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LE TOURISTE
CONSOMMATEUR
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TOURISMf
CETTE COLLECTION, ESSENTIELLEMENT TOURNÉE VERS LES MÉTIERS DU TOURISME, s'ADRESSE
A CELLES ET A CEUX QUI SOUHAITENT SE FORMER, CONTINUER LEURS FORMATIONS ET/ou �
TRAVAILLER DANS CE QUE LES ANGLO-SAXONS APPELLENT « THE HOSPITALITY fNDUSTRY »
OU« INDUSTRIE DE L'ACCUEIL». CETTE APPELLATION RENFORCE LA NOTION DE D'ACCUEIL ET
LA REPLACE AU CCEUR DES MÉTIERS DU TOURISME MAIS AUSSI DANS DE NOUVEAUX SECTEURS,
-!
ENTREPRISES ET INDUSTRIES. ELLE DÉCOULE DU SOUCI DE PLACER L'USAGER OU LE CLIENT AU -1
_I
CENTRE DE TOUTE ORGANISATION, QU'ELLE SOIT PRIVÉE OU PUBLIQUE. i
_,
APPORTENT AUX PROFESSIONNELS DU SECTEUR ET ALIX ÉTUDIANTS LIN ÉCLAIRAGE SUR LA
PREMIÈRE INDUSTRIE DE LA PLANÈTE.
S1 VOUS SOUHAITEZ LA DÉCOUVRIR, C'EST QUE VOUS DISPOSEZ D'UNE CURIOSITÉ ET D'UNE ENVIE
DE VOUS OUVRIR AUX AUTRES. _J
_I
1
Brethenoux-Seguin Franey _J
Communiquer en anglais dans l'hôtellerie et la restauration.
Méthode d'apprentissage de l'anglais _,
Botti Laurent, Peypoch Nicolas, Solonandrasana Bernardin
Ingénierie du tourisme. Concepts, méthodes, applications _i
Caccomo Jean-Louis _j
_,
�'
Fondements d'économie du tourisme. Acteurs, marchés, stratégies
Decrop Alain
Le touriste consommateur. Comprendre les comportements pour
améliorer son efficacité marketing
·'
Fraenkel Stefan, lunius Ray F.
Industrie de l'accueil. Environnement et management
lunius Ray F., Fraenkel Stefan
Hôtellerie de luxe. Productivité, qualité, rentabilité
Minvielle Nicolas _t
Design des lieux d'accueil. Créer de la valeur par la décoration
Sch_éou Bernard _J
Du tourisme durable au tourisme équitable.
Quelle éthique pour le tourisme de demain ? _J
_J
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1
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Sous LA DIRECTION DE
ALAIN DECROP
LE TOURISTE
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1
CONSOMMATEUR
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1 PRÉFACE DE CHRISTIAN MANTEI
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�if, de boeck
Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre
domaine de spécialisation, consultez notre site web: www.deboeck.com
Imprimé en Belgique
Dépôt légal
Bibliothèque nationale, Paris: octobre 2010 ISSN 1784-1909
Bibliothèque royale de Belgique: 2010/0074/261 ISBN 978-2-8041-6178-1
(Marcel Proust)
-
SOMMAIRE
PRÉFACE 9
REMERCIEMENTS 11
INTRODUCTION 13
CONCLUSIONS 301
INDEX 309
-
sent à une multitude de critè�ociétaux, personnels, --- psychologiques,
relationnels, économiques, culîürelset autres.
Il est bien démontré qu'en chaq�uriste se conjuguent une multi-
tude de facteurs o�jectifs et subjectifs qui vont contribuer, à des degrés
l\ h' divers, à orien�es décisions, puisà conditionner sa satisfaction et son
degré de fidélité, voire d'engagement, vis-à-vis d'une destination ou d'un
�-�-
type de vacances.
Si tout concorde à affirmer que le touriste est bien un consommateur
atypique qui mérite d'être étudié et observé de façon plus approfondie
qu'il ne l'est généralement, c'est tout simplement parce que mieux le
connaître, c'est mieux le satisfaire et que c'est précisément l'un des enjeux
essentiel pour ce secteur d'activité.
Les exemples évoqués de nouvelles pratiques touristiques, telles que le
«couchsurfing », et de la mise en marché d;-;;ffres nouvetles ou renouve
lées, dans le secteur du «camping» notamment, illustrent bien que c'est
grâce à la prise en considération de l'évolution de la demande touristique
et de ses valeurs, que l'offre a pu s'adapter avec succès.
li en est de même des nouvelles pratiques qui se développent dans le
domaine des nouvelles technologies de la communication et surtout des
différentes déclinaisons du web 2.0 et, en particulier, des réseaux sociaux,
qui attestent de la prise en compte de nouvelles demandes émanant des
touristes et_de leur volonté de s'affirmer en tant que consom'acteurs.
llll LE TOURISTE CONSOMMATEUR
Christian MANTEi
Directeur général d'Atout France
J_
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m
REMERCIEMENTS
Se lancer dans l'écriture d'un livre n'est jamais une entreprise aisée.
L'angoisse de la page blanche, la recherche des sources appropriées, la
mise en musique des idées, l'établissement d'un fil conducteur... et les
délais de livraison du manuscrit qui approchent. Il est évidemment plus
facile de surmonter ces difficultés quand on est passionné par son sujet.
C'est précisément mon cas: fervent de voyages de longue date, j'ai com
mencé à être touriste avant de m'intéresser aux touristes... J'ai pu donc
puiser tant dans mon expérience personnelle que dans mes connaissances
théoriques et empiriques pour noircir les pages de l'ouvrage que vous
découvrez. Bien évidemment, la finalisation d'un livre nécessite le travail
de toute une équipe. À ce titre, je souhaiterais remercier plusieurs per
sonnes. Mes premiers remerciements vont à Dominique De Raedt de la
maison d'édition De Boeck, qui m'a invité à devenir conseiller éditorial de
la collection «Les Métiers du Tourisme » et m'a fortement encouragé à y
contribuer par un livre sur le marketing et le comportement du touriste. Il
y a ensuite tous mes collègues belges et français, dont les noms sont repris
ci-dessous, qui ont accepté d'apporter leur pierre à l'édifice sous la forme
de l'écriture d'un chapitre. En particulier, ma gratitude va à mes docto
rantes, Julie et Céline, qui, outre leur contribution à la rédaction, m'ont
également assisté dans la mise en page du livre. Je remercie également
mes collègues, en particulier Christelle et Pietro, pour leurs encourage
ments tout au long de cette aventure rédactionnelle. Enfin, ma reconnais
sance va tout naturellement à ma famille, mes parents, ma femme Elisa
beth et mes enfants, Siméon, Catherine et Héléna, pour leur soutien moral
et leur patience.
JL..
ID
INTRODUCTION
.i.
- LE T O U R IST E C O N SO M M ATEUR
et, enfin, les processus d'apprentissage. Nous exposerons autant les aspects
théoriques que les implications pratiques de chaque processus. Le cha
pitre 3 s'intéressera aux influences personnelles primaires (variables démo
graphiques et psychologiques) et secondaires (ressources, motifs, valeurs
etc.) qui peuvent impacter les comportements touristiques. Le chapire 4
s'attardera sur les influences interpersonnelles, qui sont souvent impor
tantes dans les choix de voyage et de loisirs, étant donné que ceux-ci sont
généralement opérés conjointement par plusieurs personnes (un couple,
une famille, un groupe d'amis, etc.). Enfin, le chapitre 5 présentera les fac
teurs issus du contexte environnemental plus large, sur lesquels le touriste
consom mateur a peu de prise (facteurs géographiques, politiques, éco
nomiques, socioculturels et technologiques), mais qui influencent malgré
tout ses comportements, structurellement ou de manière situationnelle.
La deuxième partie de l'ouvrage s'intéresse aux expériences de consomma
tion touristiques et à la compréhension de ce qu'elles représentent (socia
lement, émotionnellement; symboliquement . . .) pour ceux qui les vivent.
Pendant longtemps, l'étude du comportement du consommateur s'est
limitée à la compréhension du processus d'achat et à tout ce qui précédait
l'obtention d'un bien ou d'un service. Depuis une bonne vingtaine d'an
nées, sous l'impulsion de sociologues et d'anthropologues, les chercheurs
en marketing et en tourisme s'intéressent également à la consommation
et à l'expérience des biens et services achetés. Comment le produit est-il
utilisé ? Qui l'utilise ? Combien en consomme-t-on ? Où et quand le produit
est-il consommé ? Que représente cette expérience aux yeux du consom
mateur ? Pourquoi n'achète-t-on pas le produit ? Telles sont les questions
d'intérêt pour ces chercheurs. C'est précisément autour de ces questions
liées à la consommation et à l'expérience touristique que se situent les
contributions des quatre chapitres de la deuxième partie du livre. Le cha
pitre 6, rédigé par Elodie Sevin et Richard Ladwein, montrera comment
la pratique contemporaine du camping permet de recréer un lien social
qui tend à s'étioler dans la vie de tous les jours. Le chapitre 7 , coécrit
avec Céline Vanhaverbeke, s'intéressera à la question de l'authenticité, qui
représente aujourd'hui une valeur centrale, recherchée par le touriste dans
ses voyages et ses séjours. Cette question sera traitée dans le cadre des
hébergements (en comparant plus particulièrement les séjours en chambre
d'hôte et en club de vacances). Le chapitre 8, rédigé avec l'aide de Livie
Degroote, examinera le cas du « couchsurfing », qui consiste à séjourner
chez un habitant qui prête son canapé («couch ») au visiteur. Ce cas est
emblématique des nouvelles tendances de consommation touristique, qui
allient les idées de réseaux sociaux, de participation et d'échange altruiste.
Enfin, le chapitre 9, auquel Julie Masset a largement collaboré, s'intéres
sera aux souvenirs de vacances, qui montrent que la consommation tou
ristique ne tient pas uniquement de l 'intangible, mais peut également
concerner des possessions qui, parfois, revêtent un caractère spécial aux
yeux du touriste consommateur. Tous ces chapitres exposeront concepts
et principes théoriques de base, et les illustreront à l'aide d'études empi
riques originales.
I N TR O D U C TI O N 1111
J_ , ,
R E F E R E N C E S B I B LI O G R A P H I Q U E S
L
m
I N T R O D U CT I O N
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1 . M O D E LE S D E P R I S E D E D E C I S I O N
vacancier rationnel, qui vise à maximiser l'utilité de ses choix sous contrainte
de son budget. Dans ce chapitre nous ne considérerons pas ces modèles,
car ils n'offrent qu'une vision très partielle, normative et déshumanisée du
consommateur, et leur intérêt s'avère très limité du point de vue du marke
ting. Le lecteur intéressé pourra toutefois se référer aux travaux de Decrop
(2006) et de Caccomo (2007) pour en savoir plus à ce sujet.
Les modèles cognitifs donnent, quant à eux, la priorité aux facteurs psy
chologiques et aux processus de traitement mental pour expliquer la prise
de décision. Decrop (2006) identifie trois types de modèles cognitifs : les
modèles séquentiels, les modèles structurels et les modèles processuels.
Premièrement, les modèles séquentiels présentent le processus de déci
sion comme une succession d'étapes nécessaires qui, en règle générale,
incluent l'identification du problème, la recherche d'informations, l'éva
luation des alternatives, le choix et les processus postérieurs au choix. Deu
xièmement, les modèles structurels peuvent être comparés aux modèles
psychologiques stimulus,réponses, en ce sens qu'ils expliquent les déci
sions touristiques sur la base d'une relation entre inputs (les caractéris
tiques du voyageur et les variables marketing) et outputs (les préférences,
les intentions et les choix). Parmi ces modèles, certains présentent la déci
sion finale comme la résultante d'un processus de réduction progressive
de l'ensemble des alternatives de choix qui sont considérées par le touriste
(«ensemble de considération »). Troisièmement, les modèles processuels
ne se contentent pas d'étudier la relation entre inputs et outputs mais
s'attèlent à expliquer ce qui se passe dans l'esprit (organisme) du consom
mateur entre ces stimuli et ces réponses. Ils mettent l'accent sur le traite
ment mental qui sous-tend la prise de décision.
Les schéma's interprétatifs présentent une vision moins déterministe et
normative mais plus réaliste des comportements. Ils ont pour objectif de
comprendre comment les vacanciers prennent effectivement leurs déci
sions et non pas comment ils sont supposés les prendre. Ces schémas intè
grent le contexte personnel, social et culturel de la prise de décision pour L
offrir une vision plus naturelle du consommateur.
Dans les sections qui suivent, nous n'allons pas présenter tous ces modèles
de manière exhaustive (pour plus de détails, voir Decrop, 2006 ou Sirakaya
et Woodside, 2005). Nous préférons nous concentrer sur trois modèles,
parmi ceux qui sont les plus utilisés pour expliquer les processus de décision
touristique : le modèle de van Raaij et Francken (1 982 ; modèle séquentiel),
le modèle de Woodside et Lysonski ( 1 989 ; modèle structurel) et celui de
Woodside et MacDonald ( 1 994 ; schéma interprétatif).
1.1 LE M O D È LE D E VA N R A A IJ E T f R A N C K E N ( 1 9 8 4)
influencés par l'œuvre d'E ngel et Blackwell ( 1982), ces auteurs propo
sent une conceptualisation comportant cinq étapes, présentées dans la
figure l . 1 .
FACTEURS
SOCIODÉMOGRAPHIQUES
Âge
Revenu
Education
Profession
Cycle de vie familial
Taille de la famille
Classe sociale
Possessions MÉNAGE
INDIVIDU Économies
Style de vie
Attitudes Traditionnel/
Orientation r'
Attentes
Aspirations ---+ ._ Moderne
PROCESSUS DE DÉCISION
Valeurs temporelle
Besoins Style de
Expériences Prise de décision, négociation prise
Persuasion, formation de de décision
coalition Rôle
Satisfaction attendue Structure
des alternatives
l
de pouvoir
Feedback
SÉQUENCE DE SOUS-DÉCISIONS
-- --
(1) (2)
Décision Acquisition Prise de Activités de Satisfaction post-
générique d'informations 1 décision
(3) jointe 1 vacances
(4) 1 vacances
(5)
_! -------------------------------------------------------
Feedback - - - - - --
_l FIG. 1. 1 . - Le modèle séquentiel de prise de décision touristique de van
Raaij et Francken (1 984)
Source : van Raaij et Francken (1 984)
1 .2 LE M O D È L E D E WO O D S I D E ET LYS O N S K I ( 1 9 8 9 )
J
ou variables marketing (axées sur les instruments du marketing-mix de
l'entreprise) et les inputs internes ou caractéristiques du voyageur (com
prenant l'expérience ainsi que les caractéristiques sociodémographiques
et psychographiques). L'output, à savoir le choix, est présenté comme la
résultante d'une succession d'effets qui incluent prise de conscience et for
mation de préférences et d'intentions de visite (cf. figure 1 . 2).
CARACTÉRISTIQUES
DU VOYAGEUR
-
VARIABLES MARKETING Expérience antérieure
Cycle de vie, Revenus, Age
Conception du produit
Styles de vie, Système de
_J Pricing
Publicité/Vente
valeurs
personnelle
Canaux de distribution
2
CONSCIENCE DE
DESTINATIONS 3
_J Ensemble de Ensemble
Considération Inerte
_J_
Ensemble Ensemble
_J 4 Indisponible Inapte
_J 5
J. ASSOCIATIONS
AFFECTIVES
6
1
PRÉFÉRENCES DU VOYAGEUR
�
1
!7
INTENTIONS DE VISITE
VARIABLES 8 9
SITUATION-
NELLES
CHOIX 1
1 . 3 L E M O D È LE D E WO O D S I D E E T M A C D O N A L D
En 1 994, Woodside et MacDonald sont les prem iers à opter pour une
a pproche interprétative et « réal iste », pl utôt que cogn itive et norma
tive, afin de décrire le processus de décision d es vaca nciers. Ils se fondent
a i nsi sur des données qual itatives (des interviews en profondeur) afin de
générer une conceptual isation de la man ière d ont les i n d ividus effectuent
leurs choix de vacances (voir figure 1 .3).
Les deux a uteurs mettent ainsi en l u m ière h u it sous-ensembles de choix
(les boîtes 4 à 1 1 dans la figure ci-dessous : l a destination, l'hébergement,
les activités, les attractions, le mode de déplacement et l'itinéraire pour se
rendre à la desti nation primaire, l es repas, l es destinations secondaires et
les itinéra i res de visite de celles-ci, et les cadeaux et achats) . D'après Wood
side et MacDonald, ces choix peuvent être activés par quatre « points d e
départ » de la prise de décision de vacances (flèches X (A, B, C ) e t W d a n s l a
figure 1 .3), à savoi r : la recherche e t l'utilisation d' informations (boîte 1 5)
q u i, el le-même, est infl uencée par des facteu rs individuels (boîte 1 ), d es
facteu rs i nterpersonnels (boîte 2) et des va riables ma rketing (boîte 3) ; et
les i ntentions de voyage (boîte 1 4) .
L a conceptua l isation de la figure 1 .3 d o n n e u n a perçu d e la m a n i ère dont
l es décisions, les i nteractions entre l es vaca nciers et l es activités se dérou
lant d u ra nt un voyage sont reliées l es u nes a ux a utres. Woodside et Mac
Donald d éveloppent une série de 25 propositions pour décrire et expliquer
ces l iens :
• P 1 (flèche A) : tant l es voyages de loisirs que les voyages d 'affa i res
sont influencés par l e niveau d e revenu, le n ivea u d 'éducation et les
systèmes d e va leurs des membres d u ménage;
• P2 (flèche B) : la fam i l le, les a m i s et les groupes d'i nfluence affectent
considérablement l'activation d es ense m bles de choix et la sélection
d 'options particulières dans ces ensembles de choix ;
• P3 (flèche C) : pou r certa ins voyageurs, les sources d ' i nformation m a r
keting (qu i peuvent prendre la forme de recomma ndations d'agents
d e voyage, de publ icités dans l es médias, de m a i l i ngs d irects ou d e
conférences e t spectacles consacrés a u x voyages) peuvent avoir u n e
influence assez forte s u r l 'activation des ensem b les d e c ho ix e t l e
choix des options ;
• P4 (flèche W) : avoir l'i ntention de se rendre à u n e desti nation déjà
visitée précédemment affecte les décisions du voyageu r ;
• P5 (flèche X) : la recherche et l'util isation d ' i nformation ont u n im pact
énorme sur les choix : les touristes q u i utilisent beaucoup d'informa
tions partici pent à plus d'activités, dépensent plus d 'a rgent lors de
leur visite de desti nations secondaires, développent p l us d'éva lua
tions positives su ite à leurs expériences et ont dava ntage l'i ntention
d e répéter leurs visites, comparativement aux personnes qui récol
tent moins d'i nformations ou à celles qui n'en util isent pas ;
m D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S T O U R I S T I Q U E S
L
!
J..
A
15
Recherche et
réception
4
r Choix
s
f--o
12
Évaluation des
Facteurs
- - -+- - -
Choix de la expériences
démographiques & d'information destination d'hébergement
psychologiques,
Valeurs
personnelles z J 0
u
Choix
D
IN
Utilisation,
} "
B interprétation, et X 13
- - - - I- - - -
Famille, Amis, évaluation de M Satisfaction/
Groupes d'influence l'information ;o
Mécontentement
0
8 9 (")
rn
Choix liés aux V)
déplacements i.- V)
c::
L
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V)
V 0
rn
Utilisation
0
- - - - - 1- - - -
d'heuristiques rn,
pour former
des intentions
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(")
3
10
11 w Intentions ....
V)
C Choix des R 0
Influences
repas Cadeaux (à soi) et � de voyage 2:
r
Intentions -l
0
c::
y ;o
....
V)
FIG. 1 . 3. - Schéma interprétatif de la prise de décision de services touristiques de Woodside et MacDonald (1 994) rn
-l
1
- D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S T O U R I S T I Q U E S
'
1 .4 C R I T I Q U E S D E S M O D E LE S E X I ST A N TS
Nous pouvons épingler certa ines l i mites dans les m odè les de décision q u e
n o us venons d e décrire. Tout d'abord, ces derniers présentent les vaca n
ciers com m e d es êtres ration nels qui résolvent des problèmes. l i s schémati
sent le PPD comme une succession d 'étapes nécessa i res et chronolog iq ues.
Ces modèles prennent très peu e n com pte les aspects hédon iste et expé
rientiel de la prise de décision du consom mateu r, a l ors q u e les produ its et
services tou ri stiq ues sont par essence fortement émotionnels et expérien
tiels. De ce fa it se pose la q uestion d u bien-fondé des postulats de forte
i m p l ication du touriste (Moutin h o, 1 987 ; Swa rbrooke et Homer, 1 999), de
résolution de problème étendue (Middleton, 1 994), de recherche d'infor
m ation i m portante (Woodside et MacDona ld, 1 994) et d 'évolution séq uen
tielle des plans commençant nécessa i rement par la d écision générique de
partir (van Raaij et Francken, 1 984 ; Mansfe l d, 1 992). P h i l l i ps, Oison et B a u
m g a rtner ( 1 995) esti m ent. q u e ces m odèles n e sont pas pertinents lorsque
les consomm ateurs o nf peu d'expéri ence, lorsq ue le prob lème est moins
bien défi n i o u encore, lorsque l e côté émotion nel joue u n rôle. Decrop et
Snelders (2004) pensent q ue l'on doit avo i r u n e vision p l us empirique du
com portement d u consom mateu r et ten i r compte de certa ins aspects tels
que les sentiments, l'amusement et l'imagination (Holbrook et H i rschman,
1 982 ; Pine et G i l m ore, 1 999), ou encore l a nostalgie et la rêverie (Ph i l l i ps
et al., 1 995).
On peut également reprocher a ux modèles existants de présenter u n e
vision déshuman isée d u consom m ateur q u i se focal ise s u r l e moyen, l e
général e t l a relation entre input e t output (résu ltat) p l utôt q ue sur le par
ticul ier, le contexte et le processus (i nterprétation). En outre, à l 'exception
d e van Raaij et Francken, les modèles se concentrent sur l'individu au l ieu
d'o pter pour u n e approche fondée sur l ' u n ité d e prise de décision (couple
o u fam i l l e par ex.}, ce qui est contra i re à l'idée q u e l es vaca nces i m p l i
q uent plus souvent d e s décisions jointes, c'est-à-d ire prises par plusieurs
person nes, q u e p u rement i ndividuel les. Enfin, les modèles existants sont
souvent confus q uant à leur objet. Beauco u p décla rent s'intéresser a u x
décisions d e vacances e t d e voyage. Mais q u' i nclut-on dans ces dernières ?
La p l upart d es modèles se l i m itent à la d esti nation a lors q ue, comme l e
m o ntrent Woodside e t M acDonald, de n o mbreux autres choix ( d u mode
d e déplacement aux repas) sont à opérer.
Les lacunes q u e nous venons d'énumérer peuvent prove n i r d u fait q ue les
m odèles exposés ci-dessus ont été d éveloppés à une époque où le marché
du tourisme était moins d éveloppé q u 'aujourd'hui, où le consommate u r
faisait face à moins d'a lternatives de choix e t était moins soll icité p a r l es
prestata i res. Aujourd'h ui, de plus en plus de gens pren nent des vaca nces
et m u ltipl ient les m i n itrips. Les voyages font partie i ntégrante du mode
de vie de nom breux individus. Internet a démultiplié les possibilités d e
. recherche d'i nformation e t de réservation en direct ; les consommateu rs
sont très sol l icités et font face à de nombreux choix, etc.
P R O C E S S U S D E D EC I S I O N D U TO U R I S TE
IEDI
- -i ,,
---·
'" 1 . 5 ETU D E D E D E C R 0 P (2 0 0 6)
-1--,
i 1 . 5. 1 . M ÉTHODOLO G I E
Forts de la constatation de ces lacunes, nous avons décidé de réaliser
une étude empirique de la prise de décision de vacances fondée sur une
approche qualitative interprétative (Decrop, 2006). Pendant un an, nous
·1'!!
.-1
• les singles (vacanciers qui décident de partir en vacances seu ls);
• les cou p l es (mariés et non mariés);
• les familles avec enfant(s);
• les groupes d'amis.
Nous avons interviewé en profondeu r ces 25 U PD, deux ou trois fois avant
les vacances d'été, de sorte à pouvoir su ivre· leurs plans et décisions d e
vacances. Nous les avons également revus u n e f o i s après les vacances p o u r
collecter leurs réflexions e t sentiments ex post. L'analyse e t l 'interprétation
des interviews retranscrites sont basées s u r l ' approche de théorie fondée
(« grounded theory») développée par des sociologues dans les années
1960 (G laser et Strauss, 1 967). Il s'agit d'une méthodol og i e de recherche
qual itative qui consiste à constru i re une théorie concl usive s u r un p h é
nomène de manière inductive et l ogique, à partir de données qui sont
collectées et analysées systématiquement. Cette approche repose sur les
principes de collecte et d'analyse en parallèle, de sensibil ité théoriqu e,
de remise en question et de comparaison permanente des idées et hypo-
. thèses émergentes. Le codage s'opère à plusieurs niveaux (codage ouvert,
axial et sélectif), du p l u s descriptif au p l u s interprétatif, du p l u s concret
au p l u s abstrait, du plus analytiqu e au p l us synthétique. N o u s résumons à
présent les princi paux résu ltats de notre étude (pour p l u s de détails, voi r
Decrop, 2006 o u Decrop e t Snelders, 2004).
Pour u n deuxième groupe ( n = 7), l a décision d e partir a été prise tôt et,
conformément aux modèles présentés ci-dessus, a précédé les décisions
plus spécifiques (destination, hébergement, mode de déplacement, etc.).
Pour le troisième groupe (n = 1 3), la décision générique de vaca nces a
été prise plus tard que certa i n es sous-décisions spécifiques, à cause d e
contra intes externes comme le m a uvais état de santé d 'u n proche ou l'at
tente des résu ltats sco l a i res des enfa nts.
De man ière générale, on peut toutefois constater que la p l u part des
conso m mateurs i nterviewés se sont décidés tard ivement à partir e n
vacances. Cette prise de décision génériq u e tard ive peut être expliquée
par p l usieurs raisons, q u i sont déta i l lées dans le tableau 1 . 1 .
La plupart des touristes dans notre étude (n = 1 5) peuvent être qual ifiés
de « petits » chercheurs d'information, en ce sens qu'ils ne rassemblent
_t
q u'une quantité d'informations l i m itée pour leurs vacances. En général,
cette information est acquise accidentellement plutôt que de manière pré
méditée, si ce n'est pendant les derniers jours avant la réservation ou le
départ. Ceci ne signifie pas pour a utant que ces vacanciers ne planifient l_
pas leurs vacances. La plupart ont tendance à avoir des plans précis assez
tôt mais remettent les dernières décisions et la recherche d'information j_
correspondante à p l us tard, afin de rester l ibres et d'ainsi avoir la possi
b i l ité de faire face à des contrai ntes éventuelles, ou de profiter d'oppor
tu nités de dernière minute. Si ces touristes ne préparent pas leur voyage
avec beaucoup de minutie et longtemps à l'avance, c'est parce qu'ils pré ,.
fèrent la découverte et l'inattendu.
