Langue=système de signes conventionnels et de règles de combinaisons de ces signes (règles grammaticales) ; système
qui évolue ; elle se manifeste physiquement par des sons que notre constitution physiologique nous permet de produire
(appareil phonatoire) et de percevoir (appareil auditif) ; la langue évolue, donc on peut l’étudier dans son évolution
(étude diachronique) mais aussi à un moment donné (étude synchronique)
=notre outil de communication mais on dispose aussi d’outils non linguistiques :
-gestes de la main
-expressions faciales
-mouvements corporels : tourner le dos à quelqu’un→lui montrer du mépris
-contact physique : serrer la main ; donner une tape sur l’épaule
Parole=actualisation de la langue dans des actes de communication parce que l’oral est la première forme
d’actualisation de la langue mais l’écrit y est inclus aussi comme transcription de la parole.
Locuteur ; destinataire
Exemple : Soit la phrase suivante : Peux-tu me passer le sel ? =tournure particulière, typique d’un ouvrage de
linguistique ; étrange parce qu’elle présente un énoncé comme sortant de nulle part !
Quels sont les éléments linguistiques qui désignent explicitement le locuteur et le destinataire dans cette phrase ?
Réponse : le pronom singulier « première personne » me, le pronom « deuxième personne » tu, la forme du verbe
POUVOIR, peux, correspondant à la deuxième personne du singulier. Ces éléments, dont le sens se conçoit uniquement
par rapport aux participant, sont nommés des déictiques.
Déictique=qui montre, renforce qqch
Langage= faculté humaine de communiquer des idées au moyen de la langue ; capacité d’apprendre des langues
Fonctions du langage = référentielle ; expressive ; conative (performative) ; phatique ; métalinguistique (c’est -à-
dire ; en d’autres termes) ; poétique
2. Lexicologie vs lexicographie
Lexicologie=discipline qui étudie les phénomènes lexicaux ; 4 niveaux de fonctionnement des langues : sémantique ;
syntaxe ; morphologie ; phonétique ; la lexicologie est inséparable de la sémantique, de la syntaxe et de la morphologie
=une discipline hybride
Lexicographie=science qui consiste à recenser, classer et définir les mots, ayant comme résultat la confection des
dictionnaires
Métalangue=langue qui sert d’outil pour sa propre description. Ex : morphème ; lexème
Définitions lexicales représentent des définitions analytiques :
-proposent une paraphrase de l’unité lexicale définie
-formulées à l’aide d’unités plus simples que celle qui est définie
-formés de 2 parties : un noyau ou une composante centrale nommée genre prochain ou sens générique et un ensemble
de composantes sémantiques périphériques qui s’appellent différences spécifiques
Ex : parfum =odeur agréable et pénétrante d’origine naturelle ou artificielle.
II. Le signe linguistique
Association entre idée et forme
Notre existence tourne autour des signes : nous produisons et interprétons des signes
Science des signes =la sémiotique= étudie les systèmes de signes et la linguistique en est une brache
Le terme sémiologie utilisé en Europe se réfère uniquement à l’étude des signes intentionnels alors que la sémiotique
d’origine nord-américaine s’occupe de l’étude de tous les signes
1) Icônes (Attention !!!! masc. un icône ; le féminin est utilisé dans le cas d’une image religieuse : une icône) :
Ex : un corps féminin collé sur la porte des toilettes destinés aux femmes (analogie forme-contenu)
2) Symboles -dans ce cas on ne peut parler d’analogie entre forme et contenu.
Ex : les mots chien / dog/ câine (dans aucune des trois langues, il n’y pas d’analogie entre la forme sonore ou
graphique et le contenu sémantique de ces mots)
3) Indices : contiguïté contenu -forme :
Ex : marque de rouge à lèvres sur le rebord d’un verre ; poche ou cernes sous les yeux ; liens cause-effet mais aussi
partie-tout : bras de l’enfant qui dépasse de l’arbre révèle sa présence.
