Les yeux cernés, la voix en rade: « - Pacha, je suis un bédouin, Et de Bab-el-Mandeb je viens Pour vendre El-Zorab.»
Les arabes tous, de leurs tentes sortent,
Voir le pur sang comme il s' comporte. Il trotte, il frein, galope joyeux! Je l’aime autant que j’aime mes yeux, Je l’donnerais pas même mort.
Mais, j'ai trois enfants tous affamés!
Ils sont très sèches leurs palais Ma femme, de par trop long chagrin, Elle vient de perdre ce matin, La source de son lait !
Nous sommes perdus, mais si tu veux
Pacha, délivre nous, car tu le peux! Paye mon cheval, je suis un mendiant! Paye mon cheval si tu le trouves bien! Paye, ce que tu veux!
Il fait tourner en rond comme ca
Tantôt au trop, tantôt au pas. Pacha le fixe les yeux brillants, Sa barbe grise en caressant Son âme vide, il ne bouge pas.
«-Une bourse de mille tzekins te va ? »
«-Ô, bon et généreux pacha ! -C’est plus que je n’avais rêvé ! -Allah va te récompenser, Tel que tu me donneras! » L’arabe, les yeux de joie remplis, Prends dans sa main les milles tzekins. Maintenant, oui ils sont sauvés, N’ont plus besoin de mendier, La quête aux étrangers - finie!
Finie la vie dans la fumée,
Et ses enfants de mendier, Sa femme, va certainement guérir; Et ils auront de quoi offrir A ceux, dont le besoin y est !
Il serre l’argent avec ardeur,
Et il s’en va, plein de bonheur, Il court, porté d’une seule pensée, Mais frissonnant, soudain, va s'arrêter, Figé sur place pris de frayeur.
Longuement fixant l'argent royal,
il trébucha et il devient pâle, Vers son cheval il regarda; Des rares pas, la tête en bas, S'approche de son cheval.
Il prend son cou en pleurant,
Sa crinière en caressant : Lui dit en soupirant, il le serre « - Ô mon enfant ! Prince du désert, Tu as a senti que je te vends »
Mes enfants ne s'amuseront guère
Ne caresseront plus ta crinière.. Ni vers la source t'accompagner Des figues de leurs mains te donner, Ce geste, ne vont plus le faire!
Ils n’en sortiront plus joyeux,
Tendre les mains depuis l'préau, A cheval les prendre un par un, Comme ils sortaient toujours d'antan Tous, à la queue leu leu. Ça sera le pire pour mes enfants Et que pourrais-je dire à ma femme Quand el demandera El Zorab? Je vais être la honte de tout arabe Moi, pauvre Ben Ardun.
Raira, ma femme, ma douce aimée
El-Zorab tu ne verras plus jamais Dorénavant suivre tes pas, Ou à genoux au son de ta voix Comme il tombait!
Ton Ben Ardun tu ne verras plus
En course folle comme tu l'a vu A la poursuite d'un aigle en vol Qui fusillé il tombe à sol, Ni la Bonne route- comme salut
Tu ne souriras plus quand dans le vent
Vol ton Ardun en blancs vêtements Et pour sentir son arrivée, L'oreille au sol, tu ne vas plus coller Dorénavant
Oh mon cheval, o ma fierté!
Je ne te reverrais plus jamais, Comment tu prends ton allure Au vent ta tête et chevelure Comme une l’hirondelle, voler!
Et la mousse blanche sur tes mors
Ton jeu de crinière en jaune d’or Comment la terre au trop tu frappes Et comme tu t’étales comme une nappe Des foudres du désert sortent.
Le désert tout nous craignait
Même l’horizon fut effrayé Et maintenant qui t’aura Et qui encore te défendra De vent et de pluies mouillés?
Ils ne vont pas te chouchouter.
Chacun va plutôt jurer! Ils vont te battre, mon trésor, Ils vont te fatiguer d’abord, Et te laisser affamer!
Et à la guerre vont t’emmener
Toi, que ma famille t’a élevé Pacha, prends ton argent : Tiens! Sans lui, moi que je deviens ? -Tu dois me le retourner!
-Tu es fou ? Crie pacha d’une acère voix
Que mes janissaires ils doivent, tu crois Te jeter aux chiens ? Bien ! Ce cheval est le mien -Je ne dirais pas deux fois
Le tiens ? Celui qui l’a élevé
C’est moi ou toi ? qui l’a aimé ? Suite à quel ordre il faisait le beau Du lion enragé en doux agneau ? -Le tiens ? O pacha, non, tu peux rêver!
C’est le mien ! Pour mon cheval
J’en prends Allah pour un rival Aie un bon cœur ! Tu peux avoir Des chevaux dignes de ta gloire Mais moi ? Maître royal ?
Je demande toute ta pitié
Allah est droit, Allah va juger, Le différent car tu m’embrouilles Tu me kidnappes et me dépouilles Au mauvais sort suis-je jeté.
Le monde entier va te maudire
-Maudit et ton geste on va le dire. -Je préfère pacha aller mendier -Je ne veux plus ta pitié -Tu me fais choisir le pire!
Pacha d’un signe : "Qu’il soit déshabillé
Des coups des tiges vous lui donnez!" Les eunuques arrivent, attrapent l’arabe Mais lui esquive et puis très grave, Il va se retourner.
Les yeux glacés, il sort une dague
Et rouge vague de sang, la vague De sang rouge et chaud elle jaillit D’une noble crinière, de sang salie Et il tombe mort le cheval swag!
Pacha se bloque, ivre, anéanti,
Ainsi que tous les ébaillis spahis. Alors l’arabe agenouillé, Embrasse le sang coagulé Sur les yeux meurtris.
Il se retourne les yeux d'un Payen
Il jette l'arme féroce de mains -Mes enfants vont te venger! Et maintenant tu peux me découper Et me jeter aux chiens!