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Chapitre 3 : Le langage juridique.

Section 1 : Le vocabulaire juridique.


I) Les mots.
A) L’appartenance au langage juridique.
1) L’appartenance exclusive.
2) La double appartenance.
a) Les termes d’appartenance juridique principal.
b) Les autres cas de double appartenance hors l’appartenance juridique principale.
B) La polysémie juridique.
II) Les rapports entre les mots.
A) Les rapports de mots à mots.
1) Les rapports d’analogie.
2) Les rapports d’opposition.
B) Les familles de mots.
1) La famille étymologique : le regroupement par racine.
2) La famille sémantique
Section 2 : Les discours du droit
I) Le discours législatif
A) Un discours normatif
B) Un énoncé d’articles incorporer à l’ensemble.
II) Le discours juridictionnel.
A) La question.
B) La réponse.
1) La Justification : la motivation.
2) La solution : le dispositif.
Le langage juridique.

Il est plutôt banal d’opposer le langage courant c'est à dire l’usage


ordinaire de la langue commune au langage juridique. Il y aurait donc un
langage particulier. De fait, on se rend compte que le langage juridique n’est pas
spontanément, immédiatement compris par un non-juriste. Pour le profane, le
langage du droit apparaîtrait étrange voire hermétique, mystérieux. L’une des
grandes difficultés lorsque l’on aborde l’enseignement du droit c’est ce
vocabulaire. Et on a tendance, dans un premier temps, pour se faire comprendre,
à donner des définitions élémentaires en recherchant des synonymes, des
équivalents dans le langage courant. On risque donc d’égratigner la précision
technique. Ce particularisme est particulièrement sensible lorsqu’on a affaire à
des mots qui n’ont de sens qu’en droit, dont le sens n’est que juridique. C’est ce
qu’on appelle des termes d’appartenance juridique exclusive. Il faut bien
comprendre pourquoi il y a un langage du droit. C’est parce que le droit donne
un sens spécifique à certains termes qui forment le vocabulaire juridique. Il y a
également un langage du droit parce que le droit va énoncer d’une manière
particulière ces propositions ce qui va donner lieu à un discours juridique qui est
lui-même un discours pluriel.
On va distinguer un discours législatif, juridictionnel, coutumier avec les
maximes et les adages. Le vocabulaire juridique est au sein d’une langue,
l’ensemble des termes qui ont dans cette langue un ou plusieurs sens juridique.
Cela vx dire qu’il n’y a pas que des termes d’appartenances juridiques exclusive
mais que cela conserve également des termes du langage courant auxquelles le
droit pourrait conférer un sens particulier. Ainsi on va avoir des termes de
double appartenance et qui sont beaucoup plus nombreux que les termes
d’appartenance exclusive.
Le langage juridique n’est pas seulement dans les termes qu’il utilise mais
aussi dans les textes qu’il produit. La première réalité de ce langage est dans les
textes de droit (lois, décisions de justices, teneur d’un contrat…). Ces textes sont
des enchaînements de phrases qui suivent un ordre particulier ainsi la loi va
exposer ces motifs et énoncer ces dispositions article par article.
Un jugement va énoncer ses motifs (=argument) et ce qu’on appelle son
dispositif (=décision). Le contrat va énoncer ses stipulations close par close. Il
est erroné qu’une loi stipule, seul un contrat stipule.
Un discours juridique se reconnaît à sa structure et à son style. La spécialité du
langage du droit tient aussi à sa technicité qui reflète la technicité même du
droit. Le langage vient nommer des réalités juridiques, des institutions, des
opérations juridiques donc tout ce que le droit crée, tout ce que le droit consacre.
D’où la nécessité d’une précision, d’une rigueur dans ce langage parce que c’est
le support des concepts.

Le vocabulaire juridique.

C’est l’ensemble des mots qui ont au moins un sens juridique. Ils pourraient
avoir une ou plusieurs sens juridique. L’étude du vocabulaire juridique a une
finalité sémantique à savoir la recherche et l’analyse du sens des mots. Il
convient d’aborder dans un premier temps les mots en tant que tel avant de voir
les rapports entre ces mots.

I) Les mots.
Il s’agit de voir les mots ayant un sens juridique, il va falloir isoler les termes
qui appartiennent au vocabulaire juridique, histoire de les situer par rapport au
langage courant.. Une fois cette première étape faite, on pourra d’autant mieux
mesurer la charge juridique des mots.

A) L’appartenance au langage juridique.


La question que l’on doit se poser est de savoir si le mot appartient
exclusivement au langage du droit ou s’il relève également du langage courant.

1) L’appartenance exclusive.
Certains termes n’ont en français qu’un ou plusieurs sens juridique mais il n’y a
pas trace d’un sens extra-juridique. C’est le noyau dur de la spécificité du
langage juridique. Beaucoup de ces termes qui sont donc exclusivement
juridique appartiennent au langage de la procédure juridictionnel.
Exemple : cassation, inquisitoire (enquête dominée par le juge), liciter (vendre
aux enchères un bien indivis), ester (agir en justice).
Autre gisement de termes exclusivement juridique :
La théorie générale des biens et des obligations : créancier, débiteur
Le droit successoral : le codicille (acte qui annule un testament).
Le droit des crédits : l’anatocisme (capitalisation des intérêts d’une dette).

Tous les termes d’appartenance exclusive ont un sens d’appartenance technique


de précision. Ils désignent de manière pointue un élément spécifique du système
juridique. C’est pour ça qu’il n’y a pas d’équivalent dans le langage courant.
C’est tellement précis qu’il n’y a pas de sens dérivée dans le langage courant.
2) La double appartenance.
Dans leurs grandes majorités, les termes du vocabulaire juridique ont aussi un
sens dans le langage commun. Mais ce pourrait être exactement le même sens.
Néanmoins dans la plupart des cas on aura un sens différent. D’où des termes
qui seront à cheval entre les deux langages = termes à double appartenance c'est
à dire des termes ayant au moins 1 sens dans chaque vocabulaire.
On px d’ailleurs avoir des termes ayant plusieurs sens dans l’un des vocabulaires
ou même carrément dans les deux et ce avec ou non, coïncidence partielle. On
est dans l’hypothèse d’une polysémie.
On px aller plus loin dans l’analyse c’est que deux catégories peuvent être
distinguer au sein des termes à double appartenance. On px d’abord mettre en
avant les termes dont il est certain qu’ils ont un sens juridique principal et un
sens extra-juridique dérivé. On parlera alors de termes d’appartenance juridique
principal. Et puis on aura ceux qui auront un sens principal dans le langage
courant.

a) Les termes d’appartenance juridique principal.


