OU DE LA
PAB
A. DAAON.
DEUxrÈMp Éormolr.
?
BRUTELLES,
ttBRÀrRIE polyrncuNrQun t'eua. DËce,
RtE DE'! utontrrns, 9.
It63
P[TilFACH.
pnÉFacp. 7
I
I :. DfidFACE.
PNEFACE.
d'après une loi générale, que j'ai désignée ailleurs (') ptt
les noms d'action, de réaction et de transaction.
Si eette opinion est fondée, l'examen attentif des idées
et des faits présents peut faire croire que la jeunesse
actuelle, après tant de folies et d'inconséquenees, est des-
tinée à assister à une période que j'appellerais Ia réaction
de la raison.
En dépit donc des séduetions et des sophismes qui
l'attirent, qu'elle se prépare à cet avenir par cles études
graves et substantielles; qu'elle soit bien convaincue que,
à I'exception de'quelques natures éminemment privilé-
giées, et l'on sait combien elles sont rares, le [ravail est
indispensable à tousi Quer à l'exception de quelques ,
__ærg"f
CHAPTTRE PREMItsR.
DD LA SSÉTOBIQÛA Er GÉ!rÉnÂ'&.
'i
l
I
. crrap..r. I'I
tlit, Vico dans ses Institzl,ttons arataî,resu lnart pauvre, I'exer-
cice et le tlavail invincibles... Aussi, a.joute-t-il, les peintres
qui veulent clevenir excellents ne s'arrêtent pas aux longues
et subtiles discussions sur leur arl, mais ils passent des années
entières à copier les tableaux des grands maîtres. u La meil-
leure leçon pour l'écrivain est I'étude approfondie des bons
modèles, et les travaux qui ont potrr but de reprodtrire les
formes de leur style. Sans le travail, et un travail obstiné,
point d'dcrivain. "On sait combien llorace appuie sur cette
idée dans somArtpoéttqu,e. [Jn vieux critique français, J. du
Bellayr l'a énergiquemeirt reproduite dans sa Défense etillus-
tratton de Ia lanque françoise, a Qu'on ne m'allègue point,
e'dcrie-t-ilr eue tés pôetes naissen[. Certainement, ce seroiû
chose trop facile, se faire éternel par renommée, si la féli-
cité.denature étoit suffisante pour faire ehose digne de l'im-
mortalité. Qui veut votrer pur les rnaiqs e[ Ies Lrouahes des
hommes, doit longuement demeurer en sa ehambre; et qui
désine viwe en la mémoirc de la postérité tloit, comme morB
en soi-même, suer et trembler nraintes fois, et eudurer Ia
faim, la soif et de longues veilles. Ce sont les ailes dont les
écritl des hon"rnres vôlent au ciel. rr Btr pour passer du
xvru siècle au xrxo, car j'aime à montrer les préceptes rdr:l[e-
ment utiles et solicles maintenus à travers les âges, en dépis
des changenenls d'idées et des capriees de la rnode: u Je
voudrais, dit, le lrdros cl'un nornan moderne, rn'exprimer do
prime hbond, sansfatigue, sans effor[, connrnc I'eau rnurmure
et comme le rossignol chante. l Bt le raisonneur du livre
lui répond avcc un grand sens : ,, Le rnurtrrure de I'eau esÉ
produit par un travail, et Ie ehant du rossignol cst un art.
N'avez-vous jamais enl,endu les jeunes oiscaux gazouiller
d'une voix incertaine et soessayer cli{Iicilement à lcurs pre-
miers airs ? Toute expression dtidéas, de scntimcnts e[ mbmo
d'instincts cxige unc- éducation. ,r
La pral,ique esù d'autant plus ndeessaire, que tra théoric,
quelque profonde et varide qu'on la suppose, nc peut ern-
brasser toutei les applications et prdvoir toutcs les hypothèses.
Le n aitre n'enseignera jamais tout ee que l'art peuI protluire .
22 DE LA nudTonteuo.
(r) Aristote demande qiou. èllttttpia,t, r'eAtîtls trois m.ots sacramentels quo
je i;trouve dans la belle f érioâe qui'commenôele Discottt's pour .irchias .' s Si
quiil est in me ingenii, ?[to, quod sentio quam sit exiguum ; aut si laa eterci-
iatiodicenili.itttttpiav, in qua me non inficior mediocriter esse versatuml atrt
si qua lrujusce tei iatio'aliqia qb optimarum artium studlis ac disciplina pro'
ilecla, tlyr14q a qua ego nuilum .onÎleor ætatis meæ tempus ablôrruisse...1 etc'u
CHAPITRE II.
DtVIStOEt DE ÈÂ RtÉTonteEE. * DE
(t) J'avoue quo je tiens bnaucoup à l'étuile tlu vocabutaire; r.ien no contribue
plus tarù à la facilité eù à Ia varieté dans Ie stylc comnre rl'avoir beaucou,p de
mots à s.a rlisposil.io.n. cette science des mots-a fait une grande parrie rÈ la
renommée de (leux do nos conten:porains , MM. Nôdler et sainle.Beuve. Lisez
et relisez le rlictionuaire. On peuf ri'e de ce pr'éceple; eh bien! essavez de le
nrctlre eo praliqrro, e[ vous sei'ez. dtonné r]e la facitité qu'il vous donn'era pour
lrouver non-seulemenl, les nrols, mais les itldes.
cI{aP. tt. 27
II.
CEAP.
I
f0 DE LÂ RHÉTonlçuE.
étraugères, sont utiles, elles perfectionnént I'espr.it mênre,
fiarc^e Qg'elles en exercent d'une rnanière plus égale les diver-
ses facultés. r,
Chaque science éclaire l'esprit sur l'obje[ tlont elle s'oc-
cupe, et I'esprit dclairé 6ur un point aperçoit mieux tous les
au[res. CéIes[es sæurs, les nil.uses se dônnent la main quand
clles descendent sur Ia terre, et leur chæur'harmonieux ue
. tarde pas à pénétrer tou[ entier daus I'nsile ouver[ à l'une
d'clles.
Ensnite, chaque science es[ une collection d'idées labo-
ricusement accumulécs et coordonnées par les générations
successives. PIus on aura acquis de sciences diverses, plus
on aura ouvert de sources à llnvention. ,r Connaître, a dit
'madame dc StaëI, sert..beaueoup pour inven[er.
Et Buffon :
',
-,.L'eslrrit hunrain ne produit qu'après avoir dté fécondé par
l'expdrience et la méditation; ses ôonnaissances sont les ger-
mes de ses productions. r' Une nouvelle science acquisc est une
somme de pen_sées ajoutdes à celles que I'on possédait déjà.
- On peuten dire autant deslangues étrnngères ; des lectures
dc toute espèce, si I'on se bornle, avare iie sori temps, aux
ouvra_gcs instructitc ou oniginaux en'leur genre; dcs vôyages,
qr.raud I'oecasion s'en prdsente, si I'on sait les utiliser, vôir,
$cou[er, étudicr la nature et ses merveilles, I'homme, ses
mæurs e[ ses ouvrages. Tout cela fournit des faits, des ob-
servations, des images à combiner, e[ l'invention n'es[ rien
autqe chose; plus riche est la mine, plus l'exploitation est
tu.ilq et productive. Ne craignez point que plus tard l'indivi-
dualité de vos idées perdo quelqùe choôe àtcfte dtude. Une
telle crainte u'est qu'une cxcuse de Ia pflr"esse. L'éruditiou
dirigde avec intelligence n'a jamais nui à l'originali[é. Sans
parler des écrivains anglais, italiens, allemands surtout, dont
un si grand nombre peut se placer parmi les véritables sa-
vants, je citerai en France Rabelais et Montaignc, Bossuet et
Pascal, età une époque plus voisine, Cuvier, Côurierr'Nodier,
Thierry. Bn conrptez-vous beaucoup qui aient un carac[èrc
rlieux-qarqué d'originalil,d? cn compl,ez-vous beaucoup de
plus rdellement érudits
,
cuaP. ll" 3l
Je
-sais
quellc objection on peut r .'lc fairer et Rousseau I'a
for[ bien formulée. u Je pense, dit-il, que quand ou a une
fois I'entendement ouvert par I'habicude de réfléchir, il vaut
toujours micux tnouver de soi-mêrne les ehoses qu'on trouve-
raif dans les livresl c'est Ie vrai sesret de les bien mouler à sa
tête et de se les approprier I au lieu qu'en les recevant telles
qu'on nous les donne, c'est presque toujours sotls une forme
qui n'est pas la nôtre. "
- Jean Jacques a raison, mais nous n'aYon-s pas [ort. En ap-
puyaut sur-la nécessité de l'érudition, je deniande que Yous
mettiez asscz de choix et d'ordre dans vos matériaux pour que
votrc intelligencene soitpas perdue dans sespropres richesses
,et é'crasée sous le faix I qu'au contraire, elle Ie porte avec
aisauce, et maintienne son caractère.individuel au milieu de
toutes ces acquisitions étrangères. bdnelon .appuic tou[ ce
que je vicns de dire. a trI n'cst pas teqrps de se préparer,
rlit-il, trois mois avant que de faire un discours public : ces
préparations particulières, quelque pénillles qu'elles soient,
Àont nécessairemenl [rès-imparfaites, ct un habile homme en
reinarguc bientôt le faible; il faut avoir.passé plusieurs an-
nées à- se faire un fond abpndant. Après cette préparation
générale, les pr'éparations particulières coûtent peu I au lieu
[ue, quand on ne s'applique qu'à des actions détachées, on
'I en est rdduit à payer dé phrases et d'anti[hèses; on ne traite
que des lieux communs; on ne dit rien qu_e de Yague; on
1 couil des lambeaux. qui qe ggnt point faits les uns pour les
i autres ; on ne montre point les vrais principes des choses I
I on se borne à des raisons superficielles e[ souYent fausses I
on n'est pas capable de montrer l'étendue des véritds, Irarce
que toutds les iéritds générales on[ un enchaîncment-n?ces-
saire, c[ qu'il faut les connaitre Presque toutes pour en traiter
solidement une en Particulier. u
Mais de l,outes lôs études préliminaires de l'éuivain, la
plus import,ante est celle de la philosophie et- surtout de la
logiquc, qui enseigne la nature, les lois et les formes du rni-
sonnemcnt. Àussi voudrais-jer au rcbours de ce qui se thit
clans nos écoles, qtt'uttc année tlc logique et de philosopllie
62 Du LÀ nnÉronrQun.
élémentaire_ précédât la rhdtorique. Je ne sais pourquoi ccux
qui npplaudissent âu yers d'llorâce,
Scribendi rectc sapere est et principium et fons;
5& DE r nuÉronrgur.
Encorc. quclques avis st'* ces trtvaux prépara[oires qui
servent d'cxercice- au je_unc écrivain et rempïissent ce que
I'on nomme dans les côiléges Ïa,nnée cre rhëioriqr".
oou^na
l'élève a beaueoup Iu et fralysé, qu,il-s'essryr-É-ôàrporr"
I*i-mêrne, II conrmencera pai cé {ue j'appel"lerai àiercices
d'imiration, on rui prdsent'e Ia dcôcrifruoi au
par exemple, et il calquc sur ce tableari celui d'une inondal
iniendie,
t'ion I d'rm lever de soleil il fait un coucher de soleil; ou
encore d'après u.q
.porlrait de la colère, prenant le contre-
pied de cheque idde, de chaque période, il trace celui de la
douceur. Et ainsi pour Ia nairation o ra 'dissertation. le dis-
cours. Far Ià il se- familiarise avec la for.me, et apôrend à
couler ses idées dans un moule donné. II a soin, uo àôm*.o-
cernent surtout, de se renfermer strictement dâns les limitcs
dtt modèle. si celui-ci, en effet, est bien choisi, r'élève com-
prendra par ,cette étude en qubi consiste la piénit'de d,un
9_"o_:lgqpument,
et commell, Ia borne une fois atteiute, tout
cj g.ul la dépasse est hors-d'æuvre e[ Iuxe inutile. Il passera
tà dcs. cornpositions originales, tantôt en n'ayant que Ie
9.9 ,u
titrc du sujet à traiter, plus sduvent en s'aidant d'une mâtièrc
o u algu m ent qui.in d iqrf e I es idées principales et trace la marche
û survre. ues thèmes de composition seront variés on pré-
vient ainsi l'enuui d'un travail mono[oue, e[ l,on dourniï en
;
rnême tenrps l'occasiou de modifier Ia pehsée et Ie styre, selon
le caractère des genres divers. Narrations historiqués 6u {ic-
tlves, mêléesparfois d'allocutions et de discours, dôscriptions,
portraits, parallèles, Iettres, dialogues, ddveloppc*.rri d,uné
penséemorale ou d'u-u mot profond, disse,rtafiônsphilosophi-
gues ou litÉdraires, dloges, clitiquesj celles-ci plus'raremènt,
d iscu ssio's parlementqlr! ou ui iciiires d'uneluesdôn
; rcellé
ou supposée, etc.-: voilà les cxeraiccs quc recoinmandent les
q1,o.t1yurs, l.cs q.{us gxperimentd_s. iltrais de tous ces genres
d'et,ude, celui
.qu'ils afrectiolnent le plus, et avec raison-, c'est
l'éloquence historique. Elle développe-l'imagination, sans
p,t,ltg"r, comme la
,{}tion, au-romandsQue et à iexcentiiquc;
clle prés_ente tra méthode la plus erficacé pourconnaitre a i'onci
les annales cles 1'euples anciêns et rnoderfies, ù leurs
flus bril-
il. cEÀP. 55
Iantes époques; en s'appuyant sur des faits, des caractères,
dcs mæurs, des passions rCelles, clle éloignc du vague et du
licu commun, et Ie jeune homme accoutume son âme à com-
prendre le grancl, et à penser lui-même comme les illustres
personnages qu'il fait parler.
Aureste, quand l'élève est arrivé à ce point, il peut so déve-
Ioppcr plus librement et lâcher les rênes à sa fantaisie I nous
ne nous plaintlrons pas si cette jeune séve déborde et pousse
de droite et de gauche des branches parasites. .Les rhéteurs
romainsaimaient clans l'ad.olescence ce luxe de végétation qui
trahit les natures riches et vigoureuses. IIs redoutaient les
maturités précoccs, et préféraiànt avoir d'abord à émonder et
à sarcler (').