Indices intentionnels : indices trompeurs films policiers
Signe
-arbitraire
Exception : les onomatopées ; mais elles sont à la fois iconiques ronronner =bruit émis par le chat et symboliques
(donc, arbitraires) car leur forme est différente dans diverses langues
-caractère figé : maison
-caractère évolutif : en roumain, le mot inexprimabil qui signifiait culotte n’est plus utilisé
Classification des signes
Lexicaux vs grammaticaux
Chien (signe lexical) vs. signe grammatical : par exemple, les suffixes - le suffixe s est un signe qui a un signifiant :
certains enfants (on entend un Z dans la liaison) et un signifié (quantité numérique)
Elémentaires vs complexes
La préposition avec vs amis ; fruits de mer (ces deux derniers sont décomposables en plusieurs signes : ex : ami+s)
Un signe se caractérise par une combinatoire restreinte (ensemble de contraintes propres à un signe qui limitent sa
capacité de se combiner avec d’autres signes linguistiques)
Ex : SOMMEIL =nom commun, donc il peut remplir la fonction sujet ou complément du verbe ; en tant que nom il
s’emploie avec un déterminant (article défini ou indéfini ; adjectif démonstratif ou possessif) ; nom masc. donc ses
déterminant doivent avoir la même forme ; on peut combiner ce signe avec l’adjectif lourd ou profond mais pas avec
grand ou pesant : *un pesant sommeil. On peut dire tomber dans un sommeil profond mais pas dégringoler …
Note : nous allons utiliser tout au long du cours le symbole* astérisque devant les expressions considérées comme
agrammaticales
Applications cours :
En quoi le visage d’une personne qui rougit sous le coup d’une émotion, les bandes blanches qui signalent le passage
pour piétons et le V de la victoire sont-ils des signes de nature différente ?
Pourquoi tapis est un signe linguistique et pourquoi la première syllabe de ce mot (ta-) n’en est pas un ?
Est-ce que Miaou est un signe linguistique ? (Le chat fit Miaou et se sauva dans la cuisine)
Soit la phrase suivante : La grève des pilotes devrait faire long feu. Combien de mots-formes et combien de lexies y
retrouve-t-on ?
Cours II
L’unité lexicale ou lexie
1. Notions préliminaires
Lexique vs vocabulaire
Lexique=ensemble des lexies d’une langue
Vocabulaire = d’un texte=ensemble des lexies utilisées dans ce texte
=d’un individu
Lexie =unité du lexique - référence virtuelle vs. vocable =regroupement de plusieurs lexies qui ont le même signifiants
et un lien sémantique :
Ex :
Porc =1viande/ 2 cuir/ 3 homme sale ‘saleté morale’ =3 lexies
Verre (1verre en verre mais aussi 2en plastique, gobelet) =2 lexies
On préfère utiliser lexie au lieu de mot, car ce dernier est ambigu, comme on peut le voir dans les exemples suivants :
Parce que s’écrit en deux mots.
Parce que est un mot qui se traduit en anglais par because.
J’ai juste un mot à vous dire. (Alors qu’en réalité, il s’agit de plusieurs mots, et même, phrases, mot étant polysémique)
Mot -forme : signe linguistique présent dans le discours vs. lexies (entrées de dictionnaires, forme canonique)
Ex 1 : Cette fille est belle
cette=mot-forme correspondant à la lexie CE
fille=mot-forme (vs pl. filles=mot-forme) correspondant à la lexie FILLE
est=mot-forme correspondant à la lexie ETRE
Mot-forme : signe linguistique qui a une certaine autonomie et une cohésion interne ; s’écrit en italiques ; les
différences entre les mots-formes relèvent de la flexion (catégorie du nombre, conjugaison)
Lexème=s’écrit avec MAJUSCULES =généralisation du signe linguistique de type mot-forme (noyau unique de sens)
Vie vies =le symbole ̴ est utilisé en linguistique pour séparer les formes contrastées ou pour les énumérations et
s’appelle tilde.
Les termes lexie, lexème et locution font référence à la forme qui se trouve dans les dictionnaires.
Le mot-forme et le syntagme représentent des actualisations de la forme canonique du lexème, respectivement de la
locution
Mot-forme vs mot-outil
Mot-outil =a une signification linguistique mais il ne réfère pas par lui-même : conjonctions, prépositions, articles. Ces
mots présentent, à leur tour, une forme canonique et des mots-formes.