U n deuxième groupe est constitué de « grands » chercheurs d'informations
(n = 1 0), pour qui l'information est un facteur clé d u succès des vacances.
Ils sont caractérisés par une préparation intensive et une col l ecte d'in
formations très active, à partir de sources variées tel les que l'expérience
personnelle d'a utres vacanciers, des lectures générales et la l ittérature de
voyage plus spécifique. Si ces touristes recherchent autant d'informations,
c'est parce qu'ils sont fortement impliqués dans les voyages (Fesenmaier et
Johnson, 1 989 ; G itelson et Crampton, 1 983) et parce qu'ils veu lent l i m iter
P R O CESSUS D E D É C I S I O N D U TOURISTE
�-1·
créé certaines attentes) à la réalité peut également être un motif
important pour voyager.
• La réduction de dissonance a p rès l'expérience : certaines personnes
recherchent activement de l 'information à leur retour de vacances,
pour s'assurer que la bonne décision a été prise ou, au contraire, se
- -
rendre à l'évidence d'un mauvais choix .
i
• L' implication prolongée : à son retour de vacances, un touriste devient
en général plus sensible à toute information qui concerne la destina
tion qu'il vient de visiter. L'information qu'il reçoit a insi lui permet de
prolonger et d'étendre les émotions et l es humeurs agréa bles ressen
ties pendant l'expérience des vacances.
d e choix affectif » (Mittal, 1988) peut s'avérer tout aussi pertinent que les
paradigmes traditionnels de résolution de problème et de traitement de
l'information (Bettman, 1979) pour expliquer le processus de décision tou
ristique. La résolution de problème n'est pas aussi étendue et la recherche
d'informations pas aussi intense que ce qui est généralement présenté
dans la littérature.
Ce n'est pas pour autant que la planification des vacances est totalement
déstructurée. On observe en effet souvent une certaine évolution dans
la prise de décision. Ainsi, les touristes ont tendance à être optimistes et
idéalistes au début de leurs plans de vacances. Ils deviennent plus réalistes
avec le temps, au fur et à mesure que la période de vacances approche
et que l'engagement à chois i r devient plus pressant. Cette évolution s'ex
pl ique essentiellement par l'intervention de facteurs contextuels : les faci
litateurs contextuels (adjuvants) sont considérés en premier tandis que les
inhibiteurs contextuels (contraintes) sont pris en considération plus tard
(Um, 1 990). L'intervention de ces variables situationnelles et sociales oblige
souvent les vacanciers à adapter leurs décisions de vacances (Payne et al.,
1993) en fonction des opportunités (Wilson et Wilson, 1 988).
En conclusion, on peut dire que la planification de vacances est un pro
cessus continu, empreint d'adaptabilité et d'opportunisme, où les émo
tions, l ' imagination et les contraintes jouent un rôle important. Cette
L
adaptabilité et cet opportunisme ont un impact majeur sur le timing des l
décisions, la recherche d'information et la prévisibil ité des choix.
l
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2 . TYP O LO G I E S D E S D E C I S I O N S
TO U R I ST I Q U E S
�
2 . 1 . N O M E N C LA T U R E D E S D É C I S I O N S D E V A C A N C E S
a lternatives com parables, qui sont représentées par les mêmes attri buts.
Par exemple, le tou riste choisit entre plusieurs hôtels ca ractéri sés par des
attri buts tels que la loca l isation, le prix et le n iveau de confort. le nivea u
modal concerne les choix d u mode ou type de vaca n ces : vaca n ces d'été
ou sports d'hiver ? Vacances à la mer ou à la m ontagne ? Séjour à un seu l
endroit ou circuit iti nérant ? Ce n ivea u modal se situe à mi-che m i n entre
le n ivea u générique et le n iveau spécifiqu e, puisque certa ines sous-déci
sions sont considérées, quel que soit l e type de vaca n ces (par exemple, les
questions de la destination, de l 'hébergement et d u tra nsport se posent
a ussi bien pou r les vacances d'été que pour l es sports d'h iver), tandis q u e
d'a utres sous-décisions sont spécifiq ues à u n seu l type (par exemple, le
matériel de ski) et impl iquent donc des a lternatives de choix n o n compa
rables avec les a utres modes de vaca nces.
DÉCISIONS MODALES
DÉCISIONS SPÉci°FIQUES
4 Les attractions : les poi nts d ' i ntérêt que le vaca ncier va visiter (m usées,
v i l l es, pa rcs, j a rd i ns, etc.).
5 Le b udget et les dépenses : la q u a ntité d 'argent que l e vacancier
compte dépe nser et l a mani ère dont il sera dépensé.
6 Le circu it : les endroits q u i seront visités pendants l e séjour (desti na
tions secondai res) et l ' itinéraire q u i les rel i e .
7 La destination : l'endroit principal où les vaca nces se d érou leront
(destination pri m a i re).
8 La d u rée : l a longueur et l e t i m i n g des vaca n ces.
9 L'hébergement : i n clut le logement et les i n frastructu res (te l les
qu'une pisc i n e, un terra i n de tenn is, une d iscothèq u e, etc.) du l i e u
o ù on séjourne.
10 L' itinéra i re : l e chemin q u i est suivi pour se ren d re à l a d esti nation
pri m a i re.
11 La n o u rriture : ce q u e l'on m a n ge pendant ses vacances et l a forme
que prennent les repas.
12 L'organisation : le mode d'organ isation et de préparation des
vacances (par ses propres moyens, par une agence, par u ne a ut re
personne, etc.).
13 La période : le moment de l'a nnée où l 'o n pa rt e n vacances (sa ison,
mois, dates partic u l i ères).
14 Le style d e vacances : l e style d e vie d u touriste e n vacances (niveau
de confort sou ha ité, i ntég ration à l a vie et à la popu lation l oca les,
respect de l'environnem ent, etc.).
15 Les tra nsports : les modes d e déplacement uti l i sés pour atteindre l a
dest i nation pri m a i re e t pour effectuer des excursions sur place (ci r
cuit, attract ions) .
. ';;:tl,�: ]NE,f{FIE .. .
a
�t�! �:.�7!,�J��r
TAB. 1 .3. - Catégorisation des principales décisions liées à l'hébergement
Source : Wi l l iams, 2002
2.3. U N E TYP O LO G I E D E S T O U R I ST E S F O N D É E S U R
LE U R P R O C E SS U S D E D E C I S I O N
j
- D É C I S I O N S E T C O M P O RT E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
, ,
3 . U N S C H E M A I N T E G R A T E U R D E LA P R I S E
,
D E D E C I S I O N T O U R I ST I Q U E
Nous clôturons ce chapitre par la présentation d'un schéma i ntég rateur des
princ i paux modèles et principes que nous avons exposés dans les sections
précédentes. Ce schéma va serv i r d e cad re g énéral pour les a utres cha
p itres de la pre m i ère partie de ce l i vre. I l existe une m u ltitude de facte u rs
q u i i nfluencent les décisions et la prise de décision de vacances. Nous pou
vons reg rouper ces facteurs en trois grands types : les facteurs personnels,
les facteurs i nterperson nels et les facteurs environnementaux. Comme l e
suggère la fig u re 1 . 5, ces facteurs o pèrent d a ns u n e certa ine logique. Les
facte u rs environnementaux tels q u e la culture, le cad re géogra phique o u
le contexte pol itique sont des éléments structurels, s u r lesq uels le vacan
cier n'a pas de prise d i recte. I ls englobent tous les autres types de fac
teu rs. Ensuite, on peut o pérer une d isti nction entre facteurs personnels
primaires et secondaires. L'âge, la situation fa m i l iale, l 'éducation et la p ro
fession, la person n a l ité et l'i mage d e soi sont l es racin es ind ividuelles s u r
lesq uelles viennent s e g reffer l e s autres facteurs personnels (expériences
de vaca nces, ressou rces personnelles, motifs, i m pl ication). Les facteurs per
son nels s'imbriquent nature l lement dans l a p rise de décision de grou p e,
étant donné que l es décisions de vaca nces i m pl iq uent des décisions jointes.
La composition du grou pe, les i nteractions e n son sein, la d istr i b ution des
rôles et la gestion des confl its dans l e g roupe sont a utant de facteurs i nter
person nels, q u i orientent jugem ents et décisions de vacances.
m D É C I S I O N S E T C O M P O R T E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX
l l - --- J l l
FACTEURS FACTEURS FACTEURS
- -
PERSONNELS PERSONNELS INTER
PRIMAIRES SECONDAIRES PERSONNELS
- -
, Âge Ressources Composition du
Nationalité personnelles groupe/UPD
Genre Composition du Interactions au sein
Niveau d'instruction ménage et cycle de vie du groupe
et profession familial Distribution des
- -
Personnalité et image Expérience de voyage rôles et des tâches
de soi et niveau d'implication Gestion des conflits
, Sentiments Motifs et avantages et tactiques
recherchés d'influence
Styles de vie et valeurs
' Styles de
·- - - - - r - - - - - - C
vacances/voyages
- - - -
i- - - - - - - - - - - - - T- - - - - .
DÉCISIONS DE VACANCES
Décision générique : partir ou pas ?
Décision modale : quel type de vacances ? VARIABLES DE PRISE DE DÉCISION
Décisions spécifiques : Reconnaissance de besoin(s)
Accompagnement Hébergement Collecte d'informations
Achats Itinéraire Évaluation des alternatives de choix
Activités Organisation Processus d'achat et de réservation
Attractions Période
Budget, dépenses Repas
Circuit Style de vacances
Destination Transport
Durée
, ,
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l..
I NT RO D U CTI O N
1
riste tra ite-t-il l ' i nformation qui lui parvient par la publ icité ou via u n site
web ? Comment l ' i mage et l 'attitude vis-à-vis d'une desti nation de voyage
se forment-e l les ? Comment le consommateur en vient-il à répéter des
comportements ? Ce deuxième cha pitre va s'atte ler à répondre à ces q u es
tions en expl iquant les principaux processus psychologiq ues sous-jacents
aux décisions et comportements touristiques. Nous passerons a i nsi succes
sivement en revue le processus d e motivation et de reconna issance des
besoi ns, la perception et le tra itement de l ' i nformation, la formation d es
croyances, attitudes et i ntentions et, enfin, le processus d'apprentissage.
1 . LA M O T I VA T I O N E T
L A R E C O N N A I SS A N C E D E S B E S O I N S
1.1 D É F I N I T I O N D E LA M O T I V A T I O N E T D U B E S O I N
î
! La m otivation est u n processus psychologique centra l pour comprendre
1 le comportement h u m a i n en général et expl iquer l e comportement d u
tou riste consom mateur en particul ier. Une m otivation peut être défi n i e
comme u ne force i ntérieu re, q u i n aît d'une la reconnaissan ce d ' u n bes o i n
e t i ncite l ' i nd ividu à se comporter d e man ière déterm i n ée. C'est u n pro
cessus par lequel le consom mateur cherche à satisfa i re des besoins physi o
logiq ues ou psychologiques par l 'achat et la consomm ation d ' u n prod u it .
L a motivation permet d o n c de comprendre pourquoi les g e n s achètent o u
n'achètent pas certa ins produ its.
De man ière fondamenta le, la m otivation naît de l'activation d'un beso i n :
s'il y a un déca lage suffisant entre l'état actuel et l 'état désiré de l'indi
vidu, al ors naît une force qui pousse ce dern ier à agir pour rédu i re ce déca-
l
m D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
lage (figure 2 . 1 ) . Selon Ba lfet (200 1 ), l e besoi n appa raît lorsq ue l'individu
ressent un manque. Cette situation provoq ue une tension, qui amène le
consommateur à agir. La m otivation est influencée par la perception, l'ex·
périence passée et l 'environnement social (grou pes de référence) de l ' i n·
dividu.
1
du seuil discordance du seuil
j
Pas de Reconnaissance
reconnaissance du besoin du besoin
1 .2 LE P ROCESSU S DE M OTIVATIO N
1 .3 C O N F LI TS M O T I V A T I O N N E LS ET H I É R A R C H I E
D E S BESOI NS
Satisfa ire u n beso i n se fa it souvent a u détri ment d ' u n a utre besoi n . Des
arb itrages sont donc souvent nécessa i res, ce q u i peut causer des conflits
motivationnels. O n distingue général ement trois types de confl its motiva
tionnels :
(1) Approche-a pproche : décider e ntre deux o u plusieurs o ptions dési
rables;
(1) Évitement-évitement : décider entre deux o u p l us i e u rs options i ndési
ra bles;
(2) Approche-évitement : la décision i m p l i q u e des conséqu e n ces à la fois
positives et n égatives.
Résoudre des confl its motivationnels requ iert l 'éta b l issement de priorités
dans les besoins ressentis. D ifférents a uteu rs ont proposé des typologies
e n ce sens, dont l a plus cé l èbre est sa ns conteste l a pyra m i de des beso i n s
de Maslow. L' idée de M aslow est d 'éta b l i r u ne h iérarchie d e s beso i n s ;
selon cette hiérarchie, l'être h u m a i n v a d o n n e r l a priorité à l a satisfac
tion de certa i ns beso i ns (d'ord re physiologique) par rapport à d'a utres (de
n ature psychologiq ue). L' idée de l a fig u re 2.2 est q u ' u n besoin ne peut
être satisfa it q u e si les besoins d 'ordre i nfé rieur le sont déj à . E n suiva n t
cette théorie, i l n e servi rait d o n c à r i e n d'i nciter des popu l ations a u voyag e
pour satisfa i re leurs beso i n s d'appartena nce ou d'esti me, si e l l es n 'ont pas
de q u o i se nourrir ou s'a briter.
- D É C I S I O N S ET C O M P O RT E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
d e soi
(Epanouissement,
Expériences Enrichissantes)
Besoins d'estime
(Accomplissement, Respect, Prestige)
Pearce (2005) a adapté l'idée de h iérarch ie des besoins au doma ine du tou
risme en introduisant le concept de « carrière de voyage » . Ce concept est
présenté sous forme d'une échelle dynamique représentant cinq types de
besoins ou stades motivationnels par l esquels passe le touriste l ors de sa
« ca rrière » de voyage : la relaxation, la sti m ulation, la relation, le respect
et le développement de soi, et l'accomplissement. Au début de sa carrière,
lorsque le touriste est « jeune » et a peu d'expérience de voyage, il recher
chera plutôt la relaxation et le repos ; puis, avec le temps et l'expérience,
il grimpera progressivement les échelons suivants pour en arriver à recher
cher davantage l'accomplissement et l'harmonie à la fin de sa « carrière ».
1 .4 I M P LI C AT I O N S M A R K E T I N G
D'un point de vue marketing, i l est très intéressant de connaître les besoins
du consommateur. En effet, cela a ide les firmes dans le positionnement de
leurs produ its et de leurs services et dans leurs programmes de communi
cation, pour toucher plus efficacement leurs clients. Cela permet éga le
ment d'identifier certa ins segments de marché, avec des désirs insatisfaits
q u i sont autant d'opportunités de développement de nouveaux produits.
Enfin, analyser la reconnaissance du besoin peut révéler des barrières exis
tantes à l'achat ou à la consommation. Les entreprises peuvent activer la
reconnaissance d'un besoin de trois manières :
P R O C E S S U S P S YC H O L O G I Q U E S m
2 . LA P E R C E P T I O N E T L E T R A I T E M E N T
D E S I N F O R M ATIONS
2.1 D É F I N I T I O N E T C A R A C T É R I ST I Q U E S
D E L A P E R C E PT I O N
2.2 LE P R O C E SS U S D E P E R C E P T I O N
Pur I II ITË
FIG. 2.3. - La perception cognitive : publicité ou puérilité ?
2.3 LA R E C H E R C H E D ' I N F O R M A T I O N S
Offi�es.de t◊yri��e
Agences de- voyage et brochures êtes tour
opérateurs
Reconnaissance
-
des besoins
Connaissance
existante
Recherche interne
Capacité d'extraire la
connaissance stockée
Succès de la
recherche interne?
(Oui) (Non)
Procéder à la Entreprendre une
décision recherche externe
2.4 LE S É T A P E S D U T R A I T E M E N T D E L ' I N F O R M A T I O N
Exposition
M
Stimuli: E
- Commerciaux M
- Non commerciaux 0
1
R
E
Rétention
étant donné que les premiers ont une structure cognitive moins élaborée
que les derniers. La taille, la couleur ou le nom de ma rque peuvent éga
lement influencer la compréhension du stimulus. Par exemple, une com
pagn ie aérienne comme easyJet a choisi l'orange comme emblème parce
que cette couleur est généralement i nterprétée comme « bon marché».
Le nom de marque a également été judicieusement choisi pour faciliter la
compréhension et éviter des i nterprétations erronées.
U ne fois le stimulus compris, il faut encore qu'il soit accepté par le consom
mateur. En effet, celui-ci peut comprendre pa rfaitement ce qui lui est
communiqué mais, pour certaines raisons, ne pas être d'accord avec le
message. L'accepta tion concerne l'effet persuasif du stimulus et, plus par
ticulièrement, sa capacité à influencer les réponses cogn itives et affectives
du consommateur. D'une pa rt, le consommateur s'engage dans un pro
cessus de réflexion important sur la val idité des promesses qui lui sont
fa ites dans le message; ce processus résulte dans la production d'argu
ments positifs et négatifs. Si les premiers dominent, il aura tendance à
accepter le message ; si les seconds dominent, à le refuser. D'autre part,
le stimulus va provoquer toute une série de sensations et d'émotions (cf.
chapitre 3, section 1 .3) qui vont également influencer les attitudes et, par
là, l'acceptation du message.
La mémorisation est la dernière étape du processus de traitement de l'in
formation. On présente souvent la mémoire comme u n entrepôt com
portant trois niveaux de stockage : la mémoire sensorielle, la mémoire à
court terme et la mémoi re à long terme. La mémoi re sensoriel le permet
une rétention très courte de l'information entrante (par ex., quelques mil
lièmes de seconde sur la rétine de l'œ i l pour une image) et un p remier t ri,
fondé largement sur des propriétés physiques tel les que l ' intensité et le
contraste du stimulus, avant le tra n sfert vers la mémoi re à court terme.
La mémoi re à court terme représente la mémoi re de trava i l de l'individu,
qui a une capacité limitée tant en quantité (de 4 à 7 u nités d'i nforma
tion peuvent y être stockées simulta nément) qu'en durée (la rétent i o n
ne s e prolonge en généra l pas au-delà d e 3 0 secondes). Cette mémoi re
combine l'input sensoriel et le contenu de la mémoi re à long terme pour
permettre les processus de catégorisation et de compréhension décrits
plus haut. Enfin, la mémoire à long terme, dont la capacité est i l limitée,
constitue les « archives» de la personne, qui témoignent de tout ce qu'elle
a pu a pprendre au cours de sa vie. Le processus de mémorisatio n impl ique
deux activités de base : rétention et récupérati o n . La rétention concerne le
tra nsfert du stimulus de la mémoi re à court terme vers la mémoi re à long
terme. U n tel transfert n'est possible que s'il y a eu une bon ne compréhen
sion et acceptation du message; il nécessite u n a pprentissage cognitif (cf.
section 4.2, ci-dessous). La récupération ou le rappel impliquent le chemi n
inverse : l'i nformation est tra nsférée de la mémoi re à l o n g terme vers la
mémoire à court terme. Cette récupération dépendra, d'une part, de la
qualité de la catégorisation et, d'autre part, de la présence de stimuli faci
litant la recon naissance.
- D É C I S I O N S E T C O M P O RT E M E N T S TO U R I ST I Q U E S
2.5 I M P LI C A T I O N S M A R K E TI N G
3 . LA F O R M A T I O N D E S C R OYA N C E S ,
D E S A TT I T U D E S E T D E S I N T E N T I O N S
Lorsq u'il p l a n ifie ses vacances et prend des décisions, l e tou riste est amené
à percevoir d ifférents types d e sti m u l i, à traiter de l'i nformation et à déve
lopper des préférences. B ref, il est i mpliqué dans toute une série d'acti
vités cogn itives ou de processus mentaux q u i contri buent à la formation
de trois types de jugements : les croyances, les attitudes et les i ntentions
d'achat. Ces j ugements sont souvent uti l isés pour comprendre les consom
m ateu rs, les seg menter et prédi re leurs com portements.
3.1 L E S C R OY A N C E S ET LA C O N N A I S S A N C E
3. 1 . 1 . LES CROYANCES
Les croyances sont des jugements perceptuels sur la relation perçue par
l ' i nd ividu entre deux ou pl u sieurs éléments ; dans le domaine d u compor
tement d u consom mateur, i l s'ag it le p l us souvent de l iens établis entre
un prod uit ou u n e marque et l'une ou plusieurs de ses caractéristiq u es.
« J e pense que l'Autriche est u n pays m ontag neux » ou « i l y a des pyra
m i d es en Égypte » sont des j ugements perceptuels, q u e l'on peut q ua l ifier
de croyances. E n tant q u 'éléments perceptuels, les croyances possèdent
P R O C E S S U S P S YC H O LO G I Q U E S
ID
3 . 2 L E S A TT I T U D E S
où:
A0 = attitude envers l'objet
b01 = intensité de la croyance que l'objet o possède l'attribut i
e.1 = évalu ation de l'attribut i
n = nombre d'attributs pertinents (sa illants ou importants)
-J
m D É C I SIO N S ET C O M P OR TE M E N TS TOUR I S T I QU E S
3.3 L E S I NT E N T I O N S D ' A C H A T
m D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S TO U R I S T I Q U E S
• des comportements passés ne sont pas dispon ibles pour des nou
veaux produits ou des comportements de « première fois».
Pou r toutes ces raisons, il s'avère souvent nécessaire de mesu rer les i nten
tions du consommateu r. Celles-ci peuvent être défin ies comme des j uge
ments subjectifs sur le comportement futur. Partant du constat que les
gens font souvent ce qu'ils ont l'i ntention de fa ire, les i ntentions permet
tent de prévoir comment les person nes vont agir en tant que consom
mateurs (combien de vols Paris-Montréal faut-il prévoi r pou r satisfaire la
dema nde ? Quelle serait la dema nde pour une nouvelle l igne B ruxelles-Mar
rakech ?). Quatre questions sont souvent uti les quand on mesu re les i nten
tions : quel(s) produit(s) ou marque(s) les consommateu rs ont-ils l'i ntention
d'acheter ?; combien sont-ils susceptibles d'acheter ?; quand et où achète
ront-ils ? Outre l'achat, les questions peuvent également concerner les inten
tions de dépense, de recherche d'i nformations et de consommation.
Si la mesure des i ntenti0ns est souvent nécessa i re pou r prédire les compor
tements, il existe toutefois des l imites à leu r pouvoir prédictif. Soul ignons
d'abord que la précision des prévisions dépend du moment où sont mesu
rées les i ntentions et de la dista n ce de la prédiction dans le futu r : idéa
lement, il fa u t que les i ntentions soient mesu rées le plus près possible du
comportement à prédi re. La précision dépend aussi de la natu re du com
portement q u i doit être prédit : il est plus fac i le de préd i re des comporte
ments qui se répètent régulièrement. Ensu ite, il ne faut pas oublier que
les i ntentions peuvent changer : combien de personnes ont l'i ntention de
fa i re quelque chose mais ne le font pas ou, a u contra i re, combien ont l'in
tention de ne pas fa i re quelque chose ma is le font quand même. Comme
nous l'avons montré dans le chapitre 1 , i l arrive parfois que les consomma
teurs agissent selon leu rs impulsions, ou soient limités dans leurs choix par
des contraintes fortes.
Enfin, les i ntentions peuvent subir des infl uences soci a les. Le modèle de
l'action raiso n n ée de Fishbein et Ajzen ( 1 975) essaye d'intégrer cette
dimension (cf. figure 2.8). Selon ce modèle, le comportement d'une per
son ne sera it déterminé par son i ntention comportementale à l'adopter.
Cette i ntention serait el le-même détermi née par une composa nte i ndivi
duel le, l'attitude de la personne, et u ne composante sociale, ses normes
subjectives relatives au comportement en question . Comme nous l'avons
vu p l u s ha ut, l'attitude est fonction des croya nces et des évaluations de la
personne. Les normes subjectives représentent, quant à el les, la percep
tion de la pression exercée par le groupe. El les sont le produit de deux
facte u rs : les croyances normatives, d'u ne p a rt, et la propension à se plier
à ces normes, d'autre part. Les croyances normatives correspondent à ce
que nous pensons de ce que les a utres attendent de nous ou, de ma nière
plus tec h n ique, à « la perception de ce que la plupart des person nes impor
ta ntes aux yeux de l ' i ndividu sont d'avis qu'il devrait ou ne devrait pas
effectuer le comportement en question» (Fishbein et Ajzen, 1975, p . 302).
Les motivations à se plier aux normes représentent, enfin, la propension
P R O CESSUS PSYCH O L O G I Q U E S
m
Intention
Croyances d'effectuer le
normatives et Comportement
comportement
motivations à Normes
se plier aux subjectives
normes
Mesurer les i ntentions peut s'avérer moins p réd ictif d u com portement
futur que de m esurer ce à quoi les consommate u rs s'attendent. C'est pou r
q uoi on su bstitue parfois aux intenti ons des m esu res d'attentes compor
tementa les, q u i s'avèrent plus réa l istes. Pa r exemple, bien q u ' u n fu meur
p u isse avoir la ferme i ntention d'a rrêter d e fumer, i l peut expri mer une
attente comportementa le plus modérée suite· à ses échecs dans le passé.
Une attente de com portement représente la probabilité perçue par l'indi
vidu de réa l iser le com portement en q uestion.
4 . L ' A P P R E NT I SS A G E
4. 1 D É F I N I T I O N E T C A R A CT É R I ST I Q U E S
43 L' A P P R E NT I S S A G E P A R C O N D IT I O N N E M E NT
1
t
Ce type de conditionnement est souvent util isé dans la publ icité tou ris
tique. Par exem ple, des paysages idylliques sont associés à une marq u e
de tou r-opérateu r dans u n e affiche. L a vision d e ces paysages (SNC) pro
voq ue, en principe, un sentiment agréable de rêve et d'évasion (RNC) chez
le consommateur. Sur l'affiche, le consommateur voit que ces paysages
(SNC) sont associés à la marque Neckermann (SC), ce q u i l u i ca use tou
jours u n senti ment d e rêve. Si cette association entre paysages i dyl liques
et Neckermann est suffisa m ment répétée (c'est pourq u o i u n m essage doit
être répété de nombreuses fois lors d'une campagne publicita i re), alors le
simple fa it de vo ir Neckermann (SC) suffira à fa i re rêver le consommate u r
(RC) . C e dernier aura été conditionné !
i
i· L'apprentissage par conditionnement opérant s'i ntéresse à la manière
:1 dont les conséq uences d'un comportement vont affecter la probabilité et
i la fréq uence de répétition de ce com portement. Imaginons q u ' u n voya
geur découvre une nouvelle chaîne d 'hôtels et décide d 'y réserver u n e
ch a m bre. I l revient très satisfait d u n iveau d e confort d e s a chambre, ce
q u i augmente la probabil ité q u'il choisisse à nouvea u cette chaîne lors d e
son prochain voyage. l i y a trois manières dont les conséquences d'une
-- 1
expérience de consom mation peuvent i nfluencer le comportement futu r :
(1) Renforcem ent positi f : quand l e consommateur reçoit u n résultat
positif de l' uti lisation du produit, il est p l us probable q u ' i l répète son
comportement.
(2) Renforcement négatif : quand l e produ it a ide la personne à éviter
u n résultat négatif, i l est également plus probable q u'elle répète son
com portement.
(3) Punition : q uand la conso mmation mène à u n résu ltat négatif; dans
ce cas, la répétition d u comportement est évidemm ent moins vra i
semblable.
4.4 L' A P P R E NT I SS A G E VI C A R I A NT
,, ,,
R E F E R. E N C E S B I B LI O G R. A P H I Q U E S
1 . F A CT E U R S P E RS O N N E LS P R I M A I R E S
1 . 1 C A R A CT É R I ST I Q U E S D É M O G R A P H I Q U E S
Le processus de choix d u touriste est influencé par des variables sociodé
mographiques (âge, sexe, profession, n iveau d'éducation, etc.) qui indui
sent des d ifférences de comportements. Les personnes âgées vont, par
exemple, préférer des établissements d'une qualité et d'un confort supé
rieurs. La composition fami l iale peut également jouer un rôle : un couple
sans enfant aura un comportement différent d'un couple avec enfants. Les
analystes de marché utilisent souvent les variables et tendances démogra
phiques pour prédire des changements dans la demande et la consomma
tion de biens et services spécifiques, parce que ces variables sont fondées
sur des chiffres incontestables et, de ce fait, offrent souvent des perspec
tives d'analyse fiables. Le tableau 3 . 1 constitue une mine d'informations
très intéressante pour la France, en ce sens qu'il reprend les taux de départ
m D É C I S I ONS E T CO M P OR T E M ENTS T O U R ISTI Q U E S
1.1.1. L'ÂGE
L'âge est certainement la variable démographique la plus utilisée, parce
qu'el l e a le double avantage d'être facilement mesurable et universel le.
On l'utilise également comme indicateur de l'état de forme physique du
touriste, de ses niveaux d'activité, de ses intérêts ou de ses expériences de
voyage précédentes. Comme le montrent les tableaux 3.1 et 3.2, le taux de
départ en vacances' diminue généralement avec l'âge : il est le plus élevé
pour les moins de 20 ans (72 % en 2004 en France) et le moins élevé pour les
70 ans et plus (42 % tout de même en 2004). Les clientèles se segmentent
souvent naturel l ement selon l'âge. Ainsi, la tranche des 1 8-35 ans est large
ment prédominante parmi les routards, les a deptes du « backpacking » et
du « couchsurfing » (cf. chapitre 8), tandis que les plus de 50 ans constituent
la grande majorité du public de nombreux musées et des croisières en mer.
1
Le taux de départ en vacances est défi n i co m m e le fait de passer p l u s de quatre
n u itées consécutives par a n e n dehors d e son domicile l ég a l .
FA C TE U R S D ' I N F L U E N C E P E R S O N N E LS
La p l u part des études dans ce doma i n e ont été réal isées autour d e trois
perspectives (Pea rce, 2005) : ce que l es touristes fém i n i nes recherchent
dans leurs expéri ences de voyage, leur i n q u iétude quant à l a man ière
dont el les vont être tra itées par les prestata i res de services et la popu lation
loca le (questions de sécurité), et l'apparence p hysique des sites et l ieux
touristiques. De nombreuses études se sont éga lement attachées à étu
dier l ' i m pact du genre sur les décisions et les comportements de voyage.
Certa i nes ont a i nsi étud i é la d istri bution des rôles et des tâches entre
hom mes et femmes dans le ménage (voi r le chap itre 4), ta ndis q ue Rya n
(2002) a mis en évidence des différences significatives en ce q u i concerne
l es motivati ons de vacances. Les femmes appara issent a i nsi p l us motivées
que l es hommes par la relaxation physique et menta le, par le fait d 'être
avec d'autres personnes, par l 'acq u isition d ' u n sentiment d'appartenance
ou par la découverte de nouvea ux l ieux.
1 .2 P E RSO N N A LI T É E T I M A G E D E S O I
1 .3 LE S S E N T I M E N TS : É M O T I O N S ET H U M E U R S
Les décisions de loisirs et de voyage i mpl i q u�nt a utre chose q u e des pro
cessus de motivation, d e réflexion et d e tra itement de l ' information.
Pendant longtem ps, les ouvrages et les articles en m arketing touristiq u e
ont omis d'inclure les fantasmes, l e s senti ments et l'amusement (corres
pondant à la vision expérientielle des comportements de consom mation)
comme partie i ntégra nte des expériences tou ristiq ues. Or, bien des acti
vités de vacances et beauco u p d e voyages peuvent i nclure « des activités
enjouées variées, des pla isirs sensoriels, des rêves évei l lés, une jouissance
esthétique et des réponses émotionnelles », pour reprendre les termes d e
Holbrook et H i rsch man ( 1 982, p. 1 32).
En matière de comportement d u consommateur, les sentiments que l'on
peut ressentir par rapport au produit ou à la marque renvoient générale
ment à deux concepts : l 'émotion et l'humeur. Une émotion peut être définie
comme « un état d'éveil impliquant une expérience consciente et viscérale,
ou des changements physiolog iques » (Mullen et Johnson, 1 990, p. 75). Pour
Holbrook ( 1 984), l'émotion recouvre une gamme plus l arge d e phénomènes
incluant q uatre composantes qui interagissent l'une avec l'autre : la réponse
physiologique, la cogn ition, l'expression comportementale et les sentiments.
Un g rand nombre d 'études ont montré que les émotions i nfluençaient forte
ment les comportements, et q u'il pouvait nota m ment être très efficace d'es
sayer d'infléchi r ces derniers par des publ icités à fort contenu émotionnel. Le
tableau 3.4 énumère les 1 6 émotions de la typologie de Rich ins ( 1 997) et les
i l lustre par rapport à l'expérience touristique.
Le concept d'émotion est d ifférent d e ce l u i d ' h u meur. Alors que l 'émotion
est souvent i ntense, passagère et associée à un objet spécifique, l'humeur
représente un état d 'esprit d iffus, plus dura ble, q u i n'est pas n écessaire-
Ill D É C I S I O N S E T C O M P O R T E M E N TS T O U R I ST I Q U E S
Avoir sept ans cet été::-Jà ét se rendre compté quHI n'y à âùtun�· .
piscine dans son hôtel
2 . F A CT E U R S P E R S O N N E LS S E C O N D A I R E S
2.1 L E S R E S S O U R C E S P E R S O N N E L LE S
Les ressou rces dont dispose le touriste jouent évidemment un rôle prépon
dérant dans ses décisions et ses choix. Ainsi, par exemple, p l u s l 'individ u
dispose des revenus élevés, plus il a u ra tendance à choisir un hébergement
h a ut de gamme. On distingue généra lement trois types de ressou rces : les
ressou rces économiques, les ressou rces temporel les et les ressou rces cogni
tives.
Le nom bre d'heures de loisirs dont d ispose l'individu est fortem ent fonc
tion de sa situation professionnelle. Les i nactifs (étudiants, femmes a u
foyer, retraités, etc.) disposent a insi e n principe d e plus d e temps d e loisirs
m D É CISIO N S ET COM P ORTE M ENTS TOURISTIQUES
2 . 2 C O M P O S I T I O N D U M É N A G E E T CYC L E D E V I E
F A M I LI A L
.. .. L�-- A�
FOYER A
UN ADULTE
I_ - - - - - -
1 1 1
1
! Dépendant
r--�
1
1
1
FOYER
-,1 - - -> Coup l e sans enfant - - -:- -,:, Coup l e âgé A DEUX
1 ADULTES
1
FOYER
Fam i l l e • �j �a: � - ,
i
l
Fami l l e comp l ète
r
A DEUX
corn 1·ete comi ·
1ete tardive__ ADULTES
. . . . . . . .L.
� �-'i----,n- :_:_: è--- PLUS
Fa il l e=c'-=
om pl te 3 J-- - _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
ENFANTS
FOYER
Parent Parent Parent MONOPARENTAL
isolé isolé i solé
1 2 3
Nature l lement, ces changements dans les structures fami l ia l es ont des
conséquences i m portantes sur la demande et le comportement des
consommateurs. En faisant référence à la nomenclature du tableau 3 . 1 ,
on constate en France q u e c e sont les couples sans enfants d e moins d e 3 5
a n s qui voyagent le plus (84 % d e taux d e départ e n 2008) et les personnes
seules de 63 ans et plus qui partent le moins (39 % sont parties en 2008).
De rrianière générale, les personnes seules partent moins souvent que les
couples du même âge et les couples avec enfants partent moins souvent que
les couples sans enfants. On remarque enfin que les fam i l les monoparen
tales voyagent moins que les famill es biparenta l es. Ces tendances devraient
être prises en considération dans le marketing des produits touristiques. Par
exemple, on estime que les célibataires représentent presque 50 % des clients
du Club Med, une compagnie qui a ouvert de nouvelles voies en offrant des
services et des activités sur mesure pour les « singles ». Ce marché des céliba
taires devrait continuer à s'accroître et offrir de nombreuses opportunités
de développement pour les prestataires touristiques, qui pourront offrir de
la « sol itude interactive ». De la même manière, les grands tour-opérateurs
que sont Neckermann, Thomas Cook ou Touristik Union International (TU I)
incluent maintenant des l ignes de produits et de forfaits spécifiques pour les
famil les monoparentales, tandis que de plus petits opérateurs se sont spé-
FA CTE U R S D ' I N F L U E N C E P E R S O N N E LS m
2.3 E X P É R I E N C E E T I M P LI C A T I O N D E VOYA G E
2.4 M O T I F S ET A V A N T A G E S R E C H E R C H É S
Pour éviter toute confus ion terminologique, il est important de bien dis
tinguer les concepts de motivation et de motifs de voyage . La motivation
renvoie au processus psychologique fondamental, fondé sur la reconnais
sance de besoin(s), qui pousse l'individu à la décision et à l'action (cf. cha
pitre 2) ; les motifs renvoient aux activités et aux états qui constituent les
finalités du voyage . Les motifs font partie des facteurs personnels secon
dai res du touriste parce qu'ils dépendent de différents facteurs comme
ses caractéristiques démographiques, sa personnalité, son style de vie, ses
expériences passées, le temps dont il dispose, etc . De nombreux auteurs
ont proposé des classifications des motifs touristiqu es; nous en présentons
ici quelques-unes.
Une des premières typologies remonte à Schmoll ( 1 977), qui dénombre
cinq motifs généraux d'un voyage : l'éducation et la culture; la relaxation,
l'aventure et le plaisi r ; la santé et les loi si rs (dont les sports); l'ethnie et la
famille ; le lien social et l'esprit de compétition (qui implique une recherche
de statut et de prestige). Crompton (1979) identifie, lui, deux grandes caté
gories de motifs: les motifs sociopsychologiques et les motifs culturels. Les
premiers incluent l'évasion hors d'un envi ronnement banal, l'exploration
et l'évaluation de soi, la relaxation, le prestige, la régression, le renforce
ment des liens familiaux et la facilitation de l'interaction sociale . Les motifs
culturels incluent quant à eux la nouveauté et la découverte éducative .
Macintosh et Gupta ( 1 977) proposent quatre types de motifs : les motifs
physiques (repos, santé, pratique de sports), les motifs culturels (connaître
d'autres pays, le folklore, les arts, la musique, etc.), les motifs interperson
nels (faire de nouvelles rencontres, rendre visite à des amis ou de la famille,
sortir d'une certaine routine) et les motifs relatifs au statut et au prestige
(êtrê reconnu et apprécié, projeter une bonne image de soi). Hudman
( 1 980) établit une liste de dix motifs qui poussent au voyage : la santé, la
curiosité, la partici pation à des sports, regarder des sports, le plaisir, rendre
visite à des amis ou des proches, les voyages d'affaires et professionnels, la
recherche de racines, l'estime de soi et la religion. Selon B right (2008), la
plupart des études suggèrent deux raisons de base qui expliquent pourquoi
les personnes quittent leur environnement habituel : la première raison est
d'échapper à cet envi ronnement et la seconde est d'avoir une expérience
que l'environnement habituel ne peut pas fournir.
Les a vantages ou bénéfices recherchés représentent une autre manière
de diviser les consommateurs en différents segments de marché, sur la
base des bénéfices qu'ils recherchent lors de l'achat et de la consomma
tion. Mais sur le fond, les avantages recherchés rejoignent souvent les
FA C TE U R S D ' I N F L U E N C E P E R S O N N E LS m
2.5 V A L E U R S E T STYL E S D E V I E
2.5. 1 . VALEU RS
Les va leurs représentent les convictions d'une person ne sur l a vie et les
comportements acceptables. Au contraire des attitudes, les va leurs trans
cendent les situations ou les événements et sont p l u s durables, parce
qu'el les sont plus centra les dans la structure de person n a l ité de l ' i ndivid u .
Les va leurs portent le p l u s souvent sur pl usieurs exigences u n i verselles :
les besoins biologiques, l ' interaction sociale coordonnée, la s urvie et le
fonctionnement du groupe. On distingue les valeurs personnelles, q u i
déf i n issent les com portements « norma ux» pour un i ndividu, et les valeurs
sociéta les, qu i définissent les comportements jugés « normaux » à l 'éche l l e
d'u n groupe ou d e la société . Les valeurs sociéta les des groupes a uxque l s
u n i ndividu a ppartient i nfl uencent évidem ment ses va leurs personnel les.
Les va leurs sont uti lisées par les entreprises et les marketeurs pour com
prendre les choix de produit o u de marque, pour la segmentation et pour
l 'élaboration de produits et de publicités.
L'éche l le de va leurs de Rokeach ( 1 973), décrite dans le tableau 3 .9, est u ne
des p l u s utilisées pour conceptualiser et mesurer les va leurs des consom
mateurs. Selon Rokeach, les valeurs concernent à la fois des objectifs de vie
que nous nous fixons (va leurs termina les) et les manières dont n ous nous
com portons pour les atteindre (valeurs instrumentales). Les valeurs sont
des convictions durables que certains modes de conduite ou états finaux
de l 'existence sont préférables à d'a utres. Une étude réa lisée dans le cadre
d'un mémoire d'étudiant (Marchand, 2005) a ainsi montré que les valeurs
prépondérantes des touristes de sports d'hiver étaient le pla isir, le bien
être, la santé, la beauté et la sécurité.
- D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
(8) Les sédentaires (non partants) : ils représentent 22,5 % des França i s. Ce
sont principalement des personnes assez défavorisées socialement.
,
3 . E T U D E D E C A S : L E VA C A N C I E R
E N TR A N SITI O N
Cette étude de cas est fondée sur l'étude qualitative longitudinale que
nous avons réa l isée a uprès de 25 ménages be lges, dont la méthodolog i e
est décrite à la section 1 . 5 . 1 d u chapitre 1 . E l l e fait l'objet d'un plus l o n g
développement dans Decrop (2000). Cette étude i l l ustre l'im pact q u e peu
vent avoir sur la prise de décision d e vaca nces la plu part des facteurs per
sonnels q u i ont été présentés dans ce cha p itre. Le thème du vacancier
en tra nsition est proposé en tant que reflet synthétique de cet im pact
contextuel. Par transition, on entend le passage d'un état de choses à u n
autre. Trois d i mensions sont identifiées p o u r expli quer c e passage. I l y a
d'abord une di m ension motivati onne l l e : quand i l prend ses décisions d e
vaca nces, l'être h u ma i n s'engage en dehors de s a v i e (ord inaire) d e tous
les jours pour une a utre vie (extraord inaire). Ensuite, la transition présente
une d i mension tem porelle. Le vacancier s'engage dans une sorte de « car
rière » q u i le voit « grandir », au fur et à mesure qu'il acquiert expérience
et maturité. La troisième d i mension transitionnelle concerne le processus
de soci a l i sation qu'impliq uent les vaca nces : le tou riste com m un ique ses
va leurs et préférences person nelles au g roupe a u sei n d uq ue l il p rend ses
décisions. Cette troisième d i mension sera développée d a ns le cha pitre s u i
vant, consacré aux i nfluences i nterpersonnel les.
3 . 1 D E LA V I E O R D I N A I R E À L A V I E
E XT R A O R D I N A I R E : F A C T E U R S « P U S H )>
Quand i l pense à, rêve à ou parle des « vacances », l'être h u m a i n est m u
par l a volonté d e s'échapper d e son q u otidien, d e rom pre avec l a routine
et l'ord i naire. Cette motivation d'évasion peut être l iée a u tem ps ou à
l 'espace. Pour certa ins vacanciers, l'évasion est temporelle. E l l e consiste à
briser le rythme effréné et le stress l i és aux activités professionnelles et
ménagères, à rompre avec la séq uence i nfernale « métro, boulot, dodo » .
U n e transition s'opère entre l e temps de la v i e de tous l e s jours, associé a u
stress e t aux hora i res serrés, et le temps des vacances, assimilé au repos,
à la relaxation et à la possibil ité de vivre à son propre rythme. Le style d e
vacances s'en retrouve tout nature l lement affecté ; on prend s o n temps et
des plaisirs sim ples sont redécouverts :
Claude : Enfin, on prend p l a i s i r à tout. Je veux d i re : on va le matin fa i re son
m a rché, cela prend p a rfois deux h e u res d e fa i re l e m a rché, et puis on se d it
« cela nous a pris deux heu res, tant pis » . J u stement, on n ' a pas la contrainte
m D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
La situation fa m i l iale affecte éga l em ent cette évo l ution de l'impl ication et
des m otifs de vaca nces. Ainsi, l ' i m p l ication peut grandir avec les enfants,
parce que les desti nati ons, formules et activités s'accordent m ieux dans
la fa m i l le. Dans d'autres cas, par contre, elle d i m i n u e : les enfa nts o nt
qu itté le foyer ou i l s ont perdu leur enthousiasme à accompagner l e u rs
parents en vaca nces. Les motifs changent a ussi : avec de jeu nes enfants,
les vaca nces sont vues comme une période de repos, de détente et d e
j e u , tandis que l es aspects d'i nteraction socia l e et de découverte dominent
quand les enfants sont plus grands.
À côté de ces changements d'impl ication et de motifs, on constate p l u s
généra lement u n g l issement vers l e h a u t d e s attentes ou d u n iveau d'as
piration. L'expérience renforce l'implication et rend l e vacancier plus exi
geant e n qua ntité et en q u a l ité : « J'ai déjà pas mal voyagé, donc j'ai déj à
p a s m a l vu m a i s j'ai merais b i e n encore v o i r beaucoup p l us e t essayer d'être
bleu d'amour. . . ». Les a lternatives de choix j ugées satisfa isantes dans l e
passé ne le seront p l us à l 'aven ir. I l y a u n e sorte de recherche permanente
d'amél ioration, qui peut être rapprochée de l'i ncrémenta lisme (Lindblom,
1 959) : un choix n'est opéré que si l a nouve l l e alternative s'avère plus p ro
metteuse que l e statu quo correspondant à l 'expérience d e vacances pré
cédente. Ce g l issement du n ivea u d 'aspiration peut porter s u r certa i ns
aspects des décisions de vacances (par exe m ple, le logement), ou sur les
vacances en généra l .
, ,
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Les facteurs d'influence que nous venons de décrire impliquent avant tout
des valeurs individuelles. Cependant, les décisions de vacances sont géné
ralement considérées com me des décisions jointes, c'est-à-dire qu'elles
impliquent plusieurs personnes qui interagissent (Fodness, 1 992). Ainsi,
par exemple, le groupe peut avoir un impact important sur les décisions
d'hébergement ; une famille avec des enfants choisira plus facilement une
location en appartement ou en village de vacances plutôt que chez l'ha
bitant. Ce chapitre traite précisément de ces variables interpersonnelles,
et de la manière dont elles influencent les décisions et les comportements
touristiques. La première section sera consacrée aux concepts de g roupe et
d'unité de prise de décision (UPD). Nous allons d 'abord définir la notion de
groupe, exposer les fonctions principales et les types de groupes. Ensuite,
nous présenterons le concept d'UPD et les différents types d ' U PD qui exis
tent en matière de voyages et de tourisme. Filiatrault et Ritchie ( 1 980)
furent les premiers à considérer différentes U PD de vacances, en l'occur
rence les couples mariés et les familles de compositions variables. Nous
nous pencherons ainsi spécifiquement sur la prise de décision familiale
avant d'examiner comment se déroule le PPD des groupes d'amis, parce
que ces derniers représentent aujourd'hui une UPD fréquente pour des
activités de loisirs et de vacances. Dans la deuxième section du chapitre,
nous nous concentrerons sur trois dimensions importantes des relations
interpersonnelles et de la prise de décision de groupe, à savoir, respective
ment, les interactions dans le groupe, la distribution des rôles et des tâches
et les conflits et tactiques d'influence. La troisième section sera réservée à
une étude de cas consacrée à la prise de décision de groupe de 25 ménages
belges. Enfin, avant de conclure, nous expliquerons les implications mana
gériales de tous ces facteurs interpersonnels.
D É C I S I O N S E T C O M P O R T E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
,
1 . G RO U P E S E T U N ITES D E P R I S E S
D E D É C I S I O N ( U P D)
1 . 1 D É F I N I TI O N , F O N C T I O N S E T TV P E S
D ES G RO U P E S
D'après Shaw ( 1976), u n groupe réu nit des personnes qui ont quelque
chose en comm u n : « deux ou pl usieurs personnes en interaction les u nes
avec les autres, de manière tel le que chaque person ne influence ou est
infl uencée par une autre» (p. 1 1 ). Trois fonctions sont typiquement asso
ciées aux groupes (Hilton et Cabantous, 2005): normative, information
nelle et expressive. La fonction normative renvoie à la pression qu'exerce
le groupe s u r les individ us, par les normes et les règles de comportement
qu'il suggère: dévier des normes d u groupe, c'est courir le risque d'en être
exc l u . La fonction information nel le résu lte de la recherche d'informations
auprès de sources considérées comme crédibles, que cette information soit
transférée de manière directe ou par comportement vicariant. Selon van
Avermaet ( 1996), les fonctions normative et informationnelle sous-ten
dent le phénomène de conformité au groupe, qui peut être d'ordre public
(conformité normative) ou privé (conversion davantage infl uencée par
l'information). Enfin, la fonction d'expression de valeurs renvoie au désir
de s'associer à un groupe et d'en partager les valeurs, ce qui contribue à
la réal isation de soi.
Lorsqu'il s'agit de groupes, la notion générique de « groupe de référence »
est souvent utilisée dans la littératu re. Ce vocable renvoie en réalité à dif
férents types de groupes : groupes primaires et secondai res; groupes for
mels et informe l s ; groupes d'aspiration et de dissociation. Les groupes pri
maires sont caractérisés par un degré élevé de cohésion et d'intimité entre
les membres, ce qui facilite de fréquentes interactions en face à face, alors
que les groupes secondaires se rencontrent de manière plus occasion nelle
et sont généralement moins influents sur les pensées et comportements de
ceux qui en font partie. La distinction entre groupes formels et informels se
fonde davantage s u r la structure du groupe. Selon la définition d u Larousse
(2000, p. 546), un groupe peut être qualifié de formel s'il « présente une
structure bien déterminée, dont la forme est claire et définie», alors qu'un
groupe informel est « u n groupe qui refuse de présenter des formes recon
naissables ou classables, qui n'obéit pas à des règles déterminées». Les
groupes formels présentent, en général, une liste de membres bien établie
et u ne structure d'autorité, avec des conditions d'appartenance, des règles
strictes, des statuts et des rôles bien définis. À l'inverse, les groupes infor
mels présentent u ne structure plus floue, fondée sur l'adhésion volontaire,
au point qu'il n'est pas toujours aisé de savoir si une person ne en fait partie
ou pas. Ces groupes sont, pour la plupart, fondés sur des liens d'amitié ou
des centres d'inté rêt communs. Enfin, les groupes d'aspiration sont ceux
auxquels l'individu voud rait s'associer pou r en adopter les normes, les
FA C T E U R S D ' I N F L U E N C E I N TE R P E R S O N N E L S m
;
1 . 2 LES U NITÉS DE P RISE DE DECISION
TOU RISTI Q U E
ses activités de loisi rs avec des a m is. E n outre, pour l a même catégorie de
produits, les consommateurs ne sont pas toujours impliqués dans le même
type d'U PD. Par exemple, en plus des vacances d'été fa miliales, les enfants
peuvent avoir leurs propres plans de vacances, tandis que les parents peu
vent envisager de fai re un m initrip à eux deux. Les membres de g roupes
d'a mis sont également impliqués dans d'autres U P D (single, couple o u
fa m ille), tandis q u e l'inverse n'est pas toujours vrai. Enfin, les touristes
peuvent être impliqués simultanément dans plusieu rs projets avec diffé
rents types d'U PD. Pa r exemple, la même personne peut avoir plusieurs
projets de vacances en même temps (les sports d'hiver, un minitrip, des
vacances d'été, des camps, etc.).
2 Les d ifférentes d i mensions de cette typologie sont i nsp i rées des o uvrages d e
C a rtwright e t Zander ( 1 968), B l ackw e l l , M i n i a rd e t Engel (200 1 ), Arnould, Price
et Z i n k h a n (2004).
FA C T E U R S D ' I N F L U E N C E I N TE R P E R S O N N E LS
enfants ont plus tendance à parti r en vacances et en week-end que les per
son nes seules. U ne fam ille peut être défi n ie com me un « groupe de deux
personnes ou plus vivant ensemble qui peuvent être liées par le sang, le
mariage, ou l'adoption» (Statt, 1 997, p. 1 1 S). Les fam illes sont caractéri
sées par des contacts i ntimes quotidiens qui permettent à leurs membres
d'i nteragi r et d'intervenir comme conseillers, fourn isseurs d'i nformations
et preneurs de décisions. U ne fois que la décision est prise, les fam i lles
partagent également une grande partie de l'expérience de consomma
tion, que ce soit pour un dîner au restaurant ou un séjour de vacances. L e
but de l a prise de décision familiale et des achats qui en découlent n'est
pas prioritairement d'arriver à la meilleure décision possible pour chaque
individu, mais de trouver une solution qui satisfasse la famille dans son
ensemble. En d'autres mots, les besoins i ndividuels sont subordonnés à
ceux de la fam ille (Williams, 2002). Naturellement, toutes les situations de
consommation n'i mpliquent pas des achats fam iliaux. Cependant, Wilkie
(1 994) estime que la fam ille reste « un des domaines d'étude les plus for
m idables dans toute la recherche sur le consommateur » (p. 396), pour les
raisons suivantes :
• Les décisions d'achat et de consommation de famille sont régulières
et conti nues, ce qui les rend difficiles à généraliser avec confiance ;
• Les décisions fam iliales sont prises en privé, ce qui nécessite des
méthodes particulières pour les approcher ;
• L es décisions fam iliales ne sont pas prises i ndépendamment l'une de
l'autre ; par exemple, bien des arbitrages sont nécessaires dans les
activités de loisirs en raison de budgets monétaire et temporel limités
(voir chapitre 3);
• Les familles impliquent des décideurs multiples et adaptatifs ; comme
nous l'avons mentionné ci-dessus, l'UPD familial peut changer de
composition selon les produits et les situations de choix;
• L a prise de décision familiale dépend du type de produit ou de ser
vice concern é ; la décision d'aller au cinéma n'aura pas la même com
plexité que celle de partir en vacances d'été.
• Les familles diffèrent entre elles, selon des facteurs tels que le cycle
de vie, le revenu, le m ilieu social ou selon des variables psychogra
phiques (voir chapitre 3).
Toutes ces di mensions rendent l'étude de la prise de décision familiale
complexe et délicate.
La distribution des rôles dans la famille est liée aux questions de pouvoi r
et de statut. Les questions de l'i nfluence et de la dom inance relatives dans
la prise de décision familiale ont donné lieu à de nombreux articles dans
la litérature, tant en marketing qu'en tourisme. La typologie de Davis
D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E NTS T O U R I ST I Q U E S
1 .4 LA P R I S E D E D É C I S I O N D U G R O U P E D ' A M I S
2 . D I M E N S I O N S D E LA P RI S E
�
D E D E CISION D E G RO U P E
2. 1 I NT E R A CTI O N D A N S LE G R O U P E
2.2 D I ST R I B U T I O N D E S R Ô L E S
Beaucoup d'auteurs se sont concentrés sur les rôles joués par les diffé
rents membres du ménage dans le PPD. Kotler et al. (2009) identifient
j usqu'à cinq rôles possibles dans n ' importe quel processus d'achat. Nous
expliquons chacu n de ces rôles en les appliquant au tourisme :
(1) In itiate u r : la personne qui, la première, identifie (et communique
- aux autres membres de l'U PD) la nécessité de partir en vacances ou
de sortir pour dîner.
(2) lnfluence u r : la personne dont l'opinion au sujet des critères d'achat
à utiliser et les préférences en termes de choix sont prises en compte.
Par exemple, les enfants peuvent entraîner leurs parents à choisir u n
hôtel avec p iscine o u à aller a u fast-food.
(3) Décideur : la personne qui a l'autorité financière ou morale pour
choisir comment le budget de la famille sera dépensé, quels produ its
et quelles marques seront achetés.
(4) Acheteur : la personne qui agit comme acheteu r. Par exemple, cela
peut être la mère qui se rend à l'agence de voyage ou sur le site web
du tou r-opérateur pour réserver les vacances familiales ; cela peut
être le père qui téléphone à l'hôtel pou r réserver u ne chambre.
FA CTE U R S D ' I N F L U E N C E I N TE R P E R S O N N E LS
DD .
2.3 C O N F L I T S E T T A C T I Q U E S D ' I N F LU E N C E
Des auteurs tels que Sheth et Cosmas (1 975) ou Kirchler ( 1 995 ; 1 999) ont
développé des typologies plus détaillées des modes de résolution de confl it
et des tacti ques d'influence du consommateur. Celles-ci sont présentées
dans le tableau 4.2. Les tactiques de persuasion incluent l'utilisation des
émotions, l'exercice de l'autorité ou de la force physique, la présentation
de (futures) récompenses ou la suppression de ressources, l'i nsistance sur
ses désirs ou le fait de quitter la scène si le partenaire veut imposer ses
propres désirs, la collecte et l'utilisation stratég ique d'i nformations et la
formation de coal itions. Les tacti ques de négociation comprennent la dis
cussion de famille, qui implique des propositions d'arbitrages, et le mar
chandage i ntégrateur. Troisièmement, l'argumentation raisonnée consiste
en la présentation d'arguments rationnels et logiques, afin de trouver la
meilleure solution. Enfin, des tacti ques peuvent être mises en œuvre afi n
d'éviter tout conflit dans le ménage. Celles-ci vont de l a décision autonome
à la remise de la décision à plus tard, en passant par le fait de décider ou
de lâcher du lest, selon des rôles établ is.
2, Émpti�n négative:
(\1)1;nas,,�, cynisme; ridicule)
/
3 . ETU D E S D E C A S : LA P R I S E
D E D E C I S I O N F A M I LI A L E E T L A P R I S E
/
D E D E CISION D U G RO U P E D ' A M IS
Les deux études de cas présentées ci-dessous permettent d'i l l ustrer l ' i m
pact que peuvent avoir sur la prise de décision de vacances l a p l upart des
facteurs interpersonnels présentés dans ce chapitre. La p remière étude de
cas s'i ntéresse au PPD fa m i l ia l ; elle est fondée sur l 'étude q u a l itative lon
g itudinale que nous avons réal isée a uprès de 25 ménages belges, et dont
l a méthodologie est décrite à la section 1 . 5 . 1 d u chapitre 1 . E l le fait l'objet
d ' u n plus long développement dans Decrop (2000 et 2006). La deuxième
étude de cas p résente les résu ltats d'une recherche exploratoire i nterpré
tative de la prise de décision dans les g roupes d'amis (Decrop et al., 2007).
Nous avons pour cela i nterviewé et observé 18 g rou pes d'amis belges de
com positions variées dans leurs décisions de loisirs (cinéma, restaura nt,
sorties, voyag es, etc.).
3 . 1 L A P R I S E D E D É C I S I O N F A M I LI A LE
Il est vrai que la com munication au sein de l'entité familiale croît pendant
l'expérience de vacances, et que les parents sont alors davantage enclins à
tenir compte des goûts et des désirs de leurs enfants.
11D D É C I S I O N S ET C O M P O RT E M E NT S T O U R I ST I Q U E S
s F
s F
s A A
F. F+E
s F F
S (E) A H
p E H
A (P) A (E} H
H H H
Légende :
A : Décision autonome (décision prise séparément et sans que personne ne la
domine)
E : Les enfants dominent la décision
F : La femme (épouse) dom ine la décision
H : L'homme (époux) dom ine la décision
P : Les parents dominent la décision
S: Décision syncrétique (la décision est prise ensem ble)
(4) Conflits d'objet : les informateurs ne sont pas d'accord sur ce qui est
ou ce qui a été fait dans le passé. Il s'agit là d ' u n type de conflit lié
directement à l'interaction a u sein d u ménage, lors de discussions des
projets de vaca n ces.
Le plus souvent, les conflits sont résolus par le consensus, chacu n met
tant de l 'ea u d a ns son vin pou r a rriver à des solutions acceptables pou r
tous. Des modes de résol ution moins consensuels appa raissent également
de temps en temps, telles la dictature (une personne impose ses vues
a u x a utres) et la délégation (on laisse u ne a utre personne décider pou r
soi). Des jeux d'influence p l us subtils émergent également d e l'a nalyse.
Ceux-ci vont de l'insistance à la résignation, en passant par l' utilisation
de récompenses ou de punitions, la formation de coalitions, la décision
selon les rôles habituels ou les normes familiales, le marcha ndage ou l'ar
gumentation logique. Ces jeux d'influence peuvent être mis en parallèle
avec les tactiques de prise de décision de groupe mises en lumière par
Howa rd et a l. ( 1 986), Nelson ( 1 988) et Kirch Ier ( 1 993). Dans certains cas, le
conflit ne peut être résolu. Cela entraîne le plus souvent des sentiments
d'amertume ou de frustration. Dans d'a utres cas, les conséquences sont
plus radicales : c'est la rupture, les chemins se séparent. Dans les familles,
par exemple, l'on assiste souvent à des conflits de valeurs entre géné
rations. En pleine adolescence, les enfants se construisent leurs propres
définitions des vacances, avec des attentes et des motifs qui peuvent évi
demment s'écarter de ceux de leurs parents. Dans certaines familles, ces
valeurs divergentes sont tues, en raison de l'autoritarisme parental. Dans
d'autres, par contre, les adolescents se risquent à la confrontation . Il y
a deux résultats possibles de cette confrontation : soit les parents adap
tent leurs vacances (les dest i nations, les formules et surtout les activités)
selon les· dema ndes de leurs enfa nts ; soit ils refusent de les considérer, ce
qui pousse les enfa nts à quitter l'u nité familiale de vacances. On pourrait
parler ici, d ' u ne part, de conflit constructif, qui améliore la compréhension
des problèmes et, d'a utre pa rt, de conflit destructif, qui d imi n ue la cohé
sion d u groupe et peut même mener à sa destruction (Ellis et Fisher, 1 994).
Selon Decrop et al. (2007), les groupes d'amis (GA) se d istinguent des
a utres types de groupes pa r les liens affectifs qui les caractérisent, liens
moins formels que les relations de travail entre collègues ou que les liens
d'amou r et de sang qui unissent u ne famille . En outre, les membres de GA
sont a ussi impliqués d a ns d'autres types d'U PD, ce qui peut engendrer des
problèmes de « loya utés partagées et de conflits de rôles quand les indi
vidus doivent choisir entre les exigences d ' u n groupe et les besoins d'un
autre, ou quand les valeurs et croya nces des deux groupes sont contradic
toires» (Putnam et Stohl, 1996, p. 1 50). Il n 'est dès lors pas étonnant de
constater que la prise de décision des GA diffère fortement de la prise de
décision des familles (cf. tableau 4.4).
. FA C T E U R S D ' I N F L U E N C E I N TE R P E R S O N N E LS
na
I m portance des
émotions et
humeurs ; d istrac
tions et i nteractions
sociales (« i n effica
cité » de la décision)
D ifficultés d'arbi
homogènes h,étérogènes trage, conflits, délé
gation, leadership
TAB. 4.4. - Comparaison des familles et des groupes d'amis en tant qu'UPD
Source : Decrop et al. (2007)
Tout d'abord, même si elle peut être tout aussi intensive, la communi
cation a tendance à être moins extensive, puisque les membres d'un G A
n e s e réunissent pas aussi fréquemment q u e les membres d ' une famille
nucléaire. Les occasions de communiquer sont plus rares, ce qui compliqu e
q u e lque peu la prise d e décisions (il est plus difficile de partager des idées
et de l'information, d'élaborer des projets). Le minutage et la prédictibilité
des choix en sont affectés. De surcroît, l es facteurs pe rsonnels et situation
nels peuvent varier fortement au sein de l'U P D, ce qui ne facilite pas le fait
D É C I S I O N S E T C O M P O R T E M E N T S T O U R I ST I Q U E S
d e trouver des solutions satisfaisa nt tout le monde. Les agendas, les bud
gets ou les intérêts peuvent entrer en conflit. De ma nière plus générale,
nous avons mis en évidence deux types de conflits, structurels et situa
tionnels, qui peuvent être rattachés à la typologie des conflits de groupe
de Kirchler ( 1 995) présentée ci-dessus. D'une part, les conflits structurels
impliquent plutôt les valeurs du groupe. D'autre part, les conflits situa
tion nels peuvent résulter d'une inégalité perçue d a ns la distribution des
coûts et bénéfices des décisions prises (cf. théorie de l'équité en psycho
logie sociale, avec des auteurs comme Oliver et Swa n, 1989) ou de pro
b lèmes de préférences divergentes.
E n conséquence de ces conflits, les décisions sont souvent prises tardive
ment et la délégation est nécessaire pour faire aboutir le projet. U n leader
émerge du groupe, qui va servir de moteur aux principa les décisions et à
l'orga nisation pratique de l'activité. Ceci ne signifie pas pour autant que
les autres membres du groupe ne seront pas consultés avant que des déci
sions définitives ne soient- prises : le leader agit au nom du groupe et non
pas au lieu de ce dernier. Contrairement aux décisions familiales, ce mode
de prise de décision n'a pas pour résultat des sentiments de frustration ou
de colère, pour deux raisons majeures. La première, c'est que cela arrange
pas mal de monde dans le GA que quelqu'un pren ne l 'initiative et s'occupe
d 'une bon ne partie du travail. En ce sens, on préfère déléguer certains
aspects de la prise de décision et de l'orga nisation à une person ne, quitte
à sacrifier certains de ses désirs. La deuxième raison, c'est la mise en veille
des attentes et des préférences individuelles au profit de l'intérêt collectif :
l'appartenance au groupe et sa cohésion sont plus importa ntes que la qua
lité de la décision (le contenu de l'activité) à prendre :
Patrick (45 ans, a vocat) : Eh bien, chaque a n née, c'est un chef de groupe q u i
décide : « voilà, m o i je voudrais b i e n vous a mener l à , est-ce q u e cela vous inté
resse ? » Très généralement on d it oui, même si c'est un endroit où on n'aurait
pas eu l 'idée d ' a l ler. Je d i rais même plus, c'est parce q u 'on n'irait pas i n d ivi
d u e llement q u'on accepte d'y a l ler en g ro upe, parce que le travail est fait,
donc voil à . Par exemple, je n ' i ra is pas volontiers en Écosse [desti nation q u e
c e GA envisage], m a lg ré tout l e bien q u 'on en d i t a u n iveau . . . b o n a u niveau
climat, etc., e u h ... au niveau paysage.
Michèle (43 ans, employée) : C'est à cause du cl imat j ustement ! [rires]
Patrick : M a i s comme le g roupe va en Écosse, c'est l 'occasion d'a l l er en Écosse,
bon donc voilà.
faveur des opinions du groupe [ .. . ]. Étant donné que les individus accor
dent beaucoup d'importance à leur appartenance au groupe et ressen
tent un engagement fort, ils s'y conforment assez facilement » (Moscovici,
1 985 ; cité par Ellis et Fisher, 1 994, p. 28). À ce propos, Debenedetti (2003 ,
p. 46) souligne que les activités de loisirs ne sont pas choisies en fonction
des préférences individuelles, mais plutôt selon qu'elles permettent ou
non la consolidation et l'entretien des liens sociaux entre les partenaires :
«l'activité de loisirs partagée peut être vue comme un prétexte pour vivre
une expérience de pure sociabilité».
La prise de décision au sein du GA est donc loin d'être linéaire, rapide et
efficace, dans le sens où le groupe exécute des tâches afin d'atteindre des
objectifs fixés. Le minutage et la durée du processus sont incertains, alors
qu'un tas de projets sont abandonnés ou postposés par manque d'impli
cation ou de ressources (temporelles, financières ou matérielles). Au cours
de nos interviews, nous avons vu émerger de nombreux «fantasmes collec
tifs » : les amis rêvent de projets communs mais, quand il s'agit de les réa
liser, ils prennent soudainement conscience de contraintes qui les amènent
à en modifier ou à en oublier un certain nombre. Cette évolution rejoint
l'idée du modèle d'étirement des valeurs de Rodman ( 1 963). Les projets
passent d'un niveau idéal ou préférentiel (le rêve) à un niveau d'attente
(réalité), au fur et à mesure que le moment . de l'activité approche. Elle
rejoint également les conclusions des travaux d'Um (1 990), pour qui les
facteurs facilitants sont plus présents dans les premières étapes du PPD,
tandis que les facteurs contraignants le sont davantage dans les dernières
étapes du processus. Nos résultats confirment en outre l'idée que, dans
un contexte de prise de décision, l'amitié peut constituer un frein à la
productivité par la création d'une ambiance conviviale, voire festive, qui
détourne le groupe de ses objectifs (Brame! et Friend, 1 987 ; Jehn et Shah,
1 997).
Cependant, il faut rappeler que prendre des décisions efficaces n'est pas le
seul objectif des GA. Le maintien et le renforcement du groupe sont des
objectifs tout aussi, voire même plus, importants. Cartwright et Zander
( 1 968) donnent quelques exemples de ces fonctions liées au maintien
du groupe : conserver des relations interpersonnelles agréables, arbitrer
les disputes, encourager, donner à la minorité voix au chapitre, stimuler
l'épanouissement ou augmenter l'interdépendance entre membres. Cette
perspective explique pourquoi le processus de décision, la distribution des
rôles et les stratégies de décision sont simplifiés. À cet égard, il y a une dif
férence fondamentale entre groupes formels et informels : une structure
formelle sous-entend efficacité et productivité (des décisions optimales)
pour justifier son existence tandis que, dans une structure informelle, la
cohésion du groupe est prioritaire et des décisions satisfaisantes peuvent
suffire (Hilton et Catanbous, 2005). En conclusion de notre étude, on pour
rait ainsi affirmer que la prise de décision dans le GA est davantage effi
cace socialement que fonctionnellement, et reprendre Cova (1 995), pour
qui «le lien importe plus que le bien».
D É C I S I O N S E T C O M P O R T E M E N TS T O U R I ST I Q U E S
;
4 . I M P LI C A T I O N S M A N A G E R I A L E S
Nous pouvons dégager des deux études de cas q ue nous venons d'ex
poser toute u ne série de suggestions pou r les entreprises actives dans le
domaine du tou risme et des loisirs. En général, les clients de ces entre
prises devra ient être considérés comme des groupes et non seulement
comme des individus pa rce que : (1) la plupart du temps, le PPD est u n
processus commu n a uquel pa rticipent plusieurs personnes (deux pa rte
n aires, des parents et leurs enfa nts, des amis) et (2) l'interaction sociale
est l'un des motifs principaux pou r les activités de loisirs et de voyage.
Les membres d'u n groupe aiment profiter de la «fièvre du samedi soir»
ou du «soleil des tropiques», pou r se retrouver et partager des activités.
En conséquence, les opérateurs tou ristiques devraient écouter les besoins,
les attentes et les préférences du groupe (et pas seulement des individus),
et essayer de comprendre l'influence pa rticulière de certains membres du
groupe sur les décisions· prises. De la même ma nière, des valeurs liées a u
groupe, tell.es que l'amitié, l a complicité o u l a confiance, pourraient être
employées dans les messages de communication.
Les motifs, les contraintes et les modes de décision sont différents da n s
u n couple, da ns u n e famille et da ns u n groupe d'amis. Les stratégies et les
outils ma rketing mis en œuvre par les entreprises devraient être adaptés
en conséquence. Da ns les familles, les ma rketeu rs devraient essayer d'at
teindre soit le conjoint, soit la conjointe, selon le rôle joué par chaque
partenaire da n s le PPD (voir le tableau 4.3) . Les organisateurs de voyages
devraient développer des forfaits familia ux a vec des prix«ail-inclusive» et
des produits adaptés à la structure changea nte de beaucoup de ménages
(pa r exemple, un parent + deux enfa nts). Des tou r-opérateurs spécialisés
tels qu'OPF (« One Pa rent Family») en Angleterre ou Se/ectour en Fra nce
don nent de nos jours l'occasion a ux ménages monoparenta ux (ou a u x
familles dan s lesquelles seul u n p a rent peut s e permettre des vaca nces,
pa rce que l'a utre conjoint travaille) de voyager da ns de petits groupes
orga n isés, afin de partager leu r expérience de vaca nces avec d'autres
mé_nages qui con naissent u ne situation semblable, et de ne pas être seuls
pou r s'occuper des enfants pendant les vacances. Ces tou r-opérateurs
adaptent leu rs offres selon les critères de choix qui sont habituellement
utilisés par de tels ménages : par ex., la proximité d'une plage, des activités
adaptées à chaque classe d'âge (les miniclubs . . . ), un logement approprié
avec des prix spéciaux (les enfa nts peuvent séjourner gratuitement da ns la
même chambre), etc.
Da ns les groupes d'amis, les entreprises devraient identifier les leaders,
«ciments a ffectifs» ou initiateu rs des projets; cela permettrait d'orienter
les efforts de commu nication et de distribution vers ces leaders. Ceux-ci
pourront ensuite tra nsmettre les messages au groupe, via un bouche à
oreille en situation réelle ou virtuelle. Naturellement, cette identification
sera plus aisée da ns des groupes formels que dans des groupes informels.
Dans un groupe formel, tel q u ' u n club de sport ou une association eu /tu-
FA CTE U R S D ' I N F L U E N C E I N T E R P E R S O N N E LS
11!1
relie, les responsables peuvent être facilement identifiés sur base d'an
nuaires ou de répertoires, et être touchés par des actions de marketing
direct ou de vente personnelle. Dans les groupes informels, des événe
ments devraient être créés et communiqués par les médias de masse, pour
que les membres se rencontrent et partagent des activités de loisirs et
de voyage. Certaines sociétés ont déj à entrepris des initiatives dans cette
direction. Dans le projet de Coca-Cola « Créez votre fête» , des groupes
de deux à quatre amis ont été invités à décrire la fête de leurs rêves et à
gagner une chance de la vivre réellement. Plus de 45 000 propositions ont
été récoltées en ligne et considérées par un jury ! La compagnie aérienne
SN Brusse/s Airlines offre régulièrement des pass spéciaux pou r groupes
d'amis Ueunes), à des prix très intéressants. Dans tous les cas, les prati
ciens doivent être attentifs à la mesure des attentes et des préférences
g roupales parce que, com me nous l'avons dit, les variables de groupe peu
vent différer des variables personnelles et ne pas en représenter la simple
addition. L'adaptabilité devrait également être prise en considération. En
effet, de nombreux touristes sont impliqués, avec des besoins et des désirs
différents, dans plusieu rs projets et plusieurs U PD en même temps ; ils ne
devraient donc pas être mis dans des segments exclusifs. En outre, le timing
promotionnel devrait être adapté selon les UPD de vacances, en offrant,
par exemple, des réductions aux familles qui réservent leu rs vacances très
tôt et des offres de dernière minute aux couples ou aux groupes d'amis.
, ,
R E F E R E N C E S B I B LI O G R A P H I Q U E S
I N T R O D U CT I O N
Les attentats d u 1 1 septem bre 2001 ont causé b ien des remous écono
m i ques et pol itiques. Ils ont également freiné les élans de déplacement
et de découverte de bon nom bre de clients de tour-opérateu rs, de l i g nes
aériennes, d'hôtels, de parcs d'attraction ou de m usées. La crise financière
de 2008-2009 a éga lement fortement perturbé l'activité économique et
touristique en créant un clim at morose, dans lequel de nombreuses per
sonnes ont perdu leurs revenus, leur m aison ou leur emploi. Ces deux
exemples récents, caractérisés par l es p i res p_ériodes de décroissance d u
tourisme mond ial depuis 50 a ns, témoignent d e l a forte sensib i l ité du tou
riste consommateur à son environnement, en l'occurrence ici le contexte
géopolitique et économique : i l est d ifficile de fai re voyager une personne
qui ne sent pas en sécurité, ou qui n e d ispose plus de moyens financiers.
De mani ère p l us large, ces exemples montrent l a nécessité de p rendre en
com pte l es variables contextuel les pour m ieux comprendre la consomma
tion de voyages et de vaca nces. C'est p récisément l'objet de ce c i nquième
chapitre. Comme l ' i l l ustre l a fig u re 5 . 1 , nous a l lons passer e n revue succes
s ivement les pri ncipaux facteurs géographiques, pol itiques, économiques,
socioculturels et technologiques qui i nfluencent les comportements tou
ristiq ues. Comme nous a l lons le montrer, ces facteurs sont l iés à certai nes
tendances q u i vont remettre en q uestion q u i sont les tou ristes, ce qu'ils
achètent et comment i l s l 'achètent. Cependant, ces changements de com
portement seront p rogressifs p l utôt que radicaux et leur i ntensité variera
selon les pays, les segments de marché et les secteurs touristiques.
5¼fi l t5 • 41hr
D É C I S I O N S E T C O M P O RT E M E NT S T O U R I S T I Q U E S
Facteurs Facteurs
géograph iques politiques
Comportement Facteurs
du touriste économiques
Facteurs Facteurs
technologiques socio-culturels
/
1 . F A CT E U RS G E O G R A P H I Q U E S
Les premiers facteurs à avoir une influence sur les préférences et les com
portements touristiques sont les facteu rs climatiques et géographiques.
Qua nd on interroge les vacanciers sur la raison principale pour laque l l e
ils partent, une majorité répond « pour avoir du soleil» o u « pour voir la
mer». Pour beauco up, le dépaysement entre l'ici et l'ailleurs, nécessaire
dans un voyage, est j ustifié en grande partie par un climat ou une géogra
phie différents. Ainsi, une étude récente s u r les facteu rs d'influence de la
demande touristique en Wa llonie (OTW, 2009) a montré que les va riables
«jours de vacances» des marchés émetteurs et «température moyenne»
en région wallonne (Belgique) sont les variables les plus inf l u entes sur l a
fréquentation de l'hébergement e t des attractions touristiques . Ainsi, u n
degré d e température moyenne s u pplémentaire a ugmente la fréquenta
tion mensuelle dans l'hébergement de 24 558 nuitées et la fréquentation
mensuelle des attractions de 23 545 entrées.
1 .1 C H A N G E M E N TS C LI M A T I Q U E S ET P O LI T I Q U E S
E NVI R O N N E M E NT A L E S
1 .2 C O N S É Q U E N C E S S U R L E S C O M P O RT E M E NTS
TO U R ISTI Q U E S
2 . F A CT E U R S P O LI T I Q U E S
2. 1 LI B R E C I R C U L A T I O N D E S B I E N S E T
DES P E RSON N ES
2.2 T E R R O R I S M E E T F O R M A LI T É S D O U A N I È R E S
2 . 3 C O N S É Q U E N C E S S U R L E S C O M P O R T E M E N TS
T O U R I ST I Q U E S
Les tou ristes n o u r isse nt u n senti ment croissant d ' i nsécu rité lorsq u ' i l s voya
gent, nourri par les attaq u es terroristes s u r l es to uristes ou dans les des
tinations tou ristiq ues. Cette perception d ' u n d a nger est a m p l ifiée par les
médias. Cepend a nt, le p l u s souvent, e l l e a u n e d u rée de vie assez courte.
Ai nsi, par exemple, u n e étude aux Pays-Bas a montré que l es baisses de
fréq u entation touristique l i ées au terrorisme o u aux catastrophes natu
re l l es ne se ressenta ient que sur une période de trois m o is (Origet du Clu
zea u et Vicériat, 2009).
Les touristes sont de plus en plus sensi bles a ux q uestions de sécurité et de
santé dans leurs choix de voyage. L' image des destinations réceptrices sera de
plus en plus l iée à ces aspects. Pour se rassurer, le touriste ressent un besoin
croissant d'identifier le prestataire de services; on peut donc s'attendre à
u n e montée en pu issance ·des marques et des opérateurs g lobaux (l ignes
aériennes, chaînes hôtelières et de restauration), qui rassurent le consom
mateur et l u i permettent de retrouver un « chez-soi » tout en étant a i l leurs.
Les touristes peuvent voir l e u rs reven us d ispon i bles pour leurs a ctivités de
loisirs et de tou risme d i m i n uer, s'ils payent p l u s de taxes et d ' i mpôts.
,
3 . F A C T E U RS E C O N O M I Q U E S
3.1 S I T U A T I O N D E L A D E M A N D E T O U R I ST I Q U E
M O N D I A LE
' 1 65,7
k
1 5, 5 1 7,9 6, 5
268,2 1,1 1 05,2 26,3
458,4 7,1 260, 1 23,4
697,4 7, 1 475,3 4,5
693,0 - 0, 6 463, 1 - 2,6
801 , 0 · 1, 1 679 7, 1
880 • 4, 3 852 -9,6
Turquie
25,5
3 . 2 F A C T E U R S D ' I N F L U E N C E D E LA D E M A N D E
T O U R I ST I Q U E
3 . 3 C O N S É Q U E N C E S S U R LE S C O M P O RT E M E NTS
T O U R I ST I Q U E S
4. f A CT E U R S S O C I O C U LT U R E LS
4. 1 LA C U LT U R E
Influences:
• Groupe ethnique
• Race
• Religion
• Identité régionale ou nationale
l
,-----------,
Physique/M atériel :
Abstrait/Comporte mental:
• Valeurs • Artefacts/objets
• Normes • Produits/marques
• Rituels • Technologie
• Symboles • Infrastructure
Connaissan.ce
de l a destination*
Photos
P!âhrfication
lnteracti. on sociale +
Même s'il existe des différences cultu relles entre touristes, certains aute u rs
ont mis en lumière des traits comm uns entre tous les vacanciers, quelle que
soit leur culture d'origine. Selon ces auteurs, « une culture tou ristique »
prend progressivement le pas sur « une culture nationaliste » (Pizam et
Jeong, 1 996). Selon Pizam et Jeong ( 1 996), les pays dont viennent la plu
part des touristes sont caractérisés par un niveau de vie et une croissance
économ i q ue élevés, une tendance à l'homogénéisation des revenus, une
population urbaine considérable, des économies de marché et la prédo
m inance des médias de masse. De Vulpian ( 1 989) met en exergue d'autres
caractéristiques comm unes aux sociétés européennes, japonaises et amé
ricaines : elles subissent des mutations i mportantes (mentalités, habitudes,
structures, règlements. . . ) ; elles se tiennent à distance de la tradition ou
veillent à inscrire les valeu rs traditionnelles dans la modernité, de manière
à les rendre moins oppressantes et sclérosantes ; les différentes cultures
sociales deviennent plus homogènes et les différences nationales tendent
à s'estomper. En conséquence de ces changements, les différences entre les
consommateurs des pays industrialisés s'affaiblissent. Par exemple, le petit
déjeuner continental et le fast-food se généralisent des deu x côtés de l'At
lantique. Les espadrilles et les tongs des jeunes Européens et Américains
sont également portées par de jeunes Indiens ou Japonais. Les touristes
français, canadiens et a ustraliens se croisent dans les mêmes hôtels, les
mêmes restaurants ou les mêmes attractions.. Dann ( 1 993) va jusqu'à sug
gérer que la culture (ou la nationalité en l'ocurrence) n'est pas un déter
minant i mportant des comportements touristiques. La mondialisation, la
nature cosmopolite des sociétés émettrices de touristes et le caractère plu
raliste des sociétés réceptrices font q ue la culture perd de sa pertinence
comme critère d'explication des différences entre vacanciers. Dann en
arrive à la conclusion q ue « le tourisme est maintenant et pou r de bon un
phénomène vraiment global dans les mains d'entreprises m u ltinationales,
q u i prêtent une attention limitée aux frontières nationales entourant
l'hôte ou l'invité [...] ; pou r cette raison, il devient plus approprié d'utiliser
des approches alternatives (fondées s u r la personnalité, les styles de vie,
les rôles, la classe sociale) à l'analyse du tourisme » (p. 1 08-1 09).
4.2 S o u s - C U LT U R E S
4.3 C L A S S E S S O C I A LE S
de ski en France ou en Suisse sont fortement conn otées par rapport à leu r
fréquentation socia le.
En conclusion, les facteurs socioculturels déc r its dans cette section et les
changements structurels qui les accompagnent ont, auj ourd' hui plus que
jamais, un impact sur les comportements touristiques. Se déclarer «citoyen
du monde», « nomade global» ou s'identifier à des sous-cultures (spiri
tuelles, ethniques, soci a les... ) change aussi le rapport au tou risme, sa
forme et sa finalité.
5 . F A CT E U R S T E C H N O LO G I Q U E S
5. 1 P R É S E N T A T I O N D E S P R I N C I P A U X F A CT E U R S
Last but not /east, les facteurs technologiques ont aujourd'hui une
influence indéniable sur les décisions et les comportements du touriste
consommateur. C'est l a raison pour laquelle un chapitre entier de ce l ivre
est consacré à l'influence des technologies de l 'information sur les compor
tements touristiques (chapitre 1 2). On a assisté ces trois dernières décen
nies à une accélération des progrès technologiques et à un emballement
des innovations dans de nombreux domaines. Internet représente bien
entendu la première de ces avancées, qui a permis un développement sans
précédent de l a communication et de la vente à distance. L'informatique
domestique est devenue de plus en plus performa nte, en termes de taille
et de portabilité (notebooks de 10 pouces et de moins d'1 kg), de vitesse
d'exécution et de communication à distance (téléconférence, Skype, etc.)
notamment. Le domaine de la téléphonie a également connu des inno
vations impression n antes, qui permettent aujourd'hui de contacter ses
proches sans connexion physique, où que l'on soit dans le monde (GSM ou
mobile tribande), de se voir en se téléphona nt (GSM de troisième généra
tion fondés sur les normes U MTS, dits « GSM 3G ») et d'intégrer de nom
breuses fonctions (écouter de la musique, prendre des photos, rédiger un
texte, etc.) liées traditionnellement à l 'ordinateur ou à l'appareil photo
(« smartphones »). Le monde de la télévision et du multimédia n'est pas
en reste avec, ici aussi, des innovations susceptibles d'influencer l'informa
tion dont nous disposons (télétexte, multiplication des chaînes captables
via la télédistribution, le câble de téléphone ou par satellite), la qualité
de l'image (passage au numérique et à la « 3 D », DVD Blue Ray) et du son
(home cinéma, SACD, systèmes surround), les facilités d'enregistrement et
d'interaction.
Comme avancées technologiques majeures, citons également le système de
géoloca lisation mondial, mieux connu sous le nom de G PS (pour «globa l
position i ng system»), qui permet aujourd'hui à un nombre sans cesse
croissa nt de consommateurs de se situer et de se laisser guider par satel
lite, quel que soit le mode de déplacement. Il ne faut certainement pas
- - - - - · -··-� �
lm D É C I S I O N S ET C O M P O R T E M E N T S T O U R I S T I Q U E S
5.2 C O N S É Q U E N C l:S - S U R L E S C O M P O R T E M E N TS
T O U R I ST I Q U E S
6 . I M P LI C A T I O N S D E C E S F A C T E U R S
Brési
Eùrope de 1
• Asfe etPacifiqhe
• A ·ph.is ldng terme : Amérique du
· sance économi q ue suffisante
• Distribution plus équitable de la richesse (nécessite lln
changement politique)
D É C I S I O N S E T C O M P O R T E M E N T S TO U R I ST I Q U E S
; ;
R E F E R E N C E S B I B LI O G R A P H I Q U E S
I N T R O D U CT I O N : LE C A M P I N G ,
,
U N E P R A T I Q U E TO U R I ST I Q U E A N C I E N N E
M A I S R E N O UVE L E E
,
1 . ETU D I E R LA P R A T I Q U E D U C A M P I N G
' ,
A T R A V E R S L A S O C I A B I LI T E
9
Source : INSEE, mai 201 0, disponible le 1 S mai 201 0 : http://www.insee.fr/fr/ffc/
ipweb/ip1 296/ip1 296.pdf.
10
Pour u n couple avec 2 enfants, le coût moyen d'une nuit sera de 9 euros pour
un terrain de camping 1 étoile, 10 euros pour un terrain de camping 2 étoiles,
14 euros pour un terrain de camping 3 étoiles et 20 euros pour un terrain de
camping 4 étoiles (Source http://www.ffcc.fr et Duperz et Coudert, 2004).
11 Les travaux existants sur le camping sont principalement issus d'initiatives anthro
pologiques, h istoriques et sociologiques. À notre connaissance, la littérature e n
marketing a laissé d e côté c e secteur de l'activité touristique.
C O N S O M M A T I O N S T O U R ISTI Q U E S
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D'autre part, nous avons mené des observations participantes in situ (le
chercheur est lui-même campeur) et non participante (le chercheur est
un observateur extérieur à la pratique du camping). En outre, des entre
tiens informels ont été réalisés avec la direction des campings et avec des
«résidents» , afin d'enrichir les entretiens déjà réalisés et de recueil lir une
parole des acteurs in situ. Enfin, dans une moindre mesure, le chercheur a
eu recours à la photographie, afin de cristal liser certaines pratiques pou
vant échapper à son œil. Le choix des terrains de camping observés a été
fait de man ière à obtenir une diversité en termes d'étoiles, de tail le et de
type d'abris «autorisés» (tableau 6.2).
LA P RA T I Q U E D U CAM P I N G
Cette première phase d'observation a été réa lisée e n Corse, e n août 2005. E l le a
consisté en une observation participante dans trois terrains de camping parmi les
201 campi ngs recensés en Corse (source : FFCC, juil let 201 0), sur une durée totale
de 9 jours, avec tenue d'un carnet de notes simultanément et consécutivement
à l'action. Le chercheur a ici pratiqué l'espace étudié et s'est inséré dans la vie
du camping.
• Le camping La Pietra (6 nuitées) :
- situé en Haute-Corse, à Pietraborbara, dans la partie nord de l'île (Cap Corse) ;
- sans étoîles, 40 emplacements de 95 m 2, équipement et services minimum
(machine à .laver, ravitail lement et a l imentation).
• Le camping Bella Vista (1 nuitée) :
- situé en Haute-Corse, à Calvi ;
- classé 3 étoiles, un terrain de 7 ha, 1 60 emplacements loisirs et 1 40 emplace-
ments nus, 1 0 chalets à la location, divers services (machine à laver; ravitaîlle
ment et a limentation, plats cuisinés, location de draps, barbecues a utorisés).
• Le camping Les Couchants (1 nuitée) :
- situé en Corse-du-Sud, à Casagl ione près d'Ajaccio;
- classé 3 étoiles, 1 20 emplacements, 8 locations, divers services (machine à
l aver, ravitai l lement et alimentation, plats cuisinés, Wifi, location de draps).
Une seconde phase d'observation, non participante cette fois, a été réalisée en
·août ;:006. Nous avons a insi mené une démi-journée d'observations dans deux
campings situés en «·zone estivale hautemenMouristique >L
Le (;)omaine des Pins de l a Lègue à Bagnole-sur-Mer :
· .département 83, près de Fréjus. La région Provence-Al pes-Côte d'Azur à
a·ccueil l i 1 82 800 campeurs en 2004, selon les chiffres de !'INSEE 2005, ce qui
, en fait l a seconde région de France en matière de camping, après le Lan
guédoc-Roussil_ ion ;
- êlêssé 4 étoiles, ayant la particularité de n'accueil lir que des abris séden-
tàires; bénéficiant d'un parc di: 3 000 emplacements12•
Le c'a mping La Coute l lière à Fontaine-de-Vaucluse :
- département 84, près d'Avign�n ;
- clc1s�é ,2 étojles, 1 03 !=mplacements, 1 P bcmga lows et mobile homes à fouer;
'bfnéficiànt q'une piscine, d'un tei;r,ai ri, de tennis et de tir à. l 'a rc, d'un bar
avec soirées animées (un dîner dansant par semaine), de deux blocs sani
taires/ un concours de boules par semaine.
12
Ce terrain est l'illustration même de la transformation de certain terrains de
camping en club de vacances. Les hébergements locatifs sont aujourd'hui très
présents sur les terrains de ca mping. L'étude réa lisée en 2000 par le cabinet M LV
Conseil estime à 87 000 un ités le nombre d'hébergements locatifs proposés par
les gestionnaires desdits terra ins. 60 % de cette offre correspond dans sa forme
C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q'U E S
'
2 . C O M M E NT E N VI E NT - O N A P R A TI Q U E R
LE C A M P I N G ?
2. 1 U N E T R A N S M I SS I O N I N T E R G É N É R AT I O N N E LLE
,, ,,
P R I V I LE G I E E
2.2 UN I M A G I N A I R E S O C I A L F O RT
C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q U E S
,-
(4) Enfin, l a convivial ité et la disparition temporaire des barrières
sociales, parce que le cam p i ng sous-entend une i ntégration dans u n
univers collectif. L e caractère popu l a i re, pl utôt dépréciatif, est exclu
des d iscours des enquêtés. À ce titre, les i nformants d e catégories
socioprofessionnel les plus élevées ne cessent de j ustifier le mélange
sociocu lture l sur le terra i n de campi ng, afin de s'extrai re d'une repré
sentation sociale q u i reste peu flatteuse.
3 . C O M M E NT LE S U S A G E RS
S ' A P P R O P R I E N T - I LS L A P R A T I Q U E
DU CAMPING ?
3.1 D I S C O U R S E T_ P..R A T I Q U E S : U N A N T A G O N I S M E
R ÉV É L A T E U R D ' U N E P R A T I Q U E I D É A L I S É E
Les informants inscrivent dans les termes « mobilité, nat u re, liberté » leu r
propre sens, même s i celui-ci est déco n necté d e la réalité sémantique d e
ces termes. En effet, l e campeu r v a opérer u n e transformation du sens
qu'il donne à ses actes et les objets vont l'y aider. Dans ce sens, la liberté
laisse place à un quotidien qui se réimpose .
« Le matin quand on se lève, bon Je plus tard qu'on se lève, c'est 9 h. À 9 h,
on va manger aussitôt. Après, on se lave et on va faire nos courses. Et. . . c'est
par exemple 9 h, le déjeuner; la vaisselle faite, tout est rangé. Après ça va
être midi, midi dix. Mais ça va pas plus loin . . . parce qu 'après, on est vraiment
trop en décalé. Et puis après, c'est 19 h, 79 h 7 0. Ça reste bon euh . . . on n 'est
pas à une demi-heure près : si on mange à 7 9 h 30, ça sera une exception,
c'est qu'on aura été quelque part.» (Chantal (cou ple), 57 ans, a i de-soigna nte
retraitée)
/ /
'
4 . LA C R E A T I O N D U N E S O C I A B I LI TE
I DY L L I Q U E
4. 1 LE S C O N D I T I O N S D ' A C C È S À LA S O C I A B I L I T É
13 L'espace est fréq uemment soumis à cette mise en forme bipolaire et a ntithé tiq ue
(Sansot et alii., 1 978) du privé et du public.
ml C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q U E S
A ; ;
4.2 U N E N C H EV E T R E M E N T D E D I F F E R E NTS R E S E A U X
SO C I A UX
terrain de camping. Les enfants vont souvent être moteur dans l'établ isse
ment de ces liens, ils font le pont entre les parents :
« Si y'avait pas eu les enfants, je pense pas que euh . . . on se serait connus. On
se serait dit bonjour, bonsoir mais c'est tout. » [Jea n n i n e, 66 a n s, retraitée,
a n c i e n n e a n i matrice Tupperware]
4 . 3 L A M I S E E N S C È N E D E L A S O C I A B I LI T É
La présence croissante des mobile homes sur les terrains de camping semble
être pour certains usagers un frein à la sociabilité. En effet, les mobile
homes bénéficient d'un équipement lourd (sanitaires, cuisine équipée),
qui supprime les moments potentiellement socialisants décrits ci-dessus.
Ainsi, nombreux sont les répondants qui ont à un moment ou à un autre
critiqué les individus « parqués » dans leurs mobile homes.
Les moments « culinaires » tels que l'apéritif ou les repas vont également
jouer un rôle majeur dans la mise en scène du lien social (Poulain, 2002).
Peu importe alors la qualité gastronomique de ce qui est mangé. La table
s'instaure comme un temps fort dans la pratique (Sansot et alii, 1 978).
Le repas ou l'apéritif sont encadrés par u n système normatif très précis.
Un système de dons et contre-dons, contenant la triple obligation de
donner, de recevoir et de rendre (Mauss, 1 925 [200 1 ]), s'exprime ici sous
la forme d'invitations et de retours d'invitations. Une économie de par
tage émerge, où chacun participe à son niveau. Les aliments deviennent le
support d'une transaction sociale. La nature de cette sociabilité est plutôt
hédoniste, légère et festive :
« On a organisé des apéritifs. Comme on a vait des p ersonnes de chaque
région, on avait des spécialités : comme à Serre, ma mère faisait des crêpes
du nord, le Marseillais de la soupe. On mettait des grandes tables, l'apéritif
LA P RA TI Q U E D U CA M P I N G
4.4 L E S S P É C I F I C I T É S D E L A S O C I A B I LI T É
Dans les activités de loisirs de leur temps quotidien ordinaire, les individus
multiplient les espaces de sociabilité (par ex., leurs associations sportives).
Pourtant, la sociabilité qui se développe sur le terrain de camping revêt un
certain nombre de spécificités.
Les liens sociaux établis dans le camping se limitent aux périodes de
vacances, avec une date de début et une date de fin. Pourtant, cela n'en
lève en rien à leur force et à leur sérieux. L a valorisation des relations
sociales qui se déroulent sur le terrain de camping se dégage des discours
de nos informants, notamment dans la force des mots employés par nos
enquêtés, par exemple « amis » ou « vraies amitiés ». Les interactions per
mettent de cristalliser un certain nombre de souvenirs, racontés ultérieu
rement comme des anecdotes. La sociabilité devient un moyen de combler
son temps libre comme toute autre activité, à tel point qu'elle se suffit à
elle-même.
C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q U E S
L a qual ité d u résea u socia l q u i s'est tissé a u cou rs d u séjour va cond itionner
la réussite du séjour. De même, les vacanciers regretteront le fa it qu'il n'y
a it pas eu assez de monde au sein du camping. La force des l iens sociaux
établis a u cou rs de la pratiq u e favorise l a fidé l ité ultérieure a u l ieu, sur
base d u prétexte de « l'occasion de se revoir». Un réseau relationnel stable
s'établ it d'une année à l'a utre, se prolongeant parfois pendant un nombre
d'années conséquent. On revient dans le même camping mais surtout à l a
même période, pou r espérer revoir les campe u rs d e l'année précédente,
ou a u moins avoir à faire a u même type de profil. À cet égard, Raveneau
et S i rost (200 1 ) émettent l'hypothèse que l a f idélité a u terra in de camping
est un moyen de réd u i re les incertitudes inhérentes a u changement.
La conna issance par les ca mpeurs d u terrain de camping leur garantit un
cad re de sociabilité stabl e et s û r. La force de la sociabil ité participe donc à
l a réduction de la mobi l ité géographique. En dehors des barrières d u ter
rain de camping, les réseau x socia ux s'évaporent et sont rend us complexes,
ca r chacun retrouve so11 quotidien. L'une de nos informantes [Ém ilie, 25
ans, étudiante], à qui il est déj à a rrivé de rendre visite à des habitués de
« son » camping, illustre par son discou rs le décalage qui existe entre le
camping et la vie « réelle », avouant aller « chez eux dans leur intimité,
dans leur monde à eux » a uquel elle n'appartient pas. Les contacts restent
donc exceptionnels.
« On ne se voit plus mais on continue à euh . . . on s'envoie toujours les vœux
quoi. » [J e a n n i ne, 66 a n s, retraitée, a n cienne a n i matrice Tupperware]
5 . I M P LI C A T I O N S E T C O N C LU S I O N S
Comme l'ind ique Sirost (2002, p. 49), le camping en tant qu'espace tou
ristique bal isé est « une joyeuse anarchie » dans les usages et les manières
d'habiter où tentes, caravanes, mobile homes et camping-cars se mêlent.
L'apport principa l de ce chapitre est de montrer qu' à l'intérieur de cette
anarchie se constitue une nouvelle sociabilité, en rupture et hors du cad re
quotid ien dans lequel s'inscrivent les usagers à l'extérieur d u camping.
Les résu ltats de notre étude laissent entrevoir de manière sous-jacente
une articulation et une convergence théoriques pa rticulièrement intéres
santes. Le camping occasionne un déracinement du quotid ien et néces
site donc, de l a part de l'usager, un réapprentissage d'habitudes imposées
pa r le cadre de vie a uquel il est sou m is. Pourtant, nous nous apercevons
que ce réapprentissage se révèle être davantage une transposition et u ne
LA P RA T I Q U E D IJ CA M P I N G
,,. ,,.
R EF ERE N CES B I B LI O G RA P H I Q U ES
I N T R O D U CT I O N
�
1 . P A N O R A M A D E L' H E B E R G E M E NT
T O U R I ST I Q U E
Le tou risme dans l ' U nion eu ropéenne a con n u une tendance moyen ne
croissante dans les années 2000. En 2000 et 2001, l'ind ustrie d u tourisme a
en registré de très bons rés u ltats ( 1 , 7 5 mil liard de n u itées dans les hôtels et
campings de l ' U E), dus à la conjonct u re écon omique favorab l e mais aussi
à des événements tels que l'An née sainte en Italie, l 'exposition u niverse l l e
de Hanovre . . . Les attentats du 1 1 septembre 200 1 e t la croissance éco n o
mique en plein ralentissement ont eu des retombées n égatives sur l'évo-
C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q U E S
1 . 1 F o c u s S U R Q U E LQ U E S P A YS
-
montagne, plaines, etc) et la richesse culturelle, historique et archi
tecturale. Les trois régions les plus touristiques sont l'Île-de-France, la
Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Rhône-Alpes. Les cinq sites culturels
les plus fréquentés sont le musée du Louvre, la tour Eiffel, le Centre
Pompidou, le château de Versailles et la Cité des sciences de la Villette.
Les cinq sites non culturels les plus visités sont Disneyland Paris, le parc
Astérix, le Futuroscope, le Puy du Fou et le zoo du Bois de Boulogne.
L 'A U TH E N T I C I TÉ TO U R I S T I Q U E : LE CAS D E S H ÉB E R G E M E N TS lm
1 .2 D É F I N I T I O N D E S D I F F É R E N T S TYP E S
D ' H É B E R G E M E N T T O U R I ST I Q U E
Pour l'OMT, «le tourisme est un déplacement hors de son lieu de réside nce
habituel pour plus de 24 heures mais moins de 4 mois, dans un but d e
loisirs, un but professionnel (tourisme d'affaires) ou un but sanitaire (tou
risme de santé)». Le tourisme regroupe un ensemble de secteurs d'acti
vités tels que le tra nsport, la restauration, les loisirs et l'hébergement, que
nous allons étudier ci-après.
1 .3 T E N D A N C E S D U S E CT E U R
,
2 . D E F I N I T I O N D E S C O N C E P TS
2.2 LE S D I F F É R E NT E S F O R M E S D E TO U R I S M E
A LT E R N A T I F
3 . ETU D E D E CAS
3 . 1 P RO B L É M A TIQ U E
L'essor· d u tourisme a uthentique, que l'on voit à l 'œuvre depuis plus d'une
diza i n e d'an nées, est sa ns précédent dans l'h istoi re du tou risme ; ce type
de tou risme se montre profondément attaché aux différentes formes de
« retour » (à la terre, à l a n ature, aux a nciennes va leurs, à la tradition, aux
racines, etc.). On constate u n i ntérêt de plus en plus vif pour les cultures
loca les et la sauvegarde du patrimoine (Franck M ichel, 1 995). Ces nou
veaux tou ristes doivent a l ler encore plus loin, dans des rég ions encore p l u s
reculées que le tourisme n'a pas encore dégradées, sal ies ou a bîmées. Le
touriste actuel man ifeste un i ntérêt croissant pour la nature et l'environ
nement et est de plus en plus préoccupé par le respect des h a bitants d u
pays q u ' i l visite et par l'éthique d e son voyage.
Le vacancier exprime a ussi davantage, ces dernières a n n ées, des envies
personnel les de nouvea uté, d'inattendu et de surprises. I l se veut exp l o
rateu r d'un monde vierge, réel et p u r, q u ' i l d écouvre de l ' intérieur. Pour
cela, il choisit des destinations et des p restataires proposant des voyages
conçus en harmonie avec les pop u l ations d'accue i l et le m i l ieu naturel .
Cette demande a up rès des profession nels d u tou risme a bo utit à l a com
mercial isation de circu its tournés vers « l'authentique », pour lesquels o n
choisit des desti nations naturel les, loi ntai nes et nouvell es. Cette offre
a uthentique apporte de la nouveauté et de l'aventure par rapport à la vie
q uotidienne citad ine.
Mais pourquoi certains touristes cherchent-ils a utre chose, q ue l q ue chose
de d ifférent ? Pou rquoi se détournent-ils de l a superfic i a l ité et des m ises
en scène ? Qu'est-ce que ces tou ristes recherchent réel lement dans ces
modes d 'hébergement a uthentiques ? Que vont-i ls expl o re r ? Q u i veulent
i ls rencontre r ? Que veu lent-i ls y vivre ?
3.2 MÉTH O D O LO G IE
Nous avons étudié les comportements et les motivations de vacanciers
séjournant dans deux sites local isés en région wal lo n ne. Nous avons pro
cédé à des observations participantes et à des i nterviews d 'acteu rs d u
marché tou ristique et d e vacanciers (dans u n v i l lage d e vacan ces et u n e
chambre d'hôtes). I l faut sou l igner que l'aménagement particul ier d u vil
lage de vacances étudié n'est n i sign ificatif ni représentatif d ' u n vil lage
de vacan ces tel que le C l u b Med, par exemple. Les vacanciers ne s'y trom
pent pas : « Ce domaine-ci� je ne dirais pas que c 'est un village de vacances,
c'est si tranquille. » M a l g ré son i nfrastructure permettant d'accuei l l i r plus
de 200 person nes, ses activités q uotidiennes, ses services facil itant les
vacances des visiteurs, le vil lage de vacances de notre étude ne rival ise pas
avec les géants d u secteu r.
--------····-· · --
C O N S O M M A T I O N S T O U R I S T I Q·U E S
La détente et le rep?s
La nature
Li dé�o�ve'rte de lil'région
Les motivati ons génériques sont valables pour tout type d'hébergement. La
rupture de la routine (voi r, faire, manger autre chose), la détente et le repos,
le contact avec la nature, passer du temps en famille ou avec ses amis... sont
des aspects que tous les touristes recherchent en partant en vacances.
L 'A U T H E N T I C I TÉ T O U R I S T I Q U E : LE CAS D E S H ÉB E R G E M E N TS ml
(5) Les amis: pour certains, les vacances sont faites pour se retrouver en
famil le, pour d'autres, les vacances sont un moyen pour retrouver les
amis (« on est venus ici parce qu'on voulait passer un petit moment
ensemble penda n t les vacances ») ou pour s'en faire de nouveaux
(« On commence à y connaÎtre les gens, on va toutes les années
là-bas, et c'est souvent les mêmes personnes qui viennent. On s'y fait
des amis »). Les vacances sont un endroit idéal pour faire des ren
contres. Tout le monde est beaucoup p lus détendu, p lus ouvert aux
autres, personne n'�st chez lui . . .
Une dame aimant beaucoup les chambres d'hôtes nous les décrit
comme uniques :
« C'est ça que j'aime aussi, ne pas sa voir dans quoi on va loger . . . enfin si,
on sait mais on ne sait pas comment sera la maison, la chambre, les pro
priéta ires, etc. C'est chaque fois différent. »
(4) Les activités : les vacanciers ne restent habituel lement pas très long
temps dans la chambre d'hôtes. Il s'agit plutôt d'une étape dans leur
voyage ou d'un week-end de détente. Ce n'est pas pour autant qu'ils
n'y font rien. Repos, musées, balades, restaurant . . . tout fait partie
de leur programme du moment que ce n'est pas trop touristique. Un
autre attrait des chambres d'hôtes est de ne pas s e retrouver dans
la foule des chaînes d'hôtel: on y est au calme, avec seulement une
petite dizaine de personnes à table.
(5) La découverte de la région : découvrir le pays et sa culture fait partie
des vacances. Une des vacancières ne voit ses vacances que du point
de vue de l'instruction, de l'apprentissage :
« Je pense que revenir de vacances plus instruite, c'est très important. Les
musées d'histoire de la région, des arts e t m étiers régiona ux, de la fa une
et de la flore du pays, etc. sont des trésors d'informations . . Je ne m 'en
lasse pas. »
C O N S O M M A T I O N S TO U R ISTI Q U E S
Les vacanciers aiment con naît re les h a b itudes de vie des autochtones
et partager leurs repas . I ls essayent d'éviter les zones touristiques afin
de découvrir des petits vil lages typiques, d'entrer d a n s des restau
rants région aux et de discuter un moment avec un « ga rs du coi n » . . .