Mais comprenez-les bien. S'abandonner à une exubéranee
parfois même téméraire ne signifie pas faire vite et négli-
gemment. Avant tout, songez à bien faire, e[ non pas rapi-
dement et beaucoup I
-'i'1j"i:iil'-lr
. Le sujet par les circonstances, ou i,éorivain le
est donnd
tirc de son.propre fond. ,i ,, - ,
,À+$f_
.r.
.-n ,l a t
')tl,i.i g.
' ItI'
cttAPr l*i
mcnt inquière. C'est un nrdritgrli l'on veut, mais t1n næçite
, d'un-ordre infdricur dans ltâppréciation,critique,. Aussi
i qularriva-t-il ? C-est g!'eu cffet on lutces ouYrag€s :d'un bou[
; ii I'aut,rc avec qne ârdeur fiévreuser en passant toutcfois
' pres,luc tou.iours par-dessus tout ce qui ne satisfaisait pas
ilir*oi**ent-la curiosité; mais le livrc fini, nul ne s'avisai[
dîy revénir. r0n- relit, Don Quiclwtte, Gtl BIus, Iuanlne, le
Vicairg, de Wakefi'eld', Lotrt ec qui parle à l'esprit ct au cæut;
mais àr quel homine ingénieuxèst;il venu en têtc de relire urr
Toman-ô'Anne Radcliffe, par exemple? j'aime ntieux ne
narler gue des nrorts. Bt poûrtaut ce mêrne homme efit nrau-
àit Ae grand cæur quiconque, à la première lecture, lui cûr
ôtd le,iitre des maiis avani ki ûn dû quatrième tome. L'in-
.n6'êt:de-ces ouYrages est cclui d'une énigmcl qui songe
ericore à une énigme dont il a le mo[ ? Comment finira lout
cela:?,par qucls moyens s'en tirerolt-ils? Qtrestions secon-
d sired'cl ans'lt* æ,,o*ès de l' i ntelli geqee i pa uvrB, rndrite qua nd
ilestseul. '-i i.i r'1,,,:
,,.'Eudor'e un avis d'une'utilité non moins dirgqtetri'(trUe le
s{rjet soit fëeonil- Quel fruit tirer d'u'n Èol artde?'.Oq y.Pfrd
soncapitcf , son temps el, ses su0tlTÊr ,-.' ,,r, r,!,ir! ,'
"r,'ri''1
nnrietayânt une aûecdote, eu dialoguant un'prgpadq4g {lroit
et subtil. io,ts'croyez arriver à un dramer, à une eomédie, à
unroman; à peine aviez-vous la matière,tl'un' feuillct'on ou
|,d'rù,vaudéviûe. Et, d'autrepart,i'ailu.tel artieledejournal,
où'l'auteuro resseiré dans-les mesquines proportious dcs
i trois colonnês quotidiennesn é[ranglait une pcnsée qui eût
mérité les dévdloppements de l'in'8'. Car dans le choix du
suiet cst compris ôelui de la forme, qui appelle égalemcnt
toute I'attentiôn de l'écrivain. Parfois un llon sujet de drame,
délavé dans un roman, a perdu tout son intérêtr et souvent
un*idée féconde a échotié darrs un drame, qui efrt réussi
dnns le eadre plus vaste du roman.
, Bnfin le sujet doit être en ra%ort aue-r,!! talent ile l"écrt-
drHoraeq:
uain. Tou[ Ie-rhonde connqi.t la ifiaxime 6<c t
. LlVr-'rù.r.L. *Lï +t*LÛ-tt-. v1?' &a-,
Surnite mat'erittu vcslris, qui"scribitis? æquom
ï ilrbus...
44 DE LÀ nudtonreue.
; Ç.9
pf..gçpte.est surlou-t dâns I'intérêt du jeune auteur;,,!fl
vieille. allÉgorie d,'lcare nc trouve que trob dtapplieslions.
Sans parler de notre siècler-où les Ailes cl'fcare hesont,pas
seulement un-'roman, mais l'histoirc de chaque jourl,Boi,leâu,
oubliant ses propres préceptes, ne.rnë,conn'atsiaùl-il pos soii
fu n e s' igit ontit-il 7t as lùi-ni ême, qu a n d il compos i it,l1 Oùe
g ë ni
sur
.ls,
prtsu 4! !Yg*y, ; Molière, qûanA il se faisâir le pani-
gyriste .du Va-l de Grâee; Ia Fontaine, quand il ahaniait:/e
gut3qufta ou Ia capttuitë le Satnt-Malc-; Corneille,.auand
il luttait con[re Racine, dans ?ife et Béiénice, ou cbntro.ûe
mystique anon]'me du moyen âgeo dans la traduction en ver3
de l'Irni,Iqtion ihe Jésus-Christ{
' :\,, .,,
- 4i?ri, moralr-intdressant, fécond, proportionné
de I'dcrivain ct à Ia forme adoptr?er-{ua[itis
aux,forces
souveraineb du
,sujej:
auxquclFs on pourrait eu ajoufer d'autres. Sans etrlesl
le plus beau talent fclouera souvènt contre Ia matiere.,ir!:1ii'{
f,'auteur des Rernarques sur le sfule et la compssition,.lit'
tërairer_Nl Francis ryuy, a coos_aeré-plus dc soiiante paseg
de son liyre aux précepies sur le chiix du sujet, ctrcelnËst
pas tropi"s,i,I'o-niadmetroet axiome quc je regarde sqnrrrf s ,fr!n'
dq4eatal ea rhétOrique : Autant^ vaut ie sujet, arrtant yauù_,[ê
stylc.- Yoyr prétendez que la critiquc ne-doit juger q'uo de
I'emplor des matériaux et non des matériaux eux-mêûes.
Mflis,il ,esû d6s matériaux tout à fait rebelles à la forme,
permottez:rn@lS i au :moins de dire qu'i[ ne faut jamais loi
employer. | ,
Parmi ces_ sujets incompatibles avec Ia grâce.ou Ia,puis-
sance du.style, je signalerai avec ltl. Wey, et en rdsumant ce
n"ïliiJ:.iit*'r;ll:;lïËliï".,",.,a,,bienrranchd.un
p_oërne épique, ule tragédie, un drane, un roman qui appar'-
tielnent à une époque ou à uu. pays que l'auteur connaît
rnal ou ne pegt, oonnaitre, dont Ie but n'eit pas franc et bien
déterminé, orÏ les oppositions ne sont point senties et man-
quent de relief, amènent infailliblement- uu style vague, inco-
lore, nraigre, saos originalité ou sans variéué.
9" Les sujets qui impliquen[ la confusion dcs gcnrcs. Soit
I
r-
i
4,6 DE LA nHÉTonrQUE.
avez de I'irnaginotion, muis quelle imagination, si brillante
qu'on la suppose, pourrait tircrquelque clrose d'un argument
si sec et si nraigrc ? guelles sont les qualités de style athnis-
siblcs en un pareil sujet? ou encore : Vous ne manquez pas
de talent, mais vons n'êtes pas à la hauteur de la quesl,ion
que vous avez traitée. Un sujet moins dlpvé eriq,{q{ pf u.s..à1
votre portée.
Assurémen[ un tel langage nc peut nous être in[erdit.
ri (,1 '-! a!
rr.rlr,i;.,,1 lt .(:l i,
)in,rl t"l ', .i
1-'ii ,r: l-1".-'
-1
1{f i'^-,!' i
*,T::H:'-:'jiT-iT::llf:^.':1t-:?ï.1t",trT{çF'-"ê,:."'r;::'i;l
cicdron appelait la topiquo, ays topica; I'art deltruavËË,iilèbi
""u,iiii:?,i*wffi
u crvNal[ #H;rHi#H;gffii:iwr4ffi^Â:,#
trcuæ en uûernes
Les ou [tttërieurg;'wiii.l[d115,[6i
sujet mêmc et ressortan[ uniquement de l'exanieh de I'lil'éeil
et-entrinsèques
et entri,nsèqueI o\t
ou enternes, qui, saps
sans être
êtrc é[rangëtg,âtItS*'ri6t,.
Étrangeruhtiistribt,
n'en proviennent point d'une mauière aussi diræte;rtb'â,is:lui;
arrivent en quelque sorte du dehors. II désignriitiahs$kub't
derniers sous Ie nom.de tënto_ignages. Les térËoignages dont'
divins ou bumaius : les oracleis, lés augures, IeslivFris tilo-
phétiques ou sdcerdotaux, voilà-la preùière .hsre:,lebrifiis.
les tiûrcs, Ies contrats, Ies dépositiôns, les aveu.r; Iâs,btCim
publics, voilàr la seconde. Quânt aax iieun iile;.ùëb. ils, ré.
pondaionû,à peu,pnèb agx catégories de la phirosopliifi,doAtis-
tots; Le rhétsur alassait toutes les manièrês tt,étre posÈiblèsi
tous les ipluëitotnÈwæ' de'l?iddel I'essence, r'exprdssion:,Ies
partiesr' les..cdnlraires;,rles ssmblables; ics alicessoires,,le
gefrrei l:ospèoe1'çtoiI et qluand iI'avait ap'pris à rapprridhètiurt
sdj e[,, d e,toue i rteb. apti el eF tle- cettÉ' uomèn ela t ur,e, Ë êi,ppnlquëF j
toutes-,leslfeeesld"ûhe'iclée à ce t.tpe communi h uiehnïoitr+ei
que chacun de côs uniuersauæ poumait fournir, il crojnaii, ci,
avec- raisoni ee oee.scrnblog "avoir facilité llnvcntion --' ;7i i :I u
?rffltfl03
52
rdud!g|;ti,pç i
utililé. Cec
utilitÉ. Cec- opinious, sont.
sont., en quêlque
quclque soltd.des publrcs'd'aulent
pubtrcs'â'aulent
rignages pubhcs'
sor'lo.des lémoignages
témoignages d'aulent iI
plus Purssalrtst qu
Prus puissents, us uo'ont
qu'ils on[ ele
é1é orcle6 niper
dictés nt la haiue,
per ta faïeur.
faïeur, irr'aiir
oer la Iaveur,
nii per
natDe, nr par nrars gu
irraiS guIIs
cdïIsrrs I
oot pour fondement la vertu vertrr et la.vdrité. Si, par exenrple, ie je veux parlor.des.l
misères rle la vio, vie, ne
ne.forai-je inrpressiou sur Ies
.forai-ie pas inrpressiou-sur les Ëspnil.-s alléguant.la
en, aliéguant
ssDnils en. ta,l,l
'ies
ique de
pretique de, ces nstions qui plàurent
nqtions quf sur ccuÉ gui uaissËnt,
plèurent-sur.ceuÉ uaissènt, et mête-ot
mêleoi la la.iôic;l
ioie ;l
sux l'unérailles? Si je veux alleudrlr les juges. Lors oe
scra-!-rl Àors
JUges r scra-r-u de prôpos:"ilo
ProPos (r€ '
dire qu'Àthènes, cettê ville si sage, regartlait rit la prlié non-seulenreut cou)mc uo
rentitreot tle l'ilrne, mais conrme diviniti Bù ces maximcs des srpt Sugés,
comme une divinité?
de Socrale, de Caton el tki tarrt d'autres! Àussi voyuus-oous non-'sËutemlot
que les orelButs sènrcot' leurs diseours des sentimeirts des poêtes, ,nrais'que
Philosophes même, eur,qui
l-es ,philosppfres eux qni nréprisent
nrdprisenl si fort tout ce qui est eit dtrangcc àà,Ieurs
lçurs
éludes, tlaiguent em;rluntel quelluel'ols l'aulorité tl'un vers clté ir propos. u
Instit. orat., \, t t. Bien entcndu gu'il f'aut éviter rlans l'emploi des anl.oritds,
corume.-frartout ailleurs, I'excès eile conlre-tempsi et ne pÀs ciler Lucain el i
Calon,-i 1'ropos
Calonri Danrlin. C'est Ie
['ropos dn D,anrlirr. défaut nroltel de
le défaul de presque tous les,éclivains
l.ous les écr:ivains
de la tn tlu ierzièrne
,
sièeli: et du
serzièrnç sièelà c,rnrmçnccmenl du dix-sèptièmb,
flu conrmenccmenl dix-sërrtième. rles avocats
avocats j
u,.,]lo^lt el, des prédicatcurs. lls poussèrent si loiu I'abus <lo lu citation, quiili en :
,
aVdu.ér qii'elle a iru puissant, attrait pour I'intelligcricc, rt qu'on
ttè'l{,oit po$ s'étonnér si, depuis Aristote jusquoà Raymond
#$lF".T:Jl f19 foule d'esprits ingénietx se sont des
-occupds
ci4egotiesl Bnrrnagasiner, pour ainsi dire, toutes les idécs que
pelrt tnfanter' I'e'spril, hurnain , les classer regulièrement , en
sltHchâtità dhaque compartiment son étiquette, en sortc que,
U,!'ë {qis lb! icssohrces et la distribution de I'entrepôt llien .
çûilSidéreÈ Ot {e ddinif leS ChOSeS. ', .,',.'1, , i'r 1,,'i!1r {' i'; rrrii:I } !
,i,On pdurrd remarquep, dans ces-deux d'erniers' c:rem.plest
que'ld:définltion, s?esi ngrandie-et développdor' lous'voici au
u,bisièrnclliearl'énttmëiatiott, des parttes ' - ' 'i'' '
de scs pères, souhaite irne éterhellc paix à cetui qui I'a sauvé
des désordres et des cruautés do la gucrre. Ici on ofrre Io
sacrifice atlorable de Jésus-Christ pour l'âme de celui qui a
saerifid sa vie e[ son.sang pour Iè bien public; lh ori lui
rlresse unc ponrpe funèbre où on s'at[endai[ à lui dresser un i
'-r1à
'r Lrot{
1'ILtIfl,
-ciIst
..