Il existe 2 types principaux de syntagmes, en fonction du degré de dépendance entre ses mots-formes :
-libres : belle robe ; fruit de jardin
-figés : robe de chambre
A mi-chemin entre les syntagmes libres et figés se trouvent les collocations (syntagmes privilégiés surtout dans la
langue de spécialité : ex casser un jugement)
b) Insertion d’un adjectif pour les locutions nominales : *robe laide de chambre ou le test de la voix passive pour
les locutions verbales : casser les pieds de quelqu’un =sens figuré : ennuyer (*ses pieds ont été cassés par…)
Pour nuancer la discussion, il faut dire qu’il y a aussi des exceptions. Par ex., la locution poser un lapin (à quelqu’un)
qui veut dire laisser attendre quelqu’un à un rendez-vous fixé sans faire son apparition :
Il ne pouvait pas oublier le lapin qui lui avait été posé par sa petite amie.
Quelques applications :
Démontrez qu’il y a plusieurs lexies CERCLE en français.
Dans la plupart des dictionnaires, PARCE QUE est présenté comme une locution conjonctive. Pourrait-on prouver que
d’un point de vue synchronique, il s’agirait d’un lexème ?
Dans quelle catégorie se range COUP DE MAIN ?
Qu’est-ce qu’on observe dans l’exemple suivant ?
J’ai poussé la porte devant laquelle poussent nos roses.
Les langages formels ont, eux aussi, un lexique. Identifiez le lexique du calcul arithmétique simple.
Peut-on trouver une différence entre ces deux phrases ?
Mon opinion est différente de la tienne.
Mon opinion diffère de la tienne.
Cours III
Les procédés de formation des lexies
1. Quelques éléments de morphologie
Parties du discours ou classes syntaxiques :
-ouvertes : -verbe : gouverneur de la phrase, partie essentielle
-nom ou substantif -sujet ou complément du verbe
-adjectif : modificateur du nom
-adverbe : modificateur du verbe
Tout lexème possède un radical : signe segmental morphologique auquel s’ajoute d’autres signes segmentaux →affixes
dérivationnels (préfixes et suffixes) ou affixes flexionnels (-er ; -re ; -s ; -e ; signe zéro pour le singulier (vide
morphologique))
Catégories flexionnelles : nombre ; mode ; temps ; personne ; genre ;
Les affixes flexionnels ne sont ni des préfixes ni des suffixes !!!!
2. La dérivation
Radical(base)+affixe dérivationnel (son signifié est moins abstrait que celui d’un affixe flexionnel) = lexie nouvelle
Ex :
-eur ‘personne qui fait’ (radical chant- de CHANTEUR +eur =un nouveau radical nominal ‘personne qui chante’)
+changement de la partie du discours
Classification :
-dérivation synchronique vs. diachronique
D’un point de vue synchronique, la dérivation est rare en français : le préfixe re avec son allomorphe ré dont la
signification est ʽde nouveauʼ : reconstruire ; réutiliser ; retirer (avec le sens de tirer de nouveau). Le locuteur peut
utiliser librement ce préfixe pour former des lexèmes mais la description de ces lexèmes ne sera pas forcément inclue
dans les dictionnaires.
La plupart des dérivations sont diachroniques : le locuteur emploiera CONSOMMATION parce que cette lexie existe
déjà en français ; il ne la construira pas lui-même en ajoutant le suffixe -ation au radical consomm -vs
C’est pourquoi on ne peut pas trouver dans les textes *mangeaison ou *parlation
Notions élémentaires pour aborder l’étude de la formation des mots en français :
On le sait de Saussure que le signe linguistique est arbitraire =immotivé=, c’est-à-dire il n’y a pas une relation entre le
sens des mots et leur forme. Mais certains signes sont moins arbitraires que d’autres, nous le dit toujours Saussure :
dix-huit par rapport à dix (dans ce cas, on parle de motivation relative)
D’autres exemples : berger/vacher
Berger (son sens n’est pas en relation avec celui de berge)
Les lexies immotivées : constituées d’un seul morphème (reprise de la définition) et donc, inanalysables
Les lexies analysables, formés de plusieurs morphèmes, sont relativement motivées :
Ex : roi, royal, royaume
royal=motivé par rapport à roi qui, lui, n’est pas motivé (on reconnaît dans royal le suffixe adjectival -al
retrouvables aussi dans matinal ; colonial ; international ;
vs.