Ce sont ces termes qui sont passés dans le langage courant avec un sens
secondaire, dérivé. Ce qui fait que le sens juridique est le sens premier, le plus
important. C’est le langage juridique qui vient enrichir la langue française
commune, qu’il s’agisse du vocabulaire de base (équité, prérogative,
gouvernement…), qu’il s’agisse également du vocabulaire judiciaire à l’instar de
termes comme le terme de juge, procès, contentieux, qu’il s’agisse également
des mots clef se rapportant aux opérations juridiques principales (contrat, rente,
clause, gage…). Ce sont des mots clef parce qu’ils sont porteurs des notions
fondamentales du droit, ils en expriment les catégories essentielles, on les trouve
au cœur même du système juridique. La plupart de ces termes sont clairs,
simples, intelligibles mais ça ne leur empêchent pas d’avoir un sens juridique
technique. Ce sont des mots chargés d’expériences sociales puisque les choses
qu’ils désignent sont liés à la vie juridique quotidienne. Ça renvoi à ce qui est
vécu par beaucoup d’usager.
Dans leur sens dérivé, ils sont devenus des manières, des façons de parler. Ils
servent d’images, de métaphores. C'est à dire que dans le langage courant, ils ne
sont plus la pour véhiculer le sens technique juridique d’origine. Mais tout en
restant proche de ce sens juridique d’origine.
Exemple : divorce au sein d’un parti politique. La plaidoirie : argument de
l’avocat au tribunal mais par sens dérivé la plaidoirie évoque toute intervention
en faveur de quelqu'un ou de quelque chose. Le gage d’amitié.
Il faut remarquer que cette dérivation se fait souvent en ne prenant qu’une
facette du sens juridique originaire. On doit relever également que d’autres
termes d’appartenance juridique principal ont pris dans le langage courant, un
sens neutre qui a pu se détacher du sens juridique. Ils ont perdu le sens technique
d’origine mais en plus, ils ne l’évoquent même plus. On px considérer que des
termes comme juger, débat, sursis illustrent cette dérivation. Autrement dit ici,
ils délivrent un sens qui vient directement à l’esprit sans passer par
l’intermédiaire d’une image juridique mais d’un autre coté, on px remarquer que
le sens courant participe d’un sens générique auquel participe aussi le sens
juridique. Cas qu’on trouve la même idée générale sou-jacente.

Les expressions juridiques sont devenues dans le langage courant, des


expressions familières (mettre en cause, à tour de rôle [rôle = registre sur lequel
sont inscrite par ordre chronologique toute les affaires portés devant la
juridiction], prendre faits et causes…). Des expressions qui se sont vidés de leur
sens juridique, expressions que les usagers de la langue courante ont oublié ou
non jamais su qu’il y avait un sens juridique.
Exemple : en connaissance de cause, en tout état de cause : cause = instance,
procès, cas, affaire. Sur la sellette : sellette = parquet sur lequel le témoin était
inviter à monter pour s’exprimer.
Il faut insister sur le fait qu’en règle générale le sens courant, est une
transposition relativement fidèle au chose de la vie. On a en fait, un certain
parallélisme de sens.

b) Les autres cas de double appartenance hors l’appartenance


juridique principale.
Ce sont donc les cas où les termes juridiques paraissent avoir été emprunté au
vocabulaire courant. Du moins les termes en cause ont leur sens principal dans
le langage courant et ils ont acquis dans le langage juridique, un sens particulier.
On px alors parler d’une polysémie externe. On va là aussi procéder
méthodologiquement en distinguant plusieurs cas.
On a les termes de double appartenance qui ont le même sens dans le langage
juridique et dans le langage courant. On aura des vocables qui gardent dans
l’emploi principal qu’en fait le droit, le sens fort que donne le langage courant.
Autrement dit, le langage juridique se limite à utiliser le terme courant sans en
changer le sens sans même altérer ce sens. A la limite, px on encore parler de
langage juridique, est ce que ça n’est pas du langage courant qui est utilisé dans
un contexte juridique.

Exemple : constater, examiner, argumenter, réfuter. Ici a travers ces verbes, on a


un vocabulaire qui relève de l’opération consistant à juger par tous moyens
d’observation de l’existence d’un fait ou par tous modes de raisonnement du
bien fondé d’une affirmation.

Le cas où on a les termes dont le sens juridique est une transposition particulière
avec ou sans modification d’un sens générique commun. Exemple : fond, forme,
degré, gain… souvent ces termes ont plusieurs sens aussi bien dans le langage
courant que dans le langage juridique. Ici, l’un au moins des sens juridiques
correspond à un sens générique commun dont il est l’application dans l’ordre
juridique. La spécificité juridique de l’emploi vient donner aux termes, une
particularité, une certaine technicité.
Exemple : pour agir en justice il faut avoir un intérêt à agir. Or avoir intérêt à
faire tel ou tel chose ça ne pose pas de problème de compréhension. Mais ici le
droit en partant de cette idée, va faire de cet intérêt à agir une notion technique,
précise avec des critères élaborés progressivement par la jurisprudence.
On ne px agir en justice qu’a la condition d’avoir un grief à formuler à
l’encontre d’un adversaire. Autrement dit, on n’agit pas en justice simplement
pour le plaisir de faire dire le droit. Le juge n’est pas la pour donner des
consultations purement théoriques ou pour disserter sur les questions
académiques. Cet intérêt à agir doit être actuel, non-éventuel, personnel, et
direct. Pour avoir une première idée, on va se brancher sur le sens courant, mais
c’est insuffisant pour en saisir tout le sens juridique, toute l’originalité juridique.
Cela px aller parfois jusqu'à faire naître une certaine confusion lorsque la
transposition juridique spécialise au point de se mettre quasiment en opposition
avec le sens commun.
Exemple : dans le langage courant : actes d’une personne = faits et gestes. Dans
le langage juridique : droit oppose acte et le fait juridique et l’acte comme le fait
juridique entraînent des conséquences de droit, des effets de droit mais l’acte est
spécifiquement une opération qui est faite dans l’intention, dans le but d’obtenir
tel ou tel effet de droit alors que le fait juridique est un comportement ou un
évènement auquel le droit va attacher un effet de droit mais un effet de droit qui
n’a pas été spécialement directement voulut par les intéressés.