' ' ';
""' 'Reconnaissez, Abnero à ces traits é-clatants
[In Dieu tel duiourdthui qu'il fut dans tous les temps;
tl sait. quand il lui nlaît. faire dclater sa gloire'
Et son feuple est toijouîs présent à sa tùémoire. o
: r,,r 1'r I
CHAPITRE V. ",'] , ,
6& DE LA.RHÉTonteuE. _
lllais il n'en es[ pas moins vrai que I'emploi des lieu,r;iinûis.
pensable quand les circonstances ne permettent pas decrbusB$
profondérnent une matière, ouwe, dans tous les easr,u'ne iss0û
car.rière à I'esprit. Les écrivains môme les plus indépenda.uts
et les plus méditatifs y ont reconrs. Sans doute, ils ne,s.êidieeqt
pas, avant de eomposer : Je vais appeler Gn aide d'à'bord'-les
sfurilttudes, puis les contrarires, ensuite le cause etlteffetiles
antëcédentsr' etc., mais ils le fbnt d'habitude et à ledi,iusp,
eomne ils obéissent aux règles de Ia logique, de la grammrilfe,
de la poétigue, sflns se les remCmorer toutes, avant de,prqûd*b
la plume, et sans s'être formulé une résolution préalable de
' suivre chacune d'elles. Ouvrez quelque Iivre que ce soit;:69
yous verrez que le dévelôppement de cbaque idée renGre rtlan5
un des lie:ur indiquéspar lcs anciens. Aussi, tout en dispea--
sant d'y avoir reeours plus tard, croyons-nous utile d'habituer
à ce genre dc tfavafl les jeunes gens qui commencenti derlbs
accoutumer à Haiter tel sujet par les cî,rcon"stances, tèl aulrê
par lc genfë et,t',espèce, et ainsi de suite. a Loesprit, tlit asee
raison lI. Leclerô, exercé par ces méthodes artificiellesi,sahra
en profiter rlarib I'oecasion, même à son iùsu, e[ les mettFe Cri
pratique sans y soilSer. n - i,r'.'l ''''ru
Outre les trois topiques dont j'ai parlé dans Ie chapitre
précddent, Cicdron et Quintilien en comptent treize,uutres
que l'on peut réduire aux suivalts :
Le genre etloespèce; ! ,'t''
Les antdcédents et les conséquentsl
La cause e[ I'efrct ;
Les circonstanees ou accessoires I
Les semblables et les contraires :
il,i11dà
la fin, qu'il développe l,absurdité des projers de
UInna.
La cause. on conçoiû quelle-abondante variété de dévelop- '
pemerrts découle de l'examen des causes prernières ou
secotr-
des, essentielles ou. accidentelles, intinies ou extdricures,
brutes ou inr,ellige_Tlesz de tout ce qui peut être I'ob.i.i de Ia
pensee numarne. uecrirez-vous Ies merveilles de la nature,
l'ordre éternellement nouveau de l'univers, r"or *h.r.her à
remonter aux causes contingenks et âr la câuse prernière de
ces prodiges si régulicrg ? Pârlerez-vous des rév'olutions des
emprres, sans tenl,er dc les faire comprendre par I'exposé rles
motifs qui les ont amenées? accuserez-vous un coupablàr"
exalterez-vous iln grand homrne, sans expliguer t.r
qui ont_déterminé les crimes de i'un, res ieitus de "iiro",t
lhume
Bourdaloue a raconté les hauts faits ei les victoir.i,to prioæ
C_*$g; il en trouve Ia cause dans les émineniàs
4:
oe son neros :
liafirds
cHAp. V. 69
u J'appellele principe de ces grands exploits, cette ardeur
martiale, qui, sans témérité ni emportérnent, lui faisait tout
oser et tout entreprendrel ce feu qui, dans l'exéeution, lui
rendait tout possible et tout facile I cette fermeté d'âme que
jamais nul obstacle n'arrôta, que jarnais nuÏ pdril noépouvanta,
que janrais nulle résistance ne lassa ni ne rebuta; cel,te vigi-
lanee quc rien ue surprenait I cette prévoyance à laquelle rien
n'échappait; cette étendue de pénétration avec laquelle...l
cette promptitude à prendre son parti ([ue...; cette science
qu'il pral,iquait si bien et qui le rendaitsi habile à...; ce[te
activité..;1 ce sang-froid...l cette tranquillité...; cette ruodd-
ration et cette douçeur pour les siens...1 cetinflexible oubli
de sa personne qui...i etc. Car tout cela est le vif portrail,
que clacun de vous se fait du prince queDousavons perdu,
6t aoildt ce qui fait les luëros. ,,'
L'effet. f,ieu merveilleusement utile ouand vous vorrlez à
la foiË développer et démontrer un" iérité. Bernardin de
Saint-Pierrc, ïaus les Etuiles ile Ia nature, cherche-t-il à.
prouver que le sentirncnt de la Divinité est nécessaire à
l'hornme? u Avec le sentiment de Ia Divinité, s'écrie-t-il,
tout est grand, noble, invincible dans la vie la plus étroite;
sans lui, tout est faible, déplaisan[ et amer au-se-in même'de
Ia-grandcur... )r Et il continue à faire comprendre ainsi la
nécessité de cette opinion sonsolatrice, par ses efrets dans
l'une et l'autre hypothèse.
' Youlez-vous ampliûer cette pensée: u Les hommes doivent
croire en un Dieu rémunérateur et vengeur r ? Exposez quels
seraient les effets de leur inwédulitd sui un point si essenticll
ce[ autre : u Ttiut ne meurt pas avec nous r, ? Dites-nous les
conséquences de cette opinion; ou encone, en réunissant deux
topiques , celles de l'opinion contraire. Ainsi fait Yoltaire;
ainsi Massillon, dans son sermotu sur la uëri,té d,'u,n uuenir.
t Otez aux hommes, dit Yohaire, l'opinion d'un Dieu rému-
nérateur et vengeur, Sylla et Marius se baignent alors avec
déliæs dans Ie Iang-deieurs concitoyens I A"uguste, Antoine
et tdpjde surpasseni les fureurs de Sylla iilOrôn ordonnc de
sang-froid le meurtre tlc sa mère. Il est certain. que la doc-
70 DE LA nUÉTORIQUE.
lling {'un, Dieu ye[Seur dtait alors éteinte clrez les Rqurnine.i
o fo_u rb9 r in giat, calomnia teur, brigand r, san guinair.eo
L'a thrie I
,-'n"';::,,n",o,ubi,quibusauxiIiis,*o,,noo,nodo,quando.
_1 .!
I
7s DE LA SHÉT0B|QUE.
. ir; * Un homme, dit encone M. Cousin, qui joiguait a l'espi'it le plus positif
cgs' grandes vues où le vulgaire des pcuseurs ne .voit qu'uue inraginaÈion at'tlente,
, el qrri ne sont pas moins que le regard rapide ct per'çanlrlu.génietfo vainqueur
il'f,icole et de itl.arengo, rendast comptc à ld p,,stérilé ds ses rlesseins vt'ais ou
Dts LA nuÉToBrQUE.
gue
Des siècles, des pays dtudicz les mæurs. ": i' '
Les climats font iorivent lcs diverses humeurs. ''
'r ' : l'l'iririitlo:
L'action dela relàgion et de Ia cozsritutioù poliliqùti|fihnf1't!
évirfemment dnns [e titre PaEs et stècle,' Én r,rilirot'arlT
influenees dcs temps et des lieul, elle les modifie sinEutiôîej
ment. Le Français, par exempler.que vous voulez pdrsuâdéi
ou représenter, conserve bien tou.iours quelque criosé"de ed
caractère français qui a traversé tdus les-âges derruis lluëu-edi
Capet ju squ'à' Lotr ù-Na potéo; ; *; i; lt- -.i-tt-i ;;ja.;ru i
,rr///// r'
8& DE La nnÉrohrgua
I'opinion_ dominante, religieuse ou po_litique, de l,époque.
a la veille dlune ùarailel lîarrborough càm;à mp'otein,
i$apoldon comme souvarow, n'on[ qu'ilne p.nrgr à
à leurs soldats : a Combattez en f*âo.r; ;ri;;;ù;"-'ri "]primr*
oou*
pouve.z.i ruourez, s'il le faut. r, Voilà le progranrme solennel,
la matière uniforme des trois ordres dï jôur. ftIais les trois
gl_tl_1".tîf par.là p.p.r q.ulils éraienr de"grands capiraines,
etarenf de profonds rhétorieiens; le génie,luquel ilshevaieni
Ic secret du commandement et de Ia viétoirè, leur donnait
aussi celui du langage qui convient et qui persuade. Et c'est
de leur nation se rés-umâit en eux, élevé,
fl1._" gl..I'esprit
à sa plus hqute. puissance, que l,un dévelop_
ryI.,1tl-rl{io,r,
par[ Ie.syl.et donné par les intérêts matériels et Ie
souvenir
de la vrellle Angleterre, I'autre par l'amour-propre et l,hon-
leqrr le cternier par Ia religion et l,invocatioô à siint Nicolas.
,,ul1l$,1$u_, pour-le pêTu qo.rif, était ici prdcis er patpable;
flt
m, ene{gr{ue-e_t animé; plus loin, trivial e[ piworergo..
dil gilHffe-" peinr, dans l,ociyr.eà-àiiiu*a.,
,^ {?j
re perc, rc tils, l'épouse."o3ir.
L'étude des divers ei relations natu-
rel'tes .oa soci.al,es contribue puissamment.à I'invention.
au
xvnrusiècle, tre théâtre s'essaya'à représeni;";i.ri;
passions,.les.rapports
_de firnilre iu de sociéré. 'ii,îriro aæ
iieir-ai
f:yr!!:, l,g Ftls naturel d,e Diderot, beaucoup
d'autres drames
oe c€[[e ep.oque,
JppartienneDt à cet ordre â,idées quiln'était
Deuosjour-s ol a voulu y renrrer, àans ptu-
!,T-1_1r.li1qo:".
sreurs preces, par exemple, du théâtre deVictor Hugo.
mdis it
)'a presque. tolriours e.nrre nous et nos prédéeur.rorËààite dif-
à..ggtre avLntage: c,est, qu,ils ne s,occu_
le^tt^l:r_qlip_estpa,s
paren[ que des généralités, tandis qùe nous a-vons
le [ort de
oe pemdTe d'orcrmaire que les excep[ions, exceptiorrs le plus
souvent monstrueusesr. sans ùut moral, sans' utilité pour
l$:n{-': j1'}:_!'9.n1' qory Ia littéraiui". îËttË'r.ilr"quu
s âpprrque egaremenl à plusieurs
des paragraphes de ce cË*-
plEe. .
lui.
""ffi;;?;ireils
cotnnne
sont d'ailleurs à éviter dans Ia coùlcurloeale.
L'un est de donner par olle au style cette forme plastique,
sculpturale, tout extérieure, qu'on peut reprocher à Walter
Scott lui-même, souvent plus peintre que poëte. N'oublions
pas que la partie intime de l'homme doit tourours"avoir le
pas, dans la pensée des écrivains, sur son revétemeut exté-
rieur I l'âme et l'esprit doivent les occuper plus que le ëorpç.
Le iecond défau't est de supposer qùe t^out eit ait qu*a
on a fixé I'at[ention sur certaines spéiialités extérieuies de
I'individu. Flusieurs de nos dcriwins ont porté cettë manière
à I'abus le lilus intolérable. Ils se sont imi'siné oire ùuand un
horhmea pârld rle son pourpoint tnillaclé et ie sa'boline'dague
86 DE rÀ ntrÉTOntQUE.
de Tolède, le xvr" siècle est épuisé; que llenri lV ou louis Xl
sont connus à fond, quand I'un a jtrré aentre-saùtt-gris, el
que I'autre a baisé les saints en plomb de son chapeau. De
même que l'on a dit de certaines gens qu'ils sont plus cntho-
ligues que Ie papc e[ plus royalistcs que le roi, il y a tles écri-
vains qui, entrainés par ce clésir outré de courir après des
particularités presque toujours matérielles, se montrentplus
Espagnols ou plus Romains que les Romains et les Espagnols
eux-mêmes.
Evitons ees excès ridisules, N'oublions pas, comme je I'ai I
Ouoi!ilfautguelepoëterleromancierr.Iorateuréprou- ooil'
v*rit oo aient épr'ouvé tôutes ies passions qu'ils ".,11.11 des
muniquer ou ,*pri*tt ! Corneïle, le plus paciûque
'Ë#;i;;" aî ,àrfu"ti- la haine monstruêuse_dc Cléopâtre ;
nfofiOt..ie plus généreux, les transes ridicules de l'avare-deI
iîi;il.^il"p1;r:;;piiqoâ, le relisieux enrhousiasme
Lusienan; SËnkespeare enfin, toutes les- passtons, car
en
â:iiTË .il-l.t'-it e*tppe t Le. cæur. jaloux de llxolière
i"i r me dit-or; lascbne dejalousie da ll[isanthrope'
"Atefé,bito.-M"it'dit.s-moi, { votre tour, n'a't'il pas
i, itï.o*
;;.;i et soutiendrez-vous {trle
Ëi.o réurui dans le Turtufe?.
,trt a]. même .ourar qu'il a pi,is6l'abominable langage de
I'hypocrisie ?
a
00 DE LÀ nEÉTOnrQUE.
sans doute la naturo individuelle a d'admirables révdla-
tions, de,s inspir.ations sublimes; mais pour étre srir-de
saisir et de cônsefver cette sublimité-, il'faut, en quelque
sorte_r- I'ariêter au passage par Ia ré{lexion, ia génêratiïer
par_l'abstraction, s'élancàr âu delà des borhès ëtroites de
I'individu, contempler un modèle plus srand et plus haut
pla.cér pressen-tir en{n d'imagination et ie génie ia nature
u-niv_erselle, et la rendre par la"combrnaison dil'entbousiasrne
idéal et du sang-froidpersonnel.
On cite le Dé Oratôre dc Cicéron. u Il est impossible, dit
antoine à crassus, que.l'auditeur se livre à Ia rioureurr'à la
h.aine, à l'indignatio-n, la crainte, à Ia pitié, si tous ces setr.
!
timents ne son[ profondément imiriméÀ dans l'âme de I'ora-
teur. Pour moi,
.ajoule-t-il, je ie proteste, je n,ai jamais
essayé_ de les inspirer auxjuges, que je n'aie peisonnellemcnf
ressenLr les émotions que je v voulais faire passer.dans leur
âme ('). :r ^
.l
* (') l" recomoande le mctprofonrl d'un des plus habiles artisles du Ttréitre-
Français: ( Pour savoir bieoiire, il faut savoir'preur.";
il fuui savoir. rire. ,r "t 1,o,ir-r""oî"il"or.",
CEAP. Vll. 93
I
p8 DE L+ nHÉTOntQUE.