royaume (-aume n’est pas un suffixe, mais un élément erratique en français contemporain, un fossile)
Irrésistible vs résistible=hapax
La Résistible Ascension d’Arturo Ui -titre en français de la pièce de Berlocht Brecht
(l’ascension d’Hitler était résistible, elle aurait pu être empêchée)
D’autres exemples :
a-: amoral
pré- : avant ; devant : prédire
anti/anté- : avant : antichambre ; antidater ; antédiluvien (origine latine)
anti- : contre- : antéchrist ; antarctique ; antivol ;
co- : avec : co-directeur
dé- : séparé de : désunir
dis- : séparé de : dissymétrie
ex- : hors de : expatrier ; extra- : très : extrafin mais aussi extra- : hors de : extraordinaire
inter- : international ; intra- ; sub- ; sous- (sous-estimer) ; quasi- ; par- : à travers : parcourir ; post- ; simili- ; trans- ;
sur- ; tré- ; vice- ; para- (parechocs) re- ; bi- ;
La suffixation :
Avec ou sans changement de la catégorie grammaticale :
Vol→antivol
Préparer →préparation (-tion) ; -ment (enterrement) -age (battage)
•nominalisation verbale (noms à partir des verbes)
•nominalisation adjectivale (beau→beauté)
•adjectivisation nominale (famille→familial) ou verbale : prédire→prédictible
Cas particuliers :
Suffixes polysémiques :
-isme : fait d’être (snobisme) ; doctrine (nationalisme)
Suffixes homonymes :
-ée : action : envolée ; traversée ; saignée ; élément des noms fém.
ensemble : contenance ; durée ; assiettée ; matinée ; poignée
affection : céphalée
élément des mots masc et fém ; indique une relation naturelle ou conventionnelle avec la base : le mausolée (de
Mausolus, nom propre) ; nom des familles de plantes : une graminée
-eur : pâleur (base adjectivale) : qualité (nom)
flâneur ; nageur ; mandataire (adjectifs ou noms) : agent, nom de personne
inférieur ; mineur ; (qui a la qualité, adjectif)
Motivation =liaison entre sens prédictible et sens conventionnel ; disponible à tout locuteur natif ; s’appuie sur des
connaissances inhérentes à l’usage de la langue
Démotivation =rupture : par ex, dans le cas du mot lunettes (le rapport avec le lexème lune s’est effacé de sorte que les
locuteurs n’en sont plus conscients à présent)
En synchronie, tendance de remotivation : infarctus vs. infractus
Cours IV
1) La composition
•Comme la dérivation =mécanisme morphologique qui construit de nouveaux radicaux : juxtaposition de plusieurs
mots-formes ou radicaux
=création de mots par conjonction de bases
1.a. Les composés populaires sont perçus comme étant motivés, leur sens étant donc, compositionnel, mais aussi
partiellement conventionnel : ouvre-boîte (sens conventionnel : instrument non pas personne)
•Mais cette bipartition est dépassée au XXème siècle par l’apparition de nouveaux modes de composition :
-synapsie
-le recours à l’abréviation et à la troncation dans des composés
Formes contemporaines de composition : mots-valises et sigles
•Composés populaires :
-à base verbale (verbe placé normalement avant le complément : couvre-lit ; lave-linge ; portemanteau mais aussi
après : saupoudrer)
La fonction du nom dans les composés à base verbale est, généralement, de complément d’objet direct mais il y a aussi
des exceptions : réveille-matin (complément circonstanciel)
-à base nominale : porte-fenêtre ; Peaux-Rouges ; rouge-gorge ; gris bleu
Epilogue ; prologue ; dialogue -empruntés au grec (préfixes grecs + base qui signifie discours) ; philologue (autre
schéma : base verbale+complément)
mais
anthropologue et zoologue créés en français (série lexicale qui présente une remarquable unité) : le premier élément
désigne l’objet d’étude)
Formants :
Si jusqu’ici nous avons parlé uniquement des procédés de formations des mots à l’intérieur de la langue, maintenant
on va se pencher sur les moyens externes d’enrichissement de la langue :
Il y a deux types d’emprunts : a) nécessaires et b) barbarismes
a) Drive-in ; rafting (dans le cas des lacunes culturelles) ; tchador (par respect pour une culture étrangère)
b) Duty-free (magasin hors taxes); briefing (conférence de presse); pickpockets (voleurs à la tire)
Le calque =francisation d’un mot importé (baladeur -appareil portable servant à écouter de la musique-est une
traduction du mot anglais walkman)
Calque phraséologique : cols blancs (à partir de white collars) chemin de fer (railway)
Calque sémantique : souris (s’agissant d’un mot qui existait déjà en français, le sens de dispositif de pointage
pour l’ordinateur a été calqué de l’anglais où le mot courant mouse est devenu aussi terme dans le domaine de
l’informatique)