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évaluatiol du tassement des pieux

à partir de lnessai
de pénétration statlque

par
Jean CIaude Verbrugge
Dr. lr. A. l. Br.
Chef de Travaux au Service de Mécanique
des Sols de I'Université Libre de Bruxelles

Notations cr1 Contrainte au haut du tronçon i.


0n Contrainte à la tête du pieu.
A Coefficient de Cambefort. o. Contrainte de surconsolidation du sol.
B Coefficient de proportionnalité entre r et w: oi Contrainte verticale effective dans le sol.
u^\-,
BD r Contrainte de cisaillement entre le sol et le f ût.
E rm Valeur maximale de r.
D Diamètre du pieu circulaire, 1,12d pour un pieu X Périmètre du pieu.
carré.
Db Diamètre de la base élargie.
E Module d'élasticité du sol, au sens d'Young.
Ee Module d'élasticité du pieu.
K Coefficient de poussée du sol sur le fût. lntroduction
L Longueur du pieu.
N; Facteur de capacité portante. Le dimensionnement d'une fondation sur pieux se
P Charge en tête du pieu. limite encore trop souvent au calcul de la capacité
P,,o Charge de rupture du pieu. portante obtenue en divisant par des coefficients de
R Coefficient de proprotionnalité entre la charge et sécurité adéquats la charge de rupture du sol à la
I'enfoncement de la pointe. pointe d'une part, et au frottement latéral d'autre part.
cu Cohésion non drainée du sol" Ceci suppose implicitement que les tassements
d Côté du pieu carré. correspondants restent faibles sinon admissibles car,
f: Kpoi Frottement entre le sol et le fût dans le contrairement à ce qu i se fait pou r les f ondations
domaine plastique pour un sol pulvérulent. superficielles, l'évaluation préalable du tassement
f= Frottement spécifique. probable des pieux n'est pas encore de pratique
9 : crc,, Frottement entre le sol et le fÛt dans le cou rante chez beau cou p d'auteu rs de proiets. Dans
domaine plastique pour un sol cohérent. certains cas douteux, il arrive certes que I'on fasse un
hi Hauteur de la tranche i. essai de chargement, mais c'est là u ne procédu re
Q" Résistance à la pointe du pénétromètre. assez exceptionnelle, onéreuse et qui semble réservée
Qo Contrainte à la base du pieu. à des chantiers d'une certaine importance.
q" Coefficient de Cambefort.
Si cette façon de procéder par un simple calcul à la
w Déplacement vertical en un point de fût.
rupture se justifiait encore il y a quelques années,
wo Déplacement à la pointe du pieu.
actuellement elle peut paraître simple, voire simpliste,
wn Déplacement à la tête du pieu.
car comme le signale Gambin t1 1l : .< Par suite de la
z Profondeur ou distance verticale.
mise en æuvre de charges de plus en plus importantes
O Section du pieu.
et dans le but de mieux adapter les constructions au
g/c,-
ct.

E/q.. sol, il est devenu nécessaire de considérer les


déformations du système sol-fondation et même
ct,

ô Angle de frottement sol-fût.


À, Coefficient de forme 1 pour un pieu circulaire. d'établir des méthodes de calcul aux déformations
_ 1 ,12 pou r u n pieu carré. admissibles. "
t.r Coefficient de frottement sol-fût. De telles méthodes existent et, parmi les plus connues,
v Coefficient de Poisson du sol. on peut citer celles de Cambefort [5], Cassan [4],

