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^ des ^
SCIENCES
HUMAINES
Problèmes
de linguistique
générale
par
EMILE BEIVVEIVISTE
npf
Emile Benveniste
PROBLÈMES
DE LINGUISTIQUE
GÉNÉRALE
Problèmes
de linguistique
générale
nrf
GALLIMARD
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction
réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S.
Les études réunies dans cet ouvrage ont été choisies entre
beaucoup d'autres, plus techniques, que l'auteur a publiées au
long de ces dernières années. Si on les a présentées ici sous la
dénomination de « problèmes », c'est qu'elles apportent dans
leur ensemble et chacune pour soi une contribution à la grande
problématique du langage, qui s'énonce dans les principaux
thèmes traités on y envisage les relations entre le biologique
:
II
du langage.
Transformations de la linguistique 25
Le langage
re-produit la réalité. Cela est à entendre de
la manière la plus littérale la réalité est produite à nouveau
:
le signal et le symbole.
Un signal est un fait physique relié à un autre fait phy-
sique par un rapport naturel ou conventionnel éclair annon-
:
^
Saussure après un demi-siècle
— dualité articulatoire/acoustique
— dualité du son et du sens
;
(paradigmatique) et du syntag-
matique
— dualité de
;
l'identité et de l'opposition
— du synchronique et du diachronique, etc.
dualité
;
Et, encore une fois, aucun des termes ainsi opposés ne vaut
par lui-même et ne renvoie à une réalité substantielle chacun ;
dire, qu'il n'y a jamais rien qui puisse résider dans ww terme,
par suite directe de ce que les symboles linguistiques sont
sans relation avec ce qu'ils doivent désigner, donc que a est
impuissant à rien désigner sans le secours de b, celui-ci de
\. Ibid., p. 58 .
Transformations de la linguistique 41
temps la place que devaient lui valoir ses dons géniaux ^... »
Et il terminait sur ce regret poignant « Il avait produit le
:
La comm un ication
CHAPITRE IV
Communication animale
^
et langage humain
I. Diogène, I (1952).
La communication 57
tifiables et distinctifs.
L'ensemble de ces observations fait apparaître la différence
essentielle entre les procédés de communication découverts
chez les abeilles et notre langage. Cette différence se résume
dans le terme qui nous semble le mieux approprié à définir
le mode de communication employé par les abeilles; ce n'est
pas un langage, c'est un code de signaux. Tous les caractères
en résultent la fixité du contenu, l'invariabilité du message,
:
Catégories de pensée
*
et catégories de langue
(« être disposé »), moyen; Ix-'-^ (" ^^re en état »), parfait;
subir »), passif.
TtoiELv (« faire »), actif; Tràaxsi-v («
Enélaborant cette table des « catégories », Aristote avait
en vue de recenser tous les prédicats possibles de la propo-
sition, sous cette condition que chaque terme fût signifiant à
l'état isolé, non engagé dans une CTUfXTrXoxyj, dans un syntagme,
dirions-nous. Inconsciemment il a pris pour critère la néces-
sité empirique d'une expression distincte pour chacun des
prédicats. Il était donc voué à retrouver sans l'avoir voulu
les distinctions que la langue même manifeste entre les
principales classes de formes, puisque c'est par leurs diff"é-
rences que ces formes et ces classes ont une signification
linguistique. Il pensait définir les attributs des objets; il ne
pose que des êtres linguistiques c'est la langue qui, grâce à
:
dans une qualité » e-le nyuie, « il est bien »; e-le a fi, « il est
ici »; e-le ho me, « il est à la maison ». Toute détermination
spatiale et temporelle s'exprime ainsi par le. Or, dans tous
ces emplois, le n'existe qu'à un seul temps, l'aoriste, qui
remplit les fonctions d'un temps narratif passé et aussi d'un
parfait présent. Si la phrase prédicative comportant le doit
être mise à un autre temps, tel que le futur ou l'habituel, le
est remplacé par le verbe transitif no, « demeurer, rester »;
c'est-à-dire que, suivant le temps employé, il faut deux
verbes distincts, le intransitif ou no transitif, pour rendre la
même notion.
Un verbe wo, « faire, accomplir, produire un effet » avec
certains noms de matière, se comporte à la manière de notre
« être » suivi d'un adjectif de matière wo avec ke, « sable »,
:
« j'ai de l'argent ».