{t)c'est ce que rlrt fort bien andrr! chérier qui, à l'eremple rre B*lfon, nc
THAP. VIIT. t0l
Or qomment arriverà la disposition ? Comnte on es[ arrivé
à l'invention. Pour dispôsertes idées, eomrue pour les,trouvgrt
Ie rnôyen le plus puisÀant et le plus e{ficace, c'cst d'en faire
l'objeid'une inéaiia$ion co-ustalte e[ profonde. La méditation,
en révélant les rapports des choses èt des êtres entre eux, a
Erandement con
grandeme_nt invention des idées; en révélant les
contrifué à I'invention
iapports des idées,entreelles, eIIe contribue égalementà leur
disposition , .
le sujet soit vaste ou compliquér je reviens
u Pour peu que
toujours à Buffôn,-ouil eit bien rare qu'on puisse I'embrasser
d'u-n coup d'æil, le pénétrer eu entier d'un seul et pry-
mier effort de génie; et- il est rare encore qu'après bicn des
rdflexionso on ei saisisse tous les rapports. On ne peut donc
trop s'en occuper I o'es[ même le seul moyen d'affermir,
d'é'tendre et d'élever ses pensées; plus on leur donnera de
sribstan.e
'ensuite
et de force pai la méditation, plus il sera facile
de les réaliser par l'expression. r'
Le premier poino ar meAitef dans la disposition d'un ou-
orage, c'est l'rinitd. Voilà le précepte qu'Horace a miÈ en tête
d,el'Art poétùque :
Denique sit quorlvis simpler duntaxat e[ unum.
oEÂP",,VIII,. r, {0F
.iqr$in d'cu rt pujç[ cetts penséo u niq uç tl u i 1on, Qst rf ârng' n]qpPèr:
iiçni,quiUri g+î ie- féçorid e par I a niédi tation I E tl'non'.geu I ement
ptù At*riofins v parvienient, mais il n'es[ pas même -dgoo{
â,tàutllceteur de iaisir , là où elle se trouve.r cette. unité.qui
qiootB,fu't''uvrage, quei qu'il soit-, dramatiquer'u oratoire,
Ëismriqne ou pti'ikis,iphiqire, une haute valeur et un puissaut.
intérêt. . ,; ,,
,; j
" Je miexPlique.
ià i"rg6Âià, d'Athalce présente autour du personnSse Prinr
eioal les,iaractères variéi de Mathan, de Joad, d'Abner, de
Jo'sabeth, de Joas. Ntais plus on en pénètr_e I'esprit, rnieux on
compten,l qu'il y règue en outre, I'uo F.oo! à l'autret une
.to-it'é qur Id poëie a ëxcellemmeni formulée dans les dernicrs
fB[$:: .'1 i
'-f'ri-] ::r
AoDrenez, roi iles Juifs, et nnoubliez jamais
-t I'i:i , Oirà les rois dans le ciel ont un juge sévère 1
:
Et' !". i]linnoeence un Yengeur, e[ l"orphelin un pàre'
' i
(r) Voici le texte dc Massillon que j'a-i rlivisti pa|. paragraphes pour r1u'on pûÙ
lciippoltcl plus focilement à rtrorr anulyse.
{06 DE bA lrnÉTotrtQUË.
ddrnon; ils doiven0 done plus que tous rutFes,se.teni+en
-
gnrdecontro la tentation et ia eorirbottre. r,'Mais ce second
mémbrs. d-e phrqqe-r
-ce con-séquent reste sous-entenduS it
sera aisé de le déduire de l'enserntrle du'diseriurs; Ilr fauU
avan[ to-ut s'occuper de Ie preuve et du dévelopliement''ds
l'antéeédent. ; .,,,,,.-,1.,,i,*!, 1'
, n 8r, Dars lp
princer et dgoq les grands, elle no trofrve point rllqbstqctes..ou
-obstacles éujr-rûëriès, facilepent dcartés, I'enflammeni eù I'irriteni. ugiait
Ies'
quels bbstlcfu3ie jariials tr6uvés lÀ-dessris la volontd do ceux qui tiendén:b pn ieilfs
main-s, fa- fgqtqng . puliliguq ? Les oceasious prévienqent pr:esqup,leuiq.ddslrrl
Iour-s'regardsr si i'osg parlèi" âinsi, trouyert partout des crimes ôqi les attenâent :
'I'intléceuce'drr'.siêtle:et I'avilissenreot des côurs honoreut ciêmè d'éiosèS nriblicc
lûs à.l.trsils qûi r,éussisseot à les sédulre: on rend iles hommagef "iq*'ga"S:$
I'effrb-nierie li plus hboieuse : uu bonheur si honteur-est resa,:déîvçd envie.-au
lieu de l'étre avec er,écration ; et_l'adulafion publiqud couv rË I'irifainië'd drrdiii,ib
public. Nou, sire, les princes, dàs qu'its se iivreni au vice, ne connaissent plus
leurs passions ue trouvonr'.,P"'
l;Ï:i"Ïi'*lroi.tu"o'J.I"on-té;.et l.]T"t.d..,"itlî:
<r
9. veut,jouir desoo crime l l'elite de son ar,mée est lilentôt'sacriûée,
rt parlàPavirl
périr,lo seul térnoin incomnrode,à son incontinenèe. Rienige cirrlte ei
rier ne s'opposo aur passions des grands : aussi la fscilité des passions en devient
un nouvel altrait'5.devant cu! toutes les voios du crime s'apËnisseol €t tout ca
qui plaiL est bicntôt possible.
., (ro. La_cra-iutedp puhlic est uD aulre freiu pour la lieence du commun'des
bom-mes. Quelgue corrourpxes quo soioDt nos bæurs, le vice n'a pas êncol,e
perduaarÉi nols toure ba' bobte. Il r"oste encore uDe sorte de pudeui publique
Baus- force à'ld cssherà e,t le mobie- lui.rnême, gui sonrble a'in faire.Ëonueury
-guir
lui attechs pourtano'encore une.èipèce de flétrissule et d'opprobre. rl favorisÉ
los passioao, et itriimposa pourtau[ des lienséances qui les'[ênent: il feit des
leçons.publiquoe du-yice etde la volupté, et il erigdpourtait le secrel:èt.uns
sorte de monagemoEL de.ce[x qui.s'y.livrent. . 1... : .
.c rt. Maie rles ptluces etler grauds ont secoué ce ioug: ils ne font per etsër
LH.ÀP.. Vul. {09
Âmétons-nous au $ 12. Jusqu'à préscnt, vous le voyez,
Ies idées ont été succéssivemenî aminées ltune par I'auire j
la première a toujours contenu la seeonde, cell'e.ci la troil
sième, et ainsi de suite. Mais relisez lei deux derniers
pfl.ragrâph9sr 9t_ vous vogs apercevrez que le douzième ne
-prÉsente plus à leur égard cetle rigueur ile conséguence gue
vous_remar_quiez prdcedernrncnt, Il renferme, sans dorite,
ulre''hsute ïeçon de moralité pour les grands-; le prêtre a
faif :sasement de Ia saisir et ile I'expriùer; mais liorateur
gryitdù lq préparer autrement. La pensee 6e rattache bien
à la dernière phrase du S ,l,l : u Piesque touiours
-grandsdeve-
nus les-seuls objets dc la eensure publique, les sont
les seuls qui lïgnorent; r mais ell-e se rataache ulniquemcnt
à qette phrase, et non pas à I'ensemble du paragrap[e. Nous
sarisissons rnal la liaison entre cette idée : u lls-ne'craignent
pâsultn public qui les.craint et qui les respecte, et, à Ia [onte
dn siècle, ils. se flattent auec raisora qu'oi a poui leurs pas-
sions les mêmes égards Qrlg poun leurs pelrsonnesr ,i et
celle-ci : u Atrisir,._.-_ceux-q_ui leur sont soumis se ven$entde
la servitude par-la liberté -rles discours I les grands seËroient
tout permis, et-lton ne pardonne rien àux grands. n Encore
une fois, Massillon a parfaitement raison, il dnonce une vé-
ritd, et une vérité.bonne à dire; mals assurément ses pré-
mioses, au Iieu d'amener cette ôonsdguenee, semblaient en
pronettre une toute contraire.
de cas des.hommes pour red.our,er leurs censures. Les hommages publics qu'on
leuË read les rassuront sur le mrlp-ris secret qu'on a pgu_r eori Iti ue crai$nert
public .qui les_craint et gûi les respec-tc; et, â la houto dn siècto,'ils sa
B"l-"1 avec
ilattent rajson qu'oa a pour leurs passions les mémes éAards que pour leur
pcrsonue. _La distanco qu'il y a d'eus au peuple le leur màntre riansiua ooint
de^yue si éloigné,.qulils le regardent comme s'il n'était pas: ils ménriseni dec
ttaits par,l,is desj loin et gui ne sauraient-v-enir iusqu'à eui; et, piesqire toujours
dev€trus les sculs objets dela censure publigue,ilJsont lei seuis qu'i I'igooient.
I,t,r. aill.i:.plus on e,st grand, plus on est rodevable an.publicl L'dltvation,
délà I orBueil de eenx qui nons sont soumis,les renl dos ceaseurs plui
-sI_rIlTr:et plus..éclairés de nos-vices : ll s-embl.e qu'ils voulent regagnen p"i te"
::l:I* qu'ils perdent par_t: soumission; ils se vengent de le-sËrvitud.e par
fT:,ï-.":,",u
ra ltserté dos discours. Non-, sire , les grauds se croienf tout permis, et o_a1ne
q.aldonng rien,aur graqds; ils vivent coËme s'ils n'avaieni poiâia" .plirar.ad.s,
el cep€adarr0 ils sont tout seuls comme,le spectacle éteruel'du;reste âela terro.
t0
,l l0 DE LA RHÉTONIQUE.
a 13. Enûn. l,ambition et l'amour de la fortune dans les autres hommgt FÎ.,'
t"À"ii'i*Jtii à;-oi;i;it. i;".oiot qu'elle exiSe sont autant de mômeuts déhbhÉ8
i"il"""riiriiijf,Ë" il;;;"-."r, J;rûilàf, ,moins dos passious qui d.e tosr
sages et m-esurés
;#"r;;to;; ,gtg loîrt*iu't oo-ou t"o.àit allier lçs -guvoments
;"Ï'itï#; ;T."i;îiJ" i"i"".t"' "i
presque toujours 19 fÉ1lng9P.ent et'les
exrnavàEances du vice; ," ï" .àt ta'débiuchi a tofjo-urs dté.I'écuiil.iné-vitablg
àii aieyt"riËi Jiïrqit'ili i.r pt"i.it. oqt arrêtébien- des espérances de fortune
- I'ont'rarenieut, avancée. grands,-qul n'ont plus rien à ilésirer ilu côÉ da la
et
; t4, lf"ii fur p.io"u.-iiIu.
forlune. n',v trouvent qul g'ên"e leurs piaisirs. La naissance leur a tout
aî'ilËi'rË iË;; ;il; "i"o i;t "o.rT
iô"r"i .p{" aiusi tlùe, d'eur'm-êmes ; leurs ancêr'res
ont travaillé ooo, piuiri" a'.ui"ot, pour ainsi ilire, I'uniquo soin qui les
"or;'Ë
;""ù;; ii;;"'r.poruoi.leieur élévation ùr leurs titre'; tout le roste est Pour
-*.trË.-i;i;i
les passioqs.
les enfants des hommes lllurtreg sont d'ordinaire les s-uscesseurs
au.Joeâi.les hoooer* -d-";iio J;i;;;;ères1 et ue lo sont pas de leur-gloire.et ilq
iliiffi ;.- ttË;"tt;; i uiirio"" les met -en'posses-s i oo lis empêche
;;;r; ;i;.i" t'"" ru"il* ilignes : héritiers d'un graud d'une -nô'm,
il leur Saraît inutilq
.ù;;l;ir; à eux-mêmËs; ils gorïteul les fiuits gloire.dont ils n'ont
"o
oas eolïré I'amertume; t" i""i"t lei travaur de leurs ancêtres deviennent le tit'rd
à"i"t"ïîJU"J;;r e;i;;; ois"iveté; la nature a tou-t fait Pour eux' ello. ne lalssd
;i;.-;;";-;-i;ito l'époque glorieu-so de .l'élévation d'und
""'-Aii-ù;-"i'.""i.rr
i;;; â;;i;,, ;; ;;;;;;rèi, elle'même,''oi's uË In'tisne béritier' I,o sisnlr d!
sa décadencoet de son opprôbre; los exemples là-dessussont de l,oule' les trallop!
;;;;;;;i;-iiè"1u.. " '"""'n
CEAP. YIII. ,,tl
(Sl6).avec une_harmonieuse majesté de dictionn confirme
une vdritd morale nonmoins impôrtante, et plus savamment
anrenée que celle du $ 12.
, <r t6. é"lomoa avait porté la gloire de son nom iusqgiqux e*lrirçitér ile la
terre;-l'éclat et la magniffceoce rlo son règne avaienf suipassé d" tous les
"uo* et voit dir
rois d'orient; un fls insensé devient Ie iouet de ses nroËres-suiets.
tnibus ee choisir un nouveau maltre. LËs enfants de'Ia'groireËt aL ta magni-
ûcence sont rarement Ies eufanls de ta sagesse et de la æ ii or"ro.,u
on .u"cè,Ie,"it
plus ra-re de souteuir la gloiro et los hooieu.t .orguui, "Ërto, qoà a.'tut
acqndrlr sol même. u
{ls DE_[A nf,dTOnrQUD.
r.irrrri'Apprenotgfyle^llit
.!.. I.I *-:l:^{t: j_e__ta!o-nqr : ! . j rr.,,{,'!
rron[Doussutvonslacour.
.
'.llj;j-,].Nertous";;li;ïil;ïilËi#iia*vlvcflaiir'mÉ.,.-.ll",-.
" 'lr'tl Dt cecailes de feu qui ravissent
une âmc . ' .' ; ,r.r-'.'i it'i''
.iu*ç Jlr ,.:,".','.i,; *u cdlcsts séjour. ':,, , îri'r i1[' !::.Ji! - ' .-'
t:r[fi:J!"1, ..r.rf Ii rr, i r [1;r,r'-i-"- 1=,
faitsl s[rophes 25-28, Mais qui poûmâ les rasonter tous -rl
Luc. Ce n'est -pas lui, Rousseau, strophe 50. Il est peu propre '
aux efforts d'une longue carrière; je comprendi ce sonti. '
ment de modestie; mais il ajoute qu'il est poëte inconstant
et rêveur1,
, x.[ iiil[:T-.i'-É,ÀÏt;t I
.Je+*to
*16'3 1:i'rôtmC.rq [iû
1':r'I3Ml$.[q i
CTIAPITRE IX.
,.
Lbrateur a pleinement décrit la bataille de Rocroy, il;;T;
drre un mot de lavictoire de Lens. u
euele prince dïcondd,
s'écrie-hil, erït volontiers sauvé, ta 'iie *o'Irrro. ôÀrc Au
Fontaines ! mais il se trouva par terre, p**i
rôr *iuil*r au
dol[ l'Espa"gne.sent en'core ta péite. nU" nr r.vnïipæ
T,t^"ll
que le prince qui lui lit perdre tant tle ses vieux résimenÈ
à
la Journee de Rocroy en devait achever Ie reste- dans les
etc. r,
Pl1t1e9.{e Le_ns,-ces ,1,r,,r.,,f.,.,
L'artifice de transitions consiste daus I'emploi d,unÀ
idde intermddiaire,-qui lie deux idées eontraires; d *ê,o;
semblablesr.lnais- dis^tqntes, eh quelque sorte. Éacine veut
une idée qu! justifie à la foïs les coÉpliments et les rÊp.o-
ches adressés à Pyrrhus; il trouve l,ôxemple d'Âchille:,
Oui, comm,e ses eæploits,,. Mais, ce qu'il'n'etat pas fuit... -
Bossuetr en veut uné qui
llppnocÉe hbahille ae hocioy de
celle de Lens;-_il trouïe I'E-s'|agne vaineue à Lens comrâe à
Rocroy : Elle ne sau-ait pà_s-... Il aurait pu prendre éga-
lement Ia-France victorieusê dans les deux jbui^nées, etc.
L'antithèse est la forme la plus ordinaiie de ced bansi-
tions I continuez de feuilleter l'ôraison funèbre de Condé :
Pendant gue le prince se soutenait si hautement avec Ïar-
ghiduc' il rendait au roi d'angleterre tous les honneurs qui
Iui étaient dus... Nous avons-parlé des qualitds de l,âde,
venotrs maintenant aux qualités de l,esprii... Si les autreÀ
conqndrants ont reçu unô récornpense airssi vaine que.leurs
cHlP. lx. r25
ddsirs; il noen 6erû pas ainsi de notre graûd prince, en ef-
fetr... qtc. C'est en étudiant les auteurs quj onl, ainsi
- transitions, Racine surtout et Dfassillon, que
travaillé leurs
vous trouverez les modèles de ces mille artifices, et que
vous voushabituerezà les employer yous-même à l'oceasion.
Bn généralo Ia transition par l'antithèse, dont il ne faut
pas abuser d'ailleurs parce qu'elle est trop facile, est un
excellent moyen d'amener les contrastes, ce point si impor-
tant à observer dans la disposition, En effet, si le sentiment
del'unité, de I'ordre, dela symétrie, des proportions exactesr'
est dans notre nature, elle eomporte également et à un aussi
haut degré celui de la variétd, des contiastes, de la surprise.
,s Similitudo sa.cietatùs est rnater, dit Cicérou. Ce que I'on a
[râduit pâr ce vers-si connu :
lrll r;lll._,'
'rIr Loennui naquit un jour do I'uniformité 0).
1. '
-, , ','if, i! ll[l;Ï*
Imitez les artistes. En conservant à sa statueldesrllrf,s"sF
des jambes de dimensions pareilles et également propon I
tioniés au resto du cnrps, le sculpteur a soin de: donteriilr
chacun de ees membres-uirc attituïe dilférente eû dlarrivtir,'
aiqsi au coutraste sans blesser la synétrie. Le pelnÛrelre*o
-du dcs o+*T ïigoureuses;-mais':C.'esta
pouqse, sa lumièrt par
âu même soleil ou même flambeau que proviennon0lixiii
ombres et les lumièrcs; pour les unir, il cherche à im,i$er
c_ette t_ransition d'une tdints à I'autre que l'air am}iant;'-prôr*.,
duit duns la nature, et,si ses couleurs erient', si sos iourq'
napillotent.:olêst quï a violé ou ignoré les principos de Ëorir
Ëri. tegé;ie do Èeethoven e[ le-talent'ae féticien 'David',r
feront sicedder au calme embaumé dtr matin lesrmugissel.
men[s et les dclats de l'orage, puis ramènerout bientôt apr.ds.'
Ia-sdrénifdi:mgis ees mille bruits ss fsniront toujoursçrLioil-'
dans Ia,grande:voix du ddser[, là, dans l'harrnonieuirivbr-'
sellc del-a naturQ pastorale. ii"r' it i'ii
ii 1-|
l[tlËonture(').
u@uol quhh dise M. Victor Hugo, et de que\ua poids qud
:." ry.lir,ryll,
*"i4 quo ùYart nnes[ Eï:Ia llÏ1':,:t-xi-"^p^-.-:ll*:i:
TTpoint reprodueti6n'.fidèleæt.illirnitée
du,'h, hàture tout entière, mais-la,rcpréscntàtiiln snvanlc ct
sfiÉ'n6e,r,à, certaines lois d?une neture'ehoisie gique',si'les
ehoeôpr,existent ainsi confondues. danb la çie.déeltre;' ghand-
el[psus'offrent à Togsr nous les separons instinctlvgragnt;,
comùe,nous banniliorut un nain ou un mendiant riui vien-
drnient étaler leurs plaies e.t leurs diffonmités":dans la salle
du festin etau miUeï des chæurs dg'dànso.'!'it-l1ri! r;i -'i-' ';i
On nous dit que Dantc, Shakspeare e[ Milton ont fait
'point.
ainsi, et que noït ot les'blâmonË Nôn 1'ptirce que
leur siècleles compor[ait tels, e[ que, malgre leur imtnensc
supériorité, ils étaient e[ devaicnt être cle leur siècle. Nous
ne- Ies blâmons point, parce que nous les comprenolg !à o-u
-conoprêndrions
sont. ltlais nous ne
r-ls point aujourd'hui Ia
scène des fossoyeurs de llâmlet; mais nous ne pourrions
s-upporter le hiâeux accouplemeit de Ia mori ct du péclrri
daiii ivtitton I mais lc damné-de Dante qui essuie avec les chc-
yeux de son ennemi ses lèvres dégouttantcsides resles de
sou,;surglan[ repas nous soulcverait le,cæu.r, Dn un motrr
t26 DE LA nHdIORTQUEô
pro- '
plus vive-
lls s'dchelonnenl, à divers degtés. Ce qui lc fraqp.e
mentrlui,depuislongtempsfamilieraYecsamatteretnepro-
;ffi;ffit;t'r; pas une impression pareille sur les auditeurs
les. disposer-' le':
qoiy tont étttnge"s' I{.fagt
ou les lecteurs
qmener'lesentraînerpeuàpeu:voilàlesnécessitésdela
âîod,iti,â" et de laprëparat-i'on oratoi're'
"',ïr"jiïA;ii*, qrii rêpond av c.rescendo si familier aux mu'
sioiens, est presqià t,iujours d,e mise., et surtout
lorsqu'il
les pas*ons. Dang
;Ëiîffi;Jil*Ïrr-*rp*itr, preu'ves, les idées, Ies expres-
ou de peindre
Ie Ërremisr câsr oo dispose les
ptus'
sirins. de facoi gu'elles aillent toujours-augmentant de
;;;;ui tt'étittgib, Dans l'autre, onqriiprésent'e une successron
anaduée d'images âf de sentimerits enchérissent toujours
Ï;,,,* sur lei autres. On peintetavcc artleurs GorIr*€DC€-
mouts, leurs progrès, leur force leur étendue'
- l",rtine Ma,iry,irni soo .gssoi sur l'éloquence de Ig, chaire,
fait assez Uien reslriit t" diversité d'dction produite sur
ffidïill ,it o-àâie p"r rlnLrait brusque er inarten*^g:i
lîrurpr*oé et la frappe, et de I'autre, par.ln .t"Yq ryl morns pro'
décisii'. mais rrréparé de longue main, qui lui larsse.unc
#ffiilïrrifr'i*pr"ssion". Il cite p-oùr ereuple-de ce der-
xr.'r,;w:,t'nn!;';::"r,!,:tîyfi i""lt'11*l'ij;; I'
:1r1 o;e m'arrête, dit ltassilton, à vouso mes frères, qul êtes.ici assemblés' Je
hommôs. Je vous regaril" cômme si vous étiez seuls
""Ë;i;;ilr-d;;;rt;-,L; donc
surla terre; "t,o,",'tïl"lre"'l"i -'o-""u-pu-uïm'épouvante.Jesuppose iont s'ou
o.ue c,es!.ici a.roia|u"I;;-rË; l; no ai t'uoi"",i; quu les cieur ,le
"ot." q;;';T*i-ët,r.i."" p"."it," rl-aos ia.'gtoiro au nrilieu ce
i;; il;;; ,êî;;;
temnle, et qne ?ous tïfi;t"";;ïràt {tu po"t I'attendie comme des criminels
de grâce-ou-ln-arrêt de mort
il#îil;;tl;ïtilL";" Prononcer uoe sentence
.éternetle; car vous ;;; il;;;us flatter t vous mùr"ez tels que vous êtes
vorrs omrrse[t' vous amuserout
auiourd.hui. too. d" cltangemont.qui
".r'àJriN I'erpérÏence de tous les siècles. Tout ce qûe vouc
jitii:J, riia"ï-;;;;;tsr
uo comPt"
trouverez en vous alors de oouù"o,.sera ,peut-itre et sur ce que""-.t:T^ll:'
rendre; vous seriez'
;;;;d q;; ""t,ri quu nà". "utiu" "ojo"id'b.ui
ËromenLt vous Pouvez presguidéciiler
de ce
si I'on venaitYous Juger danr ce -à-
vous juger, pour faire le terrible discernemeut des bou-cs et rles brebis, croJrez-
vous i1uà le ftus grand nombre de tout ce que ûous sommes ici fût placé à la
droitei croy'er-vdus gue los chosos du moiu's fussent égales? croyez-iou-s qu'il
s'v trouvât ieulemenidir iustcs. que le Seigueur ne put trouvCr autrefois en
ciuq villes tout entières? .li voui Iï demand*e. Yous i'ignorez, et ie I'ignore
moi-méme. Vous seul, ô mon ltieul coansissez ceux qui vous appartieuuent'
Maig si nous tre connaissons pas ccux qul lui appartienneotn nous savons du
moins que les pécheur's ne lui âppartienuènt pas. dq qui sont les tdèles ici assem-
blés? Les tilres eù les digoités ne doivent étre comgrLes pour rien: tous en serez
dépouitlés devaat Jésus--Ghrist. Qui sont-ils? bèaucôup de pécheurs Qui nc
veilcnt pas se convertir; encore pùs qui le vourlrsient, àais riui diffôreot leur
convelsiôn; plusieurs autrcs qui ne seiouverl.issent jamais quo pour retomLer;
enlin un ct"L.l nonrbte qui cioient n'avoir pai besoïn rle cônversion : voilâ le
narti des idprouvés. Retrânchea ccs quatre soites de pécbeurs de cette asscnrbldo
Ëainte,car lis en sontretranchdsaugr'ond jour : p"r"fsse" maintenantrjuslestoù
étes-vous? Rcstes d'Israë|, passez à la droite; froment tle Jésus-Christ , dérnélez-
vous de cette poille dcstinile au feu. ODieu, où sont vos étus? et rlue roste-t-il
pour gotr€ partag€ I D
ûEAP. lX," t2$
autrefoisipar'le $eigueur dans cinq villcs entièrcs? Tous
Iiiqnonent+.tuinAmà I'ignore.'Et dans 'cel,te nuit, profonde ,
-a
seul miit de lumière jarui : V oi,Id, le partid'es reprouuës
uri" I
c'edt après cette prdpnratiôn bratoirc,
G?est;ulors seulcmcnto'encore
ænwe"de génio plus q-ue d'art, qu'éclate tout'l'effet
dgrcAt appôl auqûel doi[ reponâre unsilence de moFt:Parais-
seemaii'tBnantl justes, où ôtes-vous ! et que le prêtre-, se
rotrsulinûnt vers'D'ieu le désespoir au cæur, peut;s'écrier :
0,Disu[qpùisont ros "élus, et que reste-t-il pour Totr€ pa$-
ta$e{ j ;u'
--hout tie que nous a ons dit jusqu'à-présent de-Ia disposi*
titlnryeut s?âppliquer à I'ensemble de I'ouvragei II est temps
eiffinqrl danl lc ddtail des_ diverses parties.
,: [læuire oomsrenee t ilëbut, e uo'ide, eæpa s;tion, prologue -;
eilTo se Doupsuit z narration, confrtutatinn,réfwtatian, næwd',
dnn elsthement clle se termi ne i épilo oue, cgùe1usiory
: dinoû'
metzt,"6éraraisbn.l)onnee à ces diverses parties , suivan[ los
diveÉ genresr le noo' que vous voudroz, touiouns eshil quo
tôut.oulnage aura un cômmenccment un nrilieq et un_e lio
" dans chadune de ccs'
cû que le eiractère etja place des idddd
Ànoiù*u aivisions seront idterminés d'après certaines obser-
iations et sotrmis à certaines règles.'Qé sout-clles. qui vont
CHAPITRE X. -' I i ltl,
. | ..rlli
l
DU i: '.'i i rll
i,,1, l,,r;irtl
,Ii
,lF;
r'i'it
ilI.ir .n fisant qu'il faut savoir où I'on va, j?ai ajoutd qu'ili
faut bieu voir ce que I'on veut. Si l'on parlcl'c'esû'quPon veuti
se faire écouter I si loon écrit, coes[ qu'on veut se fairc.lire.
Il suit tle là que, sans perdre dc vue l'indiaation du'giijet,
on rloit comprendre dans les éléments de loexorde læ Ufspq-
sitions à indpirer aux auditeurs ou anx lecteurdil-'DËrnslilisr
questions variées, difficiles, que I'on ne pcu[ résdudi'ti étfnsr
une analyse parfois savante et compliquée I dans leg dtudes,
sur les hommes ou les choses I dans les longs ltioitd, vrais
ou fictifs I dans l'éloquence qui conseille ou dissuacle, loue qu
blâme, accuse ou défend, il fnut songer à eux auhn$,'ç'au
sujet. Il ne sufii[ pas de bien fixer le poinù à érablir; il.faùt
sc-.demandor aussi eomment on parviendra, dès Ier;pridL
cipc, à se faire lire ou dcouter. À cet effet, trois qualïA!* stint
re uises par Cicdron dans .l'anditcur ou Ie lecteur' . il,doit
êtr"e bienveillant, attentif, doeile, beneuolus, e,ttentui,s;tilo'ètlt!.:
Bienveillant : par dgard, soit pour I'autcur, soit poui Ia
matière, pour la moralitd, les talents, la position de l'unr'la
grandeur, I'intérôt, Ia nouveauté dc l'autre, i[ aufa, avânt
tout, Ie ddsir et la volonté de lire ou d'écouter, te 'rnot sacrti-
mcntel, Amï, lecteur, qui commence toutes les préfaces de
nos vieux écr,iviins, est I'expression naive de ce besoin. ' 'i'
Attentif : il écoutera ou Iira avec suite ct intdrêt, sans hoûl
chalance, sans distraction'
Docile': il cornprdndra, il entrera sans effort, sans fatigue;
dans I'esprit du sujet ou de Ia caùse. Docilis, en effet, signifio
ici e's qui doceri potest. Dt Cicéron I'intcrprète ainsi, quand
il dil âilleurs ; Esordia sumantur trirum rerurn uqrati,a, ul
ami,ce, u.t attente, aN intelligenter audinm,u,s.