3 . 4 l' A U T H E N T I C I T É
3.4. 1 . COMPARAISON DES D E UX SITES
Concernant l'authenticité qui se dégage des deux sites, nous remarquons
que l a chambre d ' hôte offre un hébergement apparemment p lus authen
t i que . Le fa it d'être accueilli dans la ma ison des propriétaires, de déjeuner
et de vivre quelques jours avec eux, le contact entre hôtes et propriétaires,
la convivia l ité entre les hôtes, la n ature environnante, toutes ces parti
cul a rités font de la chambre d'hôte un lieu de séjour p lus authentique.
Le v i l l age de vaca n ces l'est éga lement, m a i s dans une moi ndre mesure :
il est situé d a n s un v i l lage où règnent tra dition et terroir, l 'environ ne
ment est n aturel et de nombreuses activités sont fondées sur la décou
verte de la nature . . . Les vaca nciers peuven t donc y partir en vacances pour
se retrouver au calme, proche de la nature, pour visiter et découvrir une
région et une culture et se reposer dans un cadre de vie authentique.
la routine. Une habituée des chambres d'hôtes nous parle de cette authen
tici té :
« Ce sont plein de petites choses, de petits détails qui font tout le charme des
chambres d'hôtes. . . J'espère que ça restera toujours aussi con vivial, qu'on n'y
touchera pas... Il faut vraiment qu'ils gardent cette authenticité. Sinon, on
n 'aura plus rien de proche de la na ture, de calme, d'unique . . . Ça serait vrai
ment dommage. »
Ce qui est agréable pou r les vacanciers, ce sont les conseils que peuvent
donner les propriétaires sur la région : « Généralement, ils connaissent p a r
faitement leur région e t nous conseillent quant aux découvertes à fa ire. »
Les vacanciers prennent plaisir à écouter les propriétaires leu r parler de la
région, des coins à visiter, des pièges à touriste et, la plupart d u temps, ils
prennent en compte ce qu'ils ont entendu. Le propriétaire est souvent une
des premières personnes locales que l'on rencontre pendant les vacances.
4 . I M P LI C A T I O N S E T C O N C L U S I O N
4. 1 I M P LI C A T I O N S M A N A G É R I A L E S
Les villages de
vacances
Les chambres les hôtels
j
d'hôtes
Visiteurs
le camping
Maturité / le glamping
/ C
Ventes
Temps
Profits
14
Voir le site www.slowtrav.com .
L 'A U T H E N T I C I T É T O U R I S TI Q U E: : LE: CA_S D E S H ÉB E R G E M E N TS
thè mes : cure pour cadres stressés en Inde, plongée avec les dauphins au
Mexique, pratique du golf au Maroc, villages pour célibataires ...
La diffé rence essentielle entre le village de vacances et la chambre d'hôte
est la capacité d'hébergement du site. Le village de vacances a u ne grande
capacité d'accueil comparativement à la chambre d'hôte. De cela décou
lent de nombreuses différences : le niveau d'accueil ne peut être le même;
il est impossible d'accueillir des centaines de personnes aussi chaleureu
sement qu'une dizaine. La relation entre le gérant du village de vacances
et les vacanciers et celle entre le propriétaire de la chambre d'hôte et ses
hôtes n'est pas la même. En effet, le propriétaire de la chambre d'hôte
accueille les vacanciers chez lui, dans sa propre maison. La convivialité
entre les vacanciers diffère : il est plus facile de faire con naissance avec des
gens lorsqu'on prend tous les matins le petit-déjeuner avec eux que si on
les croise de manière sporadique.
La taille des domaines fait varier également l'intimité du lieu : se promener
dans le jardin de la chambre d'hôte est plus i ntime que traverser les vastes
plaines de jeux ou les activités sur-fréquentées du village de vacances. La
gastronomie proposée par les gérants est sensiblement différente : les
petits-déjeuners des chambres d'hôtes sont composés de produits typique
ment régionaux, tandis que les repas proposés au restaurant du village de
vacances sont des menus standardisés susceptibles de plaire au plus grand
nombre. Les exemples sont encore nombreux. La somme de ces différences
provoque une perception d'authenticité différente.
L'authenticité dégagée par les 2 sites peut être perçue grâce aux retom
bées importantes de ces hébergements à différents niveaux :
Les impacts économiques directs et indirects de deux types d'héberge
ment sont importants. Les frais des travaux de restauration et d'entretien
des domaines touristiques profitent aux entreprises locales. Les locations,
repas, transports et autres consommations des vacanciers constituent
un apport financier important, parfois vital pour la région. Le tourisme
permet d'attirer des vacanciers dans u ne région peu touristique. Ceux-ci
visitent des musées, vont au restaurant. . . et font vivre la région.
En termes sociaux, les hébergements maintiennent et assurent le dévelop
pement d'emplois directs. Ils emploient des jardiniers, animateurs, femmes
d'ouvrage, comptables . . . Le tourisme renforce les contacts entre proprié
taires, avec les voisins, les commerçants du village, les restaurateurs de la
région . . . Il permet également de fixer la population dans le village, de le
dynamiser et d'éviter ainsi la «désertification » des régions rurales, même
si le village de vacances emploie souvent des saisonniers.
/Concernant l'écologie, la chambre d'hôte étudiée prend grand soin de l'en
viron nement, grâce à son parc. Contre toute attente, le village de vacances
pfopose de faire découvrir la nature aux vacanciers. Les deux héberge
rlJ_ents procurent en quelque sorte un tourisme alternatif aux concentra
tions connues sur les zones côtières ou les cités de villégiature. I ls permet-
ll1ll"!P'II
&1,;1;,111 C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q U.E S
4.2 C O N C LU S I O N
Grâce à cette étude, nous savons mieux pourquoi les touristes voyagent
et partent en vacances. Les motivations touristiques sont innombrables.
Citons, par exemple, le dépaysement, la proximité avec la nature, la
dét�nte, le temps passé avec les enfants, la rencontre d'amis . . . Pour la plu
part, ces motivations naissent souvent de la nécessité de vivre bien ce que
l'on vit mal (ou pas) chez soi, durant l'année, parce que la vie est parasitée
et polluée par des contraintes familiales, sociales, professionnelles, finan
cières ou domestiques. Cela implique donc une meilleure connaissance des
autres et surtout de soi-même. Les vacances permettent de se retrouver,
d'être la personne qu'il est impossible d'être durant l'année. Elles permet
tent également de découvrir ou même de retrouver les autres et leurs
régions, leurs manières de vivre. . . si différentes des nôtres. Les touristes
recherchent un monde alternatif au leur, un monde authentique. -
,
L'authenticité de l'expérience touristique a deux facettes. D'une pa rt, on
trouve l'authenticité de l'expérience et du ressenti personnel, que ce soit
individuellement (relaxation, ressourcement auprès de la nature) ou dans
la relation avec le ou les compagnon(s) de voyage (ami, conjoint, famille)
L 'A U T H E N TI C I TÉ TO U R I S TI Q U E : LE CAS D E S H ÉB E R G E M E N TS
œ
,, "
R E F E R E N C E S B I B LI O G R A P H I Q U E S
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C O N S O M M A T I O N S T O U R I ST I Q U E S
I N T R O D U CT I O N
15
Ce chapitre est basé sur le mémoire de fin d'études de Degroote (2009).
C O N S O M M A T I O N S TO U R I ST I Q U E S
, ,
1 . L E S D I F F E R E N T S TYP E S D ' H E B E R G E -
M E N T T O U R I ST I Q U E N O N M A R C H A N D
1 .1 L ' A U B E R G E D E J E U N E SS E
1 .2 L ' H É B E R G E M E N T C H E Z D E S P A R E N TS ET D E S A M I S
1 .3 L ' É C H A N G E D E M A I S O N S E T D ' A P P A RT E M E N TS
1 .4 LE C A M P I N G S A UVA G E
7i
C O NSOMMA T I ONS TOUR I STI Q U E S
,, '
2 . LE P H E N O M E N E D U C O U CHS U R F I N G
2. 1 D ÉF I N ITION
2.2 H I STO R I Q U E
2.4 G E ST I O N D U S I T E
2 . 5 P RO F I L D E S COUCHSURFERS
P a v s-Bas -
Brésil -b-
Espltgne �
..:::.. u-:.traliE- .�
-;
Italie -
C an a d a •---
Ro 1,:au1ne-Uni
-!
France
.i:.llernagne
E ta ts -Unis . - . ---- ----- ---- -- f
0 100 200 300 400 500
Il apparaît également que le couchsurfing est pratiqué aussi bien par les
hommes que par les femmes, avec légèrement plus d'hom mes (5 1 %) que
de fem mes. Il est pratiqué le plus souvent p_a r des person nes voyageant
seules. Les statistiques du site montrent que 7 % sont des g roupes de deux
ou plusieurs personnes, soit des couples, des g roupes d'amis ou encore des
familles. L'â ge des couchsurfers _se situe en majorité entre 18 et 29 ans,
l'âge moyen étant de 27 ans. Il y a néanmoins des couchsurfers de tout
â ge, la tranche d'âge la plus élevée se situant entre 80 et 89 ans, avec
350 membres (en mai 201 0).
D'après une enquête menée auprès de 3 000 membres (Bialski, 2007),
c'est le développement de soi (apprendre davantage sur soi-même et sur
le monde qui nous entoure) qui constitue la principale motivation des
couchsurfers. Les rencontres et la possibilité de visiter des sites intéressants
représentent deux autres incitations i mportantes.
�
3 . L E S R E S E A U X S O C I A U X E T LE T O U R I S M E
P A RT I C I P A T I F
3.1 L E S R É S E A U X S O C I A U X E T LE T O U R I S M E
cette ma n ière. Ces échanges, q ui se prat i q u e nt dans la vie de tous les j ours,
se reproduisent et sont souvent amplifiés lorsq u'il s'ag it de résea u x soc i a ux
vi rt u e ls. G râce a u x méd ias soc i a u x 1 7, les interna utes pe uvent créer, e n rich i r
e t éch a n g e r d e s i nformations s u r l e conten u du web et, depuis l'appa rition
d'I nternet, la diffusion de i e u rs échan ges touch e une ci ble extrêmement
large, voire mondi a le (Mora nd, 2008). « D a ns le tou risme, cela correspond
a u x avis, conse i ls et " tuya ux " q u e les voyag e u rs du monde entier s'écha n
g e nt sur les d esti n ations, !es bon nes adresses d'hébergement et de resta u
ration, les " pièges à touristes " à évite r » (Fabry, 2008, p. 1 3) . En effet, les
i nternautes font évoluer le conten u des pages web en la issant des com
menta i res, des avis s u r les hôtels ou les rest a u ra nts q u'ils ont fréq uentés,
les activités q u'ils ont faites . . . a i nsi q u e des photos et vidéos q u'ils par
tagent. On peut rema rq uer q u e les évaluations et les comme nta i res des
consommateurs disponibles s u r les sites de réseaux sociaux virt u e ls font
désormais part i e des critères d'achat et de décision pour les séjours et les
hébergements tourist i q ues. Les pri ncipaux supports disponibles sont les
communa utés v i rtuelles--(comme CouchSu rf i n g), les blogs de voyag e et le
«wi ki » de voyage, où ch a q u e utilisateur collabore au contenu de la page
web en ajoutant ses i nformations, ses opi n ions, ses commenta i res . . . (citons
par exemple TripAdvisor) .
D'u n poi nt d e vue économ i q u e, les communa utés q u i partagent l es mêmes
centres d'i ntérêt présentent certa i ns atouts. Elles stimulent le bouche à
oreille, q u i est un très bon c a n a l de comm u n ication ca r la promotion est
effectuée perso n n ellement pa r les consommateu rs. De plus, les membres
des comm u n a utés parra i nent d es amis ou des con n a issances pou r q u' i ls
fassent eux a ussi partie de la communa uté, ce q u i amène u n e croissance
natu relle du résea u . D'u n point de vue ma rketing, créer des sites com
m u n a uta i res représente donc u n e réelle opportun ité pour promouvoi r
et vendre des produits tourist i q u es via le web 2.0 (Fabry, 2008, p. 12- 1 8) .
L'exemple d e Facebook montre a ussi l'i n flu ence des réseaux soci a ux s u r
l e tou risme. li a g it e n effet comme u n out i l de diffusion d'expériences de
voyag e, de conseils provenant de con n a issances ou d'amis en q u i l'on a
confiance. Les réseaux d'amis vi rtue ls exercent donc u n rôle important e n
i nfl_u ençant les décisions d e voyag es (Péloq u i n, 2007) .
U n a utre aspect important q u'offrent les communa utés virtuelles, selon
Morand (2008), est l'opportu n ité de part a g e r les émotions q u e les voya
g e u rs ont ressenti es. Avec le partage de photos et de vidéos en ligne, les
moments de pla isir et de joi e du voya ge sont prolongés. Cela permet a ux
professionnels du tourisme de mettre en œuvre des actions pou r pro
mouvo i r le u rs prod u its en proposa nt, par exemple, des reportag es sur les
différents séjours q u e d'autres voyageurs ont vécus. Le cata log u e tou ris-
17 Les médias sociaux sont des outils qui permettent le partage et la rencontre
sur Internet. Ils comprennent les outils de publication avec des plates-formes de
blog ; les outils de partage de vidéos (YouTube, Dailymotion) ; les outils de discus
sion (forums, MSN, Skype) ; les plates-formes de réseaux sociaux (Facebook) ; les
u n ivers virtuels (Second Life) . .
N O U VE LL E S TE N DA N C E S D E C O N S O M MA T I O N T O U R I S TI Q U E
3.2 LE T O U R I S M E P A R T I C I P A T I F
,
4 . D E S C R I P T I O N M E T H O D O LO G I Q U E
,
D E L' ETU D E
Afin de comprend re les motivations des touristes ainsi que leurs percep
tions, attitudes et comportements à l'éga rd du couchsurfing, une étude
empirique qualitative a été réalisée. Tout d'abord, des entretiens semi
structurés en profondeur ont été effectués sur un éch antillon de 20 couch
surfers, en qualité d 'hôtes ou d'invités. L'écha ntillon est va rié, tant au
niveau des profils que des âges. E nsuite, nous avons mené une série d'ob
servations pa rticipantes pour tria nguler les données des interviews en
expérimentant le couchsurfing d a n s des lieux différents et en pa rticipant
à diverses activités liées au couchsurfing. Enfin, nous avons collecté et ana-
œ C O N S O M M A T I O N S TO U R I ST I Q U E S
lysé des messages postés sur les forums et les blogs relatifs a u site Couch
Surfing (www.couchsurfing .com) .
L'a n alyse des don nées a été fondée sur l'approche de la « g rounded
theory », qui consiste à déve lopper des théories à partir du terra i n, de
ma nière inductive. Elle produit u n ensemble de concepts qui émergent
des don nées recueillies et a nalysées de ma nière systématique et compa
rative (Strauss et Corbin, 1 990) . L'étude a ainsi permis de cerner le profil
type du participa nt au couchsurfing, de mettre au jour les motivations et
freins à la pratique de cette forme de tourisme et d'établir une typologie
des couchsurfers. N ous présentons les principaux résultats dans cet ordre.
5 . P R O F I LS E T C O M P O RT E M E N TS
D E S C O U CHSU R F E R S
Les couchsurfers sont généralement jeunes. Ils sont plus libres, p lus aptes
à dormir sur un simple ca napé et ils se soucient moins du confort. Ils voya
gent souvent seuls ou en couple; le fait d'être seul ou à deux permet
une g rande liberté de mouvement et facilite l'accueil de l'hôte. Enfin, il
faut n oter que les couchsurfers a p partien nent généralement à une cl asse
moyenne qui ne dispose pas de g ra n ds moyens financiers.
Leur principal trait de perso n n a l ité est l'ouverture d'esprit et l'ouver
ture aux autres. Ils n'ont pas peur de rencontre r des individus différents
d'eux. Certains parlent même d'un état d'esprit commun qui les rassemble
et n'existe pas chez les autres, ce qui facilite la communication entre les
membres, comme l'explique Louise :
« Nous avons quelque chose en commun, un certain état d'esprit qui est
commun à tous les couchsurfers et nous rapproche, car nous avons bea ucoup
de choses en commun, la même menta lité. Nous sommes ouverts et nous
n 'a vons pas peur d'ouvrir notre maison à des étrangers. »
L
elle dépend de ceux qui accueil lent et de ceux qui voyagent. Ce type de tou
risme est donc très personnalisé et c'est ce qui constitue son atout.
Les individus pratiquant le couchsurfing partagent souvent les mêmes
centres d'intérêt. Beaucoup se soucient des problèmes de la société, du
développement durable, de l'écologie, etc. Ils pensent à la consommation
et ils ne veulent plus du tou risme habituel dans des hôtels « de masse »
imperso nnels . I l s souhaitent retrouver un peu plus d'authenticité et,
N O UVE LL E S T E N DA N C E S D E C O N S O M MATI O N T O U R I S TI Q U E
6 . L E S M O T I VA T I O N S
E T F R E I N S D E S C O U CHSURFERS
6. 1 LE S M O T I V A T I O N S D E S C O U C H S U R F E R S
A
E T D E LE U RS H OT E S
6. 1 . 1 . MOTIVATIONS D ES COUCHSURFERS
Quelles motivations con duisent des touristes à pratiquer le couchsurfing, à
titre d'invités ou d'hôtes ? Du côté des invités, les couchsurfers sont d'abord
motivés par des raisons financières. Ce mode d'hébergement a l'avantage
■
•
d'être g ratuit ; il permet donc aux couchsurfers d'épargner le coût du loge
ment, qui constitue souvent une part im portante du budget consacré aux
•
voyages. Le gain financier est une des raisons citées comme étant à l'ori
g i ne de la première expérience de couchsurfing. Cependant, par la suite,
d'autres motivations poussent les couchsurfers à renouveler l'expérience.
•
façon authentique. En revanche, être logé chez l'habitant est un moyen
•
N O U VE LL E S T E N DA N C E S D E C O N S O M MATI O N T O U R I ST I Q U E œ
La seconde motivation qui les conduit à accueil lir des couchsurfers chez
eux est d'avoir de la compag nie. Les invités de passage amènent plus de
vie dans leur ma ison. Il s'agit souvent d'hôtes qui sont seuls chez eux, ou
juste à deux. Ensuite, pour certains hôtes, accueil l ir des voyageurs étran
gers permet de découvrir des pays, des régions et des cultures inconnues.
Ils voyagent ainsi «par procuration», sans sortir de leur domicile. Il arrive
fréquemment que les hôtes offrent a ussi l'hospital ité en réciprocité à celle
qu'ils ont reçue lors de leurs voyages précédents. Les répondants ont sou
ligné le fait qu'i l s ont profité en quelque sorte du système en voyageant
chez l 'habitant et, en retour, i l s désirent eux aussi ouvrir leurs portes à des
incon nus. I l ne s'agit pas nécessairement d'un échange avec les mêmes
personnes, mais simplement d'un échange au sein de la communauté des
couchsurfers. Enfin, l a dernière motivation i nvoquée est la fierté de faire
découvrir leur pays, de montrer les atouts de leur région, les traditions
culturelles, les spécia lités cul i naires, etc. Les hôtes s'improvisent souvent
guides d'un jour en a l lant ?tvec leurs invités visiter à la fois les endroits tou
ristiques, mais aussi et fürtout des lieux typiques où aucun touriste ne va
et qu'ils considèrent comme plus «authentiques ». Un tableau de synthèse
des motivations que nous venons de décrire est présenté ci-dessous.
·,_
5. Convivialité
j <·
6. Facilité · grâce
à la prise en'
charge par
l'hôte
7. Dépaysement 3
TAB. 8.2 - Synthèse des motiva tions des couchsurfers et des hôtes
N O U VE LLES T E N D A N C E S DE C O N S O M MA T I O N TO U R I S TI Q U E
œ
6.2 LE S F R E I N S D E S C O U CH S U R F E R S E T D E LE U RS
A
H OT E S
Le troisième obstacle est la mésente nte possible avec les hôtes. Il est diffi
cile de vivre des expériences agréables et profitables si le courant ne passe
pas bie n entre l'hôte et le couchsurfer. Étant donné que person ne ne se
con naît auparavant et que les seuls contacts préalables sont des e-mails et
la vision d'un profil person n el sur le site Internet, il n 'est pas possible de
s'assurer que la bon n e entente sera au rendez-vous.
Le second frein est le risque d'incom patibilité avec les invités . Comme pour
les couchsurfers, la possibilité de mésentente avec les invités est u n facteur
qui rend les hôtes réticents à l'idée d'héberger des couchsurfers. L'hôte qui
accueille quelqu'un chez lui doit être disponible si nécessaire et d oit s'oc
cuper de son invité, même si le courant ne passe pas bien .
Enfin, le dernier obstacle est le tem ps nécessaire consacré à l'accueil des
voyageu rs. Si les hôtes travaillent d u rant la jou rnée, il ne leu r est pas facile
de se rendre disponibles pour accueillir quelqu'un. De plus, les hôtes n'ont
pas toujours e nvie de s'occuper d'un invité après u ne j o u rnée de travail.
7 . TYP O LO G I E D E S C O U CH S U R F E R S
8 . I M P LI C A T I O N S M A R K E T I N G
D U C O U CHSU� F I N G
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- Global Freeloaders, http://www.globalfreeloaders.com/
- Servas, http://joomla.servas.org/
- Échange de maison, http://echangedemaison .com L
- Troc de maison, http://www.trocmaison.com o u http:// homeexchange.com
lnterVac international home exchange :
http://www.intervac-homeexchange.com
S ite officiel de l'administration française : http://vosdroits.service-public.fr
Site de la société des établissements de plein air du Québec :
http://www.sepaq.com
ED
1 . TO U R I S M E ET S H O P P I N G
Shopping en ville
· 1 0,5%
Promenade
Visite d e sites et 24, 5%
d'espaces naturels
1 0,8%
Baignade/Plage/
Natation
1 2,5% 1 8,7%
FIG. 9. 1. - Le top 5 des activités pratiquées par les touristes français fors de
leurs voyages en 2007
Source : Tourisme I nfos Sta( Tourisme des Français - Les activités des touristes lors
de leurs voyages, 2008
Natation 1 l 640
1 1 22 1 4
Nautisrre . / S58
1 1 1 791
Site historique
p
----
114
483
1 1 682
D Affaires **
Festival/faire r9 1
j588
1 1 300
Fl'che p 39 1
1 1 274
FIG. 9.2. - Les activités* pratiquées par les Canadiens en voyage a u Canada
et au Québec, selon le motif du voyage, en milliers (2004)
Source : Claude Péloquin, Le profil des Canadiens au Québec, Réseau de vei l l e en
tou risme, 2005
1 . 2 L E S INCITANTS A U S H O P P IN G TO URISTI Q U E E T
LE D E V E LOP P E M E NT D U TOU RIS M E D E S H O P P IN G
souvenirs matériels u niquement, c'est- à-dire tous les objets qui ont été
achetés, reçus ou ramassés sur le lieu de vacances. Les souvenirs i ntan
gibles, présents dans la mémoire des touristes et les photographies prises
durant la période de vacances ne seront pas examinés.
La plupart des souvenirs sont achetés dans des boutiques de souvenirs.
Celles-ci font partie, à part entière, de l'offre touristique (Desvignes, 2009).
Par exemple, la ville de Paris compte environ 1 50 magasins qui peuvent
être qualifiés de «boutiques de souvenirs »20 • Chaque boutique réalise u n
chiffre d'affaires annuel moyen de 400 000 euros, ce qui permet d'évaluer
le poids global du marché du souvenir, à Paris, à 60 millions d'euros.
La société Défis a pris conscience du potentiel de ce marché dès 1 992, année
d'ouverture de sa première boutique de souvenirs à Paris. Le groupe Défis,
vendeur d'objets touristiques en France et à Paris, possède 7 boutiques en
France et réalise un chiffre d'affaires annuel de 5 millions d'euros. Sa clien
tèle, dont «le panier mo_yen est de 8 euros », est constituée de touristes
étrangers voyageant peu et achetant des «babioles», pour eux-mêmes ou
pou r offrir (Desvignes, 2009, p. 1 8).
Les grandes enseignes de la distribution telles que les Galeries Lafayette,
A uchan et lntermarché ont également bien compris l'attrait de ce sec
teur. En effet, les Galeries Lafayette proposent, depuis 2006, u n espace de
400 m 2 consacré aux souvenirs où, chaque année, les ventes se montent à
320 000 articles (par exemple, 1 0 000 tours Eiffel, 8000 magnets et 5000
boules neigeuses) 2 1 • Le magasin Auchan offre, à la Défense, un espace sou
venirs, et ce depuis 1 0 ans ; l ntermarché, quant à lui, a développé un tel
espace dans son magasin de la porte d'Auteuil, en 2008.
U ne autre destination célèbre en France pour ces boutiques de souvenirs,
parfois qualifiées de « marchands du temple », est Lourdes22 • En effet, cette
ville ne compte pas moins de 220 boutiques de souvenirs où les articles les
plus demandés sont les cartes postales, «les chapelets, les médailles et les
récipients permettant de collecter de l'eau de la source » (Fourticq, 2009,
p. 2 1 ). Néanmoins, les commerçants restent attentifs aux besoins de leurs
clients. En effet, leur offre s'est diversifiée (des produits locaux tels que du
fromage de brebis et des lainages des Pyrénées sont disponibles), et leurs
produ its peuvent être achetés via un site internet.
;
2 . R E G A R D D E LA L I TT E R A T U R E S U R
L E S S O UVE N I R S D E V A C A N C E S
Dans les sections suivantes, nous exposons les pr incipaux concepts et théo
ries relatifs aux motivations d'achat et aux significations des souvenirs de
vacances, ainsi que la première typoiogie établie sur ce suje t.
2.1 LE S M OT I V A T I O N S D ' A C H AT D E S O U VE N I RS
2.2 L E S S I G N I F I C A T I O N S A TT A C H É E S A U X S O U VE N I R S
2.3 LE P R E M I E R E S S A I D E TY P O LO G I E D E S S O U V E N I R S
Gordon (1 986) est la première à publier une typologie des souvenirs dans
la littérature ayant trait au tourisme. Elle présente leurs caractéristiques
intrinsèques et les caractérise selon deux fonctions principales : un sou
venir matériel (ma terial reminder) ou un messager de l'extraordinaire
(living messenger of the extraordinary). Plus précisément, Gordon identifie
cin q types de souvenirs : les pictorial images (par exemple les cartes pos
tales, les photos, les livres illustrés, etc.), les pieces-of -the-rock (c'est- à-dire
les objets collectés dans le milieu naturel), les symbolic shorthands (c'est- à-
TO U R I S M E ET P O S S E SS I O N S S P É C IA L E S
dire les objets symbolisant la destination mais qui ne sont pas à l'échelle,
comme une tour E iffel miniature), les markers (c'est- à-dire les souvenirs ne
faisant référence à aucun endroit ou événement particulier, mais avec des
inscriptions les situant dans le temps et l'espace ; par exemple, un tee-sh i rt
avec l'inscription « G rand Canyon») et les local products (par exemple la
nourriture, l'alcool et la mode vestimentaire de la région visitée).