Dans
la mesure où la psychanalyse veut se poser en science,
on fondé à lui demander compte de sa méthode, de ses
est
démarches, de son projet, et à les comparer à ceux des
« sciences « reconnues. Qui veut discerner les procédés
de raisonnement sur lesquels repose la méthode analytique
est à une constatation singulière. Du trouble constaté
amené
jusqu'à guérison, tout se passe comme si rien de matériel
la
n'était en jeu. On ne pratique rien qui prête à une vérifica-
tion objective. Il ne s'établit pas, d'une induction à la sui-
vante, cette relation de causalité visible qu'on recherche
dans un raisonnement scientifique. Quand, à la différence
du psychanalyste, le psychiatre tente de ramener le trouble
à une lésion, du moins sa démarche a-t-elle l'allure clas-
sique d'une recherche qui remonte à la « cause » pour la
traiter. Rien de pareil dans la technique analytique. Pour
qui ne connaît l'analyse que dans les relations que Freud
en donne (c'est le cas de l'auteur de ces pages) et qui consi-
dère moins l'efficacité pratique, qui n'est pas en question
ici, que la nature des phénomènes et les rapports où on
I. La Psychanalyse, I (1956).
Les références aux textes de Freud seront faites sous les abrévia-
tions suivantes G. W. avec le numéro du volume pour les Gesam-
:
ont séduit Freud. Ici nous avons affaire, non plus à des
manifestations psychopathologiques du langage, mais aux
données concrètes, générales, vérifiables, livrées par des
langues historiques.
Ce n'est pas un hasard si aucun linguiste qualifié, ni à
l'époque où Abel écrivait (il y en avait déjà en 1884), ni
depuis, n'a retenu ce Gegensinn der Urzvorte dans sa méthode
ni dans ses conclusions. C'est que si l'on prétend remonter
le cours de l'histoire sémantique des mots et en restituer
la préhistoire, le premier principe de la méthode est de
considérer les données de forme et de sens successivement
attestées à chaque époque de l'histoire jusqu'à la date la
plus ancienne et de n'envisager une restitution qu'à partir
du point dernier où notre enquête peut atteindre. Ce prin-
cipe en commande un autre, relatif à la technique compa-
rative, qui est de soumettre les comparaisons entre langues
à des correspondances régulières. K. Abel opère sans souci
de ces règles et assemble tout ce qui se ressemble. D'une
ressemblance entre un mot allemand et un mot anglais
ou latin de sens différent ou contraire, il conclut à une
relation originelle par « sens opposés », en négligeant toutes
les étapes intermédiaires qui rendraient compte de la diver-
gence, quand il y a parenté effective, ou ruineraient la possi-
bilité d'une parenté en prouvant qu'ils sont d'origine diffé-
rente. Il est facile de montrer qu'aucune des preuves allé-
guées par Abel ne peut être retenue. Pour ne pas allonger
cette discussion, nous nous borneons aux exemples pris
aux langues occidentales qui pourraient troubler des lecteurs
nno linguistes.
Abel fournit une série de correspondances entre l'anglais
et l'allemand, que Freud a relevées comme montrant d'une
langue à l'autre des sens opposés, et entre lesquels on consta-
terait une « transformation phonétique en vue de la sépara-
tion des contraires ». Sans insister pour le moment sur la
grave erreur de raisonnement qui se dissimule dans cette
simple remarque, contentons-nous de rectifier ces rappro-
chements. L'ancien adverbe allemand bass, « bien », s'appa-
rente à besser, mais n'a aucun rapport avec bôs, « mauvais »,
de même qu'en vieil anglais bat, « bon, meilleur », est sans
relation avec badde (aujoud'hui bad), « mauvais ». L'anglais
cleave, « fendre », répond en allemand non à kleben, « coller »,
comme le dit Abel, mais à klieben « fendre » (cf. Kluft).
L'anglais lock, « fermer », ne s'oppose pas à l'allemand
Lticke, Loch, il s'y ajuste au contraire, car le sens ancien
de Loch est « retranchement, lieu clos et caché ». L'allemand
La communication 8i
Structures et analyses
CHAPITRE VIII
*
« Structure » en linguitique
maticale ».
ist: sind, fr. e ^ô, etc., suppose à la fois des équations phoné-
: