation et le marché


et CA2 = coût d'acheminement entre le projet et le marché

Cette valeur exprimera l'économie faite en substituant une production nationale à des
importations. Toutefois, dans le cas présenté ci-dessus, le sucre produit par le projet ne
se trouve pas sur le lieu même de consommation. « L'économie » précédente devra
donc être amputée des coûts de transport qui se situent entre le stade de production et
le stade de consommation.
Enfin, pour pouvoir valoriser la production du projet, exprimée en tonnes de canne à
sucre sur le champ, il conviendra de retrancher à la valeur économique obtenue jusque
là les coûts d'usinage du sucre.

En résumé, le prix économique au producteur de la canne à sucre (farm-gate price, en


anglais) sera égal à :

Valeur CAF des importations équivalentes


+ Coûts d'approche du port au centre de consommation
- Coûts d'approche et de transformation du projet au centre de consommation.
Le raisonnement serait identique pour le calcul du prix économique du paddy au
producteur, en veillant de plus à convertir le cours mondial du produit importé (le riz
décortiqué) en équivalent paddy).

2°) Biens et services achetés sur le marché local :

Plusieurs possibilités doivent ici être analysées, à savoir :


. Biens susceptibles de faire l'objet de transactions internationales
. Biens non susceptibles de faire l'objet de transactions internationales

a) Biens susceptibles de faire l'objet de transactions internationales :

Supposons que le projet achète des engrais à une entreprise locale :


a 1 ) Si l'entreprise travaille à pleine capacité, de sorte que la demande
supplémentaire est satisfaite par importation, le prix de référence de l’engrais sera
égal à :

PR = Prix CAF + CA1 (port - marché) - CA2 (marché - usine) + CA3 ( usine -
projet)
a 2 ) Si l’entreprise travaille à pleine capacité de sorte que la demande
supplémentaire est satisfaite par une réduction des exportations d'engrais 1, le prix
de référence sera égal à :
1
si les quantités achetées par l'usine sont importantes, elles peuvent amener les fournisseurs à
accroître leur capacité de production : il s'agit là de projets liés qui devront être étudiés ensemble.

105
PR = Prix FOB - CA1 (port - usine) + CA2 ( usine - projet)

a 3 ) Si l'entreprise est en situation de sous-emploi de sa capacité de production


(cas le plus fréquent), la solution généralement adoptée consiste à décomposer le bien
en ses divers éléments (main-d'oeuvre, consommations intermédiaires importées et
locales, taxes, etc.) et à appliquer un prix de référence aux éléments qui le justifient. Le
travail est en général limité aux biens les plus importants, les autres étant alors valorisés
à leur prix du marché. On décomposera ainsi l'engrais en :

- produits chimiques importés ==> prix de référence possible


- autres achats
- frais de personnel ==> prix de référence possible
- T.F.S.E. et frais généraux
- impôts et taxes ==> simple transfert

b) Biens non susceptibles de faire l'objet de transactions internationales:

Ces biens sont en fait peu nombreux (coûts de construction, transports intérieurs,
assurances, électricité etc.). En général, ils ne sont pas échangés pour les raisons
suivantes :

- soit à cause de leur coût de production caractérisé par le fait que leur Prix CAF
supérieur au prix intérieur et leur Prix FOB inférieur au prix intérieur.

- soit à cause de pratiques commerciales restrictives (interdiction ou contingentement


notamment)

- soit à cause de leur nature particulière ; dans ce dernier cas on peut citer à titre
d'exemple : l'eau, l'électricité, les frais de réparation et d'entretien, les transports, les
bâtiments et les différents services (commerce, assurances, publicité, services
juridiques etc.).

Pour déterminer leur prix de référence, deux méthodes peuvent être utilisées :

a) prendre comme prix de référence le prix du marché si les biens et services en


question sont échangés dans des conditions de libre concurrence;

b) décomposer le bien ou service en diverses composantes susceptibles de faire ou non


l'objet de transactions internationales.

En règle générale, après avoir procédé à la décomposition du bien étudié en biens


échangés et en biens non échangés, chaque élément constitutif devra faire l'objet d'un
traitement permettant de retrouver son prix de référence.

- Pour les biens échangés : on applique la méthode idoine décrite précédemment


- Pour les biens non échangés : on peut utiliser également un facteur de conversion qui
est égal au rapport entre le prix d'acquisition de ce bien par le projet et le prix que les
consommateurs sont disposés à payer pour obtenir ce bien.

106
Ce facteur de conversion qui est égal au rapport entre le prix de référence et le prix du
marché est en général inférieur à un.

Il faut remarquer que les terrains et la main d'oeuvre font l'objet d'un traitement
particulier.

Remarque : Dans les pays où la méthode des prix de référence est utilisée, les facteurs
de conversion sont calculés par le service national de la statistique ou du plan.

En général, il arrive que l'on calcule un coefficient de conversion standard valable pour
représenter un rapport moyen entre les prix frontières et les prix du marché intérieur.
Ce coefficient (facteur) de conversion standard peut être compris comme le rapport de
deux versions du chiffre du commerce extérieur du pays, l'un sans et l'autre avec les
droits à l'importation et les droits ou subvention à l'exportation.

M + X
F.C.S = -----------------------------
(M + Tm) + (X - Sx)

avec M : valeur CAF des importations


X : valeur FOB des exportations
Tm : droits à l'importation
Sx : droits (subventions) à l'exportation.

Remarque : S'il est possible de le faire, il est souhaitable d'utiliser pour le calcul des prix
de référence des biens les coefficients de conversion qui leur sont spécifiques.
L'utilisation du coefficient de conversion standard n'est réellement pertinente que dans
le cas des biens et services dont la valeur financière est relativement faible ou quand il
est difficile de trouver des informations permettant de calculer le coefficient spécifique.
Exemple : Soit un bâtiment dont le coût financier est de 200 000 um et qui se compose
des éléments suivants :

- charpentes métalliques : 60 000 um


- ciment 20 000 um
- sable et gravier 24 000 um
- frais généraux 46 000 um
- main d'oeuvre
. qualifiée 10 000 um
. non qualifiée 40 000 um.

A partir des informations fournies par le Service National de la Planification sur la nature
des différents biens utilisés et leurs coefficients spécifiques, on peut calculer le coût
économique du bâtiment.

Eléments échangés :
- charpente métalliques : CCSp = 0.78
- ciment : CCSp = 0.88
Eléments non échangés :
- sable et gravier : CCSp = 0.80

107
- frais généraux : CCSp = 0.80
- Main d'oeuvre qualifiée : CCSp = 1.00
- Main d'oeuvre non qualifiée : CCSp = 0.50

A partir du coût financier et des Coefficients de Correction Spécifiques, on peut


déterminer le coût économique du bâtiment qui est de 150 400 um.
Le coefficient de conversion spécifique global du bâtiment est de : 150 400 / 200 000 =
0.75

3.3.4.- Les Terrains

En tant que facteur de production particulier (qui ne peut faire l'objet d'un commerce
international), le prix de référence du terrain est égal à la valeur de la production nette
sacrifiée du fait du projet.
Ceci est valable même si le terrain est acquis gratuitement ou à un prix symbolique.
En pratique, il est important de connaître l'utilisation qui serait faite du terrain s'il n'y avait
pas de projet. Les utilisations les plus courantes sont :
- agriculture si c'est un terrain situé en campagne,
- usage d'habitation ou bâtiment industriel dans les centres urbains.

1°) Terrains agricoles

Le coût de renoncement est égal à la valeur nette de la production sacrifiée du fait de


l'existence du projet c'est à dire la valeur marchande brute de la production moins le
coût des facteurs de production (à l'exception du terrain) nécessaires pour obtenir la
récolte.

* Dans le cas où il y a un marché foncier concurrentiel on peut retenir, comme prix de


référence du terrain, le prix du marché (financier).

* Les terres de pâturages constituent des cas particuliers et dans ce cas on exprime le
renoncement par le gain net engendré par le poids supplémentaire du bétail qui
passaient sur ces terres.

* Les terres récupérées : Sur ces terres où rien n'était produit car impropres à
l'agriculture, la valeur de la production perdue est égale à 0.

* Dans le cas où il n'existe pas un marché foncier mais où la location des terres est
courante, on peut utiliser le coût moyen de location comme coût économique des
terrains.

2°) Terrains urbains

On part de l'hypothèse qu'en général, les terrains urbains sont utilisés pour la
construction d'habitation ou d'industries. Pour en calculer le coût économique, on
applique un facteur de conversion spécifique à la valeur financière du terrain, ce facteur
de conversion spécifique devra traduire la rareté relative des terrains dans la zone
concernée.

108
3.4. Prix de référence de la Main d'Oeuvre

L'évaluation d'un prix de référence de la main-d'oeuvre peut s'effectuer en deux temps :


le calcul du coût d'opportunité, puis le passage au prix de référence lui-même.

Le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre :

Le coût d'opportunité est déterminé principalement par la perte de production


engendrée par le transfert d'un travailleur de son activité antérieure à son emploi par le
1
projet .

S'il existe, dans la région d'origine, un chômage permanent, le coût d'opportunité de la


main-d'oeuvre non qualifiée pourra être considéré comme proche de zéro.

S'il existe un sous-emploi temporaire, son coût d'opportunité pourra être nul si la main
d'oeuvre est employée par le projet en période d'inactivité, ou très élevé si elle doit
intervenir sur le projet au moment des labours ou de la récolte des cultures
traditionnelles.