3 . E X P LO R A T I O N D E S S O UV E N I R S
,
D E V A C A N C E S A U T R AV E R S D ' U N E E T U D E
D E CAS
Les touristes reviennent de vacances avec une large variété d'objets. Ceux
ci incluent des articles commerciaux (tee-shirts, vases, bijoux), des produits
locaux typiques (aliments ou statues) et des objets ramassés dans le milieu
naturel (pierres ou sable).
Nous avons réalisé une étude dont l'objectif est de comprendre les moti
vations d'achat et de consommation de ces souvenirs, au même titre que
les significations que les touristes leur attachent. Nous avons interviewé et
observé dix-neuf répondants à leur domicile. Nous avons également p ris
des photographies de leurs souvenirs de vacances. L'échantillon se com
pose d'hommes et de femmes âgés de 26 à 78 ans, avec un statut pro
fessionnel (retraité, comptable, enseignant . . . ) et une structure familiale
(en couple, veuf et famille avec enfants) variés, ainsi qu'une fréquence de
voyage d'au moins un départ en vacances par an.
Les sections suivantes développent les résultats de cette étude. P remière
ment, nous présentons les motivations d'achat et de consommation des
souvenirs matériels. Deuxièmement, nous proposons une nouvelle typo
logie des souvenirs, sur la base des significations associées à ces possessions
spéciales. Nous terminerons par la description de trois types de rituels
concernant les souvenirs touristiques.
3.1 L E S M OT I V A T I O N S D ' A C H A T
ET DE CONSO M M AT I O N
Les deux principales motivations d'achat et de consommation des souve
nirs de vacances sont la réminiscence et la rémanence de l'expérience de
vacances, considérée comme sacrée.
D'une part, la motivation la plus évidente et la plus fréquemment citée par
les touristes est la réminiscence. Comme le mot « souvenir » le suggère aisé
ment, les touristes achètent des objets pour se remémorer les bons moments,
les endroits visités et les personnes ayant partagé leur expérience, peut-être
éloignée dans le temps mais encore si présente dans leur esprit.
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
L es souvenirs peuvent procurer aux tou ristes des bouffées de nostalg ie, ce
q u i mène à des sentiments positifs ou négatifs, comme l ' i llustre la citation
suivante :
« Vous savez . . . Je suis veuf depuis huit ans. Quand je regarde mes souvenirs
de vacances, je me souviens des choses que nous avons faites ensemble, des
beaux endroits et des souvenirs que nous avons eus ensemble . . . avec ma
femme. » (Jean, 74)
Plus largement, les souvenirs peuvent servir de repères dans la vie (« c'était
le temps où . . . »), et plus particulièrement dans le cycle de vie familial
(« c'était le temps où les enfants étaient encore à la maison ... »).
Par ailleurs, ramener des souvenirs de vacances à la maison étend l'ex
périence de vacances au-del à de la destination visitée à travers le temps,
l'espace et les personnes. Premièrement, les objets contribuent à une
extension tempore l le : les denrées ou les vêtements typiques aident au
prolongement des vacances, parce que ces souvenirs seront consommés
une fois de retour à la maison . Deuxièmement, l'intégration spatiale des
souvenirs (par exemple, les peintures, les céramiques... ) dans la demeure
du touriste participe à l'extension de l'expérience. Finalement, les objets
sont achetés, exposés ou offerts dans un objectif de partage de l'expé
rience avec les non-participants (les enfants ou les autres membres de la
famille). Certains souvenirs sont également exposés dans un but ostenta
toire : montrer aux autres que «j'y étais» ou que «j'appartiens à une classe
privilégiée ».
Comme l'illustre la figure 9.3, la réminiscence et la rémanence se trou
vent au centre du processus motivationnel d'achat et de consommation
des souvenirs. La réminiscence aide les consommateurs à (res)sentir et (re)
vivre les moments, lieux et personnes «intérieurement», tandis que la
rémanence correspond à la manifestation «extérieure» du souvenir dans
le temps, l'espace et le réseau social. Les souvenirs touristiques eux-mêmes
peuvent être considérés comme des agents matériels ou des messagers de
sens (Love et Sheldon, 1 998), q u i facilitent la transition de l'expérience
touristique (souvent associée à q uelq ue chose d'extraordinaire, de sacré
et d'unique) vers le quotidien (souvent qualifié d'ordinaire, de profane et
de quelconque). Cela ne signifie pas pour autant que les souvenirs sont
perçu s de la même manière dans ces deux sphères. La consommation d'un
fromage traditionnel pendant les vacances n'est pas vécue de la même
TO U R I S M E ET P O S S E SS I O N S S P ÉC I A L E S
QUOTIDIEN
Réminiscence
!intérieur)
Temps
1
Personnes Personnes
(extérieur)
Extraordinaire Ordinaire
Sacré Profane
Unique Quelconque
3 . 2 U N E N O U V E L L E TY P O LO G I E
Bien qu'il représente le pays qui a été visité (le sable est typique de la
Tunisie), l'objet ramassé n'est important que pour la personne qui l'a
ramené. Il n'a pas de valeur pour les autres personnes car il est banal. Ce
souvenir n'est unique qu'à travers les yeux de son propriétaire : « Peut-être
que tout le monde peut rapporter une pierre de la statue de la Liberté,
mais celle-ci, je l'ai ramassée moi-même. » (Jean-Claude, 56)
Ce type de souvenirs renvoie à une expérience unique et mémorable, qui
contribue à la création et au développement de soi. Bien que ces objets
ramassés n'aient aucune valeur économique intrinsèque, ils sont investis
d'une valeur symbolique et sont chéris par leur propriétaire, en raison
d'une contamination symbolique (Belk, 1 988). Dans la citation ci-dessus,
la pierre a été contaminée par l'endroit d'où elle provient, la statue de
la L iberté. Un tel souvenir est souvent sacralisé, étant donné qu'il a été
connecté physiquemenCavec un moment un endroit ou un individu extra
ordinaire ou sacré. Il appa rtient à la sphère de l'expérience touristique
représentée dans la figure 9.3.
3 . 3 L E S R I T U E LS L I É S A U X S O U V E N I R S D E V A C A N C E S
l
3.3.3. ACHETER ET RECEVOIR DES CARTES POSTALES
Envoyer des cartes postales aux parents et aux amis est un troisième rituel
de voyage qui concerne de nombreux touristes. Pour certains, ce rituel est
considéré comme une activité agréable, qui permet de rester en contact
avec les êtres chers et de partager les merveilleux endroits, activités et
rencontres des vacances. Pour d 'autres, envoyer des cartes postales est
une obligation sociale, voire même une corvée. Cela semble particulière
ment vrai pour la jeune génération : « Maintenant, on ne le fait plus car
on devient fainéant. Ou alors juste aux gens très proches, les amis très
proches ou les parents. Mais c'est une corvée pour nous. » (Sophie et Fré
déric, 27/26)
U n touriste peut aussi acheter des cartes postales pour lui-même. En effet,
lorsqu'un touriste n'a pas la capacité techn ique (par exemple, pour une
photographie aérienne) ou la permission de prendre une photo, il achète
des cartes postales, parfe qu'elles sont bon marché et représentent le pays
1-
visité comme illustré dans la citation suivante : « Durant une excursion, o n
a visité l e Parthénon mais i l était en rénovation . . . e t i l y a vait des échafau
dages. Alors j'ai pris des cartes postales où il était encore bien. » (Yvette,
63) Selon la typologie développée précédemment, nous pouvons consi
dérer les cartes postales soit comme des gadgets touristiques, soit comme
des souvenirs documentaires, qui remplissent une fonction de con nexion.
4 . C O N C LU S I O N
4. 1 L E S I M P LI C A T I O N S T H É O R I Q U E S
Les résultats de notre étude sont cohérents avec la littérature existante sur
les principales motivations d'achat de souvenirs de vacances. En effet, des
auteurs comme Gordon ( 1 986), Swanson (2004), Timothy (2005) et Wallen
dq_rf et Arnould ( 1 988) ont également mis en évidence la réminiscence et
la rémanence comme les deux raisons essentielles présidant à l'achat de
souvenirs. Pour Timothy (2005, p. 1 03), les souvenirs aident à l'extension
de l'expérience de vacances : « L'existence matérielle du souvenir facilite la
définition, le maintien dans le temps et la localisation d'une expérience
extraordinaire et éphémère dans des temps et des espaces ordinaires. » Il
soutient d'ailleurs qu'une telle preuve matérielle de la découverte d'un
endroit unique contribue à la mise en valeur personnelle ou au dévelop
pement de l'estime de soi.
Certains auteurs (Levy, 1 959 ; Wallendorf et Arnould, 1 988 ; Wallendorf e t
a l., 1 988) suggèrent que les person nes peuvent dépasser la composante
utilitaire d'un objet en lui attachant du sens. Par conséquent, tout en
reconnaissant l'existence de souvenirs utilitaires et hédonistes, notre étude
s'est focalisée sur les souvenirs symboliques.
TO U R I S M E ET P O S S E S S I O N S S P É C I A L E S
Les significations qui sous-tendent les objets ramassés et les souvenirs sté
réotypés rejoignent le concept de soi-étendu (Belk, 1 988). D'une part, les
souvenirs ramassés sont incorporés dans le soi du touriste parce qu'ils sont
associés à un événement ou à un récit person nel important et, dès lors,
aident le touriste dans la définition de son identité. D'autre part, les sou
ven i rs stéréotypés contribuent à l'expression du soi du touriste puisque
celui-ci commun ique aux autres sa présence sur les lieux («j'étais là-bas »),
en leur exposant un objet qui est la « spécialité du coi n ».
La distinction entre le sacré et le profane mise en évidence par Wallen
dorf et al. ( 1 988) est présente dans notre typologie. Les objets ramassés
en chemin sont clai rement sacralisés, car ils rappellent aux touristes une
expérience un ique et mémorable et constituent une preuve tang ible pro
venant de l'envi ronnement extraordi naire (c'est- à-di re les vacances) dont
le touriste a fait l'expérience. Par l'expression d'une puissance extraordi
naire et magique, le cadeau reçu d'un natif du pays visité peut aussi revêtir
un caractère sacré. Par contre, les gadgets touristiques qui sont, par défini
tion, de simples témoins du pays exploré, sont considérés comme les sou
ven irs les plus profanes.
Pour MacCannell ( 1 976), il est plus probable qu'un touriste achète un objet
touristique lorsque ce dern ier éveille un sentiment d'authenticité chez lui.
En plus d'avoi r une signification sacrée, typique ou unique, les souven i rs
peuvent donc être considérés comme authentiques. Cela concorde avec
les travaux de Littrell (1 990) et Cohen (2000). Toutefois, le voyageur peut
être man ipulé par ce sentiment. Le touriste est ainsi parfois déçu lorsqu'il
ramène ses souven i rs authentiques à la maison : le jambon de Parme n'a
plus le même goût, la djellaba semble ridicule, les formes et couleurs du
narghilé ne s'harmon isent pas avec l'intérieur de la maison . . . Ces exemples
montrent l'importance du contexte et de l'atmosphère entourant la
consommation : ce qui était magique l à-bas ne l'est plus ici .
4.2 P I ST E S D E R E C O M M A N D A T I O N S M A N A G É R I A LE S
Suite à notre étude, qui visait à mieux comprendre les motivations d'achat
et les sign ifications attachées aux souven irs de vacances, nous pouvons
établi r une série de constats. À partir de ceux-ci, nous pouvons suggérer
des propositions concrètes d'action pour les fabricants et les distributeurs
de ces souvenirs (cf. tableau 9.2).
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
/ /
R E F E R E N C E S B I B LI O G R A P H I Q U E S
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Par Jeremy Dagnies
I N T R O D U C T I O N : I M P O RT A N C E
,..
D E L A Q U A LI T E D A N S L E M A N A G E M E N T
T O U R I ST I Q U E
En ce qui concerne les opérateurs privés en charge des services tou ris
tiq u es, toutes les branches sont a uj o u rd'h u i touchées par le phénomène :
les hébergements (avec des démarches spécifiq ues a ux grandes chaînes
hôtelières, H otelcert, clé verte, éco-label e u ropéen, Logis de France, Logis
de Belgique, Cha rmance, Camping Qua lité . . .), les lieux d'activité (citons,
par exemple, la marque grands sites de France, Q ualicongrès, Pavillon
bleu, Qualité Sud de la France p o u r les lieux de visite, déma rche d'excel
lence des grands sites du Val de Loire, les attractions tou ristiques wal
lonnes classées en fonction du nombre de soleils . . .) ou encore les centres
d'accueil et d'information des visiteu rs (par exemple, la norme française
NF X 50-730 définit ce q u 'on entend par un service de q u a lité délivré par
un office du tou risme ou un syndicat d'initiative. Sur cette base, l'orga
nisme certificate u r A F N O R peut octroyer une certification a ux o rganismes
qui le souhaitent). De plus, les normes internationales ISO ou nationales
peuvent être expl oitées par toute organisation qui souh aiterait obtenir
une telle certification. Ainsi, par exemple, la gare du N ord à Paris a o btenu
la certification NF service de l'organisme certificateu r français AFNOR. De
nombreux h ôtels appartenant a u x grou pes ACCOR ou Best Western sont
Q UA L I TÉ, SAT I S FA C TI O N
. ET F I D E,L I TE
pour leur part certifiés ISO 900 1 (management de la qualité), voire ISO
140 0 1 (respect d e l'environnement).
Pou rquoi ce souci croissant du management de la qualité de l'offre tou ris
tique ? Il semble que le phénomène trouve sa source dans la combinaison
de plusieurs facteu rs, que nous essayons de résumer ci-dessous.
Tout d'abord, comme nous le verrons dans notre revue de la littérature, d e
nouveaux modèles théoriques de l a qualité ont été développés a u c o u rs
d es années 1970, 1980 et 1990. J usqu'alors, la recherche en sciences écono
miques et de gestion traitait surtout de la «qualité interne», c'est-à-dire
d e l'amélioration d es processus d e production d e biens tangibles. Le mar
keting se saisit ainsi de la question, en associant la qualité à l'expérience
d u consommateur, et en s'intéressant davantage au secte u r des services
et à l'ind ustrie du tou risme. Les innovations qui en résultent se diffusent
rapidement auprès d es prestataires de services, parmi lesqu els les chaines
hôtelières internationales et les grandes attractions tou ristiqu es, qui espè
rent gagner en compétitivité et en productivité à travers la qualification
de leu r offre. D'après une enquête réalisée en 2009 par la Commission
e u ropéenne, les gestionnaires d'hébergements tou ristiqu es considèrent
aujou rd'hui que la qualité du service constitu e le critère le plus influ ent
dans les décisions d e consommation d e leu rs clients. 98 % d es profession
nels interrogés évalu ent la qualité comme i.Jn critère «très important»
(74,8 %) ou «impo rtant» (23,2 %).
Deuxièmement, le tou risme pèse d e plus en plus lou rd dans l'économie
mondiale. Avec 922 millions de tou ristes internationau x en 2008 et plus
d e 5 milliards d e tou ristes nationau x, il contribuerait à plus d e 10 % d e
l'économie mondiale. Par ailleurs, malgré la crise économico-financière
de 2008-2009, qui a occasionné une diminution de 4 % des arrivées inter
nationales, le marché global devrait pou rsuivre son expansion, selon les
d e rnières prévisions de l'Organisation mondiale d u tourisme. Ces perspec
tives de croissance encou ragent les entreprises et territoires à améliorer
leu rs performances en termes d e compétitivité, et d onc d e qualité, afin d e
capter d e nouvelles clientèles e t d e profiter a u mieux d e la conjoncture. Le
secteu r semble néanmoins faire l'objet d'un climat concu rrentiel exacerbé,
qui s'expliqu e en partie par l'amélio ration des transports, la popularisa
tion d es technologies de l'information et de la communication ainsi que la
libéralisation de l'économie mondiale. N o us pouvons ainsi observer l'éme r
gence de nouvelles destinations balnéaires à bas prix et «soleil garanti»
(Asie d u Sud-Est, Mexiqu e, Cuba), le développement d u tou risme culturel
en Eu rope de l'Est suite à l'effond rement d u bloc soviétiqu e et à l'élargis
sement de l'Union eu ropéenne, ainsi que la croissance d u tou risme ru ral,
notamment soutenu par les fonds structurels e u ropéens. Le B résil, le Chili,
la Chine, l'Égypte, l'Inde, la R ussie ou l'Afriqu e du Sud enregistrent les plus
fortes croissances au monde en termes d e contribution d u tou risme au P IB
et au taux d'emploi (OCDE, 20 1 O). En même temps, le tourisme interna
tional a fortement souffert de la crise financière de 2008, intensifiant ainsi
le climat concurrentiel, surtout dans les pays de l'OCDE. Cette forte corn-
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
cuités ou soucis rencontrés durant un séjour, etc. Avec le web 2.0, les tou
ristes réduisent leur incertitude sur la qualité des différentes alternatives
qui s'offrent à eux, en se référant aux commentaires des internautes en
plus des conseils de leurs proches, à la certification de la qualité par les
consommateurs eux-mêmes (via un système de notation des prestations)
et, enfin, aux descriptions des destinations et des prestataires touristiques
laissées sur les réseaux sociaux. Un bouche à oreille négatif sur la toile
peut être particulièrement désastreux pour une entreprise touristique, ce
qui oblige les gestionnaires de destinations à prendre à bras le corps la
question de la qualité et de la satisfaction de la clientèle. Cependant, indé
pendamment du web, les labels officiels et autres outils de certification
permettent toujours de crédibiliser l'information fournie sur le net par les
sites officiels de promotion touristique.
Comme nous le verrons dans le point suivant, la problématique de la qua
lité est intrinsèquement liée à deux autres concepts fondamentaux du mar
keting : la satisfaction du client et sa fidélité envers l'offre ou le prestataire.
; ;
1 . L A Q U A LI T E : D E F I N I T I O N S E T
A P P RO C H E S
7
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E ET E F F I C A C I T E M A R K E T I N G
/ /
2 . L A S A T I S F A CT I O N E T LA F I D E LI T E
2.1 L A S A T I S F A CT I O N
2 . 2 LA F I D É L I T É
L a troisième réaction concerne l a fidélité. L a fidélité a également fait l'objet
de plusieurs définitions. Selon l'approche comportementale, la notion se
rapporte à un comportement d'achat répété d'un même produit ou ser
vice, indépendamment d'un engagement vis-à-vis du fournisseur (Cunnin
gham, 1 95 6 ; Jacoby et Chesnut, 1 978). Il ne faut toutefois pas oublier que
certa ines variables peuvent contraindre le consommateur à continuer à
consommer le même produit (pas d'alternative possible, coût ou risque
l i é a u changement de fournisseur trop élevé ... ). De même, un touriste
peut, par exemple, rester fidèle dans son cœur à une destination qu'il
préfère entre toutes, ou à un établissement d'hébergement, mais décider
d'a ller séjourner a illeurs parce qu'il désire également découvrir d'autres
endroits. C'est d'ailleurs l'idée défendue par Alain Decrop (2000), qui sou
ligne qu'un haut degré de satisfaction peut aboutir à la fois à une décision
de réachat ou à un changement comportemental du touriste, lié au désir
de découverte de nouveautés. Inversement, des touristes insatisfaits peu
vent revenir au même endroit simplement en raison de l'absence d'alter
natives envisageables, en raison de motifs émotionnels (même insatisfaits,
certains touristes peuvent être attachés à un lieu ou à un prestataire), ou
parce qu'ils n'ont pas pu profiter de tout ce qu'ils souhaitaient durant
leur séjour. D'où l'idée de mesurer la fidélité par d'autres variables que
le comportement observable de l'acheteur. Selon l'approche cognitive, la
fidélité s'apprécie sur la base des croyances et connaissances de l'acheteur
par rapport à la supériorité d'un produit. En d'autres termes, un acheteur
est fidèle à une offre lorsqu'il pense de manière continue, en se fondant
sur les informations dont il dispose (expériences de consommation, publi
cité ... ), que celle-ci est meilleure que toutes les autres . . . Enfin, l'approche
affective ou attitudinale (variable « émotion») considère comme réelle
ment fidèle un client qui ressent un attachement psychologique durable
envers un fournisseur ou un service (Czepiel, 1 990). Dans ce cas-ci, le tou
riste « aime» l'endroit où il a passé son séjour. En fait, la fidélité regroupe
les trois composantes (cognitive et attitudinale d'une part, comportemen
tale d'autre part), de sorte qu'un client n'est pleinement f idèle que s'il
adopte « un comportement répétitif d'achat pour un même fournisseur de
service, envers qui le consommateur développe une attitude favorable et
C O M P O RT E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
r
ou un fou rnisseu r.
�
3 . R E LA T I O N S E N T R E L A Q U A LI T E
E T L A S A T I S F A CT I O N
3 . 1 LE M O D È LE S E RVQ U A L
Les p remières publications relatives à la qualité, telle qu'elle est vécue par
le consommateu r, associent les notions de qualité et de satisfaction. Cette
proximité sémantique trouve son explication dans l'u n des modèles trai
tant de la qualité des services les plus influents de notre époque : il s'agit
"'--
d u modèle des écarts, plus conn u sous le nom de SERVQUAL, de Parasu
raman, Berry et Zeithalm ( 1 985 et 1 988). Celui-ci s'inspire de la théorie de
la confirmation-disconfirmation d 'Oliver ( 1 980), selon laquelle u n clien t
n'est satisfait q u e s i l e bien qu'il achète correspond à ses attentes ou les
dépasse. La qualité correspon drait par conséquent à un jugement global
s u r la supériorité d'un service, et ce jugement se fonderait sur l'évaluation
de l'écart entre les attentes du consommateu r vis-à-vis d'u n service, et la
performance de la prestation telle qu'elle est perçue par celui-ci.
Q UA L I TÉ , SA T I S FA C TI O N ET F I D ÉL I T É -
1 . Ecart d e connaissance
Selon les auteurs, les attentes du client à l'égard du service sont influen
cées par plusieurs facteurs : le bouche à oreille (plus les gens disent du bien
d 'un établissement, plus les attentes du client sont grandes), les besoins
personnels du consommateur (les attentes peuventise focaliser sur certains
critères plutôt que d'autres), les expériences passées auprès du même pres
tataire (le client s'attend à obtenir une prestation au moins semblable aux
précédentes), la compétence du consommateur (plus le touriste voyage,
plus il est attentif aux détails et devient intransigeant sur certaines pres
tations), le service rendu par d'autres prestataires (à force de loger dans
des hôtels, le touriste se construit progressivement des normes de per
formance et des seuils d'acceptabilité des prestations), la communication
externe émise par l'offreur (je m'attends à avoir une prestation telle que
présentée dans les supports publicitaires), la promesse à la réservation (la
prestation doit être conforme aux engagements repris dans le contrat),
l'image du prestataire (la notoriété et le positionnement du prestataire,
son image de marque, sa réputation . . . ) et l 'équité (les attentes peuvent
varier selon l'âge, le sexe, le statut, l'état de santé du client, mais égale
ment selon les efforts consentis et le prix payé).
Le premier défi pour l'entreprise consiste à bien connaître les besoins et
exigences des consommateurs ciblés, par exemple à l'aide d'études de
marché plus ou moins élaborées. S i les a ttentes des clients telles que per
çues par l'en treprise ne correspondent pas aux attentes réelles des clients,
le prestataire risque de prendre des d écisions stratég iques et opération
nelles erronées. On parle alors d'écart de connaissance (n ° 7). Mais, même
en disposant d'une juste perception des attentes de sa clientèle, l'entre-
C O M P O RT E M E N T D U TO U R I ST E E T E F F I C A C I TÉ M A R K E TI N G
7
mance de l'entreprise sur ces critères.
3 . 2 R E S S E M B LA N C E S E T D I F F É R E N C E S E NT R E
L E S N OT I O N S D E Q U A LI T E E T D E S A TI S F A CT I O N
3.3 C O N C LU S I O N S
' ; ; ; '
4 . V E R S U N M O D E L E I N T E G R E A P P LI Q U E A
;
L ' E X P E R I E N C E T O U R I ST I Q U E
taires laissés par d'anciens clients sur les sites web 2.0, discussions entre amis
ou en famille, descriptions de l'offre par des guides touristiques vendus en
librairie.. . ). La qualité perçue par le touriste est susceptible d'influencer son
choix de destination ou d'hébergement. Lorsqu'i l a fait ce choix, le touriste
s'attend à un certain niveau de qualité lors de son séjour. Il s'agit de la
qualité a ttendue, qui est fonction de l'image de la destination ou du pres
tataire de service (si j'ai une image idyllique d'un hôtel bien particulier, je
vais m'attendre à bénéficier d'un service impeccable), ainsi que des attentes
normatives du consommateur, c'est- à-dire les attentes que l'acheteur assi
mile à des normes et qui se sont imposées sur le marché (par exemple, les
touristes ont une perception de ce qu'un hôtel de luxe est censé offrir à sa
clientèle, et ils pensent en général que leurs attentes sont partagées par
une majorité de la population). Ce que la destination ou l'entreprise com
munique aux touristes (brochures, site Internet...) affecte également les
attentes normatives de l'acheteur puisque celui-ci, en prenant connaissance
des caractéristiques des fournisseurs et de leurs engagements, se construit
et actualise son propre système de croyances sur les normes de qualité cen
sées s'imposer pour une catégorie de service donnée.
Lors de son séjour, le touriste va vivre dans les faits une expérience qui sera
ou non de qualité (qualité vécue). Pendant la consommation, la qualité
vécue s'évalue généralement de manière inductive. En d'autres termes,
le touriste n'est pas un examinateur qui vient contrôler un établissement,
mais quelqu'un qui veut d'abord passer de bons moments. Le processus
d'évaluation de la qualité s'amorce lorsqu'un problème survient ou lorsque
que le visiteur est surpris positivement par quelque chose. Ce jugement se
focalise d'abord sur les dimensions en cause et peut s'élargir à d'autres cri
tères. L'évaluation se fonde sur une comparaison entre la qualité a ttendue
par le visiteur et la qualité effectivement offerte par le fournisseur.
En résumé, quatre formes de qualité peuvent donc être distinguées :
• la qualité perçue : elle correspond aux croyances d'un consommateur
vis- à-vis de la capacité d'un produit, d'un service ou d'un fournisseur
à pouvoi r répondre à un ensemble d'exigences que l'acheteur consi
dère comme des normes de performance qui se seraient imposées sur
le marché. Le client peut se construire une certaine perception de la
qualité d'une offre ou d'une entreprise, sans nécessairement l'avoir
déjà expérimentée (exemple : les hôtels HILTON bénéficient d'une
excellente image de marque, même chez ceux qui n'y ont jamais
passé de nuit).
• la qualité attendue : elle peut se définir comme le niveau de per
formance qu'un client exige d'un fournisseur, d'un produit ou d'un
service qu'il a acheté mais pas encore consommé, compte tenu de sa
perception de la qualité de l'entreprise ou de l'offre, ainsi que des
normes de performances que l'acheteur considère personnellement
comme dominantes sur le marché (exemple : si un touriste réserve
une nuit dans un hôtel H I LTON, il s'attend à bénéficier d'un certain
niveau de service).