REVUE FRANÇAISE DE GEOTECHNTOUE NUMERO 15


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UPSSPC 'UOlOqUreC llel lUO,l Our.UOs 'SUOJIIA|'upP SnON [g] selnotsrrrlC ']uot"ut"uocgu 'tLZl solnod la [01] ulqruee
cette formule diffère de celle de Gambin [10] par le soit R - 3,125E (14)
second terme de la parenthèse, qui tient compte du
raccou rcissement du f ût dû aux efforts de où - diamètre du pieu circulaire
D
cisaillement.
: 1,12 fois le côté du pieu carré.
La méthode proposée consiste donc à diviser le Pour les pieux droits battus, on triplera la valeur de E,
pieu en n tronçons numérotés à partir du bas, à se ce qui revient à diviser par 3 la valeur de wo donnée par
donner une valeur Qo, à calculer wo par (4), r, par (2) (13). Toutefois, dans les argiles sensibles, il y a lieu de
ou (3), w1 par (8) et 01 par (6) et ainsi de suite, s'assurer que le battage n'a pas altéré la structure du
sol, auquel cas il faudrait éventuellement adopter un
iusqu'à 0. : wn en tête. coefficient moindre. Pour les pieux à base élargie,
fr ", celle-ci étant réalisée par le damage du béton dans le
Toutefois, avant de pouvoir utiliser cette méthode, sol, il est préférable de remplacer la relation (13) par
il nous reste à définir un certain nombre de
paramètres, tels R, B, g et f. wo:0,25@ (15)
E
Dans ce cas, le bulbe constitue le premier tronçon et
on le représentera dans les calculs par un élément
cylindrique de diamètre Db et de hauteur Db/2.

2 Détermination du paramètre R 3 Détermination du paramètre B

La formule générale donnant le tassement de la pointe On a vu que dans le domaine élastique la relation liant r
d'un pieu située à une profondeur L dans un milieu à w est de la forme :

élastique non pesant peut être obtenue à partir des


équations de Boussinesq, en assimilant la base soit à
r-Bw (5)
un disque rigide, soit à une demi-sphère. Pour déterminer B nous nous proposons d'utiliser la
relation proposée par Selvadu rai pou r u n an crage
Ces deux cas ont déjà été étudiés, et pour le disque rigide de forme allongée l24l soit, en exprimant I'effort
rigide au sein d'un massif élastique on peut écri rel24l :
en fonction de r :

wo 32(1 - u)E -'


Qo
D "'(3 - a")(1 + u) (e)
nDlr:ffi(1 - A{zt -,r frn (|) + rn 2lJ2)
-1]
soit (16)

R- 32(1 - ,)E
(10)
On en tire
+u)
"r(3-a")(1 (17)
Le cas de la demi-sphère rigide a été traité par Josselin
de Jong t13l qui trouve :
E
wo 24(1 - u)E ou encore B:Bo (18)
q:D'@ (1 1) ô
/L\ +
soit avecBo:'#{r,r -,1 frn t-l
\D/
In ,l -
J2) 1l (1e)

24(1 -v)E Les valeurs de Bo calculées par la relation (19) sont


R_(5-6rX1 +u)
(12)
données au tableau 2 pour diverses valeurs de et
Les valeurs de E/R déduites des relations (10) et (12) ;
sont don nées au tableau 1 pou r diverses valeu rs de u.
usuelles de v.
L
E D
plaque rigide demi-sphère 0,2 0,3 0,4 0,5
R

10 .267
0,25 0,243
20 .209
0,30 0,248
30 .185
0,40 0,253
50 .162
0,50 0,250

Tableau 2
Tableau 1
Valeurs de E/R pour les valeurs usuelles de v. Valeurs de Bo en fonction del ,.
U ",
L'expérience acquise par la comparaison des relations
ci-dessus avec les résultats d'essais de pieux (réf. 25) IU et de u, nous
compte tenu des valeurs usuelles oe
montre que pour les pieux droits forés on peut adopter proposons d'adopter, en première approximation
la relation comme moyenne pour Bo la valeur 0,22 soit
wo:0,32P (13) B - 0,22
E
D
(20)

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4. Détermination des paramètres de frottement plupart des auteurs I'expriment sous la forme :

après décollement entre Ie sol et Ie fût 9: GG., (21)


où û est un coefficient inférieu r à 1 pou r les sols
ll est généralement admis que dans la relation (3) normalement consolidés cu est la cohésion non
T-:g+t'z (3) drainée du sol.
le terme g indépendant de la profondeur provient de la Christoulas a fait récemment une étude détaillée des
cohésion, tandis que f qui varie linéairement avec z est valeurs de ct proposées par de nombreux auteurs en
attribué au frottement interne. considérant quatre groupes selon que les pieux sont
battus ou forés et selon le matériau, acier ou béton.
Avant d'entrer dans le détailde la détermination de g et
de f, nous pensons qu'il est nécessaire de se livrer à Malgré cette distinction, il reste une certaine disper-
quelques considérations à caractère général sur r-, sion entre les valeu rs proposées par les différents
pris g lobalement. auteurs. Christoulas se plaçant du côté de la sécurité,
propose pour chaque cas trois relations entre ct et c.,.
En effet, indépendamment de sa détermination, en
fonction du type de sol, divers auteurs, fixent pour r- Nous reprendrons dans ses relations en les modifiant
des valeurs maximales qui ne peuvent, en aucun cas, de façon à les exprimer en fonction de q" et non plus
être dépassées. de cu. Pour cela, nous ferons également usage des
relations suivantes (réf . 22, p. 199).
Dans la littérature anglb-saxone, on trouve couram-
ment, pour les sols argileuX, une valeur limite de I'ordre e": 10c, (22) pour un pénétromètre à pointe simple
de 2000 lb/t( soit environ 100 kN/m". Ménard l17l e" : 1 5c, (23) pou r u ne pointe hollandaise (type
propose d'adopter 120 kN/m2 sur une hauteur égale à Gouda).
3D au-dessus de la pointe et 80 kN/m2 ailleurs. Pour Les différentes valeurs de g ainsi obtenues en fonction
les sols cohérents, Combarieu l7l a synthétisé les de q" sont données au tableau 3. Celles-ci sont dans
valeurs de r- proposées par divers auteurs et à partir I'ensemble en assez bon accord avec les valeu rs
de nombreux essais in situ effectués en France, Bru [3] usuef lesq./50 et q./75 correspondant respectivement
a établi un diagramme qui montre une très grande aux argiles et aux limons 1221.
dispersion des valeurs de r*, celles-ci varient de 20 à
250 kN/m2. Dans ce qui suit, et compte tenu des Les valeurs du tableau 3 sont néanmoins plus faibles
résultats donnés par Bru, nous limiterons la valeur de que le f rottement local qui, d'après Sangleratl22l varie
rm à 120 kN/m2 pour les pieux battus et à 80 kN/m2 de 0,05 à 0,12q" en fonction du type de pointe.
pour les pieux forés. ll y a toutefois lieu de signaler que Toutefois, si I'on reprend les valeurs trouvées par Parez
la mise en place des pieux dans les sols sensibles, t19l pour le rapport.
constitue une opération généralement brutale et que la
zone remaniée autour des pieux est alors souvent ou 0,33 à0,s2 (24)
importante. Dans ce cas, une limitation plus sévère que h:
celles proposées ci-dessus peut alors s'imposer. f=r: frottement local mesuré à une distance de 3
manchons au-dessus de la pointe;
f=,: frottement local mesuré immédiatement derrière
la pointe.
5 Détermination du paramètre g Et si I'on considère que pour un pieu g est plus proche
de f=. que de fr,, on constate à nouveau une bonne
Comme nous I'avons précisé en 4 ci-avant, le concordance entre les valeurs déduites du frottement
paramètre g est caractéristique des sols cohérents. La local et celles figurant au tableau 3.

Tableau 3
Relations entre g êf Q" pour différents types de pieux
(unités. kN/m2)

Pénétromètre Pénétromètre
Pieu à pointe simple à pointe hollandaise

ïype Matériau Domaine d'app. g Domaine d'app. g

battu béton g" s 250 0,08q" (


e" 375 0,053q"
250se"<3000 18 + 0,01q" 375 { e" <4500 18 + 0,006q"
e")3000 0,015q" e")4500 0,01q"

battu acter g" ) 300 0,05q" e" { 4S0 0,033q"


300{e"<1000 15 450{e"<1500 15
e")1000 0,015e" e")1500 0,01q"

foré béton e" { 400 0,55q" e" { 000 0,037q"


400se"<3000 18 + 0,009q. 600se" <4500 18 + 0,006q"
e")3000 0,015q. e")4500 0,01q"

foré acter e" { 330 0,045q" e" € 500 0,03q"


330{e"<1000 15 500se"<1500 15
e")1000 0,015Q" e")1500 0,01q"

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Détermination du paramètre t r-:0,005q" (35) pour les pieux forés avec damage du
béton contre le sol
Dans le cas des sols pulvérulents, t- sê réduit au terme r- : 0,003q" (36) pour les pieux forés, béton non
t.z de la relation (3), qui s'écrit alors généralement compacté et pour les pieux forés en acier
sous la forme r,.:0,009q" (37) pour les pieux battus en acier.
f 'z - K. FLo; (25) Pour ces quatre relations, r- êst compris entre e./100
où K est un coefficient de poussée des terres sur le fût et q"/300 environ. Ces valeurs sont en bon accord avec
où p représente le coefficient de frottement sol-pieu celles que I'on propose habituellement pour les sols
où oi est la contrainte verticale effective au niveau pu lvéru lents [8], p. 69; toutefois, dans ce cas la
considéré. distinction provient de la nature du sol, tandis qu'ici
elle résulte du type de pieu.
On sait également que pour un sol pulvérulent
e" : NloJ (26)
ll en résulte que
r* : t'z: (27)
7 Détermination de E à partir de g"
fr'Q" Les relations (10) , (12) ét (20) montrent que R et B
Pour pouvoir déterminer f .z à partir de I'essai de
pénétration statique, nous devons étudier le rapport dépendent respectivement de E. Celui-ci devra donc
KU".
être déterminé à partir de e". Nous n'entrerons pas
dans le débat à caractère philosophique sur le point de
N; savoir s'il est logique de déduire un paramètre
La littérature fournit de nombreuses valeurs de K et p caractérisant l'élasticité du sol à partir d'un autre relatif
et en 1968, Mazurkiewicz t15l a présenté un tableau à sa rupture. Sanglerat l22l p.377 à 380 a émis à ce
récupitulant les principales. propos des considérations très judicieuses basées sur
la comparaison avec ce qui se fait couramment et quasi
Pour les pieux battus, nous pouvons admettre que K
universellement pour les bétons.
tend vers la valeur du coefficient butée qui constitue
une borne supérieure. Désirant se placer du côté de la Le problème se ramène donc à rechercher quelle
sécurité, nous adopterons la valeur [15] relation entre E êt e" convient le mieux. ll s'agit là d'un
choix difficile car la littérature est particulièrement
K- 0,5-ts'(i.| (28) abondante sur ce sujet, comme le montre le tableau 4.
;)
Les valeurs de K déduites de (28) pour les tp habituels
La simple lecture de ce tableau montre, de façon
des sols pulvérulents, sont comprises entre 1 et 2, ce
qui est en bon accord avec les valeurs usuellement évidente, une très grande dispersion entre les
différentes relations proposées. Pour plusieurs d'entre
adoptées t1l et t2l. Pou r les pieux forés, nous elles on ne sait même pas à quelle catégorie de sol, ni
reprendrons la valeur proposée par Jaky [12] et reprise
dans quelle gamme de Q" elles sont applicables, ni
depuis par de nombreux auteurs même quel (s) type (s) de pointe (s) a (ont) été utilisée (s)
K - Ko: 1 - sin g (2e) pou r les établir.
Pour la valeur de ltr, nous adopterons Si I'on désigne le rapport E/q. par cr, Sanglerat l22l
Lr: tg ô (30) propose en plus de certaines des relations reprises au
(30) où ô est donné par les expériences de Potyondy tableau 4, un diagramme basé sur les recherches de
Meight et Corbett t16l pour les argiles. Selon cet auteur
1201, c'est-à-dire, en moyenne :
1231, le coefficient a augmente avec la profondeur, la
ô : 0,92 pour un contact rugueux béton-sol (31) majoration atteignant généralement 30 "/". ll s'ensuit
ô : 0,73 pour un contact lisse béton-sol (32) que les valeurs de ct à prendre en considération pour
ô : 0,73 pour un contact acier-sol (33) les fondations profondes seraient supérieures à celles
utilisées habituellement pour les fondations superfi-
A la dernière conférence Nabor Carillo, Kérisel t14l a cielles.
montré qu'ily a lieu, pour les pieux forés, de remplacer Sur la base d'une étude statistique des relations du
tableau 4; nous proposons d'adopter la relation
Kp par l'expression (2 -sin e) déduite du
suivante valable pour e" ) 400 KN/m2
}3,
cercle de Mohr. Cette dernière expression est plus E-3600 +2,2q" (KN/m2) (38)
rigoureuse que la première; toutefois, les écarts entre
es deux n'excèdent pas 10 % pour les valeurs usuelles Les valeurs de o que I'on en déduit, sont en bon accord
avec celles de Sanglerat citées ci-dessus, pou r
f

de p.
1000(e"<3000 KN/m2 et celles de Folque tgl pour
e" ( 800 KN/m2 et e" ) 20 000 KN/m2.
En ce qui concerne Ni, la dispersion entre les valeurs
proposées par les divers auteu rs est loin
d'être
négligeable, comme le montre le rapport du groupe 4 à Dans le cas de pieux battus, les valeurs de E données
la Conférence Européenne sur les Essais de Pénétra- par (38) sont à multiplier par 3.
tion, [8], p. 65.
Ne désirant pas sortir du cadre de la présente étude et
entamer une discussion sur la validité des différentes
formules, nous avons adopté une valeur moyenne. En 8 Cas des sols surconsolidés
jouant su r les différentes valeuet rs de K et de p
considérant une moyenne pour les différentes valeurs Les relations établies jusqu'à présent sont valables
de 9, nous pouvons proposer 4 relations :
pour des sols normalement consolidés ou très
r-:0,01 1q" (34) pour les pieux battus en béton légèrement su rconsol idés.

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Relation (unité KN/m2) Type de sol Pays ou auteu r Sou rce

E-2q. pu lvéru lent Fran ce


E - 1,99. pu lvéru lent Pays-Bas
E - 1,5e" cohérent Pays-Bas
E-1,5e. e")3000 cohérent Grèce E. S. O. P. T.
E-3e" e"(1500 cohérent Grèce vol. 2. 1,
E- 1,5e" cohérent United Kingdom page 37
E- 1,9e" cohérent
E-29. pu lvéru lent
E-6q" e"(7500 pu lvéru lent Portugal
E-30000*29" e")7500 pu lvéru lent
E > 1,5e" pu lvéru lent Belg ique
E-1000*3e" pu lvéru lent Jan bu E. S. O. P. T.
vol. 2. 1, p. 133
E < 2,2e. pu lvéru lent Fran ce E. S. O. P. T.
vol. 2. 2, p. 180
E - (26500+ $700) + (2,8t 0,3)q"
cl" ) 3 000 pu lvéru lent R. F. A. Sanglerat p. 295
E-2,5(q"+3000) sable moyen immergé Afr. du Sud Sanglerat p. 390
E - 1,67(q" + 1500)le< 15 sable argileux Afr. du Sud Sanglerat p. 390
E-2(q.+2500) sable argileux Afr. du Sud Sanglerat p. 390
3 < E/q.<12 pu lvéru lent Thomas Sanglerat p. 394
E - 2,5e. pu lvéru lent Trof imen kov Sanglerat p. 395
E-1000+5q" pu lvéru lent Trof imen kov Sanglerat p. 395

Tableau 4
Relations entre E ef e" d'après diverses sources

Dans le cas de sols nettement su rconsolidés, elles r- Bw (4)


conduisent à une surestimation des tassements. C'est et
pourquoi nous proposons ci-après quelques règles
B - 0,228/D (20)