Il arrive que le rattachement générique ne soit pas clair parce que l’usage
juridique se rapporte non pas au sens le plus courant, populaire mais à un aspect
plus pointu.
Exemple : l’enfant naturel, opposé à l’enfant légitime. Ça vx pas dire que
l’enfant légitime est plus artificiel qu’un autre. Mais il n’est pas dans son sens
ordinaire et qui traduit une distinction entre nature et institution.

On a donc des termes dont le sens juridique provient d’une figure de langage
relativement au sens courant. Donc de nombreux termes qui ont gardé leur sens
propre dans le langage courant ont gagné, ont revêtu dans le langage du droit un
sens figural. Ils ont acquis un sens autre que le sens premier mais à partir de ce
sens premier. On a bien une dérivation qui se fait le plus souvent du concret à
l’abstrait. Donc le droit part d’une chose concrète pour en faire une
transformation intellectuelle.
Exemple : il va partir du siège pour évoquer les magistrats du siège c'est à dire la
magistrature assise, qui juge. Le parquet pour évoquer la magistrature dite
debout c'est à dire le ministère public. L’appel issu de l’appel de voix on en fait
un recours du jugement.
D’autres termes ont perdu de nos jours, dans l’usage juridique, leur valeur de
métaphore, d’image. Ce ne sont plus en effet les figures de langage mais des
manières ordinaires de nommer ce qui est désigné. Le sens dérivé est devenu en
droit un sens propre, d’avantage neutre. Ils ont été insérés au vocabulaire
juridique comme mots ordinaires et principaux de sorte que leur usage est
devenu naturel pour le juge comme pour le législateur (sources, émissions,
degrés…).

La rupture de sens c'est à dire le cas où un même terme a un sens juridique et un


sens extra-juridique entre lesquelles il n’y a plus de rapport perceptible. La
compréhension ne passe plus entre le vocabulaire juridique et le langage
ordinaire. On aura les faux-amis. Assez souvent un lien subsiste entre le sens
juridique et le sens commun. Mais ce lien fait croire qu’il y a proximité de sens
alors qu’ils sont éloignés.
Exemple : absence : le fait de ne pas être la ou ne plus s’y trouver. En droit, c’est
la situation de la personne dont on ne sait pas si elle est vivante ou morte faute
de nouvelle de sa part depuis qu’elle a cessé de paraître chez elle et donc cela
correspond selon les cas, soit à une supposition de vie (absence présumée) soit à
une présomption de mort (absence déclarante). Une Grosse : sens courant, un
individu corpulent. En droit, c’est le nom qui est donné à une copie d’un
jugement revêtu de la formule exécutoire. Minute : en droit, c’est l’original d’un
acte dit authentique c'est à dire l’acte qui est rédigé par un officier public
(officier public [a pour fonction de dresser des actes pour le comte de l’état]
différent de l’officier ministériel [sont des particuliers investis par l’état, d’une
activité dans un secteur déterminé ; ils ne sont pas fonctionnaires mais ils sont
titulaires d’un office, donc nommé à vie pour exercer une charge acquise auprès
du précédent titulaire] : les huissiers de justice, les notaires, les commissaires
priseur sont les deux). On a une spécificité du sens juridique isole, met en dehors
de la compréhension commune.

B) La polysémie juridique.
On a situé les termes du vocabulaire juridique par rapport au langage courant.
Maintenant, il convient de creuser l’étude de leur contenu au sein même du
langage juridique. On doit alors constater qu’au regard du droit certain termes
n’ont qu’un sens alors que d’autres en possèdent plusieurs. Les premiers peuvent
avoir un ou plusieurs sens dans le langage courant et ceux qui ont 2 ou plusieurs
sens en droit pourraient n’avoir aucun sens dans le langage courant. Ainsi, on
nomme polysémie juridique ou interne le fait d’avoir au moins 2 sens juridiques
potentiel. La polysémie interne px interférer avec la polysémie externe.
Lorsqu’un terme ayant plusieurs sens juridique possède aussi un sens extra-
juridique.

Comment un système juridique s’accommode-t-il d’une multiplicité en son


sein ? Un terme polysémique pourrait être utilisé de telle façon à créer
l’équivoque, l’ambiguïté. On aura un doute quant au sens qu’il faudrait prendre.
Du coup le terme devient sujet à interprétation. Normalement, un terme
juridique polysémique ne doit revêtir dans un texte, qu’un seul de ses sens
potentiels. Les termes à sens juridique multiple sont particulièrement nombreux,
plus nombreux que les termes à sens unique. Tous les mots clef du droit sont
marqués de cette polysémie.
On doit également remarquer qu’en règle générale les termes juridiques à un
sens sont aussi des termes d’appartenance exclusive. Donc les termes qui n’ont
de sens qu’au regard du droit paraissent avoir en droit qu’un seul et unique sens.
Certains termes de double appartenance n’ont au regard du droit qu’un seul sens.
On remarque bien cette coïncidence surtout pour les termes très techniques,
savant : anatocisme (capitalisation des intérêts d’une dette), l’exhérédation
(action par laquelle le testateur prive les héritiers de leur droit successoral).
Les termes de procédure en regorgent à l’image d’un terme comme : postulation
(consiste pour l’avocat à faire pour un client les actes de procédures que
nécessite le procès), émender (consiste pour une Cour d'Appel qui rend un arrêt
confirmatif à corriger la décision des premiers juges sur tel ou tel point
particulier).
En même temps on px avoir des termes très clairs qui soit des termes à un seul
sens, monosème : créancier, donateur …

Pourquoi ces termes sont ils demeurés sous le signe de l’unité de sens ? Parce
que principalement il désigne avec précision un seul référent.

Combien de sens pour un même terme ? En général, c’est 2 sens. Mais on px


avoir 3 sens pour un même terme, et même jusque 4 voire 5 mais c’est rarissime.
A partir de là, le plus intéressant c’est de voir comment se font les rapports entre
les différents sens. Il est fréquent que les multiples sens d’un mot soient unis par
des liens apparents ce qui donne une impression d’ordre, on y trouve une
certaine logique.
Exemple : conseil : l’avis qui est donné sur ce qu’il convient de faire, c’est une
opinion, c’est le résultat d’une consultation. MAIS c’est également la personne
qui donne un avis à une autre personne (personne moral ou professionnel).
MAIS aussi l’assemblée de personnes qui est chargé de donner un avis sous une
forme collégiale. Le conseiller juridique du gouvernement c’est le Conseil
d’Etat. MAIS aussi la séance même de consultation au jour où elle a lieu.

Les divers sens d’un mot peuvent se compléter souvent du fait que chacun saisit
l’un des aspects sous lesquels on px regarder une même chose. Donc les divers
sens manifestent une cohérence.
Exemple : acte : dans un sens intellectuel, désigne une opération juridique
destinée à produire un effet de droit, on parle donc d’acte juridique. Dans un
sens matériel c’est l’écrit qui est fait en vue de constater cette opération
juridique.

Les divers sens d’un terme se répondent parfois parce qu’ils se réfèrent tous à
une même notion générique. Les différents termes viennent saisir des aspects
spéciaux de cette notion générique.
Exemple : facultés : idée de moyens potentiels. Ça px désigner pour une
personne ses moyens mais ça px désigner également les ressources, les
possibilités financières.

Tous ces cas illustrent une polysémie cohérente mais il existe aussi une
polysémie désordonnée qui est souvent le résultat de coïncidence, de hasard. Ici,
les rapports entre les différents sens à supposer … sont moins clairs que
précédemment. On pourrait avoir l’impression d’une juxtaposition de
chevauchements voire même de contradiction.
Exemple : cause : en matière de responsabilité civile, elle désigne la cause du
dommage. Alors que dans le contrat la cause, c’est soit le mobil individuel,
concret qui est poursuivit par le contractant soit l’intérêt objectif que présente ce
type d’acte pour tout contractant ; on parlera de la cause dite abstraite. C’est
l’intérêt que représente l’acte, c’est la finalité poursuivie par les parties = cause
finale. Dans la théorie générale des droits et actions la cause désigne le
fondement juridique qui permet d’obtenir tel ou tel effet de droit. On parlera
d’une cause de divorce, de nullité. Cause = raison  motif de droit, de fait.
Dans la théorie de la demande en justice, la cause de la demande = ensemble des
faits que les parties invoquent pour appuyer leur prétention. Dans tout procès,
cela désigne soit l’affaire, l’espèce, le cas soit l’instance et le développement de
la procédure.
On remarque qu’il existe des liens nets entre les 3 derniers sens mais il n’y après
as de liens entre le premier sens et les autres. Le lien entre le 2 nd sens et les
suivant est un lien mince.

Pourquoi y a t il une polysémie en droit ? Elle est inévitable parce que les
notions juridiques sont plus nombreuses que les mots pour les nommés. L’un des
moyens de limiter voire de lutter contre la polysémie ce serait la création de
néologies. Ou on va procéder en formant des mots composés donc en associant
des termes qui existent déjà dans le langage ce qui rend plus facile la
compréhension.

II) Les rapports entre les mots.


Il ne faut pas se limiter aux seuls mots pris isolément. Leur rapport compte. On
va d’abord évoquer les rapports de mots à mots avant d’envisager les familles de
mots.

A) Les rapports de mots à mots.


On px d’abord évoquer les rapports qui ont présidé à la formation des termes
actuels du vocabulaire juridique français. La formation des mots s’est faite à
partir de termes ou de racines empruntées à d’autres langues que le français
parlé de nos jours. On a un rapport particulier de mots qui relèvent de
l’étymologie.
Mais d’autres mots ont été formés par dérivation ou composition à partir de
termes préexistant dans la langue française.
On a également des rapports de comparaison c'est à dire qui résultent du
rapprochement entre 2 mots donc un rapprochement des sens que possèdent ces
mots. Ces rapports se distinguent en rapports d’analogie et en rapport
d’opposition.

1) Les rapports d’analogie.


Il s’agit d’évoquer la synonymie. Les véritables synonymes sont rares dans le
vocabulaire juridique.
Exemple : dommages et préjudices. Stipulations et clauses.
Deux termes sont synonymes lorsqu’ils ont le même sens donc ils sont
interchangeables.

Pourquoi la synonymie est elle rare dans le langage juridique ? Parce que le
vocabulaire du droit recherche la plus haute précision et l’esprit juridique est
plutôt allergique, réfractaire aux doublons.
Par définition la synonymie c’est le contraire de la polysémie et donc les
facteurs qui tendent à développer la polysémie, tendent à réduire la synonymie.

Cela dit, on a aussi ce qu’on appelle une synonymie approximative. C'est à dire
qu’on a des termes très proches de sens mais avec des nuances qui malgré tout
empêchent de les tenir pour identique à part entière.
Exemple : légale et licite : exprime une conformité à une norme MAIS légale ça
signifie conforme à la loi alors que licite plus généralement conforme au droit.

2) Les rapports d’opposition.


Il s’agit de l’antonymie : Par rapport à un mot l’antonyme sera le sens
directement opposé.
Le meilleur moyen de former un antonyme c’est d’ajouter un préfixe négatif.
Exemple : aliénable – inaliénable ; légale – illégale ; licite – illicite.
Néanmoins, attention, avec un préfixe particulier « de » : désaffectation –
affectation MAIS délégalisation n’est pas le contraire de légalisation.

Il s’agit aussi d’évoquer les termes qui s’opposent au sein d’une classification
sous un certain rapport. Ils ont une importance dans le vocabulaire juridique
puisque c’est la conséquence logique du rôle joué par la classification dans la
pensée juridique. On fonctionne souvent par opposition binaire.
Exemple : concédant – concessionnaire ; demandeur – défendeur ; donateur –
donataire …
L’opposition px être ternaire ou autre.
Exemple : législatif, exécutif, judiciaire
On arrive aux familles de mots qui sont significatives d’un certain type de
rapport entre les mots.

B) Les familles de mots.


On px donc replacer les mots au sein des familles qui les regroupent en des
ensembles plus larges en vue de scruter les rapports qu’ils entretiennent. On a
ainsi les familles qui sont constitués à partir d’une racine commune = famille
étymologique.
Mais les mots peuvent également s’apparenter par un voisinage de sens formant
une famille sémantique.

1) La famille étymologique : le regroupement par racine.


Exemples : racine latine lex, legis (=loi) : légal, légalité, légalement, illégal…
d’autres dérivées comme légitime, légitimation, légiste, légiférer, législature…
D’autres termes sont dérivées loyal (legalem = fidèle à la loi), privilège (primata
lex : loi particulière).
Terme collége du latin collegium = association gouvernée par une loi soumis à
une même règle. Collègue.

Racine jus, juris = droit : juriste, jurisprudence, jurisconsulte… d’autres


dérivée : juste = conforme au droit , justice, justiciable, justesse…
Si on prend les mots français composé du latin jus, juris et dicere : juridiction
(action de dire au droit), juridique…

Le regroupement par racine est intéressant lorsque la racine commune a gardé


un même sens et un sens toujours actif. Ça vx dire que l’usage actuel va y
prendre une part importante de son sens. Ainsi, on a pour une famille de termes,
un même dénominateur commun et a cette racine on ajoute des composantes
propres : préfixes, suffixes ce qui permet des variations de sens. Ce sont des
variations de sens qui sont la pour préciser, pour dénommer le plus
adéquatement possible les choses de la vie. On obtient ainsi des séries par thème
en application d’une même idée.
Exemple : On trouve la même racine grecque (arkhé) exprimant de la
commandement dans une série suivant (arkhé) : Anarchie, dyarchie, hiérarchie,
monarchie, oligarchie (gouvernement d’un petit nombre).
Racine grecque « nomos » = règle, loi : autonomie (attitude à se dicter sa propre
loi), antinomique (contradiction entre deux lois), économie (ordre interne car
eco = maison)…

Ça doit aider au travail de systématisation du droit.

2) La famille sémantique
On va aller au-delà de la famille étymologique, on va regrouper les termes
juridiques en fonction du sens et ce que les termes en question aient ou non une
racine commune. L’objectif est de construire des familles de mots ayant des
intérêts au regard du droit, avec des rapports de sens juridiquement pertinent.
Comme cela on va avoir ce qu’on appelle des réseaux de termes, de mots. Pour
introduire l’ordre dans la variété, les institutions des faits et des actes, le
juridique fait tout un effort pour classifier, catégoriser. Donc on va distinguer
avec précisons des notions voisines, on va rapprocher toutes les données, les
éléments intervenant dans la mise en œuvre d’une opération, la conduite d’une
action. A chacune de ces démarches on aura un rapport de sens juridiquement
pertinent. On peut d’abord regrouper toutes les espèces d’un même genre, il y
aura donc une grande catégorie avec des subdivisions. Le genre acte juridique, a
partir de la on va découvrir toute une famille en distinguant l’acte unilatéral et
l’acte plurilatéral sachant que dans l’acte pluri on pourra subdiviser l’acte
bilatéral comme la convention le contrat, et les autres actes multilatéraux comme
les traités. Ce regroupement de famille sémantique correspond finalement à un
réseau de catégorie juridique comme quoi le vocabulaire juridique contribue au
raisonnement, démarche juridique et inversement. On peut aussi constater que
certains mots juridiques ont des sens voisins mais distincts et ils méritent d’être
rapprochés pour être comparé et distingué avec précision. Le rapport de sens
juridiquement pertinent est la proximité sémantique. Avec le terme « valable »
on va alors repérer autour de son sens toute une série d’autres termes qui vont
traduire une idée semblable, ex : licite, valide, légal, légitime, justifié, régulier,
fondé,… On voit ainsi que tous les voisins de sens se situent autour d’une réalité
centrale, sachant que chacun de ses termes va exprimer un aspect de cette réalité
sans règle, donc spécifique qu’il ne faudra pas confondre avec un autre.

Section 2 : Les discours du droit


La mise en œuvre de la langue au service du droit. Un discours est juridique, soit
directement parce qu’il établie ou dit le droit, soit plus généralement parce qu’il
concoure à la réalisation du droit. On ne va s’arrêter que sur 2 discours.
I) Le discours législatif
C’est le discours qui émane du pouvoir législatif et donc ce sont des dispositions
qui édictent une règle dont le contenu dans son expression écrite est porté à la
connaissance de chacun par la parution au JO (journal officiel). On a ici un
modèle de discours, puisqu’on a un énoncé de la règle qui exprime dans sa
structure ce qui marque la fonction législative, les textes constitutionnels
s’inspirent de la même logique ainsi que nombres d’actes réglementaires.

A) Un discours normatif
Le discours est là pour poser une norme, une règle à suivre et donc l’énoncé est
conçu de façon à faire reconnaître que le législateur est souverain, qu’il édicte
une règle obligatoire et les marques de cette souveraineté tiennent pour
l’essentiel au vocabulaire et à la construction de la phrase. Le choix et l’emploi
des verbes jouent un rôle primordial, ainsi les verbes qui expriment la contrainte
comme les verbes « devoir », « falloir », « obliger », « interdire »,
« commander » ou « prescrire ».
Mais il y a aussi d’autres verbes qui viennent exprimer dans la loi des termes
juridiques et qui ne se ramène directement à des obligations, des sanctions. Ces
verbes sont donc d’une grande clarté. Ainsi le caractère impératif d’une règle
n’est pas nécessairement lié aux verbes contraignants. Le critère de la règle de
droit n’est pas lié à son caractère impératif. Les verbes qui expriment des règles
supplétives ou optatives, toutes ses règles expriment le droit. Toute règle de droit
repose potentiellement sur la contrainte étatique, l’expression du droit ne passe
pas nécessairement par l’expression de la contrainte. On a également des
conventions de langage, mais que tout le monde et qui ne sont écrites nulle part,
qui font comprendre que l’énoncé est bien une règle de droit : L’emploi de
l’indicatif présent est employé de manière quasi généralisé dans l’énoncé de la
règle légale, mais dans l’énoncé législatif, l’indicatif présent vaut l’impératif
(code civil art 113 : « les époux assurent ensemble la direction morale et
matérielle de la famille, qui pourvoient à l’éducation des enfants et qu’ils
préparent leur avenir », c’est bien compris qu’ils doivent le faire.) Certains
disent que l’indicatif est une manière plus douce de commander.
Une loi pose une règle générale, la généralité est le propre de toute règle et donc
l’énoncé législatif va exprimer cette généralité, et pour cela on utilise des termes
indéfinis qui montrent bien l’application générale de règle quant aux personnes
et choses, d’où l’usage de pronoms d’adjectif indéfinis, on l’utilise d’abord dans
l’affirmation, dans la négation. Et on utilise cela dans l’indétermination (autrui,
quiconque,…), ce ne sont pas toujours des marques de généralités absolus, mais
l’emploi de termes comme « tout, nul, on » marquent l’établissement d’un
principe qui montre des exceptions étant exprimé dans la suite immédiate du
texte, et d’un autre coté ses termes absolus comme « tout ou nul » ne sont pas les
marques exclusives de la généralité, autrement dit les énoncés qui ne
contiennent pas ces termes ne sont pas pour autant exempts de généralité, et
pour cela on fait d’usage de la voix impersonnelle dans la conjugaison. Et la
méthode la plus utilisé est de mettre comme sujet grammaticale « il ». La loi ne
dit jamais « je » ou « tu », les verbes sont à la troisième personne. Et on n’utilise
que le genre masculin alors qu’existe le féminin, le masculin désigne toute
personne de l’un ou l’autre sexe et toute personne physique ou morale. On a
donc une convention de langage qui fait des personnes des personnages.

Il faut bien comprendre que la généralité qui caractérise la règle de droit n’est
pas absolue. Un règle de droit n’a pas besoin pour être général de s’appliquer à
toute personne. Pour être général, il suffit et il faut qu’elle s’applique à toute
personne placée dans la même situation déterminée (situation du propriétaire,
créancier, débiteur…).
Une règle est une règle en ce qu’elle détermine puisque son objet est de rendre
applicable la solution qu’elle pose à un problème qu’elle suppose. Toute règle
est en définitive une réponse à une question. Elle énonce le droit dans une
hypothèse. Pour cela, l’énoncé de la loi va déterminer le cas et la conséquence.
Il faut bien voir que la loi est un acte de prévision, d’anticipation et non pas un
acte de constatation. On pose dans l’abstraction une hypothèse, un cas qui fait
problème ; problème qu’il faudra résoudre. Et on utilise pour ça des formes
évidentes comme « en cas », la conjonction de subordination « si » ou les
conjonctions de temps comme « lorsque, quand etc. ». La conséquence est donc
l’effet attaché par la loi à la situation déterminée par l’hypothèse et il faut bien
souligner que sous une forme ou l’autre, la détermination de la conséquence est
toujours présente dans l’énoncé du texte. La norme née de cette double
détermination de la situation et de son effet de droit.

B) Un énoncé d’articles incorporer à l’ensemble.


Le discours législatif n’est pas un texte compact, un bloc de rédaction avec des
phrases qui seraient écrites à la suite. On les présente en articles. L’article c’est
cette petite case destinée à recevoir une partie du texte de la loi qu’on nomme
disposition. C’est donc annoncé par le nom article et accompagné d’un numéro
propre qui sert à l’identifier dans la loi.
Pourquoi cette forme ? Pourquoi dit on que c’est inhérent à la communication
législative ? Parce que c le moyen le plus commode qu’on ai trouvé pour se
référer aux diverses dispositions sans les confondre.
Prenons l’article isolément. Normalement sa rédaction devrait obéir aux règles
suivantes :

-La concision c'est à dire que le message doit être bref et en même temps
substantiel. En clair, il faut tout dire en peu de mot.
-L’unité intellectuelle : un article = une idée. L’idéal c’est que chaque article soit
consacré au développement d’une seule idée.

On a souvent dit que cette exigence était une condition de la clarté du vote
puisqu’on verra que la loi doit être votée articles par articles. Donc un même
article ne doit pas mélanger deux propositions distinctes parce que l’intérêt c’est
de pouvoir examiner les mérites et de l’une et de l’autre proposition et donc de
pouvoir éventuellement adopter l’une et rejeter l’autre.
L’introduction éventuelle d’alinéa au sein d’un article comme le jeu des
amendements (modifications du texte d’origine) permettent de dissocier des
propositions complexes.
La longueur des articles est très variable, cela px aller du très bref au très long.
Certains articles ne comportent qu’une phrase alors que d’autres vont associer 2
ou plusieurs phrases mais dans un même développement, d’autres seront diviser
en alinéa dont chacun contient une ou plusieurs phrases.
L’essentiel est que le texte dise clairement tout ce qu’il doit dire et lorsque l’on
évoque l’unité d’un article, il ne s’agit pas toujours d’une unité littérale mais
d’une unité conceptuelle. Il faut chercher en quoi l’article forme un tout.