Ces trois mots expliquent Ie pourquoj de toutes les règlct
du ddbut; de sesvcrtus, comme de ses ddfauts.
Ilorace cb Boileau parlent du poëme épique :
(')
ff;s't
en':o
po,eïofJiipoîli,ilfîf .*'
rhat is rhe ueual morhod, oo, o#*,u#to"'
Uy vay is ro begin rvirh t'he beginning.'
(".) Gomme.-cemen^asderom-ansfort répandus, i[y1 quetques
..
il n'esl pas même nécessaire de citer tes-titres, ' anndes, et dont
c[aP. x. l3Û
retira daûs la ville où il avait pris naissance. ll y épousa une
petite bourgeoise, et je vins au monde dix mois après neur
mariage.,. n II est vrni que ccs romans ne se nomment ni
flIed[,inoclte , ni le Chemin de trauerse, ni Coucarateha, ni
les Mës,ndres, ni,Sozs les tilleuls, ni Au jourle jour, el,c., ettr.
Gomparez à tout cela les admirables expositions de ecrtains
romdos de Walter Scott, et entre autrels eelle d'Iuanhae, le
meilleur do tous. II n'a pas toujours été aussi lteureux;
cells do Wauerl,eq, parexemplc, est longue etpénible.
- D'où vient Ia iiifférence entre le début du drame et celui
du poëme épique? C'es[ que, dans Ie drame, le poë[e ne pq{'
lan[ pas en soÀ nom, maii faisant parler des persoluages liés
à unô action, ne peut songer au speetateur, sansblesser tou[e
vraiscmblance. Si , d'un ôôté, les prologues et les parabases
do l?apçienue comédie rentraient dànslei exigences da ilëbut,
de I'autre, ils étaient contraires à la nature de Ia poésie dra-
matiqua Pour elle le seul but de l'exorde, gu'elle appelle
enpasi,tion, est de faire comprendre le sujet ou_-de s'eTpargP
yivèment de l'imagination. Les sympathies e( Ïattention du
public sont, acquiÀes à qui lui prouY€ immédiatement que
ll3irn divertissement il ne va pas lui faire une fatigue :
{38 DE LA nSÉTORIqUE.
- (') !-u Bruyère a sPiritnetlemeuL tourné en ridicule les ddfauts des rlivisions
dans la prédicaLion.de son- temps. u Les énumérateurs,- dit-il, ont loujourr,
d'nne nécegsité indisPe$ablc e1 géornétrique, trois suiets admirables ôc vos
attentiols; ils prouvent une telle cbose dans la première -partie de leur discours.
c ette autre dans la seconde partie, ct ce[le aulre encorc d'aus la troisième. Âiusi
vou! 56r€? conyaincu d'aborrl d'une certaine véritdn et c'esl, leur Premicrpoint;,
CEAP. X. ti;9
.Cependant l'cxorde par la proposition et,la division n'ap-
partiènt pas exclusïvement à la chaire. Vous Ia rencontrerez
à ta rrinirne et au barueau. Cicéron donne I'exemple de la
propositiou dans la Milonte'nne, oÎr il fixe bien nettennent
i'Otrit de Ia question. Il ne dédaigne pas la division_dans les
discours poûr ,{rcftdcs, pour Mîtrena, pour la loi XIan'ïi'iu.
u Je proùverai, dit-il dans ce dcrnier: {" q-ugla guerre est
néceslsire I 2"' qu'elle est dang_ereuse et difficill {" {.1"
Pompee seirl peut la terminer-beureusemen[. n Et dans le
Pro'Murvnq, r- rr ll me semble que toute l'accusation serdduit
à trois chefs: par le premier gn -attaquc Murena dans ses
mæûrs; par le sieeondr-dans sa candidature; par lc troisième,
on I'accuse de brigues ('). n
Au reste, touteJles fàinres de l'exorde rcntrent dans l'élo-
qtronce du baryeau et de la tribune I c'est là surtout qu'il est
t'
û'une autrs vdrité, et c'est leur second point; et puis-à'ooe troisième vérité, et
t.oisième point: de sorte que la premièrô réllerlor Tous instruira d'un
"'*ti"ur a"" ulus fo'ndamentaul de votreieligion, la secontle d'un autre prin-
"ri"ïo"
[il;;t"i o" tT"Jp"t moins, et la dernièrs réBexioo d'un troisième et dernier
;fi;"i;;.i; olos i.port"ot ilu tour, qui est renrls pourtanl, faute d-e loislr' à
'oo. frils; enfià r pour reprendre et abréger cette divisio_n et lbrmer un
;É..."titr. Encore. dites'-vous ; ét'quelles prélarations Pour un discours do troig
-
iî"iii a.rr""i;;;i t""; r;ri" a'r"i.Ë r pt,'. it. iherchent â te digriror et à I'dctaircir,
t]l"r itr m'emb'ronilloot. - Je voui clois snns peine, et c'esl l'eff-el, -Ie pluo
'naturel de tout cet nmas d'idées qui reviennent à la même dont ils cb-argeut
u a Quand on divise, ' dit Fénelon' il
r rr f"-nréuroire de leurs
"udiieurs.
"iUA simDlement, naturellement, il faut
faut âlviser que co solt une division qui se
iroo"" toute faite dans ie sujet méme; une division qui éclnircisse, qui range
tes matières, qui se retienne Àisément et qui aido à retenir, tout le resle; entin
;;" dili.i"; q'ui fasse voir la grandeur iiu suiet et ds ses parties._r lr_ofinparCon-
,llli";. I'uppui de toui ce qui précède : n Commàncer,_dit-il r dcs
di;t.t;".";;;t'à
;;"; oo-Èi" pour afficher beauc.oup de métb,ode, c'est s'égarer dans un
labvriothe obscur pouf agiver à Ia lunrière. La Eéthode no s-a;1nonce Japals
-oïot qo" lorsqutl y en a davantage. n
q
{r) Si ta rlivision n'esl. pas toujours nécessaire, ni même-util-e, il est cerl.ain
uoUnroio*'À à o.opor, ell'e contËiÙue beaucoup â la clartd et àl'agrémcnt dg
âi."-.rir.ïtf" oi" pir seulement pour effet de. réndro les choses,plus claires, en
les tiraot de la foule, et en les mettant e:t! J'réseDce du.JuBe; elle.oelasse cncore
son attention au moyen des limites qu'elle assigle à chaque partieo à Peu lrrés
comme ces plerres âui Servant à malqUer nOs lieues encouragoDt le voyageur
fatigud. Car'on éproïve do plaisir à n,esurer le chemin qu'on.a l'ait, el, rien
;;;;i-" oË, à ooô""uivre ce i,r'"o u commencé, quo de-oavolr ce qui reste à
frire : od ne lrouve jamais lo-ng ce dobt on ,aperçoil, Ie terme. u QUINTIL.
fnst. oralr, lYr 5,
i&t DE LA RHdTO&IQUE.
avec
ou de
ïn tà"i" oo inrirni
' ' '
iturr holoor; i,oileé
"À
Son regord sô kva eur tea princes du camp;
Pni-s, lo"rstlu'il les _roit tous a.tte.ntifs, il e ommencc,
Ët ta nnrole unit la grâce à I'dloquence :'
( Si rbs yæux €t lcs Éicns avaieni flécbi lcp Diçuxr
Dit-il. un tcl tlébatn'erit pointtroublé ccs lieur;
Aclrill-e ourniI eneor ses aimesy nousr'Àchille.
DIuis puisqu'ù nos ddsirs le dcstin ful.hoscilc'
iÈi'ai!"iÎn"n'noin iioutuv"f[see vcux''' : "'
ùo-mu m6uillésdcplcurs),{uisuccdilsla miquç ; ,r ' '., ,
, "'l; lY'; I ! !
:'r.:i[,:1,'ilr,
'lrit''r! r'r' '
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CO&PB Dt L'OUûRA.GE.
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ïoulc de roiso ceb ces consulso
donsùlsr-ce.
131r''i'i "' ;$ui'tous de nron I'
.à1anJ _._tq;.1r-ll1i-.:rtleur.dclat
rl -r r; Ii'ûel,,te,pourplo'"eet
(:e['te Fourplor-eet ort or, que rôhaussait,sa gloirer
trimoils de.
triinoins sa tie[oire : ,
de sa-tietoiie:
,.,',,. St ceslauricrs eneor
' 't ,,ustceslauricrs
.,, ' yeux qu'on
f qlis ces veux
Toirs vovaitit vctrir de totttes pqrts
qtt'on 1'oya
"
parts . , .
'1. 1' . ConfondrË sur liri seul Ëurs avides regards.l.
,it,llfi ii1 , r[',,r,.1 i '
',
, ,ir ,,' ,_, '',t, I
(,) Quetques rhdleuls ont lorl, à rnon avis, dtdcrire proxgrapltie, nu lieu de
prtropttgraphie.
ilër'
celle des quiqviedtô1{xrro'tp*fr do5"t
nes, gg-sïïppcrre"JsTpl84
nous nllons nous oûoupsrr
-ivibclup .esl rrilclillurtr r; 21lvgr,yaib atrloflno$ *a"rrslbrlt eoJ
'morr uu noitqiruasb sh o"t'i,in.'r lLll,$ril É bnpir4r'lno ianoia
innsq ,cldmea sm 33 ,eorir,-i1t l; Tirri'l^JnÊsglçi asf .ne .lci*bqa
sùlsqile Jae*e. scil-nb noilq?'i'ra'ri' r,l rrril ll- .3e?nlrl sb as'rrg[l asf
-noarisg' ae h ellcc,rîr\i1nr ç, n l irr' l i n "; i r.vi u [' -lrl,[s'i "-l'ï o\qwtpotltl
r o r
_- -trB tÀn'.rrlq-rz
ric ,n:;rgll rl'ile irlitrr.rl:rntts't ca-riil;rrgoq iitlrt
.' crirl nl-rullq tïtlre i:i!: :,ili r:r'i ^-trlp.cS .oirc,glillo'l cb'eÔ'lq
$aneq +[ .-e'ruitid'r, arÏr ririi.isritria.etlc .r{ É '}rtsuS .urlÎrinno:r
.xogb.rÉ noitqin:"reob *lias*4qait d:trsl e$Jnol s'rirhàs Juer; no'up .
tio,.)'. est insuffisant; Ie nor.tlait moral esl trop abstrait; il fatigue s'il est vul-
Hairéi s'il est original, il est nral compris; s'jl est chargé tle trop de (létûils' il
ï"r."titl,tu À un tvrË. il est iucd inrpossib'le. Mais le portrait pbysique ol morrl à
ln foisien,blc réirioàuite ,tL Ëtr" r'éel, quaud rrrérne'il serait-tl'iuvinIion,.. y'4tir
li,i: Gladiareur dùs lord BrnoN, Childe'Harolcl's pilgrimage, cant. lVl st. tdo.
Idi. 'r
. (r) L'utrlenr àes Leeons cle Iittérature, cilanl un parallèle enlre Corneillcct
Rû'cïne. oir éttate une i,urtialité revollanle cn I'aveur du prenrier, s'cst cru r'rbligé'
p.our. la làire conrDrcnire, de siguer t'alticlo: Fotl,1g5rrlLq. neveu de Corneilte,
fi|. êbuniot *o i'uit scntir lesildfarrts. tl cile un excellent parallèle rl'Arrg-uste
e['d-e,L,oois XlV." exlrait de l'Âhrëgé' chrunologiqtte d.e l'-histo,ii'e dc ltl'ance
dù piéiideut HÉrtrulr.
1644 DD r,A nlrÉT0ntQûlJ.
caresse, et la manière dorrr elle attaquait lés t accusail le despotisme tlu cæur. n
Ici toute critigue est superllue, il sriffit de citer.
(r) Nos romsnciers feuilletonistes doooent s[rtout dans ce travers, et c'ela se
conçoit..Quand^uu auteur. avaut môme de s'ôtre tracé un plann el, n'ayaot parfois
idée.s.prcmières, s'esLengagé ùrem,plirclaquejou.r, dri r*' jauvier.
:l-Tu"go,ul,lu":
au ôI décenrbre, tlir colonnes d'uo roman-feuilleton, faut-il bieo encore <iue,
pour donncr â-choque numero la mcsur e erigée, il pro6te de tôul et ire laisse lJien'
echapper, suulr lo dernièrequinzaioe venue, à tronquer et à mutiler letlénotrrrrerit.
csAP. xrr. t6s
le héros ne poumâ ni nnarclter, ni s'asseoir, -nÏ se nnouvoir
en âucun sens, sans que son atcitude soit ldnguement'e8
minutieusement, déerite. i,
(,) L'action ou !e ilialogue est en même temps une excellente méthode pour
évitâr les lonsueurs. a ch-aque tbis. dit Û1. Wei, qu'à I'aide d'un iucident rat-
taché au rrlan"sénéral. on niu[ dépeiodlc un pe-"soinagc, le caractériser. Ic faire
connuil.e'. il firt nrofire. lle ce tioveo uaturËl et nréférer I'actiou au récit des-
criptif. C"ttu fo.*à dramatiquc, uoiffut, est ta plùs cottcise, la plus saisissante
et.il pf,gs ogréable au lecterir,.à qui.clle donne la satisfaction d'apBrécior Pui-
méméo d'erôrccr son esplit et de dcviner son héros. > ,
c66 DE LÂ BrrÉTOnIQUE.