simples permettant d'étendre la méthode proposée à Loi de frottement dans le domaine plastique T : T..,
ce type de sol. Pour la détermination de E, tenant sols cohérents
compte d'une remarque de Sanglerat (réf.23), on r-: g, voir tableau 3
pourra multiplier par deux la valeur fournie par la
relation (38). Ce coefficient étant cumulatif avec celui sols pu lvéru lents
applicable aux pieux battus. Les valeurs de rm r-: 0,011q" (34) pour les pieux battus en béton
obtenues par lesrelations du paragraphe 5 sont à r- :0,009q" (35) pour les pieux battus en acier
multiplier par VRo,comme I'ont proposé divers r- : 0,005q" (36) pour les pieux forés avec damage du
auteu rs, dont Meyerhof [18]. Ro est le deg ré de béton contre le sol
surconsolidation, défini comme le rapport de la r- : 0,003q" (37) pieux forés en béton non compacté et
contrainte effective de su rconsolidation o. à la en acier.
contrainte géostatique effective oi. Ceci sou lève le
problème de la détermination oi. Selon Sanglerat 1231, rm est limité à 80 kN/m2 pour les pieux forés et à
120 kN/m2 pour les pieux battus.
le diagramme de pénétration d'une argile normalement
consolidée, donnant e" en fonction de z passe par Loi d'équilibre du tronçon i : 1 < i< n
I'origine, alors que pour un sol surconsolidé il passe à
une certaine hauteur au-dessus du niveau zéro. Oi :Oi-r.+ (6)
Utilisant cette valeur pour calculer oj nous avons
obtenu d'excellentes concordances entre les valeurs Loi de déformation du tronçon i

expérimentales et celles calculées pour huit pieux de


type différent situés dans I'argile de Boom. w:w-, *l -p\
(',-1.h, .#) (8)

Le principe de la méthode consiste à se donner une


vafeur pour Qo et à calculer successivement wo par (17),
11 par I'une des relations (4), (28), (23), (34),(35), (36),
(37) et du tableau 3, or par (6), w, par (8), comrilê r,
9 Récapitulation des principales relations de et ainsi de suite jusqu'à o. : PlQ et wn. ",
la méthode proposée
En faisant varier go, on peut déterminer plusieu rs
Module d'élasticité E - 3600 + 2,2e" (38) points de la courbe charge enfoncement du pieu.
Enfoncement de la pointe R : 3,1258 (16) Dans certains cas, le tracé complet de cette courbe
peut ne pas intéresser I'ingénieur qui ne cherche qu'à
et wo : 0,32qoD/E (17)
connaître le tassement correspondant à une charge en
où D - diamètre du pieu circulaire et 1,2tois le côté du tête donnée P.
pieu carré. Pour déterminer une première approximation de Qo
Loi de frottement dans le domaine élastique r ( r- (23), correspondant à P, nous proposons d'utiliser les
(25) formules de Cassan [5] :

REVUE F RANÇA|SE DE GEOTECHNTOUE NUMERO 15 80


pieu foré q. P 1
(3e)
dant s'obtiennent aisément à partir de la courbe charge
enfoncement calculées préalablement par la méthode
':c)'1+o^5LlD
proposée. La charge totale du groupe vaut Po : lP,.
.pieu battuQo:5 (40)
#,.-,o En faisant varier wc., nous obtenons le diagramme qui
la lie à P.. Connaissant la charge totale à reprendre par
L'utilisation de la méthode proposée conduira le pl us le groupe, nous obtenons immédiatement le tassement
souvent à une valeur P' + P, une nouvelle itération sera wc correspondant, ce qui permet le calcul des wl et P,
alors entreprise avec
P respectifs à chaque pieu.
Ao et ainsi de suite iusqu'à
,, Enfin, la relation (43) montre que selon le degré de
ce q ue l'écart entre P" et P soit jugé suffisamment précision recherché dans les calculs, nous pouvons
faible. considérer un pieu comme isolé, dès que'l'entre
distance dépasse 5 à 1 0D. Ces valeu rs peuvent
également être déduites de I'article de Broms (réf. 2).