C O M P O R T E M E NT DU TOU RISTE ET E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
Ils changent donc de lieu, tout en conservant une attitude positive par
rapport à l'hôtel ou au territoire de leurs dernières vacances. Cette fidélité
attitudinale influence positivement le bouche à oreille, à long terme (les
individus reparlent souvent de leurs anciennes expériences touristiques,
parfois vieilles de plusieurs années).
Enfin, le bouche à oreille affectera à son tour la qualité perçue par les tou
ristes n'ayant j amais expérimenté l'offre ou visité la destination dont il est
question. Il peut également remettre en question la lecture d'un touriste
ayant déj à fait un séjour à cet endroit.
S . I M P LI C ATI O N S M A R K E T I N G
En dehors du séjour
r
,-
d'en quêtes systématiques auprès des clients, ainsi que sur la mise en
place d'un baromètre de la qualité.
� La veille qualité : avec l'avè nement du web 2.0, les opérateurs touris
tiques peuvent se tenir au courant des com mentaires laissés pa r les
internautes concernant leur éta blissement ou la destination et, le cas
échéa nt, « corriger le tir». C'est par exemple le cas de l'hôtel Pull m a n
Marseille Palm Beach ou du Radisson Blu le Dokhan's Hôtel à Paris,
qui mettent en œuvre des actions d'amélioration ou de correction en
fonction des remarques et témoignages laissés sur le site Tripadvisor
(Mathieu, 2009).
• La planification : la mise en place d'un processus formalisé de qualité
aide de nom b reuses organisations à piloter efficacement la gestion
de la qua lité (définition de standards, description des conduites que
les profession nels doivent adopter, tableau de bord) et à mieux coor
donner, mobiliser et sensibiliser les collaborateurs ou les partenaires.
La planification constitue le cadre dans lequel les autres instruments
vont être opérationnalisés. De plus, le touriste doit idéalement être
au centre de la réflexion liée au plan de qualité. La d é m arche qua
lité en Région wallonne s'articule ainsi autour d'un pla n pluria n nuel
pensé à pa rtir de l'expérience des touristes . Dans ce cad re, les com
munes sont elles-mêmes encouragées à_ élaborer des pla ns qualité
locaux, en suivant une méthodologie précise. Ces plans sont de véri
tables outils de planification à long terme des actions et de coordi
nation des acteurs publics et privés. Un autre exemple concerne le
Q-label suisse, où les prestataires sont invités à réd iger un plan d'ac
tion visant à corriger leurs faiblesses et renforcer leurs atouts.
• La formation : la lecture de manuels, la pa rticipation à des cours et
autres programmes de formation, l'engagement d'un expert-for m a
teur ou encore l'échange de bon nes pratiques entre colla borateurs
ou fournisseurs (cercles de qualité) permettent d'élever le n iveau
qualitatif des prestations. C'est un point essentiel, la qualité offerte
dépendant essentiellement des ressources humaines et des compé
tences développées par le person nel. Dans le cadre du Q-label suisse,
les prestatai res suivent régulièrement des formations. E nfin, certains
organismes com me ATOU T Fra nce (ancien nement ODI T France) édi
tent différents ma nuels pouvan t servir à l'amélioration des perfor
ma nces des opérateurs touristiques.
• La gestion des réclamations et des relations a vec la clientèle (CRM) :
la mise en place d'un service « après-vente» et de procédures per
formantes permet d'augmenter la fidélité (le « contrat 1 5 » chez IBIS
promet de répondre en 1 5 m inutes maximum à l'insatisfaction du
client, l'engagement « satisfait invité» de Novotel prévoit de ne pas
faire payer les prestations pour lesquelles les clients sont insatisfaits,
lorsqu'aucune solution n'a pu être apportée).
• Les signes de qua lité : les marques (Best Western, Club Med . . . ), les
la bels, les certifications, les concours, les cha rtes qualité et, dans
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
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C O M P ORT E M E NT D U TOURISTE E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
r
L
L
L_
L
œ
I N T R O D U CT I O N
Du point de vue marketing, des auteurs tels que Mai ringer (2008) s'accor
_,
dent pour souligner que les contenus ainsi générés et diffusés sur le web
C O M P O RT E M E N T D U T O U R I ST E ET E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
ont une influence importante sur les activités des entreprises. Ainsi, le web
2.0 permet aujourd'hui à tout un chacun de partager sa perception des
marques, ses expériences et ses avis sur les produits qu'il consomme. Qu'il
s'ag isse de critiques ou d'éloges, ces commentaires circulent librement et
facilement au travers des médias sociaux, qui amplifient leur diffusion sur
la toile. De manière similaire à l'action des g roupes de référence, ces com
mentaires peuvent ensuite i nfluencer d'autres consommateurs dans leurs
achats et leurs évaluations des produits. En matière de tourisme, Amirou
(2008, p. 36) précise que «le voyage est un terrain fertile pour le web 2 .0
[ ... ]. Comme il est impossible d'essayer un voyage avant de l'acheter, les
échanges entre internautes ou voyageurs deviennent indispensables».
Dans ce chapitre, nous approfondirons ces deux facettes du web 2.0, le
partage de l'information et la socialisation, ainsi que leurs implications en
ce qui concerne le comportement du consommateur touristique et les stra
tégies marketing des acteurs du secteur.
1 . L E W E B 2 . 0 : U N O U T I L I M P O RT A N T
D E P A RT A G E D ' I N F O R M A T I O N S
2 . L E WE B 2 . 0 : A CT I VA T E U R S O C I A L E T
, , ,
G E N E R ATE U R D E C O M M U N A UT E S
Les outils d u web 2.0 tels que les forums de d iscussion, les blogs et autres
médias sociaux ouvrent la voie à une nouvelle socialité entre consomma
teurs. Ainsi, le web 2.0 est de plus en plus considéré comme un activateu r
social, q u i peut contribuer à la formation e t a u renforcement des relations
entre les individus. L'avènement d u web 2.0 est souvent associé à l'émer
gence des phénomènes d its « com munautaires » sur Internet. La littératu re
parle de com munautés virtuelles, définies comme des reg roupements d'in
dividus qui partagent un intérêt, un problème ou des pratiques com m unes
et qui interagissent socialement par l'intermédiaire d'une plateforme
électronique (Lin, 2007). Les membres de ces com munautés se plient à un
ensemble de codes implicites et explicites et peuvent, au fur et à mesure
de leurs interactions, développer des sentiments de confiance, des liens
émotionnels forts et une identité collective qui les lient les uns aux autres.
Les communautés virtuel les peuplant la toile se sont fortement dévelop
pées sur la base d'initiatives spontanées des consommateu rs. Selon Kozi
nets ( 1 999), el les peuvent se créer autour de thèmes centrés sur la consom
mation et rassembler des individus dont l es interactions sont fondées sur
le partage d'un intérêt ou d'une expérience com m une relative à un type
de consommation, un prod uit ou une marque spécifique. Par exemple, on
voit se former sur le web des communautés de passionnés des voyages
C O M P O R T E M E N T D U T O U R IST E ET E F F IC A C I T E M A R K E T I N G
tel les que « N e pas part i r seul » (www.qu iveutpartir.fr), qui rassem b l e des
voyageurs solitai res dési rant s'échanger des astuces ou des « bons p lans »,
voire trouver des compag nons de route pou r de p rochains voyages. Par
ailleurs, les membres partagent l e u rs expériences ainsi que l e u rs souvenirs
de vacances et conseillent les fut u rs vacanciers.
Au cœu r de ces rassemblements liés à divers suj ets en l i e n avec le tou risme,
les consommateurs peuvent également man ifester un intérêt ou un atta
chement à l'égard d'u ne marque particulière et se réu n i r au sein d'u n e
commu nauté lui étant dédiée . À titre d'exemple, on peut citer les com
munautés créées à l'in itiative des vacanciers du Clu b M ed telles que « Le
Clu b M ed des G M » (www.gmclu bmed.com), ou encore « Le site des fans
du Clu b Med » (www.macase. n et), qui rassemblent les clients fans de la
marque dési rant partager leu rs expériences et leurs souven i rs de vacances .
M u niz et O'G u i n n (2001, p. 4 1 2) défin issent ces g rou pements comme des
communautés (virtuelles) de marque, c'est-à-dire des commu nautés spé
cialisées, non limitées gé.9g raph iquement et fondées s u r un e nsemble de
relations sociales entre les admirateurs d'u n e marque. Qu' ils soient phy
siques ou vi rtuels, ces g roupes de «fans » créent au fur et à mesure de
leurs interactions un u n ivers social parallèle pourvu de ses propres valeu rs,
ritu els, vocab ulaire et h iérarc h i e (Wippe rfürth, 2005).
Les communautés de marq u e sont caractérisées par trois éléments fon
damentaux : fa conviction des membres de former un groupe à part, u n
ensemble d e rituels e t d e traditions propres à l a commu nauté a i n s i q u ' u n e
solidarité et une entraide constante entre les membres du groupe ( M u n i z
e t O'G ui nn, 200 1). Selon M cAlexander e t a l. (2002), u n e commu nauté
de marque comporte également u n e dimension expérientielle pour les
consommateurs qui y adhèrent : la communauté de marque est considérée
comme un tissu de relations au cœu r duqu el se situe le consommateu r qui,
en tant que memb re, vit u n e expérience. Comme le montre la figure 1 1 . 1 ,
les relations princi pales de ce système d'expérie nce sont celles que le
consommateu r lie non seulement avec la marque, mais également avec le
produ it et avec les autres consommateurs. De plus, les auteu rs considèrent
que des relations peuvent lier les consommateu rs aux marketeu rs et . aux
autres représentants de l'entreprise, qui i ncarnent la marque à diverses
occasions (événements, rencontres physiqu es, etc.). Chacune de ces rela
tions contribue à alimenter l'expérience vécue.
W E B 2 . 0 ET C O M M U N A U T ÉS D E MA R Q U E
7 FIG. 7 7 . 7 - Communa uté de marque : modèle rela tionnel centré sur l'expé
rience du consommateur
S o u rce : McAlexa nder, Schouten et Koenig (2002, p . 38)
7
des consommateurs particulièrement profitables pour l'entreprise.
En considération de ces différents avantages, de nombreux praticiens
7 recommandent aujourd'hui aux entreprises de capitaliser sur les outils du
web 2 .0, afin d e créer leur propre communauté de consommateurs (Cava
et Pace, 2006; Wipperfürth, 2005). Ainsi, à côté des communautés d e
marque créées à l'initiative de consommateurs, l e paysage Internet voit
aujourd'hui fleurir un nombre importa nt de communa u tés de marque
(( 8-to-C» (Business-ta-Consumer), c'est-à-dire créées et gérées par d es
entreprises dans le cadre de leur stratég ie marketing. Plus forme llement,
une communauté de marque B-to-C peut être défi n i e comme un collectif
de consommateurs réunis durablement par une marque au sein d'une pla
teforme commun autaire et qui, au travers des interactions et des méca
nismes socioculturels qu'il génère, peut contribuer à la réalisation d'objec
tifs marketing spécifiques.
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
/
3 . L E S C O M M U N A UT E S D E M A R Q U E B -TO - C
D A N S LE TO U R I S M E
de Nouvel les Frontières), ou encore les vil lages Pierre et Vacances, où les
consommateurs sont, de facto, en relation avec les autres consommateurs
du produit touristique. Cet aspect est d'ailleurs largement mis en évidence
dans les communications commerciales des voyagistes, qui décrivent leur
offre comme «conviviale » ou «en contact avec les autres ».
Deuxièmement, le séjour de vacances, plus particulièrement lorsqu'il a lieu
en club, est une expérience de consommation qui comporte une dimension
culturel le, à même de faire émerger une identité collective. Amirou (2008)
considère ainsi que les séjours touristiques constituent souvent des expé
riences col lectives pouvant favoriser l'émergence d'un «nous touristique».
Par ail leurs, l'auteur décrit les clubs et les villages de vacances comme des
« bulles touristiques » fermées au monde extérieur, au sein desquel les ce
«nous » peut s'amplifier.
Malgré ce potentiel, le secteur du tourisme et, de manière générale, celui
des services restent peu étudiés par la littérature managériale et acadé
mique sur les stratégies communautaires mises en œuvre par les entre
prises depuis l'émergence du web 2.0. Dans les sections suivantes, nous
essayons de combler en partie ce manque en exposant le cas de mon
Lookéa, la plateforme communautaire mise en place en juin 2007 par le
tour-opérateur « Look-Voyages » autour de sa marque « Lookéa ». Pionnier
dans le secteur du tourisme, monLookéa constitue un cas d'étude offrant
un certain recul par rapport à l'approche stratégique privilégiée par l 'en
treprise, et aux résultats qui en ont été retirés.
4 . M O N LO O K E A : A N A LYS E D ' U N C A S D E
/
C O M M U N A UTE D E M A RQ U E B -TO - C
D A N S L E M I LI E U D U T O U R I S M E
, ,
4.3 P R O C E SS U S D E C R E A TI O N D E LA C O M M U N A UT E
« M O N Lo o K É A »
Sur la base de ces réflexions préliminaires, la mise en place d'une commu
nauté de consommateurs semblait constituer une option stratégique per
tinente. Des contacts ont donc été pris avec une agence web spécialisée
dans le domaine communautaire. L a plateforme virtuelle monLookéa a
ensuite été créée et mise en ligne, selon les recommandations d u dépar
tement marketing de L ook-Voyages. Cependant, il ne suffit pas de mettre
une plateforme virtuelle (un lieu communautaire) à la disposition des
voyageurs, encore faut-il :
(1) que ce lieu soit investi par les consommateurs ciblés et que ces der
niers constituent une base de membres suffisamment importante
pour générer des interactions (on parle de «masse critique ») ;
(2) qu'il s'y développe une dynamique socioculturelle ca ractérisée par
des échanges entre-les membres d u g roupement, et une identité col
lective permettant de les lier les uns a ux autres.
ainsi qu'à rédiger les premiers récits de voyage. Cette première phase
constituait également u ne phase «test», permettant de s'assurer d u
bon fonction nement tech nique de l a plateforme et d e ses outils.
(2) LANCEMENT AUPRÈS DES CLIENTS D1RECTs. La deuxième étape du lancement a
sollicité l'utilisation des bases de don nées comprenant les coordon
nées des clients directs (ayant, par le passé, directement pris contact
avec l'entreprise pou r effectuer leur réservation de séjour), qui ont
été invités à rejoindre la commu nauté. Ces clients directs ont géné
ralement visité p l u sieurs clubs; ils se révèlent souvent attachés à la
marque et disposent d'u n contenu riche, qu'ils sont heureux de par
tager.
(3) LANCEMENT AUPRÈS DE CLIENTS « EN cwB ». Les clients «en club» constituent
la cible principale de la commu nauté. Plusieurs outils ont été mis en
place sur les lieux de séjour, afin de recruter ces membres et de les
inviter à rejoindre la commu nauté.
• Le rôle du personnel d'animation a été d'assu rer la communica
tion concernant mon Lookéa auprès des vacanciers et de les inviter
à adhérer à la commu nauté u ne fois leurs vacances terminées. E n
fonction des moyen s disponibles au sein des clubs (équipemen t
informatique et con nexion internet), des inscription s s u r place o n t
parfois été possibles.
• Le matériel promotionnel composé de d ivers supports, tels que des
tee-shirts à l'effigie de mon Lookéa, des cartes de visite permettant
aux membres de s'échanger leurs coordon nés et des affiches, ont
été utilisés dans les cl ubs.
• En complément de ces action s sur le lieu de séjour, u ne newsletter
a été envoyée à chaque vacancier u ne semaine après son retour,
dans le but de lui rappeler la possibilité de s'inscrire sur la plate
forme communautaire et d'y retrouver ses amis afin de prolonger
ses vacances.
-
permet de favoriser la participation des vacanciers dési
rant se hisser parmi les meill,e urs membres çfe la com
m unauté. �
r
Les espaces personnels. Chaque membre possède son propre espace per
sonnel, au sein duquel il peut décrire ses vacances et ses meilleu rs souve
nirs, exposer ses photos et vidéos, établ i r sa liste d 'amis et recevoir des
messages personnels d'autres membres. Chacun peut ainsi découvri r le
profil et les vacances des autres membres de la communauté, commenter
ses photos et dialoguer, au travers de ces espaces personnels.
Les newsletters de « co n ta ct ». Une newsletter informe chaque membre
lorsqu'un nouvel inscrit qu'il serait susceptible de connaître (parce que
leurs dates et lieu de séjou r correspondent) adhère à la communauté.
Cette information vise à favoriser la reconstruction des liens sociaux entre
les clients Lookéa.
Enfin, à côté des actions visant à stimuler la participation et les relations
sociales au sein de la communauté, il est important que les membres de
monLookéa partagent une identité collective, qui favorise leur attache
ment à la marque. Dans le but de stimuler cette troisième dimension, il est
nécessaire que la communauté soit investie d'un capital cu ltu rel capable
de souteni r les processus d'identification (Sitz, 2006; Schau et a l. , 2009).
Dans le cas de monLookéa, ce capital cult u rel existe déjà : il est présent
dans les clubs ! Les valeu rs liées à Lookéa (la convivialité et la proximité, par
exemple), les divers rituels des clubs (telles que les danses et les activités
traditionnelles), les codes et le vocabu laire partagés par les vacanciers, etc.
constituent des composantes de la cult u re de la marque, observables phy
siquement dans les clubs. Ces composantes peuvent être transposées sur la
plateforme virtuelle monLookéa, afin d'en renforcer le capital cultu rel et
de stimuler l'émergence d'une identité collective qui soit le reflet de celle
qui se développe au sein des cl ubs. Ce rapprochement entre les facettes
virtuelle (la plateforme en ligne) et physique (les clubs de vacances) de la
communauté contribue à positionner la visite virtuelle comme un prolon
gern.ent harmonieux de l'expérience vécue lors du séjour en club.
La figure 1 1.2 permet de synthétiser les éléments relatifs à l'approche
sociocultu relle que nous venons de développer.
WE B 2 . 0 E T C O M M U NA U TÉS D E MAR Q U E
LMKEMENT INTERNE
TEST ET CRÉATION DES PREMIERS
CONTENUS
PHASE 2 : ACTIVATION DE LA COMMUNAUTE
DÉVELOPPEMENT o' UNE DYNAMIQUE SOCIOCULTURELLE
L ANCEMENT EXTERNE
PARTICIPATION
i
RECRUTEMENT DES CLIENTS CLUB
Bénéfices informationnels
Actions :
➔ Communication sur le lieu de
� (UGC. infom,ations en avant
première) RENFORCEMENT DES RELATIONS RENFORCEMENT
Bénéfices relationnels SOCIALES IDENTITAIRE
vacances (animateurs, affiches,
supports de communication divers, .. ) Bénéfices hédoniques Espaces personnels Transposition des
➔ Communication au retour de (concours, décotNerte, !'lc.) Page de commentaires composantes culturelles
vacances (newsletters) Bénéfices de statut Newsletters de contact des clubs physiques
(classement des membres)
DIFFUSION
RECRUTEMENT DES VISITEURS
➔ achat de mots clés, relais via les
partenaires {agenceset presse)
4.4 E X P LO I T A T I O N S T R A T É G I Q U E D E LA C O M M U N A U T É
�--·-•···•�------••·•---- --------
,------------
C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
Club(s) Lookéa
visité(s)
res /
-�
ciers
-
,,,,,,
\"--
Avec les anima teurs. Lors d'un séjour en club, les vacanciers ont souvent
l'occasion de développer des liens forts avec le personnel d'animation. Le
désir de retrouver les animateurs est souvent très présent après le séjour et
contribue fortement à la fidélisation des consommateurs. En permettant le
maintien des relations entre les vacanciers et les ani mateurs présents sur la
plateforme, monLookéa renforce ces relations qui lient les consommateurs
à la marque.
WE B 2 . 0 ET C O M M U N A U T ÉS D E MAR Q U E
S . C O N C LU S I O N S
À cet égard, les approches com munauta i res constituent une option envi
sagée par de nombreuses entreprises, qui tentent de surfer sur la vague
du web 2.0 en créant autour de leur ma rque et de leurs produits des com
munautés de consomm ateurs B-to-C. En effet, nous avons constaté que les
offres touristiques, en ra ison de leur va leur de l ien intrinsèque, appara is
sent com me propices à la m ise en place de ces stratégies.
A insi, au même titre qu'un groupe d'am is, la com munauté renforce la socia
l isation des consommateurs touristiques (Decrop et al., 2004). D'une part,
elle agit tel un groupe de référence, auprès duquel le voyageur peut obtenir
de nombreuses informations utiles lors de la préparation de son séjour. À
cet égard, le consommateur consulte la communauté afin d'en tirer l'in
formation dont il a besoin. D'autre pa rt, les membres du collecti f en ligne
constituent des acteurs avec lesquels le vacancier peut, à son retour, pa r
tager ses récits et ses souveni rs de vacances. Par ce pa rtage d'informations,
ce dernier contribue à ali menter le contenu informationnel d isponible sur la
plateforme com munauta i re. Entre ces deux phases du processus de consom
mation touristique intervient l'expérience du séjour. L'étude de monLookéa
montre que la com munauté créée par la ma rque intègre le cœur de ce sys
tème tridi mensionnel et influence chacune de ses phases. Néanmoins, il faut
souligner que tous les vacanciers et prospects visitant la com munauté v i r
tuelle ou séjournant en club n'adhèrent pas à l'offre communautai re pro
posée par la marque, et n'intègrent pas forcément le collectif.
RÉCOLTE CONTRIBUTION
D ' INFORMATIONS
Dimension
virtuelle DU SÉJOU
MARQU E 8 -TO -C
Dimension
E XPÉRIENCE D U
Ph ysique ""
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Portfol i o .
ml
I N T R O D U CT I O N
,.
1 . LE N U M E R I Q U E : U N E T E N D A N C E
LO U R D E D U T O U R I S M E
ti ngs, 20 10) . L'aspi rant voyageur qui dispose d'une con nexion Internet, soit
63 % des ménages fra nçais en 2009 selon Eurostat, commence souvent à
concevoir et à orga niser son séjour touristique pa r une recherche sur le
web. Cette recherche le renvoie parfois vers d'autres sites vi rtuels ou vers
des structures physi ques disponi bles à proximité, telles que des agences de
voyage. Cette démarche se généralise d'auta nt plus qu'avec la pénétration
ma ssive du h aut débit (selon l'Arcep (Autorité de régulation des commu
nications électroni ques et des postes), p l us de 18,67 mi llions de Français
sont a bonnés), la ncer une requête sur Internet permet d'avoi r e n quelques
secondes une liste exh austive de réponses, que l'on peut ouvrir simulta n é
ment sa ns atten d re trop longtemps pour que les données soient affichées.
Les s ites dédiés à l'I nternet mobile se caractérisent le plus souvent par u ne
extension « .mobi », qui conserve le nom du site originel . Les entreprises
tou ristiques qui les développe nt selon ce principe partent du postulat
q u'il faut offrir u n e déclinaison de leur site web traditionnel sur l'Internet
mobile, en raison de l'accroissement de la mobilité de leurs consomma
teurs. Ce choix est partic u l i èrem ent pertinent lorsque l'internaute a de
fortes chances d'avoir besoin des services de l'organisation dans le cadre
de ses déplacements, qu'ils soient d'ordre touristique ou de nature pro
fessionnelle, mais il n'est pertinent que s'il est associé à une incitation à
la fidélité (principes des miles des compagnies aérien nes, des s'miles de la
SNCF, etc.).
Faut-il dire : « Les acteurs du tourisme sont morts. Vive les rois de la
technoJogie ? »
- Apple a déposé un brevet sous l e nom d ' iTravel. I l s'agit d ' u n e appli
cation mobile q u i permet d e réserver le vol, l'hôtel, l a voiture d e
l ocation, d 'a vo i r accès à s o n d ossier d e réservation e t de suivi des
bagages avec, en prime, la tech nologie NFC (Near Fit!ld Communica
tions), q u i permet d'util iser son téléphone m ob ile com m e un porte
monnaie virtue l .
• Plus besoi n d'avoir u n e a g ence ? P l us besoin d e con n aître l es
noms des principaux prestatai res d u voyage ? Peu i mporte les
m a rq ues des opérate u rs p uisq u 'Appl e me les propose ?
2 . L E S N T I C E T LA C O N S O M M A T I O N
T O U R I ST I Q U E : A V A N T ,
�
P E N D A N T E T A P R E S L E VOYA G E
Au-delà des technologies de l ' I nternet fixe et mobi le, les NTI C ont permis
u n e évol ution n otab l e d a ns les prati q u es de préparation, de consomma
tion et de remémoration d u voyage de loisir. Toutes les éta pes de l'expé
rience tou ristiq ue sont infusées des nouve l l es technologies de l ' i nforma
tion : l ' ava nt-voyage, le voyage l u i-même et l'a près-voya ge.
�
� C O M P O R T E M E N T D U T O U R I ST E E T E F F I C A C I T É M A R K E T I N G
Aujourd'hui, les comparateurs sont contraints d'aller plus loin que cette
simple classification par les prix, car le voyageur dispose de bien d'autres
contraintes, à commencer par les dates de départ et de retour. En effet,
si le consommateur peut décaler un peu ses dates, c'est en général de
trois jours tout au plus, ce qui explique le développement des nouvelles
solutions technologiques des G OS, comme BargainFinderMax de Sabre,
qui permettent d'étendre la recherche à un intervalle de dates. Comme le
prix n'est pas la seule variable en jeu, les comparateurs doivent gagner en
performance en proposant plus de données qualitatives. En complément,
comme ils sont souvent soupçonnés par les consommateurs de présenter
en priorité les offres pour lesquelles ils ont des marges intéressantes, il doi
vent veiller à leur crédibilité (Bo-Chiuan, 2007). C'est dans cet esprit qu'en
F rance, depuis 2008, la Fevad propose aux comparateurs d'adhérer à une
charte déontologique.
2.3 R E C E VO I R S O N B I L L E T E T E M B A R Q U E R :
L E E - T I C K E T I N G E T L A T E C H N O LO G I E N F C
;
2.4 L A V I S I T E T O U R I ST I Q U E A S S I ST E E P A R
L E S N T I C : L A G É O LO C A L I S A T I O N , L A R É A L I T É [,
A U G M E NT É E E T L E S F LA S H C O D E S
L
Trois technologies accompagnent désormais la visite touristique : la géo
localisation, la réalité augmentée et les flashcodes. L'intégration de plus
en plus grande des NTIC dans la consommation touristiques in situ va+
L
elle donner lieu à l'émergence prochaine du concept de VAO ou «visite
assistée par ordinateur» ?
E - TO U R I S M E : L ' I N F L U E N C E D E S TE C H N O L O G I E S D E L ' I N F O R MATI O N
ED
l
Pour gérer les flux de touristes et préserver la qualité de la ,v isite de la •
ville à Venise :
Le système Tag my Lagoon («clique sur ma lagune ))); expérimenté par
I BM et la cité des doges, vise à proposer aux touristes qui souscrivent
à l'application, dont le prix journalier doit rester modiq\Je, un service
E - TO U R I S M E : L ' I N F L U E N C E D E S T E C H N O L O G I E S D E L ' I N F O R MATI O N