Si les producteurs sont totalement occupés dans le cadre du projet, il conviendra


d'évaluer la perte de production dans le secteur d'origine et de la quantifier, en première
approximation, soit en fonction des prix payés au producteur, soit -si le salariat est
assez généralisé - en fonction des salaires qui auraient été perçus.

Les coûts d'opportunité de la main-d'oeuvre sont donc très variables selon la catégorie
de main-d'oeuvre, son origine géographique, les conditions de production, etc. .

Passage du coût d'opportunité au prix de référence de la main-d'oeuvre :

Une fois évalué le coût d'opportunité de la main-d'oeuvre l'évaluation de son prix de


référence implique la prise en considération, d'une part, des coûts économiques de
transfert de la main-d'oeuvre (frais de transport, d'installation, de formation, coût des
infrastructures sociales, etc... jusqu'au projet) et, d'autre part, de données politiques
liées au problème de l'emploi.
En effet, un modèle de croissance qui privilégie l'épargne au détriment de la
consommation immédiate (et donc de la distribution de revenus) impliquera de bas taux
d'actualisation comme on l'a vu précédemment, mais aussi des prix de référence de la
main-d'oeuvre élevés. Il conduira par là même à favoriser des projets à fort coefficient
de capital, employant peu de main d'oeuvre, et à rentabilité éloignée. Au contraire, le
choix d'une politique de plein emploi conduira à retenir un prix de référence de la
main-d'oeuvre plus faible. Un système de prix de référence n'est donc en réalité que
l'expression, au niveau du calcul économique, d'une volonté politique qui ne peut
s'exprimer directement dans le cadre du système des prix du marché.

Devant la difficulté qu'il y a à évaluer le véritable bénéfice de la collectivité lié à la


création d'un emploi (et donc le coût économique de cet emploi), on sera conduit le plus

1
Cette perte peut être due à l’abandon des terres par suite du déplacement de la main-d'oeuvre,
ou à la
mobilisation du temps de travail disponible du travailleur.

109
souvent à retenir comme prix de référence des coefficients correcteurs utilisés tels des
paramètres permettant de chiffrer de manière approximative l'impact de la création
d'emploi sur le TRI économique du projet. Ces paramètres pourront être compris :

- entre 0 et 0,5 si le chômage est un problème très important pour le pays,

- entre 0,5 et 1 s'il y a un sous-emploi plus ou moins marqué,

- au-delà de 1 éventuellement si, au contraire, le personnel de la catégorie concernée


est particulièrement rare.

Cette approche revient à minorer le coût financier de la main-d'oeuvre non qualifiée - en


fonction de la plus ou - grande situation de chômage dans laquelle elle se trouve, et de
l'importance qu'accordent les pouvoirs publics à la création d'emplois - et
éventuellement à majorer le coût des emplois qualifiés.
Au niveau du choix des projets, un faible prix de référence de la main d'oeuvre
avantagera les projets employant beaucoup de main-d'œuvre nationale non qualifiée au
détriment des opérations créant peu d'emplois de cette sorte.

Plus que la "vraie valeur" de cette main-d'oeuvre, il prendra en compte la volonté du


Gouvernement de réduire le chômage.

3.5. Prix de référence des devises

L'analyse financière s'effectue bien évidemment dans la monnaie du pays où le projet


est réalisé. Cela peut être aussi le cas , selon nous, de l'analyse économique 1

Les prix de référence évalués à partir des prix frontière (FOB ou CAF) sont alors
exprimés dans la monnaie du pays concerné par le projet sur la base du taux de change
de la période considérée.

Néanmoins, devant les difficultés d'équilibre de la balance des paiements, de nombreux


gouvernements ont tendance à restreindre les importations et stimuler les exportations
par des mécanismes autres que les taux de change officiels (taxes, contingentements,
subventions, etc.). Il en résulte que les taux de change officiels ne reflètent pas le prix
des devises. Ainsi, les devises peuvent avoir, pour l'économie nationale, une valeur
supérieure à ce que laisserait supposer le taux de change officiel.

Le raisonnement sera identique à celui présenté précédemment dans le cas de la


main-d'oeuvre qualifiée : les pouvoirs publics souhaitent-ils économiser des devises
(rares) et pénaliser, par un mode de calcul arbitraire, les projets utilisant beaucoup
d'importations ? Alors, il sera possible de retenir un coefficient multiplicateur des devises
supérieur à 1.

Par cette mesure, les projets comportant une part importante d'exportations seront
simultanément favorisés, car leurs recettes en devises seront multipliées elles aussi par
ce coefficient "d'alourdissement" des devises.

1
certains auteurs penchent plutôt pour un calcul en devises étrangères

110
L’alourdissement" des coûts entraînera une baisse du taux de rendement interne de
l'opération, tandis que l’alourdissement" des recettes entraînera son relèvement.