10 Cas des groupes de pieux


Aussi, af in de rester à la fois simpte, pratique et
suff isamment précis, nous proposons la méthode 11 Conclusions
approchée ci-dessous, basée sur celles de Cambefort.
Nous avons proposé une méthode originale permettant
Pour un pieu compressible, dans le domaine élastique d'évaluer la partie utile de la courbe charge enfonce-
avec A et q" négligeables, Cambefort permet d'écrire : ment d'un pieu à partir des résultats d'un essai
courant, le pénétromètre statique.
w., : (41 )
0,25R + BL trD Afin de tester la validité de la méthode proposée, nous
En exprimant que I'effort p transmis au sol est I'avons appliquée depuis deux ans à de nombreux cas
conservatif quel que soit le rayon, on obtient pou r de mise en charge de pieux pour lesquels des essais de
l'équation de la méridienne de la surface du sol autour pénétration statique étaient disponibles. Ces confron-
du pieu :
tations couvraient une gamme de type de pieux très
étendue : pieux battus, forés, lancés, droits, à base
P élargie, etc. Dans I'ensemble, nous avons trouvé une
(w"). (42)
0,25R + BL 2rrr très bonne concordance entre les valeurs mesurées et
En éliminant le facteur commun entre ces deux celles résultant de nos calculs. Lorsque les données le
relations, et compte tenu de ce que nous sommes dans permettaient, nous avons également appliqué les
le domaine élastique, nous pouvons écrire dans le cas méthodes d'autres auteurs basées sur d'autres essais.
de plusieurs pieux La confrontation a montré que la méthode proposée
soutient avec avantage la comparaison avec la
(43)
méthode de Gambin et est supérieure à celles de
Cassan et Poulos, du fait de la prise en considération
où (w.). est le tassement en tête du pieu i compte tenu de la phase pseudo-élastique.
de I'effet de groupe, wl est le tassement du pieu j L'expérience acquise actuellement avec la méthode
supposé isolé. confirme que celle-ci peut être appliquée en toute
r,, est la distance entre les axes des pieux i et j, si i : j sécurité pour des valeurs de Qo inférieures ou égales à
D la pression admissible calculée par des retations
rr,: usuelles.
T.

Selon Cassan, les charges de service des pieux sont


presque toujours situées dans la zone élastique de la
Références bibliographiques
courbe de chargement. Ceci est confirmé par notre
expérience personnelle qui montre qu'avec les coeffi-
cients de sécurité habituels de 2 à 2,s, les pieux t1l Broms B. B. et Silberman J. O. (1904)
Friction Resistance for Piles in Cohesion Soil. "
travaillent effectivement le plus souvent dans la zone Sols-Soils, no 10, p. 33-41 .
élastique ou au début de la zone pseudo-élastique. ll
en résulte que nous pouvons donc faire valablement t2l Broms B. B. (1966). ..Methods of calculating the
l'hypothèse que la relation (43) peut être appliquée, Ultimate Bearing Capacity of Piles. " Sols-Soils,
avec une erreur suffisamment faible, aux pieux réels. no 18-19, p. 21-32.
Nous devons alors envisager deux cas : t3l Bru J. P. (1977). " La Mécanique des Sols dans le
1o Le radier est parfaitement flexible: dans ce cas, la domaine des pieux forés.,, Premier Cycle de perfec-
charge P en tête de chaque pieu vaut la charge totale tionnement Jacques verdeyen-Université Libre de
divisée par le nombre de pieux. Ayant déterminé le wl Bruxelles. Février 1977 .

correspondant par la méthode proposée pour le pieu l4l Cassan M. (1968). " Le tassement des pieux :
unique, le calcul des (w")" par (43) est immédiat. synthèse des recherches récentes et essais compara-
2o Le radier est parfaitement rigide: dans ce cas, les tifs. " Sols-Soils, no 18-19, 1966 et 20.
(w"). ont tous la même vateur we , et les calculs sont un tsl Cambefort H. (1964). " Essai sur le comportement
peu plus longs. en terrain homogène des pieux isolés et des groupes
En écrivant (43) pour chaque pieu, nous obtenons un de pieux. >> A. l. T. B. T. P. , Flo 204.
système comportant autant d'équations que de pieux. t6] Christoulas st. (1975). ..Contribution à l'étude des
Nous nous fixons arbitrairement une valeur de wo et pieux verticaux chargés axialement dans les sols
nous résolvons le système en prenant les wl comme homogènes. " Thèse de Doctorat-université Libre de
inconnues. Ayant déterminé celtes-ci, les p, correspon- B ru xelles.

REVUE FRANçA|SE DE GEOTECHNTOUE NUMERO 15 II


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