ôiliftïsïft :i!iiiT,"'.'î:îï,1,i1--'ilT:rain,css1!l
In urodc. lantôtelle ira jus{u'à-la déclaùntiôn, sans e#"er,
ûaut,ôt elle se contentera dê discourir, sans sécheresse:,r,lBn
S{nér;at- I'arnplification est admissible, rnôrne en excéddqrftJa
véri té, orsque c'est I'enthoudiasme ou'la passion qui exa gbrae
.l
et quo I'oratcur ou I'derivain s'exprirnen[ commc'ils sentenâ,
Pour les juger me-ttez-vous à Icur place, sinon vo[ro,rfnôide
et rigoureuse analyse__glaoera troufe im'aginationo Étouffel.a
tou t S-ênt,imenû., L'ébullition violcnte peu t îeule vorrs.flrlnner
la vapeun dans
-toute.son énergie ; laisseu-la s'aceurhule$
quantl vous vouler-qu'elle e,ntrai.ne rapidement, et, rfourrrcE
vos soupap.es. q_ue,si vous craigûez qu.e la shaudiôre n,éclaûq.
Je nc sais ir I'oecasion dc quel décrct ftIirabeau avai[ eom-.
rnencé,url discirurs par cette frrdraphore assoz bismre'en effct l
.rAux prcmiers-mots grcféres- dans ect étrango ddbat,; j:oi
ressenti lcs bouitlons du patriotisnne jusqulau-plus rriôlônt
ernpdrlem€nt.,.. r a eetle phrase Iccôté droi[ de-l'asscrnbldc
se prit à rire. ,, M-essigurs, di.t ^'ira$eau, donncz-moi quel-
{lues. momenJs d'at[ention, et je_vous juré qu'avant quej'afe
ccssé dc parler, vous ne sercz-plus teriti.s dà rirc,. .l[ r.*
se trompai[ pas. Parlbis, lc gravité des circonstances"" Et
I'immi-
neuce des dangers, I'exaltal,ion dcs idées'conrrnuniôuées ;ou
admises sonL telles qu'elles nd'cessitent ou du moins jùsfi{ient
eequi,partoutailleurs,scnaitf,auxouridicule.
Puisque jlni
1rg-*qÉ frIirabeau, pcut-on trouver un plus
magniûque rnqdèle d'ampli{ication-que son drscoærs ,sui lo
banqueroufe? Pour I'apprécier dignenrcntn il faut $e,nlerûre
oren iùfl couran[,des circonstances qui I'amenèrent, Eongez
Xt!.
" CBAF. Xt!. ûv',l
45
,!r.,'i I
; rll,it: J . .i(jli
.
' ;r f, r,: .r.ti ii!
CHAPITRN XIM" . ,_.r.:;r tl:,lll
I r;t,.-j.i:r[-r
:
, r rii, !i-tril1:lli
DII GO&DS DE L'OtVRJlGt. Â'RcttIl[ENtrÂEIOItt, coNFrsrffÂrrogt
- . rl t,.t[-!
aÉ!'ûTÂEtoN.
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liritli',
' 'il, ti :lll.l,
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,.' . ''.
! rlrtj
.'-È
_t
{B& DE LÀ nHÉTOR!qUE. .l
,-('). sur ces_divers genres de. sarire allégorique consuttez mon Eistoire de Ia
ttttëratr,reJi.anmise jasqu'aaNtrra sièclen t. [o c. B, p. 8o.
|]HAP; XIII" ,r8s
,. ftIais
I'imprdvu
lui-mêrne e
ses règles. Le ehancelier
d'Aguesseau les a parfaitemont établies (;). ,, tr,e poë[e, dlt-itr,
{a) Renarques sua' le discours gui tr poila. titre : De l'irnitation par rappoft
doit fnire en sonte que le conrnleneemant ct lc næud de la
tragédic sbrvent comme d'ombre et cle contras[e à l'événe-
nre-nt imprévu par lequel il doit achever de nous ehanner I
mais il n'oublie pts que si ttotts aimons la stlrpriser nous
rndprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes
Ies-règles de la vraisemblaneel il évite donc de mettre le
specl,ateur cn droit de lui dire :
À la tregédie, t. XVI, p. c{3 rle l'éilition in-8o. Ce que le pur et judlcieur écri-
vain rlit ici de Ia tragédie s'opplique parfaitement au romaDr au po€rne et à l,oute
espèee d'ouvrage,
i7
DE LA nnÉronrçur,
nr!ÉTORtQUE
et sclrlegel a
9u.
tor[ de blârirer entre autrcs cerui de Tartuf"e,
Le poëte à pcindre le monde tel qu,il est I or, dans'le
-avnit
monde, l'astuce, Iïmpudence triompirent pr"sque
-l'égoïsqe,
toujours de la bonne foi obstinée et maladioite. T.rùf.
devait donc triompher; mais, d'autre part, I,hypocrisie, dans
tout le développement e{9 luj donne Tarrufeiêst si odieuse,
{gre la rnoralité unirerselle, la conscience dû genre hurnairi
réclamait contre ce vice pracé entre
-une peine exemplaire".
-et
ces deux néccssités, la vérité rlu tableau les exiEences de
Ia morale, ne pouvânt ni faire succomber Tartufe sois Orgon
ou sous cléante, ni éviter de lui infliger Ie châ[iment qu'àxi-
geait_la vindicte ptr_blique, Dlolière f dri faire partir d'e plus
hautle coup--qui Ie frappe; là ou jamais, en effit, se rencon-
trait la eondition imposée par Hoince. Le norn dé louis XIV
était la seule arme àemployerpour trancher un næud contre
lequel toute autre se serait émoussée.
Mais si I'on peut admet',re le deus en machtnû, ee dieu,
en aucun cas, ne doit être le hasard. Aristote demande avec
raison qle, dans les erdations de I'art , le hasard lui-même
ne pa_raisse. qg-e- c.omm_e une providence, une volonté , un
{es5_ein-
préruddité. a- Lorsque-dans Argos, dit-il, la statuc
de.Dlytis.to*!g fortuitement sans douté srir celui qui avait
tué ce 1nêgre Mytis, et I'écrasa ûu moment qu'il la ôonsidd.
rait, cela fit une grande impression, parce que cela semblait
renfermer un "clessein, llne volonté.,' Schiller a mis sur Ia
scène Ia conjuration de Fiesque, Considérez le dénorïment
que lui donnait lohistoire. Tout le plan de I'entreprise est
définitivement arrêtér-tous les conjuiés à leur postei armes,
vaisseaux, r.nots de ralliement, esprits ct couiages, tout cst
qr.êt;.on n'attend pfus qu-e Ie si$nal, et Ic si$nal va être
donné au lcver du jour. Il est minuit; Fiesquà, le chef de
la conjuration, visite une dernière fois sa flotte 1'en passarrt
d'un navire à l'aul,rcr l_e pied lui manque, il t_onlbe e[ dispa.
rait à jamnis sous les flots; c'est-à-dire {ue Ie hasard inin-
telligent, brutal , vient anéantir en un instant, sans lut[e
possible, toutes les combinaisons des passions et des volontés
humaines. Ce dénoûment donné par-l'histoire, l,art Ic pros-
xlv.
cuÀP. xlv.
clraP. {95
crivait; salriller sentit qu'il n'y avait pas de drame- possible,
s'il ne Éubstituait au haiard la-volontéde Verrina (')'
Le hasard d'ailleurs peut donner l'imprévu, mais.il est'
bien rare qu'il donnc le^patbét1que ; eelui-ci, son nom-Ie clit
assez. n'acàompaene guèie que lâ passion. Or le mdrite essen-
tiel rlu dénorîmeit, é'est dtrnouvoir et d'entraîner. q, Tunc
e st csntmouendum il wa tr um', sclon Q u i ntilie'r,
quSun a en'hnn
est ad ipntm, illucl quo aeieres tragæiliæ elaudan'turr'n et
e;est porir cela qu'il'eompare au déïofiment dramatique la
udrofaison qui termine lei æuvres oratoires.
'. A lrttibui., tt, effe[, au barreau, h la-chai.rgrlS-përorai-
soÀ est, ro*ru le dénoriment au théâtrer le véritable temain
du patÉétisue. Sn portantcette loi, les aneiens n'or'tt été que
les interprôæs cle lâ nature. Aussi est-ce alors qu'ils permet-
tent d,orivrir toutes les sources de l'éloqueûce, et de.mettre
toutes voiles au vent t hic, si, u,sqt+u,m, totos eloquetût'æ ape-
rire fontes licet, tota p1sswntus pandete uela. Uomme lt s'agt[
à ce'monnent décisifTe frapper les derniers coups, eommc
l?auditeun s,est échautré à vôtre feu., idenûifré avec vos senti-
ments, tout alors vous est pcrmis_, iours animés, expressions
dnergiques, figures brillantes et hardiesr hypgtyPoses2 pro-
sopofidËs, invdeûtion de la nature entière, animée ou. inani'
m?ieieoun mot, tout ce que la,passion brrilant_e, ilnpétueuset
orut oour fournir pour ênfoncér Ie trait dans les âtnes, pour
?aire jouer les deui grands ressorts tragiques, la terreur cÉ
la pitié.
lrt LrÉLOC!t1'tO8t.
(t) uu.rles gdnies les plus sagaces de l'Italie contenrporaine, lo comtc Giacorno
_
&eopaf.dir dans son dialo6ue lrrtitulr! : fl parinàtta- DeIa Gloire, û.dit. rlsrrs
cuÂp. xv.
xv. 203
blais par lir même Qq'o-n met à part le bï,en renilte,-otr cor-
eoit qu'ôn pulsser en rhétoriquer-abs[rai'e l'expression d'un
écrit, poui la cônsidérer indépendamment de toute autie
o*ooriété, comme, en géométriô, on abstrait l'él,endue de Ia
il;rfiii;. éu peintureo lË col'ris du tableau' on congort qu'il
;;;i;; pïtroi! qu'une idée vraie et digne soit mal rendue, et
qu;rror'iaee fau'sse et inconvenante plàise, jusqulàl un certain
Ërr"i, pt" sa formc I qu'un même s'eqg, dorymè l'a remarqué
'Pil;i.'thange selon ies paroles qui l'exprimenÛ, et que les
r"or rôçriveit dcs parolês leur ilignité, au lieu de la leur
clonner
--,; (').
il À.irfu diffdrence e'tre Pradon et moi, disait Racine,
e'estluà j'écris mieux que lui. f !e mot, vrai- ou faux-,
orouoà la" haute importa'nce que Racine attachait ou était
athchcr à l'exprcssion. Buffon était'du même avis :
-:*pp..e
',,'f.es ouvrages bleri écrits, dit:fl, seront les seuls qui
prrre-ot-à la"postdrité. La quantité des connaissances, la
5l"S.l.riig des faits, la nouvôduté même des découvertes,
ne
"sont pas de sûri garnnts de I'immortalité ('^). Si les ou-
vrages qti les contiennent sont écrits Sans gout, sans no-
bleise e[sans eénieo ils périront, parce que les connalssâncest
Ies faits et les"rlécouveites s'enlèvent aisément, se transpor-
tent, et gagnent rnème àr être mis en æuYr€ par,des mains
le ntôme sens ! a ora Ia lingua è tanta Pdrte iIeIIo stile, anzë ha tal congian'
itl"""rËii,"il)""iijinr"oti sî puô coisiderare I'una di q,^este due cose dis-
*:'t;:","#!:"!:;i-h--,';:';::#!l2k:,::,::î,:,i-:o:o::,i:f:,";!::;:;;'"'
'uî,;:
;iP;;;, e ti' iiii -iat c9II2 più'sottile e
milte pregt o -or"o 1forse ' d'elle due cose
nccurata ,7r""ruo"roni;;; P[8 !rcingi'ery e-as-seynare a--qualee l'altra' n
(tppartengano, p", quasÛ cominuni e tra l'una
"ulr" -indipise
ir) o Presquo touiours, dil, Yoltaire, les choses qu'on dlt frappentmemes
moins.
loeet
la irianlère âont on les dit; car les homm_es ont touE à peu pfes les
"que
-ne sont
t_ls pas venus nos deux rois ! qu,on leur die
Qu'ils sc font trop attendre, et qunAttlla s'ennuie... ?
(t) aussi, ie no sais rieu de plus propre À gtlter le goriù qu€ ces érlitions d'au-
tcurs latins, cornne les âd, uium Delphini-er le iiru,É"àt de Lernaire, où le
0HAP. XVll. 2"tl
":itil;';
exemples.
des synonimes ainsi conçue est du plus haut
iote**, comrpe une ôes conditions du bon
"o*r.,il..ent â"dore plus élevé' u apprendre à
Ï;Ë:"ilË'à;;il;
àiffid; ;t;;
Ët 'Ëo'rort bien M' Vinet, c'esLapprcndre
àit
;'àiti"*er- les ch'oses; Cest exerccr la sagacité de notre
de toutes les notibns I c'est tirer
ffiï. ;*i""tr- àl;;etfeté philologie'
in-iniioiophie du scin de la Tout'e l.t$,o" est une
;,t fi;rilffi;"i "o.
trogue iarfaità s.erait véritd même. 19 u
Rienrencffetrd'insgplror.tablecommelels,rlqerlltritésdu
disôur's. Dllcs ôni l, l'âr'priu ce qu'une nourribure indigeste
où fiop abondante est au corps 3 \
On conçoit gug
.s^i
la prdcision n'est qu'un parfai[ tempd-
rament cn[re Ie défaut et_l'e-xeès, y.etpi.,s.-elle est par là môme
_!e.ta tri:ià) aô ra jusËsse cle style,
inséparalr-le du naturel,
trois qualités qu'on a dis[inguées ct ctrui réellemont us sonû
qu'unc.
iTI. de la sochefoucauld cru[ f,aire lc'plus grand éloge de
madame de Ia Fayette- en créant pour elle r*fltu .*prcu.Too ,
c'est unc femme aru,ie, c'est adssi rnettre un crcrivain bien,
haut que de dire de son style : C,est un style arad.
Le- s[yle wai est cette iaçon de dire t"ellement d'accord
avec Ia nature de la.per_sonné qui parler ra positron où ellese
trouve, le_ milicu où elle
$it; Icô circbnstances qui I'affec-
tcnt, que le Iecteur ne se figure pas In possibilité ïe penser.
ou de s'exprimer autrementl que"rien d'i'clique la rôcher",
clrÀp. Nvil. 235
fortncr pto--
ehe. l'embat'ras' le parti pris d'adopter telle -1l9
ffi;;J;àillt?t'l-ô *ri sort, seloï l'cxpression de llivarol'
;;ft; *oi""i n-*h-d; ptrrâse.-f,'écriïain naturel et vrai
or oiriit pas seulem.oti" fôrteur, il s'en fait airnerl et Pascal
svmpaihie qui nous entraîne vers
"-nlî"iâ"i;;;iilt"erte
lui. u Quand ùnïiscours naturel,.dit-il, pgi1l,ui" !1t:191
qu'91
ou un t?.t, on trouve duns soi'mônre la vérité de ce
ïui v étaii-.tnt qu'ott le srlt, et on se sent porté à
"ottoa.
;Ë;;rÏ,rt dui-nour le fàit sentir,j car il ne nous fait ptrs
bienfait nous
**ir" O. rdo bien, mais du nôtre et ainsi ce d'intelligence
le rcnd ainra}le , out*e que cette communauté
que nolls ryons avec lui iucline nécessairement le cæur à
l1;i"r;. Àussi quand on voit'le style naturel, .on est tout
àtooné et ravir'car on s'attendait de voir un autcurr et on
Lrouve un homms. D Et Fénelon disait duns lc même sens
i
,, ià t"ui un homme qtri me fasse oublier qu'il -es[ auteur,
et
qui se mettc comme de plaiil- pied en conversatiou avec m01.
ffi;;td- qui a trÀp cl'ôspriti et qui en-veut toujours S'il a1;-oir'
en
Iasse et épuise le miett; jô n'dn veux point avoir tan-C.
;;;i*il;r;ior,-iftii" râisserait respirer et nre ferait plus de
plaisir; il me tien[ trop tendu, et sâ lecture me devient une
ËilJ;: îffiàù;I,,i*. rÀ'eltouiisent ; je cherche unc lumière
douce oui soulage rnes faihlcs yeux (')'
"ïi *i'*t"ùË-;il tô aerait de naturel part de aeux
,our*, la faiblessË, oo la vanité qui n'esl, elle-même qu'une
il'bl;;;ô. ib-;è;; ei quoi que cc- ioit, est un signe d'impuis'
il;;;; d'igno*uir.e aïr mri emploi dé la force, ,ce qui revient
à peuDrès au *ë.r. Croyez'ious.que-l'emphascr. le
faux
b-ilË"'t ta Aeticatesse.outr"ée, Iu prétention, ce,quc lesGrecs
nommaien1" cacozi,etiar'*r.ur*ot rine force l'éelle ? Pas,pltts
d;il;in6ur" n;"nnonce la santé. Lcnaturel qu'on dirait
(r) nOn Yeut lroPéblouir"et surpreurlre, dil encore Frlnelou; on veul avolr
son- adnriration;
f*iJ". Jf"lii faire sentlr, pour ontever
nlus d.esnril, que sou
i;i;""i;ii i;;iJt';*Ë;;;i.- i;;;t; f tu' qol'toi, eù rui en douocr oréme
p".T" la iimp.l.e
:;"i;Hffi ;ï;;;;". on ne se conretrrel"'po"ousion raison, dcs.grâces'
;""i;"ïTru"ii*;;i'i;;;,,it, q;l'o'* réâlle ; on va arr delà du
[il É;';t",11-p"upro. i Lrttr" à mu, de î'Àcadëmiefrançaise'
236
venir de prime abord e[ sans dtude denrande au con[raird
un jugement fortifid et un goût p3*i par le ternps et I'expd.
rience. rtemarqrezravee ll!. andrieuxl qu'il rn eit de I'eien
cice de la pensée comme des exercices du corps. Ouantl on
commence à apprendre I'escrime_, Ia danse, l,éqrritrition, ol
emploie presque
!ouj9t11s trop {e foree, on fait dc irop
grands mouvements, et I'on réussi[ noins en se donnant plui
de peine.
J'ai -observé que sous ce rapport tes nations ressemblen[
. aux individus. 0n nous a donnéla tratluction fidère, dit-on,
de certaines poésies indiennes, scandina-ves, améric*io.r, dé
certains livr.es sacrés et profanes de l,Orient et du Nd,rd,
oeuvres de perrples jgunes (ul s'e_qsoyent. plusieurs pflssages
portent sans_ doute I'empreinte d'une parfaite naïveié, m-ais
on est étonné d'y renconirer en mêmeieulps non-seurômen0
une profusio.n ino-uie d'hyperboles et de métiphores, mais un
earactère généralement-emphatique ei manidré qrri ne sem.
bleraic devoir ap_partenir quàgx éfroques les plus ôr*ompnres
de la décadence littéraire. L'alfectâtion est auï deux extrê'mes
de Ia vie des socidtcs, comme Ia faiblesse aux deux extrêmes
de celle des inclividus. La littérature grecsue est peu[-être
Ia seulc gui fasse exeeption, pourvu quàn l,oïvrepar ffomère
et qu'on la fcrme sur Théocrite, Ies-éternels moôèles du na-
[trrél e[ de tra vdrité.
Bn Frnnce, à la fin du xylu sièctre et au cornrnencennent
du xvlr', la littéra[ure fut en proie à une déplorable manie
d'emphase et d"afféterie. C'{tait une imitatio-n de l,ftalien et
lurtout clc l'espagnol, qnitotiche par tant de points à I'Orient.
En.vain l[trontaigne disait,à ses conter4porainb : u Si j,dtoisdu
nétier, je naluraliserôis I'art, autant comme ils artiâlisent, la
nature 1 u oD con[inua d'artial;ts.er1 le mauvais goirt fit chaque
jour-de nouveaux progrè-s; l'hôtei de Rambouïllet, dont jes
opinions étaient, des lois, y applaudit ct y contribua. Balzac
et Voiture, les écrivains les moins natureis que je connaisse,
sonto chacun dans lcur- genre, les types dè cËtte manièré
farsse.et chargdj qui dcvait froduiié, dans le sérieux, le
lhtras de flrébcuf ; dans lc plaisant, Ie hurlesque dc scarron.
i ctrap. xvll' 237
?
Une des qualités sur laquclle ont le -plus .viv-eycl! insist'é
guelques *hét.u*t, coest i'harmonie. Je suis loin d'en nier
liimpàrtance , mais'je ne Yeux pas qu'on I'exagère' Suns en
fairé , ,"", uî .ooï"otpo"ain (;), l-a- d.e1ni-ère- dcs qualités
acciilentellesdu diÀcouri, je uregurderai dela placerr cornme
Crévier. au oremier rang des qualites es&ntiel'l'es.
-le qu'il n'est
Jeia ôotoôtt seulemeËt parini celles-ci r parce
*uàu" g**à à'écrits *uq.tel ne soappliquè précepte de
,Boileau:
,(r) Voyez Ies articles Ârticulation, Harmonie, Prosodie, Nomllre, dans les
Elëmenis de littérature. La nral,ière y est traitée à fonil et ingénieusemenl.
crxap. xYil!. 2t*l
littdraturc dcritc commc dcla lit[érature parléc. Car puisque
l'écriture peut e[ doit toujours en dernier rdsulta[ sc ramener
à Xa parole, dont elle n'est que l'imagevisible, Ie monument,
comrue I'appelle Quintilien, il est évident qug les règlcs d'har.
uronie du disc.ours écrit ne seront autres que celles du dis-
cours parlé.
Depuis la fameuse seène da Bourgeoi,s gentiltrtornme sur Ia
prononciation des lettres, il sembtre qu'aussitôt qu'on parle
voyelles ou consonnes, cn se trouve dans la position des augu-
res do Cicdron qui ne pouvaient seregarder sflns rire. trl n'en
esû pas moins vrai porrrtant que si Ie maître de philosophie
est un personnage burlesque, ce qu'il dit u'a rien dc ridi-
cule (').
D'ôù vient que Ie retour fuCqueut de l'a' et de I'æ est plus
disgraeieux à l'oreille que celui des autres voyelles ? C'cs[
quô'l.r lèvres ,. ,r.utrr.ït de l'o à,l'i, ets'allongent cle l'a à
l'er d'après l'échelle suivante
c, e, Q,, ot oli
(r) Tout ce true dit le maître de n[ilosophie est textuellemenl. ertraiI d'un
ouui'ngo de Gatàoti, Inort en t!78, ci surloril du livre de Cortlemoy. rle l'Àca-
démie--fnaoçoise, inlitutri f)iscoiirs physique Ce la parole. Cc discours, d,'tlié
au roi, tut i,ublié en t668, et la premiêre i'eprésentaiion'du lloutgeois genttl'
hontme datô de 167o. Ce n'cst donc pas la lôçon en ellc-nrétue qui est -r'idicule,
c'est l'âgeet ta prriition de cclui qui li reçoit.'< Aht la bclle choù qtre dc savoir
quclque"choset'r s'écrie IIl. J,rurilain. ni it raison, itlais l\tolièrÀ lui répontl
" alrécédairc; on pcul. conlinuer
avec llloutaigne: <r La sotle chuse qrr'un vicillard
en lout te nrlis l'dtude, non pas l'dcôlagc. n F'oirle lllolicre d'À;rné lllartin,
2,4
2t*2 DE La nHÉronlqur.
Fh,aon, Méléugre_. On peu[ en dirc autant du rapprochemen[
des extrêrncs et tles ruédiales dans l'ordre indiqùé prus rraut,
il y cstr-'il y a, Lëon, etc., [andis que, au côntrnire, leui
rapprochement en ordre inverse nous est antipathique, e[
ne- s'admet guèrc que dans les onomatopées, h.aonsi lûra,
QaTr, etc. Fourquoi ? C'est que celui-ci exïge un mouvement
dc lèvres un peu plus péni6le. \'ous dites? y a, tandis eue
pour-ne point prononcer y-a-il, vous jetez éntre les diux
derniers sons un t insignifiant, et que l'cuphonie seule ex-
plique et justifie. La piésence-de I'e-muet <ievant une autre
voyelle, la r_épétition de la mêrne voyelleo a,-q,, e-o,, e-d, nous
choquent tellement que nous préférons ou anéantir Ia pre-
lQfelte par ÏÀpostrophé , l'd,me, l'ange, l'esprit, otr
mière
mcne raue un solectsme, e[ mettre au masculin ce qui est nu
féminin tnon, d,nte, m,on épée (.). Il suit de là que si lô rhéteur
vous dit : la phrase, il àl\o-à, Athènes, pècËe contre I'har-
monie I c'esr comme s'il disait ; la répétition de Ia même
émission de voix fatigue I'oreille qui écoute, parce qu,elle
fatigue l'orgape qui flrononce. Les-règles de ia ïersifiôation
perme[taien[ à Racine le vers suivant:-
J'écrivis en Argos.,.
(r) Le vi-ce ile-laoga$-e, qu'on appetle vutgairement trt cuir(ne vous récries
nas trop, l'Àcailémie i'est àvisée âà donner-ù ce mot le droit ùe bourseoisie) .
19 quir donc prouve en favour de la délicatesse tlo I'o.eille francaise. bi t'oo'"
défiol I'hypocrisie un hommage que le vice renil ù la vertu, on Ëeut ddffuir le
cuir un hommage que rend I'lgnorance au senl,iment de I'harmonio.
(e) Il me semble même que la règle est.trop rigoureuse. pourquoi a'admet-on
0EAP. XV||!. 2&r
p,asen abuser. On u justemcnt rcprochd à Fléchier : ull cora-
d,arnna à, u,n supplice rigoureux ét d, utt silenee-éternel i. .. tl
ct à Bossu€t : t Il ne dédaigna pas de juger ce qu'il a wëé, et
enCOfA.;. ,l -
Evitez aussi ce qu'on nomme le bdi,llement, c'est-à-tlire Ia
rencontre doune consonne finale avec une voyelle initiale sur
laquelle elle ne doit pas se faire sentir :
pas €n yers cette forme si frangaise, iI y a, ilXr aurail.., puisgu'on trouvo elrrcl-
qus douceur daos le mot tlion :
llion, ton nom seul a des charmss pour moi t
(r) Pour comprendre toute la vertu do l'harmonie. opDosez l'un à l'autre deur
écrliirins qui aiànt traité la mênre pensée, l'uu dans ir'o tuog.ge harmonieur,
l'autre avec des formes rudes et silflantes. ie dis tout nrérite d%xoression À part.
Yoici. par exemple, I'Iphigéoie de Racine"et celle de Rotrou. j Si vous ét'iez À
ma place, dit Agamemnon à Ulysse, vous senliriez tout ce quo je sens.
r' -
Racine:
llais que si vous voyiez, ceint du bandoau morlel.
Votre 6ls Télemaqrio opprocher de l'autel.
Noug rous vcrrionË, toric'bO de cette rllreuie imace.
Cbangct bientôt en'Dlcurs ce suDerbs lansase. "
Eproùver la douleui que i'éprodvo auiourlthdi.
Di courir vous jeter ehrrô Cillehas et [ui.
2&& RITEIORtQUE.
Rolrou : -
J'avsis, gÀns cq discours. agsez de connolssanco
De loadn'ese d'Ulysse e! tle son eloquence;
Dlais il éprouvcra'lt, en un nareil erinui, '
Qoe le sung cst eneôr plus àloqoent gue lui.
S'il Ie faut, ilif, IpLigénle â soo père, je suis prête à mourir rlignement.
-
Racine:
Je so_urai, slil lg fqul., victime obéissante,
Tendre Ru fcr de Calahas unc tdte innocènlc.
E_t rcspoctaut lc coup plr vous-mêmc ordonné,
Youe isndre tout lcïdng que vous m'avez donné.
Rol.rou : -
Lo sang qui sortira do ce scin innocent
Prouveia'malgré vous Êa sourco cn se yersûnt.
(r)Parmi.let poëtes_français, Chrpelain, Lamotle! Cré[illon. Lemierre, parais-
cent avoir étd comyrlil.ement étr.angbrs à lout sen[iment d'harmouie. Jo nè parle
pas de quelrlues-u'ns de nos coniemporains qui semblcnl, I'ôtro un peu plut
encore.
cuAP. xl'til. 2L5
iI est probnble que les Latins du siècle d'Augusl,e ne trou-
vaien[ rien depénible dans ces vers de Virgilé (') :
(,).le dis les Latins du siècle d'Auguste, car plus vous rlescendcz. DIus çous
remarquez d'exagération dans la susceptibilitc di l'o'cille. ou lira 5o'o ver.s de
sùite dans claudien. sâns y renconlrei une élision. crrci anrène Ie plus granrl
ricc en lrarnronic, comme ilans tout le resrc, I'unilbrrni[é, mèr.c rle l'i'nnrri.
21.
2&6 DE LA RHÉTOnIQUE.
(f) quncor' sur la versification arlemande, tom. tx, p, zz7 àe ses oùu,res
complètes.
L
250 DE LA nlrETOnrQUE.