Dans ce cas, la détermination d'un coefficient multiplicateur posera un certain nombre


de problèmes :

- problèmes pratiques : en l'absence d'un droit d'importation ad valorem unique


(par exemple 20%) qui permettrait d'équilibrer à lui seul la balance des paiements
du pays et amènerait à définir un coefficient multiplicateur simple (le prix de
référence des devises étant ici obtenu en multipliant le taux de change officiel par
1,20), il est difficile de mener un calcul de ce type dans le cadre d'un projet;

- problèmes politiques : l'emploi d'un prix de référence des devises sanctionne en


fait officiellement, au niveau du calcul économique, la surévaluation de la
monnaie nationale.

Reconnaître, en effet, que le prix de référence des devises étrangères est de 1,3 ou - ce
qui est équivalent - que le "taux de change de référence" est de 286 CFA pour 1 dollar
US (le taux officiel étant de 220 FCFA), revient pour un Gouvernement à admettre
implicitement qu'il soutient sa monnaie et que le cours officiel lui permet de payer moins
cher ses importations1.

Aussi, dans la pratique, le calcul d'un prix de référence des devises sera réservé aux
organismes nationaux (Bureau de Planification, Ministère des Finances, etc.) ou à des
équipes spécialisées. En l'absence d'indications, l'analyse économique sommaire d'un
projet pourra retenir - dans le cadre d'un test de sensibilité - plusieurs valeurs arbitraires
du prix de référence des devises afin de tester leur incidence sur les choix techniques
effectués.

4. CONCLUSION

Couramment employés, selon des modalités variables, par les organismes


internationaux et les pays de langue anglaise, les prix de référence sont encore peu
utilisés dans les pays francophones.

Il faut voir là tout d'abord le résultat d'une querelle d'école, la "méthode française"
(méthode des effets) étant opposée à la méthode "anglo - saxonne" (méthodes des prix
de référence).

Mais, en réalité, la conception des prix de référence ou prix reflets semble difficilement
admissible par les non - économistes. De plus, la justification de prix différents des prix
du marché est parfois malaisée et peut relever de considérations purement politiques.

1
et de recevoir aussi moins en paiement de ses exportations. La politique souhaitée dépendra donc
en

grande partie de l'importance relative de chacun de ces échanges avec l'extérieur.

111
Les techniques étant mal connues des organes de décision, les responsables sont
souvent sceptiques et répugnent à fonder leurs décisions sur de tels calculs.

De plus, dans le cas des substitutions d'importations, elles conduisent à ramener la


valeur de tout bien à celle du cours mondial. Ce raisonnement présente au moins deux
inconvénients majeurs aux yeux des Etats :

- les cours mondiaux sont difficiles à déterminer pour de nombreux produits, car ils
sont le résultat d'accords, de ventes ponctuelles ou de spéculations passagères; leur
prévision à long terme se révèle encore plus délicate (les exemples récents du sucre, de
l'huile de palme, du cacao sont là pour nous le rappeler),

- ramener le choix à "fabriquer ou importer" selon les prix comparés reviendrait


pour les gouvernements à accepter la spécialisation internationale du travail, les Etats
les plus avantagés pour une production concentrant leurs efforts sur cette dernière.
Outre la grande fragilité qu'elle donnerait à de telles économies, cette politique ne
procurerait sans doute pas aux Etats un contrôle suffisant de leur marché intérieur et un
degré satisfaisant d'indépendance nationale dans les secteurs prioritaires pour lesquels
le choix ne se pose pas seulement en terme financiers.

Mais, Malgré ces critiques, les prix de référence peuvent être, moyennant quelques
précautions, de précieux outils de calcul économique, en particulier lors de la
conception (identification et préparation) des projets de développement. Ces outils
permettent la prise en compte de phénomènes économiques extérieurs aux projets dès
leur conception.

Il est en revanche inutile et illusoire de vouloir rechercher une grande précision et une
justification théorique solide à ces prix qui doivent être considérés comme des
paramètres sommaires.

Ces techniques permettent en fait, lors d'études préliminaires, d'aider à définir les
grandes orientations du projet en quantifiant - dans la mesure du possible - des aspects
qui autrement ne peuvent être appréciés que qualitativement, au risque d'être oubliés
(chômage, valeur économique des produits au niveau du pays, pénurie de devises,
etc.). Une simple estimation des prix de référence principaux est alors en général
suffisante.

En revanche, lors d'études détaillées, des méthodes plus complexes mais plus
rigoureuses doivent être mises en œuvre. C'est le cas, notamment, des méthodes
d'évaluation proposées par l'OCDE, l'ONUDI ou la Banque Mondiale 1 et également, la
méthode des effets.

1
Cf. Bibliographie

112

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