Il ne faut pas oublier que si l’article est une entité distincte, cette entité n’est pas
pour autant indépendante, isolé. C’est donc l’élément d’un ensemble qui px
correspondre à une division de la loi ou a une liaison plus limité. Une fois qu’on
a repéré l’ensemble en question, on voit bien que l’article apparaît comme le
maillon d’une chaîne logique. Et donc l’article est bien le produit d’une
division : la loi n’est pas article par article mais elle est divisée en article. Tout
l’intérêt consiste à découvrir quel rapport existe entre les articles. Ainsi, on aura
des articles placés le plus souvent en tête d’une série d’articles et qui vont jouer
une fonction particulière.
Nous aurons les articles de définition qui ont pour objet de donner la définition
d’une notion, d’un terme. Donc un article qui vient établir une proposition de
base qui va commander l’application des autres dispositions se rapportant à son
objet.
Les articles de synthèses sont la pour donner une vue d’ensemble. Article 5
définit la fonction présidentielle.
Les articles d’annonce qui ont donc logiquement pour fonction d’annoncer les
articles qui les suivent.

Dans le corps même du texte, les articles qui se suivent forment une suite
logique. Nous aurons les parallèles à savoir que beaucoup de propositions
similaires sont énoncer dans les dispositions qui se suivent et qui se ressemblent
chacune en son domaine. Ce qui permet la comparaison. Ce sont des
dispositions qui répondent toutes à la même question mais chacun va donner à la
question, une solution particulière dans le domaine qu’elle régit. Par exemple :
les suites propres aux différents cas de divorces exposés cas par cas dans une
série d’articles du code civil.

Dans le corps même du texte nous aurons aussi les développements à savoir
qu’il existe entre les articles qui se suivent, de même qu’entre les alinéas d’un
même article, des types de rapport qu’il va falloir saisir parce que la
compréhension d’un article, son intelligence, ressort du lien qui uni à celui qui le
précède et à celui qui le suit.
exemple : un article énonce le principe, l’autre énoncera l’exception. Ou un qui
énonce le principe et l’autre les cas de son application. L’un qui va définir une
situation, une institution et l’autre qui va développer les éléments concrets qui
permettront de les reconnaître.
On a des séries plus longues et on décèle, un développement législatif qui est
souvent organisé de la manière suivante à savoir dans un premier temps, la loi
va de la règle à son application donc elle énonce en premier le principe puis les
directives de la mise en œuvres, les conditions, les preuves, les sanctions. Et
puis elle procède du général au particulier autrement dit, elle règle les cas
ordinaires puis elle aborde des hypothèses spéciales.

L’article est donc l’élément d’un corps de disposition puisque l’on évoquera un
article de loi ou un art de code. C'est à dire qu’il y aura une façon d’incorporer
ces éléments au tout. Un code n’est pas un amoncellement anarchique d’articles,
il y a un ordre, une présentation ordonnée donc on aura des divisions d’ensemble
dans la plupart des lois et systématiquement dans les codes. Donc on va
découper le bloc du code, de la loi en des unités reconnaissables Cette division a
une fonction didactique. Donc ce sont des moyens efficaces, éclairants pour
marquer des oppositions pour distinguer des espèces pour regrouper des
dispositions sous un terme générique qui est significatif du contenu. Il s’agit par
ces moyens de classer les règles et les institutions dans un rapport de genre à
espèce autrement dit, une catégorie, des sous-catégories.

En même temps, il ne faut pas oublier que tout le droit n’est pas dans la loi et
que l’ensemble des lois et des codes forme un tout. Autrement dit, la
codification favorise l’unité mais on doit rechercher la cohésion avec l’ensemble
de l’ordre juridique et donc au-delà d’un code et en même temps cette cohésion
doit exister en toute loi même lorsque la loi n’est pas intégré à un code. Pour
cela la technique législative dispose de moyens :

-des moyens qui vise à la coordination :


-les renvois : une disposition de renvoi est un texte d’application
qui renvoi à la réglementation d’une matière à d’autres dispositions
qu’elle indique,
-les réserves : ont pour objet de subordonner l’application d’une
disposition à l’application préalable et prioritaire d’une autre disposition
désignée. Il y a une combinaison précise de l’application des dispositions.
-l’exclusion : certaines dispositions ont pour objet d’exclure une
matière du champ de leur application.
-la subsidiarité : on rend subsidiaire l’application de telle ou telle
disposition donc ça vx dire que l’on écarte leur application lorsqu’un
résultat identique px être obtenu par un moyen plus simple.

-des moyens qui vise à la simplification. Il ne s’agit pas ici de coordonner des
règles diverses mais il s’agit d’en limiter la diversité :
-les alignements : certaines dispositions ont pour but d’étendre les
règles énoncées dans un ensemble à un autre domaine n’entrant pas dans le
champ naturel. D’un autre coté, il s’agit aussi d’emprunter les règles gouvernant
une matière pour les appliquer à une autre matière de cet ensemble.

-des moyens de clarification :


-la discipline de langage : ça consiste dans une même loi, dans un
même code ou d’une loi à l’autre à employer toujours le même mot dans le
même sens. Il s’agit d’utiliser le même mot lorsqu’il s’agit de désigner le même
concept. Comme cela, on réduit le risque d’équivoque.
-les dénominations génériques : on réunit sous un même nom les
différentes espèces d’un même genre. C’est une présentation qui résulte d’une
classification faisant naître une catégorie de regroupements. Ça permet de
soumettre l’ensemble à une même règle.
II) Le discours juridictionnel.
Tel qu’il s’exprime dans une décision de justice donc on doit y trouver la
marque de la fonction juridictionnelle, celle qui consiste à dire le droit. Comme
la loi, le jugement est un acte d’autorité et c’est l’expression écrite de la pensée
du juge.
Néanmoins, à la différence de la loi, le jugement est un acte de réalisation du
droit donc il n’est pas général. C'est à dire que la décision concerne d’abord les
parties, les plaideurs en cause. Donc c’est bien une application particulière du
droit. Le jugement c’est bien cette rencontre du concret et de l’abstrait.
En même temps, il faut aussi prendre conscience que sous le terme général de
jugement, de décision de justice, on trouve plusieurs espèces. On trouve les
décisions des juridictions administratives, constitutionnelles, judiciaires et dans
chaque catégorie, on a évidemment des sous-distinctions : le juge de première
instance, le juge d’appel, le juge de cassation. Or ils n’ont pas le même rôle donc
ça va donner lieu à plusieurs types de discours juridictionnels.
Néanmoins, il est possible de mettre à jour ce qui caractérise un tel discours ; il
s’agit d’en exposer les composantes. Or un jugement c’est la réponse du juge à
la demande des parties et donc dans la structure du discours juridictionnel, on
trouve la question et la réponse sachant que le juge incorpore à sa réponse la
question qui lui est posé et donc à la différence de la loi, le jugement se présente
comme un discours composite.

A) La question.
Cette question s’exprime avant tout dans la demande des parties tout en prenant
sa source dans les circonstances de la cause et le récit des circonstances de la
cause est souvent englobé dans l’exposé des prétentions et des moyens mais
l’usage le fait parfois distinctement apparaître au moins en résume.
Le jugement expose les faits de la cause et l’état de la procédure, fusse réduit au
strict nécessaire. Ensuite tout jugement expose les prétentions et les moyens des
parties c'est à dire ce qu’elle demande et sur quel fondement juridique, sur quels
arguments, sur quels motifs, elles font leur demande. Mais dans le jugement lui-
même, c’est le juge qui traduit lui-même les demandes des parties.

Pourquoi cet exposé ? Parce qu’il s’agit d’énoncer le problème à résoudre : on


expose l’objet du litige. Cet exposé dans son contenu est tiré des conclusions
écrites ou orales des parties. Le juge doit se prononcer sur tout ce qui est
demandé est seulement sur ce qui est demandé. Les prétentions sont bien
présentées comme émanant des parties. En clair, le demandeur demande, le
défendeur conteste, l’un ou l’autre conclut c'est à dire qu’il va invoquer ceci ou
cela, faire valoir ceci ou cela.

Pourquoi le juge reformule t-il les prétentions des parties ? Pour bien juger, il a
tout intérêt à formuler lui-même le problème. La contribution du juge est
nécessaire pour que l’exposé soit succinct, concis et les moyens en tant que tels
doivent être dégagés des arguments qui les développent.

B) La réponse.
La réponse est la partie essentielle du jugement. Plus encore que la question, la
réponse vient du juge et elle porte la marque de son autorité mais il n’est pas
« souverain » comme le législateur. Son jugement doit être justifié autrement dit,
sa réponse est non seulement dépendante des faits qu’il lui sont soumis mais
aussi est surtout du droit à appliquer et donc nous trouvons 2 parties dans la
réponse : la justification, la solution ; les motifs, le dispositif. Elles sont reliées
puisque la solution est la résultante de la justification.

1) La justification : la motivation.
Cette partie du discours se développe en forme de démonstration. Un
développement qui est lié à la pluralité des explications nécessaires, à la
multitude des points à trancher et chaque motif est introduit par une formule
consacrée qu’on repère tout de suite qui n’est pas la même suivant le juge.
Le juge judiciaire commencera par « attendu que », alors que le juge
administratif « considérant que ». Ainsi cela permet de diviser le discours, de le
structurer. Le motif est donc l’unité logique du raisonnement, donc cela ordonne
le discours, le fait progresser puisque les considérants, les attendus, sont
articulés. Ils forment des suites déductibles.
On trouve également dans ce discours, des signes codifiés qui indiquent que l’on
commence un développement : « sur ». Cela indique en tête d’un nouveau
développement, le moyen ou le point que le juge va examiner. Il y a des signes
qui viennent le scander, le jalonner mais il marque des plus grandes divisions
que celle que l’on vient de voir parce qu’ils annoncent des développements qui
regroupent plusieurs motifs donc ils servent de repère aux questions qui divise
l’objet du litige.
On donne à la motivation le langage de la logique. Il s’agit de convaincre.
Remarquons que le juge ne s’adresse pas seulement aux parties, la motivation
s’adresse à tout interprète c’est très net lorsqu’il démolit une argumentation car
il passe de la réfutation à l’affirmation. Autrement dit, il dénonce une erreur,
pour affirmer sa vérité donc la vérité juridictionnelle. Il commence par exposé
l’argument des parties, puis il rectifie : « mais attendu que » ou « attendu
cependant ».

2) La solution : le dispositif.
C’est donc la partie finale du jugement qui dit ce que chacun gagne ou perd,
obtient ou doit. Cette décision est énoncée sous forme de dispositif qui est le
corps principal de la phrase finale du jugement qui contient tous les verbes
exprimant une décision.
Les décisions juridictionnelles sont, comme les règles légales, des dispositions ;
c'est à dire que le juge dispose comme le législateur dispose. On retrouve donc
dans le jugement certain traits de la loi à savoir son aspect laconique, lapidaire,
bref donc on a une concision juridictionnelle qui ressemble à la concision
législative. On utilise une articulation avec 2 à 3 articles et on trouve également
un langage de l’obligation c'est à dire que le dispositif énonce ce qui est
obligatoire pour les parties. Tout ça pour bien montrer que c’est le juge qui
décide, qui tranche.
Le dispositif est donc la conclusion du syllogisme judiciaire à savoir qu’il
applique la règle générale au cas particulier soumis au juge.

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